De la différence existant entre :
– "Adresser une prosternation à un être" (ci-après : "A.1") ;
– "Se prosterner en se dirigeant vers ce qui constitue la Qibla de cet être" (ci-après : "A.2") ;
– "Adresser une prosternation à un être tout en étant face à quelque chose d'autre" (ci-après : "B")...
Par rapport à ce qui se trouve face à soi (الشيء الموجود أمام الساجد), et à l'intention qu'on a à son égard en effectuant la prosternation, on peut distinguer en tout 5 aspects dans la prosternation :
Le fait est que :
– A) Soit c'est cette chose qui est devant soi ou qu'on a placée devant soi qu'on vise (الشيء الموجّه إليه السجودُ) par sa prosternation.
Dans ce cas, tout dépend de ce à quoi on adresse cette prosternation (الشيء المقصود بالسجود) :
--- A.1) soit cette prosternation est adressée à cette chose elle-même. Dans ce cas :
----- A.1.1) soit il s'agit d'une prosternation d'adoration ;
----- A.1.2) soit il s'agit d'une prosternation d'hommage ;
--- A.2) soit cette prosternation est adressée non pas à cette chose elle-même, mais à un être dont cette chose n'est que la qibla : on dirige sa prosternation vers cet être (qui est al-maqsûd bi-s-sujûd) en visant cette qibla (qui est al-muwajjah ilayhi-s-sujûdu).
– B) Soit ce n'est absolument pas cette chose qu'on vise par sa prosternation : cette chose ne fait que s'interposer (hâ'ïl) entre soi et ce qu'on vise par sa prosternation (الشيء الحائل بين الساجد وبين الذي يوجِّه إليه سجودَه).
Dans ce cas :
--- B.1) soit on l'a délibérément placée entre soi et ce qu'on vise (tawjîh) par la prosternation ; c'est le cas de la sut'ra ;
--- B.2) soit cette chose se trouvait déjà entre soi et ce qu'on vise par la prosternation, sans qu'on l'y ait placée.
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Voici donc 5 cas de prosternations induits par cette classification :
–--- A.1.1) la prosternation d'adoration, adressée à quelqu'un : elle ne doit être adressée qu'à Dieu, et, de tous temps, tous les prophètes de Dieu ont invité à la réserver à Dieu Seul ;
–--- A.1.2) la prosternation d'hommage, adressée à quelqu'un : elle était autorisée dans la Shar' de certains prophètes antérieurs. C'est cette prosternation que Jacob a faite devant son fils Joseph (sur eux soit la paix) ; c'est aussi ce type de prosternation qu'il a été demandé aux Anges de faire face à Adam. Bien qu'elle soit à l'unanimité des ulémas interdite dans la Shar' de Muhammad (sur lui soit la paix), la pratique d'une prosternation avec une telle intention constitue-t-elle pour un musulman un acte de kufr akbar, ou pas ? Nous en avons parlé dans notre autre article ;
– A.2) la prosternation faite face à une qibla : celle-ci n'est "visée" qu'afin d'adresser (A.1.1) la prosternation à l'être dont elle constitue la qibla ;
– B.1) la prosternation faite face à ce qu'on ne vise même pas par cette prosternation, mais qu'on a délibérément placé devant soi : c'est le cas de la sut'ra ;
– B.2) la prosternation faite face à ce qu'on ne vise même pas par cette prosternation et qu'on n'a même pas placé entre soi et ce qu'on vise par sa prosternation.
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Certains ulémas ont pensé que la prosternation que les Anges ont été invités à faire devant Adam et que Iblîs a refusé de faire était du type A.2, du même type que la prosternation que les musulmans font face à la Kaaba : Adam n'était que Qiblat-ullâh, et Dieu était l'objectif de cette prosternation.
Or cet avis est erroné (khata' ijtihâdî) : c'est bel et bien Adam qui était l'objectif de cette prosternation, cependant il s'agissait d'une prosternation d'hommage seulement (A.1.2).
--- Si l'objectif de cette prosternation demandée aux Anges était Dieu, et Adam était seulement la Qiblat-ullâh (comme c'est le cas de la prosternation faite devant la Kaaba : A.2), alors Iblîs n'aurait pas cherché à justifier son refus (d'effectuer cette prosternation) en avançant qu'il a été créé à partir de feu et Adam à partir de boue, puisque la Qibla peut naturellement être moindre que celui qui se prosterne devant elle (comme c'est le cas des humains se prosternant devant la Kaaba, un édifice fait de pierres : la pierre est de moindre valeur que l'être humain). Cf. MF 4/358-359.
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Cas A) "Adresser une prosternation à un être" ("A.1"), et, à cette fin, "prendre la direction de quelque chose qui est distinct de cet être mais rapporté à lui (منسوب إليه), de sorte que se diriger vers cette chose revienne à se diriger vers cet être" ("A.2") :
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En langue arabe, on distingue :
--- "سجدتُ لـذلك الشيء" : "J'ai adressé une prosternation à tel être" : cela se dit des cas A.1 ("الشيء الذي قصدتُه بسجودي") ; qu'il s'agisse du cas A.1.1 : "لَا تَسْجُدُوا لِلشَّمْسِ وَلَا لِلْقَمَرِ وَاسْجُدُوا لِلَّهِ الَّذِي خَلَقَهُنَّ إِن كُنتُمْ إِيَّاهُ تَعْبُدُونَ" (Coran 41/37) / "وَجَدتُّهَا وَقَوْمَهَا يَسْجُدُونَ لِلشَّمْسِ مِن دُونِ اللَّهِ وَزَيَّنَ لَهُمُ الشَّيْطَانُ أَعْمَالَهُمْ فَصَدَّهُمْ عَنِ السَّبِيلِ فَهُمْ لَا يَهْتَدُونَ أَلَّا يَسْجُدُوا لِلَّهِ" (Coran 27/24-25) ; ou du cas A.1.2 : "وَإِذْ قُلْنَا لِلْمَلاَئِكَةِ اسْجُدُواْ لآدَمَ" (Coran 2/34) / "وَرَفَعَ أَبَوَيْهِ عَلَى الْعَرْشِ وَخَرُّواْ لَهُ سُجَّدًا" (Coran 12/100) ;
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--- et : "سجدتُ إلى هذا الشيء" : "Lors de ma prosternation adressée à tel être, j'étais dans la direction de telle chose" : cela se dit autant :
----- pour ce que, lors de sa prosternation, on vise sans lui adresser cette prosternation (A.2 : il s'agit de la qiblat ush-shay' : "الشيء الذي وجّهتُ نفسي شطره حين سجودي"),
----- que pour ce qui, lors de sa prosternation, s'interpose entre soi et ce qu'on vise (B : "الشيء الذي جعلتُه حائلًا بيني وبين ما وجّهتُ نفسي شطره حين سجودي").
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La même différence existe entre :
---"أُصلّي ركعتين لله"
--- et : "أُصلّي ركعتين إلى الكعبة".
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– A.1) La prosternation adressée à un être (السجود لـشيء) est de 2 types (nous l'avons vu plus haut) :
--- A.1.1) la prosternation ayant valeur de culte et d'adoration : tous les prophètes de Dieu ont ordonné de réserver à Dieu ce type de prosternation ;
--- A.1.2) et la prosternation ayant valeur d'hommage seulement ; cela était autorisé dans les Shar' de certains prophètes de Dieu antérieurs à Muhammad (que la paix soit sur eux tous), mais a été interdite dans la Shar' de ce dernier.
"ثم يقال: السجود على ضربين: سجود عبادة محضة، وسجود تشريف" (MF 4/361).
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– A.2) Différent de cela (A.1) est le fait de viser quelque chose par sa prosternation, mais cette chose étant seulement : "l'objet vers lequel on se dirige - Qibla (A.2) - pour adresser la prosternation à l'être auquel on adresse véritablement celle-ci", et ce parce que cet être ne se trouve pas, visible, devant nous (السجود إلى شيء مع قصد التوجه إليه، ولكن بقصد السجود لـشيء آخر غائب عنا) :
---- Pour les musulmans, c'est le cas de la Kaaba : se prosterner face à la Kaaba (A.2), c'est adresser sa prosternation (de type A.1.1) à Allah, puisque la Kaaba est la Qiblat-ullâh. Et, après l'hégire, avant la révélation du verset qui dit de se tourner impérativement vers la Kaaba pour les prières rituelles (Coran 2/144), pendant 17 mois ce fut également le cas de Bayt ul-Maqdis (nous y reviendrons plus bas).
En dirigeant sa prosternation vers la Kaaba, on a l'intention d'adresser sa prosternation à Dieu, et non pas d'adresser un culte (A.1.1) ni même un hommage (A.1.2) à l'ensemble des pierres qui constitue l'édifice de la Kaaba, ni même au lieu où se situe la Kaaba. Nous y reviendrons également.
Quant au verset qui dit : "فَأَيْنَمَا تُوَلُّواْ فَثَمَّ وَجْهُ اللّهِ" : "Où que vous vous tourniez, là est la Face de Dieu" (Coran 2/115), il ne contredit nullement ce verset disant de se tourner impérativement vers la Kaaba pour les prières rituelles : "قَدْ نَرَى تَقَلُّبَ وَجْهِكَ فِي السَّمَاء فَلَنُوَلِّيَنَّكَ قِبْلَةً تَرْضَاهَا؛ فَوَلِّ وَجْهَكَ شَطْرَ الْمَسْجِدِ الْحَرَامِ؛ وَحَيْثُ مَا كُنتُمْ فَوَلُّواْ وُجُوِهَكُمْ شَطْرَهُ" (Coran 2/144), puisque aucun musulman n'a comme croyance que, après la révélation de ce verset 2/144, Dieu serait désormais "présent à l'intérieur de la Kaaba" ! Nous y reviendrons aussi.
---- La majorité des polycultistes qui effectuent une prosternation devant une statue de bois, pierre ou métal, ont, eux aussi, l'intention d'adresser leur prosternation non pas au matériau qui constitue cette statue, mais à l'esprit que cette statue représente. Cette statue est donc pour eux la Qibla de cet être : ils dirigent (A.2) cette prosternation vers cette statue, mais c'est à l'être que celle-ci représente qu'ils adressent cette prosternation de type A.1.1 (de culte). Quand ils présentent une offrande aux pieds de cette statue, leur intention est, pareillement, d'adresser en fait cette offrande à l'être que cette statue représente...
Ce n'est pas le seul fait de viser cette statue de bois, pierre ou métal par leur prosternation que le Coran leur a reproché, mais aussi (et avant tout) le fait de rendre le culte à un être autre que Dieu, symbolisé par cette statue. "فكانوا لأجل ذلك يرون من الضرورة التزلف إلى أولئك العباد المقربين حتى يكون هذا وسيلة لصلاحية القبول في حضرة الملك الحقيقي، وتنال شفاعتهم في حقهم عند الجزاء على الأعمال الحساب الخطوة والقبول لديه سبحانه. ونظراً لهذه الملاحظة والتصور الذي رسخ في نفوسهم حدثتهم أنفسهم بالسجود أمامهم والذبح لهم والحلف بأسمائهم والاستعانة بقدرتهم المطلقة، ونحت صورهم وتماثيلهم من الحجر والصفر والنحاس وغير ذلك، وجعلها قبلة للتوجه إلى أرواحهم" (Al-Fawz ul-kabîr, p. 37).
