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Parlant de Walâ' et de Tawâlî (forme augmentée VI), al-Asfahânî écrit :
"الوَلَاءُ والتَّوَالِي: أن يَحْصُلَ شيئان فصاعدا حصولا ليس بينهما ما ليس منهما.
ويستعار ذلك للقرب من حيث المكان، ومن حيث النّسبة، ومن حيث الدّين، ومن حيث الصّداقة والنّصرة والاعتقاد.
والوَلَايَةُ: النُّصْرةُ، والوِلَايَةُ: تَوَلِّي الأمرِ؛
وقيل: الوِلَايَةُ والوَلَايَةُ نحو: الدِّلَالة والدَّلَالة، وحقيقته: تَوَلِّي الأمرِ"
"Le Walâ' et le Tawâlî consiste à ce que deux choses – ou plus – soient de telle sorte qu'il n'y ait pas entre elles ce qui ne relève pas d'elles.
Ce (terme) est (ensuite) emprunté pour (désigner) le fait d'être proches par rapport au lieu, par rapport au lien (nisba), par rapport à la religion, et par rapport à l'amitié, l'aide et la croyance.
La Walâya c'est l'aide.
[Par contre] la Wilâya c'est le fait de prendre en main l'affaire (de quelqu'un).
Un autre avis : la Walâya et la Wilâya constituent (la même chose), comme (c'est le cas pour) la Dalâla et la Dilâla ; et la réalité de (cette chose) est : prendre en main l'affaire (de quelqu'un) ("tawalli-l-amr")."
-
Parlant des adjectifs "Walî" (ou "Waliy") et "Mawlâ", al-Asfahânî écrit, juste après ce qui vient d'être relaté de lui :
"والوَلِيُّ والمَوْلَى يستعملان في ذلك. كلُّ واحدٍ منهما يقال في معنى الفاعل، أي: المُوَالِي؛ وفي معنى المفعول، أي: المُوَالَى"
""Walî" et "Mawlâ" sont employés pour cela.
Chacun de ces deux (termes) est employé pour désigner :
– le participe actif (al-fâ'ïl), c'est-à-dire : "Muwâlî" [= celui qui se veut proche / qui prend en main l'affaire],
– et le participe passif (al-maf'ûl), c'est-à-dire : "Muwâlâ" [= celui qui est considéré proche / dont l'affaire est prise en main]."
Beaucoup plus loin, al-Asfahânî écrit : "Toute personne qui est en charge de l'affaire d'une autre, est Walî de celle-ci" ("وكلّ مَن وَلِيَ أمْرَ الآخر، فهو وَلِيُّه") ; c'est-à-dire : Muwâlî. (D'où l'appellation "Waliy ul-mar'a", pour désigner : "celui qui dispose de la wilâya concernant le mariage de la femme".)
-
Voici deux versets où apparaissent ces deux sens contraires que "Walî" peut avoir :
– Dieu "n'a pas de Walî pour cause de faiblesse" : "وَلَمْ يَكُن لَّهُ وَلِيٌّ مِّنَ الذُّلَّ" (Coran 17/111) : ici il a été dit que Dieu n'a pas de Walî, mais c'est au premier sens, c'est-à-dire qu'Il n'a pas de Muwâlî (c'est ce que mettent en exergue les termes "pour cause de faiblesse").
– Par contre Dieu a bien des Walî : "أَلا إِنَّ أَوْلِيَاء اللّهِ لاَ خَوْفٌ عَلَيْهِمْ وَلاَ هُمْ يَحْزَنُونَ" (Coran 10/62) ; mais dans le second sens, c'est-à-dire qu'Il a des Muwâlâ.
-
Un peu plus loin al-Asfahânî écrit :
"وقد يقال: اللهُ تعالى وَلِيُّ المؤمنين ومَوْلَاهُمْ"
"– Il est dit : "Dieu est le Walî des croyants",
– (et il est dit aussi qu'Il est) le Mawlâ des (croyants)."
