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I) L'information (Khabar) que quelqu'un nous donne (Ikhbâr), et donc l'information que l'on reçoit, cela concerne deux choses :
--- soit ce dont on nous informe (Mukhbar 'Anh) est un Hukm Tak'lîfî (une Norme islamique) ; en d'autres termes : l'information (Khabar) établit un Hukm Tak'lîfî (une obligation, une recommandation, un caractère autorisé, un caractère déconseillé, ou un caractère interdit) ; par exemple : "Il est nécessaire d'accomplir 5 prières par jour" ; "La prière rituelle n'est valide que si accompli en état de pureté rituelle, lequel se fait par des ablutions, accomplies avec de l'eau qui est rituellement pure" ; "La prière obligatoire n'est valide que si on l'accomplit la face tournée vers la Kaaba" ; etc. C'est par exemple le cas de toute information que l'on reçoit dans laquelle est relaté un propos, acte ou approbation du Prophète (sur lui soit la paix) ; c'est d'ailleurs pourquoi le Hadîthu Rassûlillâh est également appelé : "Khabar 'an Rassûlillâh" (littéralement : "information délivrée comme provenant du Messager de Dieu, que la paix soit sur lui") ;
--- soit ce dont on nous informe (Mukhbar 'Anh) est le Wuqû' Shay'in fi-l-Wâqi' (وقوع شيء في الواقع) : le fait que quelque chose est présent dans le Réel ; en d'autres termes : l'information (Khabar) établit un Fait du Réel (duquel peut dépendre l'applicabilité d'un Hukm Tak'lîfî). Par exemple quelqu'un nous informe (alors que, enfermé dans une pièce sans fenêtre et n'ayant pas de montre, nous ne pouvons le savoir de nous-même) que l'heure de la prière de zuhr a débuté ; ou quelqu'un nous informe (alors que nous sommes voyageur et ne connaissons pas l'endroit) que, dans le lieu où l'on se trouve, la Kaaba se trouve dans telle direction ; ou quelqu'un nous informe (alors que nous sommes hanafite) que le point d'eau sur lequel nous venons d'arriver lors de notre voyage est rituellement impur (najiss).
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III) L'information que des humains communiquent est, en fonction du nombre de personnes qui la communiquent, de 2 grands types :
- la Khabar Mutawâtir ;
- la Khabaru Wâhidin.
La Khabar Mutawâtir est l'information que communiquent (pour avoir vu, ou entendu, ou vécu ce qu'elles relatent) un nombre si grand de personnes qu'il n'est pas imaginable qu'elles se soient mises d'accord pour mentir, ou qu'elles se soient toutes trompées.
La Khabaru Wâhidin est l'information qu'un nombre moindre de personnes relatent : il peut s'agir d'une seule personne, de 2 personnes, de 3 personnes, ou de plus de personnes mais en nombre moindre que ce qui constitue le Tawâtur.
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III) Il existe 3 façons de délivrer une information de type Khabaru Wâhidin :
De prime abord il faut ici noter que certains cas de pensée que l'on a au sujet de quelqu'un, sont tels que laisser cette pensée en son for intérieur est autorisé (jâ'ïz), mais la délivrer à autrui en tant que vérité ne l'est pas. On voit ici que donner une information est plus accentué que laisser une pensée en son for intérieur.
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Ensuite, pour ce qui est de l'information que l'on donne, il existe :
--- l'information simple ;
--- l'information augmentée d'un serment ("Par Dieu...") ;
--- le témoignage ("Je témoigne que...").
Lire la suite de ce point-ci dans mon article consacré au Serment.
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IV) L'information que l'on reçoit est-elle fiable ?
Deux règles directrices entrent en jeu ici quant à la fiabilité de l'information que l'on reçoit :
– Primo) Y a-t-il, dans la ou les personnes source(s) de l'information, un minimum de qualifications religieuses, morales et/ou intellectuelles ?
– Secundo) Faut-il que cette source de l'information, dotée de ces qualifications minimales, un nombre minimal ?
Ensuite, dans le cadre de cette fiabilité, la question est celle de :
--- l'acceptabilité, en soi, de l'information que l'on reçoit ?
--- l'acceptabilité de l'information que l'on reçoit sous condition de complémentarité de vérification ?
--- la non-acceptabilité de l'information reçue ?
Ibn Taymiyya a synthétisé cela en les termes suivants :
"الخبر إما أن يعلم صدقه، أو كذبه، أو لا.
الأول: ما علم صدقه: وهو في غالب الأمر بانضمام القرائن إليه: إما رواية من لا يقتضي العقل تعمدهم وتواطؤهم على الكذب؛ أو احتفاف قرائن به (...).
الثاني: ما يعلم كذبه: أو بتكذيب العقل الصريح أو الكتاب أو السنة أو الإجماع أو غير ذلك عند أقسام تلك التأويلات وهو كثير، أو بقرائن. والقرائن في البابين لا تحصل محققة إلا لذي دراية بهذا الشأن، وإلا فغيرهم جهلة به.
الثالث: المحتمل؛ وينقسم إلى مستفيض وغيره؛ وله درجات (...).
فصل: الخطأ في الخبر يقع من الراوي إما عمدا أو سهوا" (MF 18/44-45).
"ورواية الواحد لا تفيد العلم [اي اليقين] إلا مع قرائن" (MF 4/410).
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On peut distinguer ici 5 niveaux quant à la fiabilité ou la non-fiabilité de l'information que l'on reçoit :
--- niveau 4 : degré d'information induisant la plus grande pertinence, de son caractère véridique (ترجح احتمال الصدق) ;
--- niveau 3 : degré d'information acceptable, avec nécessité de considérer de quel côté son coeur penche (كفاية مستوى احتمال الصدق، مع الاحتياج إلى التحري) ;
--- niveau 2 : degré d'information acceptable, avec nécessité d'un surcroît de vérification (كفاية مستوى احتمال الصدق، مع الاحتياج إلى مزيد من التثبت);
--- niveau 1 : degré d'information non-recevable et entraînant son délaissement, pour cause d'insuffisance de fiabilité de celle-ci (عدم كفاية مستوى احتمال الصدق) (50 / 50%) ;
--- niveau 0 : degré d'information non-acceptable et entraînant son rejet, pour cause de certitude, ou, au moins, plus grande pertinence, de son caractère erroné (ترجح احتمال الكذب).
