Cet article ne parle pas des Causes Tashrî'î (= ce qui entraîne l'applicabilité de tel hukm tak'lîfî), mais des Causes Takwînî : ce qui a été créé dans l'ordre de l'univers comme cause entraînant tel effet kawnî.
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A un homme venu lui demander : "Messager de Dieu, j'attache ma (chamelle) et place ma confiance en Dieu, ou bien je la laisse libre et place ma confiance en Dieu ?", le Prophète (sur lui soit la paix) a répondu : "Attache-la et remets-toi à Dieu" : "عن أنس بن مالك قال: قال رجل: يا رسول الله أعقلها وأتوكل، أو أطلقها وأتوكل؟ قال: "اعقلها وتوكل" (at-Tirmidhî, 2517).
Le fait d'attacher sa chamelle est une cause l'empêchant de s'enfuir, bien que les dromadaires sont connus pour essayer - et parfois parvenir - à s'enfuir malgré la présence d'une attache ("تعاهدوا القرآن، فوالذي نفسي بيده لهو أشد تفصيا من الإبل في عقلها" : al-Bukhârî, Muslim). Cette cause est ici reconnue par le Prophète (sur lui soit la paix), voulant montrer qu'on devra (dans certains cas, c'est seulement : "on pourra") avoir recours à toute cause qui est établie et qui ne recèle rien d'interdit ni de déconseillé.
En même temps qu'on a recours à cette cause matérielle, on s'en remet à Dieu et on Lui confie la garde de la chose.
Ensuite, certes, au sujet de nombreuses bonnes actions précises (soit purement cultuelles, soit du domaine des relations avec autrui), le Prophète (sur lui soit la paix) a annoncé qu'elles entraînent tel avantage matériel [lequel n'est pas ce pour quoi l'action a été instituée). Cela est vrai, car figurant dans les textes de la Sunna.
Cependant, l'obtention d'un tel avantage par le biais de la pratique d'une telle bonne action, cela doit toujours demeurer perçu comme quelque chose de secondaire, et non pas devenir l'objectif même de la pratique de l'action.
Par ailleurs, la pratique de ce genre d'Actions n'empêche pas d'avoir également recours aux Causes matérielles. Ainsi, le hadîth bien connu dit : "Celui qui récite les deux derniers versets de la sourate Al-Baqara la nuit, ces deux (versets) lui seront suffisants" (al-Bukhârî, Muslim) ; un des deux commentaires est qu'ils seront suffisants à cette personne en tant que protection contre toute chose détestable cette nuit-là. "عن أبي مسعود البدري - رضي الله عنه - عن النبي - صلى الله عليه وسلم - قال: "من قرأ بالآيتين من آخر سورة البقرة في ليلة كفتاه". متفق عليه. قيل: كفتاه المكروه تلك الليلة. وقيل: كفتاه من قيام الليل" (Riyâdh us-sâlihîn). Cependant, cela n'implique pas que cette personne ne doive plus, alors, prendre ses précautions par rapport aux choses détestables d'ordre matériel, et ne plus fermer sa porte, etc. Ce hadîth signifie que la récitation de ces deux versets lui fera bénéficier d'une protection de Dieu. Ce qui, comme pour le cas de la chamelle, n'empêche pas qu'il doive aussi prendre ses précautions.
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Ibn Taymiyya : "C'est pourquoi quelqu'un a dit : "Se tourner vers les Causes (seulement) est du Shirk fi-t-Tawhîd. Effacer les Causes d'être des Causes est un manquement dans la Raison. Et se détourner totalement des Causes est une remise en question de la Shar'" : "ولهذا قال بعضهم: "الالتفات إلى الأسباب شرك في التوحيد؛ ومحو الأسباب أن تكون أسبابا نقص في العقل؛ والإعراض عن الأسباب بالكلية قدح في الشرع" (MF).
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– Ont un manquement dans Asl ut-Tawakkul 'alallâh (ce manquement constituant du Kufr Akbar) :
--- celui qui est athée ou agnostique, ne croyant même pas qu'un Créateur et Gérant de l'univers existe ;
--- le déiste qui croit que l'univers est bien la création de Dieu, cependant, Dieu l'a réglé selon des lois très précises qui fonctionnent de façon totalement autonome (d'ailleurs les miracles n'existent pas) ;
--- celui qui commet du shirk akbar fi-r-rubûbiyya, en croyant par exemple que l'étoile est un être doué de conscience et de liberté de choix (ذو روح له اختيار) à qui Dieu a confié de gérer elle-même la pluie.
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– Ont un manquement dans Kamâl ut-tawakkul 'alallâh, al-Wâjib :
--- celui qui croit que telle chose inerte, ميّت, est la cause (créée ainsi par Dieu) qui entraîne tel effet, cela alors même que ce lien de causalité est inexistant ; ainsi en est-il de celui qui croit que l'étoile n'est qu'un élément inerte et sans choix propre, simplement Dieu a organisé ce monde de telle sorte que la position de telle étoile dans le ciel entraîne la pluie sur Terre ; cette croyance constitue du shirk asghar ;
--- celui qui a la bonne croyance (Dieu est Celui qui gère toute chose selon Sa décision), mais qui, dans son cœur et dans son esprit, aux causes matérielles dûment établies, accorde une importance telle qu'il se focalise uniquement sur elles et se repose trop (yatawakkalu) sur elles : "قال ابن عباس في الآية: "الأنداد هو الشرك، أخفى من دبيب النمل على صفاة سوداء في ظلمة الليل؛ وهو أن تقول: "(...)، وتقول: "لولا كليبة هذا لأتانا اللصوص، ولولا البط في الدار لأتانا اللصوص" ،" : "Sans le canard dans la (cour de la) demeure, les cambrioleurs seraient venus chez nous", etc. (Ibn Abî Hâtim, cité dans Kitâb ut-Tawhîd). Dire "Sans le canard (ou l'alarme), les cambrioleurs seraient venus chez nous", cela n'est pas interdit de façon absolue (même s'il s'agit de dire plutôt : "Sans Dieu, puis le canard..."). Ce qui est interdit, c'est prononcer ce propos quand celui-ci exprime une confiance excessive (i'timâd muf'rit) accordée à ce moyen matériel. Une telle confiance excessive constitue un manquement dans le tawhîd ullâh al-kâmil ul-wâjib, et donc un shirk asghar. C'est bien pourquoi il n'est nullement inutile de rappeler à des musulmans le Tawhîd ullâh fi-r-Rubûbiyya.
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– A un manquement dans Kamâl ut-tawakkul 'alallâh, al-Mustahabb :
--- celui qui a la bonne croyance, mais, dans les faits, a recours à une cause légèrement déconseillée (khilâf ul-awlâ) alors même qu'il n'y a pas dharûra pour lui de le faire : "من اكتوى أو استرقى فقد برئ من التوكل" : "Celui qui se fait faire cautériser ou demande une ruqya, celui-là s'est désavoué du Tawakkul" (at-Tirmidhî, 2055). Ici il s'agit d'un délaissement du Kamâl ut-tawakkul al-Mustahabb seulement. Même sans nécessité - dharûra -, il n'est pas interdit d'avoir recours à l'une de ces deux choses (se faire cautériser ; et demander une ruqya qui est en soi autorisée mais n'a pas été enseignée par le Prophète, et ce pour autre chose que le mauvais œil, une piqûre d'insecte ou des démangeaisons ("namla")). Cependant, sans nécessité - dharûra -, il est mieux (awlâ) de ne pas y avoir recours. "من اكتوى" أي: بالغ في أسباب الصحة إلى أن اكتوى من غير ضرورة ملجئة "أو استرقى" أي: بالغ في دفع الأمراض باستعمال الكلمات التي ليست من أسماء الله تعالى وكلمات كتابه ولا من الأدعية المأثورة عن رسوله صلى الله عليه وسلم، "فقد برئ من التوكل" أي: سقط من درجة التوكل التي هي أعلى مراتب الكمال" (Mirqât ul-mafâtîh).
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– A du Ghuluww (exagération) :
--- celui qui croit qu'aucune cause créée n'a d'effet ;
--- celui qui, alors même que la cause est disponible, que son entraînement de son effet est certain (yaqînî ou presque) et que la réalisation de cet effet par le biais de cette cause est nécessaire sur lui (dharûrî 'alayhi), délaisse le recours à cette cause.
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– En fait tout tourne autour de la compréhension de "لَا اِلَـهَ اِلا الله" :
– L'interprétation correcte est que "Ilâh" signifie : "Ma'lûh", pour : "Ma'bûd". "لا اِلَـهَ اِلا الله" signifie donc : "لا معبود حق اِلا الله". Lire notre article : Qu'est-ce qu'un "إله", une "divinité" / "quelque chose étant divinisée" ? - En quoi consiste "التأليه، الأكبر والأصغر", "le fait de diviniser quelque chose", ce qui se dit aussi : "العبادة، الكبرى والصغرى" ?.
Et Tawhîd ullâh fi-l-Ulûhiyya englobe et dépasse Tawhîd ullâh fi-r-Rubûbiyya :
– Cependant, si (comme l'ont cru des Mutakallimûn) on comprend "Ilâh" comme signifiant "Âlih" :
--- a) on sera amené à réduire le Tawhîd à Tawhîd ur-Rubûbiyya, et on risque alors de tomber dans du shirk billâh asghar voire akbar sans en être conscient, s'exclamant : "Telle de mes paroles / actions ne contredit en aucune façon "لا اِلَـهَ اِلا الله" (ni dans son minimum ni dans sa perfection), puisque "لا اِلَـهَ اِلا الله" signifie exclusivement : "لا خالق ولا مدبِّر اِلا الله". Or je n'ai jamais renié que c'est Allah qui fait tout se réaliser" ;
--- b) et on risque ensuite de nier la causalité de bien des choses temporelles, croyant réaliser Kamâl ut-Tawhîd alors qu'on est en réalité dans le Ghuluww (exagération).
– En fait :
Ces deux points découlent d'un seul et même malentendu : avoir réduit le Tawhîd ullâh au seul Tawhîd ullâh fi-r-rubûbiyya.
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Cette réduction a eu comme conséquences :
--- le fait d'avoir mis au second plan : le Shirk billâh (akbar ou asghar) dans la Ulûhiyya qui ne relève pas également de la Rubûbiyya (c'est ce qui a été exposé en a) ;
--- et un excès, pensant réaliser le Kamâl alors qu'il s'agit en fait de Ghuluww, par le fait d'avoir nié la causalité des causes matérielles (c'est ce qui a été exposé en b).
قصر الشيء المطلوب على جزء منه (سواء وقع القصر في جزء من أصل ذلك الشيء، أو في جزء من كماله الواجب، أو في جزء من كماله النافل): يؤدّي إلى الغلوّ في ذلك الجزء (وذلك باعتداء الحدّ فيه)، و إلى التهاون في جزء آخر من أصل ذلك الشيء، أو من كماله الواجب.
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– Cette réduction trouve son origine dans une compréhension erronée de certains textes du Coran et de la Sunna : ces textes dans lesquels figure le terme "Rabb", mais non plus avec son sens particulier de "Mudabbir", mais comme synonyme de "Ilâh", avec le sens large qui est celui de ce dernier terme. Or ces Mutakallimûn ont, dans ces textes aussi, appréhendé ce terme "Rabb" en son sens particulier de "Mudabbir", ce qui les a amenés à traduire "لا اِلَـهَ اِلا الله" par exclusivement : "لا ربّ اِلا الله".