Al-Asfahanî cite des exemples de cet emploi, parmi lesquels :
– "Dieu est le Walî de ceux qui ont apporté foi" (Coran 2/257) ; "Et Dieu est le Walî des Croyants" (Coran 3/68) ;
– "Ceci parce que Dieu est le Mawlâ de ceux qui ont foi" : "ذَلِكَ بِأَنَّ اللَّهَ مَوْلَى الَّذِينَ آمَنُوا وَأَنَّ الْكَافِرِينَ لَا مَوْلَى لَهُمْ" (Coran 47/11).
Ces deux qualificatifs, Walî et Mawlâ, ont ici le sens du participe actif, et ont été employés pour dire : "Muwâlî". Dieu est Walî ou Mawlâ des Croyants, cela veut dire qu'Il est le Muwâlî des Croyants, autrement dit : Il s'occupe des Croyants.
Par contre, souligne al-Asfahânî :
"يقال للمؤمن: هو وَلِيُّ اللهِ عزّ وجلّ؛ ولم يَرِد مَوْلَاهُ"
"– Il est dit du Croyant : "Il est le Walî de Dieu".
– Il n'a (cependant) pas été dit (dans le Coran ni la Sunna) (que le Croyant est) le Mawlâ de (Dieu)".
Un exemple de cet emploi dans le Coran :
– "Dis : "O ceux qui se sont judaïsés, si vous prétendez que vous êtes, à l'exclusion des (autres) humains, les Walî de Dieu, alors…" : "قُلْ يَا أَيُّهَا الَّذِينَ هَادُوا إِن زَعَمْتُمْ أَنَّكُمْ أَوْلِيَاء لِلَّهِ مِن دُونِ النَّاسِ فَتَمَنَّوُا الْمَوْتَ إِن كُنتُمْ صَادِقِينَ" (Coran 62/6) : c'est-à-dire : "si vous prétendez que ce sont seulement vous qui êtes les Muwâlâ de Dieu".
Un exemple de cet emploi dans la Sunna : "Dieu dit : "Celui qui se prend d'inimitié pour un Walî à Moi, Je lui déclare la guerre" (al-Bukhârî). Ceci signifie donc : "Celui qui se prend d'inimitié pour un homme qui est Mon Muwâlâ…".
Par cette mise en opposition, al-Asfahanî veut dire dans ce passage que pour désigner quelqu'un comme étant "Muwâlâ" de Dieu, le terme "Walî" s'emploie, mais pas le terme "Mawlâ" (malgré le fait que littéralement "Mawlâ" peut lui aussi vouloir dire : "Muwâlâ", comme al-Asfahânî l'avait écrit plus haut).
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On voit que Walî signifie :
--- d'une part : "celui qui est proche en terme d'affection : soit il a de l'affection pour nous / soit il bénéficie de notre affection" ;
--- mais aussi, d'autre part : "celui qui a pris en charge nos affaires / dont nous avons pris en charge les affaires" ; "qui s'occupe de nous / dont nous nous occupons" (conformément à ce que al-Asfahânî a ainsi exposé : "الوِلَايَةُ: تَوَلِّي الأمرِ") ; cela en étant proche de lui (al-qurb), puisque, comme l'a dit al-Asfahânî, c'est le sens de base du terme.
-
A propos maintenant de Tawallî (forme augmentée V), al-Asfahânî écrit :
– Lorsque ce terme Tawallî est utilisé de façon transitive directement, c'est-à-dire sans particule :
"وقولهم تَوَلَّى إذا عدّي بنفسه، اقتضى معنى الوِلَايَةِ، وحصوله في أقرب المواضع منه. يقال: "وَلَّيْتُ سمعي كذا"، و"وَلَّيْتُ عيني كذا"، و"وَلَّيْتُ وجهي كذا": أقبلت به عليه، قال الله عزّ وجلّ: {فَلَنُوَلِّيَنَّكَ قِبْلَةً تَرْضاها"
"Lorsqu'il est utilisé de façon transitive directement [= sans particule], il implique le sens de Wilâya et que cela se réalise au plus proche des endroits de lui. On dit ainsi : "Wallaytu sam'î kadhâ" ; "Wallaytu 'aynî kadhâ" ; "Wallaytu waj'hî kadhâ"."
