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– Rappels extraits de l'article ci-dessus :
Les prodiges (qu'ils voient le jour par le biais de prophètes, de pieux, ou de gens de mauvaise croyance ou de mauvaises actions) se produisent dans :
– la Catégorie a) ce qui, bien qu'étant du domaine du possible en ce monde, n'y voit qu'exceptionnellement, très rarement, le jour (الممكن الخارج عن المعتاد) : qu'un humain exprime le souhait qu'il pleuve, et il se met à pleuvoir immédiatement, mais depuis des nuages ;
– la Catégorie b) ce qui, de façon relative, est impossible à exister en ce monde (المحال الإضافي في هذا العالم باعتبار ما بنى الله عليه العالم) : qu'un humain né il y a seulement quelques jours parle (cela est relatif car en grandissant l'être humain se met normalement à parler) ; que le passage particulier de la main du prophète Jésus, ainsi que du prophète Muhammad (sur eux soit la paix), entraîne la guérison ;
– la Catégorie c) ce qui est impossible à exister par rapport aux lois régissant ce monde (المحال المطلق في هذا العالم باعتبار ما بنى الله عليه العالم) : par exemple que la pierre ou l'arbre parle (certes, dans l'autre monde, même des choses inertes parleront, mais en ce monde-ci cela est impossible) ; ou qu'une petite quantité d'eau, présente dans un petit récipient, soit multipliée au point de connaître comme un jaillissement et suffise à abreuver des centaines de personnes ; ou qu'un bâton se transforme en vrai serpent puis redevienne bâton.
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Ensuite :
– Les "Prodiges Très Grands" (Grands Signes, Ayât Kub'râ) (que seuls des prophètes peuvent produire), relèvent tous de la "Catégorie c", et même c.b (ceux qui ne peuvent être faits que par des prophètes, et pas par des pieux aussi). Cela est certain.
– Quant aux "Prodiges Moindres" (Petits Signes, Ayât Sugh'râ) (faits par des prophètes et par des pieux) :
Certains d'entre eux relèvent de la "Catégorie a", d'autres de la "Catégorie b", et certains autres relèvent pour leur part de la "Catégorie c.a (les prodiges étant communs aux prophètes et aux pieux).
– Enfin, pour ce qui est des Prodiges des Charlatans (Istid'râjât) :
Certains de ces prodiges relèvent de la "Catégorie a", mais certains autres (par exemple le fait que certains djinns impies "opèrent" le physique de certains humains malades) relèvent de la "Catégorie b" ; cependant, c'est en leur source qu'ils diffèrent des Signes prophétiques.
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– Si j'ai bien compris (w-Allâhu A'lam), le Signe relevant de la Catégorie a doit, pour être reçu comme "Signe", être considéré par rapport à son contexte, et non pas de façon isolée (puisque, demeurant du domaine du possible, il peut tout à fait se produire dans de toutes autres circonstances) :
Ce qui en fait un Signe prophétique c'est le fait, par exemple pour le vent violent, d'être venu frapper ceux qui étaient dans le shirk, à qui Hûd avait prêché, que Hûd avait avertis de la venue d'un châtiment, et qui, à la fin, avaient demandé à leur prophète de faire venir ce châtiment : dans ce contexte, pour le regard d'un observateur extérieur impartial, il est très peu probable que la venue d'un tel vent constitue une pure coïncidence : "وَاذْكُرْ أَخَا عَادٍ إِذْ أَنذَرَ قَوْمَهُ بِالْأَحْقَافِ وَقَدْ خَلَتْ النُّذُرُ مِن بَيْنِ يَدَيْهِ وَمِنْ خَلْفِهِ أَلَّا تَعْبُدُوا إِلَّا اللَّهَ إِنِّي أَخَافُ عَلَيْكُمْ عَذَابَ يَوْمٍ عَظِيمٍ قَالُوا أَجِئْتَنَا لِتَأْفِكَنَا عَنْ آلِهَتِنَا فَأْتِنَا بِمَا تَعِدُنَا إِن كُنتَ مِنَ الصَّادِقِينَ قَالَ إِنَّمَا الْعِلْمُ عِندَ اللَّهِ وَأُبَلِّغُكُم مَّا أُرْسِلْتُ بِهِ وَلَكِنِّي أَرَاكُمْ قَوْمًا تَجْهَلُونَ فَلَمَّا رَأَوْهُ عَارِضًا مُّسْتَقْبِلَ أَوْدِيَتِهِمْ قَالُوا هَذَا عَارِضٌ مُّمْطِرُنَا بَلْ هُوَ مَا اسْتَعْجَلْتُم بِهِ رِيحٌ فِيهَا عَذَابٌ أَلِيمٌ تُدَمِّرُ كُلَّ شَيْءٍ بِأَمْرِ رَبِّهَا فَأَصْبَحُوا لَا يُرَى إِلَّا مَسَاكِنُهُمْ كَذَلِكَ نَجْزِي الْقَوْمَ الْمُجْرِمِينَ" (Coran 46/21-25).
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– VII) Causalité et Capacité, normales et a-normales :
Nous parlons ci-après de la Capacité conférée par Dieu à telle catégorie de créatures (de façon générale et normale) :
– d'accomplir telle action (الفعل) (i) (ce qui peut impliquer, si l'action est transitive, un objet pour que cette action puisse se réaliser – المفعول به –) (car "المتعدي هو: ما لا يتم فهمه بغير ما وقع عليه" : At-Ta'rîfât ; "المفعول به هو: ما وقع عليه فعل الفاعل بغير واسطة حرف الجر، أو بها، أي بواسطة حرف الجر، ويسمى أيضًا: ظرفًا لغوًا، إذا كان عامله مذكورًا، أو مستقرًا، إذا كان مع الاستقرار أو الحصول مقدرًا"),
– et d'entraîner, par cette action, tel résultat (ما يتولد من الفعل) (ii).
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– Quand la causalité (l'entraînement, par le i, du ii) est normale (relevant de la Capacité accordée normalement par Dieu à l'espèce), de même que l'étendue du résultat :
Ramasser de sa main une poignée de terre et, à la force de son bras, la projeter devant soi, c'est là une action dont l'homme possède la Capacité (الفعل الذي يقدر عليه). Le résultat qu'il a la Capacité de faire résulter de cette action (نتيجة الفعل التي يقدر على أن يولدها من الفعل), c'est de faire parvenir cette poignée de terre à quelques mètres devant lui.
– Cette action dont il a la capacité d'accomplir et qu'il choisit d'accomplir, l'homme ne peut malgré tout l'accomplir que par la Permission Takwînî de Dieu (بإذن الله التكويني). D'une part parce que rien ne se déroule sans que Dieu l'ait voulu (Volonté Takwînî). D'autre part parce que Dieu aurait pu empêcher (منع) cela de se réaliser : soit en intervenant par Sa Parole "Sois !" ; soit en faisant intervenir des Causes créées, pour empêcher cet homme de pouvoir se pencher, ou de pouvoir ramasser la poignée, ou de pouvoir la projeter devant lui.
– Le résultat de son action s'est également déroulé par la Permission Takwînî de Dieu (بإذن الله التكويني). D'une part parce que rien ne se déroule sans que Dieu l'ait voulu (Volonté Takwînî). D'autre part parce que Dieu Dieu aurait pu empêcher (منع) cette poignée de parvenir à quelques mètres devant cet homme : soit en intervenant par Sa Parole "Sois !" ; soit en faisant intervenir des Causes créées, telles qu'un fort vent, ou un Ange, ou autre.
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L'homme a la capacité de passer le couteau aiguisé sur la gorge de l'animal qu'il veut abattre pour en consommer la chair. Or le couteau est un outil dont le passage a pour effet normal de séparer les chairs et les tissus, ce qui, pratiqué sur la gorge de l'animal, entraîne que l'ouverture des carotides, et, par là, la mort de l'animal par hémorragie.
Ceci car l'action de passer le couteau aiguisé sur la gorge d'un animal à sang chaud est la cause directe (sabab mubâshir) de sa mort, qui en est l'effet (on rajoute toujours : "bi Idhnillâh at-Takwînî", puisque Dieu peut faire que la lame dévie, ou qu'une autre personne intervienne et empêche cet homme de continuer, ou peut empêcher sans cause le couteau de couper).
(Cela même si, à l'échelon supérieur, c'est Dieu qui crée le fait que l'animal meure alors : "أَلَمْ تَرَ إِلَى الَّذِي حَاجَّ إِبْرَاهِيمَ فِي رَبِّهِ أَنْ آتَاهُ اللَّهُ الْمُلْكَ إِذْ قَالَ إِبْرَاهِيمُ رَبِّيَ الَّذِي يُحْيِي وَيُمِيتُ قَالَ أَنَا أُحْيِي وَأُمِيتُ قَالَ إِبْرَاهِيمُ فَإِنَّ اللَّهَ يَأْتِي بِالشَّمْسِ مِنَ الْمَشْرِقِ فَأْتِ بِهَا مِنَ الْمَغْرِبِ فَبُهِتَ الَّذِي كَفَرَ" : Coran 2/258.)
L'homme a donc la capacité de passer le couteau sur la gorge d'un animal, et d'en faire résulter la mort de l'animal. Cette causalité est normale, accordée à tout humain.
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Certes, c'est Dieu qui crée (خلق) l'action (الفعل) que l'homme choisit d'accomplir et qu'il accomplit.
Et c'est Dieu qui crée (خلق) le résultat de cette action (ما يتولد من الفعل) que l'homme accomplit.
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Cependant, Dieu a conféré à l'homme, en tant que tel, la Capacité (قدرة) de faire, par son choix (اختيار) l'action suscitée, et, par la causalité (سببيّة) mise en place, d'en faire apparaître le résultat suscité.
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– Quand la causalité (l'entraînement, par le i, du ii) elle-même est a-normale :
Le prophète Jésus (sur lui soit la paix) façonnait des oiseaux d'argile, puis, lorsqu'il soufflait sur ce qu'il avait ainsi façonné, cela devenait un oiseau vivant : "أَنِّي أَخْلُقُ لَكُم مِّنَ الطِّينِ كَهَيْئَةِ الطَّيْرِ فَأَنفُخُ فِيهِ فَيَكُونُ طَيْرًا بِإِذْنِ اللّهِ" (Coran 3/93). Jésus (sur lui soit la paix) avait la capacité de façonner des oiseaux d'argile, puis de souffler dessus. Par contre, l'effet que cela a eu – les rendre vivants –, cela il n'en avait pas la capacité. Seul Dieu a la Capacité de les rendre vivants. Soit c'est par Sa Parole : "Sois vivant" que Dieu les rendait vivants. Soit Dieu avait conféré à un souffle particulier de Jésus cet effet, créant ce dernier par cette action de ce prophète. Dès lors, lorsque Jésus soufflait sur ces formes pétries à partir d'argile, alors ces formes devenaient vivantes.
– L'action de façonner et celle de souffler étaient actions de Jésus. Jésus avait cette capacité.
– Par contre, l'action de rendre cela vivant (suite à l'action - faite par Jésus - de façonner et de souffler dessus), cela était action de Dieu : "وكان تسوية الطين والنفخ من عيسى، والخلق من الله؛ كما أن النفخ من جبريل، والخلق من الله" (Tafsîr ul-Qurtubî). Jésus n'avait pas - et n'a pas - la capacité de rendre quelque chose vivant.