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--- Pourquoi une Qibla pour se prosterner devant Dieu ?
Que signifie "Qibla" ?
"والقبلة في الأصل اسم للحالة التي عليها المُقابِل، نحو الجلسة والقعدة؛ وفي التعارف صار اسما للمكان المُقابَل، المُتوجَّه إليه للصلاة" (Muf'radât ur-Râghib al-Asfahânî).
--- i) Selon le sens littéral (Hâlat ul-mutawajjih, Naw' tawajjuh il-mutawajjih), Qibla signifie : "façon de se diriger" ("الحالة التي عليها المقابل", comme "Jilsa" signifie : "façon de s'asseoir").
--- ii) Quant au sens usuel :
----- ii.i) l'interprétation de al-Qaffâl est que la Qibla est la Jiha (laquelle constitue la même chose que Wij'ha), c'est-à-dire la direction qu'on a prise : "قال القفال: القبلة هي الجهة التي يستقبلها الإنسان، وهي من المقابلة، وإنما سميت القبلة لأن المصلي يقابلها وتقابله؛ وقال قطرب: يقولون في كلامهم ليس لفلان قبلة، أي ليس له جهة يأوي إليها، وهو أيضا مأخوذ من الاستقبال. وقال غيره: إذ تقابل الرجلان فكل واحد منهما قبلة للآخر" (Tafsîr ur-Râzî) ; l'interprétation de Mujâhid et ash-Shâfi'î (que nous allons voir plus bas) semble rejoindre cela ;
----- ii.ii) par contre, la définition suscitée de al-Asfahânî est que la Qibla est la chose à laquelle celui qui accomplit la prière fait face. Même chose chez Ibn Taymiyya : "فإن القبلة ما يَستقبِله المصلِّي. وقد ثبت بالنصوص المتواترة أن المصلي يستقبل ربه، وهو أيضا يستقبل القبلة المخلوقة القريبة منه - وهي السترة -، والبعيدة عنه - وهي الكعبة مثلا، فإن كلاهما يسمى "قبلة"، إذ القبلة ما يُستقبل -. فيكون على هذا قوله {فثم وجه الله} أي فثَم جهته التي يصلي إليها، وثَم وجهه الذي يستقبله المصلي. وكل ذلك موجود في توجه العبد" (Naqdhu Assâs it-taqdîs, 3/282). Quant à la Wij'ha ("وَلِكُلٍّ وِجْهَةٌ هُوَ مُوَلِّيهَا فَاسْتَبِقُواْ الْخَيْرَاتِ" : Coran 2/148), c'est la direction que l'on prend afin de se tourner vers la Qibla : "و"الوجهة" هي الجهة، كما في عدة وزنة: أصلها: وعدة ووزنة. فالقبلة هي التي تُستقبَل، والوجهة هي التي يوليها" (MF 22/207) ;
----- ii.iii) si je pouvais, je proposerais que, même si les sens i (Wij'ha) et ii.ii aussi sont vérifiés, cependant, au sens shar'î (sens ii.iii), la Qibla est restreinte à ce qui est makhlûq, et la Sut'ra n'est pour sa part pas - en ce sens premier - une Qibla (et ce puisqu'il est demandé de ne pas lui faire complètement face). En ce sens très restreint, la Qibla serait : "قبلة الشيء هي ما يُستقبَل ليُقابَل الشيءُ غيرُ المرئي" ; ce que l'on peut formuler également ainsi : "قبلة الشيء هي ما يُستقبَل لتوجيه العبادة إلى ذلك الشيء إذا لم يره العابد".
--- Dans le hadîth suivant, le terme Qibla semble avoir le sens ii.iii : il a été employé par le Prophète (sur lui soit la paix) au sujet de la Kaaba précisément : "Voici la Qibla" : "عن ابن عباس قال: لما دخل النبي صلى الله عليه وسلم البيت، دعا في نواحيه كلها، ولم يصل حتى خرج منه، فلما خرج ركع ركعتين في قبل الكعبة، وقال: "هذه القبلة" (al-Bukhârî, 389, Muslim, 1330).
--- Dans le hadîth suivant également, il semble avoir le sens ii.iii : "Ensuite mets-toi face à la Qibla et alors prononce "Allâhu Akbar"" : "فقال في الثانية، أو في التي بعدها: "علمني يا رسول الله"، فقال: "إذا قمت إلى الصلاة فأسبغ الوضوء، ثم استقبل القبلة فكبر، ثم اقرأ بما تيسر معك من القرآن (al-Bukhârî, 5897, Muslim, 397/46).
--- Dans le athar suivant, le terme Qibla peut avoir peut avoir le sens i ("mes jambes se trouvaient dans la direction qu'il prenait"), ou le sens ii.iii ("se trouvaient dans l'espace se trouvant entre lui et la Kaaba - dont il prenait la direction") : "عن عائشة زوج النبي صلى الله عليه وسلم، أنها قالت: "كنت أنام بين يدي رسول الله صلى الله عليه وسلم ورجلاي في قبلته؛ فإذا سجد غمزني، فقبضت رجلي؛ فإذا قام بسطتهما". قالت: "والبيوت يومئذ ليس فيها مصابيح" (al-Bukhârî, 375, Muslim, 512).
--- Dans le hadîth suivant ("Vous voyez ma Qibla être ici ?"), le terme Qibla peut avoir le sens i (Wij'ha, la direction que je prends), le sens ii.ii ("le mur auquel je fais face pendant que j'accomplis la prière"), ou le sens ii.iii (la Kaaba, qui se trouve dans cette direction) : "عن أبي هريرة، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "هل ترون قبلتي ها هنا، فوالله ما يخفى علي خشوعكم ولا ركوعكم، إني لأراكم من وراء ظهري" (al-Bukhârî, 408, Muslim, 424) : "قوله (هل ترون) الاستفهام بمعنى الإنكار. والمراد من "القبلة": إما المقابلة وهي المواجهة، أي "لا تظنون مواجهتي ههنا فقط"؛ وإما فيه إضمار، أي "لا ترون بصري أو رؤيتي في طرف القبلة فقط"؛ وإما من باب إرادة لازم التركيب لأن كون قبلته تمت مستلزم لكون رؤيته أيضا تمت، فكأنه قال: "هل ترون رؤيتي ههنا فقط؟ والله لأراكم من غيرها أيضا" (Al-Kawâkib ud-dirârî) ; "الاستفهام للتقرير والتحقيق، فإنهم يرون قبلته مشاهدة رأي عين. قال بعضهم: "الاستفهام للإنكار، والمراد من القبلة: إما المقابلة، وهي المواجهة، أي لا تظنون مواجهتي ههنا فقط؛ وإمّا فيه إضمار، أي: لا ترون بصري أو رؤيتي في طرف القبلة". وركاكةُ عبارته تدل على فساد ما تخيله في معنى الحديث" (Al-Kawthar ul-jârî) ; "قوله "هل ترون قبلتي" هو استفهام إنكار لما يلزم منه؛ أي: "أنتم تظنون أني لا أرى فعلكم لكون قبلتي في هذه الجهة"، لأن من استقبل شيئا استدبر ما وراءه لكن بين النبي صلى الله عليه وسلم أن رؤيته لا تختص بجهة واحدة" (Fat'h ul-bârî).
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Dieu ne se trouve pas dans la Kaaba, et la Kaaba n'est pas non plus une représentation de Dieu.
Dieu est Etabli sur Son Trône, au-dessus des sept cieux.
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Mais les hommes, vivant sur Terre, ont besoin d'un lieu sur Terre vers lequel le fait de se tourner (pour prier) symbolise le fait de se tourner vers Dieu, et vers lequel le fait de voyager (s'y rendant en pèlerinage) symbolise le fait de voyager vers Dieu.
Ce lieu est le lieu où est bâti l'édifice de la Kaaba, cette dernière étant ce que Dieu a nommé devant Abraham : "Ma Maison" : "بَيْتِيَ" dans le Coran (Coran 2/152 ; 22/26), et que Abraham a nommé pareillement, s'adressant à Son Créateur : "Ta Maison sacrée" : "بِوَادٍ غَيْرِ ذِي زَرْعٍ عِندَ بَيْتِكَ الْمُحَرَّمِ" (Coran 14/37).
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Shâh Waliyyullâh écrit, parlant du moment de la prière rituelle : "ولما كان الحق متعاليا عن الجهة، نصب التوجهَ إلى بيتِه وأعظمِ شعائره مقامَ التوجه إليه" (Hujjat ullâh il-bâligha, 2/10) : sa première proposition ("الحق متعالٍ عن الجهة") est discutable (elle est due à son ash'arisme, ce dernier niant que Dieu soit dans une direction) ; cependant, ce qui est vérifié c'est que se tourner vers la Kaaba est considéré comme se tourner vers Dieu (fin de citation) ; la vraie raison à cela semble être que Dieu est au-dessus des cieux, alors que l'homme, s'il se prosterne, ne peut le faire que sur le sol terrestre, et ne peut alors pas diriger son être physique vers le haut.
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La Kaaba est seulement un petit édifice en pierre qui indique ce lieu précis, dédié par Abraham à Dieu ; quand le musulman est éloigné de la Kaaba, il se contente d'en prendre la direction, et n'emporte pas ni ne confectionne une petite réplique de la Kaaba qu'il placerait devant lui et vers laquelle il se tournerait pour prier, vu qu'elle n'est pas la – ou une – représentation de Dieu l'Unique.
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Dans le Coran, la Kaaba a également été appelée : "le lieu de prosternation sacré" (et ce au sens premier et originel de cette appellation, comme le prouve ce verset : "فَوَلِّ وَجْهَكَ شَطْرَ الْمَسْجِدِ الْحَرَامِ؛ وَحَيْثُ مَا كُنتُمْ فَوَلُّواْ وُجُوِهَكُمْ شَطْرَهُ" : Coran 2/144).
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Par contre, le Jour du Jugement, Dieu étant venu, tous les humains seront invités à se prosterner devant Lui : et ce jour-là ce sera une prosternation devant Lui, alors qu'on Le verra.
