Il y aura un temps oui qui viendra – Où à manger plus rien il n'y aura – Alors le faux Messie sortira – De nourriture il disposera – Tu craqueras ou résisteras ? – Le sens spirituel développe en toi

Cela fait 30 jours que le dernier mois de ramadan (1432) s'est terminé. A l'île de la Réunion, où ce mois béni vient actuellement en période d'hiver austral, le jeûne durait environ 12 heures. 12 heures sans manger ni boire pendant 29 ou 30 jours, cela peut paraître éprouvant. Et si au début du mois les choses sont par la permission de Dieu aisées, la fatigue se fait sentir au fur et à mesure de l'avancée du mois.

L'homme a besoin de manger, et ce besoin physiologique s'exprime par une forte et naturelle attirance vers les nourritures saines. Celles-ci font le plaisir des papilles en même temps qu'elles satisfont au besoin physiologique (lire un autre article). Le croyant consent donc au sacrifice que représente le jeûne avec contentement non pas des sens (tab') mais de la raison ('aql), car il sait faire cela pour Dieu, pour rester fidèle à ce qu'Il agrée (ta'abbudan min bâb il-'ibâdât). En tous cas après l'accumulation de quelques semaines de cette privation relative, la fatigue se fait sentir…

Que dire alors quand, toujours pour rester fidèle à Dieu (ta'abbudan faqat), ce sera non plus seulement pendant un mais plusieurs mois, et non plus seulement pendant 10, 11, 12, 13 ou 14 heures sur 24, mais bien 24 heures sur 24, que le croyant ne devra rien manger ou presque ?

En effet, sous le règne du faux Messie (ad-Dajjâl, le Trompeur), règne qui durera 1 année, 2 mois et 14 jours (c'est la durée totale des 40 jours dont les 3 premiers s'écouleront anormalement lentement), à moins d'apporter foi en lui, on n'aura presque rien à manger.

Et en fait ce sera même avant que débute le règne du Dajjâl qu'il n'y aura presque plus rien à manger. Ce sera donc en tout durant plus que 1 année, 2 mois et 14 jours que les hommes feront face à la famine...

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Avant l'apparition du faux Messie, il y aura une raréfaction exceptionnelle de la nourriture sur toute la Terre :

L'apparition du faux Messie (ad-Dajjâl, le Trompeur) sera précédée d'une sécheresse très sévère et de plus en plus généralisée, qui entraînera une diminution de plus en plus forte de la production agricole mondiale, ainsi que la mort d'une grande partie du bétail. En d'autres termes : la raréfaction de la nourriture sur toute la Terre. Alors le faux Messie sortira, apportant nourriture et boisson, et se présentant comme le Sauveur et Bienfaiteur de l'humanité.

