Introduction :
Une des paroles humaines les plus graves qui soient est que l'homme se prétende prophète et messager de Dieu, alors qu'il ne l'est pas, attribuant ainsi à Dieu des propos qu'Il n'a pas tenus, et un choix qu'Il n'a pas fait :
"وَمَنْ أَظْلَمُ مِمَّنِ افْتَرَى عَلَى اللّهِ كَذِبًا أَوْ قَالَ أُوْحِيَ إِلَيَّ وَلَمْ يُوحَ إِلَيْهِ شَيْءٌ، وَمَن قَالَ سَأُنزِلُ مِثْلَ مَا أَنَزلَ اللّهُ" : "Et qui serait plus injuste que celui qui attribue faussement à Dieu ce qui n'est pas vrai, ou dit : "La révélation m'a été faite" alors que rien ne lui a été révélé, et que celui qui dit : "Je vais faire descendre chose semblable à ce que Dieu a fait descendre" ?" (Coran 6/93).
D'ailleurs Dieu sanctionne sévèrement tout être humain qui Lui attribue ainsi ce qu'Il n'a pas dit (An-Nubuwwât, p. 345). Parfois en ce monde même, et dans tous les cas dans l'autre monde (si, avant de mourir, cet humain ne s'est pas repenti de son mensonge au sujet de Dieu).
(Quant à la sanction terrestre mentionnée dans ces versets : "وَلَوْ تَقَوَّلَ عَلَيْنَا بَعْضَ الْأَقَاوِيلِ لَأَخَذْنَا مِنْهُ بِالْيَمِينِ ثُمَّ لَقَطَعْنَا مِنْهُ الْوَتِينَ فَمَا مِنكُم مِّنْ أَحَدٍ عَنْهُ حَاجِزِينَ" : "Et s'il avait forgé quelques paroles qu'il Nous (avait attribuées), Nous l'aurions saisi de la main droite, ensuite, Nous lui aurions tranché l'aorte, et alors nul d'entre vous n'aurait pu lui servir de rempart" (Coran 69/44-47), elle est énoncée de façon particulière au sujet du prophète Muhammad (sur lui soit la paix) : il est dit ici que bien qu'il soit un vrai prophète et messager de Dieu, s'il attribuait à Dieu ce qu'Il n'a pas dit, Dieu lui infligerait immédiatement cette sanction.
Il y a également cet autre passage : "وَإِنْ كَادُوا لَيَفْتِنُونَكَ عَنِ الَّذِي أَوْحَيْنَا إِلَيْكَ لِتَفْتَرِيَ عَلَيْنَا غَيْرَهُ وَإِذًا لَاتَّخَذُوكَ خَلِيلًا وَلَوْلَا أَنْ ثَبَّتْنَاكَ لَقَدْ كِدْتَ تَرْكَنُ إِلَيْهِمْ شَيْئًا قَلِيلًا إِذًا لَأَذَقْنَاكَ ضِعْفَ الْحَيَاةِ وَضِعْفَ الْمَمَاتِ ثُمَّ لَا تَجِدُ لَكَ عَلَيْنَا نَصِيرًا" : "Ils ont failli te détourner de ce que Nous t'avons révélé, de sorte que tu inventes à Notre sujet autre que cela ; et alors ils t'auraient pris comme ami intime. Et si Nous ne t'avions pas affermi, tu aurais failli pencher quelque peu vers eux. Alors Nous t'aurions fait goûter le double du (châtiment de) la vie et le double du (châtiment de) la mort, ensuite tu n'aurais trouvé face à Nous nul auxiliaire" (Coran 17/73-75) : il est possible qu'il soit fait allusion, ici, à la demande que des Mecquois Polycultistes firent au Prophète, qu'il cesse de dire (même s'il le pensait) que leurs divinités ne sont pas des divinités et ne peuvent rien faire : "وقال الحسن: "الكفار أخذوا رسول الله صلى الله عليه وسلم ليلة بمكة قبل الهجرة فقالوا: "كف يا محمد عن ذم آلهتنا وشتمها. فلو كان ذلك حقا كان فلان وفلان بهذا الأمر أحق منك." فوقع في قلب رسول الله صلى الله عليه وسلم أن يكف عن شتم آلهتهم. وعلى هذا التقدير فهذه الآية مكية" (Tafsîr ur-Râzî) ; Exactement comme dans cet autre verset : "فَلَا تُطِعِ الْمُكَذِّبِينَ وَدُّوا لَوْ تُدْهِنُ فَيُدْهِنُونَ" : "N'obéis pas à ceux qui traitent de mensonge. Ils aimeraient que tu fasses preuves de complaisance, alors ils feront preuve de complaisance (à ton égard)" (Coran 68/8-9). Or comme nous l'avons exposé dans un autre article : pour le Prophète (صلى الله عليه وسلم), à partir d'une étape donnée, dire ouvertement cela, dans la cité de La Mecque, de ces fausses divinités, cela était devenu obligatoire ; même si pour notre part nous n'avons pas cette obligation.
Il peut également s'agir, ici, de la demande qu'ils firent au Prophète d'écarter de son entourage les croyants qui étaient pauvres le temps que eux, notables, s'assoient auprès du Prophète et l'écoutent (cf. Tafsîr ut-Tabarî sur Coran 6/52) : "ودعوه إلى طرد المؤمنين عن نفسه، فأنزل الله تعالى قوله: {ولا تطرد الذين يدعون ربهم}؛ فيجوز أن تكون هذه الآيات نزلت في هذا الباب" (Ibid.). "أي: يزيلونك ويصرفونك {عَنِ الَّذِي أَوْحَيْنَا إِلَيْكَ} يعني القرآن، والمعنى: "عن حكمه"، وذلك لأن في إعطائهم ما سألوه مخالفة لحكم القرآن. وقوله: {لِتَفْتَرِيَ عَلَيْنَا غَيْرَهُ} أي: غير ما أوحينا إليك" (Ibid.).
En fait, ce que le Prophète faisait ou s'abstenait de faire, et qui relevait de quelque chose de Dînî, cela était considéré comme étant l'expression du fait que Dieu - respectivement - lui a dit qu'il devait ou pouvait le faire, ou qu'il devait s'en abstenir. C'est pourquoi, s'il s'était abstenu de pratiquer l'obligation de dire ouvertement que les idoles ne sont pas des divinités, ou s'il avait écarté momentanément les croyants pauvres de son entourage, cela aurait été considéré comme étant l'expression factuelle - par le Prophète - que Dieu lui a autorisé de faire cela ; or Dieu ne lui avait pas autorisé cela. Il lui a donc été dit : "Ils ont failli te détourner de ce que Nous t'avons révélé, de sorte que tu inventes à Notre sujet autre que cela".)
-
Il est, ainsi, impératif de pouvoir distinguer le vrai du faux prophète.
