Peut-on extraire un Nom Qualificatif (Ism Sifa) de Dieu : à partir d'un Verbe (Fi'l), ou d'un Substantif (Masdar : Sifa), présents dans le Coran ou la Sunna ? (2/2)

Dans la 1ère partie de cet article, nous avions exposé que :

--- "باب الإخبار عن الله بالاسم: أوسع من باب دعائه بذلك الاسم" : "Donner une information au sujet de Dieu par le moyen d'un Qualificatif, cela offre plus de latitude que d'invoquer Dieu par le moyen de ce Qualificatif". Voici la référence de ce principe : "يفرق بين أن يدعى بالأسماء أو يخبر بها عنه. فإذا دعي لم يدع إلا بالأسماء الحسنى، كما قال تعالى: "ولله الأسماء الحسنى فادعوه بها، وذروا الذين يلحدون في أسمائه". وأما الإخبار عنه فهو بحسب الحاجة" (Al-Jawâb us-sahîh, Ibn Taymiyya, 3/163).

Ici il convient de rappeler que l'invocation est de 2 types :
----- l'invocation d'éloge (دعاء الثناء),
----- et l'invocation de demande (دعاء المسألة).

--- "باب الإخبار عنه بالاسم أوسع من تسميته به؛ فإنه يخبر عنه بأنه "شيء" و"موجود" و"مذكور" و"معلوم" و"مراد"؛ ولا يسمى بذلك" : "Donner une information au sujet de Dieu par le moyen d'un Qualificatif, cela présente plus de latitude que de nommer Dieu par le moyen de ce Qualificatif. On donne donc information à Son Sujet : "Il est : Shay', Existant, Evoqué, Su, Recherché". Mais on ne Le nomme pas ainsi" (Madârij us-sâlikîn, Ibn ul-Qayyim, 3/433). Ibn ul-Qayyim veut dire : "On donne donc information au sujet de Dieu : "Il est : Shay', Existant, Evoqué, Su, Recherché". Mais on ne L'invoque pas par ces Qualificatifs, car ils ne font pas partie de Ses Noms".

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I) Cependant, que le chapitre de l'information donnée au sujet de Dieu (al-Ikhbâr) offre plus de latitude que celui de l'invocation adressée à Dieu (ad-Duâ'), cela ne signifie pas que, dans le chapitre de l'information (al-Ikhbâr), il ne se trouve pas, malgré tout, des règles à respecter :

Ibn Taymiyya écrit :
"ويفرق بين دعائه والإخبار عنه. فلا يدعى إلا بالأسماء الحسنى. وأما الإخبار عنه فلا يكون باسم سيئ، لكن قد يكون باسم حسن، أو باسم ليس بسيئ وإن لم يحكم بحسنه؛ مثل اسم "شيء"، و"ذات"، و"موجود" (إذا أريد به: "الثابت"؛ وأما إذا أريد به: "الموجود عند الشدائد" فهو من الأسماء الحسنى)، وكذلك "المريد" و"المتكلم" (فإن الإرادة والكلام تنقسم إلى محمود ومذموم، فليس ذلك من الأسماء الحسنى). بخلاف "الحكيم"، و"الرحيم" و"الصادق" ونحو ذلك، فإن ذلك لا يكون إلا محمودًا" (MF 6/142).

Il dit ici qu'il existe théoriquement 4 types de qualificatifs :
type a) le qualificatif qui exprime un sens qui est mauvais par rapport à la Perfection de Dieu (الاسم السيء) ;
type b) le
qualificatif qui exprime un sens qui n'est pas mauvais, mais qui n'exprime pas non plus une chose systématiquement bonne (الاسم الذي ليس سيئًا وإن لم يحكم بحسنه) ;
type c) le
qualificatif qui exprime un sens qui est bon (الاسم الحسن) ;
type d) le
qualificatif qui exprime un sens qui est excellent (الاسم الأحسن).

Ce qu'il faut savoir ensuite :

type a) le qualificatif qui exprime un sens qui est mauvais par rapport à la Perfection de Dieu (الاسم السيء) (ce qui correspond plus bas aux Cas 1 - "mourir" - et 2.1 - "manger") : on ne peut bien sûr pas utiliser pareil terme pour qualifier Dieu dans une phrase informative, ni pour invoquer Dieu au vocatif, puisque Dieu n'est pas ainsi ;

type b) le qualificatif qui exprime un sens qui n'est pas mauvais, mais qui n'exprime pas non plus systématiquement une chose bonne (الاسم الذي ليس سيئًا وإن لم يحكم بحسنه) (ce qui correspond aux Cas 2.2.1 - "ruser" - et 2.2.2.1 - "se mettre en colère" -) : on peut utiliser pareil qualificatif dans une phrase informative au sujet de Dieu, du moment que l'on mentionne aussi les nuances (muqayyadan) (voir plus bas). Par contre, un tel qualificatif ne peut pas être utilisé pour invoquer Dieu (sauf pour le cas 2.2.2.1 : cela devient autorisé si on mentionne aussi les nuances (muqayyadan) : voir plus bas) ;

type c) le qualificatif qui exprime un sens qui est bon (الاسم الحسن) (ce qui correspond au Cas 2.2.2.2.1 exposé plus bas : "parler") : on peut utiliser pareil terme pour qualifier Dieu de façon inconditionnelle (mutlaqan) dans une phrase informative : "Dieu parle"). Par contre, un tel qualificatif ne peut pas être utilisé pour invoquer Dieu (sauf que si on mentionne aussi les nuances (muqayyadan), alors cela devient autorisé : voir plus bas) ;

type d) le qualificatif qui exprime un sens qui est excellent (الاسم الأحسن) (ce qui correspond au Cas 2.2.2.2.2 plus bas : "faire miséricorde") : on peut utiliser pareil terme pour qualifier Dieu dans une phrase informative, et on peut considérer le qualificatif y correspondant comme étant un Nom de Dieu, pour invoquer Dieu.

Voir également : Shar'h ul-qawâ'ïd il-muthlâ fî sifât illâhi wa asmâ'ihi-l-husnâ, Ibn ul-Uthaymîn (pp. 11-13).