Il est à noter que les terme "kadhib" ayant été ici employé l'a été avec son sens large de : "caractère non-fiable" ou "caractère erroné" de l'information reçue, même si la personne donnant cette information n'a pas "menti", c'est-à-dire n'a pas sciemment fourni une information erronée.
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Par rapport à l'information reçue, la détermination du niveau qu'elle atteint dépend (en partie) du domaine auquel elle se rapporte...
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L'école hanafite stipule ainsi que l'information reçue est :
– A) soit en relation avec les droits de Dieu (Huqûq ullâh) ;
– B) soit en relation avec les droits des créatures (Huqûq ul-'ibâd).
– A) Si elle est en relation avec les Huqûq ullâh, alors :
----- A.a) soit elle concerne un point lié aux sanctions temporelles ('Uqûbât) (خبر ارتكاب الرجل ما يوجب عقوبته) ;
----- A.b) soit elle concerne un point lié aux actions cultuelles ('Ibâdât) ou, de façon plus générale, religieuses (Diyânât) (خبر نجاسة الماء).
– B) Et si elle est en relation avec les Huqûq ul-'ibâd, alors :
----- B.a) soit elle n'est pas cause d'une Mu'âmala astreignant une tierce personne à quelque chose : c'est le cas des Mu'âmalât tels que donner procuration, ou informer qu'on est envoyé remettre le présent en cadeau (خبر الرسالة في الهديّة) ;
----- B.b) soit elle est cause d'une Mu'âmala induisant partiellement une ilzâm : par exemple mettre fin à la procuration donnée antérieurement à quelqu'un (خبر عزل الوكيل) ;
----- B.c) soit elle est cause d'une Mu'âmala induisant totalement une ilzâm : par exemple établir une dette à la charge d'une personne (خبر إثبات الحق على أحد).
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--- Si l'information reçue se rapporte au domaine des 'Uqûbât (A.a), alors :
----- seule atteint le niveau de fiabilité 4 : l'information qui a été formulée avec le terme "Je témoigne que", et qui a été établie par le nombre requis de 2 hommes (parfois 4 hommes) étant tous 'adl ;
----- toute information ne remplissant pas ces conditions ne dépasse pas le niveau 1, et est donc délaissée.
--- Si l'information reçue se rapporte au domaine des Diyânât (A.b), alors :
----- c'est l'information donnée par une personne 'adl qui atteint le niveau de fiabilité 4 ;
----- si par contre c'est une personne fâssiq qui nous donne cette information, alors son information n'atteint que le niveau de fiabilité 3 : l'information a une certaine valeur (elle n'est pas totalement rejetée), cependant, il faudra voir de quel côté le coeur penche ;
----- si c'est une personne musulmane dont on ne connaît pas la situation (mastûr), alors :
-------- d'après un avis de l'école hanafite, son information est du niveau de fiabilité 4, devant donc être prise en considération (c'est d'ailleurs le cas de l'information du médecin musulman et mastûr quand il dit à son patient qu'il doit remettre à plus tard l'accomplissement du jeûne : Ad-Durr ul-mukhtâr, 3/404) ;
-------- tandis que d'après l'avis prépondérant dans l'école hanafite, son information est du niveau de fiabilité 3, étant alors soumise au penchant du coeur (Al-Hidâya, 2/438) ;
----- et si c'est une personne kâfir qui nous en informe, alors son information se trouve au niveau 1 : elle est délaissée (At-Tanqîh fî Ussûl il-fiqh, 2/27).
--- Et si l'information reçue se rapporte au domaine des Mu'âmalât de type B.a, alors :
----- atteint le niveau de fiabilité 4 : l'information donnée par toute personne pubère (bâligh) ou même encore enfant mais dotée de l'âge de distinction (tamyîz), et ce, qu'elle soit 'adl (c'est-à-dire musulmane et non-fâssiq), musulmane fâssiq, ou non-musulmane.
--- Si l'information reçue se rapporte au domaine B.b, alors :
----- atteint le niveau de fiabilité 4 : l'information reçue de soit 1 personne nécessairement 'adl, soit 2 personnes fâssiq.
--- Si l'information reçue se rapporte au domaine B.c, alors :
----- atteint le niveau de fiabilité 4 : l'information reçue avec le terme "Je témoigne que", au nombre requis de 2 personnes 'adl ;
----- toute information ne remplissant pas ces conditions ne dépasse pas le niveau 1 et est donc délaissée.
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Le fait de donner l'appel à la prière (Adhân) relève totalement du cas A.b : le Adhân est (en même temps qu'un appel lancé, à ceux des musulmans qui l'entendent, à venir accomplir la prière en groupe) l'information donnée par un musulman (le muezzin) à tous les musulmans habitant l'entourage que tel horaire est engagé : par exemple l'apparition de l'aube, ou le coucher du soleil ; avec ce que cela implique de l'entrée de la plage horaire de l'accomplissement de la prière de fajr et celle de maghrib respectivement, ainsi que, dans le cas du jeûne, de l'arrivée du moment où l'on doit cesser de manger et de celui où on peut désormais se remettre à manger. "عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "الإمام ضامن، والمؤذن مؤتمن، اللهم أرشد الأئمة، واغفر للمؤذنين" : "(...) et le muezzin est quelqu'un en qui on a placé sa confiance. (...)" (at-Tirmidhî, 207, Abû Dâoûd, 517) ("والمؤذن أمين في الأوقات يعتمد الناس على أصواتهم في الصلاة والصيام وسائر الوظائف المؤقتة" : Mirqât ul-mafâtîh).
Et, ici aussi, il y a la différence entre le muezzin 'adl et le muezzin fâssiq (Ad-Durr ul-mukhtâr avec Radd ul-muhtâr, 2/60-62).
La relation d'un hadîth du Prophète (que Dieu l'élève et le salue) relève elle aussi du cas A.b.
----- Et c'est la relation faite par une personne 'adl et dotée de dhabt suffisant qui est prise en considération [et atteint donc le niveau 4] (At-Tawdhîh li Matn it-Tanqîh, 2/27).