-
Ses concitoyens polycultistes traitaient Muhammad ibn Abdillâh (صلى الله عليه وسلم) de plusieurs qualificatifs, relatés par Dieu dans le Coran :
--- "وَيَقُولُونَ أَئِنَّا لَتَارِكُوا آلِهَتِنَا لِشَاعِرٍ مَّجْنُونٍ بَلْ جَاء بِالْحَقِّ وَصَدَّقَ الْمُرْسَلِينَ" (Coran 37/36-37) ;
--- "فَذَكِّرْ فَمَا أَنتَ بِنِعْمَتِ رَبِّكَ بِكَاهِنٍ وَلَا مَجْنُونٍ أَمْ يَقُولُونَ شَاعِرٌ نَّتَرَبَّصُ بِهِ رَيْبَ الْمَنُونِ" (Coran 52/29-30) ;
--- "وَقَالَ الظَّالِمُونَ إِن تَتَّبِعُونَ إِلَّا رَجُلًا مَّسْحُورًا" (Coran 25/8) ;
--- "وَيَقُولُونَ إِنَّهُ لَمَجْنُونٌ" (Coran 68/51) ;
--- "وَقَالُواْ يَا أَيُّهَا الَّذِي نُزِّلَ عَلَيْهِ الذِّكْرُ إِنَّكَ لَمَجْنُونٌ" (Coran 15/6) ;
--- "وَقَالَ الَّذِينَ كَفَرُوا هَلْ نَدُلُّكُمْ عَلَى رَجُلٍ يُنَبِّئُكُمْ إِذَا مُزِّقْتُمْ كُلَّ مُمَزَّقٍ إِنَّكُمْ لَفِي خَلْقٍ جَدِيدٍ أَفْتَرَى عَلَى اللَّهِ كَذِبًا أَم بِهِ جِنَّةٌ" (Coran 34/7-8) ; "jinnah" signifie soit : "une folie", soit : "un djinn" : "والجنة: الجنون؛ أو الجنّ، أى: به جنّ يخبلونه" (Tafsîr uz-Zamakhsharî sur Coran 23/25) ;
--- "وَعَجِبُوا أَن جَاءهُم مُّنذِرٌ مِّنْهُمْ وَقَالَ الْكَافِرُونَ هَذَا سَاحِرٌ كَذَّابٌ" (Coran 38/4) ;
--- "قَالَ الْكَافِرُونَ إِنَّ هَذَا لَسَاحِرٌ مُّبِينٌ" (Coran 10/2).
Et ils qualifiaient le Coran de qualificatifs correspondant à ceux dont ils affublaient celui qui le leur apportait (Muhammad, صلى الله عليه وسلم) : Dieu a relaté ces propos aussi :
--- "وَمَا هُوَ بِقَوْلِ شَاعِرٍ قَلِيلًا مَا تُؤْمِنُونَ وَلَا بِقَوْلِ كَاهِنٍ قَلِيلًا مَا تَذَكَّرُونَ" (Coran 69/41-42) ;
--- "إِنَّهُ لَقَوْلُ رَسُولٍ كَرِيمٍ ذِي قُوَّةٍ عِندَ ذِي الْعَرْشِ مَكِينٍ مُطَاعٍ ثَمَّ أَمِينٍ وَمَا صَاحِبُكُم بِمَجْنُونٍ وَلَقَدْ رَآهُ بِالْأُفُقِ الْمُبِينِ وَمَا هُوَ عَلَى الْغَيْبِ بِضَنِينٍ وَمَا هُوَ بِقَوْلِ شَيْطَانٍ رَجِيمٍ فَأَيْنَ تَذْهَبُونَ" (Coran 81/19-26) ;
--- "وَمَا تَنَزَّلَتْ بِهِ الشَّيَاطِينُ وَمَا يَنبَغِي لَهُمْ وَمَا يَسْتَطِيعُونَ إِنَّهُمْ عَنِ السَّمْعِ لَمَعْزُولُونَ" (Coran 26/210-212) ;
--- "وَإِذَا تُتْلَى عَلَيْهِمْ آيَاتُنَا بَيِّنَاتٍ قَالَ الَّذِينَ كَفَرُوا لِلْحَقِّ لَمَّا جَاءهُمْ هَذَا سِحْرٌ مُّبِينٌ" (Coran 46/7).
-
Pourquoi donc disaient-ils de Muhammad (صلى الله عليه وسلم) qu'il est :
--- "fou" (مَجْنُون) ?
Parce qu'il faisait et disaient certaines choses contraires à ce qui était usuel. Et aussi parce qu'il parlait de choses de l'invisible lui étant arrivées ("l'ange est venu à moi, il m'a dit telle chose").
--- "possédé" (بِهِ جِنَّة) ?
Parce qu'il disait que telle chose de l'invisible lui était arrivé ; or, certains de ses concitoyens à La Mecque prétendaient que c'était en fait un djinn satanique qui lui rendait visite et lui dictait ces paroles, lesquelles perturbaient tout le système de valeurs de leur cité - La Mecque - ainsi que des cités voisines en Arabie.
--- "ensorcelé" (مَسْحُور) ?
Pour les mêmes raisons que celle ayant conduit à le traiter de "fou" et de "possédé".
-
--- "menteur" (كَذَّابٌ) ?
Parce que certains de ses concitoyens à La Mecque disaient de lui qu'il avait forgé le texte du Coran, de même que le message qu'il répétait avec ses mots à lui [et qui constituait la Sunna], et avait attribué tout cela à Dieu (Allah), alors que cela n'était que ses idées personnelles. Ou bien il avait récupéré ces idées de certains juifs ou chrétiens. Mais en tous cas il ne recevait rien de Dieu, Qui lui aurait parlé : "وَلَقَدْ نَعْلَمُ أَنَّهُمْ يَقُولُونَ إِنَّمَا يُعَلِّمُهُ بَشَرٌ لِّسَانُ الَّذِي يُلْحِدُونَ إِلَيْهِ أَعْجَمِيٌّ وَهَذَا لِسَانٌ عَرَبِيٌّ مُّبِينٌ" (Coran 16/103) ; "وَقَالَ الَّذِينَ كَفَرُوا إِنْ هَذَا إِلَّا إِفْكٌ افْتَرَاهُ وَأَعَانَهُ عَلَيْهِ قَوْمٌ آخَرُونَ فَقَدْ جَاؤُوا ظُلْمًا وَزُورًا وَقَالُوا أَسَاطِيرُ الْأَوَّلِينَ اكْتَتَبَهَا فَهِيَ تُمْلَى عَلَيْهِ بُكْرَةً وَأَصِيلًا قُلْ أَنزَلَهُ الَّذِي يَعْلَمُ السِّرَّ فِي السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضِ إِنَّهُ كَانَ غَفُورًا رَّحِيمًا" (Coran 25/4-6).
--- "devin" (كَاهِن) ?
Parce qu'il informait de certaines choses qui allaient se passer dans l'avenir ; or les devins font quelque chose de voisin de cela. Et parce que certains de ses concitoyens à La Mecque prétendaient que c'était en fait un djinn satanique qui lui rendait visite et lui dictait ces paroles ; or les devins sont en relation avec de tels djinns.
--- "poète" (شَاعِر) ?
A cause des assonances présentes dans le texte du Coran, qui évoquaient la poésie des poètes ; et aussi parce que certaines des choses que le Coran traite se trouvent chez les poètes aussi (de même que chez les philosophes) : des réflexions sur le sens de la vie, etc.
--- "ensorceleur" (سَاحِر) ?
