C'est comme si, en venant au Monde, l'homme disposait d'une quantité d'énergie qui correspond au laps de temps lui étant imparti pour vivre sur Terre. En venant au monde, l'homme est destiné à cheminer sur une voie, qu'elle quelle soit. L'énergie dont il dispose (qu'elle qu'en soit la quantité) est capable de le faire avancer sur un des chemins existant. Au début, ce sont ses parents ou un autre tuteur qui aide l'homme à manœuvrer, jusqu'à ce qu'il soit capable d'avancer seul.
A partir de ce moment-là, si l'homme se met sur le bon Chemin et avance comme il le faut (sans jamais s'arrêter ni ralentir excessivement), alors, à l'épuisement de la quantité d'énergie qu'il a reçue, il aura parcouru une distance conséquente vers Dieu : il aura acquis un rapprochement conséquent avec Dieu. A partir de là, tout le reste s'enchaînera automatiquement pour lui, jusqu'à ce que, finalement, il se retrouvera au banquet de Dieu, et qu'il aura l'ultime faveur de pouvoir contempler la Face de Dieu.
Il faut donc se mettre sur le bon Chemin, et puis avancer.
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Le bon Chemin mène à se rapprocher de Dieu :
– "Ceci est un rappel. Celui qui veut, qu'il prenne donc un chemin vers son Pourvoyeur" : "إِنَّ هَذِهِ تَذْكِرَةٌ فَمَن شَاء اتَّخَذَ إِلَى رَبِّهِ سَبِيلًا" (Coran 73/19 ; 76/29).
– "Et jusqu'à Dieu (mène) le chemin droit. Et comme voie il en est qui sont déviantes. Et si Dieu l'avait voulu, Il vous aurait tous guidés" : "وَعَلَى اللَّهِ قَصْدُ السَّبِيلِ وَمِنْهَا جَائِرٌ وَلَوْ شَاءَ لَهَدَاكُمْ أَجْمَعِينَ" (Coran 16/9) ("أي: موصلة إليه، ليست حائدة ولا جائرة عن الوصول إليه وإلى مرضاته، (ومنها جائر) أي: ومن الطريق جائر لا يصل إلى الله، بل هو زائغ وحائد عن الوصول إليه" : Adhwâ' ul-bayân).
– "Et que ceci est ma voie, droite, suivez-la donc. Et ne suivez pas les autres voies, car elles vous feraient dévier de Sa voie" : "وَأَنَّ هَذَا صِرَاطِي مُسْتَقِيمًا فَاتَّبِعُوهُ وَلاَ تَتَّبِعُواْ السُّبُلَ فَتَفَرَّقَ بِكُمْ عَن سَبِيلِهِ ذَلِكُمْ وَصَّاكُم بِهِ لَعَلَّكُمْ تَتَّقُونَ" (Coran 6/153).
– "Guide-nous sur le chemin droit" : "اهدِنَا الصِّرَاطَ المُستَقِيمَ" (Coran 1/5) (c'est l'invocation que Dieu nous a enseigné de Lui adresser maintes et maintes fois).
– "Mon Pourvoyeur est sur un chemin droit" : "إِنَّ رَبِّي عَلَى صِرَاطٍ مُّسْتَقِيمٍ" (Coran 11/56) (c'est un propos du prophète Hûd, sur lui soit la paix).
– "[Ô Moïse] dis-lui alors : "Veux-tu te purifier, et que je te guide vers ton Pourvoyeur, que tu craignes"" : "فَقُلْ هَل لَّكَ إِلَى أَن تَزَكَّى وَأَهْدِيَكَ إِلَى رَبِّكَ فَتَخْشَى" (Coran 79/18-19).
– "وَمَا أَمْوَالُكُمْ وَلَا أَوْلَادُكُم بِالَّتِي تُقَرِّبُكُمْ عِندَنَا زُلْفَى إِلَّا مَنْ آمَنَ وَعَمِلَ صَالِحًا" : "Et ce ne sont pas vos biens matériels ni vos enfants qui vous rapprocheraient de Nous en proximité. Mais [se rapproche de Nous] celui qui a apporté foi et fait bien" (Coran 34/37).