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Le besoin (hâja) peut entrer en ligne de compte dans l'information donnée au sujet de Dieu avec un nom de type b (alors même que l'on ne cite pas aussi ce qui constitue la condition voulue : voir Cas 2.2.1 - "ruser" - et 2.2.2.1 - "se mettre en colère" -) :
"يفرق بين أن يدعى بالأسماء أو يخبر بها عنه. فإذا دعي لم يدع إلا بالأسماء الحسنى، كما قال تعالى: {ولله الأسماء الحسنى فادعوه بها، وذروا الذين يلحدون في أسمائه}. وأما الإخبار عنه فهو بحسب الحاجة"
(Al-Jawâb us-sahîh 3/163).

C'est bien pourquoi, certes, la règle normale est que :
- on n'invoque jamais Dieu en ces termes : "O Créateur des singes et des porcs" ;
- et on ne dit pas non plus, donnant une information : "Dieu est le Créateur des singes et des porcs".
("وأما قوله والشر ليس إليك فمما يجب تأويله لأن مذهب أهل الحق أن كل المحدثات فعل الله تعالى وخلقه سواء خيرها وشرها وحينئذ يجب تأويله. وفيه خمسة أقوال. أحدها: معناه: "لا يتقرب به إليك" (قاله الخليل بن أحمد والنضر بن شميل واسحق بن راهويه ويحيى بن معين وأبو بكر بن خزيمة والأزهري وغيرهم). والثاني (حكاه الشيخ أبو حامد عن المزني وقاله غيره أيضا): معناه: "لا يضاف إليك على انفراده": لا يقال "يا خالق القردة والخنازير" و"يا رب الشر" ونحو هذا، وإن كان خالق كل شيء ورب كل شيء، وحينئذ يدخل الشر في العموم. والثالث: معناه: "والشر لا يصعد إليك" إنما يصعد الكلم الطيب والعمل الصالح. والرابع: معناه: "والشر ليس شرا بالنسبة إليك، فإنك خلقته بحكمة بالغة، وإنما هو شر بالنسبة إلى المخلوقين". والخامس (حكاه الخطابي): أنه كقولك فلان إلى بني قلان إذا كان عداده فيهم أو صفوه إليهم" : Shar'h Muslim, an-Nawawî).
Pourtant,
un cas de besoin (hâja) autorise de faire cette phrase informative : ainsi, à son enfant qui demande si une créature aussi vile que le porc, se pourrait-il que ce Dieu qui l'a, elle aussi, créée ?, on répondra : "Dieu est créateur de toute chose. Dieu a créé le porc aussi. Il se trouve une sagesse dans le fait de l'avoir créé, car cet animal mange des détritus."

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II) En fait on pourrait distinguer 6 cas de figure ; et à chacun de ces 6 cas de figure son hukm :

On peut donc distinguer 6 cas de figure à propos des termes qui existent et qui pourraient théoriquement être employés au sujet de Dieu :

1 : "المعنى نقص في نفسه لكل أحد وفي كلّ حال" : L'attribut constitue en soi et systématiquement une Imperfection : "mourir" / "être mort" ; "tomber malade" / "être malade" ; "se fatiguer" / "être fatigué" ; "oublier" / "être oublieux" ; etc.

2 : "المعنى ليس نقصًا لكل أحد وفي كلّ حال" : L'attribut ne constitue pas systématiquement une Imperfection...

–- 2.1 : "ولكن إنما هو نقص بالنسبة للكامل على الإطلاق" : ... cependant, pour ce qui relève de l'absolu, il constitue en soi une Imperfection : "avoir besoin de manger" ; "manger" ; "dormir" ; "éprouver du désir sexuel" ; etc.

–- 2.2 : "وليس في نفسه نقصًا حتى للكامل على الإطلاق" : ... il ne constitue pas en soi une Imperfection (fût-ce pour ce qui relève de l'absolu)...

–--- 2.2.1 : "ولكنه ليس في نفسه كمالًا أيضًا، بل إنما هو كمال في حال المعاملة بالمثل" : ... cependant, il ne constitue pas non plus, en soi, une Perfection. En fait il constitue une Perfection dans le fait de rendre la pareille à autrui : "ruser" ; "tromper" ; "se moquer de" ;

–--- 2.2.2 : "وهو كمال في نفسه وفي كل حال" : ... et il constitue en soi une Perfection...

–----- 2.2.2.1 : "ولكن كمال ذلك المعنى إنما هو في توجهه إلى شيء مخصوص يستحقّه، وليس إلى سواه" : ... cependant, cela est perfection lorsque cela est dirigé vis-à-vis de certains objets précis, qui le méritent ; sinon (si cela s'exprime tout seul, ou bien si cela est dirigé vers qui ne le mérite pas), cela en devient imperfection : "se mettre en colère contre : ceux qui le méritent" ;

–----- 2.2.2.2 : "والكمال هو في نفس ذلك المعنى" : ... cela n'est pas comme précédemment...

–------- 2.2.2.2.1 : "ولكن متعلقه قد يكون نقصًا" : ... mais ce à quoi il conduit peut pour sa part être imperfection : "vouloir" : cela constitue une perfection ; mais cela devient une imperfection dans le cas où cela donne comme résultat ce qui est en soi et de façon absolue le mal ;

–------- 2.2.2.2.2 : "وذلك المعنى كمال في نفسه، وفي كل حال، ومع كلّ ما يتوجه أليه، ومع جميع متعلقاته" : ... cela constitue en soi et de façon inconditionnelle une Perfection : "faire miséricorde" / "être miséricordieux".

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III) Récapitulatif de ces 6 cas de figure :

Cas 1 (lequel correspond au Type a) :
L'attribut constitue en soi et systématiquement une Imperfection
(معنى هو نقص في نفسه لكل أحد وفي كلّ حال) : "oublier" ; "mourir"/ "être mort" ; "se fatiguer"/"être fatigué" ; "tomber malade"/"être malade" ; "etc.

Cas 2.1 (lequel correspond au Type a) :
L'attribut ne constitue pas systématiquement une Imperfection
, cependant, pour ce qui relève de l'absolu, il constitue en soi une Imperfection (معنى ليس نقصًا لكل أحد وفي كلّ حال، لكنه نقص في نفسه وفي كلّ حال بالنسبة للكامل على الإطلاق) : "avoir besoin de manger" ; "avoir faim" ; "s'endormir" ; "éprouver du désir sexuel" ; etc.

