Pays non musulmans : peut-on continuer à y habiter, ou est-il obligatoire d'en émigrer ?

Question :

Un frère m'a montré des versets et des hadîths disant qu'il faut émigrer des terres non-musulmans pour s'installer vers une terre où habitent des musulmans. Ne pensez-vous pas que les musulmanes et les musulmans ont aujourd'hui l'obligation d'émigrer des pays non-musulmans ?

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Réponse :

Répondre à cette question demande un certain développement.

A l'époque où le Prophète (sur lui la paix) vivait à Médine. Il y avait d'un côté la ville de La Mecque, qui, d'une part, était en guerre contre Médine et, d'autre part, persécutait la minorité musulmane n'ayant pas pu émigrer à Médine. D'autres cités-états de l'Arabie agissaient de même avec leurs ressortissants musulmans. D'un autre côté, cependant, d'autres cités existaient en Arabie où les hommes n'étaient pas persécutés pour leur adhésion à l'islam.

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A) Concernant la terre non-musulmane où les musulmans n'ont pas le droit de pratiquer ouvertement ce qui leur incombe (à l'échelle individuelle) de leur religion, ou bien sont persécutés à cause du fait qu'ils sont musulmans :

Tous les ulémas sont d'accord pour dire que ces musulmans ont l'obligation d'émigrer de cette terre, et ne sont déchargés de cette obligation que s'ils n'ont réellement pas la possibilité d'émigrer vers une terre où ils pourraient pratiquer ces aspects de leur religion.

Le verset coranique dit : "إِنَّ الَّذِينَ تَوَفَّاهُمُ الْمَلآئِكَةُ ظَالِمِي أَنْفُسِهِمْ قَالُواْ فِيمَ كُنتُمْ قَالُواْ كُنَّا مُسْتَضْعَفِينَ فِي الأَرْضِ قَالْوَاْ أَلَمْ تَكُنْ أَرْضُ اللّهِ وَاسِعَةً فَتُهَاجِرُواْ فِيهَا فَأُوْلَئِكَ مَأْوَاهُمْ جَهَنَّمُ وَسَاءتْ مَصِيرًا. إِلاَّ الْمُسْتَضْعَفِينَ مِنَ الرِّجَالِ وَالنِّسَاء وَالْوِلْدَانِ لاَ يَسْتَطِيعُونَ حِيلَةً وَلاَ يَهْتَدُونَ سَبِيلاً؛ فَأُوْلَئِكَ عَسَى اللّهُ أَن يَعْفُوَ عَنْهُمْ وَكَانَ اللّهُ عَفُوًّا غَفُورًا"" : "Ceux que les anges ont repris alors qu'ils commettaient injustice sur eux-mêmes, (les anges) leur ont dit : "En quoi étiez-vous ?" Ils ont dit : "Nous étions considérés faibles sur la Terre." Les (anges) ont dit : "La Terre de Dieu n'était-elle pas vaste de sorte que vous y émigriez ?" Ceux-là, leur refuge est la Géhenne. Et quelle mauvais lieu de devenir ! Sauf ceux qui étaient considérés faibles, hommes, femmes et enfants, n'ayant pas la capacité d'une solution (ou) ne se guidant pas en chemin ; eux, il est à espérer que Dieu passe sur (ce qu')ils (ont fait). Dieu est Excusant, Pardonnant" (Coran 4/98-99).

– "Commettre l'injustice envers soi-même", cela englobe tout manquement à la mise en pratique des paroles et actions obligatoires à l'échelle individuelle, et au fait de se préserver des paroles et actions interdites à la même échelle ; c'est pour pouvoir pratiquer les premières et s'abstenir des secondes que l'émigration est ici instituée. Les gens visés dans ce verset étaient demeurés musulmans ("ويفيد هذا السؤال والجواب أنهم ماتوا مسلمين ظالمين لأنفسهم في تركهم الهجرة. وإلا فلو ماتوا كافرين لم يقل لهم شيء من هذا" : c'est l'avis retenu par al-Qurtubî). D'après le commentaire sus-cité, cette injustice envers soi-même n'est pas en soi "l'abandon de l'émigration", mais ce que l'abandon de l'émigration entraîne : "le délaissement de ce qui est formellement obligatoire sur l'individu musulman, et que c'est la présence de cet individu musulman en un lieu précis qui l'entraîne à le délaisser ; ou encore la commission de ce qui est formellement interdit sur l'individu musulman, et que c'est la présence de cet individu musulman en un lieu précis qui l'entraîne à le commettre" : "اپنی بودوباش کی سرزمین میں محض مغلوب تہے، اس لیۓ بہت سے ضروریات دین پر عمل نہیں کر سکتے تھے" (Bayân ul-Qur'ân). Ce commentaire constitue une déduction faite à partir de ce que Ibn Abbâs a relaté de cause de révélation de ce verset : des musulmans étaient demeurés à La Mecque et avaient donc, en l'an 2 de l'hégire, été forcés par les Polycultistes à se joindre à leur armée partis combattre le Prophète (sur lui soit la paix) et ses Compagnons (تكثير سواد أهل الظلم) (or c'est là une action strictement interdite) ; certains d'entre eux moururent à Badr, dans le camp des Polycultistes (Tafsîr ut-Tabarî, Tafsîr ul-Qurtubî, Tafsîr ul-Baghawî).