– Simplement, l'action de Jésus de façonner cette forme et de souffler dessus a été la cause directe (sabab mubâshir) de l'action de Dieu de transformer cela en oiseau vivant. Mais cette causalité elle-même est a-normale : elle fut accordée par Dieu à ce prophète en tant que miracle, âyatan wa karâmatan.
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– Quand la causalité (l'entraînement, par le i, du ii) est normale (relevant de la Capacité accordée normalement par Dieu à l'espèce), mais que c'est, au niveau du résultat (ii), l'étendue qui est a-normale :
Le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) a lancé une poignée de terre vers l'armée ennemie, qui a atteint le visage de chacun de ses combattants. Cela s'est produit à Badr et à Hunayn.
– L'action de lancer une poignée de terre, l'homme en possède la Capacité.
– En faire résulter comme effet que cette poignée de terre parvienne à quelques mètres devant lui, cela l'homme en possède également la capacité.
– Mais en faire résulter comme effet que cette poignée de terre parvienne à une centaine de mètres devant lui, et dans les yeux d'un millier de personnes en même temps, cela l'homme n'en pas la capacité. Dans le cas du lancer effectué par le Prophète à Badr et à Hunayn :
--- soit ce sont des anges qui ont fait parvenir cette poignée de terre dans les yeux de chaque ennemi (auquel cas cela relève du Niveau 4) ;
--- soit c'est Dieu qui a ordonné "Sois" à cette poignée de terre (auquel cas cela relèverait plutôt du Niveau 5)...
C'est pourquoi Dieu a dit : "وَمَا رَمَيْتَ إِذْ رَمَيْتَ وَلَكِنَّ اللّهَ رَمَى" : "Et tu n'as pas lancé lorsque tu as lancé, mais Dieu a lancé" (Coran 8/17). Dans ce verset, l'action est tout à la fois attribuée au Prophète ("lorsque tu as lancé"), et niée de lui pour être attribuée à Dieu ("tu n'as pas lancé", "mais Dieu a lancé"). Cela parce qu'il s'agissait dûment là d'une action du Prophète, mais son résultat a été hors du cadre de la Capacité d'un homme.
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L'invocation adressée à Dieu pour Lui demander de réaliser telle chose, cette invocation est elle aussi une cause (sabab) de la création, par Dieu, de cette chose.
– L'exaucement, par Dieu, de la demande (à Lui adressée par un humain) de réaliser tel résultat, et cela par le moyen des causes normales de ce résultat, cela n'est pas garanti, mais Dieu exauce ce genre de demandes quand Il le veut.
– Par contre, l'exaucement, par Dieu, de la demande - adressée à Lui par un humain - de réaliser tel résultat, et cela par le moyen de causes matérielles n'étant pas celles de ce résultat, ou sans aucune cause matérielle apparente, cela constitue un miracle. Ainsi en est-il de l'invocation de demande de recouvrement de la vue : "فسمع جليس للملك كان قد عمي، فأتاه بهدايا كثيرة، فقال: "ما هاهنا لك أجمع، إن أنت شفيتني."، فقال: "إني لا أشفي أحدا. إنما يشفي الله. فإن أنت آمنت بالله دعوت الله فشفاك." فآمن بالله فشفاه الله" : "Si tu apportes foi en Dieu, je Le prierai, et Il te guérira" (Muslim, 3005).
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– Différents Niveaux de Capacité, que Dieu a conféré à tel type de créature et pas à telle autre, ou qu'Il n'a conféré à aucune créature :
– Le Niveau 1.1) Ce que Dieu a accordé à l'homme (en tant que tel) la capacité (Qud'ra) de faire de lui-même (bien que certains hommes soient diminués et n'aient pas cette capacité) (ما هو مقدور لجنس البشر، وفيهم اختيار، فيفعله معظم أفراد البشر باختيارهم) :
Les êtres humains réalisent ces actions, et il n'y a bien évidemment même pas lieu de parler de prodige.
Certes, c'est Dieu qui crée ces actions, mais les humains les font de par la Capacité normale que Dieu a accordée à leur espèce.
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– Le Niveau 1.2) Ce que Dieu a accordé à certains hommes seulement la capacité de faire (en terme de qualité) d'eux-mêmes, alors que la quasi-totalité des humains ne peuvent pas le faire à un tel niveau (ما هو مقدور لجنس البشر، لكن لا يستطيع أن يصل إليه إلا أفراد قليلون منهم، فيفعلونه باختيارهم) :
On parle ici (par exemple) de "mémoire prodigieuse".
Cela aussi constitue un "خارق للعادة" ("khâriq li-l-'âdah"), un prodige. Cependant, cela ne constitue pas un Signe prophétique. Et c'est pourquoi le seul aspect "خرق العادة" ("kharq ul-'âdah") n'est (et Ibn Taymiyya l'a bien exposé) pas suffisant pour définir le "آية النبي" ("âyat un-nabî"), le Signe prophétique.
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– Le Niveau 2) Ce que Dieu n'a accordé à nul humain la capacité de faire de lui-même, mais qu'il a accordé la capacité aux Djinns de réaliser. Lorsque pareille chose se réalise dans le monde des humains par le biais d'un d'entre ces humains, cela est dû à l'assistance qu'un ou plusieurs Djinn(s) lui a(ont) apportée (ما ليس من مقدور البشر، ولكنه مقدور لجنس الجنّ، وفيهم اختيار، فيفعله أفرادهم باختيارهم) :
Cela ne peut jamais dépasser les Catégories : a et b sus-citées.
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C'est ici que s'insèrent les prodiges que les magiciens (sorciers) et les devins réalisent : ce sont des djinns incroyants qui réalisent pour eux ce que les humains voient se réaliser ; et ils le font soit en échange du culte que ces magiciens leur rendent, soit avec l'objectif de tromper ainsi ces magiciens ainsi que d'autres humains qui verront le prodige.
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Ces faits relèvent du prodige, mais cela reste accessible* par apprentissage des règles de la magie ; c'est ce qui fait sa différence avec le Signe prophétique. (* Je parle là de l'accessibilité sur le plan takwînî, car sur le plan tashrî'î, pratiquer la magie est strictement interdit, et constitue du kufr akbar.)
Si, pendant la réalisation d'un prodige par un magicien, dans l'assemblée proche, un pieux croyant récite les versets coraniques ou les formules d'évocation de Dieu qui sont connus pour faire fuir les djinns qui ne sont pas croyants pieux, le prodige cesse immédiatement.
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Parfois, à celui qui invoque Autre que Dieu, c'est un djinn qui lui répond et exauce sa demande :
"والمراتب في هذا الباب ثلاث: - إحداها أن يدعو غير الله وهو ميت أو غائب سواء كان من الأنبياء والصالحين أو غيرهم فيقول: يا سيدي فلان أغثني أو أنا أستجير بك أو أستغيث بك أو انصرني على عدوي. ونحو ذلك فهذا هو الشرك بالله. والمستغيث بالمخلوقات قد يقضي الشيطان حاجته أو بعضها وقد يتمثل له في صورة الذي استغاث به فيظن أن ذلك كرامة لمن استغاث به؛ وإنما هو شيطان دخله وأغواه لما أشرك بالله؛ كما يتكلم الشيطان في الأصنام وفي المصروع وغير ذلك. ومثل هذا واقع كثيرا في زماننا وغيره؛ وأعرف من ذلك ما يطول وصفه في قوم استغاثوا بي أو بغيري وذكروا أنه أتى شخص على صورتي أو صورة غيري وقضى حوائجهم فظنوا أن ذلك من بركة الاستغاثة بي أو بغيري وإنما هو شيطان أضلهم وأغواهم. وهذا هو أصل عبادة الأصنام واتخاذ الشركاء مع الله تعالى في الصدر الأول من القرون الماضية كما ثبت ذلك" (MF 1/150).
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Il faut ici savoir autre chose :
Parfois des djinns se montrent à certaines personnes, alors que celles-ci sont en état de veille, et se font passer auprès d'elles pour tel homme pieux, voire tel prophète : ces djinns ne font que les induire en erreur : ainsi, celui qui, aujourd'hui, alors qu'il n'est pas endormi, voit apparaître devant lui un être qui se dit être, ou qu'il pense être : le prophète Muhammad, le prophète al-Khidhr, le prophète Jésus fils de Marie, sa mère Marie, ou autre (sur eux tous soit la paix), n'a en réalité vu qu'un djinn qui s'est joué de lui.
Quand on est en état de veille, on ne peut jamais voir une personne ayant exactement la même apparence physique que le Prophète depuis le décès de celui-ci ; par contre, on peut voir une personne ayant une apparence différente de celle qui est relatée au sujet du Prophète, qui nous dit qu'elle est le Prophète, ou qui nous fait sentir qu'elle est le Prophète : ce n'est pas le Prophète, mais un djinn.
Contrairement à l'état dans lequel on rêve : on peut alors voir une personne ayant exactement la même apparence physique que le Prophète : à ce moment-là il s'agit bien du Prophète ; et on peut voir une personne ayant une apparence différente de celle qui est relatée au sujet du Prophète, qui nous dit qu'elle est le Prophète, ou dont nous pensons qu'elle est le Prophète : est-ce le Prophète ? Non d'après un des deux avis : celui de Ibn Abbâs, de Ibn Sîrîn, etc ; cela semble aussi être l'avis de Ibn Taymiyya (MF 13/93-94). Par ailleurs, certains ulémas pensent que cela est valable pour tous les prophètes aussi : le djinn ne peut prendre l'apparence d'aucun d'entre eux. Plus de détails sont visibles dans notre article consacré à ce thème.
Ibn Taymiyya écrit : "والملائكة لا تعينهم على الشرك لا في المحيا ولا في الممات ولا يرضون بذلك. ولكن الشياطين قد تعينهم وتتصور لهم في صور الآدميين فيرونهم بأعينهم ويقول أحدهم: أنا إبراهيم، أنا المسيح، أنا محمد، أنا الخضر، أنا أبو بكر، أنا عمر، أنا عثمان، أنا علي، أنا الشيخ فلان. وقد يقول بعضهم عن بعض: هذا هو النبي فلان أو هذا هو الخضر ويكون أولئك كلهم جنا يشهد بعضهم لبعض. والجن كالإنس فمنهم الكافر ومنهم الفاسق ومنهم العاصي وفيهم العابد الجاهل فمنهم من يحب شيخا فيتزيا في صورته ويقول: أنا فلان، ويكون ذلك في برية ومكان قفر فيطعم ذلك الشخص طعاما ويسقيه شرابا أو يدله على الطريق أو يخبره ببعض الأمور الواقعة الغائبة فيظن ذلك الرجل أن نفس الشيخ الميت أو الحي فعل ذلك وقد يقول: هذا سر الشيخ وهذه رقيقته وهذه حقيقته أو هذا ملك جاء على صورته؛ وإنما يكون ذلك جنيا. فإن الملائكة لا تعين على الشرك والإفك والإثم والعدوان" (MF 1/157-158).