Cas 2.2.1 (lequel correspond au Type b) :
L'attribut ne constitue pas (même
pour ce qui relève de l'absolu) une Imperfection. Cependant, il ne constitue pas non plus une Perfection en soi : en fait il est Perfection dans le fait de rendre la pareille à autrui (معنى ليس في نفسه نقصًا حتى للكامل على الإطلاق، ولكنه ليس في نفسه كمالًا أيضًا، بل إنما هو كمال في حال المعاملة بالمثل) : "ruser" ; "se moquer de" ; "tromper".

Cas 2.2.2.1 (lequel correspond au Type b) :
L'attribut constitue en soi une Perfection. Cependant, cela est perfection lorsque cela est dirigé vis-à-vis de certains objets précis, qui le méritent. Sinon cela en devient Imperfection (معنى هو كمال في نفسه وفي كل حال، ولكن الكمال إنما هو في توجهه إلى شيء مخصوص يستحقه، وفي اقترانه بمقابله) : "se mettre en colère" : cela est en soi perfection (car c'est le faible qui ne peut jamais se mettre en colère) ; cependant, cela est perfection lorsque son expression se fait contre ceux qui le méritent (car exprimer sa colère seul, ou vis-à-vis de qui ne le mérite pas, cela n'est pas perfection).

Cas 2.2.2.2.1 (lequel correspond au Type c) :
L'attribut constitue en soi une Perfection. Cependant, si cela se met en relation avec certaines choses précises, cela devient imperfection : (معنى يكون الكمال في نفسه، ولكن متعلقه قد يكون نقصًا) : "vouloir" cela constitue une perfection ; mais si l'être veut ce qui est (en soi et de façon absolue) un mal, là le résultat devient une imperfection ; "faire".

Cas 2.2.2.2.2 (lequel correspond au Type d) :
L'attribut
constitue en soi
et de façon inconditionnelle une Perfection (معنى هو كمال في نفسه كمال في نفسه، وفي كل حال، ومع كلّ ما يتوجه إليه، ومع جميع متعلقاته) : "faire miséricorde"/"être miséricordieux".

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IV) Ensuite chacun de ces 6 Cas fait l'objet d'un hukm quant à la possibilité de son emploi au sujet d'Allah Ta'âlâ : que ce soit pour donner une information à Son sujet, ou que ce soit pour L'invoquer :
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Le Cas 1 : Le sens que le terme véhicule constitue en soi et systématiquement un Défaut, ou bien une Imperfection (معنى هوفي نفسه نقص لكل أحد وفي كلّ حال) (comme "l'oubli") :

Un tel terme, on ne peut :
– ni l'employer pour donner une information au sujet de Dieu ;
ni l'employer pour invoquer Dieu.

Et de tels termes n'ont évidemment pas été employés au sujet de Dieu dans le Coran ni dans la Sunna. C'est même par leur contraire que Dieu y a été qualifié !

Dieu n'a absolument pas :
--- les qualificatifs "faible" (ضعيف), "fatigué" (تعبان), "malade" (مريض), "mort" (ميِّت), "triste" (حزين), "oublieux" (نسيّ),
--- les attributs en étant les substantifs ("la faiblesse", etc.),
--- les actions leur correspondant ("s'affaiblir", "être trop faible pour", "oublier", etc.).

Ici la question de l'intention et de la perception ne se pose absolument pas : il est évidemment impossible d'employer de tels termes au sujet de Dieu.

--- "لاَ تَأْخُذُهُ سِنَةٌ وَلاَ نَوْمٌ" : "Ne le prennent pas la somnolence, ni le sommeil" (Coran 2/255).
--- "وَمَا كَانَ رَبُّكَ نَسِيًّا" : "Et ton Seigneur n'est pas oublieux" (Coran 19/64).
--- "اربعوا على أنفسكم، إنكم لا تدعون أصم ولا غائبا، إنكم تدعون سميعا قريبا وهو معكم" : "Vous n'invoquez pas un sourd ni un absent. Il est Audient, Proche, et Il est avecvous" (al-Bukhârî, Muslim).
--- "إني لأنذركموه، وما من نبي إلا أنذره قومه، لقد أنذر نوح قومه، ولكني أقول لكم فيه قولا لم يقله نبي لقومه: تعلمون أنه أعور، وأن الله ليس بأعور" : "Dieu n'est pas borgne" (al-Bukhârî, Muslim).

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Le Cas 2.1 : Le sens que le terme véhicule constitue, pour ce qui relève de l'absolu, une Imperfection (معنى هو نقص في نفسه وفي كلّ حال، بالنسبة للكامل على الإطلاق) (comme "la faim") :

Il s'agit du cas où cela est imperfection dans l'absolu, bien que perfection pour l'homme : "avoir faim".

Un tel terme, on ne peut :
– ni l'employer pour donner une information au sujet de Dieu ;
ni l'employer pour invoquer Dieu.

Et de tels termes n'ont évidemment pas été employés au sujet de Dieu dans le Coran ni dans la Sunna. C'est même par leur contraire que Dieu y a été qualifié !

Dieu n'a absolument pas :
--- le qualificatif "affamé" (جائع), etc.,
--- l'attribut en étant le substantif ("la faim", etc.),
--- l'action lui correspondant ("devenir affamé", etc.).

Ici la question de l'intention et de la perception ne se pose absolument pas : il est évidemment impossible d'employer de tels termes au sujet de Dieu.

"Manger" relève de la même veine, car manger sans avoir faim est une imperfection même pour les humains. Au sujet du fait de manger, Dieu rappelle que le Messie Jésus et sa mère Marie ne sont pas des êtres divins : le premier n'est qu'un messager, la seconde une sainte. Et Dieu argumente en rappelant que tous deux mangeaient de la nourriture : "مَّا الْمَسِيحُ ابْنُ مَرْيَمَ إِلاَّ رَسُولٌ قَدْ خَلَتْ مِن قَبْلِهِ الرُّسُلُ. وَأُمُّهُ صِدِّيقَةٌ. كَانَا يَأْكُلاَنِ الطَّعَامَ. انظُرْ كَيْفَ نُبَيِّنُ لَهُمُ الآيَاتِ ثُمَّ انظُرْ أَنَّى يُؤْفَكُونَ" (Coran 5/75).