– "Etre considéré faible" figure en deux endroits dans ce passage : cela évoque, en les deux endroits, le fait de ne pas disposer de suffisamment de liberté pour exprimer qu'on est musulman, ou pour pouvoir pratiquer les paroles et actions que le dîn a rendues obligatoires, ou pour se préserver de ce que la société où l'on se trouve exige qu'on le fasse alors même que le dîn l'interdit ;
--- ce qui a été dit au premier endroit, c'est que ceux qui se trouvent en pareille situation ont le devoir de "partir de pareil lieu pour s'installer ailleurs, vu que des lieux différents - où la situation est différente pour les musulmans - existent sur la vaste Terre de Dieu" ;
--- tandis qu'au second endroit de ce passage, il est fait exception de ceux qui n'avaient pas les moyens de partir de pareil lieu et de s'installer ailleurs, et il est dit à leur sujet : "il est alors à espérer que Dieu leur pardonne les manquements que le fait de n'avoir pas pu partir de ce lieu a entraînés de leur part".
Après Badr, Dieu rappela aux musulmans originaires de La Mecque (al-Muhâjirûn) que, dans la terre de celle-ci ils étaient "considérés faibles", puis que ce fut Lui qui leur "donna refuge" à Médine, et Lui qui leur "a apporté assistance par Son Aide" : "وَاذْكُرُواْ إِذْ أَنتُمْ قَلِيلٌ مُّسْتَضْعَفُونَ فِي الأَرْضِ تَخَافُونَ أَن يَتَخَطَّفَكُمُ النَّاسُ فَآوَاكُمْ وَأَيَّدَكُم بِنَصْرِهِ وَرَزَقَكُم مِّنَ الطَّيِّبَاتِ لَعَلَّكُمْ تَشْكُرُونَ" (Coran 8/26). "قوله تعالى {واذكروا إذ أنتم قليل} قال الكلبي: نزلت في المهاجرين. يعني وصف حالهم قبل الهجرة وفي ابتداء الإسلام {مستضعفون} نعت {في الأرض} أي أرض مكة {تخافون} نعت {أن يتخطفكم} في موضع نصب؛ والخطف: الأخذ بسرعة الناس؛ رفع على الفاعل. قتادة وعكرمة: هم مشركو قريش*؛ وهب بن منبه: فارس والروم {فآواكم} قال ابن عباس: إلى الأنصار؛ السدي: إلى المدينة؛ والمعنى واحد. "آوى إليه" بالمد: ضم إليه؛ و"أوى إليه" بالقصر: انضم إليه. {وأيدكم} قواكم {بنصره} أي بعونه؛ وقيل: بالأنصار؛ وقيل: بالملائكة يوم بدر" (Tafsîr ul-Qurtubî) (* c'est l'avis retenu par at-Tabarî).
A Médine, le Prophète (sur lui soit la paix) a demandé à Dieu de "sauver" les musulmans ne pouvant pour leur part pas émigrer de la cité de La Mecque, les désignant comme étant : "ceux qui sont considérés faibles parmi les croyants" : "عن أبي هريرة أن النبي صلى الله عليه وسلم كان إذا رفع رأسه من الركعة الآخرة، يقول: "اللهم أنج عياش بن أبي ربيعة، اللهم أنج سلمة بن هشام، اللهم أنج الوليد بن الوليد، اللهم أنج المستضعفين من المؤمنين" (al-Bukhârî, 961, Muslim, 675).
Et Ibn Abbâs a dit, citant cette partie du verset, et parlant du moment où ils étaient à La Mecque : "Moi et ma mère faisions partie de "ceux qui sont considérés faibles", que Dieu a excusés. Je faisais partie des enfants, et ma mère des femmes" : "عن ابن أبي مليكة، أن ابن عباس، تلا: {إلا المستضعفين من الرجال والنساء والولدان}؛ قال: "كنت أنا وأمي ممن عذر الله" (al-Bukhârî, 4312) ; "قال عبيد الله بن أبي يزيد: سمعت ابن عباس رضي الله عنهما يقول: "كنت أنا وأمي من "المستضعفين"؛ أنا من الولدان، وأمي من النساء (al-Bukhârî, 1291).

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Le principe de la contrainte est certes reconnu (de sorte qu'on n'a pas le péché d'avoir été amené à faire l'action interdite à laquelle on a été contraint) : "إن الله تجاوز لأمتي عما توسوس به صدورهم ما لم تعمل أو تتكلم به وما استكرهوا عليه" : "Dieu a pardonné à ma Communauté (...) ce qu'elle a fait sous la contrainte" (Sahîh ul-Jâmi' is-saghîr, n° 1729, n° 1731).
Cependant, d'une part, il faut que ce que l'on subit constitue une véritable contrainte, reconnue telle (
ik'râh shar'î) ; d'autre part, parmi les conditions pour appliquer le hukm lié à la contrainte, il faut que celui qui subit la contrainte n'ait pas la possibilité d'échapper à l'exécution de la menace en partant ailleurs, etc. (Al-Fiqh ul-islâmî, pp. 4433-4434) ; car si c'est parce qu'on se trouve dans tel lieu précis qu'on est contraint à faire une action formellement interdite ou à délaisser une action formellement obligatoire, alors on doit quitter ce lieu pour se rendre dans le lieu où cette contrainte ne s'exerce plus. "الذنب: إما لعدم الإكراه التامّ المبيح لترك أداء الفريضة أو لارتكاب المعصية؛ وإما لعدم العجز عن الارتحال إلى مكان آمن من الإكراه التامّ؛ وإما لعدم البقاء على الطمأنينة بالإيمان بسبب الإكراه التامّ".
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Un autre verset existe où Dieu dit : "يَا عِبَادِيَ الَّذِينَ آمَنُوا إِنَّ أَرْضِي وَاسِعَةٌ فَإِيَّايَ فَاعْبُدُونِ" :
"O Mes serviteurs qui avez apporté foi, Ma Terre est vaste ; aussi, Moi Seul adorez" (Coran 29/56).

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Parfois la persécution que les musulmans habitant une terre donnée subissent, cela a pour objectif de faire de l'épuration ethnique ou religieuse. Si des musulmans sont physiquement persécutés dans une terre non-musulmane parce que musulmans, alors le devoir d'en émigrer s'applique également à eux, et ce dans la mesure où le fait d'être persécuté quant à ce qui relève de ses besoins fondamentaux humains, cela fait courir à l'homme le fort risque d'abandonner ce qui relève du Kamâl ud-Dîn al-Wâjib, voire le Asl ud-Dîn même, l'homme étant naturellement porté à chercher à réaliser ses besoins fondamentaux et à faire cesser ce qui contredit ceux-ci.
Cette oppression que l'on subit à cause de son islamité est désignée par le mot "Fitna" dans le verset coranique 8/39, et ce d'après l'interprétation que Abdullâh ibn Omar (que Dieu l'agrée) a donnée de ce verset : "قال: "فعلنا على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم وكان الإسلام قليلا، فكان الرجل يفتن في دينه: إما قتلوه، وإما يعذبونه. حتى كثر الإسلام فلم تكن فتنة" (al-Bukhârî, 4243) ; "قال ابن عمر: "قد فعلنا على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم إذ كان الإسلام قليلا، فكان الرجل يفتن في دينه: إما يقتلونه وإما يوثقونه. حتى كثر الإسلام فلم تكن فتنة" (al-Bukhârî, 4373). Aïcha (que Dieu l'agrée) a employé la même réalité - qu'elle a désignée par le même terme "fitna" - pour expliquer le devoir d'émigration qu'il y avait auparavant pour les musulmans habitant alors certaines cités d'Arabie, pour se rendre à Médine : "عن عطاء بن أبي رباح، قال: زرت عائشة مع عبيد بن عمير، فسألها عن الهجرة، فقالت: "لا هجرة اليوم. كان المؤمن يفر أحدهم بدينه إلى الله وإلى رسوله - صلى الله عليه وسلم - مخافة أن يفتن عليه. فأما اليوم فقد أظهر الله الإسلام، فالمؤمن يعبد ربه حيث شاء. ولكن جهاد ونية" (al-Bukhârî, 4058) (en disant : "حيث شاء", elle voulait apparemment parler de Jazîrat ul-'Arab).