Voici deux de ces textes :
--- Dans le hadîth bien connu, le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a dit que, à l'homme qui vient d'être enterré, les Anges demandent entre autres : "من ربك؟" : "Qui est ton Rabb ?", et il faut que cet homme puisse répondre : "ربي الله" : "Mon Rabb c'est Dieu" (Muslim, 2871, at-Tirmidhî, etc.). Il est évident qu'il s'agit, ici, du terme Rabb ayant le sens général de Ilâh et non pas le sens particulier de Mudabbir. Sinon cela impliquerait que le défunt qui faisait du shirk akbar billâh fi-l-ulûhiyya qui n'est pas aussi du shirk akbar billâh fi-r-rubûbiyya, celui-là pourra bien répondre que son Rabb c'est Dieu !
--- "وَإِذْ أَخَذَ رَبُّكَ مِن بَنِي آدَمَ مِن ظُهُورِهِمْ ذُرِّيَّتَهُمْ وَأَشْهَدَهُمْ عَلَى أَنفُسِهِمْ أَلَسْتَ بِرَبِّكُمْ؟ قَالُواْ بَلَى شَهِدْنَا أَن تَقُولُواْ يَوْمَ الْقِيَامَةِ إِنَّا كُنَّا عَنْ هَذَا غَافِلِينَ أَوْ تَقُولُواْ إِنَّمَا أَشْرَكَ آبَاؤُنَا مِن قَبْلُ وَكُنَّا ذُرِّيَّةً مِّن بَعْدِهِمْ أَفَتُهْلِكُنَا بِمَا فَعَلَ الْمُبْطِلُونَ" : "Et lorsque ton Seigneur prit des reins des fils de Adam leur descendance et les fit témoigner : "Ne suis-Je pas votre Rabb ? – Si, nous en témoignons" répondirent-ils. Ceci afin que vous ne puissiez pas, le jour du jugement, dire : "Nous étions ignorants de cela [le monothéisme]", ni dire : "Ce ne sont que nos ancêtres qui ont donné des associés (à Dieu) avant nous et nous étions une descendance venue après eux…" (Coran 7/172-173). Il est évident qu'il ne s'agit pas de s'abstenir de tomber dans le shirk fi-r-rubûbiyya seulement, mais dans le shirk fi-l-ulûhiyya de façon générale, et que "Rabb" a ici le même sens que "Ilâh", ou bien a le sens particulier de "Mudabbir" mais pour en déduire que, étant Seul Rabb, Il doit être pris comme Seul Ilâh.
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I) Takwîn ; Irâdat ullâh at-takwîniyya ; Amr ullâh at-takwînî ; Idhn ullâh at-takwînî :
– 1) Irâdat ullâh at-Takwîniyya, et Takwîn :
Aucune chose concrète ('ayn) ne vient à l'existence sans que Dieu ait voulu (Irâda Takwîniyya) qu'elle existe, et sans que Dieu la crée (Khalq / Takwîn).
Mais, plus encore, aucune chose concrète ('ayn) ne fait une action (hadath) sans que ce soit parce que Dieu a voulu qu'elle fasse cette action, et sans que Dieu crée cette action.
Rien non plus n'arrive ('aradh) à une chose concrète ('ayn) sans que ce soit parce que Dieu a voulu que cela lui arrive, et sans que Dieu crée cela.
Dieu fait exister (Takwîn) toute chose et tout ce qui arrive à toute chose.
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Et Dieu a voulu (Irâda Takwîniyya) que cette chose existe, de même que ce qui arrive à cette chose.
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Cette Irâda Takwîniyya est générale, et englobe donc ce que nous allons voir ci-après : Amr ullâh at-Takwînî, et Idhn ullâh at-Takwînî.
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– 2) Amr ullâh at-Takwînî (lire notre article consacré au Khalq et au Amr) :
Le Amr ullâh englobe à la fois :
--- la Hidâya générale (ici : le fait d'avoir conféré à chaque créature un code de fonctionnement) : "قَالَ فَمَن رَّبُّكُمَا يَا مُوسَى قَالَ رَبُّنَا الَّذِي أَعْطَى كُلَّ شَيْءٍ خَلْقَهُ ثُمَّ هَدَى" : "Notre Pourvoyeur est Celui qui a donné à chaque chose son apparence, puis l'a guidée" (Coran 20/49-50) ; voici quelques ces commentaires de ce verset : "الذي خص كل مخلوق بهيئة وصورة، ولو كان الخطاب معهما لقالا: قالا ربنا. و{خلقه} أول مفعولي أعطى، أي أعطى خليقته كل شي يحتاجون إليه ويرتفقون به، أو ثانيهما أي أعطى كل شي صورته وشكله الذي يطابق المنفعة المنوطة به، على قول الضحاك على ما يأتي. {ثم هدى}: قال ابن عباس وسعيد بن جبير والسدي: أعطى كل شي زوجه من جنسه، ثم هداه إلى منكحه ومطعمه ومشربه ومسكنه. وعن ابن عباس: ثم هداه إلى الألفة والاجتماع والمناكحة. وقال الحسن وقتادة: أعطى كل شي صلاحه، وهداه لما يصلحه" (Tafsîr ul-Qurtubî) ;
--- et la Tadbîr particulière (ici : le fait de prendre chaque jour des décisions quant aux implications des actions et interactions des différentes créatures) ; "اللَّهُ الَّذِي خَلَقَ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضَ وَمَا بَيْنَهُمَا فِي سِتَّةِ أَيَّامٍ ثُمَّ اسْتَوَى عَلَى الْعَرْشِ مَا لَكُم مِّن دُونِهِ مِن وَلِيٍّ وَلَا شَفِيعٍ أَفَلَا تَتَذَكَّرُونَ يُدَبِّرُ الْأَمْرَ مِنَ السَّمَاء إِلَى الْأَرْضِ ثُمَّ يَعْرُجُ إِلَيْهِ فِي يَوْمٍ كَانَ مِقْدَارُهُ أَلْفَ سَنَةٍ مِّمَّا تَعُدُّونَ" (Coran 32/4-5) : ici "amr" veut dire : "affaire". Par exemple que Dieu a dit au feu du brasier : "Sois froid et salutaire pour Abraham". "كُلَّ يَوْمٍ هُوَ فِي شَأْنٍ" (Coran 55/29).
Dans la phrase qui va être citée ci-après, et qui est présente (avec des différences minimes au niveau des mots) en de nombreux versets du Coran, on retrouve ce terme Amr ullâh (au sens de Hidâyat ullâh) au sujet du fait que le bateau puisse voguer sur la mer : "اللَّهُ الَّذِي سخَّرَ لَكُمُ الْبَحْرَ لِتَجْرِيَ الْفُلْكُ فِيهِ بِأَمْرِهِ" : "Dieu est Celui qui a vous a assujetti la mer afin que les bateaux y voguent par Son Amr" (Coran 45/12). "لتجري الفلك} وهي السفن {فيه، بأمره} تعالى، فإنه هو الذي أمر البحر أن يحملها" (Tafsîr Ibn Kathîr, commentaire de Coran 45/12). "وقوله {بأمره} هو أمر التكوين إذ جعل البحر صالحا لحملها" (At-Tahrîr wa-t-tanwîr, commentaire de Coran 22/65). Il s'agit d'une loi physique mise en place par Dieu et entraînant que le bateau vogue sur l'eau.
Il y a encore cet autre verset : "وَأَوْحَى رَبُّكَ إِلَى النَّحْلِ أَنِ اتَّخِذِي مِنَ الْجِبَالِ بُيُوتًا وَمِنَ الشَّجَرِ وَمِمَّا يَعْرِشُونَ ثُمَّ كُلِي مِن كُلِّ الثَّمَرَاتِ فَاسْلُكِي سُبُلَ رَبِّكِ ذُلُلاً" : "Et ton Pourvoyeur a inspiré à l'abeille : (...)" (Coran 16/68-69). Ce Wah'y que Dieu a fait à l'abeille de prendre telle demeure de telle et telle chose, et de manger de tous fruits consiste à avoir créé en elle ce savoir-faire ; et pas à lui avoir parlé. Cela relève également du Amr ullâh at-Takwînî.
Dans le verset suivant, Amr ullâh signifie : "Décision de Dieu" : "يَا إِبْرَاهِيمُ أَعْرِضْ عَنْ هَذَا إِنَّهُ قَدْ جَاء أَمْرُ رَبِّكَ وَإِنَّهُمْ آتِيهِمْ عَذَابٌ غَيْرُ مَرْدُودٍ" (Coran 11/76).
Le Amr ullâh at-Takwînî consiste :
--- parfois à ce que Dieu adresse un ordre verbal ("Sois !") à la chose ;
--- et parfois tout simplement à ce que Dieu crée en la chose une propriété, soit générale (comme dans le cas de l'abeille), soit particulière.
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– 3) Idhn ullâh at-Takwînî :
La formule "Idhn Takwînî" semble désigner quelque chose d'un peu particulier à l'intérieur de la générale Irâda Takwîniyya :
Le "Idhn Takwînî" de Dieu s'applique aux cas où une cause créée par Dieu (sabab makhlûq) est à l'œuvre : on dit alors que, pour que cette cause produise son effet, il est nécessaire que Dieu ait permis (Idhn) que cet effet voie le jour, car Il aurait pu empêcher cela par le fait de faire intervenir une contre-cause, ou tout simplement anéantir la première cause. Rien n'est donc Mustaqill 'an-illâh.
Même quand un prophète fait une action dont l'effet est miraculeux, vu que ce prophète est seulement la cause de cet effet, il est précisé : "bi Idhnillâh". Dieu dit au sujet de Jésus : "إِذْ قَالَ اللّهُ يَا عِيسى ابْنَ مَرْيَمَ اذْكُرْ نِعْمَتِي عَلَيْكَ وَعَلَى وَالِدَتِكَ إِذْ أَيَّدتُّكَ بِرُوحِ الْقُدُسِ تُكَلِّمُ النَّاسَ فِي الْمَهْدِ وَكَهْلاً وَإِذْ عَلَّمْتُكَ الْكِتَابَ وَالْحِكْمَةَ وَالتَّوْرَاةَ وَالإِنجِيلَ وَإِذْ تَخْلُقُ مِنَ الطِّينِ كَهَيْئَةِ الطَّيْرِ بِإِذْنِي فَتَنفُخُ فِيهَا فَتَكُونُ طَيْرًا بِإِذْنِي وَتُبْرِىءُ الأَكْمَهَ وَالأَبْرَصَ بِإِذْنِي وَإِذْ تُخْرِجُ الْمَوتَى بِإِذْنِي وَإِذْ كَفَفْتُ بَنِي إِسْرَائِيلَ عَنكَ إِذْ جِئْتَهُمْ بِالْبَيِّنَاتِ فَقَالَ الَّذِينَ كَفَرُواْ مِنْهُمْ إِنْ هَذَا إِلاَّ سِحْرٌ مُّبِينٌ" (Coran 5/110). Le premier de ces 4 "bi idhnî" pourrait être une Idhn Tashrî'î (Bayân ul-qur'ân). Les 3 autres "bi idhnî" sont des Idhn Takwînî : Dieu veut dire à Jésus que le souffle qu'il faisait sur la forme de boue entraînait cet effet (la transformation de la forme de boue en oiseau vivant), oui, mais cela par la Permission Takwînî de Dieu ; et pas de façon autonome par rapport à Dieu ; c'est Dieu qui crée cet effet à partir de ce souffle ; et Il peut cesser cette causalité quand Il le veut. "وقوله: {وإذ تخلق من الطين كهيئة الطير بإذني} أي: تصوره وتشكله على هيئة الطائر بإذني لك في ذلك، {فيكون طائرا بإذني} أي: فتنفخ في تلك الصورة التي شكلتها بإذني لك في ذلك، فتكون طيرا ذا روح بإذن الله وخلقه" (Tafsîr Ibn Kathîr).