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Chaque fois où il a fallu reconstruire l'édifice, et qu'il a été démoli pour ce faire, les musulmans ont continué à prier tournés vers ce lieu : "وفي المجتبى: وقد رفع البناء في عهد ابن الزبير على قواعد الخليل وفي عهد الحجاج ليعيدها على الحالة الأولى، والناس يصلون" (Radd ul-muhtâr, 2/114). Lorsque les murs de la Kaaba furent complètement démolis une première fois sous Abdullâh ibn uz-Zubayr en l'an 64-65 a.h., afin de rebâtir l'édifice en y incluant la partie voulue par Abraham mais laissée découverte par les Quraysh ; ensuite, bien plus tard, sous le calife ottoman Murâd Khân en l'an 1040 a.h. (1630 a.g.), afin de rebâtir l'édifice ayant été endommagé par une crue : les musulmans ont continué comme à l'accoutumée de se tourner vers ce lieu pour effectuer leurs prières rituelles. L'école hanafite précise qu'il n'est, alors, même pas besoin d'ériger quelque chose en ce lieu, car c'est le lieu seul qui compte (Badâ'i' us-sanâ'i', 1/555). Al-Haskafî écrit : "Ce qui compte dans la Qibla c'est le lieu, et pas l'édifice (qui s'y trouve)" : "والمعتبر في القبلة: العرصة، لا البناء" (Ad-Durr ul-mukhtâr, 2/114) ; chose que ash-Shâmî a commentée en ces termes : "C'est-à-dire : "Ce qui est signifié par "la Qibla", ce n'est pas la Kaaba, c'est-à-dire : l'édifice élevé sur (ce) sol. C'est pourquoi si cet édifice était déplacé ailleurs, effectuer la prière vers cet (édifice) ne serait pas autorisé, la prière devant plutôt être alors effectuée vers le lieu où cet (édifice se trouvait précédemment)" : "أي ليس المراد بـ"القبلة": الكعبة التي هي البناء المرتفع على الأرض. ولذا لو نقل البناء إلى موضع آخر وصلى إليه، لم يجز، بل تجب الصلاة إلى أرضها. كما في الفتاوى الصوفية عن الجامع الصغير" (Radd ul-muhtâr, 2/114).
C'est dire combien c'est ce lieu qui est visé en tant que Qibla, et non pas les murs de l'édifice (encore moins ses tentures noires).
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La Kaaba est la Qiblat ul-muslimîn ("عن أنس بن مالك، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "أمرت أن أقاتل الناس حتى يقولوا لا إله إلا الله. فإذا قالوها، وصلوا صلاتنا، واستقبلوا قبلتنا، وذبحوا ذبيحتنا، فقد حرمت علينا دماؤهم وأموالهم، إلا بحقها؛ وحسابهم على الله" : al-Bukhârî, 385) (au sens où c'est le lieu vers lequel les musulmans doivent se tourner pour adorer Allah).
Elle est aussi la Qiblat-ullâh (au sens cette fois où c'est le lieu vers lequel Dieu a ordonné que l'on se tourne, et au sens aussi où lorsqu'on est tourné vers ce lieu et qu'on accomplit une action d'adoration, on est considéré comme étant tourné vers Dieu) (Mujâhid et ash-Shâfi'î ont ainsi interprété les termes "وَجْهُ اللّهِ" présents en Coran 2/115 comme signifiant selon eux : "قِبْلَةُ الله").
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--- Il est systématiquement recommandé de prendre la direction de la Qibla lorsqu'on invoque Dieu : "وفيه استحباب استقبال القبلة في الدعاء، ورفع اليدين فيه" (an-Nawawî sur Muslim 1763).
--- Il est prescrit d'orienter le corps du défunt dans la direction de la Qibla lorsqu'on l'inhume.
--- Enfin, il est obligatoire de prendre la direction de la Qibla lorsqu'on se prosterne devant Dieu (sauf cas de prière rituelle facultative accomplie sur une monture, et ce sous certaines conditions, comme nous allons le voir plus bas).
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La Kaaba et Bayt ul-Maqdis ont ainsi été désignés par Dieu comme étant Qibla (le fait de se tourner vers Bayt ul-Maqdis est cependant désormais abrogé). Or ce n'est pas arbitrairement que Dieu a désigné ces lieux : Dieu a créé ces lieux en leur conférant des qualités particulières, que les autres lieux n'ont pas, afin ensuite de pouvoir être choisis par Lui. Ensuite Dieu a fait savoir à Abraham l'emplacement où il devait bâtir avec son fils Ismaël un édifice indiquant l'emplacement de ce lieu : "وَإِذْ بَوَّأْنَا لِإِبْرَاهِيمَ مَكَانَ الْبَيْتِ أَن لَّا تُشْرِكْ بِي شَيْئًا وَطَهِّرْ بَيْتِيَ لِلطَّائِفِينَ وَالْقَائِمِينَ وَالرُّكَّعِ السُّجُودِ وَأَذِّن فِي النَّاسِ بِالْحَجِّ يَأْتُوكَ رِجَالًا وَعَلَى كُلِّ ضَامِرٍ يَأْتِينَ مِن كُلِّ فَجٍّ عَمِيقٍ لِيَشْهَدُوا مَنَافِعَ لَهُمْ وَيَذْكُرُوا اسْمَ اللَّهِ فِي أَيَّامٍ مَّعْلُومَاتٍ عَلَى مَا رَزَقَهُم مِّن بَهِيمَةِ الْأَنْعَامِ فَكُلُوا مِنْهَا وَأَطْعِمُوا الْبَائِسَ الْفَقِيرَ ثُمَّ لْيَقْضُوا تَفَثَهُمْ وَلْيُوفُوا نُذُورَهُمْ وَلْيَطَّوَّفُوا بِالْبَيْتِ الْعَتِيقِ" : "Et lorsque Nous indiquâmes à Abraham l'emplacement de la Maison (…)" (Coran 22/26-29).
Dans un hadîth, le prophète Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue) a dit que "Abraham a déclaré sacrée la Mecque" avant d'ajouter que lui-même déclarait Médine sacrée (al-Bukhârî 2022, Muslim 1360). Or, après la conquête de la Mecque, en l'an 8 de l'hégire, le Prophète a dit, d'après ce que Ibn Abbâs relate : "(...) Ceci [= La Mecque] est une cité que Dieu a rendue sacrée le jour où Il a créé les cieux et la Terre. (...)" : "عن ابن عباس رضي الله عنهما، قال: قال النبي صلى الله عليه وسلم يوم افتتح مكة: "لا هجرة، ولكن جهاد ونية، وإذا استنفرتم، فانفروا. فإن هذا بلد حرم الله يوم خلق السموات والأرض، وهو حرام بحرمة الله إلى يوم القيامة، وإنه لم يحل القتال فيه لأحد قبلي، ولم يحل لي إلا ساعة من نهار. فهو حرام بحرمة الله إلى يوم القيامة، لا يعضد شوكه، ولا ينفر صيده، ولا يلتقط لقطته إلا من عرفها، ولا يختلى خلاها".قال العباس: "يا رسول الله إلا الإذخر فإنه لقينهم ولبيوتهم". قال: قال: "إلا الإذخر" (al-Bukhârî 1737 ; Muslim 1353). (Un autre hadîth, relaté par Abû Shurayh, dit la même chose que celui relaté par Ibn Abbâs : al-Bukhârî 104, Muslim 1354.) Alors : est-ce Dieu, ou est-ce Abraham, qui a déclarée sacrée la cité de la Mecque ? En fait, cela peut signifier que Dieu avait décidé, le jour où Il a créé les cieux et la Terre, que Abraham déclarerait plus tard la Mecque sacrée, suivant en cela la révélation de Dieu ; ou encore que ce fut Abraham qui, le premier, fit connaître aux hommes que Dieu avait décidé, depuis le jour où Il avait créé les cieux et la Terre, que la Mecque est sacrée. "وفي الأحاديث التي ذكرها مسلم بعد هذا أن إبراهيم حرم مكة. فظاهرها الاختلاف. وفي المسألة خلاف مشهور ذكره الماوردي في الأحكام السلطانية وغيره من العلماء في وقت تحريم مكة. فقيل: إنها ما زالت محرمة من يوم خلق الله السماوات والأرض. وقيل: ما زالت حلالا كغيرها إلى زمن إبراهيم صلى الله عليه وسلم ثم ثبت لها التحريم من زمن إبراهيم؛ وهذا القول يوافق الحديث الثاني. والقول الأول يوافق الحديث الأول؛ وبه قال الأكثرون؛ وأجابوا عن الحديث الثاني بأن تحريمها كان ثابتا من يوم خلق الله السماوات والأرض ثم خفي تحريمها واستمر خفاؤه إلى زمن إبراهيم فأظهره وأشاعه لا أنه ابتدأه. ومن قال بالقول الثاني أجاب عن الحديث الأول بأن معناه أن الله كتب في اللوح المحفوظ أو في غيره يوم خلق الله تعالى السماوات والأرض أن إبراهيم سيحرم مكة بأمر الله تعالى والله أعلم" (Shar'h Muslim 9/124). "قوله صلى الله عليه وسلم (إن مكة حرمها الله ولم يحرمها الناس) معناه أن تحريمها بوحي الله تعالى لا أنها اصطلح الناس على تحريمها بغير أمر الله" (Ibid., 9/127). "هذا دليل لمن يقول إن تحريم مكة إنما هو كان في زمن إبراهيم صلى الله عليه وسلم والصحيح أنه كان يوم خلق الله السماوات والأرض وقد سبقت المسألة مستوفاة قريبا وذكروا في تحريم إبراهيم احتمالين أحدهما أنه حرمها بأمر الله تعالى له بذلك لا باجتهاده فلهذا أضاف التحريم إليه تارة وإلى الله تعالى تارة والثاني أنه دعا لها فحرمها الله تعالى بدعوته فأضيف التحريم إليه لذلك" (Ibid., 9/134).
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Quand, parce que l'homme accomplit la prière rituelle, il vise (A.2) la Kaaba :
--- s'il est si proche qu'il peut la voir de ses yeux, alors il doit se diriger exactement vers son édifice ;
--- par contre, s'il est trop éloigné pour pouvoir la voir, il doit prendre sa direction. Dans ce cas, même si un mur se trouve entre lui et elle, cela n'empêche pas qu'il soit bel et bien "dans sa direction", car l'intention est bien de la "viser".
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--- La prosternation que le musulman fait face à la Kaaba (A.2) n'a pas pour objectif d'exprimer l'hommage et le respect du musulman à l'édifice de la Kaaba, ni au lieu où elle se trouve (pas : A.1.2) :
Certes, ce lieu et cet édifice sont par ailleurs hautement respectables et sacrés, et le musulman témoigne de respect vis-à-vis d'eux ; et ce respect se fait par le fait de se préserver de faire certains actes (par exemple faire ses besoins naturels en étant tourné vers la Qibla, ou cracher dans la direction de la Qibla : nous y reviendrons plus bas) et par le fait de faire certains autres actes (en faire le Tawâf, en toucher un des Rukn, s'accoler au Multazam).
Cependant, la prosternation face à elle n'a nullement l'objectif et le sens d'exprimer du respect à la Kaaba.
De même, toucher le Rukn Yamanî de la Kaaba pendant le Tawâf constitue un acte cultuel (ta'abbud) et n'a pas été institué par motivation de recherche de baraka (At-Tabarruk, p. 422) ni d'expression de respect. Venir au Multazam, s'y accoler et faire alors des invocations à Dieu constitue lui aussi un acte cultuel (ta'abbud) (motivé par l'expression de ishtiyâq ilallâh), et n'a pas été institué par motivation de recherche de baraka (At-Tabarruk, p. 422) ni d'expression de respect.