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La règle de l'obligation d'émigrer s'applique donc par rapport à la terre où les musulmans doivent cacher qu'ils sont musulmans pour demeurer en sécurité (لا يمكنهم إظهار دِينهم للبقاء آمنين), ou bien où leur adhésion à l'islam (Asl ud-Dîn) est en danger (de par la persécution ou la pression qu'ils subissent) (يُفتَنون عن دينهم), ou bien où ils n'ont pas le droit de pratiquer les obligations que leur font leur Dîn - à l'échelle individuelle - de façon formelle, Qat'î (لا تمكنهم إقامة ما أوجب دِينُهم حتى على الأقلّيّة المسلمة), ou bien où ils ne peuvent pas se préserver des interdits que leur Dîn leur trace - à l'échelle individuelle - de façon formelle, Qat'î (يُكرَهون على ارتكاب ما حرّم عليهم دِينُهم قطعيًّا).
Ash-Shîrâzî
écrit : "من أسلم في دار الحرب ولم يقدر على إظهار دينه وقدر على الهجرة وجبت عليه الهجرة لقوله عز وجل: {إِنَّ الَّذِينَ تَوَفَّاهُمُ الْمَلائِكَةُ ظَالِمِي أَنْفُسِهِمْ قَالُوا فِيمَ كُنْتُمْ قَالُوا كُنَّا مُسْتَضْعَفِينَ فِي الْأَرْضِ قَالُوا أَلَمْ تَكُنْ أَرْضُ الله وَاسِعَةً فَتُهَاجِرُوا فِيهَا فَأُولَئِكَ مَأْوَاهُمْ جَهَنَّمُ وَسَاءَتْ مَصِيراً} روي أن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "أنا بريء من كل مسلم مع مشرك"" (Al-Muhadhdhab, kitâb us-siyar).
Ibn Qudâma : "إذا ثبت هذا، فالناس في الهجرة على ثلاثة أضرب؛ أحدها: من تجب عليه. وهو من يقدر عليها، ولا يمكنه إظهار دينه، ولا تمكنه إقامة واجبات دينه مع المقام بين الكفار، فهذا تجب عليه الهجرة؛ لقول الله تعالى: {إن الذين توفاهم الملائكة ظالمي أنفسهم قالوا فيم كنتم قالوا كنا مستضعفين في الأرض قالوا ألم تكن أرض الله واسعة فتهاجروا فيها فأولئك مأواهم جهنم وساءت مصيرا}، وهذا وعيد شديد يدل على الوجوب. ولأن القيام بواجب دينه واجب على من قدر عليه، والهجرة من ضرورة الواجب وتتمته، وما لا يتم الواجب إلا به فهو واجب" (Al-Mughnî 12/687).
Ibn Kathîr : "الآية الكريمة عامة في كل من أقام بين ظهراني المشركين وهو قادر على الهجرة، وليس متمكنا من إقامة الدين؛ فهو ظالم لنفسه مرتكب حراما بالإجماع وبنص هذه الآية" (Tafsîr Ibn Kathîr 1/465).

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A la fin du passage coranique sus-cité, il est fait exception, par rapport au péché, de ceux qui ne sont pas capables d'émigrer : "Sauf ceux qui étaient considérés faibles, hommes, femmes et enfants, n'ayant pas la capacité d'une solution (ou) ne se guidant pas en chemin ; eux, il est à espérer que Dieu passe sur (ce qu')ils (ont fait). Dieu est Excusant, Pardonnant" (Coran 4/99).
Ne sont pas capables d'émigrer : les gens :
--- soit qui
ne disposent pas des moyens physiques (étant emprisonnés, ou étant handicapés) ou financiers pour quitter la Dâr ul-Khawf ;
--- soit qui ne seraient ensuite pas capables de parvenir jusqu'à la Dâr ul-Amn, et ce à cause de leur incapacité à trouver leur chemin jusqu'à elle, ou à cause d'un manque de moyens financiers pour cela (pas de monture) ("الحيلة لفظ عام لأنواع أسباب التخلص" : Tafsîr ul-Qurtubî ; "والمعنى: "لا يقدرون على حيلة ولا نفقة، أو كان بهم مرض، أو كانوا تحت قهر قاهر يمنعهم من تلك المهاجرة". ثم قال: {ولا يهتدون سبيلا} أي: "لا يعرفون الطريق ولا يجدون من يدلهم على الطريق" : Tafsîr ur-Râzî).
Ash-Shîrâzî parle de cela en ces termes : "فإن لم يقدر على الهجرة، لم يجب عليه، لقوله عز وجل: {إِلَّا الْمُسْتَضْعَفِينَ مِنَ الرِّجَالِ وَالنِّسَاءِ وَالْوِلْدَانِ لا يَسْتَطِيعُونَ حِيلَةً وَلا يَهْتَدُونَ سَبِيلاً فَأُولَئِكَ عَسَى الله أَنْ يَعْفُوَ عَنْهُمْ وَكَانَ الله عَفُوّاً غَفُوراً}" (Al-Muhadhdhab).
Et Ibn Qudâma en les termes suivants : "
الثاني: من لا هجرة عليه. وهو من يعجز عنها، إما لمرض، أو إكراه على الإقامة، أو ضعف، من النساء والولدان وشبههم، فهذا لا هجرة عليه؛ لقول الله تعالى: {إلا المستضعفين من الرجال والنساء والولدان لا يستطيعون حيلة ولا يهتدون سبيلا فأولئك عسى الله أن يعفو عنهم وكان الله عفوا غفورا" (Al-Mughnî 12/687-688).
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Le Négus As'hama se trouvait dans ce cas de figure : ne pas pouvoir exprimer qu'il est musulman ; et ne pas pouvoir non plus émigrer de son pays.

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Pourquoi Dieu a-t-Il seulement parlé de Pardon, ici : "il est à espérer que Dieu passe sur (ce qu')ils (ont fait)", alors que l'homme n'est tout simplement pas chargé de ce dont il n'a pas la capacité ?
A cela, ar-Râzî répond que [excepté le cas de réelle incapacité à émigrer pour cause d'emprisonnement ou de handicap physique] distinguer la grande difficulté qui autorise (elle aussi) à ne pas émigrer de la Dâr ul-Khawf, de la difficulté qui est insuffisante pour autoriser à ne pas en émigrer, cela n'est pas toujours évident ; et certaines personnes peuvent donc penser être dans une difficulté du premier type, alors qu'elles sont en fait dans celle du second type ; ce serait pourquoi Dieu a formulé cela ainsi : "il est à espérer que Dieu passe sur (ce qu')ils (ont fait)" : "وفيه سؤال، وهو أن القوم لما كانوا عاجزين عن الهجرة، والعاجز عن الشيء غير مكلف به، وإذا لم يكن مكلفا به لم يكن عليه في تركه عقوبة، فلم قال: {عسى الله أن يعفو عنهم} والعفو لا يتصور إلا مع الذنب؟ وأيضا {عسى} كلمة الإطماع، وهذا يقتضي عدم القطع بحصول العفو في حقهم؟ والجواب عن الأول: أن المستضعف قد يكون قادرا على ذلك الشيء مع ضرب من المشقة. وتمييز الضعف الذي يحصل عنده الرخصة عن الحد الذي لا يحصل عنده الرخصة: شاق ومشتبه؛ فربما ظن الإنسان بنفسه أنه عاجز عن المهاجرة، ولا يكون كذلك، ولا سيما في الهجرة عن الوطن، فإنها شاقة على النفس؛ وبسبب شدة النفرة قد يظن الإنسان كونه عاجزا، مع أنه لا يكون كذلك. فلهذا المعنى كانت الحاجة إلى العفو شديدة في هذا المقام" (Tafsîr ur-Râzî).

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B) Concernant maintenant la terre non-musulmane où les musulmans ne sont pas dans la situation évoquée en A : Les musulmans doivent-ils émigrer de cette terre ?