Un verset se lit ainsi : "وَهُوَ الَّذِي يُرْسِلُ الرِّيَاحَ بُشْرًا بَيْنَ يَدَيْ رَحْمَتِهِ حَتَّى إِذَا أَقَلَّتْ سَحَابًا ثِقَالاً سُقْنَاهُ لِبَلَدٍ مَّيِّتٍ فَأَنزَلْنَا بِهِ الْمَاء فَأَخْرَجْنَا بِهِ مِن كُلِّ الثَّمَرَاتِ كَذَلِكَ نُخْرِجُ الْموْتَى لَعَلَّكُمْ تَذَكَّرُونَ وَالْبَلَدُ الطَّيِّبُ يَخْرُجُ نَبَاتُهُ بِإِذْنِ رَبِّهِ وَالَّذِي خَبُثَ لاَ يَخْرُجُ إِلاَّ نَكِدًا كَذَلِكَ نُصَرِّفُ الآيَاتِ لِقَوْمٍ يَشْكُرُونَ" : "Et le bon pays, sa plante sort avec la Permission de son Seigneur. Et le (pays) qui est mauvais, (sa plante) ne sort qu'insuffisamment / difficilement" (Coran 7/57-58). "ثم ذكر تفاوت الأراضي التي ينزل عليها المطر، فقال: {وَالْبَلَدُ الطَّيِّبُ} أي: طيب التربة والمادة، إذا نزل عليه مطر {يَخْرُجُ نَبَاتُهُ} الذي هو مستعد له {بِإِذْنِ رَبِّهِ} أي: بإرادة اللّه ومشيئته، فليست الأسباب مستقلة بوجود الأشياء، حتى يأذن اللّه بذلك. {وَالَّذِي خَبُثَ} من الأراضي {لَا يَخْرُجُ إِلَّا نَكِدًا} أي: إلا نباتا خاسا لا نفع فيه ولا بركة" (Tafsîr us-Sa'dî).
--- La terre fertile fait pousser abondamment en tant que cause (et cela est naturel), mais cela se produit "avec la Permission de Dieu" eu égard au fait d'une part que cela est wujûdî, et d'autre part que Dieu aurait pu faire entrer en jeu des empêchants (mawâni').
--- La terre infertile ne fait pas pousser abondamment : que sa production soit insuffisante et difficile est dans l'ordre des choses, cela est naturel. La formule "avec la permission de Son Seigneur" n'a ici pas été répétée, vu qu'ici, le fait que les plants ne poussent pas, cela est d'une part 'adamî, et d'autre part est constatable de toute chose dont c'est la nature d'être ainsi.
Dieu rappelle dans le Coran que c'est Lui qui fait pousser les plantes que les hommes mettent en terre après avoir labouré celle-ci ; s'Il le voulait, Il les réduirait en miettes ; et que c'est Lui qui fait tomber la pluie des nuages, et s'Il le voulait, Il rendrait cette eau saumâtre : "أَفَرَأَيْتُم مَّا تَحْرُثُونَ أَأَنتُمْ تَزْرَعُونَهُ أَمْ نَحْنُ الزَّارِعُونَ لَوْ نَشَاء لَجَعَلْنَاهُ حُطَامًا فَظَلَلْتُمْ تَفَكَّهُونَ إِنَّا لَمُغْرَمُونَ بَلْ نَحْنُ مَحْرُومُونَ. أَفَرَأَيْتُمُ الْمَاء الَّذِي تَشْرَبُونَ أَأَنتُمْ أَنزَلْتُمُوهُ مِنَ الْمُزْنِ أَمْ نَحْنُ الْمُنزِلُونَ لَوْ نَشَاء جَعَلْنَاهُ أُجَاجًا فَلَوْلَا تَشْكُرُونَ" (Coran 56/63-72).
L'effet que la sorcellerie entraîne se fait lui aussi "avec la permission (Takwînî) de Dieu" : "وَاتَّبَعُواْ مَا تَتْلُواْ الشَّيَاطِينُ عَلَى مُلْكِ سُلَيْمَانَ وَمَا كَفَرَ سُلَيْمَانُ وَلَكِنَّ الشَّيْاطِينَ كَفَرُواْ يُعَلِّمُونَ النَّاسَ السِّحْرَ وَمَا أُنزِلَ عَلَى الْمَلَكَيْنِ بِبَابِلَ هَارُوتَ وَمَارُوتَ وَمَا يُعَلِّمَانِ مِنْ أَحَدٍ حَتَّى يَقُولاَ إِنَّمَا نَحْنُ فِتْنَةٌ فَلاَ تَكْفُرْ فَيَتَعَلَّمُونَ مِنْهُمَا مَا يُفَرِّقُونَ بِهِ بَيْنَ الْمَرْءِ وَزَوْجِهِ وَمَا هُم بِضَآرِّينَ بِهِ مِنْ أَحَدٍ إِلاَّ بِإِذْنِ اللّهِ وَيَتَعَلَّمُونَ مَا يَضُرُّهُمْ وَلاَ يَنفَعُهُمْ وَلَقَدْ عَلِمُواْ لَمَنِ اشْتَرَاهُ مَا لَهُ فِي الآخِرَةِ مِنْ خَلاَقٍ وَلَبِئْسَ مَا شَرَوْاْ بِهِ أَنفُسَهُمْ لَوْ كَانُواْ يَعْلَمُونَ" (Coran 2/102). Cela est wujûdî.
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– Ce qui est évoqué dans le verset parlant de Dieu en ces termes : "رَبُّنَا الَّذِي أَعْطَى كُلَّ شَيْءٍ خَلْقَهُ ثُمَّ هَدَى" : "Notre Pourvoyeur est Celui qui a donné à chaque chose son [apparence et ce qui lui convient], puis l'a guidée" (Coran 20/49-50), cela implique que Dieu a conféré à chaque chose une nature et des propriétés intrinsèques :
Shâh Waliyyullâh écrit :
"La Raison et les Textes des 2 Sources montrent que Dieu a créé ce monde sous forme d'espèces et de genres, et a conféré à chaque espèce et genre des particularités. (...) Et de ce principe relèvent toutes les espèces de minéraux, végétaux et animaux.
Et l'habitude de Dieu est que les particularités ne se défont pas de ce dont elles ont été faites particularités. (...)
Et le Prophète (que Dieu l'élève et le salue) a mentionné les particularités de plusieurs choses, et a attribué à celles-ci leurs effets. Ainsi en est-il de sa parole : "Le mets "Talbîna" soulage le cœur du malade, en en faisant disparaître une partie de l'affliction" ; de sa parole au sujet du grain de nigelle : "remède pour toute maladie, sauf la mort" ; de sa parole au sujet de l'urine et du lait de chamelle : "remède pour les ventres atteints de maladie" ; et de sa parole au sujet de l'euphorbe : "chaud, drainant"" :
"وقد دل العقل والنقل على أن الله تعالى خلق العالم أنواعا وأجناسا، وجعل لكل نوع وجنس خواص. فنوع الإنسان مثلا خاصته النطق، وظهور البشرة واستواء القامة، وفهم الخطاب. ونوع الفرس خاصته الصهيل، وكون بشرته شعراء، وقامته عوجاء، وألا يفهم الخطاب. وخاصة السم إهلاك الإنسان الذي يتناوله. وخاصة الزنجبيل الحرارة واليبوسة. وخاصة الكافور البرودة. وعلى هذا القياس جميع الأنواع من المعدن والنبات والحيوان. وجرت عادة الله تعالى ألا تنفك الخواص عما جعلت خواص لها؛ وأن تكون مشخصات الأفراد خصوصا في تلك الخواص وتعينا لبعض محتملاتها، فكذلك مميزات الأنواع خصوصا في خواص أجناسها؛ وأن تكون معاني هذه الأسامي المترتبة في العموم والخصوص (كالجسم والنامي والحيوان والإنسان وهذا الشخص) متمازجة متشابكة في الظاهر، ثم يدرك العقل الفرق بينها ويضيف كل خاصة إلى ما هي خاصة له. وقد بين النبي صلى الله عليه وسلم خواص كثير من الأشياء، وأضاف الآثار إليها، كقوله صلى الله عليه وسلم: "التلبينة مجمة لفؤاد المريض"، وقوله في الحبة السوداء: "شفاء من كل داء إلا السام"، وقوله في أبوال الإبل وألبانها: "شفاء للذربة بطونهم" وقوله في الشبرم: "حار جار" (Hujjât ullâh il-bâligha 1/47-48).
L'homme et la femme ont, eux aussi, au-delà de leur essence humaine commune, des natures particulières. Et ces natures ont des incidences sur certains traits de leur caractère et de leur comportement.
On le voit avec le feu : sa propriété est qu'il brûle :
– Dieu a créé le feu avec la propriété qu'il brûle. Cette causalité est due à un Amr ullâh at-Takwînî général (de type D, tel qu'exposé dans notre autre article), donné au feu de brûler. Et...
... Et, à chaque fois que le feu est en contact avec un combustible, il brûle par une Idhn ullâh at-Takwînî habituelle. Exactement comme "le bon pays : sa plante sort avec la Permission de son Seigneur" (Coran 7/57-58).
Pourquoi encore une Idhn ullâh ? Le Amr ullâh de brûler ne suffit-il pas ?
Il y a encore besoin d'une Idhn ullâh d'une part parce que rien ne se déroule sans que Dieu l'ait voulu (Irâda Takwîniyya). Et d'autre part parce que Dieu aurait pu :
----- faire intervenir des Causes qui sont créées et sont normales, pour faire qu'il y ait empêchement de l'inflammation : soit de l'eau ; soit un fort vent ; soit un jet de sable sur le feu ; etc.
----- ou faire intervenir, de façon inhabituelle, des causes qui sont créées (comme les Anges) pour faire que l'inflammation soit empêchée par leur effet ;
----- ou bien intervenir par Sa Parole "Sois !" pour suspendre l'effet du feu (comme Il l'a fait pour le feu dans lequel Abraham allait tomber).
– C'est bien parce que le feu possède cette propriété intrinsèque de brûler que nous lisons le hadîth suivant : Le Prophète (sur lui soit la paix), envoyant un groupe de Compagnons en expédition, nomma un des leurs comme dirigeant, et dit aux autres de lui obéir. Or, en chemin, un jour, ce dirigeant, étant énervé, demanda à ses compagnons de rassembler du bois mort, leur dit d'y mettre le feu, puis leur dit d'y entrer au motif qu'ils lui devaient obéissance. Mais certains refusèrent tout net d'y entrer, alors que d'autres hésitèrent. Sur ces entrefaites, la colère du dirigeant retomba et le feu s'éteignit. Quand ils furent rentrés à Médine, le Prophète (sur lui soit la paix), mis au courant de l'incident, dit : "S'ils y étaient entrés, ils y seraient restés jusqu'au jour de la résurrection [= ils auraient mérité le feu dans le Barzakh] ! L'obéissance (au amîr) ne se fait que dans le convenable !".
"عن علي رضي الله عنه أن النبي صلى الله عليه وسلم بعث جيشا، وأمر عليهم رجلا. فأوقد نارا وقال: ادخلوها، فأرادوا أن يدخلوها، وقال آخرون: إنما فررنا منها، فذكروا للنبي صلى الله عليه وسلم، فقال للذين أرادوا أن يدخلوها: "لو دخلوها لم يزالوا فيها إلى يوم القيامة"، وقال للآخرين: "لا طاعة في معصية. إنما الطاعة في المعروف" (al-Bukhârî, 6830 etc., Muslim, 1840). "عن علي رضي الله عنه قال: بعث النبي صلى الله عليه وسلم سرية، وأمر عليهم رجلا من الأنصار، وأمرهم أن يطيعوه. فغضب عليهم، وقال: أليس قد أمر النبي صلى الله عليه وسلم أن تطيعوني؟ قالوا: بلى، قال: "قد عزمت عليكم لما جمعتم حطبا، وأوقدتم نارا، ثم دخلتم فيها." فجمعوا حطبا، فأوقدوا نارا. فلما هموا بالدخول، فقام ينظر بعضهم إلى بعض، قال بعضهم: إنما تبعنا النبي صلى الله عليه وسلم فرارا من النار أفندخلها؟ فبينما هم كذلك، إذ خمدت النار، وسكن غضبه، فذكر للنبي صلى الله عليه وسلم، فقال: "لو دخلوها ما خرجوا منها أبدا. إنما الطاعة في المعروف" (al-Bukhârî, 6726).