"والمقصود أن هذا الجنس واقع لكن يقع أيضا ما يظن أنه منه كثير أو لا يميز كثير منهم الحق من الباطل كما يقع في الأدلة العقلية والسمعية. فمن هؤلاء من يسمع خطابا أو يرى من يأمره بقضية ويكون ذلك الخطاب من الشيطان ويكون ذلك الذي يخاطبه الشيطان وهو يحسب أنه من أولياء الله من رجال الغيب. ورجال الغيب هم الجن وهو يحسب أنه إنسي وقد يقول له: أنا الخضر أو إلياس بل أنا محمد أو إبراهيم الخليل أو المسيح أو أبو بكر أو عمر أو أنا الشيخ فلان أو الشيخ فلان ممن يحسن بهم الظن وقد يطير به في الهواء أو يأتيه بطعام أو شراب أو نفقة، فيظن هذا كرامة، بل آية ومعجزة تدل على أن هذا من رجال الغيب أو من الملائكة، ويكون ذلك شيطانا لبس عليه. فهذا ومثله واقع كثيرا أعرف منه وقائع كثيرة كما أعرف من الغلط في السمعيات والعقليات. فهؤلاء يتبعون ظنا لا يغني من الحق شيئا ولو لم يتقدموا بين يدي الله ورسوله؛ بل اعتصموا بالكتاب والسنة لتبين لهم أن هذا من الشيطان وكثير من هؤلاء يتبع ذوقه ووجده وما يجده محبوبا إليه بغير علم ولا هدى ولا بصيرة فيكون متبعا لهواه بلا ظن وخيارهم من يتبع الظن وما تهوى الأنفس. وهؤلاء إذا طلب من أحدهم حجة ذكر تقليده لمن يحبه من آبائه وأسلافه" (MF 13/71-72).
Parfois des djinns incroyants se font même passer auprès de certaines personnes pour des Anges, voire se présentent à elles comme "leur rabb" ; ils essaient tout simplement d'égarer la personne à qui ils se montrent ainsi. Cela touche davantage les croyants qui pratiquent des ibâdât ullâh qui sont muhdatha (innovées). Mais cela peut parfois survenir à des croyants pieux qui ne pratiquent même pas de telles pratiques innovées : ce qui est relaté à ce sujet à propos de Cheikh 'Abd ul-Qâdir al-Jîlânî est bien connu, qui a vu un trône entre ciel et Terre, d'où lui est venue une voix qui lui disait : "Abd al-Qâdir, je suis ton rabb, et j'ai rendu licite pour toi ce que j'ai déclaré illicite pour autre que toi". Le cheikh lui répondit : "Tu serais Allah, Celui en dehors de Qui il n'y a aucun dieu ? Eloigne-toi, ennemi d'Allah !" ِ
"ولا ريب أن الأوثان يحصل عندها من الشياطين وخطابهم وتصرفهم ما هو من أسباب ضلال بني آدم وجعل القبور أوثانا هو أول الشرك. ولهذا يحصل عند القبور لبعض الناس من خطاب يسمعه وشخص يراه وتصرف عجيب ما يظن أنه من الميت وقد يكون من الجن والشياطين؛ مثل أن يرى القبر قد انشق وخرج منه الميت وكلمه وعانقه - وهذا يرى عند قبور الأنبياء وغيرهم - وإنما هو شيطان. فإن الشيطان يتصور بصور الإنس ويدعي أحدهم أنه النبي فلان أو الشيخ فلان، ويكون كاذبا في ذلك. وفي هذا الباب من الوقائع ما يضيق هذا الموضع عن ذكره وهي كثيرة جدا. والجاهل يظن أن ذلك الذي رآه قد خرج من القبر وعانقه أو كلمه هو المقبور أو النبي أو الصالح وغيرهما. والمؤمن العظيم يعلم أنه شيطان. (...). فإذا كانت الشياطين تأتي الأنبياء عليهم الصلاة والسلام لتؤذيهم وتفسد عبادتهم فيدفعهم الله تعالى بما يؤيد به الأنبياء من الدعاء والذكر والعبادة ومن الجهاد باليد؛ فكيف من هو دون الأنبياء؟ فالنبي صلى الله عليه وسلم قمع شياطين الإنس والجن بما أيده الله تعالى من أنواع العلوم والأعمال - ومن أعظمها الصلاة والجهاد - (وأكثر أحاديث النبي صلى الله عليه وسلم في الصلاة والجهاد)؛ فمن كان متبعا للأنبياء نصره الله سبحانه بما نصر به الأنبياء؛ وأما من ابتدع دينا لم يشرعوه فترك ما أمروا به من عبادة الله وحده لا شريك له واتباع نبيه فيما شرعه لأمته وابتدع الغلو في الأنبياء والصالحين والشرك بهم فإن هذا تتلعب به الشياطين قال تعالى: {إنه ليس له سلطان على الذين آمنوا وعلى ربهم يتوكلون} {إنما سلطانه على الذين يتولونه والذين هم به مشركون} وقال تعالى: {إن عبادي ليس لك عليهم سلطان إلا من اتبعك من الغاوين}. ومنها أن يدعو الرائي بذلك ربه تبارك وتعالى ليبين له الحال. ومنها أن يقول لذلك الشخص: أأنت فلان؟ ويقسم عليه بالأقسام المعظمة ويقرأ عليه قوارع القرآن إلى غير ذلك من الأسباب التي تضر الشياطين. وهذا كما أن كثيرا من العباد يرى الكعبة تطوف به ويرى عرشا عظيما وعليه صورة عظيمة ويرى أشخاصا تصعد وتنزل فيظنها الملائكة ويظن أن تلك الصورة هي الله - تعالى وتقدس -، ويكون ذلك شيطانا؛ وقد جرت هذه القصة لغير واحد من الناس؛ فمنهم من عصمه الله وعرف أنه الشيطان كالشيخ عبد القادر في حكايته المشهورة حيث قال: "كنت مرة في العبادة فرأيت عرشا عظيما وعليه نور فقال لي: "يا عبد القادر أنا ربك، وقد حللت لك ما حرمت على غيرك". قال: فقلت له: "أنت الله الذي لا إله إلا هو؟ اخسأ يا عدو الله:. قال: فتمزق ذلك النور وصار ظلمة، وقال: "يا عبد القادر، نجوت مني بفقهك في دينك وعلمك وبمنازلاتك في أحوالك. لقد فتنت بهذه القصة سبعين رجلا". فقيل له: "كيف علمت أنه الشيطان؟" قال: "بقوله لي "حللت لك ما حرمت على غيرك"، وقد علمت أن شريعة محمد صلى الله عليه وسلم لا تنسخ ولا تبدل؛ ولأنه قال: "أنا ربك"، ولم يقدر أن يقول: "أنا الله الذي لا إله إلا أنا"". ومن هؤلاء من اعتقد أن المرئي هو الله وصار هو وأصحابه يعتقدون أنهم يرون الله تعالى في اليقظة، ومستندهم ما شاهدوه؛ وهم صادقون فيما يخبرون به ولكن لم يعلموا أن ذلك هو الشيطان. وهذا قد وقع كثيرا لطوائف من جهال العباد يظن أحدهم أنه يرى الله تعالى بعينه في الدنيا لأن كثيرا منهم رأى ما ظن أنه الله وإنما هو شيطان؛ وكثير منهم رأى من ظن أنه نبي أو رجل صالح أو الخضر، وكان شيطانا. وقد ثبت في الصحيح عن النبي صلى الله عليه وسلم أنه قال: {من رآني في المنام فقد رآني حقا فإن الشيطان لا يتمثل في صورتي} فهذا في رؤية المنام لأن الرؤية في المنام تكون حقا، وتكون من الشيطان، فمنعه الله أن يتمثل به في المنام؛ وأما في اليقظة فلا يراه أحد بعينه في الدنيا. فمن ظن أن المرئي هو الميت فإنما أتي من جهله. ولهذا لم يقع مثل هذا لأحد من الصحابة والتابعين لهم بإحسان" (MF 1/168-173 ; Qa'îda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla).
Cela constitue lui aussi un prodige, mais ne relève toujours pas du Signe prophétique.
Des djinns incroyants étaient ainsi asservis au prophète-roi Salomon, et selon ses ordres ils bâtissaient des constructions et plongeaient dans la mer.
Il arrive aussi qu'un djinn incroyant offre à un incroyant une assistance pour soulager la souffrance d'autres humains ; cela étant comparable à ce qui passe chez les humains, où un incroyant propose d'aider quelqu'un d'un autre groupe que le sien à soulager la souffrance des gens de ce groupe. C'est ce qui explique les "barreurs de feu" (à La Réunion aussi il existe de telles personnes : elles exercent cela sans aucune contrepartie matérielle, et disent avoir, à un moment donné de leur vie, perçu une voix leur parlant mentalement et leur disant d'aider telle personne en faisant ce qu'elles se sont mises à faire).
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Il faut également rappeler qu'il existe parfois l'aide accordée par un djinn pieux à un humain pieux, sans contrepartie aucune, mais par pure bonté (An-Nubuwwât, p. 405, p. 415). Cela non plus ne relève pas du Signe prophétique.
Ibn Taymiyya écrit que cela arrive même à des humains non-pieux, le djinn pieux lui accordant son assistance mais en profitant pour l'inviter à l'islam : "وتارة يأتون إلى من هو خال في البرية وقد يكون مَلِكا أو أميرا كبيرا ويكون كافرا وقد انقطع عن أصحابه وعطش وخاف الموت، فيأتيه في صورة إنسي ويسقيه ويدعوه إلى الإسلام ويتوبه، فيسلم على يديه، ويتوبه ويطعمه ويدله على الطريق ويقول: "من أنت؟" فيقول: "أنا فلان"، ويكون من مؤمني الجن. كما جرى مثل هذا لي: كنت في مصر في قلعتها، وجرى مثل هذا إلى كبير من الترك من ناحية المشرق، وقال له ذلك الشخص: "أنا ابن تيمية". فلم يشك ذلك الأمير أني أنا هو. وأخبر بذلك ملك ماردين، وأرسل بذلك ملك ماردين إلى ملك مصر رسولا، وكنت في الحبس؛ فاستعظموا ذلك وأنا لم أخرج من الحبس. ولكن كان هذا جنيا يحبنا، فيصنع بالترك التتر مثل ما كنت أصنع بهم لما جاءوا إلى دمشق: كنت أدعوهم إلى الإسلام، فإذا نطق أحدهم بالشهادتين أطعمتهم ما تيسر؛ فعمل معهم مثل ما كنت أعمل، وأراد بذلك إكرامي ليظن ذاك أني أنا الذي فعلت ذلك. قال لي طائفة من الناس: "فلم لا يجوز أن يكون ملكا؟" قلت: "لا، إن الملك لا يكذب، وهذا قد قال أنا ابن تيمية وهو يعلم أنه كاذب في ذلك" (MF 13/92-93).
Au prophète-roi Salomon (sur lui soit la paix), un Djinn très fort proposa de ramener le trône de Balqîs (depuis le Yémen) jusqu'à son assemblée (à Shâm) avant qu'il se lève ; cependant, le prophète-roi retint la proposition que lui fit alors une autre créature (il s'agit d'un Ange d'après l'un des deux commentaires, ce qui fait alors relever cette prouesse du Niveau 4 évoqué plus bas) : "قَالَ يَا أَيُّهَا المَلَأُ أَيُّكُمْ يَأْتِينِي بِعَرْشِهَا قَبْلَ أَن يَأْتُونِي مُسْلِمِينَ قَالَ عِفْريتٌ مِّنَ الْجِنِّ أَنَا آتِيكَ بِهِ قَبْلَ أَن تَقُومَ مِن مَّقَامِكَ وَإِنِّي عَلَيْهِ لَقَوِيٌّ أَمِينٌ قَالَ الَّذِي عِندَهُ عِلْمٌ مِّنَ الْكِتَابِ أَنَا آتِيكَ بِهِ قَبْلَ أَن يَرْتَدَّ إِلَيْكَ طَرْفُكَ فَلَمَّا رَآهُ مُسْتَقِرًّا عِندَهُ قَالَ هَذَا مِن فَضْلِ رَبِّي لِيَبْلُوَنِي أَأَشْكُرُ أَمْ أَكْفُرُ وَمَن شَكَرَ فَإِنَّمَا يَشْكُرُ لِنَفْسِهِ وَمَن كَفَرَ فَإِنَّ رَبِّي غَنِيٌّ كَرِيمٌ" (Coran 27/38-40).