De même, rechercher la proximité du Maqâmu Ibrâhîm pour y pratiquer une prière rituelle, cela possède un sens cultuel (ta'abbud), lui-même motivé par l'acquisition de baraka dîniyya (Bayân ul-qur'ân, 1/69) (voir aussi At-Tabarruk, p. 352), vu qu'ici il s'agit de rechercher la proximité de quelque chose : "وَاتَّخِذُواْ مِن مَّقَامِ إِبْرَاهِيمَ مُصَلًّى" (Coran 2/125) ; cependant, de nouveau, cela n'a pas été institué par motivation d'expression de respect. (En passant : c'est la même chose quant au fait de se rendre dans la partie de la mosquée du Prophète à Médine qui est nommée "Riyâdh ul-janna" pour y accomplir une prière rituelle facultative : cela est motivé par l'acquisition d'une baraka dîniyya particulière, que ce lieu possède : At-Tabarruk, p. 116.)
Quant au fait de regarder la Kaaba, cela ne constitue pas un acte cultuel (les hadîths affirmant cela n'étant pas authentiques) ; par contre, la regarder en réfléchissant à ce qu'elle constitue est acte maslahî, et par là rapporte des récompenses.
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Ensuite il y a le fait que l'homme ne doit pas faire ses besoins naturels, ni cracher, dans la direction de la Qibla :
Faire ses besoins naturels en étant dans la direction de la Qibla :
--- d'après de nombreux mujtahidûn (Ibn Omar, les malikites, les shafi'ites, et l'avis le plus répandu chez les hanbalites) : si un mur se trouve entre l'homme et la Qibla, faire ses besoins en se trouvant dans cette direction ne gêne pas, vu que, ici, l'homme ne vise pas la Kaaba : il se trouve donc dans un cas similaire au cas B du prieur par rapport à la tombe : dès lors, il suffit qu'il y ait une sut'ra devant lui pour qu'il ne soit pas considéré comme "étant dans la direction de la Kaaba". An-Nawawî relate que s'il s'agit d'une pièce conçue pour être "lieu d'aisance", alors il n'y a pas d'obligation de distance maximale entre soi et le mur ; par contre, si on se trouve ailleurs qu'en pareille pièce, il ne faut pas que ce qui s'interpose entre soi et la Qibla soit distant de soi de plus de 3 coudées : il faut que cela soit immédiatement devant soi (Al-Maj'mû', 3/16) ;
--- d'après d'autres mujtahidûn (l'avis retenu chez les hanafites, Ibn Taymiyya) : c'est même lorsqu'un mur se trouve entre l'homme et la Qibla qu'il ne doit pas être dans cette direction quand il fait ses besoins naturels : le fait est que le mur ne peut pas servir ici de sut'ra, vu que la sut'ra sert à éviter à l'homme de se retrouver face à quelque chose d'immédiat et qui serait problématique pour ce qu'il fait (comme une tombe pendant qu'il prie) (alors que s'il était éloigné de cette tombe, il n'y aurait pas la nécessité d'une sut'ra) ; tandis qu'ici l'homme se trouve dans une direction qui est recherchée même quand il est éloigné de l'objectif (la Kaaba) ; dès lors, même si entre lui et elle se trouve un mur, l'homme est bel et bien dans la direction de la Qibla ;
--- d'après un avis présent chez les hanafites : c'est seulement quand il urine qu'il ne doit pas être dans la direction de la Qibla, et ce parce que l'impureté se trouve alors naturellement projetée dans la direction de la Kaaba (par contre, être tourné le dos à la Qibla n'est pas interdit quand on fait ses besoins) : "فصل: ويكره استقبال القبلة بالفرج في الخلاء لأنه - عليه الصلاة والسلام - نهى عن ذلك. والاستدبار يكره في رواية لما فيه من ترك التعظيم، ولا يكره في رواية لأن المستدبر فرجه غير مواز للقبلة، وما ينحط منه ينحط إلى الأرض؛ بخلاف المستقبل، لأن فرجه مواز لها، وما ينحط منه ينحط إليها" (Al-Hidâya, 1/122-124) ; "وإنما قيد بالخلاء - وإن كان في الصحراء كذلك - لما فيه خلاف الشافعي" (Al-'Inâya).
Ibn Hajar a synthétisé comme suit les 'illa qui sont à la base de ces différents avis : "والظاهر من قوله "ببول" اختصاص النهي بخروج الخارج من العورة، ويكون مثاره إكرام القبلة عن المواجهة بالنجاسة؛ ويؤيده قوله في حديث جابر "إذا هرقنا الماء". وقيل: مثار النهي كشف العورة؛ وعلى هذا فيطرد في كل حالة تكشف فيها العورة، كالوطء مثلا، وقد نقله بن شاش المالكي قولا في مذهبهم؛ وكأن قائله تمسك برواية في الموطأ "لا تستقبلوا القبلة بفروجكم"؛ ولكنها محمولة على المعنى الأول أي حال قضاء الحاجة جمعا بين الروايتين. والله أعلم" (FB 1/324). La première 'illa qu'il a citée se marie avec le troisième avis sus-cité. Quant au second et au premier avis, ils se marieraient plutôt avec la 'illa suivante : "إكرام القبلة عن مواجهتها بالبدن وقت خروج النجاسة منه". An-Nawawî relate que chez les shafi'ites et les hanafites, c'est bien le moment où on fait ses besoins qui est concerné par cette règle, et pas le moment où, après ses besoins, on procède à sa purification (istinjâ'), ni le moment des relations intimes (Al-Majmû', 3/17).
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Cracher dans la direction de la Kaaba :
Cela est, d'après l'une des interprétations des hadîths sur le sujet (c'est l'interprétation à laquelle Ibn Hajar, as-San'ânî et al-Albânî adhèrent), systématiquement interdit (que l'on soit alors en train d'effectuer la prière rituelle ou pas, et que l'on soit à l'intérieur de la mosquée ou à l'extérieur) ; car cela constitue de l'irrespect vis-à-vis de la Kaaba.
Est-ce que ce hukm (l'interdiction) sera exportable à une autre action liée au même objet ("تعدية الحكم الشرعي (الحرمة) من الفعل المحكوم عليه إلى فعل آخر، متعلقٍ بنفس الموضوع"), par exemple au fait d'allonger ses pieds dans la direction de la Qibla ? Oui si cette autre action est considérée comme renfermant elle aussi cette 'illa (qui a motivé l'interdiction de cracher dans la direction de la Kaaba) (cette 'illa est : l'irrespect). Sinon, non.
--- Certains juristes (parmi lesquels les Hanafites) ont procédé à l'analogie et ont donc interdit d'allonger ses pieds vers la Qibla (Fat'h ul-qadîr, 1/434, Al-Binâya).
--- D'autres juristes (parmi lesquels les Hanbalites) n'ont pas procédé à cette analogie (du moins quand on ne se trouve pas face à la Kaaba : Ibn Muflih), et ont fait valoir cela d'autant plus que, d'après les hanafites, le malade ne pouvant pas se tenir assis peut prier les pieds allongés dans la direction de la Kaaba : si cela était de l'irrespect, la prière n'aurait pas été possible dans cette posture.
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--- Il y a eu deux Qibla dans l'histoire de l'islam : au début cela était facultatif, puis cela fut fixé : d'abord Bayt ul-Maqdis, ensuite et définitivement : la Kaaba :
Témoignage de ce changement de Qibla se trouve en Coran 2/142-152.
En fait les deux lieux - la Kaaba et Bayt ul-Maqdis - sont des Qiblat-ullâh : "وكان إبراهيم وإسمعيل عليهما السلام ومن تدين بدينهما يستقبلون الكعبة. وكان إسرائيل عليه السلام وبنوه يستقبلون بيت المقدس. هذا هو الأصل المسلم في الشرائع" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/550).
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"وقال قتادة: كان الناس يتوجهون إلى أي جهة شاؤوا، بقوله: {ولله المشرق والمغرب}. ثم أمرهم باستقبال بيت المقدس" (Zâd ul-massîr). On peut traduire et développer ce propos de Qatâda ainsi (cela bien que je ne suis pas d'avis que ce soit le verset 2/115 qui ait induit la latitude que Qatâda évoque) :
--- Au début de l'islam, il n'y avait pas l'obligation de se tourner vers une Qibla pour accomplir une prière rituelle (sauf qu'il ne fallait bien sûr pas se prosterner alors que devant soi se trouvait une statue ou chose semblable). [Bien sûr, quand ils se trouvaient devant la Kaaba, les musulmans se tournaient naturellement vers elle, mais cela n'était pas obligatoire. D'ailleurs, se trouvant ailleurs que devant la Kaaba, le Prophète - sur lui soit la paix - se tournait parfois vers Bayt ul-Maqdis.]
--- Puis, [lorsque le Prophète (sur lui soit la paix) émigra à Yathrib (Médine)] : soit ordre lui fut donné de la part de Dieu (wah'y ghayr matlû) de prendre Bayt ul-Maqdis comme Qibla ; soit ijtihâd lui-même il fit, et il pensa qu'il y avait maintenant plus de Maslaha à se tourner vers Bayt ul-Maqdis ; il ordonna donc à tous ses Compagnons de suivre ce qu'il avait pensé suite à son ijtihâd (Shâh Waliyyullâh est d'avis que ce fut un ijtihâd de sa part : Hujjat ullâh il-bâligha, 1/356-357 ; 1/550-551).
--- Enfin, 17 mois plus tard, et alors que le Prophète lui-même le désirait, ordre lui fut donné par Dieu de prendre la Kaaba comme Qibla : "قَدْ نَرَى تَقَلُّبَ وَجْهِكَ فِي السَّمَاء فَلَنُوَلِّيَنَّكَ قِبْلَةً تَرْضَاهَا فَوَلِّ وَجْهَكَ شَطْرَ الْمَسْجِدِ الْحَرَامِ وَحَيْثُ مَا كُنتُمْ فَوَلُّواْ وُجُوِهَكُمْ شَطْرَهُ"(Coran 2/144).
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Et pendant les 13 années qu'il passa à prêcher à La Mecque, quelle Qibla le Prophète prenait-il ?
Je suis la relation qui dit qu'il prenait alors naturellement la Kaaba comme Qibla ; et, plus précisément encore, l'interprétation qui dit qu'il n'y avait pas que, se trouvant devant la Kaaba, il la visait comme Qibla ainsi que Bayt ul-Maqdis (A.2) ; non, il visait (A.2) la Kaaba sans viser aussi Bayt ul-Maqdis (interprétation citée mais non retenue in Fat'h ul-barî, 1/129, 1/131, par contre retenue in Dars-é Tirmidhî, 2/119).
Cela n'empêche pas que, pendant cette période où le Prophète vivait encore à la Mecque, occasionnellement il prenait Bayt ul-Maqdis comme Qibla (A.2) : il ne faisait ainsi qu'occasionnellement, et encore, uniquement lorsqu'il se trouvait, à La Mecque ou dans le Haram, ailleurs que devant la Kaaba.
La Kaaba et Bayt ul-Maqdis sont toutes deux Qiblat ullâh, comme nous l'avons dit. Quand il y eut le choix, prendre celle des deux que l'on voulait comme Qibla était un bien. Quand il y eut l'impératif de prendre Bayt ul-maqdis comme Qibla, délaisser celle-ci et prendre volontairement la Kaaba comme Qibla fut une action mauvaise, non pas en soi, mais à cause de l'impératif. Enfin, quand ordre fut donné de prendre la Kaaba comme Qibla, délaisser celle-ci et prendre volontairement la direction de Bayt ul-maqdis devint une action mauvaise, non pas en soi mais à cause de cet ordre.
