- Tantôt on entend dire que, pour le musulman, "la Source de la Loi, c'est : Dieu Seul".
- Ensuite on entend dire que pour le musulman, "la Source de la Loi, c'est : le Coran (Parole de Dieu) et la Sunna (paroles, actes et approbations du prophète Muhammad, sur lui soit la paix)".
- Puis on entend dire que pour le musulman, "la Source de la Loi, c'est : le Coran, la Sunna et le Ijmâ' (Consensus)".
- Tantôt on entend encore dire que pour le musulman, il y a : "le Coran, la Sunna, le Ijmâ' (Consensus) et le Qiyâs (Analogie)".
- Enfin, on entend dire que c'est le Mufti qui est la source de la loi : "Une fois que le Mufti donne fatwa, c'est désormais cela que Dieu agrée".
Comment concilier autant de propos semblant se contredire ?
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I) Qui est la source de la Loi ?
– A) "La Source de la Loi, c'est Dieu Seul" :
"حدثنا أبو كريب وابن وكيع قالا حدثنا مالك بن إسماعيل؛ وحدثنا أحمد بن إسحاق قال حدثنا أبو أحمد جميعا، عن عبد السلام بن حرب قال، حدثنا غطيف بن أعين، عن مصعب بن سعد، عن عدي بن حاتم قال: أتيت رسول الله صلى الله عليه وسلم وفي عنقي صليب من ذهب، فقال: "يا عدي، اطرح هذا الوثن من عنقك!" قال: فطرحته. وانتهيت إليه وهو يقرأ في "سورة براءة"، فقرأ هذه الآية: {اتخذوا أحبارهم ورهبانهم أربابا من دون الله}. قال قلت: "يا رسول الله، إنا لسنا نعبدهم!" فقال: "أليس يحرمون ما أحل الله فتحرمونه، ويحلون ما حرم الله فتحلونه؟" قال: قلت: "بلى!" قال: "فتلك عبادتهم"!"
Ayant entendu le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) réciter le verset coranique où Dieu reproche à des chrétiens que "اتَّخَذُواْ أَحْبَارَهُمْ وَرُهْبَانَهُمْ أَرْبَابًا مِّن دُونِ اللّهِ وَالْمَسِيحَ ابْنَ مَرْيَمَ" : "ils ont pris leurs érudits et leurs moines, ainsi que le Messie fils de Marie, comme des rabb en dehors de Dieu" (Coran 9/31), 'Adî ibn Hâtim (alors encore chrétien) fut intrigué par le contenu de ce verset dans la mesure où il n'avait pas le sentiment d'avoir divinisé certains des docteurs et des saints reconnus dans le christianisme. Il objecta donc au prophète Muhammad (sur lui la paix) ceci : "Nous ne faisons pas leur 'ibâda !". Le Prophète lui répondit : "N'y a-t-il pas que (lorsque) ils déclarent illicite ce que Dieu a déclaré licite, vous le considérez (désormais) illicite, et (lorsque) ils déclarent licite ce que Dieu a déclaré illicite, vous le considérez (désormais) licite ? – Si. – C'est là faire leur 'ibâda !" (at-Tabarî dans son Tafsîr, n° 16332).
L'islam enseigne que le droit de légiférer (de rendre permis, obligatoire et interdit) de façon absolue revient à Dieu.
Shâh Waliyyullâh explique cela ainsi : "وسر ذلك أن التحليل والتحريم عبارة عن تكوين نافذ في الملكوت أن الشيء الفلاني يؤاخذ به أو لا يؤاخذ به، فيكون هذا التكوين سببا للمؤاخذة وتركها؛ وهذا من صفات الله تعالى. وأما نسبة التحليل والتحريم إلى النبي صلى الله عليه وسلم، فبمعنى أن قوله أمارة قطعية لتحليل الله وتحريمه. وأما نسبتها إلى المجتهدين من أمته فبمعنى روايتهم ذلك عن الشرع من نص الشارع أو استنباط معنى من كلامه" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/186).
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– B) "La Source de la Loi, c'est : Dieu et Son Messager" :
Dieu dit : "أَطِيعُواْ اللّهَ وَأَطِيعُواْ الرَّسُولَ" : "Obéissez à Dieu et obéissez au Messager" (Coran 5/92 ; 24/54 ; 47/33 ; 64/12).
Dans le cas précédent (A) il s'agissait d'une obéissance dans l'absolu : il s'agit d'un acte de soumission librement consentie, d'un acte métaphysique, fait pour se rapprocher spirituellement : cela est réservé à Dieu.
Alors qu'ici (B) il s'agit de sources à compulser pour connaître ce que Dieu agrée : il s'agit de se référer aux Paroles de Dieu, mais aussi à la Sunna du Messager de Dieu :
le Messager de Dieu, on se réfère à lui dans la mesure où Dieu l'a désigné comme Son Messager auprès des hommes, avec pour mission de leur montrer, par sa Sunna, les principes du Coran vécus concrètement.
