Nous parlons ici de cas de figure où :
--- la cause (sabab) ainsi que le principe motivant ('illa) de la règle (hukm), de même que les conditions de son applicabilité (shurût ul-wujûb), tous ces éléments sont présents dans le réel (wâqi'), ce qui entraîne que la règle est applicable,
--- néanmoins, ce qui est stipulé dans le texte du Coran n'est en fait qu'un moyen (wassîla) pour réaliser ce qui constitue l'objectif (li adâ' il-maqsûd). Si des musulmans se retrouvent dans un autre contexte, où un autre moyen est présent, alors cet autre moyen est entièrement équivalent au moyen ayant été mentionné dans le Coran, celui-ci étant dû à la culture de l'Arabie, ou bien de l'époque de la révélation du Coran...
Cela revient donc à une analogie de type "qiyâsu wassîlatin 'ala-l-wassîlat il-mansûs alayhâ", ce que l'on peut également formuler ainsi : "ta'diyat-u salâhiyyati 'adâ' il-hukm, min shay'in ilâ shay'in âkhar".
-
Deux exemples où une telle analogie est possible et a dûment été faite :
- Un premier exemple :
Dieu dit dans le Coran que les personnes adultes doivent toujours demander la permission d'entrer avant de vouloir pénétrer dans une pièce où se trouve une autre personne.
Pour les jeunes enfants, par contre, il n'y a pas cette obligation, sauf lors des 3 moments d'intimité :
"يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لِيَسْتَأْذِنكُمُ الَّذِينَ مَلَكَتْ أَيْمَانُكُمْ وَالَّذِينَ لَمْ يَبْلُغُوا الْحُلُمَ مِنكُمْ ثَلَاثَ مَرَّاتٍ مِن قَبْلِ صَلَاةِ الْفَجْرِ وَحِينَ تَضَعُونَ ثِيَابَكُم مِّنَ الظَّهِيرَةِ وَمِن بَعْدِ صَلَاةِ الْعِشَاء ثَلَاثُ عَوْرَاتٍ لَّكُمْ" :
"Vos serviteurs et vos enfants doivent vous demander la permission [avant d'entrer dans vos pièces] à 3 moments : avant la prière de l'aube, lorsque vous vous dévêtez à cause de la mi-journée et après la prière de la nuit" (Coran 24/58).
Or, à un moment donné après la mort du Prophète (sur lui la paix), des gens venus d'Irak demandèrent à Ibn Abbâs pourquoi ils ne voyaient pas les musulmans pratiquer l'impératif de ce verset coranique 24/58.
Ibn Abbâs expliqua alors à ces gens que cet impératif avait en fait été révélé dans un contexte particulier, quand il n'y avait pas de rideau [ni de porte] séparant les pièces, à l'intérieur des demeures ; or ces trois moments étaient des occasions où les couples se trouvaient en intimité. D'où la nécessité, pour les enfants, de toujours demander la permission avant d'entrer dans la pièce de leurs parents à l'un de ces 3 moments. Cependant, l'aisance venue plus tard, les rideaux firent leur apparition ; le rideau relevé avait alors la signification de l'autorisation, pour les enfants, d'entrer dans la pièce ; et le rideau baissé avait la même signification qu'une réponse négative, adressée aux enfants, à leur demande verbale d'autorisation d'entrer dans la pièce. C'est pourquoi, dans les faits, les enfants et les serviteurs n'eurent alors plus recours à la demande verbale d'autorisation d'entrer dans la pièce : le relèvement ou le baissement du rideau leur permettait de savoir s'ils avaient ou s'ils n'avaient pas l'autorisation d'entrer dans la pièce.
