La mission de Muhammad (que la paix soit sur lui) débute en l'an 609 de l'ère chrétienne, alors qu'il est âgé de 40 ans et demi (en années lunaires), pour se terminer 23 années plus tard avec sa mort, survenue en 632 à l'âge de 63 ans.
C'est par une révélation de 5 versets, qui relèvent de la Parole de Dieu, et que lui apporte une nuit l'ange Gabriel, alors qu'il se trouve dans la grotte de Hirâ (près de la ville de La Mecque) que Muhammad apprend qu'il est désigné comme messager de Dieu auprès des hommes. Il est alors âgé de 40 ans et habite La Mecque.
Pendant les suivantes 23 années qui verront durer sa mission, d'autres révélations vont se produire : parfois plusieurs versets, parfois un seul verset, d'autres fois quelques mots seulement. Par ces paroles, Dieu guide Son prophète Muhammad (sur lui soit la paix) au fur et à mesure des circonstances, en même temps qu'Il édicte graduellement aux musulmans Ses directives et Ses normes.
Dès les premières années de sa prédication à La Mecque, Muhammad (sur lui soit la paix) doit faire face à une farouche opposition de la part de ses concitoyens idolâtres, qui voient dans son message monothéiste une trahison des traditions de leurs pères et un danger pour l'organisation qu'ils ont mise en place. Ceux qui se convertissent sont souvent persécutés. En la treizième année de sa mission, le Prophète doit lui-même, pour échapper à un complot ourdi contre sa vie, quitter La Mecque et émigrer à Yathrib, ville qui prendra plus tard le nom de Médine. C'est l'Hégire. Le Prophète a alors 53 ans.
A Médine, qui compte de nombreux arabes convertis à l'islam, la Révélation divine continue à se faire au Prophète. Dieu, par des versets, édicte des directives suivant une graduation littéralement pédagogique. L'interdiction de l'alcool, par exemple, s'étendra sur de nombreuses années.
Dans le même temps, des batailles opposent les musulmans médinites aux idolâtres mecquois. Le résultat n'est décisif pour aucune des deux parties. Les choses changent cependant avec la conquête de La Mecque, menée par le Prophète 8 ans après l'hégire : de toute la péninsule arabique affluent alors à Médine des délégations venant témoigner au Prophète de leur conversion à son message.
Bientôt, une révélation vient apprendre au Prophète (sur lui soit la paix) que sa mort est proche. Quelques mois après son Pèlerinage d'Adieu en l'an 10 de l'Hégire (632 de l'ère chrétienne), le Prophète s'éteint à Médine à l'âge de 63 ans.
Depuis la première révélation dans la grotte de Hirâ jusqu'à la dernière à Médine 23 ans plus tard, ce sont un peu plus de six milliers de versets que Dieu a "fait descendre" sur Muhammad. Et c'est l'ensemble de ces versets, révélés pendant les vingt-trois années de la mission du Prophète, qui constituent le Coran.
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Définition du "Qur'ân" ("Coran") :
Sur le plan littéral :
Le terme "قُرْآنٌ" ("Qur'ân") est un nom d'action (masdar), sur le schème "فُعْلان" ("Fu'lân"), comme le sont "كُفْران" et "رُجْحان" (Muf'radat ur-Râghib) ; avec pour racine : "قرء", et un "nûn" rajouté.
Certains autres auteurs ont certes écrit qu'il a plutôt pour racine : "قرن", mais az-Zajjâj pense que c'est là une erreur : si Ibn Kathîr lit ce nom en le prononçant "قُرانٌ" ("Qurân"), ce n'est pas que ce nom serait sur le schème "فُعال" ("Fu'âl"), de sorte que le "nûn" fasse partie de la racine : c'est seulement par allègement (takhfîf) par rapport au "hamza" (Al-Itqân, p. 162). La racine de ce nom est donc bien : "قرء".
Ensuite, Ibn ul-Qayyim soutient que "rassembler", cela se dit : "قرى", et non pas : "قرء" (comme l'ont prétendu des auteurs ayant explicité le sens du terme "Qur'ân" par ce sens de "rassembler", et ayant expliqué cela ainsi : "ce texte rassemble et regroupe plusieurs sections : les sourates") (Zâd ul-ma'âd 5/635). "قرأ" ("Qara'a") signifie plus exactement :
--- en un sens a : "ex-primer, en suivant ce qui est fixé" : "الإظهار والإخراج مقدارا محدودا لا يزيد ولا ينقص" (d'après Zâd ul-ma'âd 5/635) ; c'est-à-dire : "réciter" ;
--- en un sens b : "lire un écrit (c'est-à-dire déchiffrer des signes qui sont écrits), que ce soit avec, ou sans, la prononciation de cet écrit" : "قرأ) الكتاب قراءة وقرآنا: تتبع كلماته نظرا ونطق بها. و -: تتبع كلماته ولم ينطق بها؛ وسميت حديثا بالقراءة الصامتة" (Al-Mu'jam ul-Wassît).