----- Par contre, si le hadîth est rapporté par une personne dha'îf à cause de son dhabt (sans être mat'rûk), on pourrait dire qu'il n'atteint que le niveau 2 : ici, il n'y a pas possibilité de considérer ce vers quoi le for intérieur penche (de sorte que cela atteigne le niveau 3) (cela n'existe pas au sujet des hadîths - comme cela existe pour les informations concernant le réel -) ; par contre, selon l'école hanafite, s'il est étayé par un principe général, l'école le prend comme fondement dans la mesure où il est renforcé par le principe général ;
----- Enfin, si le transmetteur est fâssiq, le hadîth qu'il relate est dha'îf jiddan, n'atteignant alors que le niveau 1 : à délaisser.
Le cas de la vision du croissant lunaire pour la fin du Ramadan est considéré, dans l'école hanafite, comme relevant du même cas de figure que le B.c :
----- il faut nécessairement 2 témoins qui soient 'adl.
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Les affaires civiles requérant le jugement d'un juge sont différentes. En effet, devant le juge, pour une affaire dûment retenue (da'wâ) :
------- s'il s'agit d'une affaire de meurtre, où la famille de le proche de la victime prétend avoir dûment vu celui qu'il accuse d'avoir tué son parent, et dont la plainte a été jugée recevable : si le demandeur ne peut pas produire 2 témoins, alors, d'après l'école hanafite, le juge requerra de l'accusé de faire serment (ii) qu'il n'est pas responsable de la mort de la victime. S'il fait ce serment, il sera acquitté. Et si, par crainte de faire un faux serment par Dieu, il avoue alors, il sera reconnu coupable. Enfin, s'il refuse de faire serment (nukûl) et d'avouer, alors d'après Abû Yûssuf et Muhammad ibn ul-Hassan, il devra s'acquitter du dédommagement, diya (Al-Hidâya 2/190) ;
------- s'il s'agit d'une affaire relevant du domaine commercial : si le demandeur ne peut pas produire la preuve attendue, le juge requerra du défendeur de faire serment (ii) que la réclamation du demandeur est fausse ; alors, si le défendeur refuse de faire serment, le juge rendra le jugement en faveur du demandeur ;
------- quant à une affirmation devant le juge d'être marié avec telle personne, d'après Abû Hanîfa c'est la même règle qu'en ce qui concerne une peine (hadd) : si le demandeur ne peut pas produire de témoins, sa réclamation sera classée sans suite, et le juge ne requerra pas de la défendeuse qu'elle fasse serment que l'affirmation du demandeur est faux. Par contre, selon ses deux élèves, c'est la même règle qu'une affaire commerciale : la défendeuse devra faire serment (Al-Hidâya, 2/188).
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Quelques détails supplémentaires...
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Le niveau 4 est présent quand l'information reçue est en elle-même suffisamment fiable, et ce par rapport au domaine auquel elle se rapporte.
----- Ainsi, si on se trouve en voyage et qu'on a besoin d'eau pour procéder à ses ablutions rituelles, vu que d'après l'école hanafite l'eau de petite quantité (c'est la surface qui compte chez elle) est rituellement impure dès lors qu'une impureté tombe en elle (même si les attributs de cette impureté n'apparaissent pas en elle), si une personne 'adl nous informe que le point d'eau qu'on a trouvé est rituellement impur (najiss) (par exemple parce que des chiens ou des animaux carnassiers viennent y boire), on doit croire l'information que cette personne nous a donnée : vu que cela relève du domaine A.b, cette information atteint ce niveau 4 ; on ne pourra donc pas procéder aux ablutions (wudhû') par son biais, et si on ne trouve pas une autre eau, on devra procéder au tayammum.
----- De même en est-il du fait que, alors qu'on se trouve en voyage en rase campagne, et on questionne un habitant sur la direction de la Qibla : vu que cela relève du domaine A.b, il faut que cet habitant soit 'adl pour que l'information qu'il nous donne soit crue (Radd ul-muhtâr 2/113).
"قال: "ولا يقبل في الديانات إلا قول العدل" (Al-Hidâya, 2/438).
"ومن الديانات الإخبار بنجاسة الماء حتى إذا أخبره مسلم مرضي، لم يتوضأ به ويتيمم؛ (...) ومع العدالة يسقط احتمال الكذب، فلا معنى للاحتياط بالإراقة، أما التحري فمجرد ظن" (Al-Hidâya, 2/438-439).
"ومنها الحل والحرمة إذا لم يكن فيه زوال الملك" (Al-Hidâya, 2/439).
----- Par contre, dans le domaine B.a, même l'information donnée par un fâssiq atteint le niveau 4.
"قال: "ويقبل في المعاملات قول الفاسق. لا يقبل في الديانات إلا قول العدل"" (Al-Hidâya, 2/438).
"فمن المعاملات ما ذكرناه، ومنها التوكيل" (Al-Hidâya, 2/438).
"قال: "ويجوز أن يقبل في الهدية والإذن قول العبد والجارية والصبي"؛ لأن الهدايا تبعث عادة على أيدي هؤلاء، وكذا لا يمكنهم استصحاب الشهود على الإذن عند الضرب في الأرض والمبايعة في السوق، فلو لم يقبل قولهم يؤدي إلى الحرج. وفي الجامع الصغير: إذا قالت جارية لرجل: "بعثني مولاي إليك هدية" وسعه أن يأخذها؛ لأنه لا فرق بين ما إذا أخبرت بإهداء المولى غيرها أو نفسه لما قلنا" (Al-Hidâya, 2/437).
"قال: "ومن أرسل أجيرا له مجوسيا أو خادما فاشترى لحما فقال: ""اشتريته من يهودي أو نصراني أو مسلم"، وسعه أكله"؛ لأن قول الكافر مقبول في المعاملات؛ لأنه خبر صحيح لصدوره عن عقل ودين يعتقد فيه حرمة الكذب، والحاجة ماسة إلى قبوله لكثرة وقوع المعاملات. قال: "وإن كان غير ذلك، لم يسعه أن يأكل منه": معناه: إذا كان ذبيحة غير الكتابي والمسلم؛ لأنه لما قبل قوله في الحل، أولى أن يقبل في الحرمة" (Ibid., 2/437).