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– Le Niveau 3') Ce que Dieu crée comme effet possible des décisions et actions d'autres ensembles humains (ما هو ممكن كأثر لأعمال أناس آخرين، ينصر به الله تعالى إنسانًا مخصوصًا) :
Cela relève – par rapport à un individu ou à un groupe d'individu précis –, du résultat de l'interaction de volontés et actions de toute une collectivité humaine : ces volontés et actions ne voient le jour elles aussi que par la Volonté de Dieu, et Dieu a fait que ces différentes volontés et actions de cette collectivité d'humains ont entraîné des événements qui ont servi – ou au contraire desservi – (et ce, sur le court terme, sur le moyen terme ou bien sur le long terme) tel individu ou tel groupe d'individus. (Lire aussi : Ce que Dieu aime et qui rapproche ou est proche de Lui - Ce que Dieu aime sans que cela rapproche ou soit proche de Lui -Ce qu'Il n'aime pas sans que cela éloigne ou soit loin de Lui - Ce qu'Il n'aime pas et qui éloigne ou est loin de Lui.)
Ici s'insère l'assistance "de niveau possible" (donc autre que celle du niveau qui voit le jour par intervention directe d'anges) que Dieu accorde au prophète et aux croyants.
Les faits de ce type relèvent eux aussi de la Catégorie a citée plus haut.
--- C'est le fait que le roi de Fadak lui a envoyé en cadeau quatre montures chargées qui a permis au Prophète (sur lui soit la paix) de régler l'ensemble de ce qu'un commerçant non-musulman avait proposé à Bilâl de le lui prêter pour subvenir, au nom du Prophète, aux besoins de ceux qui venaient à ce dernier : "عن عبد الله الهوزني، قال: لقيت بلالا مؤذن رسول الله صلى الله عليه وسلم بحلب، فقلت: يا بلال حدثني كيف كانت نفقة رسول الله صلى الله عليه وسلم؟ قال: "ما كان له شيء. كنت أنا الذي ألي ذلك منه منذ بعثه الله إلى أن توفي. وكان إذا أتاه الإنسان مسلما، فرآه عاريا، يأمرني فأنطلق فأستقرض فأشتري له البردة فأكسوه، وأطعمه. حتى اعترضني رجل من المشركين، فقال: "يا بلال، إن عندي سعة، فلا تستقرض من أحد إلا مني." ففعلت. فلما أن كان ذات يوم، توضأت، ثم قمت لأؤذن بالصلاة، فإذا المشرك قد أقبل في عصابة من التجار، فلما أن رآني، قال: "يا حبشي"، قلت: "يا لباه" فتجهمني وقال لي قولا غليظا وقال لي: "أتدري كم بينك وبين الشهر؟" قال: قلت: "قريب"، قال: "إنما بينك وبينه أربع؛ فآخذك بالذي عليك فأردك ترعى الغنم، كما كنت قبل ذلك". فأخذ في نفسي ما يأخذ في أنفس الناس، حتى إذا صليت العتمة، رجع رسول الله صلى الله عليه وسلم إلى أهله، فاستأذنت عليه فأذن لي، فقلت: "يا رسول الله، بأبي أنت وأمي، إن المشرك الذي كنت أتدين منه، قال لي كذا وكذا. وليس عندك ما تقضي عني ولا عندي. وهو فاضحي. فأذن لي أن آبق إلى بعض هؤلاء الأحياء الذين قد أسلموا، حتى يرزق الله رسوله صلى الله عليه وسلم ما يقضي عني". فخرجت حتى إذا أتيت منزلي، فجعلت سيفي وجرابي ونعلي ومجني عند رأسي، حتى إذا انشق عمود الصبح الأول أردت أن أنطلق، فإذا إنسان يسعى يدعو: "يا بلال أجب رسول الله صلى الله عليه وسلم"، فانطلقت حتى أتيته، فإذا أربع ركائب مناخات عليهن أحمالهن، فاستأذنت، فقال لي رسول الله صلى الله عليه وسلم: "أبشر فقد جاءك الله بقضائك." ثم قال: "ألم تر الركائب المناخات الأربع؟" فقلت: بلى، فقال: "إن لك رقابهن وما عليهن، فإن عليهن كسوة وطعاما. أهداهن إلي عظيم فدك. فاقبضهن، واقض دينك." ففعلت، فذكر الحديث، ثم انطلقت إلى المسجد، فإذا رسول الله صلى الله عليه وسلم قاعد في المسجد فسلمت عليه، فقال: "ما فعل ما قبلك؟" قلت: "قد قضى الله كل شيء كان على رسول الله صلى الله عليه وسلم، فلم يبق شيء"، قال: "أفضل شيء؟" قلت: نعم، قال: "انظر أن تريحني منه، فإني لست بداخل على أحد من أهلي حتى تريحني منه." فلما صلى رسول الله صلى الله عليه وسلم العتمة دعاني، فقال: "ما فعل الذي قبلك؟" قال: قلت: "هو معي لم يأتنا أحد." فبات رسول الله صلى الله عليه وسلم، في المسجد، وقص الحديث حتى إذا صلى العتمة - يعني - من الغد دعاني، قال: "ما فعل الذي قبلك؟" قال: قلت: "قد أراحك الله منه يا رسول الله." فكبر وحمد الله شفقا من أن يدركه الموت وعنده ذلك. ثم اتبعته، حتى إذا جاء أزواجه فسلم على امرأة، امرأة حتى أتى مبيته فهذا الذي سألتني عنه" (Abû Dâoûd, 3055).
--- C'est le fait que les Quraysh ont décidé d'apporter une aide au combat que les Banû Bakr (leurs alliés) s'étaient remis à mener contre les Khuzâ'a (alliés du Prophète) qui a constitué une aide au Prophète (sur lui soit la paix) dans sa volonté de conquérir La Mecque et de pouvoir rendre alors la Kaaba au culte de Dieu l'Unique. En effet, cela a constitué une violation des clauses du traité de al-Hudaybiya, ce qui a entraîné la Conquête de La Mecque. Cette conquête a elle-même entraîné la conversion en masse d'arabes à l'islam (comme l'a relaté Amr ibn Salima).
--- C'est le fait que, 2 années avant la première conversion d'habitants de Yathrib à l'islam, une grande bataille a eu lieu entre eux, c'est cela qui a entraîné que le Prophète (sur lui soit la paix) n'a pas connu de la part de ses notables une opposition aussi farouche que celle qu'il a connue à La Mecque : cette bataille, dite de Bu'âth, a causé la mort de la grande majorité des grands notables de Yathrib : "عن عائشة رضي الله عنها، قالت: "كان يوم بعاث يوما قدمه الله لرسوله صلى الله عليه وسلم. فقدم رسول الله صلى الله عليه وسلم وقد افترق ملؤهم وقتلت سرواتهم وجرحوا. فقدمه الله لرسوله صلى الله عليه وسلم في دخولهم في الإسلام" (al-Bukhârî, 3566).
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– Le Niveau 3) Ce que Dieu a créé comme effet possible des Causes Naturelles : cet effet est exceptionnel mais demeure de l'ordre du possible (la catégorie a, ou la catégorie b, suscitées) ; cependant, il ne devient effectif que suite à l'Ordre de Dieu (Amr Takwînî), adressé directement à la Cause, ou adressé à l'Ange chargé de gérer cette Cause (ما هو ممكن كأثر للأسباب الطبيعية؛ والأسباب الطبيعية لا اختيار فيها؛ ولا يظهر الأثر غير المعتاد إلا إذا أمر الله السبب به) :
--- D'après le texte de la Torah, ce fut "un fort vent d'est" (Exode 14/21) que Dieu utilisa pour faire apparaître un chemin au fond de la mer (soulevant les eaux de celles-ci comme deux murailles de chaque côté), suite au coup de bâton administré par Moïse à la mer (Exode 17/5) sur Son Ordre. Voilà qui semble relever de la catégorie b.
--- Pour le vent : devenir extrêmement violent et détruire ceux qui ont réfuté le prophète de Dieu, comme cela s'est passé avec 'Âd : "فَأَرْسَلْنَا عَلَيْهِمْ رِيحًا صَرْصَرًا فِي أَيَّامٍ نَّحِسَاتٍ" (Coran 41/16) ; "وَأَمَّا عَادٌ فَأُهْلِكُوا بِرِيحٍ صَرْصَرٍ عَاتِيَةٍ سَخَّرَهَا عَلَيْهِمْ سَبْعَ لَيَالٍ وَثَمَانِيَةَ أَيَّامٍ حُسُومًا" (Coran 69/6-7) ; "رِيحٌ فِيهَا عَذَابٌ أَلِيمٌ تُدَمِّرُ كُلَّ شَيْءٍ بِأَمْرِ رَبِّهَا" (Coran 46/24-25).
--- Pour les sauterelles, les poux et les grenouilles, envahir les opposants du prophète de Dieu, comme dans les Plaies d'Egypte à l'époque de Moïse : "وَقَالُواْ مَهْمَا تَأْتِنَا بِهِ مِن آيَةٍ لِّتَسْحَرَنَا بِهَا فَمَا نَحْنُ لَكَ بِمُؤْمِنِينَ فَأَرْسَلْنَا عَلَيْهِمُ الطُّوفَانَ وَالْجَرَادَ وَالْقُمَّلَ وَالضَّفَادِعَ وَالدَّمَ آيَاتٍ مُّفَصَّلاَتٍ" (Coran 7/132-133). Bien que Ibn Hazm ait relaté que certaines magies ont la propriété de repousser certains animaux et de les éloigner d'une cité donnée (cf. supra), la magie des magiciens du Pharaon fut bien incapable de résoudre ces calamités envoyées par Dieu par le moyen de ces causes naturelles. Or la magie a recours aux pouvoirs des Djinns. Ces effets possibles mais exceptionnels sont donc plus puissants que ceux des capacités des Djinns.
--- Pour des oiseaux : se former en nuées et jeter des pierres sur l'armée venue détruire la Kaaba : "أَلَمْ تَرَ كَيْفَ فَعَلَ رَبُّكَ بِأَصْحَابِ الْفِيلِ أَلَمْ يَجْعَلْ كَيْدَهُمْ فِي تَضْلِيلٍ وَأَرْسَلَ عَلَيْهِمْ طَيْرًا أَبَابِيلَ تَرْمِيهِم بِحِجَارَةٍ مِّن سِجِّيلٍ فَجَعَلَهُمْ كَعَصْفٍ مَّأْكُولٍ" (Coran 105/1-5).
--- Le vent a soufflé contre les ennemis du prophète Muhammad (sur lui soit la paix) et de ses Compagnons à al-Ahzâb : cela les gênait considérablement, et les a, finalement, démoralisés : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اذْكُرُوا نِعْمَةَ اللَّهِ عَلَيْكُمْ إِذْ جَاءتْكُمْ جُنُودٌ فَأَرْسَلْنَا عَلَيْهِمْ رِيحًا وَجُنُودًا لَّمْ تَرَوْهَا وَكَانَ اللَّهُ بِمَا تَعْمَلُونَ بَصِيرًا" (Coran 33/9).