Des avis divergents existent à ce sujet…

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B.A) Différents textes se présentent à nous :

1) Il y a une première catégorie de textes (versets et hadîths) dont la lettre (zâhir) dit que le musulman ne doit résider que dans un pays musulman et que les musulmans qui résident ailleurs doivent systématiquement en émigrer pour venir s'installer en terre d'Islam.
L'émigration est mentionnée dans ce verset : "Ceux qui ont apporté foi, émigré et lutté par leurs biens et leurs personnes dans le chemin de Dieu, et ceux qui ont donné refuge et assistance, ceux-là sont alliés les uns des autres. Quant à ceux qui ont apporté foi et n'ont pas émigré, vous n'aurez pas de lien d'héritage (wilâyah) avec eux jusqu'à ce qu'ils émigrent..." : "إِنَّ الَّذِينَ آمَنُواْ وَهَاجَرُواْ وَجَاهَدُواْ بِأَمْوَالِهِمْ وَأَنفُسِهِمْ فِي سَبِيلِ اللّهِ وَالَّذِينَ آوَواْ وَّنَصَرُواْ أُوْلَئِكَ بَعْضُهُمْ أَوْلِيَاء بَعْضٍ وَالَّذِينَ آمَنُواْ وَلَمْ يُهَاجِرُواْ مَا لَكُم مِّن وَلاَيَتِهِم مِّن شَيْءٍ حَتَّى يُهَاجِرُواْ" (Coran 8/72). Comme hadîths du Prophète, il y a celui relaté par Burayda : "Ensuite invite-les à se déplacer de leur lieu (pour se rendre) à la demeure des Muhâjirûn, et informe-les que s'ils font cela, alors ils auront les mêmes droits que les Muhâjirûn, et les mêmes devoirs qu'eux" : "ثم ادعهم إلى الإسلام، فإن أجابوك، فاقبل منهم، وكف عنهم. ثم ادعهم إلى التحول من دارهم إلى دار المهاجرين، وأخبرهم أنهم إن فعلوا ذلك فلهم ما للمهاجرين وعليهم ما على المهاجرين. فإن أبوا أن يتحولوا منها، فأخبرهم أنهم يكونون كأعراب المسلمين، يجري عليهم حكم الله الذي يجري على المؤمنين، ولا يكون لهم في الغنيمة والفيء شيء إلا أن يجاهدوا مع المسلمين" (Muslim, 1731). Et il y a ces autres : "Dieu n'acceptera, de la part de quelqu'un qui était polycultiste et qui s'est converti à l'islam, aucune action jusqu'à ce qu'il se sépare des polycultistes" : "عن بهز بن حكيم، يحدث عن أبيه، عن جده، قال: قلت: "يا نبي الله ما أتيتك حتى حلفت أكثر من عددهن - لأصابع يديه - ألا آتيك ولا آتي دينك. وإني كنت امرأ لا أعقل شيئا، إلا ما علمني الله ورسوله. وإني أسألك بوجه الله عز وجل بما بعثك ربك إلينا؟ قال: "بالإسلام" قال: قلت: "وما آيات الإسلام؟" قال: "أن تقول: "أسلمت وجهي إلى الله عز وجل، وتخليت"، وتقيم الصلاة، وتؤتي الزكاة. كل مسلم على مسلم محرم أخوان نصيران. لا يقبل الله عز وجل من مشرك بعدما أسلم عملا أو يفارق المشركين إلى المسلمين" (an-Nassâ'ï, 2528). "Je désavoue tout musulman qui réside parmi les Polycultistes" : "أنا بريء من كل مسلم يقيم بين أظهر المشركين". قالوا: "يا رسول الله، ولم؟" قال: "لا تراءى ناراهما" (at-Tirmidhî, 1604, Abû Dâoûd, 2645). Il y a encore celui rapporté par Abû Dâoûd (2787), celui rapporté par an-Nassaï (4177). (Voir aussi Silsilat ul-ahâdîth as-sahîha, 369, 636, 2857.) Un autre hadîth dit d'ailleurs : "L'émigration ne cessera pas tant que ne cessera pas le repentir" : "عن معاوية قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "لا تنقطع الهجرة حتى تنقطع التوبة. ولا تنقطع التوبة حتى تطلع الشمس من مغربه" (Abû Dâoûd, 2479).

2) Et puis il y a le hadîth qui dit : "Plus d'émigration après la conquête (de La Mecque)…" : "عن ابن عباس رضي الله عنهما قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "لا هجرة بعد الفتح" (al-Bukhârî, 2631, Muslim, 1864).

3) Enfin, il faut savoir qu'en Abyssinie (dans la Corne d'Afrique) un groupe de musulmans s'était installé à l'époque où le Prophète (sur lui la paix) vivait encore à La Mecque ; or certains de ces musulmans y demeurèrent toujours après l'émigration du Prophète à Médine jusqu'à encore six années. Abû Mûssâ al-Ash'arî raconte : "Nous avions appris la nouvelle de la sortie du Prophète quand nous habitions le Yémen. Nous émigrâmes et partîmes alors, deux de mes frères et moi, dans un groupe de cinquante-deux personnes des miens. Nous partîmes sur un bateau. Notre bateau nous déposa auprès du Négus en Abyssinie. Nous rencontrâmes là-bas Ja'far ibn Abî Talib et ses compagnons. Ja'far nous dit : "Le Prophète nous a envoyés ici et nous a dit d'y demeurer. Restez-donc avec nous." Nous restâmes donc avec lui jusqu'au moment où nous partîmes tous ensemble. Nous rencontrâmes le Prophète quand il conquit Khaybar..." : "عن أبي موسى رضي الله عنه، قال: بلغنا مخرج النبي صلى الله عليه وسلم ونحن باليمن، فخرجنا مهاجرين إليه، أنا وأخوان لي أنا أصغرهم، أحدهما أبو بردة، والآخر أبو رهم - إما قال: في بضع، وإما قال: في ثلاثة وخمسين، أو اثنين وخمسين رجلا من قومي -، فركبنا سفينة. فألقتنا سفينتنا إلى النجاشي بالحبشة، ووافقنا جعفر بن أبي طالب وأصحابه عنده، فقال جعفر: "إن رسول الله صلى الله عليه وسلم بعثنا هاهنا، وأمرنا بالإقامة، فأقيموا معنا"، فأقمنا معه. حتى قدمنا جميعا، فوافقنا النبي صلى الله عليه وسلم حين افتتح خيبر. فأسهم لنا، أو قال: فأعطانا منها، وما قسم لأحد غاب عن فتح خيبر منها شيئا، إلا لمن شهد معه، إلا أصحاب سفينتنا مع جعفر وأصحابه، قسم لهم معهم" (al-Bukhârî, 2967). Le départ de Ja'far pour Médine survint quand le Prophète envoya 'Amr ibn Umayya auprès du Négus pour lui demander de lui renvoyer ses Compagnons (Fat'h ul-bârî 7/607). L'arrivée de Ja'far auprès du Prophète eut lieu au moment de la victoire sur Khaybar, comme l'a dit Abû Mûssâ. Or Khaybar a eu lieu au début de l'an 7 après l'hégire, donc bien après l'émigration du Prophète à Médine.
Un des commentaires de cette parole de Abû Mûssâ est que "la sortie du Prophète" ici mentionnée consiste en l'émigration du Prophète à Médine (cf. Fat'h ul-bârî 7/238). Quant au fait que le bateau accosta en Abyssinie, il semble que ce soit un vent violent qui l'y ait obligé (cf. Fat'h ul-bârî 7/239). Enfin, il est possible que ce ne soit pas en l'an 6 de l'hégire que Abû Mûssâ ait quitté le Yémen avec l'intention d'aller rejoindre le Prophète à Médine, mais beaucoup plus tôt, dans les temps qui suivirent l'émigration du Prophète [le bateau qu'il avait pris devait peut-être le déposer sur un port de la Mer Rouge, d'où il avait l'intention de rejoindre ensuite Médine], mais que ce soit en Abyssinie qu'il séjourna plus longtemps que prévu, parce qu'il y rencontra Ja'far qui lui demanda de rester avec lui jusqu'à l'arrivée de la permission du Prophète de le rejoindre (cf. Fat'h ul-bârî 7/238 : "Wa yuhtamalu anna iqâmata Abî Mûssâ bi ardh il-Habasha tâlat, li ajli ta'akhkhuri Ja'far 'an il-hudhûr ila-l-Madîna hattâ ya'tiyahu-l-idhnu min an-Nabiyy sallallâhu 'alyhi wa sallama bi-l-qudûm").