"قال: "ومن علم بجارية أنها لرجل، فرأى آخر يبيعها وقال "وكلني صاحبها ببيعها"، فإنه يسعه أنه يبتاعها ويطؤها"؛ لأنه أخبر بخبر صحيح لا منازع له، وقول الواحد في المعاملات مقبول على أي وصف كان، لما مر من قبل. وكذا إذا قال "اشتريتها منه" أو "وهبها لي" أو "تصدق بها علي"، لما قلنا. وهذا إذا كان ثقة. وكذا إذا كان غير ثقة، وأكبر رأيه أنه صادق، لأن عدالة المخبر في المعاملات غير لازمة، للحاجة، على ما مر؛ وإن كان أكبر رأيه أنه كاذب، لم يسع له أن يتعرض لشيء من ذلك، لأن أكبر الرأي يقام مقام اليقين.
وكذا إذا لم يعلم أنها لفلان، ولكن أخبره صاحب اليد أنها لفلان، وأنه وكله ببيعها أو اشتراها منه، والمخبر ثقة، قبل قوله؛ وإن لم يكن ثقة، يعتبر أكبر رأيه، لأن إخباره حجة في حقه.
وإن لم يخبره صاحب اليد بشيء: فإن كان عرفها للأول، لم يشترها حتى يعلم انتقالها إلى ملك الثاني، لأن يد الأول دليل ملكه، وإن كان لا يعرف ذلك له أن يشتريها وإن كان ذو اليد فاسقا؛ لأن يد الفاسق دليل الملك في حق الفاسق والعدل ولم يعارضه معارض، ولا معتبر بأكبر الرأي عند وجود الدليل الظاهر إلا أن يكون مثله لا يملك مثل ذلك، فحينئذ يستحب له أن يتنزه، ومع ذلك لو اشتراها يرجى أن يكون في سعة من ذلك لاعتماده الدليل الشرعي. وإن كان الذي أتاه بها عبدا أو أمة لم يقبلها ولم يشترها حتى يسأل؛ لأن المملوك لا ملك له فيعلم أن الملك فيها لغيره، فإن أخبره أن مولاه أذن له وهو ثقة قبل، وإن لم يكن ثقة يعتبر أكبر الرأي، وإن لم يكن له رأي لم يشترها لقيام الحاجر فلا بد من دليل.
قال: "ولو أن امرأة أخبرها ثقة أن زوجها الغائب مات عنها، أو طلقها ثلاثا أو كان غير ثقة وأتاها بكتاب من زوجها بالطلاق، ولا تدري أنه كتابه أم لا، إلا أن أكبر رأيها أنه حق" يعني بعد التحري، "فلا بأس بأن تعتد ثم تتزوج"؛ لأن القاطع طارئ ولا منازع. وكذا لو قالت لرجل "طلقني زوجي وانقضت عدتي"، فلا بأس أن يتزوجها. وكذا إذا قالت المطلقة الثلاث "انقضت عدتي وتزوجت بزوج آخر، ودخل بي ثم طلقني وانقضت عدتي"، فلا بأس بأن يتزوجها الزوج الأول. وكذا لو قالت جارية "كنت أمة فلان فأعتقني"، لأن القاطع طارئ.
ولو أخبرها مخبر أن أصل النكاح كان فاسدا أو كان الزوج حين تزوجها مرتدا أو أخاها من الرضاعة، لم يقبل قوله حتى يشهد بذلك رجلان أو رجل وامرأتان. وكذا إذا أخبره مخبر أنك تزوجتها وهي مرتدة أو أختك من الرضاعة، لم يتزوج بأختها أو أربع سواها حتى يشهد بذلك عدلان، لأنه أخبر بفساد مقارن، والإقدام على العقد يدل على صحته وإنكار فساده، فثبت المنازع بالظاهر.
بخلاف ما إذا كانت المنكوحة صغيرة فأخبر الزوج أنها ارتضعت من أمه أو أخته، حيث يقبل قول الواحد فيه، لأن القاطع طارئ، والإقدام الأول لا يدل على انعدامه، فلم يثبت المنازع. فافترقا. وعلى هذا الحرف يدور الفرق. ولو كانت جارية صغيرة لا تعبر عن نفسها في يد رجل يدعي أنها له، فلما كبرت لقيها رجل في بلد آخر فقالت "أنا حرة الأصل"، لم يسعه أن يتزوجها لتحقق المنازع وهو ذو اليد. بخلاف ما تقدم" (Al-Hidâya, 2/452-454).
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Ce niveau 4 englobe en fait plusieurs niveaux de certitude : du yaqînî au zann ghâlib.
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Le niveau 3 est présent lorsque l'information est reçue à un niveau moindre que le quorum requis, mais est quand même susceptible d'être vraie, et ce en étroite relation avec le sujet qui est en question ; il s'agit alors de rechercher de quel côté son for intérieur penche (تحرّى) ; et si son for intérieur demeure partagé, on se trouve dans un cas de doute (شكّ).
Ainsi en est-il de l'information reçue d'un musulman fâssiq alors que l'information se rapporte au domaine cultuel (A.b).
----- On a besoin d'eau pour procéder aux ablutions, et un musulman fâssiq nous informe que le point d'eau qu'on a trouvé est rituellement impur (najiss). Il s'agit alors de considérer de quel côté son for intérieur penche : si on pense qu'il dit vrai, on devra s'abstenir de procéder aux ablutions ; si on pense qu'il dit faux, on procédera aux ablutions avec cette eau. "ومن الديانات الإخبار بنجاسة الماء (...): لو كان المخبر فاسقا أو مستورا، تحرى: فإن كان أكبر رأيه أنه صادق، يتيمم ولا يتوضأ به؛ وإن أراق الماء ثم تيمم كان أحوط (...)؛ ولو كان أكبر رأيه أنه كاذب، يتوضأ به ولا يتيمم، لترجح جانب الكذب بالتحري. وهذا جواب الحكم. فأما في الاحتياط فيتيمم بعد الوضوء لما قلنا" (Al-Hidâya, 2/438-439).
