Le prophète Jonas (sur lui soit la paix) fut un israélite dépêché par Dieu auprès des gens de Ninive, alors capitale des Assyriens. Or, le prophète Nahum (sur lui soit la paix) ayant annoncé la destruction de cette capitale en - 690, et celle-ci ayant été effectivement détruite en l'an - 612, la mission de Jonas se déroule forcément avant cette année de - 690 (Qassas ul-Qur'ân, 2/203-204).
Selon certains spécialistes, elle se serait déroulée avant l'an - 800. L'empire assyrien est alors puissant, et il menace les deux Etats d'Israël et de Juda.
Jonas est celui qui est suscité par Dieu pour prêcher dans la capitale impériale...
Le Coran contient des allusions au récit bien connu de ce prophète (que Dieu le salue) : suite à un ijtihâd il part, puis, ayant embarqué dans un bateau, doit partir à l'eau où il est avalé par un gros poisson, avant d'être recraché sur la terre ferme.
Le Coran dit aussi qu'il est suscité vers une cité habitée par plus de 100 000 âmes ; les commentateurs disent qu'il s'agit de Ninive.
--- "وَإِنَّ يُونُسَ لَمِنَ الْمُرْسَلِينَ إِذْ أَبَقَ إِلَى الْفُلْكِ الْمَشْحُونِ فَسَاهَمَ فَكَانَ مِنْ الْمُدْحَضِينَ فَالْتَقَمَهُ الْحُوتُ وَهُوَ مُلِيمٌ فَلَوْلَا أَنَّهُ كَانَ مِنْ الْمُسَبِّحِينَ لَلَبِثَ فِي بَطْنِهِ إِلَى يَوْمِ يُبْعَثُونَ فَنَبَذْنَاهُ بِالْعَرَاء وَهُوَ سَقِيمٌ وَأَنبَتْنَا عَلَيْهِ شَجَرَةً مِّن يَقْطِينٍ وَأَرْسَلْنَاهُ إِلَى مِئَةِ أَلْفٍ أَوْ يَزِيدُونَ فَآمَنُوا فَمَتَّعْنَاهُمْ إِلَى حِينٍ" : "Et Jonas fait partie des messagers. Lorsqu'il s'enfuit vers le bateau comble. Il prit part au tirage au sort, et fut alors perdant. Alors le poisson l'avala, et il était blâmable. S'il n'avait été de ceux qui proclament la Pureté de Dieu, il serait demeuré dans son ventre jusqu'au jour où (les hommes) seront ressuscités. Nous le jetâmes alors sur la terre nue, alors qu'il était malade. Et Nous fîmes pousser sur lui un plant de courge. Et Nous le dépêchâmes vers cent mille, et même plus. (Ces derniers) apportèrent alors foi, Nous leur donnâmes donc jouissance (de vie) jusqu'à un temps (encore)" (Coran 37/139-148 : Sourate as-Sâffât).
--- "وَذَا النُّونِ إِذ ذَّهَبَ مُغَاضِبًا فَظَنَّ أَن لَّن نَّقْدِرَ عَلَيْهِ فَنَادَى فِي الظُّلُمَاتِ أَن لَّا إِلَهَ إِلَّا أَنتَ سُبْحَانَكَ إِنِّي كُنتُ مِنَ الظَّالِمِينَ فَاسْتَجَبْنَا لَهُ وَنَجَّيْنَاهُ مِنَ الْغَمِّ وَكَذَلِكَ نُنجِي الْمُؤْمِنِينَ" : "Et l'homme du poisson. Lorsqu'il s'en alla, mécontent ; il pensa alors que Nous ne l'éprouverions pas. Puis il appela dans les ténèbres : "Pas de divinité en dehors de Toi, Pureté à Toi. Moi j'étais du nombre des injustes." Alors Nous l'exauçâmes et le sauvâmes de l'angoisse. Et ainsi sauvons-Nous les croyants" (Coran 21/87-88 : Sourate al-Anbiyâ').
--- "فَاصْبِرْ لِحُكْمِ رَبِّكَ وَلَا تَكُن كَصَاحِبِ الْحُوتِ إِذْ نَادَى وَهُوَ مَكْظُومٌ لَوْلَا أَن تَدَارَكَهُ نِعْمَةٌ مِّن رَّبِّهِ لَنُبِذَ بِالْعَرَاء وَهُوَ مَذْمُومٌ فَاجْتَبَاهُ رَبُّهُ فَجَعَلَهُ مِنَ الصَّالِحِينَ" : "Fais preuve de patience (en attendant) la décision de ton Seigneur. Et ne sois pas comme l'homme du poisson. Lorsqu'il appela alors qu'il était affligé. S'il n'y avait eu qu'une faveur de son Pourvoyeur le rattrapa, il aurait été rejeté sur la terre nue en étant blâmé. Alors son Pourvoyeur le choisit, puis le fit du nombre des vertueux" (Coran 68/48-50 : Sourate al-Qalam).
--- "فَلَوْلاَ كَانَتْ قَرْيَةٌ آمَنَتْ فَنَفَعَهَا إِيمَانُهَا إِلاَّ قَوْمَ يُونُسَ لَمَّآ آمَنُواْ كَشَفْنَا عَنْهُمْ عَذَابَ الخِزْيِ فِي الْحَيَاةَ الدُّنْيَا وَمَتَّعْنَاهُمْ إِلَى حِينٍ" : "Pourquoi n'y eut-il pas une cité qui apporta foi et que son adhésion à la foi profita donc ! Il n'y eut que les gens de Jonas : lorsqu'ils apportèrent foi, Nous dégageâmes d'eux le châtiment de l'ignominie dans la vie immédiate, et Nous leur accordâmes jouissance (de vie) jusqu'à un temps (encore)" (Coran 10/98 : Sourate Yûnus).
-
I) Une 1ère interprétation : c'est après avoir prêché aux gens de Ninive que le prophète Jonas a embarqué sur le bateau et puis s'est fait avaler par un gros poisson :
La majorité des commentateurs du Coran sont de cette interprétation.