--- C'est une invocation du prophète Muhammad (sur lui soit la paix) que Dieu a exaucée et fait immédiatement pleuvoir, puis, une semaine pluvieuse plus tard, c'est une autre invocation de sa part que Dieu a de nouveau exaucée et fait immédiatement arrêter de pleuvoir : "عن أنس رضي الله عنه، أن رجلا جاء إلى النبي صلى الله عليه وسلم يوم الجمعة، وهو يخطب بالمدينة، فقال: قحط المطر، فاستسق ربك. فنظر إلى السماء وما نرى من سحاب، فاستسقى. فنشأ السحاب بعضه إلى بعض، ثم مطروا حتى سالت مثاعب المدينة. فما زالت إلى الجمعة المقبلة ما تقلع. ثم قام ذلك الرجل أو غيره، والنبي صلى الله عليه وسلم يخطب، فقال: غرقنا، فادع ربك يحبسها عنا، فضحك ثم قال: "اللهم حوالينا ولا علينا" مرتين أو ثلاثا. فجعل السحاب يتصدع عن المدينة يمينا وشمالا، يمطر ما حوالينا ولا يمطر منها شيء. يريهم الله كرامة نبيه صلى الله عليه وسلم وإجابة دعوته" (al-Bukhârî, 5742). Du point de vue de l'humain, ce prodige relève de la Catégorie a suscitée : ce n'est pas immédiatement suite au souhait d'un homme que la pluie commence et s'arrête, bien que cela ne constitue pas quelque chose d'impossible.
Ce sont aussi des Signes particuliers (cf. An-Nubuwwât, p. 160, p. 264).
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Les Signes relevant de ce Niveau 3 relèvent de la Catégorie a ou b.
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– Le Niveau 4) Ce que Dieu n'a accordé à nul humain ni djinn la capacité de réaliser de lui-même, mais qu'Il a accordé aux Anges la capacité de réaliser, et que l'Ange réalise de lui-même, sans cette fois exercer un effet sur une Cause Naturelle (ما ليس من مقدور البشر ولا الجن، ولكنه مقدور للملائكة؛ وفيهم اختيار، لكن لا يفعله أحد منهم إلا إذا أمره الله به) :
La réalisation d'une telle chose par le biais d'un humain constitue un Signe prophétique : cela témoigne de l'assistance d'un ange.
Certains des cas ici présents sont, en apparence, communs avec certains des cas du Niveau 2, bien que ceux de ce Niveau 4 sont, en réalité, différents d'eux par nature, et bien supérieurs en qualité (informer de choses du passé ou du présent qui sont dissimulées ; informer de certaines choses de l'avenir ; guérir de façon inexplicable ; marcher sur l'eau ; voler dans les airs ; etc.).
--- Lorsqu'un ange intervient pour réaliser directement quelque chose, c'est toujours sur ordre expresse de Dieu. Et cela concerne l'action et son effet que Dieu a donné la capacité à l'ange de faire :
----- Des anges sont venus s'interposer directement face à Abû Jahl qui s'était avancé pour piétiner le cou du prophète Muhammad (que Dieu l'élève et le salue) pendant que celui-ci était prosterné : "عن أبي هريرة، قال: قال أبو جهل: "هل يعفر محمد وجهه بين أظهركم؟" قال: فقيل: نعم. فقال: "واللات والعزى لئن رأيته يفعل ذلك لأطأن على رقبته، أو لأعفرن وجهه في التراب." قال: فأتى رسول الله صلى الله عليه وسلم وهو يصلي، زعم ليطأ على رقبته. قال: فما فجئهم منه إلا وهو ينكص على عقبيه ويتقي بيديه. قال: فقيل له: ما لك؟ فقال: "إن بيني وبينه لخندقا من نار وهولا وأجنحة." فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "لو دنا مني، لاختطفته الملائكة عضوا عضوا" (Muslim, 2797).
----- L'ange Gabriel a insufflé l'âme de Jésus (sur lui soit la paix) dans le corps de Marie (sur elle soit la paix).
----- Les Anges sont venus aider le prophète Muhammad (que Dieu l'élève et le salue) et ses Compagnons lors des batailles de Badr ("إِذْ تَسْتَغِيثُونَ رَبَّكُمْ فَاسْتَجَابَ لَكُمْ أَنِّي مُمِدُّكُم بِأَلْفٍ مِّنَ الْمَلآئِكَةِ مُرْدِفِينَ وَمَا جَعَلَهُ اللّهُ إِلاَّ بُشْرَى وَلِتَطْمَئِنَّ بِهِ قُلُوبُكُمْ وَمَا النَّصْرُ إِلاَّ مِنْ عِندِ اللّهِ إِنَّ اللّهَ عَزِيزٌ حَكِيمٌ" : Coran 8/9-10), de Uhud dans un premier temps par 3000 anges ("إِذْ تَقُولُ لِلْمُؤْمِنِينَ أَلَن يَكْفِيكُمْ أَن يُمِدَّكُمْ رَبُّكُم بِثَلاَثَةِ آلاَفٍ مِّنَ الْمَلآئِكَةِ مُنزَلِينَ بَلَى إِن تَصْبِرُواْ وَتَتَّقُواْ وَيَأْتُوكُم مِّن فَوْرِهِمْ هَذَا يُمْدِدْكُمْ رَبُّكُم بِخَمْسَةِ آلافٍ مِّنَ الْمَلآئِكَةِ مُسَوِّمِينَ" : Coran 3/124-125 : d'après adh-Dhahhâk et Ibn Zayd, cela concernait Uhud : Tafsîr ut-Tabarî, 7261 et 7262), de al-Ahzâb ("يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اذْكُرُوا نِعْمَةَ اللَّهِ عَلَيْكُمْ إِذْ جَاءتْكُمْ جُنُودٌ فَأَرْسَلْنَا عَلَيْهِمْ رِيحًا وَجُنُودًا لَّمْ تَرَوْهَا وَكَانَ اللَّهُ بِمَا تَعْمَلُونَ بَصِيرًا" : Coran 33/9), de Hunayn ("ثُمَّ أَنَزلَ اللّهُ سَكِينَتَهُ عَلَى رَسُولِهِ وَعَلَى الْمُؤْمِنِينَ وَأَنزَلَ جُنُودًا لَّمْ تَرَوْهَا" : Coran 9/26). Après avoir exposé que Dieu avait promis aux musulmans de faire descendre tant d'anges pour les aider à Badr, Dieu rappelle que l'Aide n'est qu'auprès de Lui ("وَمَا النَّصْرُ إِلاَّ مِنْ عِندِ اللّهِ إِنَّ اللّهَ عَزِيزٌ حَكِيمٌ") : cela signifie qu'il ne faut pas se reposer sur l'assistance des anges, mais comprendre primo qu'ils n'interviennent que par Ordre de Dieu, secundo que Dieu peut accorder Son assistance par le moyen de créatures autres que des Anges, et même sans le moyen d'aucune créature, tertio que l'assistance ne se fait qu'à la mesure que Dieu ordonne de faire et que si on Lui désobéit, Il retire Son assistance (comme Il l'a fait à Uhud) ("قوله تعالي: {وما جعله الله} يعني هذا الوعد والمدد، {إلا بشرى لكم}، أي: بشارة لتستبشروا به ولتطمئن ولتسكن قلوبكم به فلا تجزعوا من كثرة عدوكم وقلة عددكم، {وما النصر إلا من عند الله العزيز الحكيم}، يعني: لا تحيلوا بالنصر على الملائكة والجند، فإن النصر من الله تعالى فاستعينوا به وتوكلوا عليه، فإن العز والحكم له" : Tafsîr ul-Baghawî) ("أي: وما جعل الله بعث الملائكة وإعلامه إياكم بهم إلا بشرى ولتطمئن به قلوبكم؛ وإلا فهو تعالى قادر على نصركم على أعدائكم بدون ذلك" : Tafsîr Ibn Kathîr).
----- Les Anges sont venus aider le prophète Muhammad (que Dieu l'élève et le salue) et Abû Bakr (que Dieu l'agrée) lors de leur émigration ("إِلاَّ تَنصُرُوهُ فَقَدْ نَصَرَهُ اللّهُ إِذْ أَخْرَجَهُ الَّذِينَ كَفَرُواْ ثَانِيَ اثْنَيْنِ إِذْ هُمَا فِي الْغَارِ إِذْ يَقُولُ لِصَاحِبِهِ لاَ تَحْزَنْ إِنَّ اللّهَ مَعَنَا فَأَنزَلَ اللّهُ سَكِينَتَهُ عَلَيْهِ وَأَيَّدَهُ بِجُنُودٍ لَّمْ تَرَوْهَا وَجَعَلَ كَلِمَةَ الَّذِينَ كَفَرُواْ السُّفْلَى وَكَلِمَةُ اللّهِ هِيَ الْعُلْيَا وَاللّهُ عَزِيزٌ حَكِيمٌ" : Coran 9/40).
----- Plusieurs fois le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) a été informé par l'Ange de quelque chose qui relevait de l'Invisible (min al-ghayb in-nissbî).
Les faits de ce type relèvent pour certains de la Catégorie a citée plus haut ; pour d'autres de la Catégorie b ; pour d'autres encore de la Catégorie c (comme le fait que des anges soient venus protéger le Prophète face à Abû Jahl).
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– Le Niveau 5) Ce que Dieu n'a accordé ni à un humain ni à un djinn ni à un ange la capacité de réaliser. C'est Lui Seul qui a la Capacité de réaliser ce genre de choses (par exemple : transformer véritablement le corps d'un être en le changeant par un corps différent ; faire revivre ce qui est réellement mort ; faire apparaître quelque chose du néant ; suspendre totalement l'effet d'une cause naturelle, le feu ne brûlant plus) (ما ليس من مقدور البشر ولا الجن ولا الأسباب الطبيعية ولا الملائكة، وليس إلا من مقدورات الله تعالى) :
La réalisation d'une telle chose par le biais d'un humain constitue un Signe prophétique : cela témoigne de l'Intervention Directe de Dieu.
--- Soit c'est Dieu qui dit "Sois !", et, alors, se réalise quelque chose de contraire aux lois régissant habituellement Sa création :
----- Le feu de la fournaise préparée par ses opposants n'a ainsi pas brûlé le prophète Abraham (sur lui soit la paix) y ayant été jeté parce que Dieu lui a dit : "Sois froid et salutaire pour Abraham" : "قَالُوا حَرِّقُوهُ وَانصُرُوا آلِهَتَكُمْ إِن كُنتُمْ فَاعِلِينَ قُلْنَا يَا نَارُ كُونِي بَرْدًا وَسَلَامًا عَلَى إِبْرَاهِيمَ وَأَرَادُوا بِهِ كَيْدًا فَجَعَلْنَاهُمُ الْأَخْسَرِينَ" : "Nous dîmes : "Feu, sois fraîcheur et paix sur Abraham !"" (Coran 21/68-70).
----- La parole "Sois" de Dieu a créé directement le corps de Jésus dans le ventre de Marie.