----- On se trouve en voyage en rase campagne, et on questionne un habitant sur la direction de la Qibla : si cet habitant est fâssiq, l'information qu'il nous donnera alors sera soumise au penchant de notre for intérieur (Radd ul-muhtâr 2/113).
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Parfois, face au niveau 3, eu égard au domaine qui est en question, ou bien eu égard à la situation dans laquelle on se trouve, la chose en devient douteuse (مشتبه).
----- Ainsi en est-il du cas, à l'époque du Prophète, des deux nouveaux-mariés qu'une dame est venue trouver pour les informer qu'elle les avait tous deux allaités quand ils étaient nourrissons (le frère et la soeur de lait ne pouvant pas se marier) (cela d'après l'avis qui dit qu'une seule informatrice ne suffit pas pour établir cela : si le Prophète leur a dit de se séparer, c'est eu égard au shub'ha, doute, qui était présent) : 'Uqba ibn ul-Hârith s'était marié avec Umm Yahyâ bint Abî Ihâb, mais bientôt une femme vint leur dire qu'ils étaient frère et soeur de lait, car elles les avait allaités dans leur enfance. Le Prophète leur dit alors de se séparer (al-Bukhârî, 1947). La règle (chez certains ulémas) est qu'il faut au moins 2 témoins pour établir le caractère de "parenté de lait" (ces 2 témoins doivent être : selon l'école hanafite : 2 hommes, ou bien 1 homme et 2 femmes : Al-Hidâya, 1/334 ; et selon un avis de l'école mâlikite : 2 femmes suffisent : FB 5/329). Cependant, ce témoignage a apporté un doute conséquent, et le Prophète demanda à ces deux jeunes gens de cesser malgré tout de vivre comme mari et femme, et ce pour cause de doute.
"ولو أخبرها مخبر أن أصل النكاح كان فاسدا أو كان الزوج حين تزوجها مرتدا أو أخاها من الرضاعة، لم يقبل قوله حتى يشهد بذلك رجلان أو رجل وامرأتان" (Al-Hidâya 2/453).
Lire à ce sujet mon article : Qu'est-ce qui fait de quelque chose une "chose douteuse" quant à sa licité ou son illicité ?.
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Le niveau 2 est présent lorsque l'information est reçue à un niveau encore moindre, et demande des vérifications supplémentaires avant de pouvoir être crue :
"يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِن جَاءكُمْ فَاسِقٌ بِنَبَأٍ فَتَبَيَّنُوا أَن تُصِيبُوا قَوْمًا بِجَهَالَةٍ فَتُصْبِحُوا عَلَى مَا فَعَلْتُمْ نَادِمِينَ" (Coran 49/6).
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Le niveau 1 voit le jour quand l'information reçue est de niveau insuffisant pour être prise en considération toute seule (عدم كفاية مستوى احتمال الصدق), alors même que le domaine auquel elle se rapporte entraîne que cette information est trop peu établie pour pouvoir être prise en considération :
--- Soit elle n'est pas prise en considération à cause du nombre insuffisant d'informateurs (fussent-ils de la nature adéquate) par rapport au domaine auquel l'information se rapporte : ainsi en est-il du témoignage apporté par un seul musulman, alors que cela concerne le domaine des sanctions (A.a). Il est à noter que le domaine des sanctions requiert un juge dûment établi, qâdhî, et qu'il s'agit de produire non pas une simple information (i), mais un véritable témoignage (iii) devant lui.
------- En un mot, dans le cas d'une peine (hadd), s'il n'y a pas le nombre de témoins voulus, l'information reçue est caduque (niveau 2), et le juge ne requerra pas du soupçonné qu'il fasse serment (ii) qu'il est innocent de ce dont l'autre l'accuse.
--- Soit elle n'est pas prise en considération à cause de la nature inadéquate de la source de l'information (même si cette source atteint le nombre requis) par rapport au domaine auquel l'information se rapporte : ainsi en est-il de l'information donnée par un non-musulman, alors que l'information concerne le domaine cultuel (A.b).
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Le niveau 0 est présent quand celui qui reçoit l'information dispose d'une preuve ou de forts indices lui montrant qu'elle est erronée.
Ce fut le cas du prophète Jacob quand ses 10 fils vinrent l'informer que le loup avait dévoré son 11ème fils, le petit Joseph ; et, comme indice approuvant ce qu'ils avançaient, ils lui montrèrent la chemise de Joseph tâchée de sang, qu'ils prétendirent être le sien. Or Jacob leur opposa un : "Vos âmes vous ont plutôt enjolivé quelque chose. (Ce sera) donc (de ma part une belle patience. Et Dieu est Celui à qui l'aide est demandée face à ce que vous dites" : "قَالُوا يَا أَبَانَا إِنَّا ذَهَبْنَا نَسْتَبِقُ وَتَرَكْنَا يُوسُفَ عِندَ مَتَاعِنَا فَأَكَلَهُ الذِّئْبُ وَمَا أَنتَ بِمُؤْمِنٍ لَّنَا وَلَوْ كُنَّا صَادِقِينَ وَجَاءُوا عَلَى قَمِيصِهِ بِدَمٍ كَذِبٍ قَالَ بَلْ سَوَّلَتْ لَكُمْ أَنفُسُكُمْ أَمْرًا فَصَبْرٌ جَمِيلٌ وَاللَّهُ الْمُسْتَعَانُ عَلَى مَا تَصِفُونَ" (Coran 12/17-18). Il dit ici à ses fils qu'il rejetait l'information que, à 10, ils étaient venus lui donner. En fait il disposait d'un fort indice du fait que cette information était fausse : le caractère indemne de la chemise : un loup ne peut pas dévorer un humain après lui avoir ôté sa chemise ! Et s'ils prétendaient que Joseph s'était un moment départi de ce vêtement, et c'est alors que le loup l'avait dévoré, eh bien comment se faisait-il que ce vêtement était tâché de son sang ? Que, sur sa chemise, se trouve son prétendu sang, alors même qu'elle est intacte, cela était l'indice qu'ils mentaient. "الثانية: قال علماؤنا رحمة الله عليهم: لما أرادوا أن يجعلوا الدم علامة على صدقهم، قرن الله بهذه العلامة علامة تعارضها، وهي سلامة القميص من التنييب، إذ لا يمكن افتراس الذئب ليوسف وهو لابس القميص ويسلم القميص من التخريق. ولما تأمل يعقوب عليه السلام القميص فلم يجد فيه خرقا ولا أثرا، استدل بذلك على كذبهم، وقال لهم: "متى كان هذا الذئب حكيما يأكل يوسف ولا يخرق القميص!" قاله ابن عباس وغيره. روى إسرائيل عن سماك بن حرب عن عكرمة عن ابن عباس قال: كان الدم دم سخلة. وروى سفيان عن سماك عن عكرمة عن ابن عباس قال: لما نظر إليه قال: "كذبتم، لو كان الذئب أكله لخرق القميص". (...) الثالثة: استدل الفقهاء بهذه الآية في إعمال الأمارات في مسائل من الفقه كالقسامة وغيرها، وأجمعوا على أن يعقوب عليه السلام استدل على كذبهم بصحة القميص. وهكذا يجب على الناظر أن يلحظ الأمارات والعلامات إذا تعارضت، فما ترجح منها قضى بجانب الترجيح، وهي قوة التهمة، ولا خلاف بالحكم بها، قاله بن العربي" (Tafsîr ul-Qurtubî).
