Les humains qui sont morts avant d'atteindre l'age de responsabilité (la puberté) : qu'adviendra-t-il d'eux dans l'au-delà ?
D'après l'avis qui semble pertinent, ils seront au Paradis. C'est l'avis de al-Bukhârî, de al-Qurtubî, de an-Nawawî, de Ibn Hajar al-'Asqalânî...
– A) C'est ce que le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a dit avoir vu lors de son rêve : des enfants autour du prophète Abraham (sur lui soit la paix) ; nous citerons le hadîth un peu plus bas.
Cela relève de la cohérence intertextuelle : le Prophète a par ailleurs dit que tout humain naît sur la Fit'ra, la prédisposition naturelle à l'aspiration à Dieu.
An-Nawawî décrit cet avis en ces termes : "والثالث - وهو الصحيح الذي ذهب إليه المحققون - أنهم من أهل الجنة. ويستدل له بأشياء؛ منها حديث إبراهيم الخليل صلى الله عليه وسلم حين رآه النبي صلى الله عليه وسلم في الجنة وحوله أولاد الناس قالوا يا رسول الله "وأولاد المشركين؟" قال: "وأولاد المشركين"؛ رواه البخاري في صحيحه" (Shar'h Muslim 16/208).
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– B) Cependant, fut un temps où le Prophète (sur lui soit la paix) n'avait pas encore reçu cette information par la révélation.
Et c'est ce qui explique ses 2 autres propos suivants...
----- B.1) "عن عائشة أم المؤمنين، قالت: دعي رسول الله صلى الله عليه وسلم إلى جنازة صبي من الأنصار، فقلت: "يا رسول الله طوبى لهذا، عصفور من عصافير الجنة، لم يعمل السوء ولم يدركه!" قال: "أو غير ذلك، يا عائشة إن الله خلق للجنة أهلا، خلقهم لها وهم في أصلاب آبائهم، وخلق للنار أهلا، خلقهم لها وهم في أصلاب آبائهم" :
Un jour, Aïcha s'étant exclamée, au sujet d'un enfant en bas âge et dont les parents étaient musulmans, qu'il était un moineau parmi les moineaux du Paradis, le Prophète la reprit en ces termes : "Autre chose que cela (est également possible), ô Aïcha. Dieu a créé pour le Paradis des habitants, Il les a (prédestinés) pour le Paradis alors qu'ils étaient encore dans les reins de leurs ancêtres. Et Il a créé pour le Feu des habitants, Il les a (prédestinés) pour le Feu alors qu'ils étaient encore dans les reins de leurs ancêtres" (Muslim, 2662). D'après l'une des interprétations, cela a été dit à un moment où le Prophète ne savait pas encore.
----- B.2) Mais plus tard il a su que les enfants morts en bas âge de parents musulmans seront dans le Paradis ; ce point-là fait d'ailleurs l'objet d'un consensus ou d'un quasi-consensus : "وأجاب العلماء بأنه لعله نهاها عن المسارعة إلى القطع من غير أن يكون عندها دليل قاطع (كما أنكر على سعد بن أبي وقاص في قوله أعطه إني لأراه مؤمنا قال أو مسلما الحديث)؛ ويحتمل أنه صلى الله عليه وسلم قال هذا قبل أن يعلم أن أطفال المسلمين في الجنة؛ فلما علم قال ذلك في قوله صلى الله عليه وسلم: "ما من مسلم يموت له ثلاثة من الولد لم يبلغوا الحنث إلا أدخله الله الجنة بفضل رحمته إياهم" وغير ذلك من الأحاديث والله أعلم" (Shar'h Muslim, 16/207, Fat'h ul-bârî 3/310).
--- A partir de ce moment-là, c'était seulement lorsque questionné au sujet d'enfants morts en bas âge de parents incroyants qu'il disait : "الله أعلم بما كانوا عاملين" : "Dieu est plus sachant de ce qu'ils auraient fait" : "عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "ما من مولود إلا يولد على الفطرة، فأبواه يهودانه، وينصرانه، كما تنتجون البهيمة، هل تجدون فيها من جدعاء، حتى تكونوا أنتم تجدعونها؟" قالوا: يا رسول الله: أفرأيت من يموت وهو صغير؟ قال: "الله أعلم بما كانوا عاملين" (al-Bukhârî, 6226, Muslim, 2658). "عن ابن عباس رضي الله عنهم، قال: سئل رسول الله صلى الله عليه وسلم عن أولاد المشركين، فقال: "الله إذ خلقهم أعلم بما كانوا عاملين" (al-Bukhârî, 1317, Muslim, 2660). D'après l'une des interprétations, cela signifie : "On ne peut pas se prononcer à leur sujet" : "قال ابن قتيبة معنى قوله بما كانوا عاملين أي لو أبقاهم فلا تحكموا عليهم بشيء". Puis : "ولكن لم يرد أنهم يجازون بذلك في الآخرة لأن العبد لا يجازى بما لم يعمل" (FB 3/313).