Asmâ' bint Yazîd relate que le Prophète a dit : "Avant lui [= le Dajjâl] il y aura 3 années (particulières) : une année où le ciel retiendra le tiers de sa pluie et la terre le tiers de sa production. La seconde année le ciel retiendra les deux tiers de sa pluie et la terre les deux tiers de sa production. La troisième année le ciel retiendra la totalité de sa pluie et la terre la totalité de sa récolte. Il n'y aura alors aucun animal doté de molaire [= canine*] ni aucun animal doté de sabot qui ne meure." Plus loin on lit que Asmâ' bint Yazîd a demandé : "Messager de Dieu, par Dieu, nous pétrissons notre pâte, et nous n'avons pas fini de la faire cuire que nous éprouvons la faim. (…)" : "عن أسماء بنت يزيد الأنصارية، قالت: كان رسول الله صلى الله عليه وسلم في بيتي فذكر الدجال فقال: "إن بين يديه ثلاث سنين، سنة تمسك السماء ثلث قطرها، والأرض ثلث نباتها، والثانية تمسك السماء ثلثي قطرها، والأرض ثلثي نباتها، والثالثة تمسك السماء قطرها كله، والأرض نباتها كله. فلا يبقى ذات ضرس، ولا ذات ظلف من البهائم، إلا هلكت. وإن أشد فتنة، يأتي الأعرابي فيقول: أرأيت إن أحييت لك إبلك ألست تعلم أني ربك قال: فيقول: بلى فتمثل الشياطين له نحو إبله كأحسن
ما تكون ضروعها، وأعظمه أسنمة قال: ويأتي الرجل قد مات أخوه، ومات أبوه فيقول: أرأيت إن أحييت لك أباك، وأحييت لك أخاك ألست تعلم أني ربك فيقول: بلى فتمثل له الشياطين نحو أبيه، ونحو أخيه". قالت: ثم خرج رسول الله صلى الله عليه وسلم لحاجة له. ثم رجع قالت: والقوم في اهتمام وغم مما حدثهم به قالت: فأخذ بلحمتي الباب وقال: "مهيم أسماء؟" قالت: قلت: يا رسول الله، لقد خلعت أفئدتنا بذكر الدجال قال: "وإن يخرج وأنا حي فأنا حجيجه، وإلا فإن ربي خليفتي على كل مؤمن". قالت أسماء: يا رسول الله، إنا والله لنعجن عجينتنا فما نختبزها حتى نجوع، فكيف بالمؤمنين يومئذ؟ قال: "يجزيهم ما يجزي أهل السماء من التسبيح والتقديس"
(Ahmad 27579) (une version voisine en 27568). (* C'est ce qui ressort du commentaire de 'Alî al-Qârî' in Mirqât.)

Abû Umâma relate que le Prophète a dit : "Avant (l'apparition du) Dajjâl il y aura 3 années difficiles, où une faim terrible touchera les hommes." Suit la même description de ces 3 années que dans la relation de Asmâ' : une sécheresse très sévère de plus en plus généralisée, qui entraînera une diminution de plus en plus forte de la production agricole mondiale, et la mort d'une grande partie du bétail. Dans cette relation on lit cette nuance : "Il n'y aura alors aucun animal doté de sabot qui ne meure, sauf ce que Dieu aura voulu" (Ibn Mâja 4077).

Aïcha dit : "Le Messager de Dieu – que Dieu le bénisse et le salue – a évoqué une (grande) difficulté (jahd) qui se produira juste avant Dajjâl." Des Compagnons ont alors demandé : "Quel bien matériel sera-t-il mieux (de posséder) à ce moment là ?" Il répondit : "Un serviteur fort qui puisse donner à boire à ses gens [en puisant l'eau du puits]. Quant à la nourriture, il n'y en aura plus" : "عن عائشة، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم ذكر جهدا يكون بين يدي الدجال. فقالوا: أي المال خير يومئذ؟ قال: "غلام شديد يسقي أهله الماء، وأما الطعام فليس". قالوا: فما طعام المؤمنين يومئذ؟ قال: "التسبيح والتكبير والتحميد والتهليل". قالت عائشة: فأين العرب يومئذ؟ قال: "العرب يومئذ قليل" (Ahmad 24470).

(Même si l'authenticité de la chaîne de transmission de certains de ces hadîths, considérés isolément, a été discutée par certains spécialistes, leur contenu est globalement fiable d'après  Ibn Kathîr : An-Nihâya fi-l-Fitan wa-l-Malâhim, pp. 92-93.)

Le dernier hadîth, relaté par Aïcha, montre que l'eau, s'étant raréfiée, ne sera plus disponible que dans les profondeurs de la terre, dans des puits par exemple. On souffrira alors donc d'une pénurie mondiale d'eau également.

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Alors le faux Messie apparaîtra, disposant avec lui d'aliments et d'eau en abondance :

Le faux Messie apparaîtra après ces 3 années de terrible sécheresse, et possédera nourriture et boisson en abondance, qu'il offrira soit à qui voudra bien être des siens soit à tous ceux qui le veulent...