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Al-Bukhârî a consacré tout un chapitre de son livre Al-Jâmi' us-Sahîh à cette question (liée chez lui à la fiabilité des hadîths relatés par seulement un, deux ou quelques personnes à au moins un niveau de la chaîne de narration). Il a intitulé ce chapitre : "كتاب أخبار الآحاد" : "Le chapitre des Khabaru Wâhidin" :
Al-Bukhârî y a démontré, par maints récits, que le Prophète (sur lui soit la paix) s'est, à de nombreuses occasions, suffi de l'envoi d'un seul informateur pour transmettre les enseignements de l'islam ; ce qui montre que même un seul narrateur suffit, du moment qu'il est fiable.
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Cela concerne donc les hadîths.
Cela concerne également, pour ce qui est du réel : le cas A.a.
En fait, pour tout ce qui est des hadîths (comme pour tout ce qui relève de façon générale du cas A.b), en soi un seul narrateur est suffisant pour la fiabilité de l'information qu'il délivre, dès lors qu'il est fiable ('adl) :
C'est ce que prouvent les hadîths insérés par al-Bukhârî dans son chapitre sus-cité : "كتاب أخبار الآحاد".
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Pour autant, un renforcement (par le moyen d'un élément supplémentaire) est toujours bienvenu, sans pour autant être, en temps normal, une condition de fiabilité.
----- Ainsi, le Prophète (sur lui soit la paix) lui-même, ayant envoyé Abû Hurayra donner une bonne nouvelle à ceux qu'il rencontrerait, a tenu à lui remettre ses deux sandales [comme témoins qu'il était bien envoyé par le Prophète] : "فاحتفزت، فدخلت على رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقال: "أبو هريرة؟" فقلت: نعم يا رسول الله، قال: "ما شأنك؟" قلت: كنت بين أظهرنا، فقمت فأبطأت علينا، فخشينا أن تقتطع دوننا، ففزعنا، فكنت أول من فزع، فأتيت هذا الحائط، فاحتفزت كما يحتفز الثعلب، وهؤلاء الناس ورائي، فقال: "يا أبا هريرة" وأعطاني نعليه، قال: "اذهب بنعلي هاتين، فمن لقيت من وراء هذا الحائط يشهد أن لا إله إلا الله مستيقنا بها قلبه، فبشره بالجنة". فكان أول من لقيت عمر، فقال: ما هاتان النعلان يا أبا هريرة؟ فقلت: "هاتان نعلا رسول الله صلى الله عليه وسلم، بعثني بهما من لقيت يشهد أن لا إله إلا الله مستيقنا بها قلبه، بشرته بالجنة" (Muslim, 31) ("ولعل فائدة بعثه النعلين أن يبلغ مع الشاهد، فيصدقوه، وإن كان خبره مقبولا بغير هذا" : Shar'h ut-Tîbî).
----- De même, al-Mughîra ibn Chu'ba ayant affirmé devant Abû Bakr (que Dieu l'agrée) (et suite au questionnement de celui-ci) qu'il avait entendu le Prophète donner à la grand-mère le sixième de la somme laissée en héritage (en cas d'absence de la mère), Abû Bakr lui demanda : "Y a-t-il quelqu'un d'autre avec toi ?" Muhammad ibn Maslama confirma l'information donnée par al-Mughîra (at-Tirmidhî, 2101, Abû Dâoûd, 2894, etc. ; hassan sahîh d'après at-Tirmidhî, dha'îf d'après al-Albânî).
----- Devant Omar (que Dieu l'agrée), Abû Mûssâ al-Ach'arî rapporta un jour que le Prophète avait dit : "On doit demander par trois fois la permission d'entrer dans une maison. Si on obtient la permission, tant mieux, sinon doit s'en retourner". Omar lui demanda alors d'apporter le témoignage de quelqu'un d'autre ayant lui aussi entendu cette parole du Prophète. Ce fut Abû Sa'îd al-Khudrî qui apporta ce témoignage (al-Bukhârî, 5891, Muslim, 2153) (al-Bukhârî, 1956). Omar dit alors à Abû Mûssâ : "Je ne t'ai pas soupçonné (d'avoir menti). Mais je crains que des gens se mettent à inventer des propos qu'ils attribuent au Prophète" : "فقال عمر لأبي موسى: "أما إني لم أتهمك، ولكن خشيت أن يتقول الناس على رسول الله صلى الله عليه وسلم" (Abû Dâoûd, 5184). Cette phrase de Omar nous montre bien qu'il ne pensait pas qu'un Hadîth n'est acceptable que s'il est rapporté par deux personnes au minimum (d'ailleurs il a lui-même accepté d'autres Hadîths relatés par une seule personne : par exemple celui relaté par Abd ur-Rahmân ibn 'Awf à propos des Zoroastriens, celui relaté par lui à propos de la peste, etc.). Omar entendait seulement enseigner aux gens d'être prudent et de procéder à des vérifications avant d'attribuer une parole au Prophète. Mu'âwiya (que Dieu l'agrée) a dit d'ailleurs : "Préservez-vous de citer des Hadîths [de façon légère], mais [vous pouvez citer librement] les Hadîths connus à l'époque de Omar. Car Omar faisait craindre les gens par rapport à la cause de Dieu" : "عن عبد الله بن عامر اليحصبي، قال: سمعت معاوية يقول: "إياكم وأحاديث، إلا حديثا كان في عهد عمر، فإن عمر كان يخيف الناس في الله عز وجل" (Muslim, 1037).