Pour plus de détails concernant le changement de Qibla, lire notre article consacré à ce point.
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--- "فَأَيْنَمَا تُوَلُّواْ فَثَمَّ وَجْهُ اللّهِ" : "Où que vous vous tourniez, là est la Face de Dieu" (Coran 2/115) :
Depuis la révélation de "قَدْ نَرَى تَقَلُّبَ وَجْهِكَ فِي السَّمَاء فَلَنُوَلِّيَنَّكَ قِبْلَةً تَرْضَاهَا؛ فَوَلِّ وَجْهَكَ شَطْرَ الْمَسْجِدِ الْحَرَامِ؛ وَحَيْثُ مَا كُنتُمْ فَوَلُّواْ وُجُوِهَكُمْ شَطْرَهُ" (Coran 2/144), prendre la direction de la Kaaba pour "se prosterner devant Dieu lors de la prière rituelle obligatoire" est désormais nécessaire (et d'ailleurs le fait de se tourner vers Bayt ul-Maqdis est lui aussi depuis lors abrogé).
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Pour ce qui est de cette affirmation : "فَأَيْنَمَا تُوَلُّواْ فَثَمَّ وَجْهُ اللّهِ" : "Où que vous vous tourniez, là est la Face de Dieu" (Coran 2/115), différentes causes de révélations (asbâb un-nuzûl) en ont été relatées (on peut les voir dans Tafsîr ut-Tabarî, dans Zâd ul-massîr, et surtout dans An-Nâssikh wa-l-Mansûkh, de Ibn ul-'Arabî. Ces différentes relations montrent que ce verset 2/115 fut révélé soit avant le verset 2/144 ; soit après le verset 2/144, alors que la nécessité de prendre la Kaaba comme Qibla pour prier avait déjà été instituée.
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Et :
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--- soit "waj'h ullâh" désigne en 2/115 la sifat ullâh bien connue. Proche est ce que at-Tabarî a ainsi formulé : "وقال آخرون: معنى قول الله عز وجل: {فَثَمَّ وَجْهُ اللَّهِ}: "فثم الله تبارك وتعالى" (Tafsîr ut-Tabarî). Dans ce cas il n'y a ici nulle abrogation (car le naskh ne concerne pas les akhbâr) : il est toujours vrai que, où que l'on se tourne pour accomplir la prière, Dieu se trouve dans cette direction, vu que Dieu est au-dessus du ciel et que ce dernier est sphérique ;
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--- soit "waj'h ullâh" signifie ici : "qiblat ullâh", et ce verset 2/115 évoque le fait que, au début, il n'y avait aucun ordre en la matière : il y avait latitude de se tourner dans n'importe quelle direction pendant la prière rituelle. Dans ce cas, le hukm qu'induit ce verset est partiellement abrogé : car, par la suite, au moins pour l'accomplissement des prières rituelles obligatoires il y a eu l'obligation de se tourner vers Bayt ul-Maqdis, obligation qui fut ensuite elle-même abrogée par l'ordre de se tourner vers la Kaaba. C'est là l'interprétation de Qatâda. "عن قتادة في قوله: {فَأَيْنَمَا تُوَلُّوا فَثَمَّ وَجْهُ اللَّهِ}: قال: هي القبلة؛ ثم نسختها القبلة إلى المسجد الحرام" (Tafsîr ut-Tabarî, 1827) ; "عن قتادة: قوله جل وعز: {ولله المشرق والمغرب فأينما تولوا فثم وجه الله}: ثم نسخ ذلك بعد ذلك فقال الله: {ومن حيث خرجت فول وجهك شطر المسجد الحرام" (Tafsîr ut-Tabarî, 1826). At-Tabarî avait commenté cela ainsi : "وقال آخرون: بل أنزل الله هذه الآية قبل أن يفرض على نبيه صلى الله عليه وسلم وعلى المؤمنين به التوجه شطر المسجد الحرام. وإنما أنزلها عليه معلما نبيه عليه الصلاة والسلام بذلك وأصحابه أن لهم التوجه بوجوههم للصلاة حيث شاءوا من نواحي المشرق والمغرب، لأنهم لا يوجهون وجوههم وجها من ذلك وناحية، إلا كان جل ثناؤه في ذلك الوجه وتلك الناحية، لأن له المشارق والمغارب، وأنه لا يخلو منه مكان*، كما قال جل وعز: {وَلا أَدْنَى مِنْ ذَلِكَ وَلا أَكْثَرَ إِلا هُوَ مَعَهُمْ أَيْنَ مَا كَانُوا}. قالوا: ثم نسخ ذلك بالفرض الذي فرض عليهم في التوجه شطر المسجد الحرام" (Tafsîr ut-Tabarî) (* Ibn Kathîr a, dans son Tafsîr, écrit un petit commentaire sur cette formule employée ici par at-Tabarî). Ibn ul-Jawzî a pour sa part écrit ceci : "وقال قتادة: كان الناس يتوجهون إلى أي جهة شاؤوا، بقوله: {ولله المشرق والمغرب}. ثم أمرهم باستقبال بيت المقدس" (Zâd ul-massîr) ;
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--- soit "waj'h ullâh" signifie ici : "qiblat ullâh", mais ce verset 2/115 évoque seulement, comme Qibla : la Kaaba (c'est l'interprétation de Mujâhid : at-Tabarî, 1836, 1837). Dans ce cas, ce verset signifie seulement : "Où que vous soyez, vous pouvez aisément prendre la direction de la Kaaba, tel que cela vous a été prescrit" : "عن مجاهد في قول الله عز وجل: {فأينما تولوا فثم وجه الله}، قال: "قبلة الله، فأينما كنت من شرق أو غرب فاستقبلها". (...) عن مجاهد قال: "حيثما كنتم، فلكم قبلة تستقبلونها؛ قال: الكعبة" (Tafsîr ut-Tabarî), et n'a donc nullement été abrogé ni particularisé ;
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--- soit "waj'h ullâh" signifie ici : "ridha-llâh", et ce verset 2/115 signifie : "Où que vous vous tourniez pour accomplir la prière rituelle, suivant en cela l'ordre de Dieu en vigueur - Bayt ul-Maqdis auparavant ; ensuite et désormais : la Kaaba -, vous obtiendrez ainsi la Face de Dieu, c'est-à-dire Son Agrément, car vous Lui obéissez". "وقال آخرون: معنى قوله: {فَثَمَّ وَجْهُ اللَّهِ}، فثم تدركون بالتوجه إليه رضا الله، الذي له الوجه الكريم" (Tafsîr ut-Tabarî).
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Lorsque chevauchant sa monture lors de voyages, le Prophète (sur lui soit la paix) accomplissait des prières rituelles facultatives (nâfila), il restait dans la direction dans laquelle sa monture se trouvait (et ne se tournait pas vers la Kaaba) : "عن جابر بن عبد الله رضي الله عنهما، قال: بعثني رسول الله صلى الله عليه وسلم في حاجة له، فانطلقت، ثم رجعت وقد قضيتها، فأتيت النبي صلى الله عليه وسلم، فسلمت عليه، فلم يرد علي، فوقع في قلبي ما الله أعلم به، فقلت في نفسي: لعل رسول الله صلى الله عليه وسلم وجد علي أني أبطأت عليه، ثم سلمت عليه فلم يرد علي، فوقع في قلبي أشد من المرة الأولى، ثم سلمت عليه فرد علي، فقال: "إنما منعني أن أرد عليك أني كنت أصلي". وكان على راحلته متوجها إلى غير القبلة" (al-Bukhârî, 1159, Muslim, 540) "عن جابر بن عبد الله، قال: كان رسول الله صلى الله عليه وسلم يصلي على راحلته حيث توجهت. فإذا أراد الفريضة نزل فاستقبل القبلة" (al-Bukhârî, 391) ; (voir aussi al-Bukhârî, 955, Muslim 700 ; et al-Bukhârî, 1042, Muslim 701).
Certes, pour la légalité d'accomplir une prière rituelle surérogatoire ainsi, il y a divergence quant à savoir s'il faut que la personne soit simplement sur une monture (fût-elle dans la ville), ou bien sur une monture hors de la ville, ou bien sur une monture lors d'un voyage suffisamment conséquent (safar shar'î) (Fat'h ul-bârî 2/743) ; et s'il faut que, lors du takbîr du début de la prière, la personne ait dirigé sa monture vers la Kaaba ou bien si même cela n'est pas nécessaire.
Cependant, on voit que le hukm induit par le verset 2/115 est toujours applicable à ce cas de figure. C'est bien ce qu'exprime cette relation : "عن ابن عمر قال: كان رسول الله يصلي وهو مقبل من مكة إلى المدينة على راحلته حيث كان وجهه. قال: وفيه نزلت {فأينما تولوا فثم وجه الله}" (Muslim, 700) (avec la formule "fîhi nazalat" dans son acception élargie).
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De même, certains ulémas disent que pour effectuer la prosternation de remerciement à Dieu, il n'y a, pareillement, pas l'obligation de se tourner vers la Qibla, comme il n'y a alors pas l'obligation d'être en état de petites ablutions ; Ibn Hazm et Ibn Taymiyya - entre autres - sont de cet avis.
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La question qui se pose ici est la suivante :
On doit tourner sa face vers la Kaaba pour accomplir toute prière rituelle, et, par son physique, on vise donc la Kaaba (sauf quand on se trouve sur une monture et qu'on accomplit alors une prière surérogatoire).
Mais que signifie vraiment "viser" ? Et :
--- est-ce véritablement la Kaaba que, mentalement, on vise ?
--- ou est-ce qu'en fait on ne fait que prendre la direction de la Kaaba, tandis que ce qu'on vise mentalement c'est la portion du ciel située en haut de soi et qui se trouve dans sa direction (puisque ce à qui on a l'objectif d'adresser sa prosternation, c'est Allah, qui est au-dessus du ciel) ?