– "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ اتَّقُواْ اللّهَ وَابْتَغُواْ إِلَيهِ الْوَسِيلَةَ" : "O vous qui avez apporté foi, ayez la piété par rapport à Dieu, et recherchez le moyen (rapprochant) de Lui (...)" (Coran 5/35), Qatâda a dit que cela signifie : "Rapprochez-vous de Lui par le fait de Lui obéir et de faire ce qu'Il agrée" (Tafsîr Ibn Kathîr). Dans ce verset, à ceux qui ont au moins le minimum de la foi, il est donc demandé, pour se rapprocher davantage de Dieu, de faire toutes les actions qu'Il agrée et de s'abstenir de tout ce qu'Il n'aime pas qu'on le fasse.
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Voici quelques autres noms de ce Chemin Droit :
--- "قُلْ كُلٌّ مُّتَرَبِّصٌ فَتَرَبَّصُوا فَسَتَعْلَمُونَ مَنْ أَصْحَابُ الصِّرَاطِ السَّوِيِّ وَمَنِ اهْتَدَى" (Coran 20/135).
--- "فَاحْكُم بَيْنَنَا بِالْحَقِّ وَلَا تُشْطِطْ وَاهْدِنَا إِلَى سَوَاء الصِّرَاطِ" (Coran 38/22) (c'est le propos des deux disputeurs s'étant rendus auprès du prophète-roi David, sur lui soit la paix).
--- "قَالُوا يَا قَوْمَنَا إِنَّا سَمِعْنَا كِتَابًا أُنزِلَ مِن بَعْدِ مُوسَى مُصَدِّقًا لِّمَا بَيْنَ يَدَيْهِ يَهْدِي إِلَى الْحَقِّ وَإِلَى طَرِيقٍ مُّسْتَقِيمٍ" (Coran 46/30) (c'est le propos des djinns ayant entendu le Coran être récité).
--- "وَمَن يَتَبَدَّلِ الْكُفْرَ بِالإِيمَانِ فَقَدْ ضَلَّ سَوَاء السَّبِيلِ" (Coran 2/108).
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Le Chemin sur lequel chacun chemine est constitué de l'ensemble des croyances qu'il a :
Ce que l'on croit, cela englobe sa conception de la vie, de son rôle, de sa place, et de toute chose, ainsi que ses idées.
Cela englobe les croyances pures (relatives à l'Invisible) ainsi que les croyances relatives aux actions ("telle chose est licite, telle autre est illicite" ; "telle action est obligatoire, telle autre est interdite" ; "telle chose est le moyen déterminé pour réaliser tel objectif").
Ce sont les croyances auquel chacun de nous adhère qui déterminent son chemin à lui.
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Pour se rapprocher de Dieu, il faut donc :
--- se mettre sur le bon chemin, ce qui signifie : avoir les croyances correctes (les bonnes croyances pures, comme les bonnes croyances relatives aux actions),
--- et avancer sur ce chemin, par le fait d'agir (de cœur et d'actions extérieures) selon ces croyances correctes qui sont relatives aux actions.
Ce sont donc toutes les actions de bien, en d'autres termes le fait de vivre toute règle ta'abbudî qui est applicable par rapport à la situation dans laquelle on se trouve (cliquez ici, ici, ici et ici pour en savoir plus), qui rapproche de Dieu.
Par ailleurs, certaines règles ta'abbudî peuvent faire l'objet de fatwas différentes en fonction du contexte dans lequel on se trouve (cliquez ici et ici pour en savoir plus).
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A lire par ailleurs :
--- Le Dîn de Dieu : qu'est-ce que c'est ? ;
--- Par quoi se rapproche-t-on de Dieu ?.
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Dans cette métaphore-ci :
--- Avoir des croyances complètement fausses (au sujet de l'invisible ou au sujet de ses actions visibles), cela revient à ne pas être (soit ne pas être du tout, soit ne pas être partiellement) sur le bon Chemin.
--- Quant au manquement dans l'action ou la mauvaise action, c'est-à-dire l'action que l'on fait contrairement à ce que l'on croit (c'est-à-dire : le fait de délaisser volontairement, en acte, ce que Dieu agrée et a rendu obligatoire (et qui est nécessaire sur soi, dans le temps, le lieu et la situation où l'on se trouve) (alors même qu'on continue à croire que cette action est obligatoire), ou de commettre volontairement, en acte, ce que Dieu n'agrée pas du tout (alors même qu'on continue à croire que cette action est interdite)), cette action seule ne revient pas à quitter le Chemin. Cette action seule revient à ne pas avancer (ou ne pas suffisamment) vers Dieu.
Si l'homme fait plusieurs actions de bien sincèrement, et, dans la même journée, délaisse une action qui était obligatoire sur lui ou commet une action strictement interdite (une kabîra), alors il avance, mais son cheminement se trouve ralenti à cause de son manquement ou de sa mauvaise action.