----- Et il arrivait que Alî (que Dieu l'agrée) demande à la personne qui lui citait un Hadîth de faire le serment par Dieu que ce Hadîth était authentique : "عن أسماء بن الحكم الفزاري، قال: سمعت عليا يقول: "إني كنت رجلا إذا سمعت من رسول الله صلى الله عليه وسلم حديثا نفعني الله منه بما شاء أن ينفعني به. وإذا حدثني رجل من أصحابه، استحلفته، فإذا حلف لي، صدقته" (at-Tirmidhî, 406).
----- 'Amr ibn Abassa (un Compagnon) raconta une fois à Abû Umâma (un autre Compagnon) avoir entendu le Prophète dire à propos que des ablutions parfaites suivies d'une prière de deux cycles conférait à celui qui les faisaient telle et telle récompense. Abû Umâma, qui était lui aussi un Compagnon du Prophète, lui dit : "Considère ce que tu dis, Amr ibn Abbassa ! En une seule assise, cela sera donné à un homme ?" [Ce fut la grandeur de la récompense pour la simplicité de l'action qui l'amena à procéder à cette vérification.] Mais Amr ibn Abbassa le tranquillisa en confirmant qu'il avait bien entendu le Prophète dire ce propos plus de 7 fois : "فحدث عمرو بن عبسة بهذا الحديث أبا أمامة صاحب رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقال له أبو أمامة: "يا عمرو بن عبسة، انظر ما تقول! في مقام واحد يعطى هذا الرجل؟" فقال عمرو: "يا أبا أمامة، لقد كبرت سني، ورق عظمي، واقترب أجلي، وما بي حاجة أن أكذب على الله ولا على رسول الله. لو لم أسمعه من رسول الله صلى الله عليه وسلم إلا مرة، أو مرتين، أو ثلاثا حتى عد سبع مرات، ما حدثت به أبدا؛ ولكني سمعته أكثر من ذلك" (Muslim, 832).
----- D'autres exemples sont cités dans mon article : "La vérification de l'authenticité des hadîths rapportés : depuis les premiers temps".
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J'ai bien dit "en temps normal", car il peut arriver que les circonstances fassent que, cette fois, il y ait nécessité du renforcement de l'information reçue par une seule personne :
C'est bien pourquoi le Prophète (sur lui soit la paix), ayant reçu de Dhu-l-Yadayn l'information qu'il n'avait accompli que 2 cycles de prière au lieu des 4 voulus, ne le crut qu'après avoir demandé confirmation aux autres Compagnons présents. Dhu-l-Yadayn lui dit : "La prière a-t-elle été réduite, ou bien tu as oublié ? – Elle n'a pas été réduite, et je n'ai pas oublié, répondit le Prophète. – Si, tu as oublié." Se tournant vers les autres fidèles présents, il leur demanda alors : "Est-ce comme Dhu-l-yadayn le dit ? – Oui", répondirent-ils. Alors il accomplit en congrégation les deux cycles manquants : "عن أبي هريرة، قال: صلى بنا رسول الله صلى الله عليه وسلم إحدى صلاتي العشي - قال ابن سيرين: سماها أبو هريرة ولكن نسيت أنا - قال: فصلى بنا ركعتين، ثم سلم، فقام إلى خشبة معروضة في المسجد، فاتكأ عليها كأنه غضبان، ووضع يده اليمنى على اليسرى، وشبك بين أصابعه، ووضع خده الأيمن على ظهر كفه اليسرى. وخرجت السرعان من أبواب المسجد، فقالوا: "قصرت الصلاة". وفي القوم أبو بكر وعمر، فهابا أن يكلماه، وفي القوم رجل في يديه طول يقال له ذو اليدين، قال: "يا رسول الله، أنسيت أم قصرت الصلاة؟" قال: "لم أنس ولم تقصر". فقال: "أكما يقول ذو اليدين؟" فقالوا: "نعم". فتقدم فصلى ما ترك، ثم سلم، ثم كبر وسجد مثل سجوده أو أطول، ثم رفع رأسه وكبر، ثم كبر وسجد مثل سجوده أو أطول، ثم رفع رأسه وكبر" (al-Bukhârî, 468, Muslim, 573, et d'autres). Le fait est qu'une telle diminution dans la prière ne pouvant avoir été remarquée par une seule personne, puisque tout un groupe est présent, l'information a besoin d'être confirmée pour être crue.
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Voici un cas voisin mais différent :
L'ordre de changement de Qibla (en l'an 2 de l'hégire) descendit du Ciel alors que le Prophète (sur lui soit la paix) était en train d'accomplir la prière de zuhr dans la mosquée des Banû Salima ; il avait alors déjà accompli 2 cycles de cette prière de zuhr. Ce fut la prière suivante, celle de 'asr, qui fut la première prière qu'il ait accomplie entièrement tourné vers la Kaaba : cela eut lieu dans sa mosquée (al-Masjid un-Nabawî). Or, quelqu'un ayant accompli cette prière de 'asr sous sa direction passa près d'une autre mosquée, celle des Banû Hâritha, et, voyant ses gens accomplir cette prière de 'asr tournés vers Bayt ul-maqdis, leur donna l'information : "Je témoigne par Dieu avoir accompli la prière en compagnie du Messager de Dieu - que Dieu l'élève et le salue - vers La Mecque". Ils n'eurent entendu cette information (certes appuyée par un serment et le terme "témoignage") apportée par un seul homme, 'Abbâd ibn Bishr, que, sans éprouver le besoin de vérifier quoi que ce soit, ils la crurent immédiatement, et en appliquèrent immédiatement le contenu, procédant donc au changement de direction pendant même qu'ils accomplissaient la prière : "عن البراء بن عازب أن النبي صلى الله عليه وسلم كان أول ما قدم المدينة نزل على أجداده، أو قال: أخواله من الأنصار، وأنه صلى قبل بيت المقدس ستة عشر شهرا أو سبعة عشر شهرا. وكان يعجبه أن تكون قبلته قبل البيت، وأنه صلى أول صلاة صلاها صلاة العصر، وصلى معه قوم فخرج رجل ممن صلى معه، فمر على أهل مسجد وهم راكعون، فقال: "أشهد بالله لقد صليت مع رسول الله صلى الله عليه وسلم قبل مكة"، فداروا كما هم قبل البيت. وكانت اليهود قد أعجبهم إذ كان يصلي قبل بيت المقدس، وأهل الكتاب، فلما ولى وجهه قبل البيت، أنكروا ذلك" (al-Bukhârî, 40, Muslim, 525 ; FB 1/655-656).