Après avoir rappelé la croyance islamique (A) enseignant que c'est Dieu qui, de façon absolue, déclare licite et illicite, Shâh Waliyyullâh écrit : "وأما نسبة التحليل والتحريم إلى النبي صلى الله عليه وسلم فبمعنى أن قوله أمارة قطعية لتحليل الله وتحريمه" : "Quand on attribue au Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) le fait d'avoir rendu licite ou illicite (telle chose), c'est dans le sens où le propos du Prophète est l'indice certain que Dieu a permis ou interdit cet acte" (Hujjat ullâh il-bâligha 1/186).
Cela dans la mesure où :
– Premièrement : celui qui obéit à un messager dans ce que celui-ci lui ordonne, parce qu'il le considère comme chargé de délivrer un message, celui là obéit en réalité à celui qui l'a envoyé. Or Dieu a justement désigné Muhammad comme Son Messager auprès des hommes, avec pour mission de leur expliciter, par sa Sunna, les principes du Coran : Il dit : "مَنْ يُطِعِ الرَّسُولَ فَقَدْ أَطَاعَ اللّهَ" : "Celui qui obéit à (ce que dit le) Messager, celui-là obéit à Dieu" (Coran 4/80) ; "وَمَا أَرْسَلْنَا مِن رَّسُولٍ إِلاَّ لِيُطَاعَ بِإِذْنِ اللّهِ" : "Et Nous n'avons suscité de Messager que pour que, avec l'accord de Dieu, il soit obéi" (Coran 4/64).
– Deuxièmement : cette explicitation par le Messager se faisait tantôt suite à une révélation certes non coranique mais quand même divine qu'il reçut, tantôt suivant un ijtihad qu'il fit lui-même à partir des principes supérieurs de la législation musulmane :
--- Une partie de ce que le Prophète (sur lui soit la paix) a dit est le résultat d'un ijtihâd de sa part ;
--- Des cas où, après un Ijtihad précédent, le Prophète (sur lui soit la paix) changea d'avis : soit suite à une Révélation ; soit suite à l'expérience du Réel ; soit suite à une nouvelle Réflexion ; soit suite à une Proposition d'un Compagnon.
– Troisièmement : Dieu intervenait pour rectifier les erreurs d'ijtihads faits par le Prophète (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/371). En effet, Il l'a fait :
--- en Coran 80/1-11 (à propos de l'aveugle duquel il s'était détourné pour se consacrer à la prédication de notables),
--- en Coran 8/67-69 (à propos des prisonniers faits à Badr),
--- en Coran 9/43 (à propos de la permission que le Prophète avait donnée à des gens lui demandant l'autorisation de ne pas se joindre à la campagne de Tabûk),
--- en Coran 4/105-113 (à propos du fait qu'ayant entendu un témoignage et ne sachant pas qu'il était faux, le Prophète y avait cru malgré la présence d'indices conséquents allant dans l'autre sens, et avait dit au demandeur qu'il devait cesser de soupçonner telle personne),
--- seulement si on retient l'une des interprétations existantes : en Coran 9/84 (après que le Prophète eût accompli la prière funéraire sur le chef des Hypocrites).
Se référer aux Hadîths du Prophète ne contredit donc absolument pas le fait que ce soit bien Dieu qui légifère dans l'absolu.
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– C) "La Source de la Loi, c'est : Dieu, Son Messager et les Ulémas" :
Dieu dit : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ أَطِيعُواْ اللّهَ وَأَطِيعُواْ الرَّسُولَ وَأُوْلِي الأَمْرِ مِنكُمْ؛ فَإِن تَنَازَعْتُمْ فِي شَيْءٍ فَرُدُّوهُ إِلَى اللّهِ وَالرَّسُولِ إِن كُنتُمْ تُؤْمِنُونَ بِاللّهِ وَالْيَوْمِ الآخِرِ؛ ذَلِكَ خَيْرٌ وَأَحْسَنُ تَأْوِيلاً" : "O les croyants, obéissez à Dieu, obéissez à Son Messager, ainsi qu'aux détenteurs de l'autorité parmi vous. Si alors vous divergez au sujet de quelque chose, renvoyez-la à Dieu et à Son Messager, si vous êtes croyants en Dieu et au Jour Dernier. Ceci est mieux et de meilleur devenir" (Coran 4/59).
D'après l'un des deux commentaires, "les détenteurs de l'autorité parmi vous" sont : les Ulémas.
Quant à "renvoyer à Dieu et à Son Messager", cela signifie, depuis le décès de ce Messager : "renvoyer cela au Coran et à la Sunna, lesquels sont des textes" ; sans oublier de garder comme cadre les interprétations de la Jamâ'ah.
Ces ulémas, on se réfère à leurs dires en tant qu'explications des, et en tant que déductions faites à partir des versets coraniques et hadîths prophétiques.