A cause de l'effet inexplicable que l'écoute du texte du Coran produisait sur beaucoup de personnes, qui en devenaient "charmées", "subjuguées" (même si certaines d'entre elles n'apportaient ensuite pas foi). 'Utba ibn Rabî'a lui-même fut troublé quand, pour toute réponse à ses propositions de délaisser la prédication en échange de tel et tel avantages temporels, le Prophète lui dit : "As-tu terminé, ô Abu-l-Walîd ? Ecoute donc", puis récita devant lui une bonne partie de la sourate Fussilat ; ensuite il lui dit : "Tu as entendu ce que tu as entendu, ô Abu-l-Walîd. A toi de voir". Lorsqu'il revint auprès des autres notables polycultistes, tout bouleversé par le texte coranique qu'il venait d'entendre, ceux-ci s'enquirent du résultat de ses propositions faites à Muhammad (صلى الله عليه وسلم) ; suite à la réponse inattendue que 'Utba leur fit ("Laissez cet homme en ce en quoi il est"), ils lui dirent : "Par Dieu, il t'a, ô Abu-l-Walîd, ensorcelé par sa langue" : "ثم قال: "قد سمعت يا أبا الوليد ما سمعت، فأنت وذاك". فقام عتبة إلى أصحابه، فقال بعضهم لبعض: "نحلف بالله لقد جاءكم أبو الوليد بغير الوجه الذي ذهب به". فلما جلس إليهم قالوا: "ما وراءك يا أبا الوليد؟" قال: "ورائي أني قد سمعت قولا والله ما سمعت مثله قط؛ والله ما هو بالشعر، ولا بالسحر، ولا بالكهانة. يا معشر قريش، أطيعوني واجعلوها بي، وخلوا بين هذا الرجل وبين ما هو فيه فاعتزلوه، فو الله ليكونن لقوله الذي سمعت منه نبأ عظيم. فإن تصبه العرب فقد كفيتموه بغيركم؛ وإن يظهر على العرب فملكه ملككم، وعزه عزكم، وكنتم أسعد الناس به". قالوا: "سحرك والله يا أبا الوليد بلسانه". قال: "هذا رأيي فيه، فاصنعوا ما بدا لكم" (Sîrat Ibn Hishâm). De même, des femmes et des enfants polycultistes venaient ainsi regarder et écouter Abû Bakr lorsque, devant chez lui à La Mecque, il récitait à haute voix le Coran : ces personnes étaient subjuguées par le texte coranique : "ثم بدا لأبي بكر، فابتنى مسجدا بفناء داره وبرز، فكان يصلي فيه، ويقرأ القرآن. فيتقصف عليه نساء المشركين وأبناؤهم، يعجبون وينظرون إليه، وكان أبو بكر رجلا بكاء، لا يملك دمعه حين يقرأ القرآن. فأفزع ذلك أشراف قريش من المشركين، فأرسلوا إلى ابن الدغنة. فقدم عليهم فقالوا له: "إنا كنا أجرنا أبا بكر على أن يعبد ربه في داره. وإنه جاوز ذلك، فابتنى مسجدا بفناء داره، وأعلن الصلاة والقراءة، وقد خشينا أن يفتن أبناءنا ونساءنا، فأته، فإن أحب أن يقتصر على أن يعبد ربه في داره فعل؛ وإن أبى إلا أن يعلن ذلك، فسله أن يرد إليك ذمتك، فإنا كرهنا أن نخفرك، ولسنا مقرين لأبي بكر الاستعلان" (al-Bukhârî, 2175).
Pourtant, malgré ces ressemblances (wujûh us-shabah), il existaient des différences (fâriq) qui faisaient que Muhammad ne relevait d'aucun de ces cas.
Avant l'arrivée d'Arabes venus accomplir le pèlerinage à la Maison bâtie par Abraham à La Mecque, des notables parmi les Polycultistes mecquois se rassemblèrent et se concertèrent quant à comment ils mettraient en garde les pèlerins contre Muhammad et sa prédication. A chaque fois que quelqu'un proposa de dire aux visiteurs que Muhammad était un "devin", ou un "possédé", ou un "poète", ou un "magicien", al-Walîd ibn ul-Mughîra répondit en mettant en exergue l'existence d'évidentes différences entre Muhammad ibn Abdillâh et le type de personnages portant le qualificatif proposé. Al-Walîd conclut en disant qu'il trouvait que celui des qualificatifs proposés qui serait passable était de dire que Muhammad est "un magicien, ayant apporté une parole qui est en fait une magie qui provoque la division entre les gens" : "ثم إن الوليد بن المغيرة اجتمع إليه نفر من قريش، وكان ذا سن فيهم، وقد حضر الموسم، فقال لهم: "يا معشر قريش، إنه قد حضر هذا الموسم، وإن وفود العرب ستقدم عليكم فيه، وقد سمعوا بأمر صاحبكم هذا، فأجمعوا فيه رأيا واحدا، ولا تختلفوا فيكذب بعضكم بعضا، ويرد قولكم بعضه بعضا." قالوا: "فأنت يا أبا عبد شمس، فقل وأقم لنا رأيا نقول به." قال: "بل أنتم فقولوا أسمع." قالوا: "نقول: كاهن." قال: "لا والله ما هو بكاهن، لقد رأينا الكهان، فما هو بزمزمة الكاهن ولا سجعه." قالوا: "فنقول: مجنون." قال: "ما هو بمجنون. لقد رأينا الجنون وعرفناه، فما هو بخنقه، ولا تخالجه، ولا وسوسته." قالوا: "فنقول: شاعر." قال: "ما هو بشاعر، لقد عرفنا الشعر كله رجزه وهزجه وقريضه ومقبوضه ومبسوطه، فما هو بالشعر." قالوا: "فنقول: ساحر." قال: "ما هو بساحر، لقد رأينا السحار وسحرهم، فما هو بنفثهم ولا عقدهم." قالوا: "فما نقول يا أبا عبد شمس؟" قال: "والله إن لقوله لحلاوة، وإن أصله لعذق، وإن فرعه لجناة" - قال ابن هشام: ويقال: لغدق - "وما أنتم بقائلين من هذا شيئا إلا عرف أنه باطل؛ وإن أقرب القول فيه لأن تقولوا: "ساحر جاء بقول هو سحر يفرق به بين المرء وأبيه، وبين المرء وأخيه، وبين المرء وزوجته، وبين المرء وعشيرته."" فتفرقوا عنه بذلك. فجعلوا يجلسون بسبل الناس حين قدموا الموسم، لا يمر بهم أحد إلا حذروه إياه، وذكروا لهم أمره" (Sîrat Ibn Hishâm, 1/210).
An-Nadhr ibn ul-Hârith avait lui aussi dit la même chose aux mêmes notables : qualifier Muhammad de magicien, de devin, de poète et de fou, cela ne résoudra rien, car il ne correspond à rien de cela. Les notables présents prirent alors la résolution d'envoyer deux d'entre eux à Yathrib pour demander aux rabbins de là-bas des pistes concernant Muhammad, eux qui avaient de la connaissance au sujet des prophètes [c'est ce qui déboucha sur les questions qu'ils ramenèrent et posèrent au prophète Muhammad, sur lui soit la paix] : "فلما قال لهم ذلك أبو جهل، قام النضر بن الحارث بن كلدة بن علقمة ابن عبد مناف بن عبد الدار بن قصي (قال ابن هشام: ويقال: النضر بن الحارث بن علقمة بن كلدة بن عبد مناف)؛ قال ابن إسحاق: فقال: "يا معشر قريش، إنه والله قد نزل بكم أمر ما أتيتم له بحيلة بعد. قد كان محمد فيكم غلاما حدثا أرضاكم فيكم وأصدقكم حديثا وأعظمكم أمانة، حتى إذا رأيتم في صدغيه الشيب، وجاءكم بما جاءكم به، قلتم: "ساحر"؛ لا والله ما هو بساحر، لقد رأينا السحرة ونفثهم وعقدهم؛ وقلتم: "كاهن"؛ لا والله ما هو بكاهن، قد رأينا الكهنة وتخالجهم وسمعنا سجعهم؛ وقلتم: "شاعر"؛ لا والله ما هو بشاعر، قد رأينا الشعر، وسمعنا أصنافه كلها هزجه ورجزه؛ وقلتم: "مجنون"، لا والله ما هو بمجنون، لقد رأينا الجنون فما هو بخنقه، ولا وسوسته، ولا تخليطه. يا معشر قريش، فانظروا في شأنكم، فإنه والله لقد نزل بكم أمر عظيم". (...) فلما قال لهم ذلك النضر بن الحارث بعثوه - وبعثوا معه عقبة بن أبي معيط - إلى أحبار يهود بالمدينة، وقالوا لهما: "سلاهم عن محمد، وصفا لهم صفته، وأخبراهم بقوله؛ فإنهم أهل الكتاب الأول، وعندهم علم ليس عندنا من علم الأنبياء" (Sîrat Ibn Hishâm, 1/230).