--- D'abord le prophète Jonas part prêcher à Ninive ;
--- face au refus, de la part des Ninivois, d'accepter son message, il leur annonce l'imminence du châtiment, puis il quitte la cité ;
--- or le peuple se repent, ce qui entraîne que le châtiment ne vient pas ; lui est affligé que la prophétie ne se réalise pas ;
--- il part alors, et, dans un port, s'embarque sur un bateau ; c'est alors qu'il se fait avaler par le poisson ;
--- ensuite il invoque Dieu, et, suite à l'exaucement par Dieu, est rejeté sur la terre ferme ;
--- il revient alors à Ninive (Tafsîr ul-Qurtubî, 15/128).
"قوله تعالى: {وأرسلناه إلى مائة ألف} اختلفوا، هل كانت رسالته قبل التقام الحوت إياه، أم بعد ذلك؟ على قولين: أحدهما: أنها كانت بعد نبذ الحوت إياه، على ما ذكرنا في سورة يونس، وهو مروي عن ابن عباس. والثاني: أنها كانت قبل التقام الحوت له، وهو قول الأكثرين، منهم الحسن، ومجاهد، وهو الأصح؛ والمعنى: وكنا أرسلناه إلى مائة ألف، فلما خرج من بطن الحوت، أمر أن يرجع إلى قومه الذين أرسل إليهم" (Zâd ul-massîr).
Quant à la partie du récit avec le végétal que Dieu fit pousser :
--- c'est juste après la sortie de Jonas de l'eau que Dieu fit pousser ce végétal : cela permit au prophète de se reposer sous son ombrage, lui dont le corps avait été endommagé par le séjour dans le ventre du poisson. Jonas s'attacha alors à ce plant. Or, plus tard, Dieu fit mourir ce dernier, ce qui attrista le prophète ; Dieu lui montra alors cela en exemple : la destruction n'est pas en soi une chose bonne (nous y reviendrons plus bas, au point III). "وقيل: إن يونس لما ألقاه الحوت على ساحل البحر، أنبت الله عليه شجرة من يقطين - وهى فيها ذكر شجرة القرع - نتقطر عليه من اللبن، حتى رجعت إليه قوته. ثم رجع ذات يوم إلى الشجرة فوجدها يبست، فحزن وبكى عليها فعوتب، فقيل له: أحزنت على شجرة وبكيت عليها، ولم تحزن على مائة ألف وزيادة من بني إسرائيل، من أولاد إبراهيم خليلي، أسرى في أيدي العدو، وأردت إهلاكهم جميعا" (Tafsîr ul-Qurtubî).
-
Jonas (sur lui soit la paix) est donc parti ("أَبَقَ إِلَى الْفُلْكِ الْمَشْحُونِ") :
----- 1.1) Soit parce que les Ninivois ont refusé d'accepter son message ; mécontent d'eux, il a alors, suite à son ijtihâd, émigré d'eux sans en avoir reçu l'autorisation de la part de Dieu ("وقيل: إنه غاضب قومه حين طال عليه أمرهم وتعنتهم فذهب فارا بنفسه، ولم يصبر على أذاهم وقد كان الله أمره بملازمتهم والدعاء، فكان ذنبه خروجه من بينهم من غير إذن من الله؛ روي معناه عن ابن عباس والضحاك، وأن يونس كان شابا ولم يحمل أثقال النبوة. ولهذا قيل للنبي صلى الله عليه وسلم: {ولا تكن كصاحب الحوت"" : Tafsîr ul-Qurtubî, 11/330) ;
----- 1.2) Soit parce qu'il avait annoncé aux Ninivois refusant l'appel vers Dieu que le châtiment divin s'abattrait sur eux. Or, peu après son départ, ces Ninivois s'étant repentis, le châtiment ne les toucha donc pas ; étant demeuré à quelque distance de là, le prophète Jonas le constata ; craignant alors que cela le fasse passer pour un menteur, au lieu de retourner parmi eux, il est donc, suite à son ijtihâd, parti sans en avoir reçu l'autorisation de la part de Dieu ("وقال آخرون: كان ذلك منه بعد دعائه من أرسل إليهم إلى ما أمره الله بدعائهم إليه، وتبليغه إياهم رسالة ربه، ولكنه وعدهم نزول ما كان حذرهم من بأس الله في وقت وقته لهم ففارقهم إذ لم يتوبوا ولم يراجعوا طاعة الله، فلما أظل القوم العذاب وغشيهم - كما قال الله تعالى في تنزيله - تابوا إلى الله، فرفع الله العذاب عنهم، وبلغ يونس سلامتهم وارتفاع العذاب الذي كان وعدهموه فغضب من ذلك وقال: وعدتُهم وعدا فكذب وعدي. فذهب مغاضبا ربه وكره الرجوع إليهم، وقد جربوا عليه الكذب، روا سعيد بن جبير عن ابن عباس" : Tafsîr ul-Qurtubî : As-Sâffât) ("وهذه المغاضبة كانت صغيرة. ولم يغضب على الله ولكن غضب لله إذ رفع العذاب عنهم. وقال ابن مسعود: أبق من ربه أي من أمر ربه حتى أمره بالعودة إليهم بعد رفع العذاب عنهم. فإنه كان يتوعد قومه نزول العذاب في وقت معلوم، وخرج من عندهم في ذلك الوقت، فأظلهم العذاب فتضرعوا فرفع عنهم، ولم يعلم يونس بتوبتهم، فلذلك ذهب مغاضبا؛ وكان من حقه ألا يذهب إلا بإذن محدد" : Tafsîr ul-Qurtubî : Al-Anbiyâ') ("ba khiyâl-é tab'î sharmindaguî ké" : Bayân ul-qur'ân : As-Sâffât) ("'adhâb na âné sé tangdil huwé, aur kahîn tchalé gua'é" : Bayân ul-qur'ân : Al-Qalam) ("un kî qawm par sé adhâb talné ké ba'd bhî, khûd wâpas na â'é, aur us safar ké lié hamâré hukm kâ intizâr na kiyâ" : Bayân ul-qur'ân : Al-Anbiyâ').