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B.B) Comment comprendre ces différents textes ?

Deux avis ont vu le jour :

--- Il y a des ulémas qui lisent les textes de la catégorie 1 ci-dessus d'une façon littérale (zâhirî) : selon eux, c'est une obligation pour le musulman d'habiter un pays musulman ; s'il est né en terre non-musulmane, il doit au moins faire tout ce qui est en son possible pour en émigrer vers un pays musulman. Ceci est l'avis d'un certain nombre de ulémas ; d'après as-San'ânî cet avis serait même celui de la majorité des ulémas (Subul us-salâm, 4/1334-1335). C'est aussi l'avis de al-Albânî (cf. Silsilat ul-ahâdîth as-sahîha, 6/848-855).
Les ulémas tenants de cet avis considèrent que lorsque le Prophète était à Médine, il était obligatoire pour les musulmans habitant d'autres cités d'en émigrer et de partir s'installer eux aussi dans la ville du Prophète, et ces musulmans devaient le faire afin de ne pas rester dans un pays non musulman, celui-ci n'appliquant pas les règles de l'islam (voir Shar'h Muslim, 13/7). L'émigration est donc obligatoire non seulement pour le musulman qui est persécuté mais aussi pour le musulman qui habite dans une terre non-musulmane, qu'elle qu'y soit sa situation. Quant au hadîth "Plus d'émigration après la conquête (de La Mecque)…", il signifie que la question d'émigrer de La Mecque ne se pose plus parce que celle-ci fait justement désormais partie des terres d'Islam (Idem, 13/8, Riyâd us-sâlihîn). L'obligation de l'émigration demeure donc pour toute autre cité non-musulmane.
Pour Ibn Hazm, le hadîth "Je désavoue tout musulman qui réside parmi les polycultistes" implique que le fait de résider en pays musulman revêt un caractère de forte obligation.
----- Il y a bien sûr le caractère excusé de celui qui ne peut pas émigrer de la terre non-musulmane où il se trouve : "وكذلك: من سكن بأرض الهند والسند والصين والترك والسودان والروم، من المسلمين، فإن كان لا يقدر على الخروج من هنالك لثقل ظهر، أو لقلة مال، أو لضعف جسم، أو لامتناع طريق، فهو معذور" (Al-Muhallâ, 12/125).
----- Il y a également le cas du musulman qui se trouve dans une terre musulmane où sévit un tyran dont il a réellement à craindre l'injustice et face à qui il ne dispose d'aucune protection chez les musulmans : lui aussi est excusé, d'après Ibn Hazm, s'il émigre de la cette terre musulmane vers une terre non-musulmane où il pourra trouver refuge : "وأما من فرّ إلى أرض الحرب لظلم خافه، ولم يحارب المسلمين ولا أعانهم عليهم، ولم يجد في المسلمين من يجيره، فهذا لا شيء عليه، لأنه مضطر مكره. وقد ذكرنا أن الزهري محمد بن مسلم بن شهاب: كان عازما على أنه إن مات هشام بن عبد الملك لحق بأرض الروم، لأن الوليد بن يزيد كان نذر دمه إن قدر عليه، وهو كان الوالي بعد هشام. فمن كان هكذا فهو معذور" (Ibid. 12/125).
----- En tout autre cas de figure, Ibn Hazm considère strictement interdit d'être résident d'un pays non-musulman. J'ai cru comprendre que Ibn Hazm parle d'une part de celui qui quitte le pays musulman pour aller s'installer de son plein gré en pays non-musulman, et d'autre part de celui qui habite [déjà] en pays non-musulman et y demeure. Dans ces deux cas :
--------- si, installé là-bas, il combat les musulmans ou bien aide les non-musulmans à combattre les musulmans, il fait là un acte de kufr d'après Ibn Hazm : "قال أبو محمد - رحمه الله -: فصح بهذا أن من لحق بدار الكفر والحرب مختارا محاربا لمن يليه من المسلمين، فهو بهذا الفعل مرتد" (Al-Muhallâ 12/125-126) ; "وكذلك: من سكن بأرض الهند، والسند، والصين، والترك، والسودان والروم، من المسلمين، فإن كان لا يقدر على الخروج من هنالك لثقل ظهر، أو لقلة مال، أو لضعف جسم، أو لامتناع طريق، فهو معذور. فإن كان هناك محاربا للمسلمين معينا للكفار بخدمة أو كتابة: فهو كافر" (Ibid.) (un autre avis, nuancé, existe au sujet de ce point précis d'apporter une assistance contre les musulmans) ;
--------- si par contre il ne les aide pas à combattre les musulmans mais réside dans leur pays pour des motifs matériels ("li dunyâ yussîbuhâ") tout en étant chez eux "comme le dhimmî (est en Dâr ul-islâm)", alors même qu'il a la capacité de venir s'installer en terre musulmane, il fait là un acte qui "n'est pas loin du kufr, et nous ne lui voyons aucune excuse", écrit Ibn Hazm : "وإن كان إنما يقيم هنالك لدنيا يصيبها، وهو كالذمي لهم، وهو قادر على اللحاق بجمهرة المسلمين وأرضهم، فما يبعد عن الكفر، وما نرى له عذرا - ونسأل الله العافية" (Ibid. 12/126).
Notons que Ibn Hazm n'a cependant pas précisé ce que signifie la comparaison qu'il a fait, d'être, en tant que musulman, "comme le dhimmî (est en Dâr ul-islâm), par rapport aux non-musulmans" :
-------------- est-ce le simple fait de résider chez des non-musulmans tout en étant musulman, étant alors sous leur protection sans que cela soit par nécessité (comme Ibn Hazm l'a écrit pour le cas cité plus haut) (auquel cas l'avis de Ibn Hazm est bien que résider en terre non-musulmane est systématiquement interdit tant qu'il n'y a pas nécessité à le faire) ?
-------------- ou bien est-ce le fait que, dans certains domaines, ce ne sont pas les lois de l'islam qui lui seront appliquées (comme c'est le cas des non-musulmans résidents de la terre musulmane : il est certains domaines où ce ne sont pas leurs lois qu'ils peuvent appliquer) (auquel cas l'avis de Ibn Hazm est bien que résider en terre non-musulmane est systématiquement interdit tant qu'il n'y a pas nécessité à le faire) ?
-------------- ou bien est-ce le fait que les musulmans ne pourront pas y pratiquer ouvertement certains rituels islamiques (comme c'est le cas des non-musulmans résidents de la Dâr ul-islâm : certains de leurs rituels, ils doivent le pratiquer de façon privée seulement) (auquel cas l'avis de Ibn Hazm est seulement lié à la réalité des pays non-musulmans qu'il connaissait, et cet avis peut être considéré comme rejoignant celui des ulémas qui n'empêchent pas de résider en terre non-musulmane, mais à condition que le musulman puisse y pratiquer ouvertement ses obligations et se préserver ouvertement des interdits : c'est l'avis qui va être cité ci-après) ?