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Le Cas 2.2.1 : Le sens que le terme véhicule constitue en soi une Perfection lorsque consistant à rendre la pareille à autrui (معنى هو في نفسه كمال في حال المعاملة بالمثل) (comme "tromper autrui") :

Un tel terme :
on peut l'employer pour donner une information au sujet de Dieu (et ce sous la forme du Verbe, sous la forme du Substantif, ou sous la forme du Qualificatif), mais à condition de respecter les nuances (muqayyad) avec lesquelles ce terme a été employé dans le Coran ou la Sunna (يذكر مقيَّدًا كما ورد في النص) ;
– par contre on ne peut pas l'employer pour invoquer Dieu, fût-ce en précisant la nuance (qayd).

Le fait est qu'il est certains Ism Sifa, Fi'l ou Sifa dont la raison humaine constate bien que :
--- certes ils ont été employés au sujet de Dieu dans le Coran ou la Sunna,
--- cependant, ils ne véhiculent pas tels quels un sens de perfection (kamâl) : ils ne véhiculent cela que par rapport à une situation précise. Et, d'ailleurs, une lecture attentive du texte dans lequel ils ont été employés au sujet de Dieu révèle que c'est de cette façon restreinte que ces Ism Sifa, Fi'l ou Sifa y ont été employés au sujet de Dieu.

Il faut donc veiller à bien reproduire les nuances avec lesquelles ils y ont été employés. La nuance à apporter consiste donc à relater ce avec quoi le qualificatif est relié

--- On ne peut pas dire, même à titre de pure information (ikhbâr) : "Dieu est Celui qui Trompe" ("الله خادِعٌ").
Tout ce qu'on peut dire c'est donc : "Dieu trompe ceux qui cherchent à Le tromper". Car Dieu a dit : "Les Hypocrites (cherchent à) tromper Dieu, et Lui est Celui qui les trompe" (وهو خادعهم) (Coran 4/142). Attention, donc, à ne pas employer de façon absolue (mutlaqan) un tel qualificatif.

--- On ne peut pas dire non plus : "Dieu ruse" ("يمكر الله").
Tout ce qu'on peut dire c'est donc : "Dieu fait une ruse face à ceux qui rusent contre Son Plan". Car Dieu a dit : "Et ils ourdirent une ruse, et Nous ourdîmes une ruse alors qu'ils ne s'en rendaient pas compte" (Coran 27/50) ; "Et ils rusèrent, et Dieu rusa, et Dieu est le meilleur de ceux qui rusent" (Coran 3/54).

--- La même chose est valable par rapport aux verbes "كاد" ("faire un stratagème") et "استهزء" ("se moquer de") ou encore "سخر" ("se moquer de") : on ne peut utiliser pas ces Verbes tels quels (mutlaqan) au sujet de Dieu. Si on veut les utiliser, on doit les faire suivre de ce à quoi ils sont reliés : il s'agit de la nuance qui figure dans le Coran.

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Le Cas 2.2.2.1 : Le sens que le terme véhicule constitue en soi une Perfection. Cependant, cela est Perfection lorsque cela s'exprime vis-à-vis d'un objet particulier. Sinon, cela devient Imperfection (معنى هو كمال في نفسه وفي كلّ حال، ولكن الكمال هو في توجهه إلى شيء مخصوص، وفي اقترانه بمقابله) (comme "égarer quelqu'un", "châtier") :

Un tel terme :
on peut l'employer pour donner une information au sujet de Dieu ; on devra cependant ne pas omettre de mentionner la nuance (qayd) figurant dans les textes ;
par contre on l'emploie pas pour invoquer Dieu, sauf si on mentionne aussi la nuance (qayd) figurant dans les textes : c'est alors un Nom Composé de Dieu, parmi Ses Asmâ' Husnâ.

En fait il est certains Fi'l ou Sifa dont la raison humaine constate bien que :
--- certes, ils ont été employés au sujet de Dieu dans le Coran ou la Sunna,
--- cependant, ils véhiculent un sens constituant un tort, un méfait (dharar, sharr) (celui-ci ne pouvant évidemment être que partiel, juz'î, et relatif, idhâfî, par rapport à des créatures) ;
--- en fait, la Perfection est :
----- dans le fait que le Fi'l qui cause aux créatures un méfait est relié avec quelque chose qui le mérite ;
----- et dans le fait que ce sont les deux Fi'l que Dieu fait (celui qui constitue pour les créatures un bienfait, et celui qui est son opposé et cause aux créatures un méfait).

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Dès lors...

----- La nuance à apporter consiste soit à relater ce avec quoi le qualificatif est relié : "En colère", oui, mais "contre ceux qui font telle chose blâmable"...

Un tel Attribut relève lui aussi de la Perfection, comme nous l'avons démontré dans notre article : Dieu a écrit ceci : "إِنَّ رَحْمَتِى غَلَبَتْ غَضَبِى" : "Ma Miséricorde dépasse Mon Courroux". Cependant, la Perfection est dans le fait que cet Attribut s'exprime vis-à-vis de qui mérite qu'il s'exprime à son égard.

- Ainsi en est-il de "الغضب" (Colère) et de "العذاب" (Châtiment) :
Certes, en tant que Qualificatif, Verbe ou Substantif, ces termes ont bien été employés à l'affirmative au sujet de Dieu. Mais seulement en relation avec quelque chose de précis (muqayyad).

--- En effet : "من حلف على يمين يقتطع بها مال امرئ مسلم هو عليها فاجر، لقي الله وهو عليه غضبان" (al-Bukhârî, 2229, Muslim, 138). On ne doit alors pas employer tel quel (mutlaqan) un Qualificatif que Dieu n'a employé à Son Sujet qu'en relation avec quelque chose de précis (muqayyadan). Par ailleurs, pour ce qui est de "وَإِن مَّن قَرْيَةٍ إِلاَّ نَحْنُ مُهْلِكُوهَا قَبْلَ يَوْمِ الْقِيَامَةِ أَوْ مُعَذِّبُوهَا عَذَابًا شَدِيدًا" (Coran 17/58), cela signifie : "لفسقها", comme cela est signifié explicitement dans un autre verset de la même sourate : "وَإِذَا أَرَدْنَا أَن نُّهْلِكَ قَرْيَةً أَمَرْنَا مُتْرَفِيهَا فَفَسَقُواْ فِيهَا فَحَقَّ عَلَيْهَا الْقَوْلُ فَدَمَّرْنَاهَا تَدْمِيرًا" (Coran 17/16).