L'homme qui, de la sorte, n'agit pas selon les bonnes croyances qu'il a :
--- soit avance trop lentement vers Dieu ;
--- soit fait du surplace ;
--- soit recule, tout en restant sur le bon chemin.
– "ومن بطأ به عمله، لم يسرع به نسبه" : "Et celui que son agir aura rendu lent, (qu'il ne s'imagine pas que) son lignage le fera avancer rapidement" (Muslim, 2699).
– "عن أبي هريرة رضي الله عنه، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "لن ينجي أحدا منكم عمله." قالوا: ولا أنت يا رسول الله؟ قال: "ولا أنا، إلا أن يتغمدني الله برحمة، سددوا وقاربوا، واغدوا وروحوا، وشيء من الدلجة. والقصد القصد تبلغوا" : "Ne sauvera aucun d'entre vous son agir. - Pas toi (non plus), ô Messager de Dieu ? - Ni moi, sauf si Dieu me couvre par une miséricorde. Prenez le chemin droit, rapprochez-vous, avancez le matin, avancez en fin d'après-midi, et quelque peu la nuit. Et la modération, la modération, vous parviendrez (à la destination)" (al-Bukhârî, 4098).
– "عن أبي هريرة، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "إن الدين يسر، ولن يشاد الدين أحد إلا غلبه. فسددوا وقاربوا، وأبشروا، واستعينوا بالغدوة والروحة وشيء من الدلجة" : "Le Dîn est chose facile. Et toute personne qui cherchera la difficulté par rapport au Dîn, celui-ci le terrassera. Aussi, prenez le chemin droit, rapprochez-vous. Recevez la bonne nouvelle. Et aidez-vous du matin, de la fin d'après-midi, et de quelque chose de la nuit" (al-Bukhârî, 39).
– "عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "من خاف أدلج، ومن أدلج بلغ المنزل. ألا إن سلعة الله غالية، ألا إن سلعة الله الجنة" : "Celui qui craint se met en route la nuit, et celui qui se met en route la nuit atteindra l'étape. Le bien de Dieu est précieux, le bien de Dieu c'est le Paradis" (at-Tirmidhî, 2450).
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On peut expliquer cela par le photo-montage suivant : il y a une Route qui mène à Destination, mais d'une part elle présente plusieurs voies, et d'autre part il existe des voies qui, après avoir été dans la même direction qu'elle, se séparent finalement d'elle pour conduire à une tout autre destination :
(La photographie d'origine est visible sur le site du gouvernement britannique.)
– Il y a la fausse interprétation qui constitue du Kufr akbar : on ne traite pas le musulman qui l'a adoptée de Kâfir (la Iqâmat ul-hujja est nécessaire), mais cette croyance constitue malgré tout une autre Voie, qui mène à une autre destination.
– Il y a la fausse interprétation qui constitue du Dhalâl : le musulman qui y adhère ne prononce pas une parole de kufr akbar, mais se trouve sur une voie déviante : adhérer à n'importe laquelle des interprétations de ce genre constitue une kabîra (péché grave). Sur la photo-montage, cela correspond au Terre-plein Central : on est toujours dans la direction voulue, mais on roule hors chaussée : le cheminement est donc chaotique, et le véhicule risque fort de ne plus pouvoir avancer du tout.
– Il y a l'interprétation erronée qui constitue une Khata' Qat'î Ijtihâdî : le musulman qui y adhère est pour sa part toujours sur la chaussée (et pas sur le terre-plein, comme c'était le cas pour le Dhalâl) : seulement, il roule sur une portion de la chaussée où il est interdit de le faire : la Bande d'Arrêt d'Urgence (à droite des 3 voies sur la photo-montage).
– Enfin, les 3 voies constituant réellement la partie de la chaussée faite pour y rouler englobent :
----- les interprétations qui, de façon certaine, sont correctes (Swawâb bi-l-Qat'),
----- ainsi que les interprétations divergentes entre lesquelles il n'est possible de distinguer l'interprétation correcte que de façon présumée, mais parmi lesquelles il est certain que se trouve l'interprétation correcte (Swawâb bi-z-Zann).
Dès lors, que l'on se trouve sur telle ou telle de ces 3 voies, on est sur la bonne Route.
L'existence de ces 3 voies ne représente pas une différence de rapidité dans le cheminement (on l'a vu plus haut : dans cette métaphore-ci, c'est le fait de délaisser une action obligatoire ou de commettre une action interdite qui consiste à ralentir dans son cheminement vers Dieu).