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--- Pour d'autres ulémas, la règle de l'obligation d'émigration n'est pas générale. Selon ces ulémas, les hadîths interdisant de résider sur une terre non-musulmane concernent uniquement les terres non-musulmanes où : le musulman est persécuté s'il dit qu'il est musulman, ou bien où il ne peut pas pratiquer les actions que l'islam a rendues sur lui obligatoire, ou encore où il est forcé de faire des actions que l'islam lui a interdites (cf. Fat'h ul-bârî 6/48 ; 7/285). C'est là le principe motivant (manât) cette obligation d'émigrer.
Et c'est ce devoir d'émigration, à cause de ces cas de figure, qui "ne cessera pas", comme l'a dit l'autre hadîth. Cependant, conformément à ce que dit le verset 4/97-98, Dieu ne fera pas rigueur à ceux qui, même dans ce cas, n'auront pas eu les possibilités d'émigrer.

Il est également possible que les hadîths de la catégorie 1, qui interdisaient de résider dans une terre non-musulmane, concernaient le moment où les musulmans avaient systématiquement l'obligation d'émigrer vers le Prophète (ce qui constitue un des deux avis existant, nous allons le voir), c'est-à-dire la période où le Prophète était à Médine et alors que la conquête de La Mecque n'avait pas encore eu lieu (je n'ai pas vu cette interprétation et ne fais qu'émettre une supposition).

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B.C) Deux points restent à évoquer par rapport à ce second avis :

--- B.C.1) Deux interprétations existent quant au caractère qu'avait l'émigration vers Médine avant la conquête de la Mecque : était-elle obligatoire, ou seulement recommandée ?

----- Pour certains ulémas, lorsque le Prophète était à Médine et que la conquête de La Mecque ne s'était pas encore faite, il était obligatoire pour les musulmans habitant d'autres cités d'en émigrer et de venir à Médine. Ils devaient le faire afin de renforcer la position du Prophète à Médine, celui-ci y étant en butte à une opposition de la part d'autres cités. Après la conquête de La Mecque, en revanche, la source du plus grand danger sur la scène intérieure de l'Arabie était écartée ; de plus, les Arabes se mirent alors à se convertir en grand nombre à l'islam. Le Prophète dit donc : "Plus d'émigration après la conquête (de La Mecque)…", ce qui signifie que l'émigration vers Médine n'est plus obligatoire. C'est là l'avis de al-Khattabî (cf. Fat'h ul-bârî 6/48-49, 7/286).

----- D'autres ulémas sont d'avis que, avant la conquête de La Mecque, pour les musulmans habitant une cité où ils n'étaient pas persécutés pour leur religion, il était seulement recommandé d'en émigrer et de rejoindre Médine. C'est là l'avis de Abû 'Ubayd (Shar'h Muslim, 13/7). An-Nawawî a fait, du hadîth 1731 rapporté par Muslim à partir de Burayda, une interprétation qui va dans le même sens (Shar'h Muslim, 12/38). Cet avis permet de comprendre pourquoi, comme l'a rapporté al-Bukhârî, Ja'far et d'autres musulmans demeurèrent encore 6 années en Abyssinie et ne rejoignirent pas immédiatement le Prophète à Médine : l'émigration vers Médine pour un musulman qui n'était pas persécuté était seulement recommandée, elle n'était pas obligatoire.
Comment les tenants de cet avis comprennent-ils alors le hadîth : "Plus d'émigration après la conquête (de La Mecque)…" ? Ils partagent l'interprétation selon laquelle cela signifie que l'Emigration particulière vers Médine –  émigration dont le Coran fait l'éloge appuyée quand il parle des Emigrants qui étaient avec le Prophète – n'est plus possible après la conquête de La Mecque (cf. Shar'h Muslim, 13/8).

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--- B.C.2) Pour le musulman qui habite une terre non-musulmane où il n'est pas persécuté à cause de l'islam, où il peut pratiquer les actions que l'islam a rendues obligatoires sur lui et où il n'est pas forcé de faire ce que l'islam le lui a interdit, l'émigration vers un pays musulman revêt-elle quand même un caractère recommandé, ou pas ?

----- Ash-Shîrâzî et Ibn Qudâma écrivent que cette émigration est malgré tout recommandée pour ce musulman : إن قدر على إظهار الدين ولم يخف الفتنة في الدين، لم تجب عليه الهجرة، لأنه لما أوجب على المستضعفين، دل على أنه لا تجب على غيرهم؛ ويستحب له أن يهاجر" (Al-Muhadhdhab) ; "والثالث: من تستحب له، ولا تجب عليه. وهو من يقدر عليها، لكنه يتمكن من إظهار دينه وإقامته في دار الكفر، فتستحب له" (Al-Mughnî 12/688).

----- Pour certains autres ulémas, le fait de demeurer dans ce pays non-musulman peut en certaines circonstances revêtir un caractère préférable pour certains musulmans. Al-Mâwardî dit ainsi : "Si le musulman est capable de pratiquer ouvertement la religion dans un pays parmi les pays non-musulmans, ce pays est ainsi une Dâr ul-islâm [ce terme semble avoir été employé ici dans le sens de "Demeure de la sécurité", selon une des deux interprétations de l'avis de Abû Hanîfa en la matière]. Il est alors mieux pour ce musulman d'y résider que d'en partir, à cause de ce qu'il est espéré que d'autres viennent à l'islam [suite à son témoignage du message]" : "ومن ثم قال الماوردي: إذا قدر على إظهار الدين في بلد من بلاد الكفر، فقد صارت البلد به دار إسلام، فالإقامة فيها أفضل من الرحلة منها لما يترجى من دخول غيره في الإسلام" (Fath' ul-bârî, 7/285). "والمسلم بدار كفر) أي حرب - ويظهر أن دار الإسلام التي استولوا عليها كذلك - (إن أمكنه إظهار دينه) لشرفه أو شرف قومه وأمن فتنة في دينه ولم يَرْجُ ظهور الإسلام هناك بمقامه، (استحب له الهجرة) إلى دار الإسلام لئلا يكثر سوادهم وربما كادوه. ولم تجب، لقدرته على إظهار دينه؛ ولم تحرم، لأن من شأن المسلم بينهم القهر والعجز. ومن ثم، لو رجا ظهور الإسلام بمقامه ثَمّ، كان مقامه أفضل" (Tuhfat ul-muhtâj, Ibn Hajar al-Haytamî).