Voici le texte, en arabe, de ce que Ibn Abbâs a dit :
"عن عكرمة، أن نفرا من أهل العراق قالوا: يا ابن عباس كيف ترى في هذه الآية التي أمرنا فيها بما أمرنا، ولا يعمل بها أحد؟ قول الله عز وجل {يا أيها الذين آمنوا ليستأذنكم الذين ملكت أيمانكم والذين لم يبلغوا الحلم منكم ثلاث مرات من قبل صلاة الفجر وحين تضعون ثيابكم من الظهيرة ومن بعد صلاة العشاء ثلاث عورات لكم ليس عليكم ولا عليهم جناح بعدهن طوافون عليكم قرأ القعنبي إلى عليم حكيم}؟
قال ابن عباس: "إن الله حليم رحيم بالمؤمنين يحب الستر؛ وكان الناس ليس لبيوتهم ستور ولا حجال، فربما دخل الخادم أو الولد أو يتيمة الرجل والرجل على أهله؛ فأمرهم الله بالاستئذان في تلك العورات؛ فجاءهم الله بالستور والخير، فلم أر أحدا يعمل بذلك بعد" (Abû Dâoûd, 5192).
La même chose peut être dite par rapport à la porte de la pièce : la porte fermée avait alors signification d'interdiction d'entrer. Et, en pareil cas, les enfants, formés à la signification de cela, ne demandaient même plus l'autorisation d'entrer dans la pièce.
Ibn ul-Qayyim écrit : "والصحيح: أنه إن كان هناك ما يقوم مقام الاستئذان من فتح باب فتحه دليل على الدخول، أو رفع ستر، أو تردد الداخل والخارج ونحوه، أغنى ذلك عن الاستئذان. وإن لم يكن ما يقوم مقامه، فلا بد منه" (Zâd ul-ma'âd, 2/434).
Ceci revient à dire que le fait (stipulé dans le Coran), de devoir (pour les enfants et les serviteurs), à ces 3 moments-là, demander verbalement la permission avant d'entrer dans la pièce, cela fut en fait seulement le moyen (wassîla) pour réaliser l'obligation, pour les enfants, d'avoir obtenu l'autorisation expresse avant d'entrer dans une pièce, à un moment d'intimité possible de leurs parents.
Et le fait de vérifier si la porte est ouverte (lorsqu'il est d'usage que son ouverture est signe pour l'enfant qu'il peut entrer), ou bien si le rideau est levé (lorsqu'il est d'usage que son relèvement est signe pour l'enfant qu'il peut entrer), cela est un autre moyen (wassîla) présentant l'aptitude (salâhiyyat ul-adâ') d'accomplir cette obligation (wujûb), que le moyen stipulé dans le Coran : demander verbalement l'autorisation d'entrer et avoir obtenu verbalement cette autorisation.
-
- Un second exemple :
Dieu dit dans le Coran :
"يَا أَيُّهَا النَّاسُ إِنَّا خَلَقْنَاكُمْ مِنْ ذَكَرٍ وَأُنْثَى وَجَعَلْنَاكُمْ شُعُوبًا وَقَبَائِلَ لِتَعَارَفُوا إِنَّ أَكْرَمَكُمْ عِنْدَ اللَّهِ أَتْقَاكُمْ إِنَّ اللَّهَ عَلِيمٌ خَبِيرٌ"
"O les hommes, Nous vous avons créés à partir d'un seul homme et d'une seule femme. Et Nous avons fait de vous des grandes tribus et des tribus afin que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux d'entre vous. Dieu est savant, informé" (Coran 49/13).
--- "الشعوب النسب البعيد، والقبائل دون ذلك" (commentaire de Mujâhid, cité par al-Bukhârî in Kitâb ul-manâqib).
--- "عن ابن عباس رضي الله عنهما: {وجعلناكم شعوبا وقبائل لتعارفوا}، قال: "الشعوب القبائل العظام، والقبائل البطون" (commentaire de Ibn Abbâs, rapporté par al-Bukhârî, n° 3300).