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– A) C'est par la suite que le Prophète a su que les enfants morts en bas âge de parents incroyants seront eux aussi dans le Paradis. En effet, il les a vus dans le Paradis du Barzakh en compagnie du prophète Abraham. Les rêves des prophètes constituent de la révélation : "وأما الرجل الطويل الذي في الروضة فإنه إبراهيم صلى الله عليه وسلم، وأما الولدان الذين حوله فكل مولود مات على الفطرة." قال: فقال بعض المسلمين: "يا رسول الله، وأولاد المشركين؟" فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "وأولاد المشركين" : "Les enfants des polythéistes (aussi) ?" fut-il questionné. Il répondit : "Les enfants des polythéistes (aussi) !" (al-Bukhârî, 6640).
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Quant au hadîth : "عن عائشة، قالت: قلت: يا رسول الله، ذراري المؤمنين؟ فقال: "هم من آبائهم." فقلت: يا رسول الله بلا عمل؟ قال: "الله أعلم بما كانوا عاملين!" قلت: يا رسول الله فذراري المشركين؟ قال: "من آبائهم." قلت: بلا عمل؟ قال: "الله أعلم بما كانوا عاملين" (Abû Dâoûd, 4712) : "Ils sont avec leurs parents", il parle non pas de la situation de ces enfants dans l'au-delà, mais des règles qui leur sont applicables en ce monde (FB 12/558).
Cela signifie par exemple que l'enfant mort en terre d'Islam et dont les parents sont (par exemple) chrétiens, les musulmans n'ont pas le droit (au prétexte que tout enfant naît "'ala-l-fit'ra" et que cet enfant est donc mort "'ala-l-fit'ra") de prendre le corps de cet enfant pour l'enterrer dans le cimetière musulman. Non, ses parents auront l'entier droit d'appliquer à son corps les rites funéraires chrétiens. D'autres règles relatives à ce monde les concernent également ; comme le fait de pouvoir, en terre d'Islam, fabriquer du vin entre eux.
Par ailleurs, si les deux parents non-musulmans d'un enfant en bas-âge meurent en Dâr ul-islâm, l'un des avis de Ahmad (retenu par Ibn Taymiyya) est que cet enfant n'en devient pas automatiquement musulman sur le plan juridique (au prétexte que tout enfant naît sur la fit'ra) : tant de cas de ce genre se sont passés à l'époque du Prophète et de ses Compagnons, où les parents sont morts, et pourtant leurs enfants n'ont pas été juridiquement comptés comme devenus musulmans (Shifâ' ul-'alîl, pp. 737-739) (Ibn ul-Qayyim a, sur ce point, donné préférence à un avis différent de celui de son maître : lui a préféré l'avis selon lequel si cet enfant revient à la garde de non-musulmans, il demeure non-musulman ; mais s'il revient à la garde de musulmans, là il devient juridiquement musulman).
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Un autre hadîth parle d'un garçon qui, jusqu'alors non-musulman (il était juif), se convertit à l'islam sur invitation du Prophète et après acquiescement de son père, et à propos de qui le Prophète dit alors : "Louange à Dieu qui l'a sauvé du Feu (de la Géhenne)" : "عن أنس رضي الله عنه، قال: كان غلام يهودي يخدم النبي صلى الله عليه وسلم، فمرض، فأتاه النبي صلى الله عليه وسلم يعوده، فقعد عند رأسه، فقال له: "أسلم"، فنظر إلى أبيه وهو عنده فقال له: "أطع أبا القاسم" صلى الله عليه وسلم. فأسلم، فخرج النبي صلى الله عليه وسلم وهو يقول: "الحمد لله الذي أنقذه من النار" (al-Bukhârî, 1290, 5333).
Ce hadîth pose questionnement dans la mesure où il y est dit : "Louange à Dieu qui l'a sauvé du Feu (de la Géhenne)", alors que, par ailleurs, la règle générale est que "la plume est relevée de l'enfant jusqu'à ce qu'il devienne pubère" ("رفع القلم عن ثلاثة، عن الصبي حتى يبلغ، وعن النائم حتى يستيقظ، وعن المعتوه حتى يبرأ" : Abû Dâoûd, 4402, at-Tirmidhî, 1423 : lafz de AD), et donc que l'enfant qui meurt n'est pas sanctionné dans l'autre monde pour n'avoir pas apporté foi.