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B.D) Récapitulatif :

Le musulman doit faire tout son possible pour quitter le pays où il est persécuté à cause de sa religion, ou empêché de pratiquer ce qui est formellement obligatoire sur lui, ou forcé de pratiquer ce qui formellement interdit sur lui, pour aller s'installer ailleurs, où la situation sera plus clémente pour lui. Le verset coranique cité au tout début de cet article le dit clairement. Le musulman ne peut – sauf cas d'impossibilité – se justifier de ne pas pouvoir vivre l'islam à cause de la persécution qu'il subit : il doit – sauf cas d'empêchement – émigrer d'un tel pays. C'est ce genre de pays que des juristes ont nommé : "Dâr ul-khawf".

Par contre, le pays non-musulman qui est tel que le musulman n'y est pas persécuté à cause de sa religion et de la pratique de celle-ci, le musulman a la possibilité de s'y établir (c'est l'avis auquel j'adhère, qui est celui de ulémas anciens et contemporains). Certains Compagnons du Prophète sont, sur demande même du Prophète, demeurés en Abyssinie alors que presque six années s'étaient écoulées après l'installation du Prophète à Médine. C'est ce genre de pays que des juristes ont nommé : "Dâr ul-amn".

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Un cas fait exception d'après Abû Hanîfa (et al-Qaradhâwî pense que sur ce point c'est son avis qui est l'avis juste) :
Une fois qu'un territoire est devenu partie de la "Dâr ul-islâm", même si le pouvoir passe ensuite aux mains des non-musulmans et même si les musulmans y deviennent opprimés, ce territoire ne devient pas "Dâr ul-harb" (d'où les musulmans ont le devoir d'émigrer) tant qu'il est relié spatialement avec le reste de la "Dâr ul-islâm".
Les musulmans n'ont donc pas le devoir d'en émigrer ; au contraire, ils doivent y demeurer et faire preuve de patience, dit al-Qaradhâwî, car leur départ serait le meilleur cadeau qu'ils puissent faire au conquérant (lire notre autre article sur le sujet).

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C) Question supplémentaire : Qu'est-ce qui, au sein de l'ensemble des terres non musulmanes ("Dâr ul-kufr"), fait qu'un pays est considéré comme "Dâr ul-amn" – où le musulman peut s'installer – et non comme "Dâr ul-khawf" – d'où le musulman doit émigrer ?

Répondre à cela demande que l'on aborde en fait 2 questions :

C.A) Suffit-il, pour que le pays soit une Dâr ul-amn, que le musulman n'y soit pas persécuté à cause de son adhésion à l'islam ? Ou bien faut-il également qu'il puisse y pratiquer librement et ouvertement les règles de l'islam ?

D'après Khâlid Saïfullâh, pour qu'un pays non musulman soit une Dâr ul-amn et pas une Dâr ul-khawf, il doit satisfaire à deux critères :
- 1) il faut que le musulman n'y soit pas persécuté par les autorités du pays parce qu'il se réclame de l'islam ;
- 2) il faut aussi que le musulman puisse y pratiquer librement et ouvertement au moins un certain nombre de règles de l'islam (Islâm aur jadîd ma'âshî massâ'ïl, p. 73) ; il faut également qu'il ne soit pas forcé à faire un certain nombre d'actions interdites par l'islam.

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C.B) Faut-il alors que, dans ce pays non musulman, ce musulman puisse pratiquer toutes les règles de l'islam ? ou bien y a-t-il un minimum de règles à pouvoir y pratiquer concrètement et ouvertement, le cas de contrainte ne permettant pas d'y appliquer concrètement les autres règles étant ensuite pris en compte et permettant de vivre quand même dans ce pays ?

Répondre à cette seconde question point demande que l'on aborde en fait plusieurs autres points...

--- C.B.1) L'islam demande-t-il aux musulmans qui se trouvent ailleurs qu'en Dâr ul-islâm de s'appliquer les hudûd, exactement comme il le demande aux musulmans vivant en Dâr ul-islâm (l'applicabilité dans les faits se faisant bien sûr quand les conditions voulues de justice sociale etc. sont réunies, et en gardant à l'esprit que le doute profite à l'accusé et qu'il est mieux de ne pas porter plainte contre lui) ?

D'après l'école hanafite, quand le musulman se trouve ailleurs qu'en terre d'Islam, la peine ne lui est pas applicable : ni quand il se trouve ailleurs qu'en Dâr ul-islâm, ni quand il sera retourné en Dâr ul-islâm ; la raison en est que ce musulman était alors hors de l'espace de l'autorité musulmane (Al-'Alâqât ad-duwaliyya fil-islâm, az-Zuhaylî, pp. 110 et suivantes).

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--- C.B.2) Tout ce qui précède (l'avis autorisant au musulman de s'établir durablement dans un pays non-musulman, puis la différence qu'entraînent les différences des situations entre les musulmans vivant en Dâr ul-islâm et ceux vivant ailleurs qu'en Dâr ul-islâm), tout cela...

... tout cela conduit à dire qu'aux musulmans vivant dans une Dâr ul-Amn il n'est pas demandé  d'appliquer ce dont il faut disposer de la souveraineté (sulta tanfîdhiyya) pour pouvoir le faire (comme al-hudûd, al-qissâs fi-l-jurûh).

Dès lors, le principe les concernant n'est pas qu'il soit nécessaire qu'ils puissent appliquer concrètement toutes les règles de l'islam mais plutôt qu'ils puissent appliquer un minimum de ces règles. Il semble donc qu'il faille dégager 2, ou plus exactement 3 catégories de règles par rapport à leur situation :

- a) il y a d'une part les règles de l'islam dont il n'est pas demandé à ces musulmans vivant en Dâr ul-Amn de les appliquer (ce n'est même pas une obligation collective sur ces musulmans), parce qu'ils n'y disposent pas de la souveraineté (sulta tanfîdhiyya) ;

- b) et puis il y a d'autre part les règles dont il est demandé à ces musulmans de les appliquer : ils doivent en considérer l'application obligatoire ('aqîdatan) pour eux aussi. Cette catégorie b se subdivise ensuite en deux sous-catégories :
--- b.a) il y a un minimum de règles dont non seulement ces musulmans vivant en pays non-musulman doivent considérer l'application obligatoire ('aqîdatan) sur eux, mais dont ils doivent aussi avoir la liberté de le vivre concrètement ('amalan). Sinon ce pays non musulman n'est pas une "Dâr ul-Amn" mais une "Dâr ul-Khawf", et les musulmans doivent considérer ('aqîdatan) qu'en émigrer est obligatoire ;
--- b.b) et puis il y a les règles dont ces musulmans doivent considérer ('aqîdatan) que leur application leur est obligatoire mais qui, différemment des règles de la catégorie b.a, sont telles que s'ils subissent une contrainte (ik'râh) de la part des autorités de ce pays non-musulman à propos de l'une de ces règles et sont alors dans l'impossibilité de les appliquer concrètement ('amalan), ils ne sont pas tenus de considérer qu'émigrer de ce pays est obligatoire sur eux ;
--- b.c) enfin il y a ici l'action Amr bi-l-ma'rûf wa Nah'y 'an il-munkar (wa-l-kufr aydhan munkar) : obligatoire elle est, mais globalement seulement : dans le concret, cela dépend de plusieurs facteurs ; lorsqu'on est en situation d'incapacité (ce qui ne relève pas forcément d'un ik'râh), alors c'est seulement dans le coeur qu'il est obligatoire de pratiquer cette action : lire notre article sur le sujet. La présentation du message, on peut la faire comme le prophète Joseph (sur lui soit la paix) l'avait faite.