-
Des points de ressemblance, mais aussi des dissemblances :
– Si Muhammad ibn 'Abdillâh prédit des choses de l'avenir, n'est-ce pas parce qu'il est devin (kâhin), grâce aux esprits (en arabe : djinns) ?
En fait ces esprits ne rendent devins que ceux qui disent des choses fausses au sujet de Dieu. Tout devin était forcément (avant même avoir reçu la visite de tels esprits) quelqu'un qui est ainsi.
C'est ce que le verset suivant fait comprendre : "هَلْ أُنَبِّئُكُمْ عَلَى مَن تَنَزَّلُ الشَّيَاطِينُ تَنَزَّلُ عَلَى كُلِّ أَفَّاكٍ أَثِيمٍ يُلْقُونَ السَّمْعَ وَأَكْثَرُهُمْ كَاذِبُونَ" : "Vous informerais-je de celui sur qui les djinns descendent ? Ils descendent sur tout affâk pécheur. Ils (lui) lancent ce qu'ils ont entendu. Et la plupart d'entre ces [djinns] sont menteurs [dans ce qu'ils transmettent ainsi]" (Coran 26/221-223). Ici, "recevoir les djinns qui descendent sur soi", cela est un euphémisme désignant la divination (kahâna) ("قوله تعالى: {هل أنبئكم على من تنزل الشياطين} هذا رد عليهم حين قالوا: "إنما يأتيه بالقرآن الشياطين". فأما الأفاك فهو الكذاب، والأثيم: الفاجر. قال قتادة: وهم الكهنة. قوله تعالى: يلقون السمع أي: يلقون ما سمعوه من السماء إلى الكهنة. وفي قوله تعالى: {وأكثرهم كاذبون} قولان: أحدهما: أنهم الشياطين. والثاني: الكهنة" : Zâd ul-massîr).
Soit être "affâk" est la cause (sabab) de la visite de djinns ; cependant, il ne s'agit pas de ce qu'on peut traduire en français par le terme "grand menteur", mais de "personne disant abondamment des propos erronés au sujet de Dieu" : tout personne faisant ainsi - hors cas de ijtihâd - reçoit la visite de djinns (venant tenter de le raffermir encore plus dans ce qu'il affirme de faux).
Soit "affâk" signifie bien : "grand menteur", mais cela est une condition (shart) pour "recevoir la visite des djinns" ; ce n'en est pas la cause (sabab). Ce n'est donc pas tout menteur pécheur qui en devient devin.
"وقوله تعالى: {تنزل على كل أفاك أثيم} ليس من شرطه أن يتعمد الكذب، بل من كان جاهلا يتكلم بلا علم فيكذب فإن الشياطين تنزل عليه أيضا؛ إذ من أخبر عن الشيء بخلاف ما هو عليه - من غير اجتهاد يعذر به -، فهو كذاب. ولهذا يصف الله المشركين بالكذب، وكثير منهم لا يتعمد ذلك. وكذلك قال النبي صلى الله عليه وسلم لما أفتى أبو السنابل بأن المتوفى عنها الحامل لا تحل بوضع الحمل بل تعتد أبعد الأجلين، فقال: "كذب أبو السنابل" أي في قوله بأن المتوفى عنها الحامل لا تحل بوضع الحمل بل تعتد أبعد الأجلين. وكذلك لما قال بعضهم: "ابن الأكوع حبط عمله"، قال النبي صلى الله عليه وسلم: "كذب من قالها، إنه لجاهد مجاهد". ونظائره كثيرة. فالأنبياء لا يقع في إخبارهم عن الله كذب، لا عمدا، ولا خطأ. وكل من خالفهم لابد أن يقع في خبره عن الله كذب ضرورة؛ فإن خبره إذا لم يكن مطابقا لخبرهم، كان مخالفا له، فيكون كذبا" (An-Nubuwwât, p. 424).
-
– Ne serait-il pas fou / possédé ? Car un homme, aussi véridique et pieux soit-il, peut être possédé (majnûn) par des djinns, qui lui font vivre des illusions...
Certes. Cependant, un cas de possession (mass ul-jinn / junûn) répond à un certain nombre de symptômes, et les spécialistes sont capables de reconnaître ceux-ci. Tel homme présente-t-il ces symptômes, ou pas ?
-
– Si la parole que Muhammad présente comme révélée par Dieu est si belle et si éloquente, ne serait-pas parce que, en fait c'est sa parole à lui, Muhamad, et qu'il est un poète ?
Exception faite de ceux qui croient et font les oeuvres voulues par Dieu, dit le Coran, les poètes ont deux traits de comportement :
--- ils sont changeants : hier ils faisaient les éloges de qui ils blâment aujourd'hui ; et aujourd'hui ils élèvent qui ils vont rabaisser demain ;
--- ils prétendent faire ce qu'ils ne font pas / ils disent aux autres de faire ce que eux-mêmes ne font pas.
Cela est dit dans ce passage coranique : "وَالشُّعَرَاء يَتَّبِعُهُمُ الْغَاوُونَ أَلَمْ تَرَ أَنَّهُمْ فِي كُلِّ وَادٍ يَهِيمُونَ وَأَنَّهُمْ يَقُولُونَ مَا لَا يَفْعَلُونَ إِلَّا الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ وَذَكَرُوا اللَّهَ كَثِيرًا وَانتَصَرُوا مِن بَعْدِ مَا ظُلِمُوا" (Coran 26/224-227).
"فذكر هاهنا ما يدل على الفرق بينه عليه السلام وبين الشعراء، وذلك هو أن {الشعراء يتبعهم الغاوون} أي الضالون. ثم بين تلك الغواية بأمرين: الأول: {أنهم في كل واد يهيمون} والمراد منه الطرق المختلفة، كقولك "أنا في واد وأنت في واد"، وذلك لأنهم قد يمدحون الشيء بعد أن ذموه، وبالعكس، وقد يعظمونه بعد أن استحقروه، وبالعكس، وذلك يدل على أنهم لا يطلبون بشعرهم الحق ولا الصدق؛ بخلاف أمر محمد صلى الله عليه وسلم، فإنه من أول أمره إلى آخره بقي على طريق واحد وهو الدعوة إلى الله تعالى والترغيب في الآخرة والإعراض عن الدنيا. الثاني: {أنهم يقولون ما لا يفعلون} وذلك أيضا من علامات الغواة، فإنهم يُرَغِّبون في الجود ويَرغبون عنه، وينفرون عن البخل ويصرون عليه، ويقدحون في الناس بأدنى شيء صدر عن واحد من أسلافهم ثم إنهم لا يرتكبون إلا الفواحش، وذلك يدل على الغواية والضلالة؛ وأما محمد صلى الله عليه وسلم فإنه بدأ بنفسه حيث قال الله تعالى له: {فلا تدع مع الله إلها آخر فتكون من المعذبين} ثم بالأقرب فالأقرب حيث قال الله تعالى له {وأنذر عشيرتك الأقربين}. وكل ذلك على خلاف طريقة الشعراء. فقد ظهر بهذا الذي بيناه أن حال محمد صلى الله عليه وسلم ما كان يشبه حال الشعراء. ثم إن الله تعالى لما وصف الشعراء بهذه الأوصاف الذميمة بيانا لهذا الفرق، استثنى عنهم الموصوفين بأمور أربعة: أحدها: الإيمان وهو قوله {إلا الذين آمنوا}، وثانيها: العمل الصالح وهو قوله {وعملوا الصالحات}، وثالثها: أن يكون شعرهم في التوحيد والنبوة ودعوة الخلق إلى الحق، وهو قوله {وذكروا الله كثيرا}، ورابعها: أن لا يذكروا هجو أحد إلا على سبيل الانتصار ممن يهجوهم، وهو قوله {وانتصروا من بعد ما ظلموا}، قال الله تعالى {لا يحب الله الجهر بالسوء من القول إلا من ظلم} ثم إن الشرط فيه ترك الاعتداء لقوله تعالى {فمن اعتدى عليكم فاعتدوا عليه بمثل ما اعتدى عليكم" (Tafsîr ur-Râzî).
