J'ai, dans un autre article du site, inséré une autre planche avec pour illustration un arbre : cette autre planche illustrait la distinction entre :
--- les croyances (qui sont toutes souterraines, et qui englobent les croyances sur l'invisible comme les croyances en les normes) et la pratique conforme à ces croyances (avec la spiritualité, les actions du coeur qui ne sont pas des croyances et les actions visibles) ;
--- de même que la distinction entre le minimum du Dîn et la Complétude du Dîn.
Pour sa part, la planche qui figure dans cet article-ci illustre autre chose :
- primo elle n'évoque pas du tout la pratique mais seulement les croyances (autant les croyances sur l'invisible que les croyances en les normes) ;
- secundo elle cherche à illustrer la stratification de ces croyances :
La recherche personnelle de la vérité dans les développements du Dîn (développements nécessaires quant à l'établissement de la norme qui est correcte - al-hukm us-swawâb -), de même que la mise en exergue de ce que autrui a d'erreurs établies (Khata' Qat'î) dans l'interprétation qu'il fait d'un développement du Dîn, cela est nécessaire.
Cependant, cela ne doit pas entraîner l'oubli de la recherche d'une adhésion personnelle solide dans les Socles plus basiques, sur lesquels l'édifice repose ; ni l'oubli d'inviter autrui à travailler sur la solidité de ces Socles en ce qui le concerne.
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Il est des points du Dîn qui constituent des ramifications détaillées.
Ainsi, le musulman doit garder la barbe. Mais qu'est-ce que la barbe : est-ce aussi ce qui pousse sur les joues ? et sur le cou ? ou seulement ce qui pousse sur la partie du visage qui est au-dessus des maxillaires ? Et à quelle longueur : ne doit-il jamais la tailler ? peut-il au contraire la tailler ? quelle en est la longueur minimale ? et puis cette longueur est nécessaire dans le sens du bas, mais l'est-elle dans le sens de la largeur aussi ?
Des exemples comme ceci existent à foison dans le Dîn. La musulmane peut-elle voyager sans mari ni mahram si les routes sont sures ? ou bien cela aussi lui demeure-t-il interdit ? Et si elle voyage parmi un groupe de femmes sures, alors ?
Des pages et des pages de recherches, d'argumentation et de contre-argumentation ont été écrites au sujet des points du Dîn de ce genre.
Nul ne peut qualifier la recherche de la vérité pour ce genre de points de "futile" ou de "perte de temps", puisque cela relève des modalités de l'application de points relevant bel et bien du Dîn.
Par contre, une fois qu'ont été cernés, au sein d'un point pareil : la partie qui relève du Qat'î, et celle qui relève du Zannî, il faut remettre chaque chose à sa place : ce qui est Zannî, on aura une préférence, mais pas plus.
Et, surtout, on ne saurait focaliser sur ce genre de points ramifiés au point de ne plus avoir de temps ni d'énergie à consacrer à la solidité des socles beaucoup plus basiques (au niveau de l'adhésion) : car si un musulman perd foi en le caractère véridique du prophète Muhammad (sur lui soit la paix), ou s'il doute gravement de l'Existence même de Dieu, il n'accordera plus aucune importance ni à tel avis sur le voyage de la femme seule, ni à tel autre sur la longueur de la barbe : tout l'édifice se sera effondré pour lui.
Attention : L'islam n'enseigne nullement qu'il s'agit, pour le principe, de tout remettre en cause et en doute, pour ensuite établir sa foi. Non. La foi est déjà établie, eh bien : tant mieux (alhamdu lillâh). On ne doit jamais chercher à la remettre en cause.
Ce qui est seulement dit ici, c'est de ne pas oublier de continuer à consolider - par le Coeur et par la Raison - les Strates plus basiques, et de ne pas laisser un éventuel doute conséquent et déjà présent - shub'ha - ronger un Socle inférieur. Car, alors, toute la partie de l'édifice bâtie en-dessus s'effondrerait.
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Voici cette planche :
Quelques explications plus détaillées :
A partir du moment où un humain a acquis la Strate 5 (et qu'il a donc apporté foi en le fait que Muhammad est le dernier Messager de Dieu, ce Dieu qui a un plan pour l'humanité et veut que l'humain s'y conforme), il lui reste à chercher ce que ce Messager a apporté comme Voie, et, pour ce faire, de découvrir les textes qu'il a laissés pour nous (Strate 6), ainsi que l'interprétation correcte de ceux-ci (Strates 7 à 11').