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J'ai cru déceler qu'il existerait deux tendances possibles :
--- Ibn Taymiyya dit que, dans le regard de Mujâhid et de ash-Shâfi'î, il n'est pas question, en ce verset 2/115, d'une Sifat ullâh : selon eux, "waj'h" veut dire ici : "wij'ha" : cela ne constitue pas une Sifat ullâh, et ils n'ont donc pas procédé ici à une Ta'wîlu Âyat is-Sifa (MF 3/193). Cependant, Ibn Taymiyya n'a pas trouvé ce commentaire être le plus pertinent (Naqdhu Assâs it-taqdîs, 3/282). Pareillement, Ibn ul-'Uthaymîn a donné préférence au fait qu'il s'agit bien, ici, d'une Sifat ullâh : "لكن هناك كلمة اختلف المفسرون فيها، وهي قوله: تعالى: {وَلِلَّهِ الْمَشْرِقُ وَالْمَغْرِبُ فَأَيْنَمَا تُوَلُّوا فَثَمَّ وَجْهُ اللَّهِ}: {فَأَيْنَمَا تُوَلُّوا}، يعني: إلى أي مكان تولوا وجوهكم عند الصلاة {فَثَمَّ} أي: فهناك {وَجْهُ الله}. فمنهم من قال: إن الوجه بمعنى الجهة، لقوله تعالى: {وَلِكُلٍّ وِجْهَةٌ هُوَ مُوَلِّيهَا}، فالمراد بالوجه: الجهة، أي: "فثم جهة الله"، أي: "فثم الجهة التي يقبل الله صلاتكم إليها"؛ قالوا: لأنها نزلت في حال السفر، إذا صلى الإنسان النافلة، فإنه يصلي حيث كان وجهه، أو إذا اشتبهت القبلة، فإنه يتحرى ويصلي حيث كان وجهه. ولكن الصحيح أن المراد بالوجه هنا: وجه الله الحقيقي، أي: "إلى أي جهة تتوجهون، فثم وجه الله سبحانه وتعالى، لأن الله محيط بكل شيء"، ولأنه ثبت عن النبي صلى الله عليه وسلم أن المصلي إذا قام يصلي "فإن الله قِبَل وجهه"، ولهذا نهى أن يبصق أمام وجهه، لأن الله قبل وجهه. فإذا صليت في مكان لا تدري أين القبلة، واجتهدت وتحريت، وصليت، وصارت القبلة في الواقع خلفك، فالله يكون قِبَل وجهك حتى في هذه الحال" (Shar'h ul-aqîda al-wâssitiyya). Ibn ul-Qayyim a écrit chose très voisine (cf. Mukhtassar as-Sawâ'ïq il-mursala, p. 542).
Avec cette première tendance (Ibn Taymiyya, Ibn ul-Qayyim, Ibn ul-'Uthaymîn) se marient bien :
- l'avis qui dit que la prosternation de remerciement peut être faite sans être tourné vers la Qibla ;
- l'avis qui dit que lorsqu'on se trouve sur une monture, même dans sa ville de résidence, on peut accomplir la salât nâfila sans aucun besoin de se tourner vers la Qibla - pas même au début de cette salât - ;
- le hadîth où certains Compagnons, étant en voyage, ont évalué la direction de la Kaaba lors d'une nuit très obscure, mais se sont trompés et ont effectué leur prière en étant - sans le savoir - tournés dans une autre direction ; lorsqu'ils ont relaté cela au Prophète (sur lui soit la paix), celui-ci a récité le verset : "Quelque soit le lieu vers lequel vous (vous) tournez, là se trouve la Face de Dieu" : "عن عبد الله بن عامر بن ربيعة، عن أبيه قال: "كنا مع النبي صلى الله عليه وسلم في سفر في ليلة مظلمة، فلم ندر أين القبلة، فصلى كل رجل منا على حياله؛ فلما أصبحنا، ذكرنا ذلك للنبي صلى الله عليه وسلم، فنزل: "{فأينما تولوا فثم وجه الله" (at-Tirmidhî, 345, 2957) ;
- l'explication suivante de Shâh Waliyyullâh quant à l'objectif que recèle le fait de se tourner vers la Kaaba pour la prière rituelle : "se tourner - pendant la prière rituelle - vers ce qui est lié à Dieu , cela par recherche de Sa Satisfaction, en se rapprochant de Lui, cela rassemble plus l'attention, pousse davantage à la qualité de dévotion, et favorise plus la présence du coeur" : "أقول: السر في ذلك أنه لما كان تعظيم شعائر الله وبيوته واجبا - لا سيما فيما هو أصل أركان الإسلام وأم القربات وأشهر شعائر الدين -، وكان التوجه في الصلاة إلى ما هو مختص بالله بطلب رضا الله بالتقرب منه أجمع للخاطر وأحث على صفة الخشوع وأقرب لحضور القلب - لأنه يشبه مواجهة الملك في مناجاته -، اقتضت الحكمة الالهية أن يجعل استقبال قبلةً مّا شرطا في الصلاة في جميع الشرائع" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/550) ;
- l'avis (malikite) qui dit que, pendant la prière, on doit garder le regard devant soi, vers la Qibla (sachant qu'il est demandé dans le hadîth de ne pas lever le regard vers le ciel quand on est en prière ; or regarder droit devant soi conduit, si on se trouve au bord de la mer ou sur un sommet montagneux élevé, à avoir le regard tourné vers la partie du ciel qui est face à soi : regarder devant soi conduit donc parfois à regarder une portion du ciel, alors même que, par humilité, il s'agit de baisser les yeux quand on se trouve face à Dieu ; c'est donc bien qu'on vise mentalement Dieu qui est au-dessus, la Kaaba n'étant que l'objet de convergence).
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--- L'autre tendance correspondrait à l'interprétation suivante : dans ce verset "فَأَيْنَمَا تُوَلُّواْ فَثَمَّ وَجْهُ اللّهِ", les termes "وَجْهُ اللّهِ" signifient : "قِبْلَةُ الله", ce qui veut dire : "فَأَيْنَمَا تُوَلُّواْ في الصلاة فَثَمَّ الجِهَةُ التي تُقابِلون فيها اللهَ حُكمًا".
Le fait est que, certes, Dieu étant au-dessus du ciel et ce dernier étant sphérique, où que l'on se tourne, Dieu se trouve véritablement dans cette direction, en haut de soi. Cependant, pendant la prière rituelle, c'est bien le lieu où se trouve la Kaaba que l'on vise mentalement (et non pas la portion du ciel qui se trouve face à soi, en haut, de sorte que l'on puisse dire qu'on ait alors véritablement visé la direction du haut).
Par ailleurs, il faut savoir ici que dans la Sunna il est dit que "lorsque le croyant effectue sa prière rituelle"...
--- "alors il converse avec Dieu" ("فإنه يناجي ربه") ;
--- "alors Dieu Se dirige, par Son Visage, vers lui" ("وإن الله تبارك وتعالى يستقبله بوجهه") ;
--- "alors Dieu est dans la direction de son visage" ("فإن الله قبل وجهه") ;
--- "alors Dieu est entre lui et la Qibla" ("إن ربه بينه وبين القبلة").
Les deux premières propositions ("alors il converse avec Dieu", et "alors Dieu Se dirige, par Son Visage, vers lui") ne posent pas questionnement.
Par rapport à la troisième de ces propositions ("Dieu est dans la direction de son visage"), d'après une explication, c'est véritablement que les choses sont ainsi : "Dieu est bien dans la direction de son être, mais en haut, puisque cernant toute chose" ; mais il existe aussi, de cette proposition, l'explication suivante : "C'est comme si Dieu est dans la direction de son visage" : "قبل وجه أحدكم" هو بكسر القاف وفتح الباء: أي جهة وجه أحدكم. وهذا على سبيل التشبيه: أي: كأن الله تعالى في مقابل وجهه" : 'Awn ul-ma'bûd, al-Azîm-âbâdî).
En revanche, pour ce qui est de la quatrième de ces propositions ("Dieu est entre lui et la Qibla"), il est évident que Dieu ne se trouve pas véritablement (bi dhâti-hî) entre le prieur et la Kaaba ! Al-Khattâbî a expliqué cette phrase ainsi : "Le fait que (celui qui prie) se tourne vers la Qibla conduit - par l'objectif que (ce prieur a) - à (se tourner vers) son Rabb. C'est donc comme si ce dont le prieur a comme objectif (maqsûd) est entre lui et sa Qibla" : "وأما قوله "أو إن ربه بينه وبين القبلة" وكذا في الحديث الذي بعده "فإن الله قبل وجهه"، فقال الخطابي: "معناه أن توجهه إلى القبلة مفض - بالقصد منه - إلى ربه"؛ فصار في التقدير: "فإن مقصوده بينه وبين قبلته" (Fat'h ul-bârî, 1/658) / "فصار في التقدير: "كأن مقصوده بينه وبين قبلته" (Mir'ât ul-mafâtîh).
Avec cette seconde tendance se marient bien :
- l'avis qui dit que c'est seulement lorsqu'on est en voyage (safar shar'î) qu'on peut accomplir la salât nâfila dans la direction que la monture prend ; et ce parce l'impératif du voyage fait que descendre de la monture retarderait le voyageur, alors même que la prière est facultative et n'est pas obligatoire : cela est donc plus à même que le voyageur accomplisse le plus de prières surérogatoires pendant le cheminement de sa monture ;
- l'avis qui dit que, pour la prosternation de remerciement également, on doit impérativement prendre la direction de la Qibla ;
- l'avis qui dit que pendant qu'on accomplit la prière, il est recommandé de garder le regard baissé sur l'endroit où on va accomplir sa prosternation (et ce car, pendant qu'on accomplit la prière rituelle, on se trouve debout devant Dieu ; or Dieu n'est pas véritablement entre soi et la Qibla : Il est dans la direction du Haut : c'est donc bien qu'on vise mentalement la Kaaba).
Cette seconde tendance revient à dire que si Dieu se tourne véritablement vers Son serviteur pendant que celui-ci prie, en revanche la muqâbala que le serviteur fait vis-à-vis de Dieu pendant qu'il prie est pour sa part ma'nawiyya : diriger sa prosternation vers la Kaaba, cela revient à la diriger vers Dieu (tout comme aller en pèlerinage à la Kaaba, cela revient à voyager vers Dieu). Cela parce que, comme nous l'avons déjà dit plus haut, les hommes, vivant sur Terre, ont besoin d'un lieu sur Terre qui soit considéré ainsi.
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En tous cas, le verset 2/115, compris avec le verset 2/144, signifie ceci : "Où que - suivant alors l'ordre de Dieu en la matière - vous vous tourniez pour accomplir la prière rituelle, vous vous tournez alors vers Dieu. Cela est vérifié par rapport à toute direction pour la prière rituelle facultative que vous accomplissez sur une monture hors de la ville, ainsi que pour les cas où, après avoir cherché ou réfléchi, vous avez pensé que la Qibla se trouve dans telle direction, et avez accompli la prière tourné dans cette direction, laquelle s'est avérée plus tard n'être pas la bonne. Par contre, pour toute prière obligatoire, ainsi que pour la prière facultative accomplie lorsque vous n'êtes pas en déplacement, cela n'est vérifié que par rapport à la direction de la Kaaba".
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--- "لَّيْسَ الْبِرَّ أَن تُوَلُّواْ وُجُوهَكُمْ قِبَلَ الْمَشْرِقِ وَالْمَغْرِبِ وَلَكِنَّ الْبِرَّ مَنْ آمَنَ بِاللّهِ وَالْيَوْمِ الآخِرِ وَالْمَلآئِكَةِ وَالْكِتَابِ وَالنَّبِيِّينَ وَآتَى الْمَالَ عَلَى حُبِّهِ ذَوِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينَ وَابْنَ السَّبِيلِ وَالسَّآئِلِينَ وَفِي الرِّقَابِ وَأَقَامَ الصَّلاةَ وَآتَى الزَّكَاةَ وَالْمُوفُونَ بِعَهْدِهِمْ إِذَا عَاهَدُواْ وَالصَّابِرِينَ فِي الْبَأْسَاء والضَّرَّاء وَحِينَ الْبَأْسِ أُولَئِكَ الَّذِينَ صَدَقُوا وَأُولَئِكَ هُمُ الْمُتَّقُونَ" : "La piété ne consiste pas en le fait de tourner vos visages vers l'Orient ou l'Occident, mais la piété est (le fait de) qui croit en Dieu, en le Jour Dernier (...)" (Coran 2/177) :
--- Un commentaire du début de ce verset est qu'il signifie que se tourner, pendant la prière, vers telle ou telle direction, sans que Dieu l'ait institué, cela ne relève nullement de la piété : c'est se tourner vers la direction que Dieu a instituée qui fait partie des actions de piété (Tafsîr Ibn Kathîr).