-
"Il est parti en colère" ("ذَهَبَ مُغَاضِبًا") : oui mais contre qui ?
----- 1.1) Soit contre les Ninivois dans la mesure où ceux-ci n'avaient pas répondu à sa prédication.
----- 1.2) Soit contre les Ninivois dans la mesure où le châtiment qu'il leur avait annoncé ne les avait pas frappés. En fait, s'il est vrai que ces Ninivois ne se repentirent pas tant que le prophète Jonas était parmi eux, en revanche, dès qu'il les eut quittés, ils se repentirent ; or l'arrivée du châtiment dépend du refus d'apporter foi en Dieu. S'ils avaient persisté, le châtiment les aurait effectivement détruits. Or, comme ils revinrent à Dieu, Dieu accepta leur repentir et leur pardonna : Il retint donc d'eux le châtiment. C'est ce qui est formulé ainsi : "فَلَوْلَا كَانَتْ قَرْيَةٌ آمَنَتْ فَنَفَعَهَا إِيمَانُهَا إِلَّا قَوْمَ يُونُسَ لَمَّا آمَنُوا كَشَفْنَا عَنْهُمْ عَذَابَ الْخِزْيِ فِي الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَمَتَّعْنَاهُمْ إِلَى حِينٍ" : "Pourquoi n'y eut-il pas une cité qui apporta foi et que son adhésion à la foi profita donc ! Il n'y eut que les gens de Jonas : lorsqu'ils apportèrent foi, Nous dégageâmes d'eux le châtiment de l'ignominie dans la vie immédiate, et Nous leur accordâmes jouissance (de vie) jusqu'à un temps (encore)" (Coran 10/98) (le istithnâ' est ici munqati' : Bayân ul-qur'ân, tome 5 p. 30). Cependant, le prophète Jonas en ressentit quelque regret, car ce qu'il leur avait annoncé ne se produisit finalement pas.
------------- soit les prémisses du châtiment n'étaient même pas encore arrivées, mais le départ du prophète Jonas avait fait prendre conscience aux Ninivois qu'ils avaient mal agi et que la prophétie du châtiment allait bientôt se réaliser ; ils se repentirent alors, ce qui fut accepté d'eux : "وقد روي معنى ما قلناه عن ابن مسعود، أن ويونس لما وعدهم العذاب إلى ثلاثة أيام خرج عنهم فأصبحوا فلم يجدوه فتابوا وفرقوا بين الأمهات والأولاد، وهذا يدل على أن توبتهم قبل رؤية علامة العذاب. وسيأتي مسندا مبينا في سورة" والصافات" إن شاء الله تعالى. ويكون معنى {كشفنا عنهم عذاب الخزي} أي العذاب الذي وعدهم به يونس أنه ينزل بهم، لا أنهم رأوه عيانا ولا مخايلة، وعلى هذا لا إشكال ولا تعارض ولا خصوص، والله أعلم" (Tafsîr ul-Qurtubî, 8/384-385) ;
------------- soit seules les prémisses du châtiment étaient arrivées ; ils se repentirent alors, ce qui fut accepté d'eux : "فإن قيل: كيف كُشف العذاب عن قوم يونس بعد إِتيانه إِليهم، ولم يُكشَف عن فرعون حين آمن؟ فعنه ثلاثة أجوبة: (...). والثاني: أن فرعون باشره العذاب، وهؤلاء دنا منهم ولم يباشرهم، فكانوا كالمريض يخاف الموت ويرجو العافية؛ فأما الذي يعاين، فلا توبة له؛ ذكره الزجاج" (Zâd ul-massîr) ; "وقال الزجاج: إنهم لم يقع بهم العذاب، وإنما رأوا العلامة التي تدل على العذاب، ولو رأوا عين العذاب لما نفعهم الإيمان. قلت: قول الزجاج حسن، فإن المعاينة التي لا تنفع التوبة معها هي التلبس بالعذاب كقصة فرعون؛ ولهذا جاء بقصة قوم يونس على أثر قصة فرعون لأنه آمن حين رأى العذاب فلم ينفعه ذلك، وقوم يونس تابوا قبل ذلك. ويعضد هذا قوله عليه السلام: "إن الله يقبل توبة العبد ما لم يغرغر"؛ والغرغرة الحشرجة، وذلك هو حال التلبس بالموت، وأما قبل ذلك فلا. والله أعلم" (Tafsîr ul-Qurtubî, 8/384). Car l'arrivée des seules prémisses d'un châtiment terrestre ne rend pas caduque la possibilité d'apporter foi, cela est certain. La preuve en est que Noé (sur lui soit la paix) avait invité son fils Canaan à les rejoindre dans le bateau et ne pas demeurer avec les incroyants : "وَنَادَى نُوحٌ ابْنَهُ وَكَانَ فِي مَعْزِلٍ يَا بُنَيَّ ارْكَب مَّعَنَا وَلاَ تَكُن مَّعَ الْكَافِرِينَ قَالَ سَآوِي إِلَى جَبَلٍ يَعْصِمُنِي مِنَ الْمَاء قَالَ لاَ عَاصِمَ الْيَوْمَ مِنْ أَمْرِ اللّهِ إِلاَّ مَن رَّحِمَ وَحَالَ بَيْنَهُمَا الْمَوْجُ فَكَانَ مِنَ الْمُغْرَقِينَ" (Coran 11/42-43). Ce fils était alors kâfir, et Noé l'invitait là à apporter enfin foi (Bayân ul-qur'ân). Il était donc alors encore possible à ce fils d'apporter foi, bien que les prémisses du châtiment étaient déjà arrivés.
-
En quoi sa khata' ijtihâdî a-t-elle consisté (cette khata' par rapport à laquelle il a été dit au prophète Muhammad : "فَاصْبِرْ لِحُكْمِ رَبِّكَ وَلَا تَكُن كَصَاحِبِ الْحُوتِ") ?