La réponse est que ce hadîth est à comprendre ainsi :
--- soit ce garçon était déjà pubère ("ghulâm" signifiant "jeune garçon", mais pouvant parfois inclure le jeune qui est pubère mais paraît encore jeune) (Ibn Bâz a fait allusion à cela) ;
--- soit ce garçon était alors impubère, et ce hadîth signifie : "S'il était demeuré jusqu'à sa puberté dans la non-reconnaissance de mon prophétat, alors même que celui-ci lui est parvenu, puis était mort plus tard ainsi, il aurait fait partie des gens de la Géhenne. Aussi, louange à Dieu qui l'a sauvé de cette fin, possible du point de vue de notre non-connaissance humaine de la destinée de chacun".
Par ailleurs, la conversion à l'islam d'un enfant (dont les parents sont non-musulmans) est-elle valide juridiquement (de sorte que ce soient les ahkâm ul-islâm ad-dunyawiyya qui lui soient appliqués, comme par exemple le fait d'être inhumé selon les rites musulmans s'il meurt lorsque enfant) ?
--- D'après ash-Shâfi'î et Zufar : Non ;
--- D'après les autres Mujtahidûn : Oui du moment qu'il a atteint l'âge de comprendre (soit 7 ans ; soit 10 ans).
Et est-ce que, par rapport à l'autre monde, sa conversion à l'islam est-elle appréhendée selon cette même divergence ?
Si la réponse est : "Oui, sa conversion à l'islam est valide par rapport à l'autre monde aussi", alors : Est-ce que le fait, cette fois, qu'un enfant ayant atteint cet âge de compréhension ait choisi de demeurer sur la religion de ses parents (à savoir le type de kufr auquel ceux-ci adhèrent) :
--- cela est, selon ce second groupe de Mujtahidûn, pris en considération dans l'autre monde aussi, de sorte que ce que nous avons vu plus haut concernant les enfants morts en bas âge ("ils iront au Paradis") ne concerne en réalité que les enfants morts avant cet âge de 7 ans, tandis que ceux morts de 7 ans ou plus iront dans la Géhenne dès lors qu'ils ont choisi d'être sur le Kufr de leurs parents ?
--- ou bien est-ce que, même selon ce second groupe de Mujtahidûn, cette règle ne concerne pas le fait que l'enfant demeure dans le Kufr de ses parents ? (ceci impliquant que dans l'autre monde, les enfants morts avant l'âge de la puberté (même alors âgés de plus de 7 ans) iront tous au Paradis)
Je ne sais pas (لا أدري).
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De même, si un enfant qui était musulman (ses parents étant musulmans, ou ses parents étaient non-musulmans mais lui-même s'était converti à l'islam, ce qui est valide d'après un avis de Ahmad aussi) quitte l'islam, cela est-il compté juridiquement comme apostasie (de sorte qu'il n'hérite plus de son parent musulman) ?
--- D'après ash-Shâfi'î, Zufar, Abû Yûssuf et un avis de Ahmad (retenu par Ibn ul-'Uthaymîn) : Non ;
--- D'après Abû Hanîfa, Muhammad ibn ul-Hassan, un avis de Mâlik, et l'autre avis de Ahmad : Oui.
Et est-ce que, par rapport à l'autre monde, son apostasie est-elle appréhendée selon cette même divergence, de sorte que d'après ce second groupe de Mujtahidûn, si cet enfant meurt ainsi, il sera châtié dans l'autre monde pour être mort kâfir et, de surcroît, murtadd ?
Je ne sais pas (لا أدري).
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Quant au hadîth qui dit que les enfants morts en bas âge de parents incroyants sont dans le Feu : "عن عائشة سألت رسول الله صلى الله عليه وسلم عن ولدان المسلمين، قال: في الجنة؛ وعن أولاد المشركين، قال: في النار. فقلت: يا رسول الله لم يدركوا الأعمال! قال: ربك أعلم بما كانوا عاملين لو شئت أسمعتك تضاغيهم في النار", Ibn Hajar dit qu'il est dha'îf jiddan (FB 3/312).
Il y a encore ce hadîth qui dit la même chose : "وروى عبد الله بن أحمد في زيادات المسند عن علي مرفوعا: إن المسلمين وأولادهم في الجنة، وإن المشركين وأولادهم في النار ثم قرأ والذين آمنوا واتبعتهم الآية" (FB 3/310), cependant al-Albânî dit qu'il est dha'îf (cf. note de bas de page sur Takhrîju ahâdîth il-Mishkât, hadîth n° 117).)
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Remarque :
Ibn Taymiyya, Ibn ul-Qayyim et Ibn Kathîr sont pour leur part d'un autre avis que celui retenu dans cet article et cité jusqu'à présent : selon eux, de tels enfants, morts de parents incroyants, seront mis à l'épreuve par Dieu après leur Résurrection, dans la Plaine du Jugement.
Ils s'appuient pour cela sur des hadîths que l'on peut voir dans Ahkâmu ahl idh-dhimma et Tafsîr Ibn Kathîr (Coran 17/15).
Ibn 'Abd il-Barr n'était cependant pas convaincu de l'authenticité de ces hadîths.
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).