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--- C.B.3) Quels éléments rattacher à chacune de ces catégories ?

Ceux de la catégorie a consistent en les hudûd, la qissâs ; certains autres éléments peuvent en faire partie aussi, je ne sais pas ; prière aux frères et sœurs de communiquer leurs connaissances sur le sujet.

Ceux de la catégorie b.c consistent en ce qui a été sus-mentionné.

Toutes les autres règles relèvent forcément de la catégorie b.

Quelle est alors la ligne de démarcation entre les règles de la catégorie b.a et celles de la catégorie b.b, cela est un exercice plus délicat...

Cheikh Khâlid Saïfullâh, se fondant sur un écrit de al-Haskafî, dit en substance que le minimum (b.a) est constitué du fait de pouvoir établir ouvertement et librement les 5 prières quotidiennes, la prière du vendredi, celle des deux fêtes islamiques, etc. (Islâm aur jadîd ma'âshî massâ'ïl, p. 67).
Al-Kâssânî avait quant à lui écrit qu'un pays "Dâr ul-harb" est celui "où les musulmans n'ont pas la souveraineté et où la majorité de ce qui constitue les symboles de l'islam ("sha'âir ul-islâm") ne sont pas appliquées" (cité dans Iqâmat ul-muslim fî balad ghayr islâmî, p. 5).
Prière aux frères et sœurs compétents d'apporter leur lumière sur ce point.

En fait il s'agit de :
--- pouvoir exprimer librement qu'on est musulman (et non pas devoir en permanence cacher qu'on l'est) ;
--- de pouvoir librement pratiquer les choses qui sont obligatoires sur soi (et ce sans avoir besoin de se dissimuler pour ne pas être inquiété de façon officielle) ;
--- et de pouvoir librement se préserver des choses qui sont interdites sur soi (ce qui inclut bien sûr le fait de ne pas être contraint à dire des paroles de kufr akbar ou à faire des actes de kufr akbar).
-
Pour autant, deux questions demeurent :
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1ère question) Qu'en est-il si cela est possible pour tous les points, sauf un seul, particulier ? Par exemple, contracter une assurance commerciale est interdit en islam ; pourtant, c'est  chose que la loi de la France rend obligatoire pour chose aussi nécessaire que d'avoir un lieu d'habitation. Répondre à cela est lié avec la question suivante...
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2nde question) Les actes obligatoires et interdits évoqués comme relevant de la catégorie
b.a sont-ils ceux qui, d'une part, relèvent de cette catégorie et qui, d'autre part, sont reconnus tels, en islam :
--- au niveau
qat'î ?
--- ou bien au niveau
mujma' 'alayh (ce qui est un peu plus restreint que le précédent) ?
--- ou bien encore au niveau
dharûrî (= mutawâtir zâhir) (ce qui est un peu plus restreint que le précédent) ?
Je ne sais pas (لا أدري).
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Le caractère obligatoire pour la musulmane de se vêtir la
'awra lorsque en public est établi à un niveau mujma' 'alayh, voire dharûrî. Imaginez maintenant qu'un pays décide d'interdire aux musulmanes de se couvrir la chevelure dans l'espace commun (les rues) : on voit mal comment on pourrait ne pas dire qu'émigrer d'un tel pays est devenu obligatoire. Car alors les musulmanes ne pourraient plus faire "iqâmatu wâjibâti dînihinn" (c'est ce que nous avions vu en A, plus haut).
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Un autre cas de figure : le caractère obligatoire du port de la barbe est établi au niveau
qat'î, voire mujma' 'alayh (même si des ulémas shafi'ites postérieurs ont émis un avis différent). Imaginez maintenant qu'un pays interdise à ses musulmans de garder la barbe : deviendrait-il alors obligatoire d'en émigrer ? Cela dépend de la réponse à la 2nde question venant d'être évoquée.
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D'autres cas de figure peuvent facilement être imaginés...

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Les musulmans vivant dans un pays, quel qu'il soit, doivent être engagés pour faire avancer pacifiquement les choses. Cependant, ils ne doivent pas oublier que l'enseignement du Prophète (sur lui la paix) est de ne pas confondre action et précipitation : "... Mais vous êtes trop pressés" avait-il dit (al-Bukhârî, 3416). La précipitation risque bel et bien de ne pas faire avancer mais au contraire régresser les choses. Ce qu'il faut c'est comprendre le contexte, être pragmatique, expliquer, dialoguer, agir et être patient.

Par ailleurs, il ne faut pas croire qu'en Abyssinie, à l'époque, tout allait parfaitement pour Ja'far ibn Abî Tâlib et ceux et celles qui l'y accompagnaient. Asmâ' bint Abî 'Umays a affirmé que parfois ils y avaient éprouvé quelque crainte, parfois quelques problèmes leur avaient été faits : "عن أبي موسى رضي الله عنه قال: بلغنا مخرج النبي صلى الله عليه وسلم ونحن باليمن، فخرجنا مهاجرين إليه أنا وأخوان لي أنا أصغرهم، أحدهما أبو بردة، والآخر أبو رهم، إما قال: بضع، وإما قال: في ثلاثة وخمسين، أو اثنين وخمسين رجلا من قومي. فركبنا سفينة، فألقتنا سفينتنا إلى النجاشي بالحبشة، فوافقنا جعفر بن أبي طالب، فأقمنا معه حتى قدمنا جميعا. فوافقنا النبي صلى الله عليه وسلم حين افتتح خيبر. وكان أناس من الناس يقولون لنا، يعني لأهل السفينة: "سبقناكم بالهجرة". ودخلت أسماء بنت عميس، وهي ممن قدم معنا، على حفصة زوج النبي صلى الله عليه وسلم زائرة، وقد كانت هاجرت إلى النجاشي فيمن هاجر، فدخل عمر على حفصة، وأسماء عندها، فقال عمر حين رأى أسماء: "من هذه؟" قالت: "أسماء بنت عميس". قال عمر: "آلحبشية هذه؟ آلبحرية هذه؟" قالت أسماء: "نعم". قال: "سبقناكم بالهجرة، فنحن أحق برسول الله صلى الله عليه وسلم منكم". فغضبت وقالت: "كلا والله، كنتم مع رسول الله صلى الله عليه وسلم يطعم جائعكم، ويعظ جاهلكم؛ وكنا في دار - أو في أرض - البعداء البغضاء بالحبشة، وذلك في الله وفي رسوله صلى الله عليه وسلم. وايم الله لا أطعم طعاما ولا أشرب شرابا، حتى أذكر ما قلت لرسول الله صلى الله عليه وسلم. ونحن كنا نؤذى ونخاف. وسأذكر ذلك للنبي صلى الله عليه وسلم وأسأله، والله لا أكذب ولا أزيغ، ولا أزيد عليه" (al-Bukhârî, 3990).

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Conclusion :

Il y a bien, et ce depuis fort longtemps, des ulémas qui ont émis comme avis que le musulman peut tout à fait vivre dans un pays non-musulman, à condition qu'il n'y soit pas persécuté et qu'il puisse y vivre les règles de l'islam : des juristes ont nommé ce genre de pays non-musulman : "Dâr ul-'ahd", ou encore, de façon plus précise : "Dâr ul-amn".

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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