----- 1) Elle a consisté en le fait d'avoir été en colère et d'être parti avant d'en avoir reçu l'ordre de la part de Dieu : "قوله عز وجل: {ولا تكن كصاحب الحوت} وهو يونس. وفي ماذا نهي أن يكون مثله قولان: أحدهما: أنه العجلة، والغضب، قاله قتادة. والثاني: الضعف عن تبليغ الرسالة، قاله ابن جرير. قال ابن الأنباري: وهذا لا يخرج يونس من أولي العزم، لأنها خطيئة. ولو قلنا: إن كل مخطئ من الأنبياء ليس من أولي العزم، خرجوا كلهم إلا يحيى. ثم أخبر عن عقوبته إذ لم يصبر، فقال عز وجل: {إذ نادى وهو مكظوم} قال الزجاج: مملوء غما وكربا" (Zâd ul-massîr).
-
II) Une 2nde interprétation (qui correspond au contenu du Livre de Jonas, dans les Nevi'im) : le prophète Jonas a embarqué sur le bateau avant d'avoir prêché aux gens de Ninive :
Certains commentateurs musulmans (Ibn Abbâs lui-même) exposent ainsi le récit de Jonas :
--- d'abord, face à la mission dont il est chargé vis-à-vis de Ninive, Jonas part, se rendant ailleurs qu'à Ninive ; et il embarque sur un bateau ; c'est alors qu'il se fait avaler par le poisson ;
--- ensuite il invoque Dieu, et, suite à l'exaucement par Dieu, est rejeté sur la terre ferme ;
--- il part alors prêcher à Ninive ;
--- face au refus, de la part des Ninivois, d'accepter son message, il leur annonce l'imminence du châtiment, puis il quitte la cité ;
--- or le peuple se repent, ce qui entraîne que le châtiment ne vient pas ; lui est affligé que la prophétie ne se réalise pas ;
--- alors Dieu fait pousser un végétal auquel Jonas s'attache, puis Il le fait mourir, ce qui attriste le prophète ; Dieu lui montre alors cela en exemple : la destruction n'est pas en soi une chose bonne.
"وقال أبو صالح عن ابن عباس: أوحى الله إلى نبي من أنبياء بني إسرائيل يقال له شعيا، فقيل له: "ائت فلانا الملك، فقل له يبعث إلى بني إسرائيل نبيا قويا أمينا"؛ وكان في مملكته خمسة من الأنبياء. فقال الملك ليونس: "اذهب إليهم"، فقال: "ابعث غيري"، فعزم عليه أن يذهب. فأتى بحر الروم، فركب سفينة، فالتقمه الحوت. فلما خرج من بطنها أمر أن ينطلق إلى قومه فانطلق نذيرا لهم، فأبوا عليه، فوعدهم بالعذاب، وخرج، فلما تابوا رفع عنهم" (Zâd ul-massîr).
"وفي سبب غضبه عليهم ثلاثة أقوال: أحدها: أن الله تعالى أوحى إلى نبي يقال له شعيا أن "ائت فلانا الملك، فقل له يبعث نبيا أمينا إلى بني إسرائيل"، وكان قد غزا بني إسرائيل ملك وسبا منهم الكثير، فأراد النبي والملك أن يبعثا يونس إلى ذلك الملك ليكلمه حتى يرسلهم، فقال يونس لشعيا: "هل أمرك الله باخراجي؟" قال: "لا"، قال: "فهل سماني لك؟" قال: "لا"، قال: "فهاهنا غيري من الأنبياء"، فألحوا عليه، فخرج مغاضبا للنبي والملك ولقومه. هذا مروي عن ابن عباس" (Zâd ul-massîr).
-
Jonas (sur lui soit la paix) est parti ("أَبَقَ إِلَى الْفُلْكِ الْمَشْحُونِ") :
----- 2) Parce qu'il ne se sentait pas capable de mener à bien cette mission. Des commentateurs juifs disent que c'est parce qu'il craignait que si les Ninivois acceptent l'appel de Dieu, le Créateur serait encore plus en colère contre les fils d'Israël, eux, le peuple de l'Alliance [à ce moment-là], qui désobéissaient ponctuellement à Dieu. Certains autres commentateurs juifs disent que Jonas craignait aussi que s'il prêche aux gens de Ninive et que ceux-ci acceptent sa prédication, ces gens seraient pardonnés par Dieu, le Clément, le Miséricordieux ; or les Ninivois étaient, à ce moment-là, les ennemis, sur le plan stratégique, des fils d'Israël.
-
En quoi sa khata' ijtihâdî a-t-elle consisté (cette khata' par rapport à laquelle il a été dit au prophète Muhammad : "فَاصْبِرْ لِحُكْمِ رَبِّكَ وَلَا تَكُن كَصَاحِبِ الْحُوتِ") ?
----- 2) Elle a consisté en le fait d'être parti (et il l'avait fait parce que s'étant senti incapable de mener à bien la mission requise) : "قوله عز وجل: {ولا تكن كصاحب الحوت} وهو يونس. وفي ماذا نهي أن يكون مثله قولان: أحدهما: أنه العجلة، والغضب، قاله قتادة. والثاني: الضعف عن تبليغ الرسالة، قاله ابن جرير. قال ابن الأنباري: وهذا لا يخرج يونس من أولي العزم، لأنها خطيئة. ولو قلنا: إن كل مخطئ من الأنبياء ليس من أولي العزم، خرجوا كلهم إلا يحيى. ثم أخبر عن عقوبته إذ لم يصبر، فقال عز وجل: {إذ نادى وهو مكظوم} قال الزجاج: مملوء غما وكربا" (Zâd ul-massîr).
-
"Il est parti en colère" ("ذَهَبَ مُغَاضِبًا") : oui mais contre qui ?