--- Ce sens est présent dans ce verset : "وَمَنْ يَتَوَلَّهُمْ مِنْكُمْ فَإِنَّهُ مِنْهُمْه" : "Et celui d'entre vous qui fait leur Tawallî, celui-là fait partie d'eux" (Coran 5/51) ; il est question, ici, de se faire leur Muwâlî/ leur Muwâlâ.
Et dans ces deux versets aussi, où, après avoir exposé qui sont les Walî (= Muwâlî) véritable des Croyants, Dieu fait les éloges de celui qui fait Tawallî avec ces Walî véritables (qui les prend comme ses Muwâlî et se fait donc leur Muwâlâ) : "إِنَّمَا وَلِيُّكُمُ اللّهُ وَرَسُولُهُ وَالَّذِينَ آمَنُواْ الَّذِينَ يُقِيمُونَ الصَّلاَةَ وَيُؤْتُونَ الزَّكَاةَ وَهُمْ رَاكِعُونَ وَمَن يَتَوَلَّ اللّهَ وَرَسُولَهُ وَالَّذِينَ آمَنُواْ فَإِنَّ حِزْبَ اللّهِ هُمُ الْغَالِبُونَ" (Coran 5/55-56).
-
--- Un sens voisin est visible ici : "Nous le confierons à ce qu'il a pris en main" : "وَمَن يُشَاقِقِ الرَّسُولَ مِن بَعْدِ مَا تَبَيَّنَ لَهُ الْهُدَى وَيَتَّبِعْ غَيْرَ سَبِيلِ الْمُؤْمِنِينَ نُوَلِّهِ مَا تَوَلَّى وَنُصْلِهِ جَهَنَّمَ وَسَاءتْ مَصِيرًا" (Coran 4/115) : "أي: نكله في الآخرة إلى ما تولى في الدنيا" (Tafsîr ul-Baghawî). Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu soit satisfait de lui) a employé la même formule pour ce que 'Ammâr ibn Yâssir (que Dieu soit satisfait d'eux) lui a un jour relaté : "عن عبد الرحمن بن أبزى، أن رجلا أتى عمر، فقال: "إني أجنبت فلم أجد ماء"، فقال: "لا تصل". فقال عمار: "أما تذكر يا أمير المؤمنين، إذ أنا وأنت في سرية فأجنبنا فلم نجد ماء، فأما أنت فلم تصل، وأما أنا فتمعكت في التراب وصليت، فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "إنما كان يكفيك أن تضرب بيديك الأرض، ثم تنفخ، ثم تمسح بهما وجهك، وكفيك"؟" فقال عمر: "اتق الله يا عمار"، قال: "إن شئت لم أحدث به". قال الحكم: وحدثنيه ابن عبد الرحمن بن أبزى، عن أبيه، مثل حديث ذر قال: وحدثني سلمة، عن ذر في هذا الإسناد الذي ذكر الحكم، فقال عمر: "نولّيك ما تولّيت" (Muslim, 368/112).
--- Quant au verset suivant, (selon un des commentaires) il utilise ce terme avec un sens voisin : "être en responsabilité", au sens de : "détenir l'autorité" : "فَهَلْ عَسَيْتُمْ إِن تَوَلَّيْتُمْ أَن تُفْسِدُوا فِي الْأَرْضِ وَتُقَطِّعُوا أَرْحَامَكُمْ" (Coran 47/22). "والثاني أنه من الوِلاية لأُمور الناس؛ قاله القرظي. فعلى هذا يكون معنى {أن تُفْسِدوا في الأرض}: بالجَوْر والظُّلم" (Zâd ul-massîr).