Ce qui nous intéresse ici c'est que le Prophète (sur lui soit la paix) ne leur a pas dit : "Le feu ne fait rien, c'est Allah qui fait ! Dieu aurait pu le rendre froid et salutaire pour eux, comme Il l'a fait pour Son Ami (Abraham). Surtout que dans leur cas il s'agissait de se conformer à l'ordre expresse que je leur avais donné d'obéir à cet émir."
Tout au contraire, c'est bien parce que le feu a la propriété de brûler que le Prophète (sur lui soit la paix) leur a dit que s'ils y étaient entrés, ils auraient commis un interdit (car il est interdit de se suicider). Le fait est qu'il est exceptionnel que le feu devienne froid et salutaire pour celui qui s'y trouve.
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– 2') Amr ullâh at-Takwînî al-Makhsûs :
– Dans le cas de Abraham (sur lui soit la paix), si le feu dans lequel il a été jeté ne l'a pas du tout brûlé, c'est aussi par la Volonté de Dieu ; cependant cela constitue un miracle...
... un événement où Dieu a voulu (Irâda Takwîniyya) que la causalité soit suspendue, et où il y a eu un Amr ullâh at-Takwînî particulier, par le biais d'un Qawl ullâh at-Takwînî (le Qawl ullâh est incréé) : un "Sois !" (quelque chose du type B, tel qu'exposé dans notre autre article) : en effet, Dieu a alors dit à ce feu de ne pas brûler : "قَالُوا ابْنُوا لَهُ بُنْيَانًا فَأَلْقُوهُ فِي الْجَحِيمِ فَأَرَادُوا بِهِ كَيْدًا فَجَعَلْنَاهُمُ الْأَسْفَلِينَ" (Coran 37/97-98) ; "قَالُوا حَرِّقُوهُ وَانصُرُوا آلِهَتَكُمْ إِن كُنتُمْ فَاعِلِينَ قُلْنَا يَا نَارُ كُونِي بَرْدًا وَسَلَامًا عَلَى إِبْرَاهِيمَ وَأَرَادُوا بِهِ كَيْدًا فَجَعَلْنَاهُمُ الْأَخْسَرِينَ" : "Nous dîmes : "Feu, sois fraîcheur et paix sur Abraham !"" (Coran 21/68-70).
– De l'épisode avec le prophète Abraham (sur lui soit la paix), on ne peut donc pas déduire de façon absolue et universelle, comme deux options parfaitement égales : "Le feu ne fait rien : il peut brûler, comme il peut ne pas brûler, comme on le voit avec l'histoire du prophète Abraham (sur lui soit la paix)."
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– Or il existe justement ici 2 extrêmes, qu'il s'agit d'éviter :
– l'extrême des "الطبعيّون" / " الطبائعيّون", les "Tab'iyyûn", qui considèrent les causes présentes dans l'Univers comme "des causes impliquant d'elles-mêmes" (مؤثرة بالاستقلال), sans croire que le Pouvoir de Dieu est lui aussi à l'oeuvre ; donc sans croire au besoin de Idhn ullâh at-takwînî ;
– et l'extrême de ces Mutakallimûn qui rendent les causes présentes dans l'Univers comme "de simples indicateurs du moment où Dieu va créer tel effet", sans qu'elles ont un effet réel sur ce qui en résulte ; donc sans croire qu'elles exercent un effet intrinsèque (غير مؤثرة، وإنما علامات لأوان وجود الأثر). Al-Qurtubî dit ainsi (avec tout le respect qu'on lui doit) : "قال القرطبي: وفي جواب النبي صلى الله عليه وسلم للأعرابي جواز مشافهة من وقعت له شبهة في اعتقاده بذكر البرهان العقلي إذا كان السائل أهلا لفهمه وأما من كان قاصرا فيخاطب بما يحتمله عقله من الإقناعيات قال: وهذه الشبهة التي وقعت للأعرابي هي التي وقعت للطبائعيين أولا وللمعتزلة ثانيا. فقال الطبائعيون بتأثير الأشياء بعضها في بعض وإيجادها إياها وسموا المؤثر طبيعة. وقال المعتزلة بنحو ذلك في الحيوانات والمتولدات وأن قدرهم مؤثرة فيها بالإيجاد وأنهم خالقون لأفعالهم مستقلون باختراعها. واستند الطائفتان إلى المشاهدة الحسية ونسبوا من أنكر ذلك إلى إنكار البديهة. وغلط من قال ذلك منهم غلطا فاحشا، لالتباس إدراك الحس بإدراك العقل؛ فإن المشاهد إنما هو تأثير شيء عند شيء آخر وهذا حظ الحس؛ فأما تأثيره فهو فيه حظ العقل؛ فالحس أدرك وجود شيء عند وجود شيء وارتفاعه عند ارتفاعه؛ أما إيجاده به فليس للحس فيه مدخل، فالعقل هو الذي يفرق فيحكم بتلازمهما عقلا أو عادة مع جواز التبدل عقلا والله أعلم" (FB 10/299).
– La vérité se trouve entre ces deux extrêmes :
--- d'un côté, et ce, différemment de ce que disent ces Mutakallimûn, les créatures ont été créées par Dieu dotés de propriétés naturelles. Ainsi : l'eau fait pousser les plantes ; le feu brûle ;
--- d'un autre côté, et ce, contrairement à ce que disent les Tab'iyyûn, l'effet que la créature a la capacité d'engendrer, cet effet ne peut malgré tout voir le jour que par la Permission Takwînî de Dieu (بإذن الله التكويني). D'une part parce que rien ne se déroule sans que Dieu l'ait voulu (Volonté Takwînî). D'autre part parce que Dieu aurait pu empêcher cet effet d'apparaître :
----- en faisant intervenir des Causes qui sont créées et sont normales ;
----- en faisant intervenir, de façon inhabituelle, des causes qui sont créées (comme les Anges) ;
----- ou intervenant Lui-même par Sa Parole "Sois !".
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Ibn Taymiyya écrit qu'il y a un juste milieu entre les deux extrêmes suscités :
"وأهل السنة لا ينكرون وجود ما خلقه الله من الأسباب، ولا يجعلونها مستقله بالآثار، بل يعلمون أنه ما من سبب مخلوق إلا وحكمه متوقف على سبب آخر، وله موانع تمنع حكمه. كما أن الشمس سبب في الشعاع، وذلك موقوف على حصول الجسم القابل به، وله مانع كالسحاب والسقف. والله خالق الأسباب كلها، ودافع الموانع" : "Les Sunnites ne renient pas l'existence des causes que Dieu a créées [comme le font les Jahmites et des Mutakallimûn] ; et ils ne rendent pas [non plus] ces (causes) indépendantes pour (engendrer) leurs effets [comme le font les Tab'iyyûn]. Ils savent qu'il n'est de cause créée, que son effet ne dépende d'une autre cause (aussi), et qui n'ait d'empêchants qui empêchent son effet (de se produire). (...) Et Dieu est le Créateur de toutes les causes, et est Celui qui repousse les empêchants" (Dar'u ta'ârudh il-'aql wa-n-naql, 9/29).
Ibn Taymiyya écrit encore :
"قال بعض الفضلاء: تكلم قوم من الناس في إبطال الأسباب والقوى والطبائع، فأضحكوا العقلاء على عقولهم. ثم إن هؤلاء يقولون: "لا ينبغي للإنسان أن يقول: "إنه شبع بالخبز وروي بالماء"، بل يقول: "شبعت عنده ورويت عنده"؛ فإن الله يخلق الشبع والري ونحو ذلك من الحوادث عند هذه المقترنات بها عادة، لا بها. وهذا خلاف الكتاب والسنة؛ فإن الله تعالى يقول: {وهو الذي يرسل الرياح بشرا بين يدي رحمته حتى إذا أقلت سحابا ثقالا سقناه لبلد ميت فأنزلنا به الماء فأخرجنا به من كل الثمرات} الآية وقال تعالى {وما أنزل الله من السماء من ماء فأحيا به الأرض بعد موتها وبث فيها من كل دابة} (...)، وقال {ونزلنا من السماء ماء مباركا فأنبتنا به جنات وحب الحصيد}، وقال تعالى {وهو الذي أنزل من السماء ماء فأخرجنا به نبات كل شيء}، وقال تعالى {ألم تر أن الله أنزل من السماء ماء فأخرجنا به ثمرات مختلفا ألوانها}" :
"Un illustre personnage a dit : "Des personnes ont nié les causes, les forces et les natures. Elles ont alors fait rire les gens sensés." Ces personnes disent : "Il ne convient pas à l'homme de dire qu'il a été rassasié par le pain et désaltéré par l'eau, mais (il convient) plutôt de dire : "J'ai été rassasié au moment de (manger) le pain, et ai été désaltéré au moment de (boire) l'eau". Car Dieu crée la satiété et l'étanchement, ainsi qu'autres accidents, au moment de ces choses se produisant en même temps qu'eux, de façon régulière ; et non pas : par ces choses." Or ce (propos) est contraire au Coran et la Sunna" (MF 8/137).
Dieu dit en effet : "وَأَلْقَى فِي الأَرْضِ رَوَاسِيَ أَن تَمِيدَ بِكُمْ وَأَنْهَارًا وَسُبُلاً لَّعَلَّكُمْ تَهْتَدُونَ وَعَلامَاتٍ وَبِالنَّجْمِ هُمْ يَهْتَدُونَ" (Coran 16/15-16) : dans ce verset, Dieu a présenté les montagnes comme moyens évitant à la Terre de vaciller, emportant les hommes : "Il a jeté sur la Terre des ancres, (pour éviter) qu'elle vacille avec vous". On voit ici que Dieu Lui-même dit avoir placé les montagnes comme des moyens entraînant cet effet.
"وَهُوَ الَّذِي يُرْسِلُ الرِّيَاحَ بُشْرًا بَيْنَ يَدَيْ رَحْمَتِهِ حَتَّى إِذَا أَقَلَّتْ سَحَابًا ثِقَالاً سُقْنَاهُ لِبَلَدٍ مَّيِّتٍ فَأَنزَلْنَا بِهِ الْمَاء فَأَخْرَجْنَا بِهِ مِن كُلِّ الثَّمَرَاتِ" (Coran 7/57). Par le moyen du vent Dieu a fait se soulever un gros nuage ; par le moyen de ce nuage Dieu a fait tomber la pluie ; et par le moyen de cette pluie Dieu a fait apparaître des plantes et, ainsi, toutes sortes de fruits.