----- 2) Contre ceux d'entre les humains qui, suite à une révélation globale de Dieu, avaient proposé que ce soit lui, Jonas, qui aille prêcher aux Ninivois, et qui insistaient sur ce point. "وفي سبب غضبه عليهم ثلاثة أقوال: أحدها: أن الله تعالى أوحى إلى نبي يقال له شعيا أن "ائت فلانا الملك، فقل له يبعث نبيا أمينا إلى بني إسرائيل"، وكان قد غزا بني إسرائيل ملك وسبا منهم الكثير، فأراد النبي والملك أن يبعثا يونس إلى ذلك الملك ليكلمه حتى يرسلهم، فقال يونس لشعيا: "هل أمرك الله باخراجي؟" قال: "لا"، قال: "فهل سماني لك؟" قال: "لا"، قال: "فهاهنا غيري من الأنبياء"، فألحوا عليه، فخرج مغاضبا للنبي والملك ولقومه. هذا مروي عن ابن عباس؛ وقد زدناه شرحا في سورة يونس" (Zâd ul-massîr).
-
III) Quelle est l'histoire du plant de courge que Dieu a fait pousser pour le prophète Jonas ?
Dieu avait fait pousser ce plant, qui était profitable au prophète, mais ensuite le fit mourir, ce qui attrista Jonas. Dieu lui révéla alors en substance : "Tu t'attristes pour un plant qui est mort, et tu ne t'attristes pas pour une cité de plus de cent mille hommes, dont tu voulais à tout prix que Je la détruise ?". "قال ابن مسعود: كان يستظل بها ويصيب منها؛ فيبست، فبكى عليها، فأوحى الله إليه: "أتبكي على شجرة أن يبستْ، ولا تبكي على مائة ألف أو يزيدون أردْتَ أن تهلكهم؟" (Zâd ul-massîr).
-
Le fait est que Dieu est Miséricordieux. Et Il est Celui qui veut le bien pour les hommes. Il appelle les hommes à venir au Paradis. Celui qui se repent et revient (tawba) à Dieu tant qu'il en est encore temps, Dieu accepte son repentir. Et ce fut le cas des Ninivois.
Cependant, il faut rappeler que Dieu Se met également en Colère. On peut citer ici le cas de la majorité du peuple de Noé (sur lui soit la paix). Leur prophète leur avait dit qu'il était dépêché par Dieu, chargé par Lui de leur délivrer Son message, afin qu'Il leur fasse miséricorde : "قَالَ الْمَلأُ مِن قَوْمِهِ إِنَّا لَنَرَاكَ فِي ضَلاَلٍ مُّبِينٍ قَالَ يَا قَوْمِ لَيْسَ بِي ضَلاَلَةٌ وَلَكِنِّي رَسُولٌ مِّن رَّبِّ الْعَالَمِينَ أُبَلِّغُكُمْ رِسَالاَتِ رَبِّي وَأَنصَحُ لَكُمْ وَأَعْلَمُ مِنَ اللّهِ مَا لاَ تَعْلَمُونَ أَوَعَجِبْتُمْ أَن جَاءكُمْ ذِكْرٌ مِّن رَّبِّكُمْ عَلَى رَجُلٍ مِّنكُمْ لِيُنذِرَكُمْ وَلِتَتَّقُواْ وَلَعَلَّكُمْ تُرْحَمُونَ" (Coran 7/60-63). Mais, suite à leur long entêtement, et alors qu'à la fin ils lui dirent de faire venir ce châtiment qu'il disait redouter pour eux, Noé leur répondit que cela relevait de la seule Décision de Dieu, et ajouta que sa prédication et ses conseils ne leur apporteraient rien si Dieu voulait qu'ils soient égarés : "قَالُواْ يَا نُوحُ قَدْ جَادَلْتَنَا فَأَكْثَرْتَ جِدَالَنَا فَأْتَنِا بِمَا تَعِدُنَا إِن كُنتَ مِنَ الصَّادِقِينَ قَالَ إِنَّمَا يَأْتِيكُم بِهِ اللّهُ إِن شَاء وَمَا أَنتُم بِمُعْجِزِينَ وَلاَ يَنفَعُكُمْ نُصْحِي إِنْ أَرَدتُّ أَنْ أَنصَحَ لَكُمْ إِن كَانَ اللّهُ يُرِيدُ أَن يُغْوِيَكُمْ هُوَ رَبُّكُمْ وَإِلَيْهِ تُرْجَعُونَ" (Coran 11/32-34) : "إن كان الله سبحانه وتعالى أراد إضلالكم ودماركم بسبب كفركم وإعراضكم، فلا راد لقضائه" (Al-Muntaqâ) : Noé a voulu alors leur dire que (malgré sa prédication et son souhait à lui qu'ils trouvent la guidance), c'est leur entêtement à eux qui était la cause de la Volonté divine qu'ils demeurent égarés. Ensuite, le fait qu'ils demeurent égarés serait la cause que Dieu les châtierait peut-être d'un châtiment terrestre.
Ainsi, Dieu rend égaré (kufr akbar) celui qui l'a mérité, et pas autre que lui ; et Il est en Colère contre de tels hommes. Cependant, tout en étant en Colère contre eux, Il a aussi de la compassion pour ces hommes, eux qui se sont ainsi égarés (et se sont exposés alors à Son châtiment) :
Après avoir raconté le récit d'une cité qu'Il détruisit parce qu'ils avaient persisté à traiter de menteurs Ses Messagers qu'Il y avait suscités au nombre de 3 à la fois, Dieu dit : "يَا حَسْرَةً عَلَى الْعِبَادِ مَا يَأْتِيهِم مِّن رَّسُولٍ إِلاَّ كَانُوا بِهِ يَسْتَهْزِؤُون" : "O regret pour les serviteurs ! Il ne leur vient pas de messager sans qu'ils se moquent de lui" (Coran 36/30). As-Sa'dî écrit en commentaire, que Dieu dit cela en ayant de la compassion pour ces hommes, Ses serviteurs, eux qui ont persisté et se sont entêtés à refuser Son Appel : "قال اللّه مترحمًا للعباد: {يَا حَسْرَةً عَلَى الْعِبَادِ مَا يَأْتِيهِمْ مِنْ رَسُولٍ إِلَّا كَانُوا بِهِ يَسْتَهْزِئُونَ} أي: ما أعظم شقاءهم، وأطول عناءهم، وأشد جهلهم، حيث كانوا بهذه الصفة القبيحة، التي هي سبب لكل شقاء وعذاب ونكال" (Tafsîr us-Sa'dî).