--- De même, oui, Dieu a bien dit qu'Il est aussi "شديد العذاب" ("Dur dans le Châtiment") (Coran 2/165). Cependant, cela revient à la même chose que lorsqu'Il a dit : "إِنَّ عَذَابِي لَشَدِيدٌ" ("Mon Châtiment est, vraiment, dur") (Coran 14/7) : c'est-à-dire que lorsqu'Il décide de punir, Dieu est Dur dans la Punition qu'Il inflige. Dieu n'a donc pas employé à Son Sujet le Qualificatif inconditionnel : "المعذِّب" ("Le Châtieur") : un tel Nom aurait laissé penser qu'Il punit sans cesse, alors que ce n'est pas le cas.

- La même chose peut être dite du Qualificatif "مُنتَقِم", "Celui qui se venge", présent dans le passage : "إِنَّا مِنَ الْمُجْرِمِينَ مُنتَقِمُونَ" : "Nous étions à Nous venger de ceux qui sont fautifs" (Coran 32/22") :
– on peut l'employer pour donner une information au sujet de Dieu, mais on n'omettra pas la nuance présente dans le texte et on dira donc : "الله مُنتَقِمُ مِنَ الْمُجْرِمِينَ".

- La même chose peut être dite des Qualificatifs suivants :
--- "شديد العقاب" ("Celui qui est Dur dans la Punition") ,
--- "سريع العقاب" ("Celui qui est Prompt dans la Punition"),
--- "ذو انتقام" ("Auteur d'une Vengeance").

- La même chose encore du Qualificatif suivant :
--- "باطِش" extrait du Substantif "بَطْش" mentionné à propos de Dieu en Coran 54/36 : "وَلَقَدْ أَنذَرَهُم بَطْشَتَنَا" et en Coran 85/12 : "إِنَّ بَطْشَ رَبِّكَ لَشَدِيدٌ".

----- Si ce Nom fait partie des Asmâ' Husnâ, peut-on l'employer pour invoquer Dieu, et dire alors par exemple : "يا شديد العقاب" ? En cas de besoin : Oui, on peut alors utiliser ce Nom pour invoquer Dieu.
----- De même, peut-on invoquer Dieu ainsi : "يا مُنتَقِمُ مِنَ الْمُجْرِمِينَ" ? En cas de besoin : Oui, mais à condition de mentionner la nuance : ceux de qui Il se venge (comme ici).

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----- La nuance à apporter consiste, sinon, à mentionner ensemble les deux attributs contraires :
- par respect pour Dieu, ce Fi'l qui constitue un méfait pour les créatures, on ne le Lui attribue pas  de façon isolée, mais on le Lui attribue en conjonction avec ce qui constitue un bienfait.

Cela est valable pour les ِQualificatifs de "Celui qui Egare", "Celui qui Retient de donner", "Celui qui Punit", etc.

C'est d'ailleurs avec cette mise en opposition, ce parallélisme, que ces Fi'l et Sifa ont été employés au sujet de Dieu dans le Coran ou la Sunna :
---  "Dieu égare ("يضلّ") qui Il veut et guide ("يهدي") qui Il veut" (Coran 35/8).

Il faut donc veiller à bien reproduire ce parallélisme, et non pas dire seulement, même à titre d'information : "Dieu égare" (par exemple).

Seul un cas de besoin (hâja) autorise cela, comme le propos de Noé (sur lui soit la paix) : "وَلاَ يَنفَعُكُمْ نُصْحِي إِنْ أَرَدتُّ أَنْ أَنصَحَ لَكُمْ إِن كَانَ اللّهُ يُرِيدُ أَن يُغْوِيَكُمْ هُوَ رَبُّكُمْ وَإِلَيْهِ تُرْجَعُونَ" (Coran 11/34).

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Le Cas 2.2.2.2.1 : Le sens que le terme véhicule constitue en soi une Perfection. Cependant, si cela est relié à certaines choses (متعلق), cela en devient une Imperfection (معنى هو في نفسه كمال وفي كل حال، ولكن متعلقه قد يكون نقصًا) (comme "faire", "parler") :

Un tel terme :
on peut l'employer tel quel (mutlaqan) pour donner une information au sujet de Dieu (et ce sous la forme du Verbe, ou sous la forme du Substantif, ou sous la forme du Qualificatif) ;
par contre on ne peut pas l'employer pour invoquer Dieu, sauf si on mentionne aussi ce à quoi ce terme doit être relié : c'est alors un Nom Composé.

Ainsi, Dieu a dit de Sa Création : "صُنْع الله" (Sun' Allâh) (Fait de Dieu) (Coran 27/88). De même, le hadîth dit : "ليعزم في الدعاء، فإن الله صانع ما شاء، لا مكره له" (Muslim, 2679 ; à se demander cependant si ce terme ne relève pas d'une simple riwâya bi-l-ma'nâ, car dans la version de al-Bukhârî on lit le verbe "yaf'alu" à sa place).
- Peut-on alors dire : "الله صانِع" ("Dieu est Celui qui fait") ? Oui, car il s'agit d'une information qu'on donne au sujet de Dieu.
- Mais peut-on dire que "صانِع" ("Sâni'") fait partie des Noms Qualificatifs les plus Beaux (Asmâ' Husnâ) de Dieu ? Non. Dès lors, on ne peut pas invoquer Dieu en L'appelant seulement "صانِع", Lui disant alors : "اللهم أنت صانِع" (du'â uth-thanâ') ou : "يا صانِع، انصرني" (du'â ul-mas'ala).
- Par contre, peut-on dire que "صانع الخير" est un Nom composé de Dieu ? Oui.

La même chose peut être dite de "متكلم", "مريد", "فاعل", etc.

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--- Le Cas 2.2.2.2.2 : Le sens que le terme véhicule constitue en soi et de façon inconditionnelle une Perfection (معنى هو كمال في نفسه وفي كل حال، ومع كلّ ما يتوجه إليه، ومع جميع متعلقاته) (comme "la miséricorde") :

Un tel terme :
on peut l'employer tel quel (mutlaqan) pour donner une information au sujet de Dieu ;
– et on peut l'employer pour invoquer Dieu.