Shâh Waliyyullâh a aussi expliqué comment le fait de se référer aux avis des ulémas ne contredit pas le fait que c'est bien Dieu qui légifère. Il écrit : "وأما نسبتها إلى المجتهدين من أمته، فبمعنى روايتهم ذلك عن الشرع من نص الشارع أو استنباط معنى من كلامه" : "Et quant à l'attribution de (avoir déclaré licite ou illicite telle choses) aux Mujtahidûn de la Umma du (Prophète, sur lui soit la paix), c'est dans le sens où soit ces (ulémas) rapportent cela de la parole du Législateur : soit par extraction du principe présent dans la parole du Législateur" (Hujjat ullâh il-bâligha 1/186).
Pour rappel : Un "qadhâ" est un "décret religieux". Quant à la "fatwa", ce n'est pas un "décret" mais un "avis religieux circonstancié".
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Récapitulatif :
Il y a d'une part une différence entre le statut de Dieu (A) et celui du Prophète (B) en tant que "faiseur de loi", "شارع" :
– Dieu est "شارع" de façon véritable et absolue.
– Le Prophète est "شارع" de façon secondaire et relative par rapport à Dieu, car il n'est législateur qu'en tant que chargé par Dieu de détailler aux hommes ce qu'Il agrée, et dans la mesure où ce qu'il dit a valeur de loi parce que le Premier l'a approuvé par Son Silence.
Il y a d'autre part une différence entre le statut du Prophète (B) et celui des mujtahidûn (C) en tant que "références en matière de lois" :
– le Prophète est une référence en tant que "شارع" car ce qu'il dit a force de loi même si on ne connaît pas de quel verset il a déduit ce qu'il a dit ;
– les Mujtahidûn et les Ulémas sont des références en tant que "شارح", Interprètes des textes du Coran et de la Sunna. Lire à ce sujet :
----- Lire les Ecritures (= Coran et Sunna), mais prendre également connaissance de la Tradition d'interprétation (= Ijtihad des Mujtahidûn).
----- Quand il y a 2 façons de concilier une règle générale et un hadîth particulier - Sur une question donnée, il existe un hadîth authentique ; cependant, ce hadîth peut parfois être compris selon un sens différent du seul sens littéral (ظاهر).
----- Lorsque, par rapport à la situation dans laquelle il se trouve dans le Réel (الواقع), le musulman a devant lui 2 actions en concurrence : il ne pourra pratiquer qu'une seule des 2 et devra délaisser l'autre. Comment devra-t-il faire pour évaluer l'importance de chacune de ces 2 actions, puis choisir ? "التعارض بين العملين، والموازنة بينهما، والترجيح ؛ الاستصلاح".
----- فقه المآلات : Le musulman a devant lui la possibilité de pratiquer telle Action de Bien. Cependant, par rapport à la situation dans laquelle il se trouve dans le Réel (الواقع), la pratique de cette Action de Bien est susceptible d'entraîner (في المآل) un Problème (Mafsada). Que devra alors faire ce musulman : pratiquer l'Action, sans autre considération ? ou bien considérer la nature et le degré de cette Mafsada, ainsi que la probabilité de son entraînement ? "التعارض بين العملين، والموازنة بينهما، والترجيح ؛ الاستصلاح".
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Ont été révélés au Prophète (sur lui soit la paix) :
– la totalité du Coran,
– une partie de la Sunna détaillée,
– ainsi que les grands principes de la Législation divine :
"وليس يجب أن يكون اجتهاده استنباطا من المنصوص كما يظن، بل أكثره أن يكون علَّمه الله تعالى مقاصد الشرع وقانون التشريع والتيسير والأحكام، فبيّن المقاصد المتلقاة بالوحي بذلك القانون" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/371-372).
Quand Dieu dit : "Obéissez à ce (que dit) Dieu et obéissez à ce (que dit) Son Messager, ainsi qu'aux détenteurs de l'autorité parmi vous" (Coran 4/59), avec la répétition du verbe "Obéissez" devant "le Messager" mais pas devant ce qui signifie "les ulémas", Il ne veut pas dire qu'il s'agit d'obéir à Muhammad en tant que tel et pour lui-même. Il veut dire qu'il faut se référer à deux sources, l'une étant constituée de Ses Paroles à Lui, Dieu, et l'autre des paroles de Muhammad qui est Son Messager : même si la Sunna n'est que le développement du Coran, elle constitue une source à part entière, et ce à deux égards :
– le premier est que même si le Prophète ne cite pas explicitement sur quel verset du Coran il s'est appuyé pour dire tel de ses propos, et même si on n'arrive pas à deviner quel est ce verset, le Hadîth constitue quand même une source de loi ;
– le second est qu'on ne peut se fonder sur un verset pour dire : "Ce verset montre que le Prophète a fait une erreur d'interprétation quand il dit telle chose" (il est vrai par contre que des ulémas se sont fondés sur un verset pour montrer que telle parole attribuée au Prophète n'a pas pour source le Prophète : ainsi l'ont fait des ulémas à propos de la parole parlant des jours de la création et dont le total aboutit à 7 : L'attribution d'un propos au Prophète et les vérifications quant à sa fiabilité. La contradiction flagrante d'une parole avec le Coran est l'indice que le hadîth est soit mawdhû', soit mansûkh. Mais attention à ne pas confondre "ta'ârudh" avec "takhsîs" ou "taqyîd").