Dieu dit aussi : "يَا أَيُّهَا الْإِنسَانُ مَا غَرَّكَ بِرَبِّكَ الْكَرِيمِ الَّذِي خَلَقَكَ فَسَوَّاكَ فَعَدَلَكَ فِي أَيِّ صُورَةٍ مَّا شَاء رَكَّبَكَ" : "O humain, qu'est-ce qui t'a trompé au sujet de ton Pourvoyeur, le Généreux, Celui qui t'a créé (...) ?" (Coran 82/6-8).
Par ailleurs, certes, la Miséricorde particulière de Dieu ne touche que ceux qui ont cru en Lui, cependant, la Miséricorde générale de Dieu touche tout le monde selon un autre aspect :
"قَالَ عَذَابِي أُصِيبُ بِهِ مَنْ أَشَاءُ وَرَحْمَتِي وَسِعَتْ كُلَّ شَيْءٍ فَسَأَكْتُبُهَا لِلَّذِينَ يَتَّقُونَ وَيُؤْتُونَ الزَّكَاةَ وَالَّذِينَ هُمْ بِآيَاتِنَا يُؤْمِنُونَ" : "Et Ma Miséricorde englobe toute chose. Je l'écrirai pour ceux qui se préservent, donnent l'aumône et qui croient en Nos Signes" (Coran 7/156).
As-Sa'dî écrit : "قَالَ الله تعالى: {عَذَابِي أُصِيبُ بِهِ مَنْ أَشَاءُ} ممن كان شقيا، متعرضا لأسبابه. {وَرَحْمَتِي وَسِعَتْ كُلَّ شَيْءٍ} من العالم العلوي والسفلي، البر والفاجر، المؤمن والكافر، فلا مخلوق إلا وقد وصلت إليه رحمة الله وغمره فضله وإحسانه. ولكن الرحمة الخاصة المقتضية لسعادة الدنيا والآخرة ليست لكل أحد، ولهذا قال عنها: {فَسَأَكْتُبُهَا لِلَّذِينَ يَتَّقُونَ}" (Tafsîr us-Sa'dî).
Al-Âlûssî écrit : "ورحمة الله تعالى - وإن وسعت كل شيء ببعض اعتباراتها - إلا أنها خصت المتقين باعتبار آخر كما يشير إليه قوله تعالى: {وَرَحْمَتِي وَسِعَتْ كُلَّ شَيْءٍ فَسَأَكْتُبُها لِلَّذِينَ يَتَّقُونَ}. فهي كمعيته سبحانه الغير المكيفة، ألا تسمع قوله تعالى مرة: {ما يَكُونُ مِنْ نَجْوى ثَلاثَةٍ إِلَّا هُوَ رابِعُهُمْ وَلا خَمْسَةٍ إِلَّا هُوَ سادِسُهُمْ وَلا أَدْنى مِنْ ذلِكَ وَلا أَكْثَرَ إِلَّا هُوَ مَعَهُمْ}، وتارة: {إِنَّ اللَّهَ مَعَ الَّذِينَ اتَّقَوْا وَالَّذِينَ هُمْ مُحْسِنُونَ" (Rûh ul-ma'ânî, tome 1 p. 142).
Ibn ul-Qayyim écrit pour sa part : "فإن قيل: فقد قال سبحانه عقيبها: {فَسَأَكْتُبُهَا لِلَّذِينَ يَتَّقُونَ} إلى آخر الآية يخرج غيرهم منها لخروجهم من الوصف الذي يستحق به. قيل: الرحمة المكتوبة لهؤلاء هي غير الرحمة الواسعة لجميع الخلق بل هي رحمة خاصة خصهم بها دون غيرهم وكتبها لهم دون من سواهم وهم أهل الفلاح الذين لا يعذبون بل هم أهل الرحمة والفوز والنعيم. وذكر الخاص بعد العام استطرادا. وهو كثير في القرآن بل قد يستطرد من الخاص إلى العام كقوله: {هُوَ الَّذِي خَلَقَكُمْ مِنْ نَفْسٍ وَاحِدَةٍ وَجَعَلَ مِنْهَا زَوْجَهَا لِيَسْكُنَ إِلَيْهَا فَلَمَّا تَغَشَّاهَا حَمَلَتْ حَمْلاً خَفِيفاً فَمَرَّتْ بِهِ فَلَمَّا أَثْقَلَتْ دَعَوَا اللَّهَ رَبَّهُمَا لَئِنْ آتَيْتَنَا صَالِحاً لَنَكُونَنَّ مِنَ الشَّاكِرِينَ} فهذا استطراد من ذكر الأبوين إلى ذكر الذرية ومن استطراد قوله: {إِنَّا زَيَّنَّا السَّمَاءَ الدُّنْيَا بِزِينَةٍ الْكَوَاكِبِ وَجَعَلْنَاهَا رُجُوماً لِلشَّيَاطِينِ} فالتي جعلت رجوما ليست هي التي زينت بها السماء ولكن استطرد من ذكر النوع إلى نوع آخر وأعاد ضمير الثاني على الأول لدخولهما تحت جنس واحد. فهكذا قوله: {رَحْمَتِي وَسِعَتْ كُلَّ شَيْءٍ فَسَأَكْتُبُهَا لِلَّذِينَ يَتَّقُونَ} فالمكتوب للذين يتقون نوع خاص من الرحمة الواسعة والمقصود أن الرحمة لا بد أن تسع أهل النار ولا بد أن تنتهي حيث ينتهي العلم كما قالت الملائكة ربنا وسعت كل شيء رحمة وعلما" (Shifâ' ul-'alîl, pp. 649-650).
-
IV) Combien de temps le prophète Jonas est-il demeuré à l'intérieur du poisson ?
Le Coran ne le précise pas.
Ibn Kathîr cite plusieurs commentaires, avant de conclure : "Dieu sait mieux la durée de cela". Il cite : "3 jours", mais aussi : "de la matinée à la soirée".