Ainsi, le Qualificatif "رَحِيْم" :
– on peut l'employer pour donner une information au sujet de Dieu, et dire : "الله رَحِيْم" ("Dieu est Miséricordieux") ;
– et on peut l'employer pour invoquer Dieu et dire : "اللهم أنت رَحِيْم" (du'â uth-thanâ'), ou : "يا رَحِيْم، انصرني" (du'â ul-mas'ala).

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V) Le propos de Ibn ul-Qayyim concernant le Cas 2.2.2.2.1 ("faire", "parler") et disant que le Qualificatif en étant extrait ne relève pas des Noms de Dieu, par lesquels on peut invoquer Dieu. Ce propos de Ibn ul-Qayyim concerne donc à plus forte raison le Cas 2.2.2.1 ("égarer quelqu'un", "se venger") et le Cas 2.2.1 ("tromper") :

"الثاني: أن الصفة إذا كانت منقسمة إلى كمال ونقص، لم تدخل بمطلقها في أسمائه؛ بل يطلق عليه منها كمالها؛ وهذا كالمريد والفاعل والصانع فإن هذه الألفاظ لا تدخل في أسمائه. ولهذا غلط من سماه بالصانع عند الإطلاق بل هو الفعال لما يريد. فإن الإرادة والفعل والصنع منقسمة؛ ولهذا إنما أطلق على نفسه من ذلك أكمله فعلا وخبرا" (Badâ'ï' ul-fawâ'ïd, p. 144, 2ème point).

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V) Le propos de Ibn ul-Qayyim concernant le Cas 2.2.1 ("tromper", "se moquer de") :

Ibn ul-Qayyim écrit :
"Dieu, Elevé, ne S'est pas qualifié par le "كيد", le "مكر", le "خداع" et le "استهزاء" [Cas 2.2.1] tels quels (mutlaqan) (...). Ces Faits (Af'âl) ne sont pas loués tels quels (mutlaqan), mais ils sont loués dans un lieu et blâmés dans un autre. Il n'est pas donc pas autorisé de les attribuer à Dieu tels quels (mutlaqan).
On ne dira donc pas [à titre d'information au sujet de Dieu] :
"الله يمكر ويخادع ويستهزئ ويكيد" ("Dieu ruse, trompe, se moque, fait un stratagème")"
[de façon inconditionnelle].
De même, à plus forte raison on n'en extraira pas des Noms par lesquels Le nommer [et L'invoquer]. On peut même dire que dès lors que
"الفاعل", "الصانع", "المريد ", "المتكلم" [Cas 2.2.2.2.1] ne font pas partie de Ses Noms les Plus Beaux, car leur sens se subdivise en "loué" et "blâmé", comment (...) "الماكر المستهزئ المخادع" [Cas 2.2.1] en feraient-ils partie ? (...) Ce que (je) veux dire c'est que Dieu, Elevé, ne S'est qualifié par le "كيد", le "مكر", le "خداع" et le "استهزاء" qu'à titre de rétribution pour celui qui fait ainsi injustement"
(Mukhtassar as-sawâ'ïq il-mursala, p. 407).

Voici tout le passage, en arabe :
"فإن قلتم: يتعين تقدير المسمى الآخر ليكون إطلاق المكر عليه سبحانه من باب المقابلة، كقوله تعالى: {إنهم يكيدون كيدا - وأكيد كيدا} وقوله: {إن المنافقين يخادعون الله وهو خادعهم} وقوله: {نسوا الله فنسيهم} فهذا كله إنما يحسن على وجه المقابلة، ولا يحسن أن يضاف إلى الله تعالى ابتداء فيقال: إنهيمكر ويكيد، ويخادع وينسى، ولو كان حقيقة لصلح إطلاقه مفردا عن مقابلة، كما يصح أن يقال: يسمع يرى، ويعلم ويقدر.
فالجواب: أن هذا الذي ذكرتموه مبني على أمرين: أحدهما معنوي، والآخر لفظي.
فأما المعنوي فهو أن مسمى هذه الألفاظ ومعانيها مذمومة فلا يجوز اتصاف الرب تعالى بها. وأما اللفظي فإنه لا تطلق عليه إلا على سبيل المقابلة فتكون مجازا.
ونحن نتكلم معكم في الأمرين جميعا.
فأما الأمر المعنوي فيقال: لا ريب أن هذه المعاني يذم بها كثيرا، فيقال: فلان صاحب مكر وخداع وكيد واستهزاء، ولا تكاد تطلق على سبيل المدح بخلاف أضدادها، وهذا هو الذي غر من جعلها مجازا في حق من يتعالى ويتقدس عن كل عيب وذم. والصواب أن معانيها تنقسم إلى محمود ومذموم. فالمذموم منها يرجع إلى الظلم والكذب؛ فما يذم منها إنما يذم لكونه متضمنا للكذب أو الظلم أو لهما جميعا. وهذا هو الذي ذمه الله تعالى لأهله كما في قوله تعالى: {يخادعون الله والذين آمنوا وما يخدعون إلا أنفسهم} فإذا ذكر هذا عقيب قوله: {ومن الناس من يقول آمنا بالله وباليوم الآخر وما هم بمؤمنين}، فكان هذا القول منهم كذبا وظلما في حق التوحيد والإيمان بالرسول واتباعه. وكذلك قوله: {أفأمن الذين مكروا السيئات أن يخسف الله بهم الأرض} الآية. وقوله: {ولا يحيق المكر السيئ إلا بأهله}. وقوله: {ومكروا مكرا ومكرنا مكرا وهم لا يشعرون. فانظر كيف كان عاقبة مكرهم أنا دمرناهم}. فلما كان غالب استعمال هذه الألفاظ: في المعاني المذمومة، ظن المعطلون أن ذلك هو حقيقتها، فإذا أطلقت لغير الذم كان مجازا. والحق خلاف هذا الظن، وأنها منقسمة إلى محمود ومذموم، فما كان منها متضمنا للكذب والظلم فهو مذموم. وما كان منها بحق وعدل ومجازاة على القبيح فهو حسن محمود؛ فإن المخادع إذا خادع بباطل وظلم، حسن من المجازي له أن يخدعه بحق وعدل، وذلك إذا مكر واستهزأ ظالما متعديا كان المكر به والاستهزاء عدلا حسنا. (...). وجزاء المسيء بمثل إساءته في جميع الملل: مستحسن في جميع العقول. (...).
إذ عرف ذلك فنقول: إن الله تعالى لم يصف نفسه بالكيد والمكر والخداع والاستهزاء مطلقا، ولا ذلك داخل في أسمائه الحسنى؛ ومن ظن من الجهال المصنفين في شرح الأسماء الحسنى أن من أسمائه الماكر المخادع المستهزئ الكائد، فقد فاه بأمر عظيم تقشعر منه الجلود، وتكاد الأسماع تصم عند سماعه. وغر هذا الجاهل أنه سبحانه وتعالى أطلق على نفسه هذه الأفعال، فاشتق له منها أسماء، وأسماؤه كلها حسنى، فأدخلها في الأسماء الحسنى، وأدخلها وقرنها بالرحيم الودود الحكيم الكريم. وهذا جهل عظيم! فإن هذه الأفعال ليست ممدوحة مطلقا، بل تمدح في موضع وتذم في موضع. فلا يجوز إطلاق أفعالها على الله مطلقا، فلا يقال: إنه تعالى يمكر ويخادع ويستهزئ ويكيد. فكذلك بطريق الأولى لا يشتق له منها أسماء يسمى بها. بل إذا كان لم يأت في أسمائه الحسنى المريد ولا المتكلم ولا الفاعل ولا الصانع، لأن مسمياتها تنقسم إلى ممدوح ومذموم، وإنما يوصف بالأنواع المحمودة منها، كالحليم، والحكيم، والعزيز، والفعال لما يريد، فكيف يكون منها الماكر المخادع المستهزئ؟
ثم يلزم هذا الغالط أن يجعل من أسمائه الحسنى الداعي والآتي والجائي والذاهب والقادم والرائد والناسي والقاسم والساخط والغضبان واللاعن، إلى أضعاف ذلك من الأسماء التي أطلق على نفسه أفعالها في القرآن. وهذا لا يقوله مسلم ولا عاقل!
والمقصود أن الله سبحانه لم يصف نفسه بالكيد والمكر والخداع إلا على وجه الجزاء لمن فعل ذلك بغير حق، وقد علم أن المجازاة على ذلك حسنة من المخلوق، فكيف من الخالق سبحانه! وهذا إذا نزلنا ذلك على قاعدة التحسين والتقبيح العقليين، وأنه سبحانه منزه عما يقدر عليه مما لا يليق بكماله، ولكنه لا يفعله لقبحه وغناه عنه. وإن نزلنا ذلك على نفي التحسين والتقبيح عقلا وأنه يجوز عليه كل ممكن ولا يكون قبيحا، فلا يكون الاستهزاء والمكر والخداع منه قبيحا البتة؛ فلا يمتنع وصفه به ابتداء، لا على سبيل المقابلة على هذا التقرير. وعلى التقديرين فإطلاق ذلك عليه سبحانه: على حقيقته دون مجازه، إذ الموجب للمجاز منتف على التقديرين. فتأمله فإنه قاطع، فهذا ما يتعلق بالأمر المعنوي.
أما الأمر اللفظي فإطلاق هذه الألفاظ عليه سبحانه لا يتوقف على إطلاقها على المخلوق ليعلم أنها مجاز لتوقفها على المسمى الآخر كما قدمنا من قوله: {وهو شديد المحال} [الرعد: 13] وقوله: {أفأمنوا مكر الله فلا يأمن مكر الله إلا القوم الخاسرون} [الأعراف: 99.
فظهر أن هذا الفرق الذي اعتبروه فاسد لفظا ومعنى"
(As-Sawâ'ïq ul-mursala : dans le Mukhtassar, ce passage figure en pp. 404-408).