--- Mais un autre commentaire en est que se tourner vers la Qibla ayant été instituée par Dieu, cela ne constitue pas toute la piété (ليس كل البر، وإن كان من البر) : il faut encore bien d'autres actions, de croyances, de coeur et de membres externes. "أي: ليس هذا هو البر المقصود من العباد؛ فيكون كثرة البحث فيه والجدال من العناء الذي ليس تحته إلا الشقاق والخلاف. وهذا نظير قوله صلى الله عليه وسلم: "ليس الشديد بالصرعة؛ إنما الشديد الذي يملك نفسه عند الغضب" ونحو ذلك" (Tafsîr us-Sa'dî) ; "وقال الآخرون: المراد بها المؤمنون. وذلك أن الرجل كان في ابتداء الإسلام قبل نزول الفرائض إذا أتى بالشهادتين وصلى الصلاة إلى أي جهة كانت ثم مات على ذلك، وجبت له الجنة؛ ولما هاجر رسول الله صلى الله عليه وسلم ونزلت الفرائض وحددت الحدود وصرفت القبلة إلى الكعبة، أنزل الله هذه الآية فقال: {ليس البر} أي كله أن تصلوا قبل المشرق والمغرب ولا تعملوا على غير ذلك {ولكن البر} ما ذكر في هذه الآية. وعلى هذا القول ابن عباس ومجاهد وعطاء والضحاك" (Tafsîr ul-Baghawî) ; "وقال بعضهم: بل المراد مخاطبة المؤمنين، لمّا ظنوا أنهم قد نالوا البغية بالتوجه إلى الكعبة من حيث كانوا يحبّون ذلك؛ فخوطبوا بهذا الكلام" (Tafsîr ur-Râzî). Correspond à cet autre commentaire ce qualificatif que Shâh Waliyyullâh a employé quant au fait de se tourner vers la Qibla : c'"est une condition (de validité) telle que, par elle, a été seulement recherché le fait de rendre plus complète la prière ; ce n'est pas une condition telle que ce n'est que par elle que peut être acquis le bénéfice de la prière" : "ولما كان استقبال القبلة شرطا إنما أريد به تكميل الصلاة - وليس شرطا لا يتأتى أصل فائدة الصلاة إلا به -، تلا رسولُ الله (صلى الله عليه وسلم) فيمن تحرى في ليلة مظلمة وصلى لغير القبلة قولَه تعالى: {فأينما تولوا فثم وجه الله}" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/552). Si quelqu'un a fait tous les efforts voulus pour se renseigner et réfléchir quant à la direction de la Qibla, a accompli la prière tourné dans cette direction, puis, après avoir complété celle-ci, a découvert qu'il s'était trompé, alors, d'après les écoles hanafite et hanbalite, il n'a pas à recommencer la prière en se tournant cette fois dans la bonne direction. Si par contre il ne dispose que de deux vêtements, dont il sait que l'un est rituellement pur et l'autre rituellement impur, qu'il réfléchit (taharrî), puis qu'il accomplit la salât uz-zohr dans celui qu'il estime être rituellement pur, mais qu'ensuite il découvre (yaqîn) que cela était l'impur, il devra recommencer la salât. La différence entre les deux cas est due au verset 2/115 (Badâ'ï' us-sana'ï', 1/552).
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Cas B) Différent de tout ce que nous venons de voir ("viser quelque chose par sa prosternation" – "A.2" –, "afin que cela soit la Qib'la d'un être non-visible" – "A.1" –), est le fait de "se prosterner face à quelque chose qu'on ne vise même pas par sa prosternation" – "B" – (السجود إلى شيء بغير قصد التوجه إليه، بل قصد السجود لـشيء آخر) :
Quand, pendant que l'homme accomplit la prière rituelle, il se trouve face à quelque chose qu'il ne vise pas (B) et qu'il n'a même pas délibérément placé dans la direction de sa prosternation (B.2) :
--- Si cette chose n'est pas visible et se trouve très loin devant lui, alors même si elle se trouve entre lui et la Qibla, cela ne gêne pas.
--- Par contre, si cette chose est visible du prieur, alors elle ne doit pas être une tombe ou autre chose à quoi des gens rendent le culte ; elle ne doit pas non plus être une statue ou une image.
C'est ce cas de figure qui est concerné par ce hadîth du Prophète (sur lui la paix) : "عن واثلة بن الأسقع، عن أبي مرثد الغنوي، قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "لا تصلوا إلى القبور، ولا تجلسوا عليها" : "N'accomplissez pas la prière rituelle en vous trouvant dans la direction des tombes (...)" (Muslim, 972).
Alî al-Qârî a écrit :
--- c'est le fait d'avoir bien l'intention d'adresser la prosternation à Dieu (A.1) et de prendre pour ce faire la direction de la Kaaba (A.2), mais de se trouver dans une situation telle qu'une tombe se trouve entre soi et la Qibla (B.2), c'est cela qui est visé par ce Hadîth : et cela est Mak'rûh Tahrîmî ;
--- car si quelqu'un a l'intention d'adresser la prosternation au défunt qui est enterré là (A.1), alors c'est un acte de Kufr Akbar : "ولو كان هذا التعظيم حقيقة للقبر أو لصاحبه لكفر المعظم. فالتشبه به مكروه؛ وينبغي أن تكون كراهة تحريم. وفي معناه بل أولى منه: الجنازة الموضوعة؛ وهو مما ابتلي به أهل مكة حيث يضعون الجنازة عند الكعبة ثم يستقبلون إليها" (Mirqât ul-mafâtîh, commentaire de 1698).
Quant à la mosquée de Médine, elle n'est pas bâtie sur la tombe du Prophète (que Dieu l'élève et le salue). La noble tombe se trouve dans l'appartement de Aïcha, lequel était distinct de la mosquée de son vivant et dans les temps ayant suivi son décès. Mais au fil du temps et du besoin d'agrandissement de la mosquée, celle-ci en vint à déborder et s'élargir dans les 3 directions autre que la Qibla. A l'époque du califat de al-Walîd ibn Abd il-Malik, celui-ci acheta les appartements des épouses du Prophète pour les incorporer à la Mosquée. Cependant, pour que celui qui prie dans la partie de la mosquée se trouvant derrière l'appartement du Prophète (et donc sa tombe) ne se trouve pas "priant dans la direction de la tombe bénie", les bâtisseurs prirent soin de construire un mur (de surcroît de forme triangulaire) marquant une séparation [autant visuelle qu'effective] entre le prieur et la Tombe (FB 3/256 ; 3/326). Voir Sahîh ul-Bukhârî, 1326, où est relaté un événement s'étant produit à ce moment-là : "عن هشام بن عروة، عن أبيه، لما سقط عليهم الحائط في زمان الوليد بن عبد الملك، أخذوا في بنائه؛ فبدت لهم قدم، ففزعوا وظنوا أنها قدم النبي صلى الله عليه وسلم، فما وجدوا أحدا يعلم ذلك، حتى قال لهم عروة: "لا والله ما هي قدم النبي صلى الله عليه وسلم. ما هي إلا قدم عمر رضي الله عنه".
Certes, avant la Conquête de La Mecque, il y avait autour de la Kaaba 360 idoles, que les Polycultistes de la tribu Quraysh avaient placées là : "عن عبد الله رضي الله عنه، قال: دخل النبي صلى الله عليه وسلم مكة يوم الفتح، وحول البيت ستون وثلاث مائة نصب فجعل يطعنها بعود في يده، ويقول: "جاء الحق وزهق الباطل، جاء الحق وما يبدئ الباطل وما يعيد" (al-Bukhârî 4036). "عن ابن مسعود، قال: دخل رسول الله صلى الله عليه وسلم مكة عام الفتح وحول الكعبة ثلاث مائة وستون نصبا، فجعل النبي صلى الله عليه وسلم يطعنها بمخصرة في يده - وربما قال بعود - ويقول: "{جاء الحق وزهق الباطل إن الباطل كان زهوقا جاء الحق وما يبدئ الباطل وما يعيد}" (at-Tirmidhî, 3138).
Cependant, nulle part il n'a été relaté que les Quraysh auraient placé ces idoles accolées à la Kaaba. Apparemment elles se trouvaient, tout au contraire, disposées en cercle autour de la Kaaba, mais placées à une certaine distance de celle-ci. De sorte que celui qui faisait tawâf marchait entre la Kaaba et le cercle que les idoles formaient un peu plus loin ; et celui qui se prosternait vers la Kaaba (A.2) n'était alors pas tourné (B.2) vers ces idoles. Lors de la Conquête de La Mecque en l'an 8 de l'hégire, le Prophète (sur lui soit la paix) brisa ces idoles une par une. Par contre je ne sais pas (لا أدري) si, alors, le Prophète a brisé ces idoles avant de débuter le tawâf, ou bien pendant qu'il faisait le tawâf.
Certes, à l'intérieur de la Kaaba les Polycultistes avaient également placé des images :
--- il y avait là une sculpture de Abraham et de Ismaël consultant des flèches divinatoires ("عن ابن عباس رضي الله عنهما، أن النبي صلى الله عليه وسلم لما رأى الصور في البيت، لم يدخل حتى أمر بها فمحيت؛ ورأى إبراهيم وإسماعيل عليهما السلام بأيديهما الأزلام، فقال "قاتلهم الله، والله إن استقسما بالأزلام قط" : al-Bukhârî, 1524) ;
--- il y avait aussi une représentation de Marie ("عن ابن عباس رضي الله عنهما، قال: دخل النبي صلى الله عليه وسلم البيت، فوجد فيه صورة إبراهيم، وصورة مريم، فقال: "أما لهم، فقد سمعوا أن الملائكة لا تدخل بيتا فيه صورة! هذا إبراهيم مصور، فما له يستقسم" : al-Bukhârî, 3173) tenant dans son giron Jésus (il s'agissait en fait d'une peinture, réalisée sur un des piliers intérieurs de la Kaaba : Fat'h ul-bârî 8/22) ;
--- il s'y trouvait aussi une sculpture de colombe en bois : le Prophète la brisa lui-même (Sîrat Ibn Hishâm, 4/50).
("وكانت تماثيل على صور شتى؛ فامتنع النبي صلى الله عليه وسلم من دخول البيت وهي فيه، لأنه لا يقر على باطل، ولأنه لا يحب فراق الملائكة وهي لا تدخل ما فيه صورة" : Fat'h ul-bârî 3) ("عن جابر أن النبي صلى الله عليه وسلم أمر عمر بن الخطاب رضي الله عنه زمن الفتح وهو بالبطحاء أن يأتي الكعبة فيمحو كل صورة فيها؛ فلم يدخلها النبي صلى الله عليه وسلم حتى محيت كل صورة فيها" : Abû Dâoûd, 4156).