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Ibn Taymiyya écrit également ceci :
"Dans ce monde et dans l'autre, rien ne vient à l'existence sans Cause. Et Dieu est Créateur des Causes et de leurs Effets. C'est pourquoi quelqu'un a dit : "Se tourner vers les Causes (seulement) est du Shirk fi-t-tawhîd. Effacer les Causes d'être des Causes est un manquement dans la raison. Et se détourner totalement des Causes est une remise en question de la Shar'." Les seules causes n'impliquent pas l'engendrement de l'effet. Ainsi, lorsque l'eau tombe sous forme de pluie, et que la graine est plantée, cela ne suffit pas pour l'obtention de la plante : il faut encore un vent la faisant grandir avec la permission de Dieu ; et il est nécessaire de détourner d'elle la négation [= ce qui la détruirait]. Il faut donc : l'accomplissement des conditions et l'absence des empêchants. Et tout cela se fait par le Décret et le Destin de Dieu. De même, l'enfant n'apparaît pas par la seule émission de liquide séminal dans la partie intime féminine. Combien de personnes ont fait ainsi et n'ont pas eu d'enfant ! Il faut au contraire que Dieu ait voulu que (cet enfant) soit créé ; alors la femme devient enceinte et fait grandir (cet enfant) dans son ventre ; (et il faut) l'accomplissement de toutes les conditions par lesquelles l'être physique de cet (enfant) deviendra complet, ainsi que l'absence des empêchants" :
"فليس في الدنيا والآخرة شيء إلا بسبب؛ والله خالق الأسباب والمسببات. ولهذا قال بعضهم: "الالتفات إلى الأسباب شرك في التوحيد؛ ومحو الأسباب أن تكون أسبابا نقص في العقل؛ والإعراض عن الأسباب بالكلية قدح في الشرع." ومجرد الأسباب لا يوجب حصول المسبب؛ فإن المطر إذا نزل وبذر الحب، لم يكن ذلك كافيا في حصول النبات، بل لا بد من ريح مربية بإذن الله، ولا بد من صرف الانتفاء عنه؛ فلا بد من تمام الشروط وزوال الموانع وكل ذلك بقضاء الله وقدره. وكذلك الولد لا يولد بمجرد إنزال الماء في الفرج؛ بل كم من أنزل ولم يولد له؛ بل لا بد من أن الله شاء خلقه فتحبل المرأة وتربيه في الرحم، وسائر ما يتم به خلقه من الشروط وزوال الموانع. وكذلك أمر الآخرة ليس بمجرد العمل ينال الإنسان السعادة، بل هي سبب؛ ولهذا قال النبي صلى الله عليه وسلم "إنه لن يدخل أحدكم الجنة بعمله" قالوا: "ولا أنت يا رسول الله؟" قال: "ولا أنا إلا أن يتغمدني الله برحمة منه وفضل" (MF 8/70-71).
"Pour ce qui est de leur propos : "Effacer les Causes d'être des Causes est un manquement dans la raison", eh bien les choses sont réellement ainsi. Et cela constitue "une remise en question de la Shar'" également. Car beaucoup de Mutakallimûn ont nié totalement les Causes, et ont déclaré leur présence égale à leur absence. (Tandis que) les Tab'iyyûn ont fait des Causes des Choses Impliquant Nécessairement. (Pour leur part) les Mutazilites ont fait la distinction entre les actions de l'être animé et les autres choses. Ces trois avis sont erronés" :
"وأما قولهم: "محو الأسباب أن تكون أسبابا نقص في العقل"، فهو كذلك. "وهو طعن في الشرع" أيضا؛ فإن كثيرا من أهل الكلام أنكروا الأسباب بالكلية وجعلوا وجودها كعدمها. كما أن أولئك الطبعيين جعلوها عللا مقتضية. وكما أن المعتزلة فرقوا بين أفعال الحيوان وغيرها. والأقوال الثلاثة باطلة؛ فإن الله يقول {وهو الذي يرسل الرياح بشرا بين يدي رحمته حتى إذا أقلت سحابا ثقالا سقناه لبلد ميت فأنزلنا به الماء فأخرجنا به من كل الثمرات} وقال تعالى: {وما أنزل الله من السماء من ماء فأحيا به الأرض بعد موتها} وقال تعالى: {يهدي به الله من اتبع رضوانه سبل السلام} وقال تعالى: {يضل به كثيرا ويهدي به كثيرا} وأمثال ذلك فمن قال يفعل عندها لا بها فقد خالف لفظ القرآن مع أن الحس والعقل يشهد أنها أسباب ويعلم الفرق بين الجبهة وبين العين في اختصاص أحدهما بقوة ليست في الآخر وبين الخبز والحصى في أن أحدهما يحصل به الغذاء دون الآخر" (MF 8/175).
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At-Tabarî écrit pour sa part :
"La vérité est que celui qui s'en remet à Dieu et a la certitude que Son Décret s'appliquera à lui, le fait d'avoir recours aux moyens ne gênera pas son Tawakkul, et cela par conformité avec la Sunna de Dieu et la Sunna de Son Messager ; ce dernier (que Dieu l'élève et le salue) a porté une armure sur une autre lors du combat, a revêtu le heaume, a placé les archers sur l'entrée du vallon, a fait creuser un fossé autour de Médine, a autorisé à émigrer en Abyssinie et à Médine, y a émigré lui-même, a employé les moyens du manger et du boire, a fait des provisions pour sa famille et n'a pas attendu que cela descende du ciel - alors qu'il était celui de toute la création qui méritait le plus que cela se produise pour lui - ; et à celui qui a lui demandé : "Entraverai-je ma chamelle ou la laisserai-je telle quelle ?", il a répondu : "Entrave-la et remets-toi à Dieu", montrant ainsi que prendre ses précautions n'empêche pas de s'en remettre à Dieu. Et Dieu est plus Savant" :
"قال الطبري: قيل: لا يستحق التوكل إلا من لم يخالط قلبه خوف من شيء ألبتة حتى السبع الضاري والعدو العادي ولا من لم يسع في طلب رزق ولا في مداواة ألم. والحق أن من وثق بالله وأيقن أن قضاءه عليه ماض، لم يقدح في توكله تعاطيه الأسباب اتباعا لسنته وسنة رسوله؛ فقد ظاهر صلى الله عليه وسلم في الحرب بين درعين ولبس على رأسه المغفر وأقعد الرماة على فم الشعب وخندق حول المدينة وأذن في الهجرة إلى الحبشة وإلى المدينة وهاجر هو وتعاطى أسباب الأكل والشرب وادخر لأهله قوتهم ولم ينتظر أن ينزل عليه من السماء وهو كان أحق الخلق أن يحصل له ذلك وقال للذي سأله أعقل ناقتي أو أدعها قال اعقلها وتوكل فأشار إلى أن الاحتراز لا يدفع التوكل والله أعلم" (Fat'h ul-bârî 10/261).
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Ibn Hazm exprime son désaccord avec la perception des Acharites :
"Les Acharites ont adopté la réfutation des natures, et ont dit : "Il n'y a pas de chaleur dans le feu, ni de froid dans la glace, ni de nature dans ce monde." Et ils ont dit : "La chaleur du feu et le froid de laglace ne se produisent qu'au moment de (les) toucher." Et ils ont dit : "Il n'y a pas non plus dans l'alcool la propriété d'enivrer, ni dans la semence l'énergie par laquelle un être animé viendra à la vie, mais Dieu crée à partir de cela ce qu'Il veut : il est possible qu'Il crée à partir de la semence humaine un dromadaire, de la semence des ânes un homme, et d'un plant de vigne un dattier." (...)
J'ai débattu avec l'un d'eux à ce sujet, et lui ai dit : "La langue dans laquelle le Coran est descendu réfute votre propos, car..." :
"قال أبو محمد: ذهبت الأشعرية إلى إنكار الطبائع جملة وقالوا: ليس في النار حر، ولا في الثلج برد، ولا في العالم طبيعة أصلا. وقالوا: إنما حدث حر النار جملة وبرد الثلج عند الملامسة. قالوا: ولا في الخمر طبيعة إسكار، ولا في المني قوة يحدث بها حيوان، ولكن الله عز وجل يخلق منه ما شاء، وقد كان ممكنا أن يحدث من مني الرجال جملا، ومن مني الحمار إنسانا، ومن زريعة الكرم نخلا.
قال أبو محمد: (...) وقد ناظرت بعضهم في ذلك فقلت له إن اللغة التي نزل بها القرآن تبطل قولكم لأن" (Al-Fissal, 1/183).
Ce que des Acharites ont dit là n'est pas totalement faux, mais c'est la généralité qui en est erronée. Dieu a bien fait apparaître, d'une montagne, une chamelle pleine : cela s'est passé sous le prophétat de Sâlih (sur lui soit la paix), à l'intention des Thamûd. Cependant, ce fut un miracle (donc quelque chose de contraire aux lois que Dieu a mises en place) (nous y reviendrons en fin d'article, au point VI) ; on ne peut pas en déduire qu'aucune créature n'a de propriété.
Shâh Waliyyullâh écrit :
"اعلم أن لله تعالى بالنسبة إلى إيجاد العالم ثلاث صفات مترتبة:
أحدها: الإبداع: وهو إيجاد شيء لا من شيء، فيخرج الشيء من كتم العدم بغير مادة. وسئل رسول الله صلى الله عليه وسلم عن أول هذا الأمر؟ فقال: "كان الله ولم يكن شيء قبله.
والثانية: الخلق: وهو إيجاد الشيء من شيء، كما خلق آدم {من التراب} {وخلق الجان من مارج من نار}. وقد دل العقل والنقل على أن الله تعالى خلق العالم أنواعا وأجناسا، وجعل لكل نوع وجنس خواص. فنوع الإنسان مثلا خاصته النطق، وظهور البشرة واستواء القامة، وفهم الخطاب. ونوع الفرس خاصته الصهيل، وكون بشرته شعراء، وقامته عوجاء، وألا يفهم الخطاب. وخاصة السم إهلاك الإنسان الذي يتناوله. وخاصة الزنجبيل الحرارة واليبوسة. وخاصة الكافور البرودة. وعلى هذا القياس جميع الأنواع من المعدن والنبات والحيوان. وجرت عادة الله تعالى ألا تنفك الخواص عما جعلت خواص لها؛ وأن تكون مشخصات الأفراد خصوصا في تلك الخواص وتعينا لبعض محتملاتها، فكذلك مميزات الأنواع خصوصا في خواص أجناسها؛ وأن تكون معاني هذه الأسامي المترتبة في العموم والخصوص (كالجسم والنامي والحيوان والإنسان وهذا الشخص) متمازجة متشابكة في الظاهر، ثم يدرك العقل الفرق بينها ويضيف كل خاصة إلى ما هي خاصة له. وقد بين النبي صلى الله عليه وسلم خواص كثير من الأشياء، وأضاف الآثار إليها، كقوله صلى الله عليه وسلم: "التلبينة مجمة لفؤاد المريض"، وقوله في الحبة السوداء: "شفاء من كل داء إلا السام"، وقوله في أبوال الإبل وألبانها: "شفاء للذربة بطونهم" وقوله في الشبرم: "حار جار".
والثالثة: تدبير عالم المواليد: ومرجعه إلى تصيير حوادثها موافقة للنظام الذي ترتضيه حكمته مفضية إلى المصلحة التي اقتضاها وجوده. كما أنزل من السحاب مطرا، وأخرج به نبات الأرض ليأكل منه الناس والأنعام، فيكون سببا لحياتهم إلى أجل معلوم. وكما أن إبراهيم صلوات الله عليه ألقي في النار، فجعلها الله بردا وسلاما، ليبقى حيا. وكما أن أيوب عليه السلام كان اجتمع في بدنه مادة المرض، فأنشأ الله تعالى عينا فيها شفاء مرضه. وكما أن الله تعالى نظر إلى أهل الأرض فمقتهم عربهم وعجمهم، فأوحى إلى نبيه صلى الله عليه وسلم أن ينذرهم ويجاهدم، ليخرج من شاء من الظلمات إلى النور.