Une partie de ce que le Prophète (sur lui soit la paix) a dit est le résultat d'un ijtihâd de sa part. Cependant, comme Shâh Waliyyullâh le rappelle, parlant du Messager : "واجتهاده صلى الله عليه وسلم بمنزلة الوحي؛ لأن الله تعالى عصمه من أن يتقرر رأيه على الخطأ" : "Le résultat de son ijtihad est du même niveau que ce qu'il a reçu par révélation [= cela doit être suivi au même niveau que ce qui lui a été dûment révélé]. Car Dieu a préservé le Prophète d'être maintenu sur un avis [ijtihâdî ta'abbudî ayant été exprimé] qui est erroné" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/371).
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Les dires des ulémas, on s'y réfère aussi, mais dans une perspective différente de celle selon laquelle on se réfère aux dires du Prophète (sur lui soit la paix) :
– Il arrive, que, ayant entendu l'avis d'un 'âlim, d'autres ulémas lui opposent un Hadîth et disent ensuite : "Ce Hadîth montre que tel mujtahid a fait une erreur d'interprétation quand il a dit telle chose. Il aura inshâ Allâh une récompense pour son effort d'interprétation, mais on ne peut pas suivre son avis ici". Ceci car : "Hormis le Messager de Dieu, tout 'âlim est tel que certains de ses propos sont à prendre et d'autres à délaisser."
Shâh Waliyyullâh écrit : "ومنها [أي من أسباب التحريف]: تقليد غير المعصوم أعني غير النبي الذي ثبتت عصمته، وحقيقته أن يجتهد واحد من علماء الأمة في مسألة، فيظن متبعوه أنه على الإصابة قطعا أو غالبا، فيردوا به حديثا صحيحا. وهذا التقليد غير ما اتفق عليه الأمة المرحومة، فإنهم اتفقوا على جواز التقليد للمجتهدين، مع العلم بأن المجتهد يخطئ ويصيب، ومع الاستشراف لنص النبي صلى الله عليه وسلم في المسألة، والعزم على أنه إذا ظهر حديث صحيح خلاف ما قلد فيه، ترك التقليد واتبع الحديث" : Hujjat ullâh il-bâligha 1/352).
Il écrit aussi : "ومما يناسب هذا المقام التنبيه على مسائل ضلت في بواديها الأفهام وزلت الأقدام وطغت الأقلام. منها أن هذه المذاهب الأربعة المدونة المحررة قد اجتمعت الأمة - أو من يعتد به منها - على جواز تقليدها إلى يومنا هذا. وفي ذلك من المصالح ما لا يخفى، لا سيما في هذه الأيام التي قصرت فيها الهمم جدا، وأشربت النفوس الهوى، وأعجب كل ذي رأي برأيه.
فما ذهب إليه ابن حزم حيث قال: "التقليد حرام لا يحل لأحد أن يأخذ قول أحد غير رسول الله صلى الله عليه وسلم بلا برهان (...)"، إنما يتم:
فيمن له ضرب من الاجتهاد ولو في مسألة واحدة وفيمن ظهر عليه ظهورا بيّنا أن النبي صلى الله عليه وسلم أمر بكذا، ونهى عن كذا، وأنه ليس بمنسوخ، إما بأن يتتبع الأحاديث وأقوال المخالف والموافق في المسألة فلا يجد لها نسخا، أو بأن يرى جمعا غفيرا من المتبحرين في العلم يذهبون إليه، ويرى المخالف له لا يحتج إلا بقياس أو استنباط أو نحو ذلك، فحينئذ لا سبب لمخالفة حديث النبي صلى الله عليه وسلم إلا نفاق خفي أو حمق جلي. (...)
وفيمن يكون عاميا، ويقلد رجلا من الفقهاء بعينه يرى أنه يمتنع من مثله الخطأ وأن ما قاله هو الصواب ألبتة، وأضمر في قلبه ألا يترك تقليده وإن ظهر الدليل على خلافه، وذلك ما رواه الترمذي عن عدي بن حاتم أنه قال: سمعته - يعني رسول الله صلى الله عليه وسلم - يقرأ {اتخذوا أحبارهم ورهبانهم أربابا من دون الله}، قال: "إنهم لم يكونوا يعبدونهم، ولكنهم كانوا إذا أحلوا لهم شيئا استحلوه، وإذا حرموه عليهم شيئا محرما"؛
وفيمن لا يُجوّز أن يستفتي الحنفي مثلا فقيها شافعيا وبالعكس، ولا يُجوّز أن يقتدي الحنفي بإمام شافعي مثلا: فإن هذا قد خالف إجماع القرون الأولى وناقض الصحابة والتابعين" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/442-446).