-
– Les enseignements de quelqu'un qui se prétend prophète de Dieu ne doivent pas contredire le tronc commun des enseignements de tous les prophètes reconnus l'ayant précédé (An-Nubuwwât, p. 428).
Cela est une condition (relevant du I, ci-après), mais n'est pas une preuve : car il peut arriver que quelqu'un ne soit pas un prophète mais un simple prédicateur reprenant l'enseignement d'authentiques prophètes passés avant lui.
-
Les prodiges de prophètes ont certains points communs - mais aussi des points de différence évidente - avec les prodiges faits par des charlatans :
"ولما كان الذين يعارضون آيات الأنبياء من السحرة والكهان لا يأتون بمثل آياتهم، بل يكون بينهما شبه - كشبه الشعر بالقرآن؛ ولهذا قالوا في النبي: "إنه ساحر وكاهن وشاعر مجنون"، قال تعالى: {انظر كيف ضربوا لك الأمثال فضلوا فلا يستطيعون سبيلا}؛ فجعلوا له مثلا لا يماثله، بل بينهما شبه، مع وجود الفارق المبين؛ وهذا هو القياس الفاسد. فلما كان الشعر كلاما له فواصل ومقاطع، والقرآن آيات له فواصل ومقاطع، قالوا: "شاعر"؛ ولكن شتان. وكذلك الكاهن: يخبر ببعض المغيبات، ولكن يكذب كثيرا، وهو يخبر بذلك عن الشياطين، وعليه من آثارهم ما يدل على أنه أفاك أثيم كما قال تعالى: {هل أنبئكم على من تنزل الشياطين تنزل على كل أفاك أثيم يلقون السمع وأكثرهم كاذبون}. ثم قال: {والشعراء يتبعهم الغاوون ألم تر أنهم في كل واد يهيمون وأنهم يقولون ما لا يفعلون}. فذكر سبحانه الفرق بين النبي، وبين الكاهن والشاعر. وكذلك الساحر: لما كان يتصرف في العقول النفوس بما يغيرها، وكان من سمع القرآن وكلام الرسول خضع له عقله ولبه وانقادت له نفسه وقلبه، صاروا يقولون: "ساحر"؛ وشتان. وكذلك مجنون: لما كان المجنون يخالف عادات الكفار وغيرهم، لكن بما فيه فساد لا صلاح، والأنبياء جاؤوا بما يخالف عادات الكفار، لكن بما فيه صلاح لا فساد، قالوا: "مجنون"؛ قال تعالى: {كذلك ما أتى الذين من قبلهم من رسول إلا قالوا ساحر أو مجنون أتواصوا به بل هم قوم طاغون}. فتارة يصفونه بغاية الحذق والخبرة والمعرفة فيقولون: "ساحر"، وتارة بغاية الجهل والغباوة والحمق فيقولون: "مجنون". وقد ضلوا في هذا، وهذا؛ كما قال تعالى: {انظر كيف ضربوا لك الأمثال فضلوا فلا يستطيعون سبيلا}؛ فهم بمنزلة السائر في الطريق وقد ضل عنها يأخذ يمينا وشمالا، ولا يهتدي إلى السبيل التي تسلك. والسبيل التي يجب سلوكها: قول الصدق، والعمل بالعدل" (An-Nubuwwât, pp. 313-314).
-
I) D'abord les conditions en négatif : l'absence d'empêchants en lui :
--- L'empereur de Byzance, Héraclius, ayant reçu la lettre du Prophète et ayant pris (au moins globalement) connaissance de son contenu, désira en savoir plus à propos de "cet homme se prétendant prophète" :
Il fit donc rechercher des gens présents dans la région et qui seraient susceptibles de lui en apprendre davantage au sujet de Muhammad ibn Abdillah. Or Abû Sufyân et d'autres Qurayshites (qui ne s'étaient pas encore convertis à l'islam) étaient alors présents au même moment quelque part dans la région de Shâm (al-Bukhârî 2782), à Gaza précisément (Fat'h ul-bârî 1/47), où ils étaient venus pour les besoins de leur commerce.
Ils furent donc mandés devant l'empereur, à Jérusalem.
"فلما جاء قيصر كتاب رسول الله صلى الله عليه وسلم، قال حين قرأه: التمسوا لي ها هنا أحدا من قومه، لأسألهم عن رسول الله صلى الله عليه وسلم. قال ابن عباس: فأخبرني أبو سفيان بن حرب أنه كان بالشأم في رجال من قريش قدموا تجارا في المدة التي كانت بين رسول الله صلى الله عليه وسلم وبين كفار قريش. قال أبو سفيان: فوجدَنا رسولُ قيصر ببعض الشأم، فانطلق بي وبأصحابي، حتى قدمنا إيلياء، فأدخلنا عليه، فإذا هو جالس في مجلس ملكه، وعليه التاج، وإذا حوله عظماء الروم" (al-Bukhârî 2782).
Abû Sufyân relate que, par l'intermédiaire d'un interprète, Héraclius demanda à leur groupe lequel d'entre eux avait le plus proche lien de parenté "avec cet homme qui se prétend prophète". Abû Sufyân ayant dit que c'était lui, Héraclius ordonna qu'il fut mis devant, et ses compagnons derrière lui, et fit dire à ceux-ci : "Je vais questionner cet homme au sujet de celui-là qui se prétend prophète. S'il ment, contredisez-le." "فقال لترجمانه: سلهم أيهم أقرب نسبا إلى هذا الرجل الذي يزعم أنه نبي؟ قال أبو سفيان: فقلت: أنا أقربهم إليه نسبا. قال: ما قرابة ما بينك وبينه؟ فقلت: هو ابن عمي. وليس في الركب يومئذ أحد من بني عبد مناف غيري. فقال قيصر: أدنوه! وأمر بأصحابي، فجعلوا خلف ظهري عند كتفي، ثم قال لترجمانه: قل لأصحابه: إني سائل هذا الرجل عن الذي يزعم أنه نبي، فإن كذب فكذبوه. قال أبو سفيان: والله لولا الحياء يومئذ، من أن يأثر أصحابي عني الكذب، لكذبته حين سألني عنه، ولكني استحييت أن يأثروا الكذب عني، فصدقته" (al-Bukhârî, 2782).
Puis Héraclius lui fit poser des questions, et Abû Sufyân n'eut d'autre choix (par crainte que ses compagnons de voyage ne relatent de lui qu'il mentait, affirma-t-il à Ibn Abbâs) que de dire la vérité. Puis Héraclius en fournit lui-même l'analyse.
Abû Sufyân relate ces questions ainsi :
– "Comment est sa lignée ancestrale parmi vous ?"
– "Parmi vous, quelqu'un d'autre avait-il avant lui prétendu être prophète ?"
– "Parmi ses ancêtres, y a-t-il eu un roi ?"
– "Ceux qui le suivent sont-ils (majoritairement) des notables, ou des gens faibles ?"
– "Le nombre de ceux qui le suivent augmente-t-il, ou diminue-t-il ?"
– "Quelqu'un s'en est-il retourné de sa religion après y être entré, et ce par mécontentement pour elle ?"
– "Avant qu'il se déclare prophète, mentait-il ?"
– "Est-ce qu'il lui arrive de trahir la parole qu'il a donnée ?"
– "Est-ce que vous l'avez combattu ? Quel a été le résultat de ces batailles ?"