Et c'est avec ce sens que le terme figure à la forme II, Tawliya - pour : "confier l'autorité à" - que l'on retrouve dans la Sunna : "عن أبي موسى، قال: دخلت على النبي صلى الله عليه وسلم أنا ورجلان من بني عمي، فقال أحد الرجلين: "يا رسول الله، أمرنا على بعض ما ولّاك الله عز وجل"، وقال الآخر مثل ذلك. فقال: "إنا والله لا نُوَلِّيْ على هذا العمل أحدا سأله، ولا أحدا حرص عليه" (Muslim, 1733), "إنا لا نُوَلِّيْ هذا من سأله، ولا من حرص عليه" (al-Bukhârî, 6730) ; "اللهم، من وُلِّيَ من أمر أمتي شيئا فشق عليهم، فاشقق عليه. ومن وُلِّيَ من أمر أمتي شيئا فرفق بهم، فارفق به" (Muslim, 1828).
Le terme "Amr" signifie ici : "Affaire" : le détenteur de l'autorité est "celui qui gère les affaires de ceux sur qui il a autorité : yatawallâ amra-hum".
-
– Et lorsque le terme Tawallî est utilisé avec la particule 'An :
"وإذا عدّي بـ"عن" لفظا أو تقديرا، اقتضى معنى الإعراض وترك قربه"
"Et lorsqu'il est utilisé avec (la particule) "'an" - que celle-ci soit exprimée dans le texte ou sous-entendue -, (le terme Tawallî) implique le sens de se détourner et de délaisser la proximité de (cette chose)."
Exemple : "Et si (eux) ils font Tawallî, alors sachez que Dieu est votre Mawlâ" : "وَإِن تَوَلَّوْاْ فَاعْلَمُواْ أَنَّ اللّهَ مَوْلاَكُمْ نِعْمَ الْمَوْلَى وَنِعْمَ النَّصِيرُ" (Coran 8/40).
"والتَّوَلِّي قد يكون بالجسم، وقد يكون بترك الإصغاء والائتمار" : Le Tawallî dans ce second sens, précise al-Asfahânî, "se fait parfois par le corps, et se fait parfois par le fait de délaisser l'écoute et l'obéissance".
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
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A lire après cet article :
Les termes "Walî" / "Wilâya" / "Tawallî" / "Muwâlât" et leurs différentes utilisations dans le Coran
Le sens littéral de "Wilâya" / "Walâ'" / "Walî" / "Tawallî" / "Muwâlâh", exposé par al-Asfahânî
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Parlant de Walâ' et de Tawâlî (forme augmentée VI), al-Asfahânî écrit :
"الوَلَاءُ والتَّوَالِي: أن يَحْصُلَ شيئان فصاعدا حصولا ليس بينهما ما ليس منهما.
ويستعار ذلك للقرب من حيث المكان، ومن حيث النّسبة، ومن حيث الدّين، ومن حيث الصّداقة والنّصرة والاعتقاد.
والوَلَايَةُ: النُّصْرةُ، والوِلَايَةُ: تَوَلِّي الأمرِ؛
وقيل: الوِلَايَةُ والوَلَايَةُ نحو: الدِّلَالة والدَّلَالة، وحقيقته: تَوَلِّي الأمرِ"
"Le Walâ' et le Tawâlî consiste à ce que deux choses – ou plus – soient de telle sorte qu'il n'y ait pas entre elles ce qui ne relève pas d'elles.
Ce (terme) est (ensuite) emprunté pour (désigner) le fait d'être proches par rapport au lieu, par rapport au lien (nisba), par rapport à la religion, et par rapport à l'amitié, l'aide et la croyance.
La Walâya c'est l'aide.
[Par contre] la Wilâya c'est le fait de prendre en main l'affaire (de quelqu'un).
Un autre avis : la Walâya et la Wilâya constituent (la même chose), comme (c'est le cas pour) la Dalâla et la Dilâla ; et la réalité de (cette chose) est : prendre en main l'affaire (de quelqu'un) ("tawalli-l-amr")."
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Parlant des adjectifs "Walî" (ou "Waliy") et "Mawlâ", al-Asfahânî écrit, juste après ce qui vient d'être relaté de lui :
"والوَلِيُّ والمَوْلَى يستعملان في ذلك. كلُّ واحدٍ منهما يقال في معنى الفاعل، أي: المُوَالِي؛ وفي معنى المفعول، أي: المُوَالَى"
""Walî" et "Mawlâ" sont employés pour cela.