Ce verset signifie que l'appartenance d'une personne à tel groupe, à telle "شعب", "grand ensemble de tribus, lequel englobe plusieurs "قَبَائِل"" (par exemple : "Mudhar", ou "Rabî'a"), et à telle "قبيلة", "tribu" (par exemple : "Kinâna") (quant à : "Quraysh", si on retient l'une des classifications, c'est une "عمارة" : FB 6/646), cette appartenance n'entraîne aucune supériorité de cette personne sur un homme appartenant à un tel autre ensemble et telle autre tribu : ce qui compte auprès de Dieu, c'est la piété de chacun. Maintenant pour ce qui est de l'existence de tribus différentes, elle a été voulue et agréée par Dieu (كوّنه وهو يحبه، وليس أنه كوّنه مع أنه يبغضه), mais c'est seulement pour que les humains puissent se reconnaître les uns les autres, et ce par différenciation des groupes d'appartenances : car l'absence de groupes différents aurait rendu cela difficile, voire impossible.
Or en Inde, en France et en Europe il n'y a plus de tribus.
Mais en fait la mention des tribus n'est qu'un moyen (wassîla) pour cela, vu que c'était la situation de la société de l'Arabie. Au-delà de cette forme due à un lieu et un temps donnés, c'est le principe qui est à prendre en compte. Et ce principe montre que l'islam rend possible les groupes, à condition que cela ne conduise pas à vivre de façon sectaire son attachement à son groupe.
-
Voici maintenant un exemple où le recours à un autre moyen que ce qui a été mentionné dans le Coran, cela est autorisé, mais cet autre moyen n'est néanmoins pas pleinement équivalent, en ce qui concerne les musulmans, à celui mentionné dans le Coran :
- Le référentiel pour la mesure du temps :
Dieu dit :
"يَسْأَلُونَكَ عَنِ الْأَهِلَّةِ قُلْ هِيَ مَوَاقِيتُ لِلنَّاسِ وَالْحَجِّ"
"Et ils te questionnent au sujet des croissants lunaires.
Dis : "Ce sont des repères concernant le temps pour les hommes et (notamment pour la survenue du) pèlerinage"" (Coran 2/189).
Tous les humains connaissent, à cause de la simple observation, le jour, lequel est déterminé par le cycle de la lueur diurne et de l'obscurité nocturne. Par contre, le jour commence-t-il avec cette obscurité, ou bien commence-t-il avec cette lueur, ou encore commence-t-il à la moitié de la nuit, sur ce point les cultures diffèrent.
Et pour ce qui est des semaine, mois et année, les cultures humaines diffèrent encore :
--- pour ce qui est de l'année, elle est chez les juifs : luni-solaire (avec des mois lunaires, mais l'intercalation d'un mois supplémentaire lors des années embolismiques), et chez les chrétiens : solaire (avec des mois de 30 ou 31 jours, et un mois de 28 jours - plus 1 jour chaque 4 ans). L'ère débute quant à elle avec le moment supposé de la création du monde (chez les juifs), et avec l'année supposée de la naissance de Jésus (chez les chrétiens) ;
--- chez les musulmans, l'année compte 12 mois, mais le mois est lunaire (soit 29, soit 30 jours). Et l'ère débute avec l'année de l'émigration du Prophète (sur lui soit la paix) à Médine, suite à la décision prise par Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) après concertation des autres Compagnons.
Cheikh Thânwî écrit que, oui, il est autorisé de se référer au calendrier grégorien, mais cela "est néanmoins contraire à la sunna des Salaf. Et se référer au calendrier lunaire est sans aucun doute meilleur (afdhal wa ahsan), vu que cela est fardh 'ala-l-kifâya" (Bayân ul-qur'ân 4/111).
-
Enfin, voici un exemple où l'analogie suscitée n'est pas du tout possible pour le musulman : un autre moyen n'est donc pas du tout équivalent, en ce qui concerne le musulman, au moyen mentionné dans le Coran :
- Le moyen pour dissimuler, du regard des hommes vivants, ce qu'il advient naturellement au corps humain après le décès :
Le Coran dit que Dieu veut que les corps des défunts soient inhumés :
"مِنْهَا خَلَقْنَاكُمْ وَفِيهَا نُعِيدُكُمْ وَمِنْهَا نُخْرِجُكُمْ تَارَةً أُخْرَى"
"C'est à partir d'elle [la terre] que Nous vous avons créés.