Jâbir ibn 'Abdillâh relate que le Prophète a dit : "Dajjâl apparaîtra dans une situation où le dîn (des musulmans) sera faible et où la science (religieuse de l'islam) aura tourné le dos [= sera devenue absente de beaucoup de musulmans]. (…) Avec (Dajjâl) il y aura des montagnes de pain. Et les hommes seront dans une (énorme) difficulté, sauf qui le suivra" : ""عن جابر بن عبد الله، أنه قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "يخرج الدجال في خفقة من الدين، وإدبار من العلم. فله أربعون ليلة يسيحها في الأرض، اليوم منها كالسنة، واليوم منها كالشهر، واليوم منها كالجمعة، ثم سائر أيامه كأيامكم هذه. وله حمار يركبه عرض ما بين أذنيه أربعون ذراعا، فيقول للناس: أنا ربكم وهو أعور، وإن ربكم ليس بأعور، مكتوب بين عينيه كافر - ك ف ر مهجاة - يقرؤه كل مؤمن كاتب، وغير كاتب. يرد كل ماء ومنهل إلا المدينة ومكة، حرمهما الله عليه، وقامت الملائكة بأبوابها. ومعه جبال من خبز، والناس في جهد إلا من تبعه. ومعه نهران أنا أعلم بهما منه، نهر يقول الجنة، ونهر يقول النار، فمن أدخل الذي يسميه الجنة، فهو النار، ومن أدخل الذي يسميه النار، فهو الجنة.". قال: ".ويبعث الله معه شياطين تكلم الناس. ومعه فتنة عظيمة، يأمر السماء فتمطر فيما يرى الناس، ويقتل نفسا ثم يحييها فيما يرى الناس، لا يسلط على غيرها من الناس، ويقول: أيها الناس هل يفعل مثل هذا إلا الرب." قال: "فيفر المسلمون إلى جبل الدخان بالشام فيأتيهم، فيحاصرهم، فيشتد حصارهم ويجهدهم جهدا شديدا. ثم ينزل عيسى ابن مريم فينادي من السحر، فيقول: "يا أيها الناس، ما يمنعكم أن تخرجوا إلى الكذاب الخبيث؟" فيقولون: "هذا رجل جني." فينطلقون فإذا هم بعيسى ابن مريم، فتقام الصلاة، فيقال له: "تقدم يا روح الله"، فيقول: "ليتقدم إمامكم فليصل بكم." فإذا صلى صلاة الصبح خرجوا إليه." قال: "فحين يرى الكذاب ينماث كما ينماث الملح في الماء، فيمشي إليه، فيقتله حتى إن الشجرة والحجر ينادي: يا روح الله، هذا يهودي، فلا يترك ممن كان يتبعه أحدا إلا قتله" (Ahmad, 14954).

Un autre Compagnon du Prophète relate que celui-ci a dit dans un discours (khutba) : "(…) Et il y aura avec lui des montagnes de pain et des rivières d'eau. (...)" : "عن مجاهد، قال: كان جنادة بن أبي أمية أميرا علينا في البحر ست سنين، فخطبنا ذات يوم، فقال: دخلنا على رجل من أصحاب النبي صلى الله عليه وسلم وقلنا له: حدثنا بما سمعت من رسول الله صلى الله عليه وسلم، ولا تحدثنا بما سمعت من الناس قالوا: قال: فشددوا عليه فقال: قام فينا رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال: "أنذركم المسيح الدجال، أنذركم المسيح الدجال. وهو رجل ممسوح العين، قال ابن عون: أظنه قال: اليسرى. يمكث في الأرض أربعين صباحا، معه جبال خبز وأنهار ماء. يبلغ سلطانه كل منهل، لا يأتي أربعة مساجد " فذكر المسجد الحرام، والمسجد الأقصى، والطور، والمدينة " غير أن ما كان من ذلك، فاعلموا أن الله ليس بأعور، ليس الله بأعور، ليس الله بأعور " قال ابن عون: وأظن في حديثه: " يسلط على رجل من البشر فيقتله ثم يحييه، ولا يسلط على غيره" (Ahmad 23683 ; voir aussi 23684, 23685 ; Fat'h ul-bârî 13/116).