Dieu a prononcé ce qui constitue le texte du Coran, mais on ne dit pas qu'Il aurait récité celui-ci. Le Coran est seulement Sa Parole destinée à être maqrû' par les humains, c'est-à-dire (sens a) : à être prononcée et répétée par eux ("وَقُرْآناً فَرَقْنَاهُ لِتَقْرَأَهُ عَلَى النَّاسِ عَلَى مُكْثٍ وَنَزَّلْنَاهُ تَنزِيلاً" : Coran 17/106).
Le Coran a donc été appelé "Coran", "Qur'ân", parce qu'il constitue un texte que Dieu a révélé étant destiné à être récité : "أنزله الله ليقرأه الناس".
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Voici maintenant la définition du Coran :
Il s'agit de "la Parole de Dieu qui a été révélée au prophète Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue), dont la récitation (faite par le croyant) constitue un acte d'adoration de Dieu, qui est transcrite dans les copies, et qui nous est parvenue étant relatée par un très grand nombre de personnes" : "كلام الله المنزل علي نبيه محمد (صلى الله عليه وسلّم)، المتعبد بتلاوته، والمكتوب في المصاحف، والمنقول بالتواتر".
(D'autres nuances sont parfois insérées par certains auteurs musulmans, mais elles semblent plus relever de la khâssa que de la fasl.)
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Le terme "Coran" (Qur'ân) :
– désigne parfois : "la Parole de Dieu que l'on vient de définir" (كلام الله المنزل على نبيه محمد - صلى الله عليه وسلّم - والمتعبد بتلاوته) ; c'est le cas dans ce verset : "بَلْ هُوَ قُرْآنٌ مَّجِيدٌ، فِي لَوْحٍ مَّحْفُوظٍ" : "C'est plutôt un Coran glorieux, [écrit] dans une Tablette protégée" (Coran 85/21-22) ;
– d'autres fois désigne : "la récitation - sens a - que des créatures font de cette parole de Dieu" (قراءة المخلوقِ كلامَ الله الخالق) : c'est le cas dans ce verset : "إِنَّ قُرْآنَ الْفَجْرِ كَانَ مَشْهُودًا" : "Le Coran de l'aube a des témoins" (Coran 17/78). Il est évident qu'il n'existe pas un Coran de l'aube et un Coran de la nuit ! "Le Coran de l'aube" veut dire : "la récitation du Coran qui est faite à l'aube" (il s'agit plus précisément de la récitation du Coran qui est faite pendant la prière de l'aube).
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Le Coran est également "un Livre", c'est-à-dire qu'il est écrit dans un support : auprès de Dieu ; comme auprès des hommes :
"إِنَّا جَعَلْنَاهُ قُرْآنًا عَرَبِيًّا لَّعَلَّكُمْ تَعْقِلُونَ وَإِنَّهُ فِي أُمِّ الْكِتَابِ لَدَيْنَا لَعَلِيٌّ حَكِيمٌ" : "Nous en avons fait un Coran arabe, afin que vous raisonniez. Et il est dans le Livre originel ("umm ul-kitâb") auprès de Nous, certes élevé, sage" (Coran 43/2-4).
"إِنَّهُ لَقُرْآنٌ كَرِيمٌ فِي كِتَابٍ مَّكْنُونٍ لَّا يَمَسُّهُ إِلَّا الْمُطَهَّرُونَ" : "C'est un Coran noble, dans un livre protégé ; ne le touchent que ceux qui ont été purifiés" (Coran 56/77-79).
Le terme "Livre" (kitâb), utilisé à propos du Coran :
– désigne parfois le support sur lequel cette Parole de Dieu a été transcrite. C'est ainsi que se comprend le verset sus-cité : "إِنَّهُ لَقُرْآنٌ كَرِيمٌ فِي كِتَابٍ مَّكْنُونٍ لَّا يَمَسُّهُ إِلَّا الْمُطَهَّرُونَ" (Coran 56/77-78) ; ainsi que le verset suivant : "بَلْ هُوَ قُرْآنٌ مَّجِيدٌ فِي لَوْحٍ مَّحْفُوظٍ" (Coran 85/21-22) ;
– d'autres fois désigne "cette Parole de Dieu elle-même, étant déjà transcrite auprès de Dieu sur un support, et étant destinée à être transcrite par les hommes sur un support". C'est le cas dans le verset : "إِنَّ الَّذِينَ يَتْلُونَ كِتَابَ اللَّهِ" : "Ceux qui récitent le Livre de Dieu…" (Coran 35/29). Et c'est aussi le cas dans le verset suscité : "إِنَّا أَنزَلْنَا عَلَيْكَ الْكِتَابَ لِلنَّاسِ بِالْحَقِّ" : "Nous avons fait descendre sur toi le Livre" (Coran 39/41).
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).