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La Strate 6 consiste en le fait de croire véridiques les Textes apportés par le Dernier Messager, Muhammad (sur lui soit la paix) : le Texte du Coran et les Textes formant la Sunna.
Cette croyance découle de la Strate 5 : c'est parce qu'on croit véridique le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) (Strate 5) qu'on a confiance en la véracité et la justesse du contenu du Message qu'il a apporté (Strate 6).
Quant aux Strates 7 jusqu'à 11', elles ne concernent que les Interprétations de ces textes de la Strate 6.
Il s'agit, pour le musulman :
--- s'il en a les capacités, de prendre les textes traitant d'un point donné, et de les interpréter de façon correcte (pour certains points précis, il doit également tenir compte du contexte dans lequel il se trouve quand il établira la norme qu'il faut alors appliquer) (cela tout en restant dans la voie globale d'interprétation des érudits musulmans l'ayant précédé) ;
--- et, s'il n'a pas les capacités intellectuelles pour interpréter lui-même ces textes, de faire confiance aux hommes qui, à son époque et dans son entourage, sont réputés pour leurs capacités et connaissances.
Car si la Compréhension de ce qui est la Vérité dans les Strates 1, 2, 3, 4 et 5 sont accessibles à tout humain (même si en les éléments de ces Strates aussi, la foi par Taqlîd est également valable), il n'en va pas de même des Strates 8, 9, 10 et 11 : le contenu de ces Strates est lui aussi, bien sûr en soi accessible à tout un chacun ; par contre, pour ce qui est de distinguer la Vérité à leur sujet, cela est beaucoup plus ardu. Le fait est que parvenir à extraire la croyance correcte à partir des Textes, de même que parvenir à distinguer l'interprétation qui en est correcte de celle qui en est erronée, cela est beaucoup plus complexe. C'est ce qui entraîne que, pour un grand nombre de personnes, il s'agit seulement de suivre avec confiance les interprétations d'autres personnes, pour leur part versées dans l'étude de ces Textes et de leurs Interprétations.
C'est d'ailleurs cette complexité qui fait que certaines questions présentes dans certaines de ces Strates sont telles que, parmi les interprétations différentes qui existent à leur sujet, distinguer l'interprétation correcte de l'interprétation erronée n'est possible qu'à un niveau supposé (zannî).
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Les Strates 7 à 11' sont donc à établir sur la base uniquement des Textes apportés par le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) (bien sûr, en tenant compte du contexte, là où cela peut et doit l'être) :
--- il s'agit d'un travail purement intellectuel, de recherche et de compréhension de Textes (lequel travail doit bien sur être fait avec un minimum de Taqwâ, afin de se préserver de tomber dans la recherche du Hawâ quand on interprète ces textes).
Tandis que, pour ce qui est des Strates 1, 2, 3, 4 et 5, elles sont à établir :
--- soit sur la base du Coeur travaillant seul (et comprenant que Dieu existe, qu'Il est Unique dans le caractère divin, qu'Il a créé l'humanité pour un objectif précis, qu'Il suscite des hommes chargés de délivrer Son Message, et que Muhammad - sur lui soit la paix - est le Dernier de ces Messagers) ;
--- soit sur la base de la Raison travaillant avec l'accompagnement du Coeur ; cela peut consister à chercher des preuves (pour celui qui n'en est pas déjà convaincu) ; cela peut également consister à la correspondance avec ce qui est établi des prophètes antérieurs.
Par ailleurs, concernant la Strate 6 ainsi que l'Interprétation Unique qui en découle (soit les Strates 7 et 8) :
--- pour certains textes, il s'agit de simplement avoir confiance en leur contenu (puisqu'on croit en la véracité de Muhammad, qui a apporté ce message en le présentant comme provenant de Dieu ; et puisqu'on croit en la véracité et la justice de Dieu, dont cela est le message) ; ainsi en est-il par exemple de l'affirmation coranique selon laquelle Jésus n'a pas été crucifié : le Coran ne le prouve par rien sinon par le fait que ceux qui affirment le contraire ne disposent pas d'une preuve permettant de le faire ;
--- tandis que pour certains autres textes, il s'agit certes toujours d'avoir confiance en leur contenu, cependant ces textes avancent aussi des argumentations à ce qu'ils affirment.
Par ailleurs, certaines données de ces textes, par un mouvement de retour, étayent et renforcent la croyance en l'origine divine du Coran, et véritablement prophétique du Hadîth en question.
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).