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VI) Le propos de Ibn ul-Qayyim et celui de Ibn Taymiyya concernant le Cas 2.2.2.1 ("égarer quelqu'un", "se venger") :

Ibn ul-Qayyim écrit :
"السابع عشر: أن أسماءه تعالى:
منها ما يطلق عليه مفردا ومقترنا بغيره؛ وهو غالب الأسماء؛ [ك]القدير والسميع والبصير والعزيز والحكيم؛ وهذا يسوغ أن يدعى به مفردا ومقترنا بغيره فتقول: يا عزيز، يا حليم، يا غفور، يا رحيم وأن يفرد كل اسم؛ وكذلك في الثناء عليه والخبر عنه بما يسوغ لك الإفراد والجمع.
ومنها ما لا يطلق عليه بمفرده بل مقرونا بمقابله؛ كالمانع والضار والمنتقم؛ فلا يجوز أن يفرد هذا عن مقابله، فإنه مقرون بالمعطي والنافع والعفو: فهو المعطي المانع، الضار النافع، المنتقم العفو، المعز المذل؛ لأن الكمال في اقتران كل اسم من هذه بما يقابله، لأنه يراد به أنه المنفرد بالربوبية وتدبير الخلق والتصرف فيهم عطاء ومنعا ونفعا وضرا وعفوا وانتقاما. وأما أن يثنى عليه بمجرد المنع والانتقام والإضرار فلا يسوغ. فهذه الأسماء المزدوجة تجري الأسماء منها مجرى الاسم الواحد الذي يمتنع فصل بعض حروفه عن بعض؛ فهي وإن تعددت جارية مجرى الاسم الواحد؛ ولذلك لم تجيء مفردة، ولم تطلق عليه إلا مقترنة. فاعلمه. فلو قلت: "يا مذل يا ضار يا مانع" وأخبرت بذلك، لم تكن مثنيا عليه ولا حامدا له حتى تذكر مقابلها"

"Car la perfection (kamâl) réside dans la conjonction de chacun de ces Noms avec ce qui lui fait face. Car ce qui est voulu dire c'est que (Dieu) est Seul à gérer les créatures : dans le fait de donner et dans celui de retenir ; dans le fait de causer du bienfait et dans celui de causer un tort ; dans le fait de pardonner et dans celui de punir" (Badâ'ï' ul-fawâ'ïd, p. 144, 17ème point).