وتفصيل ذلك أن القوى المودعة في المواليد التي لا تنفك عنها، لما تزاحمت وتصادمت، أوجبت حكمة الله حدوث أطوار مختلفة، بعضها جواهر وبعضها أعراض (والأعراض إما أفعال أو إرادات من ذوات الأنفس أو غيرها). وتلك الأطوار لا شر فيها - بمعنى عدم صدور ما يقتضيه سببه أو صدور ضد ما يقتضيه -؛ والشيء الذي اعتبر بسببه المقتضى لوجوده، كان حسنا لا محالة؛ كالقطع: حسن من حيث أنه يقتضيه جوهر الحديد، وإن كان قبيحا من حيث فوت بنية إنسان. لكن فيها شر بمعنى حدوث شيء غيره أوفق بالمصلحة منه باعتبار الآثار أو عدم حدوث شيء آثاره محمودة. وإذا تهيأت أسباب هذا الشر، اقتضت رحمة الله بعباده ولطفه بهم وعموم قدرته على الكل وشمول علمه بالكل أن يتصرف في تلك القوى والأمور الحاملة لها بالقبض والبسط والإحالة والإلهام، حتى تفضى تلك الجملة إلى الأمر المطلوب" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/47-50).
"باب ذكر سنة الله التي أشير إليها في قوله تعالى {ولن تجد لسنة الله تبديلا}: اعلم أن بعض أفعال الله يترتب على القوى المودعة في العالم بوجه من وجوه الترتب؛ شهد بذلك النقل والعقل. قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن الله خلق آدم من قبضة قبضها من جميع الأرض، فجاء بنو آدم على قدر الأرض، منهم الأحمر والأبيض والأسود، وبين ذلك، والسهل والحزن، والخبيث والطيب". وسأله عبد الله بن سلام: "ما ينزع الولد إلى أبيه أو إلى أمه؟" فقال: "إذا سبق ماء الرجل ماء المرأة نزع الولد؛ وإذا سبق ماء المرأة ماء الرجل نزعت". ولا أرى أحدا يشك في أن الإماتة تستند إلى الضرب بالسيف أو أكل السم، وأن خلق الولد في الرحم يكون عقيب صب المني، وأن خلق الحبوب والأشجار يكون عقيب البذر والغرس والسقي. ولأجل هذه الاستطاعة جاء التكليف، وأمروا ونهوا، وجوزوا بما عملوا.
فتلك القوى، منها: خواص العناصر وطبائعها؛ ومنها: الأحكام التي أودعها الله في كل صورة نوعية؛ ومنها: أحوال عالم المثال والوجود المقضي به هنالك قبل الوجود الأرضي؛ ومنها: أدعية الملأ الأعلى بجهد هممهم لمن هذب نفسه أو سعى في إصلاح الناس، وعلى من خالف ذلك؛ ومنها: الشرائع المكتوبة على بني آدم وتحقق الإيجاب والتحريم، فإنها سبب ثواب المطيع وعقاب العاصي؛ ومنها: أن يقضي الله تعالى بشيء، فيجر ذلك الشيء شيئا آخر لأنه لازمه في سنة الله، وخرم نظام اللزوم غير مرضي؛ والأصل فيه قول رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إذا قضى الله لعبد أن يموت بأرض جعل له إليها حاجة". فكل ذلك نطقت به الأخبار، وأوجبته ضرورة العقل.
واعلم أنه إذا تعارضت الأسباب التي يترتب عليها القضاء بحسب جري العادة، ولم يمكن وجود مقتضياتها أجمع، وكانت الحكمة حينئذ مراعاة أقرب الأشياء إلى الخير المطلق؛ وهذا هو المعبر عنه بالميزان في قوله صلى الله عليه وسلم:"بيده الميزان يرفع القسط ويخفضه"، وبالشأن في قوله تعالى: {كل يوم هو في شأن}. ثم الترجيح يكون تارة بحال الأسباب أيها أقوى، وتارة بحال الآثار المترتبة أيها أنفع، وبتقديم باب الخلق على باب التدبير ونحو ذلك من الوجوه، فنحن أن قصر علمنا عن إحاطة الأسباب ومعرفة الأحق عن تعارضها نعلم قطعا أنه لا يوجد شيء إلا وهو أحق بأن يوجد، ومن أيقن بما ذكرنا استراح عن اشكالات كثيرة.
أما هيآت الكواكب فمن تأثيرها ما يكون ضروريا كاختلاف الصيف والشتاء وطول النهار وقصره باختلاف أحوال الشمس وكاختلاف الجزر والمد باختلاف أحوال القمر، وجاء في الحديث: "إذا طلع النجم ارتفعت العاهة" يعني بحسب جري العادة. لكن كون الفقر والغنى والجدب والخصب وسائر حوادث البشر بسبب حركات الكواكب فمما لم يثبت في الشرع، قد نهى النبي صلى الله عليه وسلم عن الخوض في ذلك" (Ibid., 1/62-65).
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II) Ce qu'il faut vérifier c'est : Le lien de causalité est-il réellement établi entre les deux ?
Croire que la position de telle étoile dans le ciel (النوء) est une cause naturelle entraînant la pluie, cela est erroné, mais ne dépasse pas le degré de shirk asghar. Le fait est que Dieu n'a nullement conféré à cet élément naturel cet effet (comme Il a conféré au feu la propriété de brûler). C'est ce qui explique le hadîth suivant : "عن زيد بن خالد الجهني، أنه قال: صلى لنا رسول الله صلى الله عليه وسلم صلاة الصبح بالحديبية على إثر سماء كانت من الليلة. فلما انصرف أقبل على الناس فقال: هل تدرون ماذا قال ربكم؟ قالوا: الله ورسوله أعلم. قال: "أصبح من عبادي مؤمن بي وكافر، فأما من قال: "مطرنا بفضل الله ورحمته"، فذلك مؤمن بي وكافر بالكوكب؛ وأما من قال: "بنوء كذا وكذا"، فذلك كافر بي ومؤمن بالكوكب" : "Zayd ibn Khâlid relate que, à Hudaybiya, alors qu'il avait plu la nuit, le Prophète (que Dieu prie sur lui et le salue) se tourna vers les gens après la prière de l'aube, et leur dit : "Savez-vous ce que votre Rabb a dit ? - Dieu et Son Messager savent mieux. - Il a dit : "Ce matin, il en est parmi Mes serviteurs qui sont mu'min en Moi et d'autres qui sont kâfir (en Moi). Celui qui a dit : "Nous avons eu de la pluie par la Grâce et la Miséricorde de Dieu, celui-là est mu'min en Moi et kâfir par rapport à l'étoile. Quant à celui qui a dit : "par la position de telle et telle étoile, celui-là est mu'min en l'étoile, kâfir par rapport à Moi"" (al-Bukhârî 810, Muslim 71). Il s'agit d'un kufr asghar seulement.
Cette considération – aussi erronée soit-elle – est liée à une chose inerte (ميّت). C'est ce qui fait qu'elle constitue un shirk asghar seulement.
( A la différence du fait de croire que l'étoile est un être doué de conscience et de liberté de choix (ذو روح، له اختيار), et qui, ainsi, gère la pluie d'après son choix (اختيار) : cette croyance-là constitue du shirk akbar, même si on croit devoir ajouter : "C'est Dieu qui a confié à l'étoile cette gestion, elle n'est qu'un sabab dans le fait de faire tomber la pluie". Le fait est que, à un être doué de liberté de choix, Dieu n'ayant pas confié la gestion d'une chose aussi importante, croire le contraire constitue du shirk akbar. "أن ينسب حصول الأمطار إلى هذه الأنواء على أنها هي الفاعلة بنفسها دون الله، ولو لم يدعها؛ فهذا شرك أكبر في الربوبية" (Al-Qawl ul-mufîd, pp. 597-598). "قوله: "وأما من قال: مطرنا بنوء كذا وكذا": الباء للسببية؛ "فذلك كافر بي مؤمن بالكوكب": وصار كافرا بالله لأنه أنكر نعمة الله ونسبها إلى سبب لم يجعله الله سببا، فتعلقت نفسه بهذا السبب، ونسي نعمة الله. وهذا الكفر لا يخرج من الملة، لأن المراد نسبة المطر إلى النوء على أنه سبب (وليس إلى النوء على أنه فاعل)، لأنه قال: "مطرنا بنوء كذا" (ولم يقل: "أنزل علينا المطر نوء كذا"، لأنه لو قال ذلك لكان نسبة المطر إلى النوء نسبة إيجاد" (Ibid., p. 609). "القسم الثاني: شرك أصغر، وهو أن يجعل هذه الأنواء سببا، مع اعتقاده أن الله هو الخالق الفاعل؛ لأنّ كل مَن جعل سببا لم يجعله الله سببا، لا بوحيه ولا بقدر، فهو مشرك شركا أصغر" (Ibid., p. 598). "فنسبة المطر إلى النوء تنقسم إلى ثلاثة أقسام: نسبة إيجاد، وهذه شرك أكبر؛ نسبة سبب، وهذه شرك أصغر؛ نسبة وقت، وهذه جائزة، بأن يريد بقوله: "مطرنا بنوء كذا": أي: جاءنا المطر في هذا النوء، أي في وقته" (Ibid., p. 610). Alors, certes, nous savons et croyons que les Anges sont doués de raison et ont en charge le fait de faire pleuvoir, etc. ; cependant, ils n'exercent pas de liberté de choix entre faire et ne pas faire : ils sont simples exécutants des ordres Takwînî de Dieu : "وَمَا نَتَنَزَّلُ إِلَّا بِأَمْرِ رَبِّكَ لَهُ مَا بَيْنَ أَيْدِينَا وَمَا خَلْفَنَا وَمَا بَيْنَ ذَلِكَ" (Coran 19/64) ; "لَا يَعْصُونَ اللَّهَ مَا أَمَرَهُمْ وَيَفْعَلُونَ مَا يُؤْمَرُونَ" (Coran 66/6) ; "وَقَالُوا اتَّخَذَ الرَّحْمَنُ وَلَدًا سُبْحَانَهُ بَلْ عِبَادٌ مُكْرَمُونَ لا يَسْبِقُونَهُ بِالْقَوْلِ وَهُمْ بِأَمْرِهِ يَعْمَلُونَ يَعْلَمُ مَا بَيْنَ أَيْدِيهِمْ وَمَا خَلْفَهُمْ وَلا يَشْفَعُونَ إِلا لِمَنِ ارْتَضَى وَهُمْ مِنْ خَشْيَتِهِ مُشْفِقُونَ وَمَنْ يَقُلْ مِنْهُمْ إِنِّي إِلَهٌ مِنْ دُونِهِ فَذَلِكَ نَجْزِيهِ جَهَنَّمَ كَذَلِكَ نَجْزِي الظَّالِمِينَ" (Coran 21/26-29). )
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Comment connaître le lien de causalité ?
Pour cela, on se réfère :
--- au Coran et à la Sunna (quand ceux-ci expriment qu'il y a un lieu de causalité entre les deux, on y croit) ;
--- aux découvertes faites par les hommes compétents.
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En effet, il n'est pas nécessaire que la causalité de la chose matérielle soit toujours stipulée dans le Coran ou la Sunna. Il faut que cette causalité soit établie, mais on peut l'avoir découverte soit par réception de l'information donnée par le Coran ou la Sunna (shar'an), soit par l'observation ou l'expérimentation (qadaran).