C'est en elle que Nous vous ferons retourner.
Et c'est d'elle que Nous vous ferons sortir une autre fois" [pour être jugés pour ce que vous aurez fait]" (Coran 20/55).
Par ailleurs, relatant le récit du premier meurtre ayant été commis chez les humains, Dieu dit que Caïn ne sut pas "comment dissimuler le cadavre de son frère" Abel, et ce fut la vue d'un corbeau creusant la terre qui le lui fit comprendre : "فَبَعَثَ اللَّهُ غُرَابًا يَبْحَثُ فِي الْأَرْضِ لِيُرِيَهُ كَيْفَ يُوَارِي سَوْءَةَ أَخِيهِ قَالَ يَا وَيْلَتَا أَعَجَزْتُ أَنْ أَكُونَ مِثْلَ هَذَا الْغُرَابِ فَأُوَارِيَ سَوْءَةَ أَخِي فَأَصْبَحَ مِنَ النَّادِمِينَ" (Coran 5/31).
On ne peut pas dire, ici, que l'impératif d'inhumer était en fait motivé par l'objectif de dissimuler du regard des vivants ce qu'il advient au cadavre humain (en arabe : muwârâtu saw'at il-mayyit), et ce à cause de la dignité de l'être humain. Et donc que cet objectif pouvant être réalisé par d'autres moyens (incinération, exposition en pâture dans les tours du silence, momification, aquamation), le recours à l'inhumation n'est plus nécessaire.
Si on ne peut pas dire cela, c'est parce que le fait de devoir recourir au moyen de l'inhumation pour réaliser l'objectif de dissimuler ce qu'il advient au cadavre humain, cela fait l'objet d'un consensus (ijmâ'). Seule l'aquamation est autorisée en cas de force majeure (décès survenu en mer alors que la terre est encore loin).
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
Deux passages du Coran où pratiquer ce qui y a été mentionné peut se faire /se fait par le recours à un moyen autre que celui évoqué mais permettant de réaliser le même objectif (ما وجد فيه المعنى / ما وجدت فيه العلة), et ce à cause d'un contexte différent de celui du lieu /de l'époque de la révélation du Coran (2/5) (تعدية الصلاحية)
Nous parlons ici de cas de figure où :
--- la cause (sabab) ainsi que le principe motivant ('illa) de la règle (hukm), de même que les conditions de son applicabilité (shurût ul-wujûb), tous ces éléments sont présents dans le réel (wâqi'), ce qui entraîne que la règle est applicable,
--- néanmoins, ce qui est stipulé dans le texte du Coran n'est en fait qu'un moyen (wassîla) pour réaliser ce qui constitue l'objectif (li adâ' il-maqsûd). Si des musulmans se retrouvent dans un autre contexte, où un autre moyen est présent, alors cet autre moyen est entièrement équivalent au moyen ayant été mentionné dans le Coran, celui-ci étant dû à la culture de l'Arabie, ou bien de l'époque de la révélation du Coran...
Cela revient donc à une analogie de type "qiyâsu wassîlatin 'ala-l-wassîlat il-mansûs alayhâ", ce que l'on peut également formuler ainsi : "ta'diyat-u salâhiyyati 'adâ' il-hukm, min shay'in ilâ shay'in âkhar".
-
Deux exemples où une telle analogie est possible et a dûment été faite :
- Un premier exemple :
Dieu dit dans le Coran que les personnes adultes doivent toujours demander la permission d'entrer avant de vouloir pénétrer dans une pièce où se trouve une autre personne.
Pour les jeunes enfants, par contre, il n'y a pas cette obligation, sauf lors des 3 moments d'intimité :
"يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لِيَسْتَأْذِنكُمُ الَّذِينَ مَلَكَتْ أَيْمَانُكُمْ وَالَّذِينَ لَمْ يَبْلُغُوا الْحُلُمَ مِنكُمْ ثَلَاثَ مَرَّاتٍ مِن قَبْلِ صَلَاةِ الْفَجْرِ وَحِينَ تَضَعُونَ ثِيَابَكُم مِّنَ الظَّهِيرَةِ وَمِن بَعْدِ صَلَاةِ الْعِشَاء ثَلَاثُ عَوْرَاتٍ لَّكُمْ" :
"Vos serviteurs et vos enfants doivent vous demander la permission [avant d'entrer dans vos pièces] à 3 moments : avant la prière de l'aube, lorsque vous vous dévêtez à cause de la mi-journée et après la prière de la nuit" (Coran 24/58).