– "Que vous ordonne-t-il ?" [Héraclius voulait, par cette question, vérifier que ses enseignements ne contredisaient pas le tronc commun des enseignements de tous les prophètes de Dieu.]
Or sur ces 10 questions (le combat et le résultat de celui-ci ayant été compté comme une seule et même question) que Héraclius posa, il n'y en eut pas une seule qui demanda des signes éclatants prouvant que Muhammad ibn Abdillah est un vrai prophète ; pas de signes tels que ceux que nous évoquerons en II.
Sur ces 10, il y en eut 5 qui concernèrent des signes, mais ce sont des signes que je me permettrais d'appeler "légers" : "Qu'est-ce qu'il vous ordonne de faire ?" "Le nombre de ses suiveurs augmente-t-il, ou diminue-t-il ?" Ce sont des indices, oui, mais "légers".
Quant aux 5 autres, elles consistèrent à s'assurer de l'absence d'empêchants en la personne de Muhammad ibn Abdillah (صلى الله عليه وسلم) : de l'absence d'éléments montrant qu'il ne peut pas être un vrai prophète de Dieu ; ce furent des conditions (shart) que Héraclius vérifia, et pas des signes (amâra). Ainsi questionna-t-il : "Avant qu'il se déclare prophète, mentait-il ?" Quelqu'un dont il est établi qu'il a déjà menti ne serait-ce qu'une fois au sujet des créatures, comment le croire quand il attribue des paroles au Créateur ? A contrario, quelqu'un qui a toujours été connu comme "l'homme honnête" et n'a jamais menti au sujet des hommes, comment mentirait-il au sujet de Dieu en prétendant que le Créateur de l'Univers lui a révélé telle et telle paroles ? (An-Nubuwwât, p. 285.) C'est bien ce que Héraclius dit à Abû Sufyân : "وسألتك: هل كنتم تتهمونه بالكذب قبل أن يقول ما قال، فزعمت أن لا، فعرفت أنه لم يكن ليدع الكذب على الناس ويكذب على الله" (al-Bukhârî, 2782, Muslim, 1773). Cependant, la véracité connue de la personne est une condition (shart) pour qu'il soit prophète ; et, comme Héraclius l'a dit, c'est un indice qu'il ne va pas mentir quand il dit avoir été suscité par Dieu. Cependant, à elle seule ce n'est pas une preuve que tout ce qu'il dit est vrai, car il existe des gens qui, bien que parfaitement véridiques, sont en fait la proie de djinns.
En fait, Héraclius savait qu'un prophète devait apparaître (il l'a dit d'ailleurs dans la narration) ; il s'assura alors que celui qui se prétendait ainsi prophète n'avait pas d'empêchants en lui.
Pourquoi l'empereur byzantin attendait-il un prophète ? Parce que, en tant que chrétien, il avait lu le passage qui montre que, à l'époque de Jésus, les juifs attendaient 3 personnages :
- le prophète Elie (dont ils croyaient qu'il devait revenir) ;
- le Messie (celui qui devait les sauver) ;
- le Prophète annoncé.
"Voici le témoignage de Jean, quand les juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : "Qui es-tu ?" Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement : "Je ne suis pas le Messie." Ils lui demandèrent : "Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ?" Il répondit : "Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé ?" Il répondit : "Non." Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ?"" (Evangile d'après Jean, 1/19-22).
"ثم كان أول ما سألني عنه أن قال: كيف نسبه فيكم؟ قلت: هو فينا ذو نسب. قال: فهل قال هذا القول منكم أحد قط قبله؟ قلت: لا. قال: فهل كان من آبائه من ملك؟ قلت: لا قال: فأشراف الناس يتبعونه أم ضعفاؤهم؟ فقلت بل ضعفاؤهم. قال: أيزيدون أم ينقصون؟ قلت: بل يزيدون. قال: فهل يرتد أحد منهم سخطة لدينه بعد أن يدخل فيه؟ قلت: لا. قال: فهل كنتم تتهمونه بالكذب قبل أن يقول ما قال؟ قلت: لا. قال: فهل يغدر؟ قلت: لا، ونحن منه في مدة لا ندري ما هو فاعل فيها. (قال: ولم تمكني كلمة أدخل فيها شيئا غير هذه الكلمة.) قال: فهل قاتلتموه؟ قلت: نعم. قال: فكيف كان قتالكم إياه؟ قلت: الحرب بيننا وبينه سجال، ينال منا وننال منه. قال: ماذا يأمركم؟ قلت: يقول: اعبدوا الله وحده ولا تشركوا به شيئا، واتركوا ما يقول آباؤكم؛ ويأمرنا بالصلاة والزكاة والصدق والعفاف والصلة. فقال للترجمان: قل له: سألتك عن نسبه، فذكرت أنه فيكم ذو نسب، فكذلك الرسل تبعث في نسب قومها. وسألتك: هل قال أحد منكم هذا القول، فذكرت أن لا، فقلت: لو كان أحد قال هذا القول قبله، لقلت: رجل يأتسي بقول قيل قبله. وسألتك: هل كان من آبائه من ملك، فذكرت أن لا، قلت: فلو كان من آبائه من ملك، قلت: رجل يطلب ملك أبيه. وسألتك: هل كنتم تتهمونه بالكذب قبل أن يقول ما قال، فذكرت أن لا، فقد أعرف أنه لم يكن ليذر الكذب على الناس ويكذب على الله. وسألتك: أشراف الناس اتبعوه أم ضعفاؤهم، فذكرت أن ضعفاءهم اتبعوه، وهم أتباع الرسل. وسألتك: أيزيدون أم ينقصون، فذكرت أنهم يزيدون، وكذلك أمر الإيمان حتى يتم. وسألتك أيرتد أحد سخطة لدينه بعد أن يدخل فيه، فذكرت أن لا، وكذلك الإيمان حين تخالط بشاشته القلوب. وسألتك هل يغدر، فذكرت أن لا، وكذلك الرسل لا تغدر. وسألتك بما يأمركم، فذكرت أنه يأمركم أن تعبدوا الله ولا تشركوا به شيئا، وينهاكم عن عبادة الأوثان، ويأمركم بالصلاة والصدق والعفاف" (al-Bukhârî, 7, Muslim, 1773). Abu-l-Hassan 'Alî an-Nadwî relève : "Les questions qu'il posa sont celles d'un homme intelligent et expérimenté, au courant de l'histoire des religions, des particularités des prophètes et du déroulement de leur mission, ainsi que du comportement des nations avec eux, et de la voie de Dieu à leur sujet" (Qassas un-nabiyyîn).
Après avoir obtenu toutes les réponses à ses questions, Héraclius tira de chaque réponse obtenue une déduction, et à la fin parvint à la conclusion suivante : "Si ce que tu dis est vrai, alors il deviendra maître de l'endroit où se trouvent mes deux pieds que voici. Je savais qu'il devait apparaître, (mais) je ne pensais pas qu'il serait d'entre vous [= les Arabes]. Si je savais que je pourrais arriver jusqu'à lui, je m'efforcerais de le rencontrer ; et si j'étais auprès de lui, je lui laverais les pieds" : "فإن كان ما تقول حقا فسيملك موضع قدمي هاتين، وقد كنت أعلم أنه خارج، لم أكن أظن أنه منكم، فلو أني أعلم أني أخلص إليه لتجشمت لقاءه، ولو كنت عنده لغسلت عن قدمه" (al-Bukhârî, 7).
Abû Sufyân relate : "Puis il fit apporter l'épître du Prophète, et elle fut lue. Voici ce qui y figurait :
"Avec le Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.
De la part de Muhammad, serviteur de Dieu et Son Messager, à Héraclius le grand des Rûm.
Paix à qui suit la guidance.