Al-Mughîra ibn Chu'ba relatait à son tour devant le Prophète : "On dit qu'il y aura avec lui une montagne de pain et une rivière d'eau." Le Prophète ne le contredit pas (al-Bukhârî 6705, Muslim 2939). Dans une version, il y a : "qu'il y aura avec lui des montagnes de pain et de viande, et une rivière d'eau" (Muslim 2939). Dans d'autres versions encore : "qu'il y aura avec lui la nourriture et la boisson" (citées dans Fat'h ul-bârî 7/116). Par ailleurs Ibn Hajar écrit qu'il se peut que par "pain" il s'agisse de ce de quoi le pain est fait, à savoir le blé par exemple (Ibid.).

C'est à cause de cette pénurie alimentaire mondiale que la tentation de suivre Dajjâl sera très grande. Car à moins de suivre Dajjâl, on n'aura rien à manger. Et c'est pour cela qu'on lit dans le hadîth de Jâbir : "Avec (Dajjâl) il y aura des montagnes de pain. Et les hommes seront dans une (énorme) difficulté, sauf qui le suivra" (Ahmad 14954).

Dajjâl n'exercera aucune contrainte (ik'râh) sur les hommes pour qu'ils le suivent. Il se présentera simplement, avec comme message : "Je suis le Sauveur de l'humanité. J'ai avec moi de quoi manger à satiété et de quoi boire. Celui qui veut manger et boire, qu'il se joigne aux nôtres ! J'offre tout gratuitement !"

An-Nawwâs relate que le Prophète (sur lui soit la paix) a dit au sujet du Dajjâl : "Il se rendra auprès de gens, et les invitera (à croire en lui). Ils apporteront foi en lui. Il ordonnera alors au ciel de faire pleuvoir, et à la terre de faire pousser. Leurs bêtes reviendront le soir plus grasses et plus laiteuses que jamais" (Muslim 2937).

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Comment feront donc les croyants (al-mu'minûn) à ce moment-là, eux qui refuseront d'apporter foi en Dajjâl ?

La réponse figure dans les 3 premiers hadîths cités plus haut – celui relaté par Aïcha, celui relaté par Asmâ' bint Yazîd et celui relaté par Abû Umâma – : en guise de nourriture, les croyants devront se contenter alors de certaines paroles d'évocation (dhikr ullâh).

Asmâ' bint Yazîd relate que le Prophète a dit : "Avant lui [= le Dajjâl] il y aura 3 années (particulières) : une année où le ciel retiendra le tiers de sa pluie et la terre le tiers de sa production. La seconde année le ciel retiendra les deux tiers de sa pluie et la terre les deux tiers de sa production. La troisième année le ciel retiendra la totalité de sa pluie et la terre la totalité de sa récolte. Il n'y aura alors aucun animal doté de molaire [= canine] ni un animal doté de sabot qui ne meure." Plus loin on lit que Asmâ' bint Yazîd a demandé : "Messager de Dieu, par Dieu, nous pétrissons notre pâte, et nous n'avons pas (fini de) la faire cuire que nous éprouvons la faim. Qu'en sera-t-il alors des croyants à ce moment là ?" Le Prophète répondit : "Leur suffira ce qui suffit aux gens du ciel : proclamer la Pureté de Dieu (at-tasbîh) et proclamer la Sainteté de Dieu (at-taqdîs)" (Ahmad 27579).

Abû Umâma relate que le Prophète a dit : "Avant (l'apparition du) Dajjâl il y aura 3 années difficiles, où une faim terrible touchera les hommes." Suit la même description de ces 3 années que dans la relation de Asmâ', puis : "Il n'y aura alors aucun animal doté de sabot qui ne meure, sauf ce que Dieu aura voulu." Quelqu'un demanda : "Qu'est-ce qui maintiendra les gens en vie à cette époque là ?" Il répondit : "Dire "Lâ ilâha illallâh", dire "Allâhu akbar", dire "Sub'hânallâh" et dire "Al-hamdu lillâh". Cela sera affecté pour eux à la (fonction de) nourriture" (Ibn Mâja 4077).