– Plus encore : si un 'âlim compétent n'arrive pas à retrouver sur quel verset ou quel hadîth l'avis d'un mujtahid se fonde, cet avis n'a pas "force de loi pour lui" : il n'a alors pas le droit de délivrer cet avis aux autres.
C'est ce que Abû Hanîfa exprimait ainsi : "حرام على من لم يعرف دليلي أن يفتي بكلامي" : "Il est interdit (harâm) à celui qui ne connaît pas l'argument (sur lequel) je (me suis fondé) de donner fatwa selon mon propos" (relaté par Ibn 'Âbidîn ash-Shâmî, repris dans Sifatu Salât in-Nabîyyi sallallâhu 'alayhi wa sallama, al-Albânî, pp. 22-23). Abû Hanîfa voulait ici rappeler que ses ijtihads à lui ne peuvent pas être du même niveau que ceux du Prophète (sur lui soit la paix).
Al-Âlûssî écrit :
"وأعاد الفعل، وإن كانت طاعة الرسول مقترنة بطاعة الله تعالى، اعتناء بشأنه عليه الصلاة والسلام، وقطعا لتوهم أنه لا يجب امتثال ما ليس في القرآن، وإيذانا بأن له صلّى الله عليه وسلّم استقلالا بالطاعة لم يثبت لغيره.
ومن ثمّ لم يعد في قوله سبحانه: وَأُولِي الْأَمْرِ مِنْكُمْ، إيذانا بأنهم لا استقلال لهم فيها استقلال الرسول صلّى الله عليه وسلّم" (Rûh ul-Ma'ânî).
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II) Pour connaître ce que Dieu agrée au sujet de telle action, à quels Arguments (Dalîl) le Mujtahid doit-il se référer ?
– 1) Le Mujtahid doit se référer au : Coran :
Cela en tant que Texte Fondateur Premier.
D'après Jâbir, le Prophète a parlé du Coran lors de son discours à 'Arafa lors du Pèlerinage d'Adieu : "وقد تركت فيكم ما لن تضلوا بعده إن اعتصمتم به: كتاب الله. وأنتم تسألون عني، فما أنتم قائلون؟" قالوا: نشهد أنك قد بلغت وأديت ونصحت، فقال: بإصبعه السبابة، يرفعها إلى السماء وينكتها إلى الناس: "اللهم، اشهد، اللهم، اشهد" ثلاث مرات" (Muslim, 1218).
Omar ibn ul-Khattâb, après le décès du Prophète (sur lui soit la paix) et le choix de Abû Bakr comme calife, parla du Coran :
"عن أنس بن مالك رضي الله عنه أنه سمع خطبة عمر الآخرة حين جلس على المنبر، وذلك الغد من يوم توفي النبي صلى الله عليه وسلم، فتشهد، وأبو بكر صامت لا يتكلم، قال: "كنت أرجو أن يعيش رسول الله صلى الله عليه وسلم حتى يدبرنا (يريد بذلك أن يكون آخرهم). فإن يك محمد صلى الله عليه وسلم قد مات، فإن الله تعالى قد جعل بين أظهركم نورا تهتدون به، هدى الله محمدا صلى الله عليه وسلم. وإن أبا بكر صاحب رسول الله صلى الله عليه وسلم، ثاني اثنين، فإنه أولى المسلمين بأموركم، فقوموا فبايعوه." وكانت طائفة منهم قد بايعوه قبل ذلك في سقيفة بني ساعدة، وكانت بيعة العامة على المنبر" (al-Bukhârî, 6793). "عن أنس بن مالك أنه سمع عمر، الغد حين بايع المسلمون أبا بكر، (واستوى على منبر رسول الله صلى الله عليه وسلم) تشهد قبل أبي بكر فقال: "أما بعد، فاختار الله لرسوله صلى الله عليه وسلم الذي عنده على الذي عندكم. وهذا الكتاب الذي هدى الله به رسولكم، فخذوا به تهتدوا وإنما هدى الله به رسوله" (al-Bukhârî, 6841).
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– 2) Le Mujtahid doit se référer aux : Coran et Sunna :
- "أَطِيعُواْ اللّهَ وَأَطِيعُواْ الرَّسُولَ" : "Obéissez à Dieu et obéissez au Messager" (Coran 5/92 - 24/54 - 47/33 - 64/12).
- "عن ابن عباس، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم خطب الناس في حجة الوداع، فقال: "قد يئس الشيطان بأن يعبد بأرضكم ولكنه رضي أن يطاع فيما سوى ذلك مما تحاقرون من أعمالكم، فاحذروا. يا أيها الناس إني قد تركت فيكم ما إن اعتصمتم به فلن تضلوا أبدا: كتاب الله وسنة نبيه - صلى الله عليه وسلم. إن كل مسلم أخ مسلم، المسلمون إخوة، ولا يحل لامرئ من مال أخيه إلا ما أعطاه عن طيب نفس. ولا تظلموا. ولا ترجعوا من بعدي كفارا يضرب بعضكم رقاب بعض" : "O les hommes, j'ai laissé parmi vous ce que si vous vous y attachez vous ne dévierez jamais : le Livre de Dieu et la Sunna de Son Prophète" (al-Hâkim, 318) (voir mon article parlant de la fiabilité de cette parole).