Je t'invite par l'invitation de l'islam. Deviens musulman, tu seras sauf. Deviens musulman, Dieu te donnera double récompense. Si tu te détournes, sur toi sera le péché des Arîssiyyûn*.
Et "Ô Gens du Livre, venez-en à une parole partagée par nous et par vous : que nous ne rendions de culte qu'à Dieu, que ne Lui associons rien, que l'un de nous ne prenne pas, en dehors de Dieu, d'autres comme Pourvoyeurs. S'ils se détournent, alors dites : "Soyez témoins que nous sommes soumis (à Lui)"" (al-Bukhârî, 2782). * Les explications des commentateurs sont diverses à propos de qui est désigné par ce terme Arîssiyyûn : un commentateur contemporain pense que ce nom est à mettre en relation avec Arius, condamné par un des conciles de l'Eglise.
"قال أبو سفيان: ثم دعا بكتاب رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقرئ، فإذا فيه: "بسم الله الرحمن الرحيم، من محمد عبد الله ورسوله، إلى هرقل عظيم الروم، سلام على من اتبع الهدى، أما بعد: فإني أدعوك بدعاية الإسلام، أسلم تسلم، وأسلم يؤتك الله أجرك مرتين، فإن توليت، فعليك إثم الأريسيين و{يا أهل الكتاب تعالوا إلى كلمة سواء بيننا وبينكم، ألا نعبد إلا الله ولا نشرك به شيئا، ولا يتخذ بعضنا بعضا أربابا من دون الله، فإن تولوا، فقولوا اشهدوا بأنا مسلمون"" (al-Bukhârî, 2782).
Le fait que le Prophète ait inséré dans cette épître cette phrase coranique (Coran 3/64) comportant en son début un "Ô Gens du Livre", cela prouve une fois de plus que les chrétiens trinitaires sont eux aussi des Gens du Livre, comme nous l'avons démontré dans notre article : Les "Chrétiens Trinitaires" font-ils partie des "Nassârâ" et des "Gens du Livre" ?
Abû Sufyân raconte : "Lorsqu'il eut terminé de dire ce qu'il dit et de faire lire la lettre, les voix de grands parmi les Rûm s'élevèrent et il y eut du bruit. Je ne sais pas ce qu'ils dirent. On ordonna que nous soyons ramenés à l'extérieur. C'est ce qui fut fait.
Quand je fus dehors et me retrouvai en aparté avec mes compagnons, je leur dis : "Le cas de Ibn Abî Kabsha** a pris de l'ampleur ! Voilà le roi des Rûm qui le craint !"" : "قال أبو سفيان: فلما أن قضى مقالته، علت أصوات الذين حوله من عظماء الروم، وكثر لغطهم، فلا أدري ماذا قالوا. وأمر بنا، فأخرجنا، فلما أن خرجت مع أصحابي وخلوت بهم قلت لهم: لقد أمر أمر ابن أبي كبشة، هذا ملك بني الأصفر يخافه" (al-Bukhârî, 2782, voir également : 7). ** Il parlait là du prophète Muhammad (sur lui soit la paix).
Racontant cet événement, Abû Sufyân dit plus tard : "قال أبو سفيان: والله ما زلت ذليلا مستيقنا بأن أمره سيظهر، حتى أدخل الله قلبي الإسلام وأنا كاره" : "(De ce jour) je ne cessai d'être certain que l'affaire (de Muhammad) émergerait. Cela dura jusqu'à ce que Dieu fit entrer l'islam dans mon coeur, à mon coeur défendant" (al-Bukhârî, 2782).
-
II) Les signes en positif :
"Il n'est de prophète, qu'il n'ait reçu parmi les Signes ce sur chose semblable à quoi les humains apportent foi..." : "عن أبي هريرة، عن النبي صلى الله عليه وسلم، قال: "ما من الأنبياء نبي إلا أعطي من الآيات ما مثله أومن أو آمن عليه البشر، وإنما كان الذي أوتيت وحيا أوحاه الله إلي، فأرجو أني أكثرهم تابعا يوم القيامة" (al-Bukhârî, 6846, Muslim, 152).
Ces Signes consistent :
----- A) soit à connaître quelque chose qui n'est pas accessible au commun des humains mais relève du Ghayb ; et qui :
-------- soit s'est passé dans le passé ;
-------- soit qui se déroule dans le présent, mais au très lointain ;
-------- soit qui va se dérouler dans le futur ;
----- B) soit à réaliser quelque chose qui n'est pas réalisable par le commun des humains.
"والآيات: إما من باب العلم والخبر والمكاشفة، وإما من باب القدرة والتأثير والتصرف" (Al-Jawâb us-sahîh, 4/112).
Ces prodiges ne constituent, écrit Shâh Waliyyullâh, qu'une implication du prophétat ; cela ne relève pas de l'essence de celui-ci : "فليست المعجزات ولا استجابة الدعوات ونحو ذلك إلا أمورا خارجة عن أصل النبوة، لازمة لها في الأكثر" (Hujjat ulllâh il-bâligha, 1/251).
-
----- C) Il existe encore d'autres signes...
– Certains prophètes ont été annoncés par des prophètes précédents.
Jésus fils de Marie avait ainsi été annoncé par Jean-Baptiste, mais aussi par des prophètes bien antérieurs.
Muhammad ibn Abdillâh avait lui aussi été annoncé. "عن عطاء بن يسار، قال: لقيت عبد الله بن عمرو بن العاص رضي الله عنهما، قلت: أخبرني عن صفة رسول الله صلى الله عليه وسلم في التوراة. قال: "أجل، والله إنه لموصوف في التوراة ببعض صفته في القرآن: "{يا أيها النبي إنا أرسلناك شاهدا ومبشرا ونذيرا}، وحرزا للأميين، أنت عبدي ورسولي، سميتك المتوكل ليس بفظ ولا غليظ، ولا سخاب في الأسواق، ولا يدفع بالسيئة السيئة، ولكن يعفو ويغفر، ولن يقبضه الله حتى يقيم به الملة العوجاء، بأن يقولوا: لا إله إلا الله، ويفتح بها أعينا عميا، وآذانا صما، وقلوبا غلفا" (al-Bukhârî, 2018). Il s'agit en fait d'un passage de la TaNaKh plus précisément, du livre d'Esaïe pour être précis : "Ainsi parle le Seigneur : "Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j'ai mis toute ma joie. J'ai fait reposer sur lui mon esprit ; devant les nations, il fera paraître le jugement que j'ai prononcé. Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, on n'entendra pas sa voix sur la place publique. Il n'écrasera pas le roseau froissé, il n'éteindra pas la mèche qui faiblit, il fera paraître le jugement en toute fidélité. Lui ne faiblira pas, lui ne sera pas écrasé, jusqu'à ce qu'il impose mon jugement dans le pays, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses instructions." Ainsi parle Dieu, le Seigneur, qui crée les cieux et les déploie : il dispose la terre avec sa végétation, il donne la vie au peuple qui l'habite, et le souffle à ceux qui la parcourent : "Moi, le Seigneur, je t'ai appelé selon la justice, je t'ai pris par la main, je t'ai mis à part, j'ai fait de toi mon Alliance avec le peuple et la lumière des nations ; tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et de leur cachot ceux qui habitent les ténèbres"" (Esaïe 42/1-7).
– Dieu ne laisse pas connaître une longue réussite un homme qui se prétend faussement prophète et qui agit avec intransigeance face à ses opposants.