----- Dans le récit de l'homme qui avait assassiné 99 personnes (et, plus tard, une 100ème personne), puis avait voulu se repentir, on lit dans une version que Dieu dit à telle partie de la Terre de se contracter, et à une autre partie de s'étendre : "حدثنا محمد بن بشار، حدثنا ابن أبي عدي، حدثنا شعبة، عن قتادة، بهذا الإسناد، نحو حديث معاذ بن معاذ، وزاد فيه: "فأوحى الله إلى هذه أن: "تباعدي"، وإلى هذه أن: "تقربي" (Muslim, 2766/48) ; il peut s'être agi d'une parole "Sois !", ou bien d'une inspiration (إلهام). Ce phénomène relatif à la Terre est connu sous le nom de : "Taqârub ul-makân" (تقارب المكان) / "Tayy ul-makân" (طيّ المكان). Il existe par ailleurs, relatif cette fois au Temps : la Dilatation du Temps, "Tabâ'ud uz-zamân" (تباعد الزمان) / "Bast uz-zamân" (بسط الزمان) (dont le contraire est : "Taqârub uz-zamân", qui figure parmi les signes de la proximité de la fin du monde : "يتقارب الزمان" : al-Bukhârî, 989, Muslim, 157).
--- Soit Dieu assujettit (تسخير) quelque chose hors du commun à un prophète :
C'est ainsi qu'Il a assujetti le vent et les djinns au prophète-roi Salomon (sur lui soit la paix), qui les employait selon son choix propre : "وَلَقَدْ فَتَنَّا سُلَيْمَانَ وَأَلْقَيْنَا عَلَى كُرْسِيِّهِ جَسَدًا ثُمَّ أَنَابَ قَالَ رَبِّ اغْفِرْ لِي وَهَبْ لِي مُلْكًا لَّا يَنبَغِي لِأَحَدٍ مِّنْ بَعْدِي إِنَّكَ أَنتَ الْوَهَّابُ فَسَخَّرْنَا لَهُ الرِّيحَ تَجْرِي بِأَمْرِهِ رُخَاء حَيْثُ أَصَابَ وَالشَّيَاطِينَ كُلَّ بَنَّاء وَغَوَّاصٍ وَآخَرِينَ مُقَرَّنِينَ فِي الْأَصْفَادِ هَذَا عَطَاؤُنَا فَامْنُنْ أَوْ أَمْسِكْ بِغَيْرِ حِسَابٍ وَإِنَّ لَهُ عِندَنَا لَزُلْفَى وَحُسْنَ مَآبٍ" (Coran 38/34-40).
--- Des cas où Dieu fait se réaliser quelque chose de miraculeux suite à l'invocation de l'un de Ses prophètes, qu'Il exauce donc :
----- "وَرَسُولاً إِلَى بَنِي إِسْرَائِيلَ أَنِّي قَدْ جِئْتُكُم بِآيَةٍ مِّن رَّبِّكُمْ أَنِّي أَخْلُقُ لَكُم مِّنَ الطِّينِ كَهَيْئَةِ الطَّيْرِ فَأَنفُخُ فِيهِ فَيَكُونُ طَيْرًا بِإِذْنِ اللّهِ وَأُبْرِىءُ الأكْمَهَ والأَبْرَصَ وَأُحْيِي الْمَوْتَى بِإِذْنِ اللّهِ وَأُنَبِّئُكُم بِمَا تَأْكُلُونَ وَمَا تَدَّخِرُونَ فِي بُيُوتِكُمْ إِنَّ فِي ذَلِكَ لآيَةً لَّكُمْ إِن كُنتُم مُّؤْمِنِينَ" (Coran 3/49) : certains commentateurs ont mentionné l'invocation adressée à Dieu par le prophète Jésus fils de Marie comme la cause (sabab) de la résurrection accordée par Dieu à (en tout) quatre personnes déjà mortes, l'une d'elles étant Lazare (Tafsîr ul-Qurtubî) et de la guérison accordée par Dieu à l'aveugle de naissance, du lépreux ("فأبرأ في يوم خمسين ألفا بالدعاء بشرط الإيمان" : Tafsîr ul-Jalâlayn).
Du point de vue de l'humain, ce prodige relève de la Catégorie c sus-citée : un mort ne peut pas ressusciter d'après les lois de ce monde ; de même, ces malades ne peuvent pas être guéris d'après les lois de ce monde (Fat'h ul-qadîr).
--- Des cas où le prophète fait une action normale, mais c'est l'effet que cette action produit qui est miraculeux : produire cet effet à partir de cette action n'est pas de la capacité d'une créature et ne relève que de la Capacité de Dieu :
----- Le prophète Moïse (sur lui soit la paix) a, par deux fois, jeté son bâton par terre : il est alors devenu un serpent véritable.
----- Le prophète Jésus (sur lui soit la paix) façonnait des oiseaux d'argile, puis, lorsqu'il soufflait sur ce qu'il avait ainsi façonné, cela devenait des oiseaux vivants : "أَنِّي أَخْلُقُ لَكُم مِّنَ الطِّينِ كَهَيْئَةِ الطَّيْرِ فَأَنفُخُ فِيهِ فَيَكُونُ طَيْرًا بِإِذْنِ اللّهِ" (Coran 3/93) ; l'action de façonner et celle de souffler étaient actions de Jésus ; l'action de rendre cela vivant était action de Dieu. Al-Qurtubî : "وكان تسوية الطين والنفخ من عيسى، والخلق* من الله؛ كما أن النفخ من جبريل، والخلق* من الله" (Tafsîr ul-Qurtubî ; * اي: الإحياء). Ibn Taymiyya : "والملائكة إنما هي سبب من الأسباب؛ كما في خلق المسيح من غير أب: فجبريل إنما كان مقدوره النفخ فيها، وهذا لا يوجب الخلق**، بل هو بمنزلة*** الإنزال في حق غير المسيح. وكذلك المسيح لما خلق من الطين كهيئة الطير: إنما مقدوره تصوير الطين، وأما حصول الحياة فيه: فبإذن الله؛ فإن الله يحيي ويميت، وهذا من خصائصه. ولهذا قال الخليل: {ربي الذي يحيي ويميت" (An-Nubuwwât, p. 421 ; ** اي: الحياة ; un point, cependant : *** الرأي الذي العبد الضعيف عليه: أن نفخ جيريل لم يكن لخلق جسد عيسى في جسد مريم، فهذا حصل بكلمة الله تعالى "كن"، وإنما كان نفخ جيريل لنفخ الروح في جسد عيسى، الأمر الذي لا يحصل للناس الآخرين إلا بعد أربعة أشهر، بوسيلة ملك آخر).
----- Le prophète Muhammad (que Dieu l'élève et le salue) a réalisé plusieurs fois la multiplication d'une petite quantité d'eau, en plaçant sa main bénie dans le récipient d'eau, ou en versant un peu de sa salive bénie dans le puits : l'eau n'est pas sortie de ses doigts, mais est apparue entre ses doigts.
----- Il se peut aussi que, en ce qui concerne les morts et les malades cités au point précédent, Jésus les ait touchés d'une façon particulière en prononçant une invocation à Dieu, et Dieu a fait que ce toucher a produit leur retour à la vie ou leur guérison : "قيل: وقد كان عيسى يبرىء بدعائه والمسح بيده، كل علة. (...) وروي أنه في إحيائه الموتى كان يضرب بعصاه الميت أو القبر أو الجمجمة، فيحيي الإنسان ويكلمه ويعيش" (Al-Bah'r ul-muhît) (le texte des Evangiles dits canoniques parle d'effet de son toucher). Ce miracle serait alors à placer dans cette sous-catégorie-ci.
--- Des cas où le prophète fait une action normale, et le type d'effet que cela produit est lui aussi habituel, mais de façon décuplée à un niveau miraculeux :
----- Le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) a lancé une poignée de terre vers l'armée ennemie, qui a atteint le visage de chacun de ses combattants. Cela s'est produit à Badr et à Hunayn. Sont-ce des anges qui ont fait parvenir cette poignée dans les yeux de chaque ennemi (auquel cas cela relèverait plutôt du Niveau 4) ? ou bien est-ce Dieu qui a ordonné "Sois" à ces deux poignées de terre (auquel cas cela relève bien de ce Niveau 5) ? Je ne sais pas (لا أدري).
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– VIII) Comment les miracles de prophètes et de pieux non-prophètes voient-ils le jour ?
Ce genre de miracles est :
--- i) soit le résultat direct (mussabbab mubâshir) d'une Parole de Dieu (نتيجة كلمة كُنْ من الله تعالى) ;
--- ii) soit le résultat direct d'un acte d'un Ange (نتيجة فعل المَلَك), lequel vient, sur Ordre expresse de Dieu, exercer ce dont Dieu l'a doté en le créant ;
--- iii) soit le résultat direct d'un Acte de Création de la part de Dieu, Dieu ayant cependant fait se produire cet effet par une cause autre que celle qui a la capacité de le produire d'après les lois naturelles que Lui-même a mises en place pour le fonctionnement de ce monde, ou avec une intensité de résultat différente de celle qui voit normalement le jour (نتيجة سببٍ يؤثِّر أثرًا غير الذي بُنِيَ عليه هذا العالَم).
Ainsi, le passage de la main d'un humain sur la partie malade ou blessée du corps d'un autre humain n'a pas pour effet naturel de la guérir de cette maladie ou blessure. Mais le passage de la main du prophète Muhammad (sur lui soit la paix) a occasionné cela en plusieurs occasions. Cela a été un effet ayant certes été créé par Dieu, mais par une cause qui normalement ne l'entraîne pas.
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Par ailleurs :
--- soit c'est de Lui-même (ibtidâ'an) que Dieu décide de faire se réaliser ce prodige ;
--- soit c'est l'invocation du prophète qui constitue la cause (sabab) qui fait que Dieu décide de faire se réaliser ce prodige.
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Par ailleurs encore :
--- soit Dieu accorde à ce prophète la Capacité permanente de faire ce miracle (depuis le moment où le miracle lui est accordé jusqu'au moment où le prophète est de ce monde). Ainsi assujettit-Il le vent et les djinns au prophète-roi Salomon (sur lui soit la paix), qui les employait selon son choix propre : "وَلَقَدْ فَتَنَّا سُلَيْمَانَ وَأَلْقَيْنَا عَلَى كُرْسِيِّهِ جَسَدًا ثُمَّ أَنَابَ قَالَ رَبِّ اغْفِرْ لِي وَهَبْ لِي مُلْكًا لَّا يَنبَغِي لِأَحَدٍ مِّنْ بَعْدِي إِنَّكَ أَنتَ الْوَهَّابُ فَسَخَّرْنَا لَهُ الرِّيحَ تَجْرِي بِأَمْرِهِ رُخَاء حَيْثُ أَصَابَ وَالشَّيَاطِينَ كُلَّ بَنَّاء وَغَوَّاصٍ وَآخَرِينَ مُقَرَّنِينَ فِي الْأَصْفَادِ هَذَا عَطَاؤُنَا فَامْنُنْ أَوْ أَمْسِكْ بِغَيْرِ حِسَابٍ وَإِنَّ لَهُ عِندَنَا لَزُلْفَى وَحُسْنَ مَآبٍ" (Coran 38/34-40).
--- soit Dieu accorde à ce prophète que ce miracle se réalise de façon occasionnelle. Ainsi, lorsque la caravane quitta l'Egypte avec l'annonceur de bonne nouvelle transportant la chemise de Joseph (sur lui soit la paix), son père Jacob (sur lui soit la paix) sentit à distance l'odeur de son fils bien-aimé : "وَلَمَّا فَصَلَتِ الْعِيرُ قَالَ أَبُوهُمْ إِنِّي لَأَجِدُ رِيحَ يُوسُفَ لَوْلاَ أَن تُفَنِّدُونِ قَالُواْ تَاللّهِ إِنَّكَ لَفِي ضَلاَلِكَ الْقَدِيمِ" (Coran 12/94-95). Pourtant, plusieurs années auparavant, alors que Joseph venait d'être éloigné par ses 10 frères (et qu'il n'avait alors pas encore quitté la terre de Canaan), son père n'avait pas ressenti son odeur...