Aïcha dit : "Le Messager de Dieu – que Dieu le bénisse et le salue – a évoqué une difficulté (jahd) qui se produira juste avant Dajjâl." Des Compagnons ont alors demandé : "Quel bien matériel sera-t-il mieux (de posséder) à ce moment là ?" Il répondit : "Un serviteur fort qui puisse donner à boire à ses gens [en puisant l'eau du puits]. Quant à la nourriture, il n'y en aura plus." Des Compagnons demandèrent : "Quelle sera donc la nourriture des croyants à ce moment là ?" Il répondit : "(Ce sera) : dire "Sub'hânallâh", dire "Allâhu akbar", dire "Al-hamdu lillâh" et dire "Lâ ilâha illallâh"." Aïcha dit alors : "Où seront donc les Arabes à ce moment là ?" Il répondit : "Les Arabes à ce moment là seront peu nombreux" (Ahmad 24470).
(At-Tîbî commente ces deux dernières phrases ainsi : "Lorsque telle sera la situation des hommes, où seront donc les Arabes qui luttent dans le chemin de Dieu, qui défendent les choses sacrées (harîm) de l'islam et qui repoussent des musulmans l'attaque des ennemis de Dieu ?" ; le Prophète voulut alors dire : "(De telles personnes) seront peu nombreuses à ce moment là, et n'auront donc pas la capacité de faire cela" (fin de citation).
On note que dans un autre hadîth, relaté par Ummu Sharîk, après ces même deux phrases, on lit que le Prophète précisa : "La plupart de (ces Arabes) seront alors à Bayt ul-maqdis [= soit Jérusalem, soit l'esplanade des mosquées, à Jérusalem].")

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Est-ce que des animaux et aussi quelque nourriture matérielle demeureront malgré tout ?

Apparemment oui.

Car le hadîth relaté par an-Nawwâs précise que le Dajjâl passera près de gens, il les invitera (à croire en lui) ; ces gens rejetteront sa parole, et peu après tout ce qu'ils possédaient comme plants séchera (Muslim 2937 : "mumhilîn") ; tous les animaux qu'ils possédaient mourront (Fat'h ul-bârî 13/131). Il y aura donc bien quelques champs et quelque bétail subsistant jusqu'avant le passage du Dajjâl.

C'est d'ailleurs ce à quoi le hadîth relaté par Abû Umâma fait explicitement allusion : "Il n'y aura alors aucun animal doté de sabot qui ne meure, sauf ce que Dieu aura voulu" (Ibn Mâja 4077).

Par ailleurs, lorsque le Mahdî et les siens seront assiégés sur le mont de Jérusalem, certains d'entre eux devront brûler des cordes (ou des lanières de cuir) et les manger pour tromper leur faim (hadîth n° 16 dans At-Tasrîh bi mâ tawâtara fî nuzûl il-massih, pp. 163-164). La dernière nuit, ils prendront la résolution de tenter le tout le lendemain matin ; et on lit que l'un d'eux dira alors : "Celui auprès de qui subsiste un restant de nourriture, qu'il le partage avec son frère" (hadîth n° 36 dans At-Tasrîh, p. 202).

On voit qu'il subsistera malgré tout un peu de nourriture sur Terre.

Est-ce qu'il serait possible que dans des villages reculés, ou dans les montagnes isolées, les animaux et la nourriture seront relativement plus abondantes que dans les villes, où de la nourriture subsistera aussi, mais en bien moindre quantité, et où la famine sera donc plus forte ?

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Comment la situation en sera-t-elle arrivée à pareille sécheresse et pareille famine ?

Il est permis de se demander si la sécheresse prédite dans les hadîths suscités et précédant l'apparition du faux Messie sera provoquée par le dérèglement engendré par la pollution à laquelle aujourd'hui nous contribuons hélas tous à des degrés divers (par notre voiture, nos voyages en avion, notre utilisation de la climatisation, etc.) ? ou si elle sera provoquée sciemment par certains humains (par le biais d'expériences scientifiques) ? dans la seconde hypothèse : des humains n'ayant rien à voir avec Dajjâl et ayant sans le vouloir pavé la voie pour son succès mondial, ou au contraire des agents de Dajjâl agissant pour son compte, afin d'amener le maximum d'hommes à croire en lui ?