An-Nassafî exprime cela ainsi : "وقد يستدل أرباب البصائر على نبوته بوجهين. أحدهما: ما تواتر من أحواله قبل النبوة وحال الدعوة وبعد تمامها وأخلاقه العظيمة وأحكامه الحكيمة وإقدامه حيث تحجم الأبطال ووثوقه بعصمة الله تعالى في جميع الأحوال وثباته على حاله لدى الأهوال بحيث لم يجد أعداؤه - مع شدة عداوتهم وحرصهم على الطعن فيه - مطعناً ولا إلى القدح فيه سبباً؛ فإن العقل يجزم بامتناع اجتماع هذه الأمور في غير الأنبياء، وأن يجمع الله هذه الكمالات في حق من يعلم أنه يفري عليه، ثم يمهله ثلاثاً وعشرين سنةً، ثم يظهر دينه على سائر الأديان وينصره على أعدائه ويحيى آثاره بعد موته إلى يوم القيامة. وثانيهما: أنه ادعى ذلك الأمر العظيم بين أظهر قوم لا كتاب لهم ولا حكمة معهم، وبين لهم الكتاب والحكمة وعلمهم الأحكام والشرائع وأتم مكارم الأخلاق وأكمل كثيراً من الناس في الفضائل العلمية والعملية ونور العالم بالإيمان والعلم الصالح، وأظهر الله دينه على الدين كله كما وعده؛ ولا معنى للنبوة والرسالة سوى ذلك" (Shar'h ul-aqîda an-nassafiyya, pp. 135-137).
Le même signe est ainsi présenté par Ibn ul-Qayyim : "ما في صحف دانيال وقد نعت "الكشدانيين" الكلدانيين، فقال: "لا تميد دعوتهم، وأقسم الرب بساعده أن لا يُظهر الباطل ولا يقوّم لمدع كاذب دعوة أكثر من ثلاثين سنة". وفي التوراة ما يشبه هذا. وهذا تصريح بصحة نبوته صلى الله عليه وسلم، فإن الذين اتبعوه بعد موته أضعاف الذين اتبعوه في حياته، وهذه دعوته قد مرت عليها القرون من السنين، وهي باقية مستمرة وكذلك إلى آخر الدهر، ولم يقع هذا لملك قط، فضلا عن كذاب مفتر على الله وأنبيائه مفسد للعالم مغير لدعوة الرسل؛ ومن ظن هذا بالله فقد ظن به أسوأ الظن، وقدح في علمه وقدرته وحكمته. وقد جرت لي مناظرة مع أكبر من تشير إليه اليهود بالعلم والرئاسة، فقلت له في أثناء الكلام: "إنكم بتكذيبكم محمدا صلى الله عليه وسلم قد شتمتم الله أعظم شتيمة." فعجب من ذلك، وقال: "مثلك يقول هذا الكلام!" فقلت له: "اسمع الآن تقريره. إذا قلتم: "إن محمدا ملك ظالم قهر الناس بسيفه، وليس برسول من عند الله، وقد أقام ثلاثا وعشرين سنة يدعي أنه رسول الله أرسله إلى الخلق كافة، ويقول: "أمرني الله بكذا ونهاني عن كذا وأوحي إلي كذا"، ولم يكن من ذلك شيء؛ ويقول: "إنه أباح لي سبي ذراري من كذبني وخالفني ونساءهم، وغنيمة أموالهم وقتل رجالهم"، ولم يكن من ذلك شيء؛ وهو يدأب في تغيير دين الأنبياء ومعاداة أممهم ونسخ شرائعهم"، فلا يخلو إما أن تقولوا: "إن الله سبحانه وتعالى كان يطلع على ذلك ويشاهده ويعلمه"، أو تقولوا: "إنه خفي عنه ولم يعلم به"؛ فإن قلتم: "لم يعلم به"، نسبتموه إلى أقبح الجهل، وكان من علم ذلك أعلم منه؛ وإن قلتم: "بل كان كله بعلمه ومشاهدته واطلاعه عليه"، فلا يخلو: إما أن يكون قادرا على تغييره والأخذ على يديه ومنعه من ذلك، أو لا؛ فإن لم يكن قادرا، فقد نسبتموه إلى أقبح العجز المنافي للربوبية؛ وإن كان قادرا وهو مع ذلك يعزه وينصره ويوده ويعليه ويعلي كلمته ويجيب دعاءه ويمكنه من أعدائه ويظهر على يديه من أنواع المعجزات والكرامات ما يزيد على الألف ولا يقصده أحد بسوء إلا ظفر به ولا يدعوه بدعوة إلا استجابها له، فهذا من أعظم الظلم والسفه الذي لا يليق نسبته إلى آحاد العقلاء، فضلا عن رب الأرض والسماء. فكيف وهو يشهد له بإقراره على دعوته وتأييده بكلامه، وهذه عندكم شهادة زور وكذب؟". فلما سمع ذلك، قال: "معاذ الله أن يفعل الله هذا بكاذب مفتر! بل هو نبي صادق، من اتبعه أفلح وسعد." قلت: "فما لك لا تدخل في دينه؟" قال: "إنما بعث للأميين الذين لا كتاب لهم؛ وأما نحن فعندنا كتاب نتبعه." قلت له: "غلبت كل الغلب. فإنه قد علم الخاص والعام أنه أخبر أنه رسول الله إلى جميع الخلق وأن من لم يتبعه فهو كافر من أهل الجحيم، وقاتَلَ اليهود والنصارى وهم أهل كتاب. وإذا صحت رسالته وجب تصديقه في كل ما أخبر به." فأمسك ولم يحر جوابا" (Hidâyat ul-hayârâ, pp. 112-113).
– Le contenu de son message est au-delà de la pensée d'un humain.
Cela est particulièrement vérifié dans le cas de la Torah et du Coran. C'est bien pourquoi Dieu dit : "فَلَمَّا جَاءهُمُ الْحَقُّ مِنْ عِندِنَا قَالُوا لَوْلَا أُوتِيَ مِثْلَ مَا أُوتِيَ مُوسَى أَوَلَمْ يَكْفُرُوا بِمَا أُوتِيَ مُوسَى مِن قَبْلُ قَالُوا سِحْرَانِ تَظَاهَرَا وَقَالُوا إِنَّا بِكُلٍّ كَافِرُونَ قُلْ فَأْتُوا بِكِتَابٍ مِّنْ عِندِ اللَّهِ هُوَ أَهْدَى مِنْهُمَا أَتَّبِعْهُ إِن كُنتُمْ صَادِقِينَ فَإِن لَّمْ يَسْتَجِيبُوا لَكَ فَاعْلَمْ أَنَّمَا يَتَّبِعُونَ أَهْوَاءهُمْ وَمَنْ أَضَلُّ مِمَّنِ اتَّبَعَ هَوَاهُ بِغَيْرِ هُدًى مِّنَ اللَّهِ إِنَّ اللَّهَ لَا يَهْدِي الْقَوْمَ الظَّالِمِينَ" :"Puis, lorsque la vérité leur est venue de Notre part, ils ont dit : "Si [au moins] il [= Muhammad] avait reçu la même chose que ce que Moïse a reçu !" [Mais] n'ont-ils pas, auparavant, rejeté la croyance en ce que Moïse a reçu ? Ils ont dit [du Coran et de l'Ecriture reçue par Moïse] : "Deux magies se soutenant !" et dit : "Nous ne croyons en aucun (des deux) !". Dis-leur : "Si vous êtes véridiques, apportez donc une Ecriture venant de Dieu qui soit meilleur guide que ces deux-là, et je la suivrai". Mais s'ils ne répondent pas, sache que c'est seulement leurs désirs qu'ils suivent. Et qui est plus égaré que celui qui suit ses désirs sans (se référer à) une direction de la part de Dieu ?" (Coran 28/48-50).
– Dans le cas du prophète Muhammad (صلى الله عليه وسلم), il y a encore le caractère pluri-miraculeux du Coran, qui est un ensemble de Signes audibles.
Lire à ce sujet mon article parlant de ce caractère miraculeux.
-
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).