Cela en tant que Deux Textes fondateurs, Sources à partir desquelles s'établissent même les Consensus et les Analogies.
La différence avec le 1 est la même que celle évoquée plus haut à propos de savoir si c'est Dieu qui est la Source de la Loi, ou bien Dieu et Son Messager, tous deux. En effet, tout comme Dieu est le Législateur absolu mais Muhammad (sur lui soit la paix) a été chargé par Lui d'expliciter et de développer ce qu'Il a dit, de même, le Coran est le Texte Premier, mais ce Texte renvoie lui-même à la Sunna comme son nécessaire Complément.
Et c'est bien parce qu'elle est le Complément du Coran qu'un hadîth de la Sunna n'a pas vocation à abroger un verset du Coran ; c'est seulement un verset coranique qui peut abroger un autre verset coranique (MF 20/397-399).
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– 3) Le Mujtahid doit se référer aux textes du Coran et de la Sunna, et, pour les cas où ceux-ci ne disent rien au sujet de la question, il doit pratiquer le Ijtihâd :
"عن أناس من أهل حمص من أصحاب معاذ بن جبل أن رسول الله صلى الله عليه وسلم لما أراد أن يبعث معاذا إلى اليمن، قال: "كيف تقضي إذا عرض لك قضاء؟" قال: "أقضي بكتاب الله." قال: "فإن لم تجد في كتاب الله؟" قال: "فبسنة رسول الله صلى الله عليه وسلم." قال: "فإن لم تجد في سنة رسول الله صلى الله عليه وسلم ولا في كتاب الله؟" قال: "أجتهد رأي ولا آلو." فضرب رسول الله صلى الله عليه وسلم صدره وقال: "الحمد لله الذي وفق رسول رسول الله لما يرضى رسول الله" : Le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue), envoyant Mu'âdh ibn Jabal comme juge au Yémen, s'entretint avec lui de la sorte :
"Selon quoi jugeras-tu lorsqu'une occasion de jugement se présentera à toi ?
- Selon le Livre de Dieu, répondit Mu'âdh.
- Et si tu ne trouves pas (de dire explicite) dans le Livre de Dieu ?
- Je jugerai alors selon la Sunna du Messager de Dieu, dit Mu'âdh. - Et si tu ne trouves pas (de dire explicite) dans la Sunna du Messager de Dieu ni dans le Livre de Dieu ?
- Je ferai alors l'effort de réflexion (ijtihâd) pour formuler mon avis, et n'y ferai pas preuve de manquement, répondit Mu'âdh."
Alors le Prophète lui donna un léger coup dans la poitrine et dit : "Louange à Dieu qui a guidé le messager du Messager de Dieu sur ce qu'agrée le Messager de Dieu." (La chaîne de transmission de ce Hadîth, rapporté par Abû Dâoûd, 3592, at-Tirmidhî, 1327, contient des personnes dont l'identité n'est pas précisée, et n'est donc pas sahîh. Son contenu est cependant approuvé par les dires et la pratique des Compagnons du Prophète. On peut lire à ce sujet : MF 13/364 ; A'lâm ul-muwaqqi'în, 1/49-50 ; Muqaddimatu Tafsîr Ibn Kathîr.)
Dans ce propos de Mu'âdh, les deux premières sources sont hiérarchisées (d'abord le Coran, ensuite la Sunna) non pas au sens où le mujtahid doit se contenter de lire la règle dans le Coran, sans chercher le détail de son application dans la Sunna (au contraire) : ici il s'agit seulement de chercher le fondement d'une règle à suivre face au cas qui se présente à lui (ithbât asl il-hukm li-l-mahkûm 'alayh) : tout d'abord : est-ce que le Coran en a dit quelque chose ? Si Oui, alors, le verset coranique évoquant cela, on doit l'interpréter à la lumière de ce que la Sunna en dit (nuances, etc.) et sans transgresser l'interprétation faisant l'objet de Consensus. Si le Coran n'en dit rien, alors on cherchera si la Sunna a dit une règle à ce sujet. Si Oui, alors, le ou les hadîth(s) évoquant cela, on doit le(s) interpréter sans transgresser l'interprétation faisant l'objet de Consensus. Si la Sunna non plus n'en a rien dit, alors seulement le mujtahid aura recours au Ijtihâd Inshâ'ï.