L'existence de ces 3 voies symbolise seulement la pluralité des voies qui constituent la Route menant à destination : que l'on suive telle ou telle interprétations, du moment que la détermination de l'interprétation correcte n'est possible que de façon zannî, alors on se trouve sur le droit chemin.
Simplement, vu que, même alors, une seule de ces interprétations est correcte (swawâb), il ne faut pas changer intempestivement d'interprétation à suivre, en fonction de ses intérêts du moment. Il ne faut donc pas changer intempestivement de file, passant de la première voie à la seconde, avant de revenir à la première, puis d'opter pour la troisième. Seule une nécessité (hâja) autorise à changer de file. Soit qu'on est désormais sincèrement plus convaincu de la pertinence de l'argumentation sur laquelle repose telle interprétation. Soit qu'il y a Maslaha générale à suivre telle interprétation.
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A lire également :
– Chaque croyance pure, ainsi que le statut de chaque action, cela est fixe (muta'ayyan) auprès de Dieu. Le ijtihad consiste à faire l'effort de trouver cela, éventuellement en interaction avec le Réel - Mais possèdes-tu les compétences nécessaires pour te prononcer au sujet de la question quant à laquelle tu donnes un avis (que ce soit une question de Tafsîr du Coran, des Ussûl ul-hadîth, de la 'Aqîda pure ou du Fiqh, etc.) ? ;
– Le cadre de l'orthodoxie en islam (al-Qur'ân wa-s-Sunna wa-l-Jamâ'ah) (أهل القرآن والسُنّة والجَماعة) ;
– Dans l'ensemble des propos que tiennent ceux qui se réclament de l'islam, qu'est-ce qui fait la différence entre : - le propos de kufr akbar ; - le propos de dhalâl ; - l'erreur ijtihâdî qat'î ; - et l'erreur ijtihâdî zannî ? (4/4) ;
– On entend souvent dire que, dans le domaine des Croyances (العقيدة), si divergence il y a eu (entre ceux qui se réclament de l'islam), alors, à part l'un des avis existant, tous les autres avis sont de la déviance (ضلال). Cela est-il vrai ? ;
– Quand il y a divergence d'interprétations ou d'avis entre les mujtahidûn, l'avis qui est juste (swawâb) peut-il toujours être distingué de façon qat'î ? - L'existence d'interprétations divergentes entre les ulémas est-ce une miséricorde (رحمة), ou un problème ?! ;
– Face à des argumentations divergentes, il y a : - les cas où on peut (et on doit) être certain de la rectitude de tel avis (الجزم مع القطع بـ) ; - les cas où il s'agit d'affirmer de façon ferme que c'est tel avis qui est correct (الجزم) ; - les cas où il s'agit de donner préférence à tel avis (الترجيح) ; - les cas où il s'agit de pencher vers tel avis (الميلان) ; - les cas où il s'agit de ne pas se prononcer (التوقف) ;
– Lorsque sur une question donnée (mas'ala) il n'y a eu que deux (ou trois, ou quatre, ou plus encore) avis chez tous les Salaf, est-il impossible que des grands savants postérieurs pensent un nouvel avis, par une nouvelle synthèse des textes existant ? ;
– Le musulman qui, par ignorance, a adopté une croyance erronée ou pratiqué une action cultuelle innovée, et est mort sans se repentir de cela (puisqu'il le croyait juste), se peut-il qu'il soit puni pour cela par Dieu dans l'au-delà, ou cela lui sera-t-il systématiquement pardonné par Dieu ? ;
– Un "qadhâ" est un "décret religieux". Quant à la "fatwa", c'est un "avis religieux circonstancié", ce n'est pas un "décret", et cela n'a pas de valeur morale contraignante ;
– Peut-on, à une personne, donner comme Fatwa que l'action est Autorisée, et à une autre que la même Action est Interdite ? - Distinguer les cas de réel Double Discours, et les cas des Différences de Réponses dues à des Différences de Situations (هل يمكن تغيير الفتوى بتغير الواقع؟) ;
– Peut-on suivre une école juridique de référence (Madh'hab), et adopter l'avis d'une autre école (Madh'hab) sur quelques questions précises, par égard pour le Contexte : par Maslaha ? ;
– L'autorité exécutive d'un pays musulman peut-elle imposer à tous les musulmans s'y trouvant de ne plus pratiquer, à propos d'une question donnée, qu'un avis précis parmi tous les avis existant depuis des siècles entre les mujtahidûn ?.
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).