Mais d'une part ce n'étaient pas des idoles, mais de simples représentations de ces personnages et de cet oiseau ; d'autre part elles n'étaient pas visibles depuis l'extérieur, le mur de la Kaaba faisant barrière entre le prieur et elles.
De même, si on s'est rendu dans un lieu de culte non-musulman par hâja, on fera comme Ibn Abbâs faisait : on n'accomplira pas la prière dans un lieu de culte non-musulman où se trouvent des portraits ou des statues (voir Sahîh ul-Bukhârî, bâb us-salât fi-l-bî'ah ; voir Fat'h ul-bârî, 1/688).
--- L'école hanafite dit que ce qui est le plus mak'rûh tahrîmî c'est de prier alors que cette image se trouve entre soi et la qibla. Cependant, est aussi mak'rûh tahrîmî d'accomplir la prière dans un lieu où se trouve le portrait d'un être animé, dès lors que ce portrait ne traîne pas mais est posé ou suspendu, même s'il se trouve dans la direction opposée à celle dans laquelle on prie. C'est seulement si le portrait est foulé ou traîne, accomplir la prière dans le lieu ne pose pas de problème, sauf s'il se trouve à l'endroit exact où l'on se prosterne (Al-Hidâya, Radd ul-muhtâr, etc.). "وفي البحر قالوا: وأشدها كراهة ما يكون على القبلة أمام المصلي، ثم ما يكون فوق رأسه، ثم ما يكون عن يمينه ويساره على الحائط، ثم ما يكون خلفه على الحائط أو الستر. اهـ" (Radd ul-muhtâr).
--- Un avis de certains hanbalites déclare autorisé d'effectuer la prière rituelle dans un tel lieu : "وسئل رحمه الله: هل الصلاة في البيع والكنائس جائزة مع وجود الصور أم لا؟ وهل يقال إنها بيوت الله أم لا؟ فأجاب: ليست بيوت الله وإنما بيوت الله المساجد: بل هي بيوت يكفر فيها بالله وإن كان قد يذكر فيها فالبيوت بمنزلة أهلها وأهلها كفار فهي بيوت عبادة الكفار. وأما ففيها ثلاثة أقوال لعلماء في مذهب أحمد وغيره: المنع مطلقا وهو قول مالك. والإذن مطلقا وهو قول بعض أصحاب أحمد. والثالث، وهو الصحيح المأثور عن عمر بن الخطاب وغيره وهو منصوص عن أحمد وغيره: أنه إن كان فيها صور لم يصل فيها لأن الملائكة لا تدخل بيتا فيه صورة ولأن النبي صلى الله عليه وسلم لم يدخل الكعبة حتى محي ما فيها من الصور وكذلك قال عمر: إنا كنا لا ندخل كنائسهم والصور فيها. وهي بمنزلة المسجد المبني على القبر ففي الصحيحين أنه ذكر للنبي صلى الله عليه وسلم كنيسة بأرض الحبشة وما فيها من الحسن والتصاوير فقال: "أولئك إذا مات فيهم الرجل الصالح بنوا على قبره مسجدا وصوروا فيه تلك التصاوير أولئك شرار الخلق عند الله يوم القيامة". وأما إذا لم يكن فيها صور فقد صلى الصحابة في الكنيسة والله أعلم" (MF 22/162-163, Ibn Taymiyya). Il suffirait alors que l'image ne soit pas entre soi et la Qibla ; car si c'est le cas, alors il serait nécessaire de placer une sut'ra entre soi et cette image.
Il y a ensuite le fait d'accomplir la prière rituelle dans une pièce (non-consacrée au culte non-musulman) dans laquelle se trouve une image.
--- L'avis sus-cité de l'école hanafite (déclarant cela mak'rûh tahrîmî) ainsi que l'avis (également sus-cité) de certains hanbalites (déclarant cela autorisé) sont présents ici aussi.
--- Mais, différemment du cas du lieu de culte, ici, l'école hanbalite déclare mak'rûh d'accomplir la prière dans ce lieu si l'image se trouve dans la direction de la Qibla ; et pas si elle ne se trouve pas dans la direction de la Qibla.
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Ensuite il y a le cas de ce que, pendant que l'homme accomplit la prière rituelle, il ne vise pas par sa prosternation mais qu'il a placé délibérément dans la direction de sa prosternation (B.1) :
C'est le cas de la sut'ra.
"عن ابن عمر أن النبي صلى الله عليه وسلم كان يصلي إلى راحلته" (Muslim 502, al-Bukhârî 485).
"عن عون بن أبي جحيفة، عن أبيه، قال: رأيت رسول الله صلى الله عليه وسلم في قبة حمراء من أدم، ورأيت بلالا أخذ وضوء رسول الله صلى الله عليه وسلم، ورأيت الناس يبتدرون ذاك الوضوء، فمن أصاب منه شيئا تمسح به، ومن لم يصب منه شيئا أخذ من بلل يد صاحبه، ثم رأيت بلالا أخذ عنزة، فركزها وخرج النبي صلى الله عليه وسلم في حلة حمراء، مشمرا صلى إلى العنزة بالناس ركعتين، ورأيت الناس والدواب يمرون من بين يدي العنزة" (al-Bukhârî 369, Muslim 503).
La sut'ra sert à séparer le prieur d'une chose qui passe devant lui, ou qui se trouve devant lui.
Primo, lorsque, entre le prieur et la direction de la Qibla, se trouve une chose à quoi d'autres humains rendent un culte (par exemple une tombe), alors cette situation fait ressembler (tashabbuh) le prieur à ces humains qui adorent cet autre que Dieu ; il y a également le risque de tomber peu à peu dans la prosternation adressée à l'habitant de cette tombe.
Secundo, le passage d'un être vivant juste devant le prieur, cela perturbe la concentration de ce dernier.
Tertio, passer entre le serviteur et son Seigneur avec qui il est en train de converser, cela constitue un manque de respect.
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La sut'ra sépare donc spatialement, et également mentalement, le prieur de ce qui se trouve au-delà de lui dans la direction de la Qibla.
"وقوله صلى الله عليه وسلم: "إذا وضع أحدكم بين يديه مثل مؤخرة الرحل فليصل، ولا يبال بمن وراء ذلك". أقول: لما كان في ترك المرور حرج ظاهر، أمر بنصب السترة لتتميز ساحة الصلاة بادي الرأي، فيُلحَق* بالمرورِ من بُعد" (Hujjat ullâh il-bâligha, 2/6) * أي: المرورُ من وراء السترة.
"المقصود جمع الخاطر بربط الخيال به، كي لا ينتشر" (Fat'h ul-Qadîr, Ibn ul-Humâm).
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Et :
--- si une tombe, ou une image se trouve dans l'espace entre le prieur et la Qibla (B.2), ce dernier a l'obligation de placer une sut'ra (B.1) entre lui et cette chose ;
--- si des gens ou des animaux passent (murûr) dans l'espace entre lui et la Qibla (B.2), il est recommandé au prieur de placer une sut'ra (B.1) devant lui ; et si ces gens n'ont pas un autre passage, il est obligatoire au prieur de placer une sut'ra devant lui (FB 1/757-758) ;
--- si seul un espace désert se trouve face à lui (B.2), alors le prieur n'est pas dans l'obligation ni même (d'après un avis) la recommandation de placer devant lui une sut'ra : "عن ابن عباس أن رسول الله صلى الله عليه وسلم صلى في فضاء ليس بين يديه شيء" (Ahmad, 1965).
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Shâh Waliyyullâh écrit :
"السترة. قوله صلى الله عليه وسلم: "لو يعلم المار بين يدي المصلي ماذا عليه لكان أن يقف أربعين خيرا له من أن يمر بين يديه". أقول: السر في ذلك أن الصلاة من شعائر الله يجب تعظيمها؛ ولما كان المنظور في الصلاة التشبه بقيام العبيد بخدمة مواليهم ومثولهم بين أيديهم، كان من تعظيمها ألا يمر المار بين يدي المصلي، فإن المرور بين السيد وعبيده القائمين إليه سوء أدب - وهو قوله صلى الله عليه وسلم: "إن أحدكم إذا قام في الصلاة فإنما يناجي ربه وإن ربه بينه وبين القبلة" الحديث. وضم مع ذلك أن مروره ربما يؤدي إلى تشويش قلب المصلي. ولذلك كان له حق في درءه، وهو قوله صلى الله عليه وسلم: "فليقاتله فإنه شيطان" (Hujjat ullâh il-bâligha, 2/5).
An-Nawawî écrit :
"وأما الجواب عن الأحاديث الصحيحة التي احتجوا بها فمن وجهين، أصحهما وأحسنهما ما أجاب به الشافعي والخطابي والمحققون من الفقهاء والمحدثين، أن المراد بالقطع: القطع عن الخشوع والذكر، للشغل بها والالتفات إليها، لا أنها تفسد الصلاة؛ (...) فهذا الجواب هو الذي نعتمده. وأما ما يدعيه أصحابنا وغيرهم من النسخ، فليس بمقبول إذ لا دليل عليه" (Al-Majmû').
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C'est en les termes suivants que Ibn Taymiyya distingue le cas A.1 (lequel englobe les sous-cas A.1.1 et A.1.2), le cas A.2 et le cas B (lequel englobe les sous-cas B.1 et B.2) :
"ثم يقال: السجود على ضربين: سجود عبادة محضة، وسجود تشريف" (MF 4/361).
"والجواب أن السجود كان لآدم بأمر الله وفرضه بإجماع من يسمع قوله.
ويدل على ذلك وجوه:
أحدها: قوله: "لآدم" ولم يقل: "إلى آدم"، وكل حرف له معنى؛ ومن التمييز في اللسان أن يقال: سجدت له وسجدت إليه؛ كما قال تعالى: {لا تسجدوا للشمس ولا للقمر واسجدوا لله الذي خلقهن إن كنتم إياه تعبدون} وقال {ولله يسجد من في السماوات والأرض}. وأجمع المسلمون على أن السجود لغير الله محرم؛ وأما الكعبة فقد كان النبي صلى الله عليه وسلم يصلي إلى بيت المقدس ثم صلى إلى الكعبة. وكان يصلي إلى عنزة ولا يقال لعنزة، وإلى عمود شجرة ولا يقال لعمود ولا لشجرة.
والساجد للشيء يخضع له بقلبه ويخشع له بفؤاده.
وأما الساجد إليه فإنما يولي وجهه وبدنه إليه ظاهرا كما يولي وجهه إلى بعض النواحي إذا أمه كما قال: {فول وجهك شطر المسجد الحرام وحيثما كنتم فولوا وجوهكم شطره}.
والثاني: أن آدم لو كان قبلة لم يمتنع إبليس من السجود أو يزعم أنه خير منه. فإن القبلة قد تكون أحجارا وليس في ذلك تفضيل لها على المصلين إليها. وقد يصلي الرجل إلى عنزة وبعير وإلى رجل ولا يتوهم أنه مفضل بذلك فمن أي شيء فر الشيطان؟ هذا هو العجب العجيب.
والثالث: أنه لو جعل آدم قبلة في سجدة واحدة لكانت القبلة وبيت المقدس أفضل منه بآلاف كثيرة إذ جعلت قبلة دائمة في جميع أنواع الصلوات" (MF 4/358-359).
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).