Et Dajjâl, comment se fait-il qu'il disposera de tant de ressources alimentaires alors que ce sera depuis 3 ans que la sécheresse sévira partout ou presque ?
Ses agents auront-ils prévu le coup et auront-ils amassé ces ressources depuis quelque temps ? Qui a regardé le documentaire We Feed the World sait comment certaines multinationales sont en train de réaliser une uniformisation des semences à échelle mondiale. Dajjâl héritera-t-il de ce processus de mainmise sur toutes les semences de la planète ? ou y a-t-il autre chose encore ?

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Préparons-nous spirituellement :

Ceux qui seront croyants et pieux seront sauvés grâce à Dieu. C'est bien pourquoi, alors que al-Mughîra ibn Chu'ba s'inquiétait devant le Prophète de l'épreuve que constituera Dajjâl, et que le Prophète le tranquillisait, al-Mughîra dit : "On dit qu'il y aura avec lui une montagne de pain et une rivière d'eau" ; le Prophète lui dit alors : "Il est beaucoup trop vil auprès de Dieu pour cela" (al-Bukhârî 6705, Muslim 2939), c'est-à-dire : "Il est beaucoup trop vil auprès de Dieu pour que Dieu permette que, par ce moyen, il réussisse à détourner ceux qui sont croyants dotés de la certitude complète (mûqinîn) et qui sont pieux" (d'après Fat'h ul-bârî 13/116).

Par contre on peut facilement imaginer quel choix feront ceux des musulmans qui ne seront pas prêts spirituellement quand ils auront naturellement faim et qu'ils compareront le fait de se contenter de "nourritures" spirituelles ("Subhânallâh", "Al-hamdu lillâh", "Allâhu akbar" et "Lâ ilâha illallâh") et le fait de pouvoir se repaître des nourritures physiques et bien plus alléchantes que le faux Messie offrira.

Il y aura alors une double épreuve :
– résister sur le plan physique ;
– mais aussi rester convaincu et certain de la véracité des propos du prophète Muhammad (sur lui soit la paix).
Ces deux aspects de l'épreuve sont liés : la faim physique qui tenaillera les flancs pourrait entraîner le doute (shakk) quant aux propos du Prophète ; et des musulmans de foi faible pourraient se dire : "Le Messie Borgne est un homme très bon et très charitable. Il offre à manger. Partout c'est la famine. Est-on bien certain que le Prophète a dit ces propos, "hadîths", qu'on lui attribue ? Ca reste discutable ! Non, vraiment, je ne pense pas que le Prophète puisse avoir dit qu'il ne faut pas manger. Ceux qu'on appelle "les ulémas" disent vraiment n'importe quoi ! Ils ne comprennent pas la situation réelle."

Il ne faut pas escompter pouvoir attendre la venue du faux Messie pour se préparer spirituellement. Déjà, se relier spirituellement avec Dieu, cela doit se faire pour la nécessité de la chose en soi, et non pas uniquement par réaction à la venue prochaine du faux Messie. Cependant, l'idée de cette venue peut constituer un aiguillon pour que l'on s'y consacre sérieusement.

C'est bien pourquoi le Prophète a dit : "Trois choses, lorsqu'elles apparaîtront, à une âme qui n'avait pas apporté foi auparavant ou n'avait pas acquis de bien dans sa foi, ne sera d'aucune utilité le fait qu'elle apporte foi [ou cherche alors à faire du bien] : le lever du soleil de son couchant ; le Dajjâl ; et la bête de la terre" (Muslim 158). Or la porte du repentir (tawba) ne sera fermée qu'à partir du lever du soleil de l'ouest ; quant à la bête de la terre, elle viendra après ce lever du soleil à l'ouest. Dajjâl apparaîtra, lui, avant cela. En fait si ici la venue du Dajjâl aussi a été comptée parmi ces choses, ce n'est pas parce que le repentir ne serait depuis lors plus accepté (vu que sous Jésus, qui viendra après Dajjâl, le repentir sera toujours possible) ; c'est parce que l'épreuve sera telle qu'il ne sera à ce moment là pas possible, pour celui qui sera jusqu'alors demeuré kâfir, de quitter le kufr akbar pour apporter foi en Dieu et en le message de Muhammad, comme il ne sera à ce moment là pas possible, pour celui qui sera musulman mais sera jusqu'alors resté dans l'insouciance complète, de faire des actions de bien : l'épreuve sera telle qu'elle mettra à nu l'état de chacun.