Chacun de ces deux (termes) est employé pour désigner :
– le participe actif (al-fâ'ïl), c'est-à-dire : "Muwâlî" [= celui qui se veut proche / qui prend en main l'affaire],
– et le participe passif (al-maf'ûl), c'est-à-dire : "Muwâlâ" [= celui qui est considéré proche / dont l'affaire est prise en main]."
Beaucoup plus loin, al-Asfahânî écrit : "Toute personne qui est en charge de l'affaire d'une autre, est Walî de celle-ci" ("وكلّ مَن وَلِيَ أمْرَ الآخر، فهو وَلِيُّه") ; c'est-à-dire : Muwâlî. (D'où l'appellation "Waliy ul-mar'a", pour désigner : "celui qui dispose de la wilâya concernant le mariage de la femme".)
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Voici deux versets où apparaissent ces deux sens contraires que "Walî" peut avoir :
– Dieu "n'a pas de Walî pour cause de faiblesse" : "وَلَمْ يَكُن لَّهُ وَلِيٌّ مِّنَ الذُّلَّ" (Coran 17/111) : ici il a été dit que Dieu n'a pas de Walî, mais c'est au premier sens, c'est-à-dire qu'Il n'a pas de Muwâlî (c'est ce que mettent en exergue les termes "pour cause de faiblesse").
– Par contre Dieu a bien des Walî : "أَلا إِنَّ أَوْلِيَاء اللّهِ لاَ خَوْفٌ عَلَيْهِمْ وَلاَ هُمْ يَحْزَنُونَ" (Coran 10/62) ; mais dans le second sens, c'est-à-dire qu'Il a des Muwâlâ.
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Un peu plus loin al-Asfahânî écrit :
"وقد يقال: اللهُ تعالى وَلِيُّ المؤمنين ومَوْلَاهُمْ"
"– Il est dit : "Dieu est le Walî des croyants",
– (et il est dit aussi qu'Il est) le Mawlâ des (croyants)."
Al-Asfahanî cite des exemples de cet emploi, parmi lesquels :
– "Dieu est le Walî de ceux qui ont apporté foi" (Coran 2/257) ; "Et Dieu est le Walî des Croyants" (Coran 3/68) ;
– "Ceci parce que Dieu est le Mawlâ de ceux qui ont foi" : "ذَلِكَ بِأَنَّ اللَّهَ مَوْلَى الَّذِينَ آمَنُوا وَأَنَّ الْكَافِرِينَ لَا مَوْلَى لَهُمْ" (Coran 47/11).
Ces deux qualificatifs, Walî et Mawlâ, ont ici le sens du participe actif, et ont été employés pour dire : "Muwâlî". Dieu est Walî ou Mawlâ des Croyants, cela veut dire qu'Il est le Muwâlî des Croyants, autrement dit : Il s'occupe des Croyants.
Par contre, souligne al-Asfahânî :
"يقال للمؤمن: هو وَلِيُّ اللهِ عزّ وجلّ؛ ولم يَرِد مَوْلَاهُ"
"– Il est dit du Croyant : "Il est le Walî de Dieu".
– Il n'a (cependant) pas été dit (dans le Coran ni la Sunna) (que le Croyant est) le Mawlâ de (Dieu)".
Un exemple de cet emploi dans le Coran :
– "Dis : "O ceux qui se sont judaïsés, si vous prétendez que vous êtes, à l'exclusion des (autres) humains, les Walî de Dieu, alors…" : "قُلْ يَا أَيُّهَا الَّذِينَ هَادُوا إِن زَعَمْتُمْ أَنَّكُمْ أَوْلِيَاء لِلَّهِ مِن دُونِ النَّاسِ فَتَمَنَّوُا الْمَوْتَ إِن كُنتُمْ صَادِقِينَ" (Coran 62/6) : c'est-à-dire : "si vous prétendez que ce sont seulement vous qui êtes les Muwâlâ de Dieu".