C'est ce qui explique l'épisode de la khata' ijtihâdî fi-l-wâqi' du Prophète (sur lui soit la paix) lorsqu'il assista à la pollinisation (fécondation) à la main des dattiers femelles :
- "عن طلحة قال: مررت مع رسول الله صلى الله عليه وسلم بقوم على رءوس النخل، فقال: "ما يصنع هؤلاء؟" فقالوا: "يلقحونه، يجعلون الذكر في الأنثى فيلقح." فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "ما أظن يغني ذلك شيئا". قال: فأخبروا بذلك، فتركوه. فأخبر رسول الله صلى الله عليه وسلم بذلك فقال: "إن كان ينفعهم ذلك فليصنعوه! فإني إنما ظننت ظنا، فلا تؤاخذوني بالظن؛ ولكن إذا حدثتكم عن الله شيئا، فخذوا به، فإني لن أكذب على الله عز وجل" (Muslim, 2361) ;
- "عن رافع بن خديج قال: قدم نبي الله صلى الله عليه وسلم المدينة، وهم يؤبرون النخل، يقولون: يلقحون النخل. فقال: "ما تصنعون؟" قالوا: "كنا نصنعه." قال: "لعلكم لو لم تفعلوا كان خيرا". فتركوه. فنفضت أو فنقصت. قال: فذكروا ذلك له فقال: "إنما أنا بشر، إذا أمرتكم بشيء من دينكم فخذوا به؛ وإذا أمرتكم بشيء من رأيي، فإنما أنا بشر" (Muslim, 2362) ;
- "عن أنس أن النبي صلى الله عليه وسلم مر بقوم يلقحون، فقال: "و لم تفعلوا لصلح". قال: فخرج شيصا، فمر بهم فقال: "ما لنخلكم؟" قالوا: قلتَ كذا وكذا. قال: "أنتم أعلم بأمر دنياكم" (Muslim, 2363).
Les Mecquois n'étant pas des cultivateurs (mais des commerçants), le Prophète (sur lui soit la paix) ne savait pas que la pollinisation des dattiers femelles à la main est cause nécessaire (hâjî) pour l'augmentation des chances d'avoir (bi idhnillâh) une bonne récolte.
Le Prophète a donc pensé à un moment donné qu'il n'y a pas nécessité - hâja - à procéder à cette pollinisation pour avoir une bonne récolte : il recommanda donc de la délaisser, par kamâl ut-tawakkul al-mustahabb.
Et c'est sur le plan dunyawî qu'il fit une khata' ijtihâdî, par non-expérience. La causalité d'un degré conséquent est bel et bien établie, au point qu'il y a hâja à avoir recours à cette cause...
On notera cependant que le Prophète ne fit qu'exprimer une suggestion : les termes qu'il a alors employés montrent clairement cela : "Peut-être que si vous ne le faisiez pas, ce serait mieux".
Mais on notera aussi que lorsque, ayant suivi sa suggestion et ayant délaissé la pollinisation à la main, ils obtinrent une maigre récolte, et qu'ils vinrent lui en parler, le Messager de Dieu ne leur dit alors pas : "Allah est Capable de faire naître une formidable récolte sans la pollinisation à la main, comme Il est Capable de vous donner une récolte médiocre même avec la pollinisation à la main ! Aussi, si votre récolte a été médiocre cette année, il vous faudra seulement faire davantage de Tasbîhât / Takbîrât / Salawât Nâfila pour l'année prochaine, mais il ne faudra sûrement pas que vous vous remettiez à faire cette pollinisation dont je vous ai donné Mashwara de ne plus la faire"...
Il leur a seulement dit : "Lorsque je vous dis quelque chose relevant du Dîn, prenez-le. (Mais) vous êtes plus connaisseurs de l'affaire de votre Dunyâ ; (aussi) lorsque je vous parle (au sujet de quelque chose du Dunyâ) de ce que j'ai pensé (Zann) sur la base de mon avis (Ra'y) personnel, alors je ne suis qu'un être humain. Si cela [= la pollinisation à la main] est utile aux (gens), alors qu'ils le fassent".
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IV) Ensuite, le lien de causalité ayant été établi, il faut se demander : De quel degré est l'entraînement de cet Effet par cette Cause ?
L'entraînement est-il :
– certain : yaqînî (100/99%) (degré 5) ?
– quasi-certain : maznûn bi zannin aghlab (95/90%) (degré 4) ?
– fort probable : maznûn bi zannin ghâlib (85/70%) (degré 3) ?
– probable : maznûn bi zannin mujarrad (65/60%) (degré 2) ?
– très légèrement probable : maznûn bi zannin dha'îf (55%) (degré 1) ?
– douteux (possible à seulement 50/50%) : mashkûk fihî / mustawi-l-ihtimâlayn (degré 0) ?
– rare : nâdir (moins de 50% de probabilité d'entraînement) (degré en négatif) ?
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En même temps il faut se demander : Quel degré de nécessité la Shar' attribue-t-elle à la réalisation de cet Effet ?
La réalisation de cet effet est-elle, pour l'homme :
– nécessaire de nécessité absolue : dharûrî (degré A) ?
– nécessaire de second ordre : hâjî (degré B) ?
– complémentaire : tahsînî (degré C) ?
– mauvais : isrâfî (degré en négatif) ?
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Nous ne parlons pas ici seulement des causes présentes dans la nature et dont la causalité est démontrée scientifiquement. Nous parlons aussi des actions humaines qui sont susceptibles d'entraîner tel effet :
--- Par exemple, parler en tout bien tout honneur avec des personnes du sexe opposé avec qui on n'est ni marié ni proche parent, cela est, à la base, purement autorisé, mubâh. Par contre, se mettre à plaisanter avec elles, cela constitue un sas (dharî'a) vers l'entrée dans d'autres choses, en soi déconseillées, elle-mêmes étant le sas (dharî'a) vers une trop grande proximité, pouvant être le sas (dharî'a) vers le grand péché. Abû Chuqqa écrit même qu'il faut éviter les conversations qui sont faites de façon longue et répétée avec la même personne de sexe opposé ; cela par mesure de précaution, sadd udh-dharî'a, précise-t-il. Sauf si on ne peut faire autrement, précise-t-il aussi (Tahrîr ul-mar'a fî 'asr ir-rissâla, 2/96-97).
--- Par exemple encore, adopter certains éléments mubâh de l'apparence vestimentaire des non-musulmans parmi lesquels on vit, cela peut entraîner (dharî'a) quelque chose de positif de leur part : "عن ابن عباس رضى الله عنهما قال: كان النبى صلى الله عليه وسلم يحب موافقة أهل الكتاب فيما لم يؤمر فيه. وكان أهل الكتاب يسدلون أشعارهم؛ وكان المشركون يفرقون رءوسهم. فسدل النبى صلى الله عليه وسلم ناصيته. ثم فرق بعد" (al-Bukhârî, 5573, Muslim, 2336) : lire notre article concernant la Muwâfaqa. Maintenant cet entraînement n'est pas certain (pas le degré 5, ni le degré 4), il est de probabilité moindre ; ensuite ce degré d'entraînement varie selon le lieu (donc selon les pays) et selon la situation des gens de ce pays à un moment T.
--- Al-Bukhârî écrit justement : "باب: "لا يلدغ المؤمن من جحر مرتين". وقال معاوية: "لا حكيم إلا ذو تجربة" : "Point : "Le croyant ne se fait piquer d'un (même) trou deux fois." Et Mu'âwiya a dit : "Il n'est de sage que celui doté d'expérience"" (Sahîh ul-Bukhârî, Kitâb ul-Adab).
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Le degré de la probabilité de l'entraînement de la chose, cela entre en jeu dans par exemple les questions suivantes :
– la question de l'application du caractère de "sas" (dharî'a) à un acte qui peut conduire à un autre acte (سَدُّ الذريعة و فَتْحُ الذريعة) : cela dépend du degré de probabilité d'entraînement du second acte par le premier ; (sachant que le Coran ou la Sunna ont eux-mêmes déclaré certaines choses : "obligatoires" ou "interdites", mais seulement par mesure de précaution (فتح الذريعة أو سدّ الذريعة)) ;
– la question de l'autorisation ou non d'absorber un médicament en soi illicite mais susceptible de causer la guérison (et ce si on retient l'avis de Abû Yûssuf) : cela car entre (également) en jeu : le degré de probabilité que ce remède a d'entraîner (bi idhnillâh) la guérison...
Parfois c'est son expérience personnelle, ou sa profonde compréhension des choses, qui fait que la personne sait "très probable" (= le degré 3) que telle action va engendrer telle autre chose :
Ainsi :
– Le Prophète (sur lui soit la paix) n'a pas voulu entreprendre ce qui était souhaitable parce que cela aurait entraîné un tort plus grand : la démolition de la Kaaba pour la reconstruire de façon entièrement (et non plus partiellement) fidèle à la construction faite par le prophète Abraham (sur lui soit la paix) ;
– Le Prophète (que Dieu l'élève et le salue) a refusé qu'on fasse quoi que ce soit à Abdullâh ibn Ubayy ayant dit ce qu'il dit, car cela aurait entraîné des troubles conséquents à Médine. Il est possible que Abdullâh ibn Ubayy ait tenu ce propos en l'an 9 de l'hégire. Or, lors de la calomnie contre Aïcha, en l'an 5, le Prophète avait déjà constaté comment Sa'd ibn 'Ubâda avait réagi par rapport à Abdullâh ibn Ubayy et comment ensuite il avait dû calmer les esprits dans sa mosquée. Ce serait donc par expérience qu'il a refusé qu'on fasse quoi que ce soit à Abdullah ibn Ubayy lors de cette nouvelle sortie de sa part ;
– Le Prophète (sur lui soit la paix) a refusé qu'on fasse quoi que ce soit à Dhu-l-Khuwayssira ayant dit devant lui ce qu'il dit, et ce parce qu'il pressentait que les gens diraient qu'il faisait exécuter ceux qui étaient avec lui sans cause apparente.
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V) Ce que le croyant doit faire :
– La règle applicable normalement est d'avoir recours à la cause matérielle et de faire également l'action spirituelle (s'en remettre à Dieu, et L'invoquer).
Le recours à la chose matérielle (licite) est d'autant plus nécessaire que le lien de causalité entre cette chose matérielle et l'effet escompté est fort, et que l'obtention de cet effet est nécessaire (hâjî).
Quant à l'invocation adressée à Dieu (du'â), elle est aussi cause (sabab) : soit que Dieu, ayant exaucé l'invocation de demande, fait intervenir une cause matérielle, soit (mais cela est exceptionnel) qu'Il fait se réaliser l'effet demandé de façon contraires aux lois matérielles, par miracle (karâma dans le cas des non-prophètes).
A Badr, on a vu le Prophète (sur lui soit la paix) avoir recours à tout ce qui était en son possible (il a accepté le conseil de al-Hubâb ibn Mundhir qui lui avait suggéré de choisir un autre emplacement que celui où il avait d'abord décidé de s'installer, il a posté ses Compagnons aux endroits les plus appropriés, etc.), puis se retirer pour prier de tout son cœur Dieu, au point que Abû Bakr dut le tranquilliser (al-Bukhârî).
– C'est au cas où on ne peut pas avoir recours à la cause matérielle qu'on a alors recours à l'action spirituelle seulement (soit que la cause matérielle, bien que licite pour nous, n'est pas à notre portée ; soit qu'elle n'est pas licite pour nous, en soi ou à cause de la circonstance).
--- On voit cela avec le fait de se nourrir : d'après un grand nombre de ulémas, quand il subsiste seulement quelque chose d'illicite à manger, il devient obligatoire de le manger pour ne pas mourir de faim ; et c'est seulement parce qu'il ne sera pas autorisé de se rendre auprès du faux Messie pour manger de son pain, que l'on se contentera alors de réciter les évocations de Dieu.
--- De même, si, lorsque Fâtima (que Dieu l'agrée) demanda à son père le Messager de Dieu (que Dieu le bénisse et le salue) un serviteur pour l'alléger dans les lourdes tâches ménagères qu'elle devait accomplir, son père lui répondit de plutôt faire les évocations qu'il lui exposa, c'est parce qu'il préféra consacrer ces serviteurs à la cause des gens pauvres de Ahl us-Suffa plutôt qu'à sa famille (Fat'h ul-bârî 11/145, 149).