Or, à un moment donné après la mort du Prophète (sur lui la paix), des gens venus d'Irak demandèrent à Ibn Abbâs pourquoi ils ne voyaient pas les musulmans pratiquer l'impératif de ce verset coranique 24/58.
Ibn Abbâs expliqua alors à ces gens que cet impératif avait en fait été révélé dans un contexte particulier, quand il n'y avait pas de rideau [ni de porte] séparant les pièces, à l'intérieur des demeures ; or ces trois moments étaient des occasions où les couples se trouvaient en intimité. D'où la nécessité, pour les enfants, de toujours demander la permission avant d'entrer dans la pièce de leurs parents à l'un de ces 3 moments. Cependant, l'aisance venue plus tard, les rideaux firent leur apparition ; le rideau relevé avait alors la signification de l'autorisation, pour les enfants, d'entrer dans la pièce ; et le rideau baissé avait la même signification qu'une réponse négative, adressée aux enfants, à leur demande verbale d'autorisation d'entrer dans la pièce. C'est pourquoi, dans les faits, les enfants et les serviteurs n'eurent alors plus recours à la demande verbale d'autorisation d'entrer dans la pièce : le relèvement ou le baissement du rideau leur permettait de savoir s'ils avaient ou s'ils n'avaient pas l'autorisation d'entrer dans la pièce.
Voici le texte, en arabe, de ce que Ibn Abbâs a dit :
"عن عكرمة، أن نفرا من أهل العراق قالوا: يا ابن عباس كيف ترى في هذه الآية التي أمرنا فيها بما أمرنا، ولا يعمل بها أحد؟ قول الله عز وجل {يا أيها الذين آمنوا ليستأذنكم الذين ملكت أيمانكم والذين لم يبلغوا الحلم منكم ثلاث مرات من قبل صلاة الفجر وحين تضعون ثيابكم من الظهيرة ومن بعد صلاة العشاء ثلاث عورات لكم ليس عليكم ولا عليهم جناح بعدهن طوافون عليكم قرأ القعنبي إلى عليم حكيم}؟
قال ابن عباس: "إن الله حليم رحيم بالمؤمنين يحب الستر؛ وكان الناس ليس لبيوتهم ستور ولا حجال، فربما دخل الخادم أو الولد أو يتيمة الرجل والرجل على أهله؛ فأمرهم الله بالاستئذان في تلك العورات؛ فجاءهم الله بالستور والخير، فلم أر أحدا يعمل بذلك بعد" (Abû Dâoûd, 5192).
La même chose peut être dite par rapport à la porte de la pièce : la porte fermée avait alors signification d'interdiction d'entrer. Et, en pareil cas, les enfants, formés à la signification de cela, ne demandaient même plus l'autorisation d'entrer dans la pièce.
Ibn ul-Qayyim écrit : "والصحيح: أنه إن كان هناك ما يقوم مقام الاستئذان من فتح باب فتحه دليل على الدخول، أو رفع ستر، أو تردد الداخل والخارج ونحوه، أغنى ذلك عن الاستئذان. وإن لم يكن ما يقوم مقامه، فلا بد منه" (Zâd ul-ma'âd, 2/434).
Ceci revient à dire que le fait (stipulé dans le Coran), de devoir (pour les enfants et les serviteurs), à ces 3 moments-là, demander verbalement la permission avant d'entrer dans la pièce, cela fut en fait seulement le moyen (wassîla) pour réaliser l'obligation, pour les enfants, d'avoir obtenu l'autorisation expresse avant d'entrer dans une pièce, à un moment d'intimité possible de leurs parents.