"واختلفوا في مقدار ما لبث في بطن الحوت. فقيل: ثلاثة أيام، قاله قتادة. وقيل: جمعة، قاله جعفر الصادق. وقيل: أربعين يوما، قاله أبو مالك. وقال مجالد عن الشعبي: التقمه ضحى وقذفه عشية. والله أعلم بمقدار ذلك" (Tafsîr Ibn Kathîr).
-
V) Et que peut bien signifier : "فَلَوْلَا أَنَّهُ كَانَ مِنْ الْمُسَبِّحِينَ لَلَبِثَ فِي بَطْنِهِ إِلَى يَوْمِ يُبْعَثُونَ" : "S'il n'avait été de ceux qui proclament la Pureté de Dieu, il serait demeuré dans son ventre jusqu'au jour où (les hommes) seront ressuscités" ?
Ce passage signifie que si le prophète Jonas (sur lui soit la paix) n'avait pas appelé Dieu en ces termes : "لَّا إِلَهَ إِلَّا أَنتَ سُبْحَانَكَ إِنِّي كُنتُ مِنَ الظَّالِمِينَ" : "Pas de divinité en dehors de Toi, Pureté à Toi. Moi j'étais du nombre des injustes" et que Dieu n'avait donc pas amené le poisson à rejeter ce prophète sur la terre ferme, celui-ci serait demeuré dans le ventre du poisson, y serait mort peu après, et, le poisson mourant lui aussi peu après et sa carcasse allant alors au fond de l'eau, le corps de ce prophète défunt serait demeuré pour sa part intact ("إن الله حرم على الأرض أن تأكل أجساد الأنبياء") mais, au lieu d'être à l'intérieur de la terre (comme tous les autres prophètes), serait demeuré à l'intérieur de cette carcasse jusqu'au jour de la Résurrection. Ou, plus précisément ; dans le lieu - au fond de la mer ou dans une cavité marine - où la carcasse de ce poisson aurait fini par échouer : des éléments de cette carcasse demeurant sur place et en ce lieu, il est vérifié de dire que le corps du prophète serait resté ainsi "dans le ventre de ce poisson".
Tout comme, pour le commun des humains, lorsque leur corps est placé dans la terre après leur mort, leur âme garde un lien avec leur corps. Quant au moment où leur corps devient complètement décomposé et que les éléments qui les composaient sont totalement disséminés et recyclés dans d'autres corps, avec quel élément leur âme garde-t-elle un lien ? Serait-ce avec la partie dont la Sunna a dit que c'est d'elle que que le corps sera recomposé le jour de la résurrection ("ليس من الإنسان شيء إلا يبلى، إلا عظما واحدا وهو عجب الذنب، ومنه يركب الخلق يوم القيامة" : al-Bukhârî, 4651, Muslim, 2955) ? Je ne sais pas (لا أدري).
-
VI) Et comment articuler le verset de as-Sâffât, que nous venons de citer et qui dit : "فَلَوْلَا أَنَّهُ كَانَ مِنْ الْمُسَبِّحِينَ لَلَبِثَ فِي بَطْنِهِ إِلَى يَوْمِ يُبْعَثُونَ" : "S'il n'avait été de ceux qui proclament la Pureté de Dieu, il serait demeuré dans son ventre jusqu'au jour où (les hommes) seront ressuscités", avec le verset de al-Qalam qui dit : "لَوْلَا أَن تَدَارَكَهُ نِعْمَةٌ مِّن رَّبِّهِ لَنُبِذَ بِالْعَرَاء وَهُوَ مَذْمُومٌ فَاجْتَبَاهُ رَبُّهُ فَجَعَلَهُ مِنَ الصَّالِحِينَ" : "S'il n'y avait eu qu'une faveur de son Pourvoyeur le rattrapa, il aurait été rejeté sur la terre nue en étant blâmé" ?
– En fait le verset de as-Sâffât signifie que si le prophète Jonas n'avait pas fait cette invocation que Dieu a exaucée, il serait resté dans le ventre du poisson et y serait mort. Mais comme il a fait cette invocation, que Dieu a exaucée, Dieu a fait que le poisson l'a recraché sur la terre.
– Tandis que le verset de al-Qalam signifie que si Dieu n'avait pas, en sus, accordé Son Attention particulière au prophète Jonas, ce dernier aurait été recraché sur la terre, certes, mais en étant blâmé pour sa khata' ijtihâdî. Mais comme Dieu lui a accordé une Faveur particulière, il a été ramené sur la terre sans être blâmé (Bayân ul-qur'ân).