De même, dans la nuit ayant suivi cette après-midi-là, la même information fut transmise aux gens de la mosquée de Qubâ' par un (autre) homme, pendant qu'ils étaient en train d'accomplir la prière de fajr : "Du Coran est descendu sur le Messager de Dieu, et il lui a été ordonné de se tourner vers la Kaaba. Prenez-en donc la direction !" ; et eux aussi crurent immédiatement le contenu de cette information, et procédèrent au changement de direction pendant même qu'ils accomplissaient la prière : "عن عبد الله بن عمر، قال: بينا الناس بقباء في صلاة الصبح، إذ جاءهم آت، فقال: "إن رسول الله صلى الله عليه وسلم قد أنزل عليه الليلة قرآن، وقد أمر أن يستقبل الكعبة، فاستقبلوها"، وكانت وجوههم إلى الشأم، فاستداروا إلى الكعبة" (al-Bukhârî, 395, Muslim, 526).
Certains commentateurs exposent que l'abrogation de quelque chose qui est établi au niveau certain (qat'î) (le fait de devoir se tourner vers Bayt ul-Maqdis) ne peut se faire que par ce qui est lui aussi établi au niveau certain (qat'î). Or l'information donnée par une seule personne est certes suffisante, mais n'atteint pas le degré qat'iyy uth-thubût !
Certains commentateurs ont répondu à cela qu'ici l'information de cet unique personnage fiable ('adl) s'est retrouvée étayée par des indices : le Prophète espérait recevoir l'ordre de se tourner vers la Kaaba, il tournait son visage vers le ciel dans l'attente de cet ordre : "وفيه قبول خبر الواحد ووجوب العمل به ونسخ ما تقرر بطريق العلم به لأن صلاتهم إلى بيت المقدس كانت عندهم بطريق القطع لمشاهدتهم صلاة النبي صلى الله عليه وسلم إلى جهته ووقع تحولهم عنها إلى جهة الكعبة بخبر هذا الواحد. وأجيب بأن الخبر المذكور احتفت به قرائن ومقدمات أفادت القطع عندهم بصدق ذلك المخبر؛ فلم ينسخ عندهم ما يفيد العلم إلا بما يفيد العلم. وقيل: كان النسخ بخبر الواحد جائزا في زمنه صلى الله عليه وسلم مطلقا، وإنما منع بعده؛ ويحتاج إلى دليل" (FB 1/657).
Ibn Taymiyya n'a-t-il pas écrit (cité plus haut, au point IV) : "ورواية الواحد لا تفيد العلم [اي اليقين] إلا مع قرائن" : "La khabar ul-wâhid n'induit pas la certitude, sauf lorsqu'elle est étayée par des indices" (MF 4/410)...
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Il y a même des cas où certains Compagnons (que Dieu les agrée) n'ont été convaincus par le contenu du hadîth qu'un autre Compagnon leur relatait, et ce parce qu'ils ont considéré que l'information ainsi relatée contredisait la règle générale établie (l'information fut dès lors ramenée à leurs yeux au niveau 1 sus-cité : à délaisser) :
Ainsi Aïcha a-t-elle pensé que Fâtima bint Qays avait mal compris le principe motivant (manât ul-hukm) de ce que le Prophète lui avait dit ; ce manât ul-hukm n'était, selon elle, pas le type de divorce que Fâtima avait vécu, mais la situation particulière de Fâtima : elle se trouvait toute seule là où se trouvait la demeure.
"عن أبي إسحاق، قال: كنت مع الأسود بن يزيد جالسا في المسجد الأعظم، ومعنا الشعبي. فحدث الشعبي بحديث فاطمة بنت قيس: "أن رسول الله صلى الله عليه وسلم، لم يجعل لها سكنى ولا نفقة". ثم أخذ الأسود كفا من حصى، فحصبه به، فقال: "ويلك تحدث بمثل هذا؟ قال عمر: "لا نترك كتاب الله وسنة نبينا صلى الله عليه وسلم لقول امرأة لا ندري لعلها حفظت أو نسيت! لها السكنى والنفقة! قال الله عز وجل: {لا تخرجوهن من بيوتهن ولا يخرجن إلا أن يأتين بفاحشة مبينة" (Muslim, 1480).
"قال عروة بن الزبير لعائشة: "ألم تري إلى فلانة بنت الحكم، طلقها زوجها البتة فخرجت؟" فقالت: "بئس ما صنعت." قال: "ألم تسمعي في قول فاطمة؟" قالت: "أما إنه ليس لها خير في ذكر هذا الحديث." وزاد ابن أبي الزناد، عن هشام، عن أبيه: "عابت عائشة أشد العيب، وقالت: "إن فاطمة كانت في مكان وحش، فخيف على ناحيتها، فلذلك أرخص لها النبي صلى الله عليه وسلم" (al-Bukhârî, 5017). "عن عائشة أنها قالت: "ما لفاطمة؟ ألا تتقي الله؟" يعني في قولها: "لا سكنى ولا نفقة" (al-Bukhârî, 5016).
Lire d'autres cas de ce genre dans mon article : Quand il y a 2 façons de concilier une règle générale et un hadîth particulier - Sur une question donnée, il existe un hadîth authentique ; cependant, ce hadîth peut parfois être compris selon un sens différent du seul sens littéral (ظاهر).
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).