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Une question, et sa réponse :

– 1) Si un musulman se trouve dans une contrée où il n'existe plus rien de rien à manger, que seuls demeurent par exemple des porcs, et qu'il sait que s'il ne mange pas de la chair de l'un de ces animaux, il mourra de faim :

Il se trouve alors dans une situation dite de idhtirâr :
- d'après quelques ulémas il y a autorisation (jawâz) pour lui d'en manger ;
- d'après la majorité des ulémas il y a obligation (wujûb) pour lui d'en manger (Al-Mughnî 13/101-102 ; Nazariyyat udh-dharûra ash-shar'iyya, p. 285).
Cela est établi et connu (lire notre article sur le sujet).

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– 2) Si un musulman subit la contrainte, par menace de mort, pour prononcer une parole de kufr ou faire une action de kufr :

Il se trouve alors dans une situation dite de ik'râh.
S'il subit la contrainte pour prononcer une parole de kufr akbar, il y a autorisation (jawâz) pour lui à le faire (à condition qu'il n'y apporte pas foi du cœur) (Al-Mughnî 10/118) (lire notre article sur le sujet).
Et s'il subit la contrainte pour accomplir cette fois un acte de kufr (par exemple se prosterner devant une idole), alors il y a aussi l'autorisation (jawâz) pour lui de faire cette action (à condition de ne pas être d'accord en son cœur) (Radd ul-muhtâr 9/185).
- S'il s'agit d'une contrainte par le biais de quelque chose ayant dûment été exercé sur lui, c'est à l'unanimité qu'il y a autorisation de prononcer cette parole de kufr akbar ou de faire cet acte de kufr akbar.
- Et s'il s'agit d'une contrainte par le biais d'une menace sérieuse de mort, alors c'est d'après l'avis pertinent (Al-Mughnî 10/119-120).
Cela aussi est établi et connu.

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– 3) Maintenant un cas différent des deux cas 1 et 2 mais qui recèle quelque chose du 1 et quelque chose du 2 : Si un musulman se trouve dans une contrée où il n'existe plus rien de rien à manger, que seuls des non-musulmans venus d'ailleurs, par exemple des chrétiens trinitariens y disposent de nourriture (je ne fais allusion à aucun événement que j'aurais connu, ce n'est qu'un cas imaginable) ; que ces non-musulmans n'exercent aucune contrainte sur ce musulman (pas de menace de mort ou de menace de coups terribles, rien) ; mais qu'ils lui disent simplement : "Si tu veux manger de la nourriture qui se trouve chez nous, il faut au préalable que tu te prosternes devant la statue de Jésus qui se trouve là-bas, et que tu adresses des invocations à Jésus et à sa mère Marie. Si tu ne veux pas faire cela, eh bien demande à ton Allah de te nourrir"

Y a-t-il autorisation (jawâz) pour le musulman se trouvant dans ce cas 3 de faire cette action de kufr akbar par les gestes seulement (tout en considérant en son cœur que cela est en soi une horreur), voire avec l'intention, en son cœur, de se prosterner alors devant Dieu, intention qui, à cause de la contrainte, est valable malgré la présence d'une idole devant soi, sinon cela ne serait pas valable ; une telle intention est même nécessaire si on y avait pensé : Radd ul-muhtâr 9/185 – ?

Y a-t-il donc autorisation (jawâz) pour le musulman se trouvant dans le cas 3 de faire cette action de kufr akbar par les gestes seulement, vu que, sinon, il n'a rien du tout à manger, alors même que manger et boire constituent les deux besoins temporels – dunyawî – les plus fondamentaux de l'homme, sans lesquels il ne reste pas en vie, et que ce musulman se trouve donc de nouveau dans un cas de idhtirâr ?