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La salive du Prophète (sur lui soit la paix) a également entraîné la guérison de l'affection aux yeux dont souffrait 'Alî ibn Abî Tâlib : "عن سهل بن سعد رضي الله عنه سمع النبي صلى الله عليه وسلم يقول يوم خيبر: "لأعطين الراية رجلا يفتح الله على يديه". فقاموا يرجون لذلك أيهم يعطى. فغدوا وكلهم يرجو أن يعطى. فقال: "أين علي؟"، فقيل: "يشتكي عينيه". فأمر، فدعي له، فبصق في عينيه، فبرأ مكانه حتى كأنه لم يكن به شيء" (al-Bukhârî, 2783, Muslim, 2406). Cela semble être permanent. Et cela semblait être une qualité que Dieu avait conférée à la salive du Prophète. C'est pourquoi les Compagnons utilisaient, pour se soigner, des cheveux du Prophète, sa salive, etc., même après son décès.
Pour les autres cas de guérison, par passage de main particulier :
--- est-ce que ce fut par Sa Parole : "Sois guéri" que Dieu guérit alors ces malades (i) ?
--- ou bien est-ce que Dieu avait conféré à un passage particulier de la main du prophète cet effet de guérir certaines maladies, créant alors cette guérison par ce passage de la main de ce prophète (iii) ?
Je ne sais pas (لا أدري).
Par ailleurs :
--- Etait-ce un miracle occasionnel (Dieu ne conférant, à ce passage particulier de sa main, cet effet, que de temps à autre) ?
--- ou était-ce un miracle permanent (Dieu créant cet effet chaque fois que le prophète pratiquait un passage particulier de sa main sur un organe malade) ?
Pour ce qui est de la multiplication de l'eau et de la nourriture :
--- Etait-ce un miracle occasionnel (Dieu lui ayant fait savoir, à cette occasion précise, que Lui le Créateur créerait cet effet dans la chose quand Son Messager placerait sa main dessus) ?
--- ou était-ce un miracle permanent (Dieu créant cet effet de bénédiction chaque fois que le prophète Muhammad ferait l'action d'exercer un passage particulier de sa main sur certaines choses) ?
Dans les deux cas :
--- est-ce que c'est par Sa Parole : "Multiplie-toi !" que Dieu créait cet effet (i) ?
--- ou bien est-ce que Dieu avait conféré à un passage particulier de la main du Prophète cet effet de multiplier l'eau, créant cette multiplication par cette action du Prophète (iii) ?
Je ne sais pas (لا أدري).
Pour ce qui est du fait que lorsque Moïse frappa la mer de son bâton, cela provoqua l'ouverture de celle-ci, ce fut un miracle occasionnel.
Pour ce qui est du fait que lorsque Moïse frappa le Rocher de son bâton, cela provoqua le jaillissement de 12 sources, ce fut un miracle occasionnel.
Mais qu'en est-il de la transformation du bâton, suite à son jet par terre, en un serpent véritable :
--- Etait-ce un miracle occasionnel (Dieu ayant fait savoir à Moïse, lors de la seconde fois, quand ce prophète était devant Pharaon et sa cour, qu'Il transformerait de nouveau le bâton en serpent quand ce prophète le jetterait par terre) ?
--- ou était-ce un miracle permanent (Dieu créant cet effet chaque fois que Moïse ferait l'action de lancer son bâton) ?
Il semble que cela était un miracle permanent, puisque Dieu lui avait dit : "Voilà deux signes à l'intention de Pharaon et de sa cour". On voit que Moïse a, une autre fois (et suite à un Ordre expresse de Dieu), frappé la mer de son bâton, et alors celle-ci s'est ouverte pour les laisser passer, lui et son peuple.
Dans tous les cas :
--- est-ce que c'était par Sa Parole : "Sois un serpent" que Dieu transformait le bâton en serpent (i) ?
--- ou bien est-ce que Dieu avait conféré cet effet à un lancer particulier que Moïse faisait de son bâton, créant cet effet par cette action de ce prophète (iii) ?
Il semble que ce soit l'option i qui soit ici la bonne : Seul Dieu peut transformer quelque chose en une tout autre chose.
Pour le fait que Jésus façonnait des oiseaux d'argile puis, lorsqu'il soufflait sur eux, ils devenaient vivants :
--- Etait-ce un miracle occasionnel ?
--- ou était-ce un miracle permanent (Dieu créant cet effet chaque fois que Jésus faisait l'action d'exercer un souffle particulier sur les formes d'argiles qu'il venait de façonner) ?
Dans les deux cas :
--- est-ce que c'est par Sa Parole : "Sois vivant" que Dieu le rendait vivant (i) ?
--- ou bien est-ce que Dieu avait conféré à un souffle particulier de Jésus cet effet de rendre vivant ces formes de glaise, créant cet effet par le moyen de cette action de ce prophète (iii) ?
Il semble que ce soit l'option i qui soit ici la bonne : Seul Dieu peut transformer quelque chose en une tout autre chose.
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– IX) Le résultat miraculeux de l'action qu'il a faite est attribué (منسوب إلى) parfois au prophète auteur du miracle, et parfois à Dieu :
– Dans le verset suivant, qui parle de Jésus, le résultat miraculeux de son action (ما يتولد من فعله) n'a pas été attribué (منسوب إلى) à Jésus :
"أَنِّي أَخْلُقُ لَكُم مِّنَ الطِّينِ كَهَيْئَةِ الطَّيْرِ فَأَنفُخُ فِيهِ فَيَكُونُ طَيْرًا بِإِذْنِ اللّهِ" : "Je façonne pour vous, à partir de boue, ce qui est comme l'apparence d'oiseaux, puis je souffle dessus, et cela devient des oiseaux par la Permission de Dieu" (Coran 3/93).
Ici le texte ne dit pas : "فَأَنفُخُ فِيهِ فَأجْعَلُهُ طَيْرًا بِإِذْنِ اللّهِ" : "puis je souffle dessus, et je les fais devenir des oiseaux par la Permission de Dieu".
Façonner des oiseaux d'argile, puis souffler dessus, Jésus (sur lui soit la paix) en avait la capacité. Par contre, l'effet que cela a eu – les rendre vivants –, cela il n'en avait pas la capacité. Seul Dieu a la Capacité de les rendre vivants.
--- Soit c'est par Sa Parole : "Sois vivant" que Dieu les rendait vivants.
--- Soit Dieu avait conféré à un souffle particulier de Jésus cet effet, créant ce dernier par cette action de ce prophète.
L'action de façonner et celle de souffler étaient actions de Jésus. Par contre, l'action de rendre cela vivant suite à l'action, faite par Jésus, de façonner et de souffler dessus, cela était action de Dieu : "وكان تسوية الطين والنفخ من عيسى، والخلق* من الله؛ كما أن النفخ من جبريل، والخلق* من الله" (Tafsîr ul-Qurtubî : * اي: الإحياء).
En tous cas, ici le résultat n'a pas été attribué à la cause de la cause / à la cause indirecte.
– Par contre, pour un phénomène comparable et de même niveau, dans un autre verset, le résultat miraculeux (ما يتولد من فعله) a dûment été attribué (منسوب إلى) à Jésus :
"وَأُبْرِىءُ الأكْمَهَ والأَبْرَصَ وَأُحْيِي الْمَوْتَى بِإِذْنِ اللّهِ" : "Et je guéris l'aveugle de naissance et le lépreux, et je fais revivre des morts, par la Permission de Dieu" (Coran 3/49).
Ici, le résultat a été attribué à la cause de la cause, vu qu'il s'agit d'une cause indirecte.
Cependant, la cause directe étant la Parole de Dieu "Sois !", on peut dire que l'action de toucher a été de Jésus, mais l'action de faire revenir à la vie a été celle de Dieu.
Toucher ces malades / ces morts relevait de la Capacité de Jésus. Mais l'effet que ce toucher a eu – les rendre guéris / vivants –, cela il n'en avait pas la capacité : Seul Dieu a la Capacité de guérir et de rendre vivant.
– C'est le verset suivant qui recèle la clé de la compréhension des deux formulations précédentes. Ici on lit : "وَمَا رَمَيْتَ إِذْ رَمَيْتَ وَلَكِنَّ اللّهَ رَمَى" : "Et tu n'as pas lancé lorsque tu as lancé, mais Dieu a lancé" (Coran 8/17). Le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) avait lancé une poignée de terre vers l'armée ennemie, qui a atteint le visage de chacun de ses combattants. Cela s'est produit à Badr et à Hunayn.
L'action de lancer une poignée de terre, l'homme en possède la Capacité. Mais en faire résulter comme effet que cette poignée parvienne à une centaine de mètres devant lui, et dans les yeux d'un millier de personnes en même temps, cela l'homme n'en pas la capacité. Dans le cas du lancer effectué par le Prophète à Badr et à Hunayn, soit ce sont des anges qui ont fait parvenir cette poignée dans les yeux de chaque ennemi (auquel cas cela relève du Niveau 4) ; soit c'est Dieu qui a ordonné "Sois" à ces deux poignées de terre (auquel cas cela relèverait plutôt du Niveau 5)...
Et, ici, Dieu a dit : "وَمَا رَمَيْتَ إِذْ رَمَيْتَ وَلَكِنَّ اللّهَ رَمَى" : "Et tu n'as pas lancé lorsque tu as lancé, mais Dieu a lancé" (Coran 8/17) : dans ce verset, l'action a été tout à la fois attribuée au Prophète ("lorsque tu as lancé"), et niée de lui pour être attribuée à Dieu ("tu n'as pas lancé", "mais Dieu a lancé"). Cela parce qu'il s'agissait dûment là d'une action du Prophète, mais son résultat a été hors du cadre de la Capacité d'un homme.
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On voit que le résultat :
--- tantôt n'est attribué qu'à sa cause directe (comme dans le verset 3/93) ;
--- tantôt est attribué à sa cause indirecte (comme dans le second verset 3/49) ;
--- et tantôt est à la fois attribué à, et nié de, sa cause indirecte (comme dans le verset 8/17).
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– X) Note : Nous aurons remarqué que les choses de la Catégorie z se réalisent par les Niveaux de Capacité que nous avons évoqués sous les désignations suivantes :
--- le Niveau 1.2 (ce que seuls des Surdoués parmi les Humains arrivent à réaliser) ;
--- le Niveau 2 (ce que des Djinns mais pas des Humains sont capables de réaliser) ; comme le fait de rendre quelqu'un malade alors qu'aucune cause matérielle n'est présente ;
--- le Niveau 3 (ce qui relève des effets possibles mais très rares des Causes Naturelles) ; comme le fait qu'à un nuage l'ange en charge ordonne de faire pleuvoir pour irriguer le champ de telle personne : "عن أبي هريرة، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "بينا رجل بفلاة من الأرض، فسمع صوتا في سحابة: "اسق حديقة فلان!" فتنحى ذلك السحاب، فأفرغ ماءه في حرة، فإذا شرجة من تلك الشراج قد استوعبت ذلك الماء كله. فتتبع الماء، فإذا رجل قائم في حديقته يحول الماء بمسحاته، فقال له: يا عبد الله ما اسمك؟ قال: فلان - للاسم الذي سمع في السحابة - فقال له: يا عبد الله لم تسألني عن اسمي؟ فقال: إني سمعت صوتا في السحاب الذي هذا ماؤه يقول: اسق حديقة فلان، لاسمك، فما تصنع فيها؟ قال: أما إذ قلت هذا، فإني أنظر إلى ما يخرج منها، فأتصدق بثلثه، وآكل أنا وعيالي ثلثا، وأرد فيها ثلثه" (Muslim, 2984) (également : ce qui relève – par rapport à un individu précis –, du résultat de l'interaction de volontés et actions de toute une collectivité humaine : ces volontés et actions ne voient le jour elles aussi que par la Volonté de Dieu, et Dieu a fait que ces différentes volontés et actions de cette collectivité d'humains ont entraîné des événements qui ont servi – ou au contraire desservi – tel individu) ;
--- quelque chose du Niveau 4 (ce que, pour le réaliser, un Ange intervient directement) ; ainsi, la cause des deux problèmes physiques dont il souffrait, ce sont deux anges qui l'ont fait connaître au Prophète en se montrant à lui en rêve, et en discutant alors de cela entre eux devant lui (al-Bukhârî, Muslim) ;
--- quelque chose du Niveau 5 (ce que Dieu fait faire par Son Intervention Directe, par exemple par Sa Parole "Sois !").