-
VII) Un écrit de Ibn Taymiyya sur le sujet, qui montre qu'il est de l'avis 1.2 plus haut cité :
"فإذا سبق إلى قلب العبد قصد السؤال ناسب أن يسأله باسمه الرب (وإن سأله باسمه الله لتضمنه اسم الرب كان حسنا)؛ وأما إذا سبق إلى قلبه قصد العبادة فاسم الله أولى بذلك. إذا بدأ بالثناء ذكر اسم الله؛ وإذا قصد الدعاء دعا باسم الرب. ولهذا قال يونس: {لا إله إلا أنت سبحانك إني كنت من الظالمين}، وقال آدم: {ربنا ظلمنا أنفسنا وإن لم تغفر لنا وترحمنا لنكونن من الخاسرين}. فإن يونس عليه السلام ذهب مغاضبا، وقال تعالى: {فاصبر لحكم ربك ولا تكن كصاحب الحوت}، وقال تعالى: {فالتقمه الحوت وهو مليم}: ففعل ما يلام عليه؛ فكان المناسب لحاله أن يبدأ بالثناء على ربه والاعتراف بأنه لا إله إلا هو فهو الذي يستحق أن يعبد دون غيره، فلا يطاع الهوى؛ فإن اتباع الهوى يضعف عبادة الله وحده. وقد روي أن يونس عليه السلام ندم على ارتفاع العذاب عن قومه بعد أن أظلهم، وخاف أن ينسبوه إلى الكذب، فغاضب، وفعل ما اقتضى الكلام الذي ذكره الله تعالى وأن يقال: {لا إله إلا أنت}؛ وهذا الكلام يتضمن براءة ما سوى الله من الإلهية، سواء صدر ذلك عن هوى النفس أو طاعة الخلق أو غير ذلك. ولهذا قال: {سبحانك إني كنت من الظالمين}. والعبد يقول مثل هذا الكلام فيما يظنه - وهو غير مطابق - وفيما يريده - وهو غير حسن. وأما آدم عليه السلام فإنه اعترف أولا بذنبه فقال: {ظلمنا أنفسنا} ولم يكن عند آدم من ينازعه الإرادة لما أمر الله به مما يزاحم الإلهية، بل ظن صدق الشيطان الذي {قاسمهما إني لكما لمن الناصحين} {فدلاهما بغرور} فالشيطان غرهما وأظهر نصحهما؛ فكانا في قبول غروره وما أظهر من نصحه حالهما مناسبا لقولهما: {ربنا ظلمنا أنفسنا} لما حصل من التفريط، لا لأجل هوى وحظ يزاحم الإلهية؛ وكانا محتاجين إلى أن يربهما ربوبية تكمل علمهما وقصدهما، حتى لا يغترا بمثل ذلك؛ فهما يشهدان حاجتهما إلى الله ربهما الذي لا يقضي حاجتهما غيره. وذو النون شهد ما حصل من التقصير في حق الإلهية بما حصل من المغاضبة وكراهة إنجاء أولئك؛ ففي ذلك من المعارضة في الفعل لحب شيء آخر ما يوجب تجريد محبته لله وتألهه له وأن يقول: {لا إله إلا أنت}. فإن قول العبد: "لا إله إلا أنت" يمحو أن يتخذ إلهه هواه؛ وقد روي: {ما تحت أديم السماء إله يعبد أعظم عند الله من هوى متبع}؛ فكمل يونس صلوات الله عليه تحقيق إلهيته لله ومحو الهوى الذي يتخذ إلها من دونه. فلم يبق له صلوات الله عليه وسلامه عند تحقيق قوله "لا إله إلا أنت" إرادة تزاحم إلهية الحق، بل كان مخلصا لله الدين إذ كان من أفضل عباد الله المخلصين. وأيضا فمثل هذه الحال تعرض لمن تعرض له فيبقى فيه نوع مغاضبة للقدر ومعارضة له في خلقه وأمره ووساوس في حكمته ورحمته، فيحتاج العبد أن ينفي عنه شيئين: الآراء الفاسدة والأهواء الفاسدة، فيعلم أن الحكمة والعدل فيما اقتضاه علمه وحكمته، لا فيما اقتضاه علم العبد وحكمته، ويكون هواه تبعا لما أمر الله به، فلا يكون له مع أمر الله وحكمه هوى يخالف ذلك" (MF 10/286-288).
-
VIII) Quelques écrits de Ibn ul-Jawzî sur le sujet :
"قال ابن الأنباري: وهذا لا يخرج يونس من أولي العزم، لأنها خطيئة؛ ولو قلنا: إن كل مخطئ من الأنبياء ليس من أولي العزم، خرجوا كلهم إلا يحيى. ثم أخبر عن عقوبته إذ لم يصبر، فقال عز وجل: {إذ نادى وهو مكظوم" (Zâd ul-massîr : Al-Qalam).
"قوله تعالى: {إذ ذهب مغاضبا} قال ابن قتيبة: المغاضبة: مفاعلة؛ وأكثر المفاعلة من اثنين، كالمناظرة والمجادلة والمخاصم؛، وربما تكون من واحد، كقولك: سافرت، وشارفت الأمر، وهي ها هنا من هذا الباب. وقرأ أبو المتوكل، وأبو الجوزاء، وعاصم الجحدري، وابن السميفع: "مغضبا" باسكان الغين وفتح الضاد من غير ألف. واختلفوا في مغاضبته لمن كانت؟ على قولين:
أحدهما: أنه "غضب على قومه"، قاله ابن عباس، والضحاك. وفي سبب غضبه عليهم ثلاثة أقوال: أحدها: أن الله تعالى أوحى إلى نبي يقال له شعيا أن "ائت فلانا الملك، فقل له يبعث نبيا أمينا إلى بني إسرائيل"، وكان قد غزا بني إسرائيل ملك وسبا منهم الكثير، فأراد النبي والملك أن يبعثا يونس إلى ذلك الملك ليكلمه حتى يرسلهم، فقال يونس لشعيا: "هل أمرك الله باخراجي؟" قال: "لا"، قال: "فهل سماني لك؟" قال: "لا"، قال: "فهاهنا غيري من الأنبياء"، فألحوا عليه، فخرج مغاضبا للنبي والملك ولقومه. هذا مروي عن ابن عباس؛ وقد زدناه شرحا في سورة يونس. والثاني: أنه عانى من قومه أمرا صعبا من الأذى والتكذيب، فخرج عنهم قبل أن يؤمنوا ضجرا، وما ظن أن هذا الفعل يوجب عليه ما جرى من العقوبة، ذكره ابن الأنباري. وقد روي عن وهب بن منبه، قال: لما حملت عليه أثقال النبوة، ضاق بها ذرعا ولم يصبر، فقذفها من يده وخرج هاربا. والثالث: أنه لما أوعدهم العذاب، فتابوا ورفع عنهم، قيل له: "ارجع إليهم"، فقال: "كيف أرجع فيجدوني كاذبا؟" فانصرف مغاضبا لقومه، عاتبا على ربه. وقد ذكرنا هذا في سورة يونس.
والثاني: أنه خرج مغاضبا لربه، قاله الحسن، وسعيد بن جبير، والشعبي، وعروة؛ وقال: المعنى: "مغاضبا من أجل ربه"، وإنما غضب لأجل تمردهم وعصيانهم. وقال ابن قتيبة: كان مغيظا عليهم لطول ما عاناه من تكذيبهم، مشتهيا أن ينزل العذاب لهم، فعاقبه الله على كراهيته العفو عن قومه" (Zâd ul-massîr).
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).