Et c'est justement de ce propos de Mu'âdh : "Je ferai alors l'effort de réflexion (ijtihâd) pour formuler mon avis, et n'y ferai pas preuve de manquement" que provient le terme "Ijtihâd" : c'est l'effort fait par le mujtahid pour découvrir la règle voulue par Dieu à propos d'une question donnée. Mu'âdh a ici parlé du Ijtihâd Inshâ'ï, où il s'agit d'établir la règle de quelque chose dont les textes de la Révélation n'ont rien dit : c'est ici l'analogie (qiyâs ut-tamthîl, ou bien qiyâs ul-maslaha) qui entre en jeu ; la raison du mujtahid va chercher dans les textes un cas précédent, auquel elle peut comparer et ramener le cas nouveau, et lui applique le même hukm que celui qui figure au sujet de l'autre cas, dans les Textes. C'est dans ce sens qu'on parle de Inshâ'.
Ce hadîth n'évoque par contre pas le Ijtihâd Bayânî : l'effort de réflexion fait afin de découvrir le sens correct de ce qu'un texte de la Révélation veut signifier : il s'agit des cas dont ces textes parlent, mais à propos de quoi ils donnent une réponse qui :
----- soit se prête à une pluralité d'interprétations (Comment expliquer qu'il y ait divergences d'interprétations de mêmes textes (الاختلاف الناشئ عن دلالة النصوص) ?),
----- soit est liée à un principe motivant ('illa) non-exprimé dans le texte (Takhsîs bi-t-ta'lîl pour le Coran ; Takhsîs bi-t-ta'lîl pour la Sunna),
----- soit est telle que sa littéralité est concurrencée par un principe plus général (Quand il y a 2 façons de concilier une règle générale et un hadîth particulier - Sur une question donnée, il existe un hadîth authentique ; cependant, ce hadîth peut parfois être compris selon un sens différent du seul sens littéral (ظاهر)).
C'est ce qu'on exprime par : Bayân.
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– 4) Le Mujtahid doit se référer aux : Coran, Sunna et Ijmâ' :
Ash-Shâfi'î a dit : "L'argument c'est le Livre de Dieu, la Sunna de Son Messager, et le Consensus des (mujtahidûn de) la Umma" : "قال الشافعي: "الحجة كتاب الله وسنة رسوله واتفاق الأئمة" (A'lam ul-muwaqqi'în 2/175).
La différence avec le point 2 tient à ce que :
--- en 2 il s'agissait des deux Textes Fondateurs : le Coran, et la Sunna (pour être acceptée par le musulman, cette dernière n'a pas besoin que le musulman sache à partir si elle a été établie par le Prophète à partir de tel verset du Coran ; il y a d'ailleurs des hadîths qui apportent des enseignements supplémentaires à ceux du Coran) ;
--- alors qu'ici, en 4, il s'agit des Cadres pré-établis au Mujtahid, à l'intérieur desquels le Mujtahid exerce son Ijtihad : que ce soit pour la pratique du Ijtihâd Bayânî ou celle du Ijtihâd Inshâ'î, le Mujtahid est encadré par des orientations et limites, lesquelles se trouvent :
----- déjà dans le Coran et la Sunna eux-mêmes : des textes plus détaillés vont amener le Mujtahid à nuancer le principe général,
----- et aussi dans le Ijmâ', qui trace le cadre-limite des interprétations des textes du Coran ou de la Sunna : toute interprétation d'un texte du Coran ou de la Sunna qui contredit ce cadre-là est erronée.
Par ailleurs, contrairement à la Sunna, le Ijmâ' doit s'appuyer sur quelque chose (mustanad) qui est connu : un verset, ou un hadîth, ou une analogie.
Par ailleurs encore, les Ijmâ' numérotés A, B et C (dans notre article : Le Consensus (Ijmâ' : الإجماع) : à quoi sert-il donc ? qu'est-ce vraiment ? et comment fonctionne-t-il ?) sont à prendre en considération en même temps que le Coran et la Sunna : ils empêchent de se fourvoyer dans sa compréhension des textes du Coran et de la Sunna. Il s'agit ici de Ijtihâd Bayânî.
Et puis il y a l'analogie qui fait l'objet d'un Consensus : c'est le Ijmâ' qui y a été numéroté D : celui-là est à prendre en considération après qu'on ait cherché dans le Coran et la Sunna : il s'agit cette fois de Ijtihâd Inshâ'î. Une telle analogie, le Mujtahid doit s'y conformer (puisque ses prédécesseurs ont été unanimes sur elle), même s'il n'y a pas un texte explicite du Coran ni un hadîth explicite sur le sujet.
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– 5) Le Mujtahid doit se référer aux : Coran, Sunna, Ijmâ' et Qiyâs (cf. les ouvrages de Ussûl ul-fiqh hanafites) :
Cette fois en tant que Quatre Outils auquels le Mujtahid a recours pour tout avis qu'il va émettre.