– Enfin, il y a le cas où la Shar' elle-même a stipulé que le recours à cette cause n'est que recommandé et n'est pas obligatoire :
--- On le voit avec le fait de se soigner : il s'agit de se soigner par les substances voulues ("إن الله أنزل الداء والدواء، وجعل لكل داء دواء، فتداووا ولا تداووا بحرام" : Abû Dâoûd, 874), en même temps que demander à Dieu la guérison ("أذهب الباس رب الناس، اشف وأنت الشافي، لا شفاء إلا شفاؤك، شفاء لا يغادر سقما"). Certes, se soigner de la maladie n'est que recommandé, et pas obligatoire, mais, justement, même le délaissement de l'invocation pour obtenir la guérison, le Prophète l'a proposé comme option : "عن عطاء بن أبي رباح قال: قال لي ابن عباس: ألا أريك امرأة من أهل الجنة؟ قلت: بلى، قال: هذه المرأة السوداء! أتت النبي صلى الله عليه وسلم فقالت: "إني أصرع، وإني أتكشف، فادع الله لي." قال: "إن شئت صبرت ولك الجنة، وإن شئت دعوت الله أن يعافيك." فقالت: "أصبر." فقالت: "إني أتكشف، فادع الله لي أن لا أتكشف." فدعا لها" (al-Bukhârî, 5328, Muslim, 2576). "عن عثمان بن حنيف، أن رجلا ضرير البصر أتى النبي صلى الله عليه وسلم فقال: "ادع الله أن يعافيني." قال: "إن شئت دعوت، وإن شئت صبرت فهو خير لك." قال: "فادعه." قال: فأمره أن يتوضأ فيحسن وضوءه ويدعو بهذا الدعاء: "اللهم إني أسألك وأتوجه إليك بنبيك محمد نبي الرحمة، إني توجهت بك إلى ربي في حاجتي هذه لتقضى لي، اللهم فشفعه في" (at-Tirmidhî, 3578). Voir à ce sujet Al-Muwâfaqât, 1/452-454.
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Quelques autres hadîths :
"Celui qui s'endort alors que sur sa main il y a une odeur de gras, ne l'ayant pas lavée, puis que quelque (malheur) l'atteint, qu'il ne blâme que lui-même" : "عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "من نام وفي يده غمر ولم يغسله، فأصابه شيء، فلا يلومن إلا نفسه" (at-Tirmidhî, 1860, Ibn Mâja, 3297, Abû Dâoûd, 3852 : c'est sa version qui a été reproduite ici).
"Celui qui (s'endort) la nuit sur le toit d'une maison, qui n'a pas de barrière, la responsabilité est enlevée de lui" : "عن عبد الرحمن بن علي يعني ابن شيبان، عن أبيه، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "من بات على ظهر بيت ليس له حجار، فقد برئت منه الذمة" (Abû Dâoûd, 5041). "La responsabilité est enlevée de lui" : d'après l'un des commentaires, il s'agit de la protection que Dieu accorde à chacun : cette protection n'est pas garantie dans certains cas, et notamment celui-ci, où cet homme a agi de façon inconsciente : "فقد برئت منه الذمة" يعني لو سقط لا إلزام فيه على أحد، بل الإلزام على نفسه؛ وقال في "فتح الودود" : يريد أنه لو مات فلا يؤاخذ أحد بدمه. وقال في اللمعات: ومعنى براءة الذمة انقطاع عهد الله بالحفظ والكلاءة التي جعلها للعباد" (Badhl ul-Maj'hûd). "فقد برئت منه الذمة" قال القاضي: معناه: من نام على سطح لا ستر له فقد تصدى للهلاك وأزال العصمة عن نفسه وصار كالمهدر الذي لا ذمة له، فلعله ينقلب في نومه فيسقط ويموت مهدرا. وأيضا فإن لكل من الناس عهدا من الله تعالى بالحفظ والكلأ، فإذا ألقى بيده إلى التهلكة، انقطع عنه. وقال بعضهم: معناه لم يبق بيننا وبينه عهد. وهذا تهديد كراهة اضطجاع الرجل في موضع مخوف. وهذا من جملة تعليم الأب الناشئ عن مرحمة سيد أولي الألباب وشفقته على أمته لكونه كالأب، بل أكمل وأتم وأرحم من كل من يرحم كما قال تعالى وهو أعلم العالمين: {وما أرسلناك إلا رحمة للعالمين" (Mirqât ul-mafâtîh).
Accompagnant le Prophète (sur lui soit la paix) chez Umm ul-Mundhir, et voyant que le Prophète s'était mis à manger quelque chose de grappes de dattes mi-mûres qui étaient suspendues, Alî alors convalescent, se mit lui aussi à en manger. Le Prophète lui dit : "Non, non, Alî, tu es convalescent !" Umm ul-Mundhir ayant préparé un plat de blette et d'orge et le leur ayant présenté, le Prophète dit : "Alî, de cela mange, cela est plus convenable pour toi" : "عن أم المنذر قالت: دخل علي رسول الله صلى الله عليه وسلم ومعه علي ولنا دوال معلقة، قالت: فجعل رسول الله صلى الله عليه وسلم يأكل وعلي معه يأكل، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم لعلي: "مه مه يا علي، فإنك ناقه"، قال: فجلس علي والنبي صلى الله عليه وسلم يأكل، قالت: فجعلت لهم سلقا وشعيرا، فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "يا علي، من هذا فأصب، فإنه أوفق لك" (at-Tirmidhî, 2037, Abû Dâoûd, 3856, hassan d'après al-Albânî). Quant au hadîth suivant : "عن ابن عباس، أن النبي صلى الله عليه وسلم عاد رجلا، فقال: "ما تشتهي؟" قال: "أشتهي خبز بر". قال النبي صلى الله عليه وسلم: "من كان عنده خبز بر، فليبعث إلى أخيه". ثم قال النبي صلى الله عليه وسلم: "إذا اشتهى مريض أحدكم شيئا، فليطعمه" (Ibn Mâja, 1439, 3440), il a été classé comme dha'îf par al-Albânî, par ailleurs son contenu ne s'appliquera que dans le cadre où cela ne fait pas de tort au malade ou au convalescent, conformément au hadîth précédent.
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VI) Le cas des miracles :
La réalisation de miracles ne se produit elle aussi que par la Irâda Takwîniyya et le Idhn Takwînî de Dieu :
"وَمَا كَانَ لِرَسُولٍ أَن يَأْتِيَ بِآيَةٍ إِلاَّ بِإِذْنِ اللّهِ" (Coran 13/38 ; 40/78).
"وَرَسُولاً إِلَى بَنِي إِسْرَائِيلَ أَنِّي قَدْ جِئْتُكُم بِآيَةٍ مِّن رَّبِّكُمْ أَنِّي أَخْلُقُ لَكُم مِّنَ الطِّينِ كَهَيْئَةِ الطَّيْرِ فَأَنفُخُ فِيهِ فَيَكُونُ طَيْرًا بِإِذْنِ اللّهِ وَأُبْرِىءُ الأكْمَهَ والأَبْرَصَ وَأُحْيِي الْمَوْتَى بِإِذْنِ اللّهِ وَأُنَبِّئُكُم بِمَا تَأْكُلُونَ وَمَا تَدَّخِرُونَ فِي بُيُوتِكُمْ إِنَّ فِي ذَلِكَ لآيَةً لَّكُمْ إِن كُنتُم مُّؤْمِنِينَ " (Coran 3/49).
Cependant, et parallèlement, les miracles se distinguent des événements naturels par rapport à un point : l'absence de Capacité (Qud'ra), accordée par Dieu à l'humain, au djinn ou à la cause naturelle, de faire se réaliser ces choses ; ou la très faible probabilité que la cause naturelle entraîne ces choses.
C'est ce caractère supra-normal qui fait le miracle.
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Le miracle ne peut être reconnu que si on reconnaît l'existence d'une normalité dans le fonctionnement de la création de Dieu, normalité qui, elle aussi, ne peut se dérouler qu'avec la permission de Dieu (Idhn Takwînî), mais par rapport à laquelle le miracle constitue une exception (elle aussi voulue par Dieu).
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Ibn Hazm souligne que c'est d'après les lois naturelles que Dieu a mises en place dans ce monde que ces choses sont impossibles, et leur réalisation constitue justement un miracle, un Signe de la part de Dieu :
"فبإذ ذلك كذلك، فقد وجب أن كل ما في العالم مما قد رتبه الله على ما هو عليه من فصوله الذاتية وأنواعه وأجناسه فلا يتبدل شيء منه قطعا إلا حيث قام البرهان على تبدله. وليس ذلك إلا على أحد وجهين: إما استحالة معهودة جارية على رتبة واحدة وعلى ما بنى الله تعالى عليه العالم من استحالة المني حيوانا والنوى والبزور نباتا وسائر الاستحالات المعهودات؛ وإما إستحالة ما لم تعهد قط ولا بنى الله تعالى العالم عليها؛ ولذلك قد صح للانبياء عليهم السلام شواهد لهم على صحة نبوتهم وجود ذلك بالمشاهدة ممن شهدهم ونقله إلى من لم يشاهدهم بالتواتر الموجب للعلم الضروري، فوجب الإقرار بذلك. وبقي ما عدا أمر الأنبياء عليهم السلام على الامتناع فلا يجوز البتة وجود ذلك لا من ساحر ولا من صالح بوجه من الوجوه لأنه لم يقم برهان بوجود ذلك ولا صح به نقل. وهو ممتنع في العقل كما قدمنا. ولو كان ذلك ممكنا لاستوى الممتنع والممكن والواجب وبطلت الحقائق كلها" (Al-Fissal, 3/169).
"قال أبو محمد: وكل هذه الوجوه التي ذكرناها ليست من باب معجزات الأنبياء عليهم السلام، ولا من باب ما يدعيه أهل الكذب للسحرة والصالحين؛ لأن معجز الأنبياء هو خارج عن الرتب وعن طبائع كل ما في العالم وعن بنية العالم، لا يجري شيء من ذلك على قانون ولا على سنن معلوم. لكن قلب عين وإحالة صفات ذاتية كشق القمر وفلق البحر واختراع طعام وماء وقلب العصا حية وإحياء ميت قد أرم وإخراج ناقة من صخرة ومنع الناس من أن يتكلموا بكلام مذكور أو من أن يأتوا بمثله وما أشبه هذا، من إحالة الصفات الذاتية التي بوجودها تستحق الأسماء ومنها تقوم الحدود؛ وهذا بعينه هو الذي يدعيه المبطلون للساحر والفاضل. قال أبو محمد: وإنما يلوح الفرق جدا بين هذين السبيلين لأهل العلم بحدود الأسماء والمسميات وبطبائع العالم وانقسامه من مبدئه من أجناس إلى أنواعه إلى أشخاصه وما هو عليه من أعراضه ذاتي وما هو منها غيري وما يسرع الاستحالة والزوال من الغيري منها وما يبطيء زواله منها وما يثبت منها ثبات الذاتي وان لم يكن ذاتيا والفرق بين البرهان وبين ما نظن أنه برهان وليس برهانا والحمد لله على ما وهب وأنعم به علينا لا إله إلا هو" (Al-Fissal, 3/171).
"فـالمحال بالإضافة مثل نبات اللحية لابن ثلاث سنين وإحباله امرأة وكلام الأبله الغبي في دقائق المنطق وصوغه الشعر العجيب وما أشبه هذا؛ فهذه المعاني موجودة في العالم مـمن هي ممكنة منه، ممتنعة من غيرهم. وأما المحال في الوجود فكانقلاب الجماد حيوانا والحيوان جمادا أو حيوانا آخر وكنطق الحجر واختراع الأجسام وما أشبه هذا؛ فإن هذا كله ليس ممكنا عندنا البتة ولا موجودا، ولكنه متوهم في العقل متشكل في النفس كيف كان يكون لو كان. وبهذين القسمين تأتي الأنبياء عليهم السلام في معجزاتهم الدالة على صدقهم في النبوة" (Al-Fissal, 2/20-21).
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).