Un exemple de cet emploi dans la Sunna : "Dieu dit : "Celui qui se prend d'inimitié pour un Walî à Moi, Je lui déclare la guerre" (al-Bukhârî). Ceci signifie donc : "Celui qui se prend d'inimitié pour un homme qui est Mon Muwâlâ…".
Par cette mise en opposition, al-Asfahanî veut dire dans ce passage que pour désigner quelqu'un comme étant "Muwâlâ" de Dieu, le terme "Walî" s'emploie, mais pas le terme "Mawlâ" (malgré le fait que littéralement "Mawlâ" peut lui aussi vouloir dire : "Muwâlâ", comme al-Asfahânî l'avait écrit plus haut).
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On voit que Walî signifie :
--- d'une part : "celui qui est proche en terme d'affection : soit il a de l'affection pour nous / soit il bénéficie de notre affection" ;
--- mais aussi, d'autre part : "celui qui a pris en charge nos affaires / dont nous avons pris en charge les affaires" ; "qui s'occupe de nous / dont nous nous occupons" (conformément à ce que al-Asfahânî a ainsi exposé : "الوِلَايَةُ: تَوَلِّي الأمرِ") ; cela en étant proche de lui (al-qurb), puisque, comme l'a dit al-Asfahânî, c'est le sens de base du terme.
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A propos maintenant de Tawallî (forme augmentée V), al-Asfahânî écrit :
– Lorsque ce terme Tawallî est utilisé de façon transitive directement, c'est-à-dire sans particule :
"وقولهم تَوَلَّى إذا عدّي بنفسه، اقتضى معنى الوِلَايَةِ، وحصوله في أقرب المواضع منه. يقال: "وَلَّيْتُ سمعي كذا"، و"وَلَّيْتُ عيني كذا"، و"وَلَّيْتُ وجهي كذا": أقبلت به عليه، قال الله عزّ وجلّ: {فَلَنُوَلِّيَنَّكَ قِبْلَةً تَرْضاها"
"Lorsqu'il est utilisé de façon transitive directement [= sans particule], il implique le sens de Wilâya et que cela se réalise au plus proche des endroits de lui. On dit ainsi : "Wallaytu sam'î kadhâ" ; "Wallaytu 'aynî kadhâ" ; "Wallaytu waj'hî kadhâ"."
--- Ce sens est présent dans ce verset : "وَمَنْ يَتَوَلَّهُمْ مِنْكُمْ فَإِنَّهُ مِنْهُمْه" : "Et celui d'entre vous qui fait leur Tawallî, celui-là fait partie d'eux" (Coran 5/51) ; il est question, ici, de se faire leur Muwâlî/ leur Muwâlâ.
Et dans ces deux versets aussi, où, après avoir exposé qui sont les Walî (= Muwâlî) véritable des Croyants, Dieu fait les éloges de celui qui fait Tawallî avec ces Walî véritables (qui les prend comme ses Muwâlî et se fait donc leur Muwâlâ) : "إِنَّمَا وَلِيُّكُمُ اللّهُ وَرَسُولُهُ وَالَّذِينَ آمَنُواْ الَّذِينَ يُقِيمُونَ الصَّلاَةَ وَيُؤْتُونَ الزَّكَاةَ وَهُمْ رَاكِعُونَ وَمَن يَتَوَلَّ اللّهَ وَرَسُولَهُ وَالَّذِينَ آمَنُواْ فَإِنَّ حِزْبَ اللّهِ هُمُ الْغَالِبُونَ" (Coran 5/55-56).