C'est-à-dire que le Mujtahid doit avoir recours à :
----- la recherche du fondement de la règle (ithbât asl il-hukm li-l-mahkûm 'alayh) dans les textes du Coran, et pratiquer ensuite le Ijtihâd Bayânî (ce qui inclut le Takhsîs bi-t-ta'lîl) ;
----- la recherche du fondement de la règle (ithbât asl il-hukm li-l-mahkûm 'alayh) dans les textes de la Sunna, et pratiquer ensuite le Ijtihâd Bayânî (ce qui inclut le Takhsîs bi-t-ta'lîl) ;
----- la référence au cadre du Ijmâ' (des types A, B et C pour comprendre correctement les textes du Coran et ceux de la Sunna, et du type D pour les Qiyâs qui font l'objet d'un Ijmâ') ;
----- enfin, quand le cas qui se présente à lui n'a pas été abordé dans les textes du Coran et de la Sunna ni n'a été établi par une analogie au Consensus par les Mujtahidûn ayant vécu avant lui : la pratique du Qiyâs ut-Tamthîl.
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– 6) Le Mujtahid doit se référer à : al-Barâ'ah asliyya, Coran, Sunna, Ijmâ', Qiyâs, Istihsân, Istis'hâb, Fi'l us-Sahâbî, etc. :
Il s'agit en fait de l'ensemble des outils auquel le Mujtahid aura recours pour tout avis qu'il va émettre.
La différence avec ce qui a été exposé en 5 tient à ce que en 5 c'étaient les 4 outils principaux.
Alors que ici, en 6, ce sont l'ensemble des outils qui sont exposés.
En sus des 4 outils suscités, il y a donc aussi, entre autres :
----- la considération de al-Barâ'ah al-asliyya (le fait que, tant qu'il n'y a pas un texte du Coran ou de la Sunna, ni un Qiyâs, c'est la règle de la permission originelle qui s'applique dans les actions temporelles, et l'absence de mashrû'iyya qui s'applique dans les actions cultuelles) ;
----- la considération du 'Urf (la Coutume, l'Usage du groupe ou du lieu où l'on se trouve) ;
----- la pratique du Istihsân (prise en compte, au lieu d'une analogie générale simple, de ce que certaines autres considérations font valoir) ;
----- la pratique du Istislâh (prise en compte, à côté de ce que le texte dit, de la nécessité que le Réel engendre) ;
----- etc.
Al-Qarâfî écrit que ces outils sont au nombre d'"environ 20" (certains d'entre eux font l'objet d'avis divergents quant à leur validité ; par ailleurs l'auteur a compté séparément plusieurs catégories de Ijmâ') :
"الفرق السادس عشر بين قاعدة أدلة مشروعية الأحكام وبين قاعدة أدلة وقوع الأحكام
فأدلة مشروعية الأحكام محصورة شرعا تتوقف على الشارع وهي نحو العشرين.
وأدلة وقوع الأحكام هي الأدلة الدالة على وقوع الأحكام أي وقوع أسبابها وحصول شروطها وانتفاء موانعها.
فأدلة مشروعيتها الكتاب والسنة والقياس والإجماع والبراءة الأصلية وإجماع المدينة وإجماع أهل الكوفة على رأي والاستحسان والاستصحاب والعصمة والأخذ بالأخف وفعل الصحابي وفعل أبي بكر وعمر وفعل الخلفاء الأربعة وإجماعهم والإجماع السكوتي وإجماع لا قائل بالفرق فيه وقياس لا فارق ونحو ذلك مما قرر في أصول الفقه. وهي نحو العشرين. يتوقف كل واحد منها على مدرك شرعي يدل على أن ذلك الدليل نصبه صاحب الشرع لاستنباط الأحكام.
وأما أدلة وقوعها فهي غير منحصرة فالزوال مثلا دليل مشروعيته سببا لوجوب الظهر عنده قوله تعالى {أقم الصلاة لدلوك الشمس}؛ ودليل وقوع الزوال وحصوله في العالم الآلات الدالة عليه وغير الآلات كالأسطرلاب والميزان وربع الدائرة والشكارية والزرقالية والبنكام والرخامة البسيطة والعيدان المركوزة في الأرض وجميع آلات الظلال وجميع آلات المياه وآلات الطلاب كالطنجهارة وغيرها من آلات الماء وآلات الزمان وعدد تنفس الحيوان إذا قدر بقدر الساعات وغير ذلك من الموضوعات والمخترعات التي لا نهاية لها. وكذلك جميع الأسباب والشروط والموانع لا تتوقف على نصب من جهة الشرع.
بل المتوقف: سببية السبب وشرطية الشرط ومانعية المانع.
أما وقوع هذه الأمور فلا يتوقف على نصب من جهة صاحب الشرع ولا تنحصر تلك الأدلة في عدد ولا يمكن القضاء عليها بالتناهي" (Al-Furûq, tome 1 p. 146).
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On voit que, bien que ce soit Dieu Seul qui est la Source de la Loi, parallèlement, cette Loi renferme en elle-même de nombreuses nuances : des outils précis et pluriels existent pour l'interpréter.
Plus encore : les textes de cette Loi (Coran et Sunna) parlent explicitement des cas de contrainte, d'ignorance de la Loi, de folie, d'oubli, d'erreur, de même que de la nécessité de la progressivité et de compréhension des priorités dans l'application de la Loi sur soi-même, les siens et la société.
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).