Ibn Taymiyya écrit :
"ومما يبين هذا أن الشر لم يرد في أسمائه، وإنما ورد في مفعولاته؛ ولم يضف إليه إلا على سبيل العموم، وأضافه إلى السبب المخلوق أو بحذف فاعله، وذلك كقوله تعالى: {الله خالق كل شيء} و{من شر ما خلق}، وكأسمائه المقترنة مثل المعطي المانع الضار النافع المعز المذل الخافض الرافع، وكقوله: {وإذا مرضت فهو يشفين} وكقوله: {صراط الذين أنعمت عليهم غير المغضوب عليهم ولا الضالين}، وكقول الجن: {وأنا لا ندري أشر أريد بمن في الأرض أم أراد بهم ربهم رشدا}. وقد ثبت في صحيح مسلم عن {النبي صلى الله عليه وسلم أنه كان يقول في دعاء الاستفتاح والخير بيديك والشر ليس إليك}؛ وسواء أريد به: أنه "لا يضاف إليك" و"لا يتقرب به إليك"، أو قيل: "إن الشر إما عدم وإما من لوازم العدم، وكلاهما ليس إلى الله"، فهذا يبين أنه سبحانه إنما يضاف إليه الخير؛ وأسماؤه تدل على صفاته، وذلك كله خير حسن جميل ليس فيه شر؛ وإنما وقع الشر في المخلوقات. قال تعالى {نبئ عبادي أني أنا الغفور الرحيم وأن عذابي هو العذاب الأليم} وقال تعالى: {اعلموا أن الله شديد العقاب وأن الله غفور رحيم} وقال تعالى: {إن ربك سريع العقاب وإنه لغفور رحيم} فجعل المغفرة والرحمة من معاني أسمائه الحسنى التي يسمي بها نفسه، فتكون المغفرة والرحمة من صفاته؛ وأما العقاب الذي يتصل بالعباد، فهو مخلوق له؛ وذلك هو الأليم؛ فلم يقل: "وإني أنا المعذب"، ولا في أسمائه الثابتة عن النبي صلى الله عليه وسلم اسم "المنتقم"، وإنما جاء المنتقم في القرآن مقيدا كقوله {إنا من المجرمين منتقمون}، وجاء معناه مضافا إلى الله في قوله: {إن الله عزيز ذو انتقام}: وهذه نكرة في سياق الإثبات والنكرة في سياق الإثبات مطلقة ليس فيها عموم على سبيل الجمع" (MF 17/95).

Quant au propos suivant de Ibn ul-Qayyim : "الثالث: أنه لا يلزم من الإخبار عنه بالفعل مقيدا أن يشتق له منه اسم مطلق كما غلط فيه بعض المتأخرين، فجعل من أسمائه الحسنى: المضل الفاتن الماكر. تعالى الله عن قوله! فإن هذه الأسماء لم يطلق عليه سبحانه منها إلا أفعال مخصوصة معينة. فلا يجوز أن يسمى بأسمائها المطلقة والله أعلم" (Badâ'ï' ul-fawâ'ïd, p. 144, 3ème point), il s'y trouve des Qualificatifs dont :
- l'un
("الماكر") relève du Cas 2.2.1,
- et les 2 autres ("
المضل الفاتن") du
Cas 2.2.2.1.

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VII) Le propos de Ibn ul-Qayyim concernant le Cas 2.2.2.2.1 ("faire", "parler") et disant que le Qualificatif en étant extrait ne relève pas des Noms de Dieu. Ce propos de Ibn ul-Qayyim concerne donc aussi, et à plus forte raison, le Cas 2.2.2.1 ("égarer quelqu'un", "se venger") et le Cas 2.2.1 ("tromper") :

"الثاني: أن الصفة إذا كانت منقسمة إلى كمال ونقص، لم تدخل بمطلقها في أسمائه؛ بل يطلق عليه منها كمالها؛ وهذا كالمريد والفاعل والصانع فإن هذه الألفاظ لا تدخل في أسمائه. ولهذا غلط من سماه بالصانع عند الإطلاق بل هو الفعال لما يريد. فإن الإرادة والفعل والصنع منقسمة؛ ولهذا إنما أطلق على نفسه من ذلك أكمله فعلا وخبرا" (Badâ'ï' ul-fawâ'ïd, p. 144, 2ème point).

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VIII) Une précision à propos de l'emploi du terme "oublier" au sujet de Dieu :

Plus haut, en 1, nous citions le fait que Dieu n'oublie rien (conformément à ce que le Coran rappelle). Le verbe "oublier" était utilisé alors dans le sens de "ne plus pouvoir se rappeler un être ou un fait". Dieu n'oublie rien.

Par contre, dans le sens de "délaisser volontairement", le verbe a bien été employé au sujet de Dieu :
--- "(Les Hypocrites) ont oublié Dieu, alors Il les a oubliés" (فنَسِيَهُمْ) (Coran 9/67).
--- A propos de ce qui se passera le Jour Dernier avec ceux qui auront mécru en Lui, Dieu dit : "Il sera dit : "Aujourd'hui Nous vous oublions, comme vous aviez oublié la rencontre du jour que voici"" (Coran 45/34).
Ici le verbe "oublier" signifie : "délaisser volontairement".
Il relève alors du cas 2.2.1, ou bien du cas 2.2.2.1.

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IX) Récapitulatif :

Le pivot (manât) pour pouvoir donner une information au sujet de Dieu est que ce terme (Nom Qualificatif, ou Verbe, ou Substantif) fasse partie des Types d ou c plus haut cités, ou (sous certaines conditions) au moins du Type b.

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Le pivot (manât) pour pouvoir utiliser un Qualificatif comme Nom de Dieu, par lequel on invoque Dieu, le pivot n'en est pas que ce Nom soit forcément présent sous la forme d'un Qualificatif dans le Coran ou la Sunna. Le pivot en est que le terme relève du Type d suscité : ce dont le sens constitue une Perfection en soi et de façon inconditionnelle.
--- Si c'est bien le cas, alors on peut extraire un nom qualificatif du verbe ou de l'attribut présent dans les textes, et invoquer Dieu par son moyen / le considérer comme faisant partie des Asmâ' Husnâ, même si ce nom n'est pas présent sous forme de nom qualificatif dans le Coran ni la Sunna. On peut donc, de "ذو الجلال", extraire : "الجليل", considérer cela comme Nom de Dieu, et invoquer Dieu : "يا جليل".
--- Par contre, si le terme a un sens qui le fait relever du Type b ou Type c, là, à partir du verbe ou de l'attribut présent dans les textes, on ne peut pas extraire un Qualificatif, et donc invoquer Dieu par son moyen. On ne peut donc pas extraire "Mâkir" de "Yamkur-ullâh", ni "Mutakallim" de "Wa kallam-allâhu", et invoquer Dieu par ces qualificatifs.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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