J'ai posé cette question à Cheikh Khâlid Saïfullâh. Il m'a répondu : "Oui, cela est autorisé (jâ'ïz) pour le musulman se trouvant dans ce cas de force majeure (idhtirâr), avec la condition que ce ne soit pas avec le contentement du cœur qu'il dise cette parole de kufr akbar, ou fasse cet acte de kufr akbar" (fin de citation).

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Dans ce cas, pourquoi, à l'époque du faux Messie Dajjâl, n'y aura-t-il pas la possibilité (jawâz), à la seule fin de pouvoir manger (vu qu'ailleurs il n'y aura plus à manger), de se joindre à lui et de faire partie "des siens" avec le corps, tout en le reniant de son cœur ?

A cause des deux facteurs suivants, conjugués :

– L'autorisation de faire une action de kufr akbar ou de prononcer une parole de kufr akbar dans une situation d'extrême nécessité, idhtirâr, cela reste conditionné au fait que, au moment même où il fait cette action ou bien où il dit cette parole, le musulman n'approuve pas de son cœur ce qu'elle signifie normalement, et également au fait que le musulman ne se trouve pas dans une situation où il y a un très fort risque que par la suite il se mette à adhérer, de cœur même, à cette religion (cf. pour ce dernier point Al-Mughnî 12/147). Or toute personne qui ira fréquenter Dajjâl "juste de corps" finira par croire en lui de cœur même. Le Prophète l'a dit explicitement dans un autre hadîth : "Celui qui entend parler du Dajjâl, qu'il s'éloigne de lui ! Car par Dieu, l'homme [musulman] se rendra auprès de lui pensant être croyant, puis (finira par) le suivre à cause des doutes qu'il suscitera en lui" (Abû Dâoûd 4319).

– Or, par ailleurs, le Prophète a garanti que miraculeusement (karâmatan) (donc exceptionnellement), à l'époque où le faux Messie sera là, Dieu maintiendra en vie (malgré la faim physique qui continuera de tenailler ses entrailles) le croyant récitant tasbîh, tahmîd, takbîr et tahlîl (nous avons vu les hadîths plus haut). Or la garantie de ce miracle pour tous les croyants est chose exceptionnelle, liée seulement à cette époque là et non pas aux autres époques (où ne rien manger du tout conduit de façon certaine – yaqînan – à la mort par famine).

C'est à cause de ces deux raisons conjuguées que, à l'époque du faux Messie, il ne sera pas autorisé de se joindre à lui "de corps seulement", pour manger, tout en le reniant du cœur, alors même que cela est autorisé pour les autres époques (sous réserve des conditions susmentionnées).

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Mot final :

Il ne faut pas tomber dans la paranoïa (en ne "vivant plus" parce qu'on redoute que Dajjâl survienne bientôt).

Non, il faut rester serein. Dieu nous montre la voie, qui est de dire : "Ne nous atteindra que ce que Dieu a écrit pour nous. Il est notre Maître. Et qu'à Dieu s'en remettent ceux qui (veulent) s'en remettre (à quelque chose)" (Coran 9/51).

Cependant, il faut se développer spirituellement, en épargnant un temps régulier par rapport à ses occupations temporelles, afin de pratiquer les actions spirituelles avec de la profondeur et développer son "sens spirituel" vis-à-vis de Dieu : cliquez ici et ici.
Par rapport à l'au-delà, cela ne sera que bénéfice, que l'on connaisse l'époque du Dajjâl ou pas.
Et si jamais Dajjâl est apparu de notre vivant, cela nous rendra capables par la permission de Dieu de résister à la tentation d'aller manger chez lui, et de nous contenter des nourritures spirituelles.

Il y aura un temps oui qui viendra
Où à manger plus rien il n'y aura
Alors le faux Messie sortira
De nourriture il disposera
Tu craqueras ou résisteras ?
Le sens spirituel développe en toi

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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