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--- Un sens voisin est visible ici : "Nous le confierons à ce qu'il a pris en main" : "وَمَن يُشَاقِقِ الرَّسُولَ مِن بَعْدِ مَا تَبَيَّنَ لَهُ الْهُدَى وَيَتَّبِعْ غَيْرَ سَبِيلِ الْمُؤْمِنِينَ نُوَلِّهِ مَا تَوَلَّى وَنُصْلِهِ جَهَنَّمَ وَسَاءتْ مَصِيرًا" (Coran 4/115) : "أي: نكله في الآخرة إلى ما تولى في الدنيا" (Tafsîr ul-Baghawî). Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu soit satisfait de lui) a employé la même formule pour ce que 'Ammâr ibn Yâssir (que Dieu soit satisfait d'eux) lui a un jour relaté : "عن عبد الرحمن بن أبزى، أن رجلا أتى عمر، فقال: "إني أجنبت فلم أجد ماء"، فقال: "لا تصل". فقال عمار: "أما تذكر يا أمير المؤمنين، إذ أنا وأنت في سرية فأجنبنا فلم نجد ماء، فأما أنت فلم تصل، وأما أنا فتمعكت في التراب وصليت، فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "إنما كان يكفيك أن تضرب بيديك الأرض، ثم تنفخ، ثم تمسح بهما وجهك، وكفيك"؟" فقال عمر: "اتق الله يا عمار"، قال: "إن شئت لم أحدث به". قال الحكم: وحدثنيه ابن عبد الرحمن بن أبزى، عن أبيه، مثل حديث ذر قال: وحدثني سلمة، عن ذر في هذا الإسناد الذي ذكر الحكم، فقال عمر: "نولّيك ما تولّيت" (Muslim, 368/112).
--- Quant au verset suivant, (selon un des commentaires) il utilise ce terme avec un sens voisin : "être en responsabilité", au sens de : "détenir l'autorité" : "فَهَلْ عَسَيْتُمْ إِن تَوَلَّيْتُمْ أَن تُفْسِدُوا فِي الْأَرْضِ وَتُقَطِّعُوا أَرْحَامَكُمْ" (Coran 47/22). "والثاني أنه من الوِلاية لأُمور الناس؛ قاله القرظي. فعلى هذا يكون معنى {أن تُفْسِدوا في الأرض}: بالجَوْر والظُّلم" (Zâd ul-massîr).
Et c'est avec ce sens que le terme figure à la forme II, Tawliya - pour : "confier l'autorité à" - que l'on retrouve dans la Sunna : "عن أبي موسى، قال: دخلت على النبي صلى الله عليه وسلم أنا ورجلان من بني عمي، فقال أحد الرجلين: "يا رسول الله، أمرنا على بعض ما ولّاك الله عز وجل"، وقال الآخر مثل ذلك. فقال: "إنا والله لا نُوَلِّيْ على هذا العمل أحدا سأله، ولا أحدا حرص عليه" (Muslim, 1733), "إنا لا نُوَلِّيْ هذا من سأله، ولا من حرص عليه" (al-Bukhârî, 6730) ; "اللهم، من وُلِّيَ من أمر أمتي شيئا فشق عليهم، فاشقق عليه. ومن وُلِّيَ من أمر أمتي شيئا فرفق بهم، فارفق به" (Muslim, 1828).
Le terme "Amr" signifie ici : "Affaire" : le détenteur de l'autorité est "celui qui gère les affaires de ceux sur qui il a autorité : yatawallâ amra-hum".
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– Et lorsque le terme Tawallî est utilisé avec la particule 'An :
"وإذا عدّي بـ"عن" لفظا أو تقديرا، اقتضى معنى الإعراض وترك قربه"
"Et lorsqu'il est utilisé avec (la particule) "'an" - que celle-ci soit exprimée dans le texte ou sous-entendue -, (le terme Tawallî) implique le sens de se détourner et de délaisser la proximité de (cette chose)."
Exemple : "Et si (eux) ils font Tawallî, alors sachez que Dieu est votre Mawlâ" : "وَإِن تَوَلَّوْاْ فَاعْلَمُواْ أَنَّ اللّهَ مَوْلاَكُمْ نِعْمَ الْمَوْلَى وَنِعْمَ النَّصِيرُ" (Coran 8/40).
"والتَّوَلِّي قد يكون بالجسم، وقد يكون بترك الإصغاء والائتمار" : Le Tawallî dans ce second sens, précise al-Asfahânî, "se fait parfois par le corps, et se fait parfois par le fait de délaisser l'écoute et l'obéissance".
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
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A lire après cet article :
Les termes "Walî" / "Wilâya" / "Tawallî" / "Muwâlât" et leurs différentes utilisations dans le Coran