Et le fait de vérifier si la porte est ouverte (lorsqu'il est d'usage que son ouverture est signe pour l'enfant qu'il peut entrer), ou bien si le rideau est levé (lorsqu'il est d'usage que son relèvement est signe pour l'enfant qu'il peut entrer), cela est un autre moyen (wassîla) présentant l'aptitude (salâhiyyat ul-adâ') d'accomplir cette obligation (wujûb), que le moyen stipulé dans le Coran : demander verbalement l'autorisation d'entrer et avoir obtenu verbalement cette autorisation.
-
- Un second exemple :
Dieu dit dans le Coran :
"يَا أَيُّهَا النَّاسُ إِنَّا خَلَقْنَاكُمْ مِنْ ذَكَرٍ وَأُنْثَى وَجَعَلْنَاكُمْ شُعُوبًا وَقَبَائِلَ لِتَعَارَفُوا إِنَّ أَكْرَمَكُمْ عِنْدَ اللَّهِ أَتْقَاكُمْ إِنَّ اللَّهَ عَلِيمٌ خَبِيرٌ"
"O les hommes, Nous vous avons créés à partir d'un seul homme et d'une seule femme. Et Nous avons fait de vous des grandes tribus et des tribus afin que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux d'entre vous. Dieu est savant, informé" (Coran 49/13).
--- "الشعوب النسب البعيد، والقبائل دون ذلك" (commentaire de Mujâhid, cité par al-Bukhârî in Kitâb ul-manâqib).
--- "عن ابن عباس رضي الله عنهما: {وجعلناكم شعوبا وقبائل لتعارفوا}، قال: "الشعوب القبائل العظام، والقبائل البطون" (commentaire de Ibn Abbâs, rapporté par al-Bukhârî, n° 3300).
Ce verset signifie que l'appartenance d'une personne à tel groupe, à telle "شعب", "grand ensemble de tribus, lequel englobe plusieurs "قَبَائِل"" (par exemple : "Mudhar", ou "Rabî'a"), et à telle "قبيلة", "tribu" (par exemple : "Kinâna") (quant à : "Quraysh", si on retient l'une des classifications, c'est une "عمارة" : FB 6/646), cette appartenance n'entraîne aucune supériorité de cette personne sur un homme appartenant à un tel autre ensemble et telle autre tribu : ce qui compte auprès de Dieu, c'est la piété de chacun. Maintenant pour ce qui est de l'existence de tribus différentes, elle a été voulue et agréée par Dieu (كوّنه وهو يحبه، وليس أنه كوّنه مع أنه يبغضه), mais c'est seulement pour que les humains puissent se reconnaître les uns les autres, et ce par différenciation des groupes d'appartenances : car l'absence de groupes différents aurait rendu cela difficile, voire impossible.
Or en Inde, en France et en Europe il n'y a plus de tribus.
Mais en fait la mention des tribus n'est qu'un moyen (wassîla) pour cela, vu que c'était la situation de la société de l'Arabie. Au-delà de cette forme due à un lieu et un temps donnés, c'est le principe qui est à prendre en compte. Et ce principe montre que l'islam rend possible les groupes, à condition que cela ne conduise pas à vivre de façon sectaire son attachement à son groupe.
-
Voici maintenant un exemple où le recours à un autre moyen que ce qui a été mentionné dans le Coran, cela est autorisé, mais cet autre moyen n'est néanmoins pas pleinement équivalent, en ce qui concerne les musulmans, à celui mentionné dans le Coran :
- Le référentiel pour la mesure du temps :
Dieu dit :
"يَسْأَلُونَكَ عَنِ الْأَهِلَّةِ قُلْ هِيَ مَوَاقِيتُ لِلنَّاسِ وَالْحَجِّ"
"Et ils te questionnent au sujet des croissants lunaires.
Dis : "Ce sont des repères concernant le temps pour les hommes et (notamment pour la survenue du) pèlerinage"" (Coran 2/189).