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– XI) A retenir l'explication D (celle de Ibn Taymiyya), comment expliquer les prodiges que le Faux Messie réalisera ?
Ce que le Faux Messie réalisera de prodiges sera :
– pour partie des effets d'une très haute technologie (Niveau de Capacité 1.2 plus haut cité), non connue du public ;
– et pour partie des effets de la magie (Niveau de Capacité 2) (comme l'a prédit la Sunna : "وإن من أشد فتنته أنه يأتي الأعرابي فيقول: أرأيت إن أحييت لك إبلك ألست تعلم أني ربك؟ فيقول: بلى. فيمثل له الشيطان نحو إبله كأحسن ما يكون ضروعا وأعظمه أسنمة. قال: ويأتي الرجل قد مات أخوه ومات أبوه فيقول: أرأيت إن أحييت لك أباك وأخاك ألست تعلم أني ربك؟ فيقول: بلى. فيمثل له الشياطين نحو أبيه ونحو أخيه" : Ahmad).
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– Quant au fait qu'il tuera un croyant puis le ressuscitera (alors que cela est une âya kub'râ, laquelle ne peut se produire, d'après la Sunnat ullâh, que par un prophète de Dieu, bi idhnillâh) :
----- soit cela sera réel mais se retournera immédiatement en Ihâna, Humiliation, contre le Faux Messie. Ceci car ce dernier annoncera ("يتحدى") devant ses partisans être sur le point de réaliser ce signe comme preuve supplémentaire de sa véracité et de ses pouvoirs soi-disant divins ; or, une fois ce prodige réalisé, le croyant ressuscité sourira et lui lancera un : "Je suis encore plus convaincu que tu es le Charlatan" ; entendant cela, le Faux Messie essaiera de le tuer mais ne parviendra même plus à le faire : ce sera alors ce croyant qui connaîtra un miracle, Karâma, contre lequel le Charlatan ne pourra plus rien : "عن أبي سعيد الخدري قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "يأتي الدجال وهو محرم عليه أن يدخل نقاب المدينة فينزل بعض السباخ التي تلي المدينة فيخرج إليه رجل وهو خير الناس أو من خيار الناس فيقول: "أشهد أنك الدجال الذي حدثنا رسول الله صلى الله عليه وسلم حديثه!" فيقول الدجال: "أرأيتم إن قتلت هذا ثم أحييته هل تشكون في الأمر؟" فيقولون: لا. فيقتله ثم يحييه فيقول: "والله ما كنت فيك أشد بصيرة مني اليوم!" فيريد الدجال أن يقتله فلا يسلط عليه" : al-Bukhârî et Muslim ; "وعن أبي سعيد الخدري قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: " يخرج الدجال فيتوجه قبله رجل من المؤمنين فيلقاه المسالح مسالح الدجال. فيقولون له: أين تعمد؟ فيقول: أعمد إلى هذا الذي خرج. قال: فيقولون له: أو ما تبارك وتعالى ؤمن بربنا؟ فيقول: ما بربنا خفاء. فيقولون: اقتلوه. فيقول بعضهم لبعض: أليس قد نهاكم ربكم أن تقتلوا أحدا دونه. قال: فينطلقون به إلى الدجال فإذا رآه المؤمن قال: يا أيها الناس هذا الدجال الذي ذكر رسول الله صلى الله عليه وسلم". قال: فيأمر الدجال به فيشبح. فيقول: خذوه وشجوه فيوسع ظهره وبطنه ضربا. قال: فيقول: أو ما تؤمن بي؟ قال: فيقول: أنت المسيح الكذاب. قال: فيؤمر به فيؤشر بالمنشار من مفرقه حتى يفرق بين رجليه. قال: ثم يمشي الدجال بين القطعتين ثم يقول له: أتؤمن بي؟ فيقول: ما ازددت إلا بصيرة. قال: ثم يقول: "يا أيها الناس إنه لا يفعل بعدي بأحد من الناس". قال: فيأخذه الدجال ليذبحه، فيجعل ما بين رقبته إلى ترقوته نحاسا، فلا يستطيع إليه سبيلا. قال: فيأخذه بيديه ورجليه فيقذف به فيحسب الناس أنما قذفه إلى النار وإنما ألقي في الجنة. فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "هذا أعظم الناس شهادة عند رب العالمين" : Muslim ; "ثم يدعو رجلا ممتلئا شبابا فيضربه بالسيف فيقطعه جزلتين رمية الغرض ثم يدعوه فيقبل ويتهلل وجهه يضحك" : Muslim) ;
----- soit ce prodige sera une pure illusion (due à de la magie, niveau 3) : ses djinns feront voir aux yeux des gens présents ce qui n'est pas en train de se passer. Ibn Kathîr, citant les hadîths authentiques évoquant le cas de ce jeune homme qui sera ressuscité, a écrit : "Un hadîth qu'il est nécessaire de détourner de son (sens) littéral et (dont il est nécessaire) de faire la ta'wîl" : "حديث يجب صرفه عن ظاهره الى التأويل" (An-Nihâya fi-l-Fitan wa-l-Malâhim, pp. 82-83). Par ailleurs une parole attribuée au Prophète dit explicitement que cela ne sera qu'illusion par ensorcellement des yeux des gens : "ثم يدعو برجل فيما يرون فيأمر به فيقتل ثم يقطع أعضاء كل عضو على حدة فيفرق بينهما حتى يراها الناس، ثم يجمع بينها ثم يضربه بعصاه فإذا هو قائم فيقول الدجال: "أنا الله أحيي وأميت." وذلك سحر يسحر به الناس، ليس يصنع من ذلك شيئا" ; cependant ce hadîth est "très faible" (An-Nihâya fi-l-Fitan wa-l-Malâhim, p. 108 ; Fat'h ul-bârî 13/130). Un hadîth pour sa part fiable, parlant de cette mise à mort et de cette résurrection, contient ces termes : "Il tuera une personne puis le fera revivre selon ce que les gens voient" : "ويقتل نفسًا ثم يحييها فيما يرى الناس" (An-Nihâya fi-l-Fitan wa-l-Malâhim, p. 77, At-Tasrîh mi mâ Tawâtara fî nuzûl il-Massîh, n° 31).
--- Ibn Taymiyya est apparemment du premier avis (An-Nubuwwât, pp. 322-325).
--- Personnellement je penche humblement vers le second avis.
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– XII) Deux mises en garde relatées de Jésus fils de Marie (sur eux deux soit la paix) par rapport aux prodiges :
– Un passage des Evangiles attribue à Jésus fils de Marie le propos suivant :
"Quand donc vous verrez installé dans le lieu saint l'Abominable Dévastateur dont a parlé le prophète Daniel – que le lecteur comprenne –, alors, ceux qui seront en Judée, qu'ils fuient dans les montagnes ; celui qui sera sur la terrasse, qu'il ne descende pas pour emporter ce qu'il y a dans sa maison ; celui qui sera au champ, qu'il ne retourne pas en arrière pour prendre son manteau" (Matthieu 24/15-18 ; voir aussi Marc 13/14-16). Et, quelques lignes plus loin, on lit : "Alors, si quelqu'un vous dit : "Le Messie est ici !" ou bien : "Il est là", n'allez pas le croire. En effet, de faux messies et de faux prophètes se lèveront et produiront des signes formidables et des prodiges au point d'égarer, s'il était possible, même les élus. Voilà, je vous ai prévenus" (Matthieu 24/23-25 ; voir aussi Marc 13/21-23).
– "Ceux qui me disent : "Seigneur, Seigneur !" n'entreront pas tous dans le royaume des cieux. Mais seul [y entrera] celui-là qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux.
Plusieurs me diront en ce jour-là :
"Seigneur, Seigneur,
n'avons-nous pas prophétisé par ton nom ?
n'avons-nous pas chassé des démons par ton nom ?
et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ?"
Alors je leur dirai ouvertement : "Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité"" (Evangile selon Matthieu, 7/21-23).
On voit que les seuls annonces, par le nom de Jésus, d'événements allant se passer dans le futur, exorcismes de djinns incroyants par le nom de Jésus, et réalisations de prodiges par le nom de Jésus, ne sont pas des signes que leur auteur est sur la Voie agréée par Dieu.
Il faut être en pleine et parfaite conformité avec la volonté de Dieu, qui est au-dessus des cieux, c'est-à-dire avec ce qu'Il agrée, pour être sur la Voie agréée par Dieu.
Attribuer à Dieu le Créateur des associés dans un ou plusieurs Attributs qui Lui sont propres, cela constitue une grande iniquité.
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– XIII) Une mise en garde relatée de al-Layth et de ash-Shâfi'î (que Dieu les agrée) par rapport aux prodiges que différents types de personnes peuvent réaliser :
– Un des élèves de ash-Shâfi'î lui dit : "Al-Layth a dit : "Si vous voyez quelqu'un marcher sur l'eau, alors ne soyez pas induits en erreur jusqu'à ce que vous ayez évalué sa situation d'après le Coran et la Sunna."
– Ash-Shâfi'î dit alors : "Al-Layth est resté en deçà, que Dieu lui fasse miséricorde ! C'est : "Si vous voyez quelqu'un marcher sur l'eau et voler dans les airs, alors ne soyez pas induits en erreur jusqu'à ce que vous ayez évalué sa situation d'après le Coran et la Sunna."
"وقد قال يونس بن عبد الأعلى الصدفي: قلت للشافعي: "كان الليث بن سعد يقول: "إذا رأيتم الرجل يمشي على الماء، فلا تغتروا به حتى تعرضوا أمره على الكتاب والسنة."" فقال الشافعي: "قصر الليث، رحمه الله. بل إذا رأيتم الرجل يمشي على الماء ويطير في الهواء، فلا تغتروا به حتى تعرضوا أمره على الكتاب والسنة" (cité dans Tafsîr Ibn Kathîr, en commentaire de Coran 2/34, par rapport au fait que bien qu'il avait été considéré comme un grand pieux, Iblîs a ensuite fauté, s'est enorgueilli et s'est rebellé contre un Ordre tashrî'î de Dieu, et a alors été rejeté).
Comme nous l'avons vu, certains prodiges peuvent en effet être réalisés par autre chose que l'assistance (إعانة) de Dieu (laquelle témoigne de Son Agrément) : par une technologie inconnue du commun des hommes, ou encore par l'assistance de djinns.
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).