Tous les humains connaissent, à cause de la simple observation, le jour, lequel est déterminé par le cycle de la lueur diurne et de l'obscurité nocturne. Par contre, le jour commence-t-il avec cette obscurité, ou bien commence-t-il avec cette lueur, ou encore commence-t-il à la moitié de la nuit, sur ce point les cultures diffèrent.
Et pour ce qui est des semaine, mois et année, les cultures humaines diffèrent encore :
--- pour ce qui est de l'année, elle est chez les juifs : luni-solaire (avec des mois lunaires, mais l'intercalation d'un mois supplémentaire lors des années embolismiques), et chez les chrétiens : solaire (avec des mois de 30 ou 31 jours, et un mois de 28 jours - plus 1 jour chaque 4 ans). L'ère débute quant à elle avec le moment supposé de la création du monde (chez les juifs), et avec l'année supposée de la naissance de Jésus (chez les chrétiens) ;
--- chez les musulmans, l'année compte 12 mois, mais le mois est lunaire (soit 29, soit 30 jours). Et l'ère débute avec l'année de l'émigration du Prophète (sur lui soit la paix) à Médine, suite à la décision prise par Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) après concertation des autres Compagnons.
Cheikh Thânwî écrit que, oui, il est autorisé de se référer au calendrier grégorien, mais cela "est néanmoins contraire à la sunna des Salaf. Et se référer au calendrier lunaire est sans aucun doute meilleur (afdhal wa ahsan), vu que cela est fardh 'ala-l-kifâya" (Bayân ul-qur'ân 4/111).
-
Enfin, voici un exemple où l'analogie suscitée n'est pas du tout possible pour le musulman : un autre moyen n'est donc pas du tout équivalent, en ce qui concerne le musulman, au moyen mentionné dans le Coran :
- Le moyen pour dissimuler, du regard des hommes vivants, ce qu'il advient naturellement au corps humain après le décès :
Le Coran dit que Dieu veut que les corps des défunts soient inhumés :
"مِنْهَا خَلَقْنَاكُمْ وَفِيهَا نُعِيدُكُمْ وَمِنْهَا نُخْرِجُكُمْ تَارَةً أُخْرَى"
"C'est à partir d'elle [la terre] que Nous vous avons créés.
C'est en elle que Nous vous ferons retourner.
Et c'est d'elle que Nous vous ferons sortir une autre fois" [pour être jugés pour ce que vous aurez fait]" (Coran 20/55).
Par ailleurs, relatant le récit du premier meurtre ayant été commis chez les humains, Dieu dit que Caïn ne sut pas "comment dissimuler le cadavre de son frère" Abel, et ce fut la vue d'un corbeau creusant la terre qui le lui fit comprendre : "فَبَعَثَ اللَّهُ غُرَابًا يَبْحَثُ فِي الْأَرْضِ لِيُرِيَهُ كَيْفَ يُوَارِي سَوْءَةَ أَخِيهِ قَالَ يَا وَيْلَتَا أَعَجَزْتُ أَنْ أَكُونَ مِثْلَ هَذَا الْغُرَابِ فَأُوَارِيَ سَوْءَةَ أَخِي فَأَصْبَحَ مِنَ النَّادِمِينَ" (Coran 5/31).
On ne peut pas dire, ici, que l'impératif d'inhumer était en fait motivé par l'objectif de dissimuler du regard des vivants ce qu'il advient au cadavre humain (en arabe : muwârâtu saw'at il-mayyit), et ce à cause de la dignité de l'être humain. Et donc que cet objectif pouvant être réalisé par d'autres moyens (incinération, exposition en pâture dans les tours du silence, momification, aquamation), le recours à l'inhumation n'est plus nécessaire.
Si on ne peut pas dire cela, c'est parce que le fait de devoir recourir au moyen de l'inhumation pour réaliser l'objectif de dissimuler ce qu'il advient au cadavre humain, cela fait l'objet d'un consensus (ijmâ'). Seule l'aquamation est autorisée en cas de force majeure (décès survenu en mer alors que la terre est encore loin).
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).