Le prophète Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue) a eu comme mission sur Terre de délivrer aux hommes le dernier message de Dieu et d'amener ceux-ci sur la voie que ce dernier message véhicule.
Sa mission consistait, Dieu l'a souligné dans de nombreux passages de Sa Parole – le Coran – en la réalisation de 4 points essentiels :
– transmettre la Parole révélée, à savoir le Coran ;
– expliquer les passages du Coran qui demandent à l'être ;
– fournir les enseignements complémentaires du Coran, à savoir la Sunna ;
– purifier les croyants de tout polythéisme, évident ou subtil, et les éduquer spirituellement et moralement (voir Coran 3/164 ; Coran 62/2-3 ; etc.).
Celui qui apporte foi en son Message (ce qui consiste à apporter foi en l'Existence et en l'Unicité de Dieu, et en le fait que Muhammad est Son dernier Messager, ayant transmis un message venant réellement de Dieu, et à adhérer à ce message : cliquez ici), celui-là fait partie de la Communauté de foi de Muhammad (Ummatu Muhammad, al-îjâbiyya).
Accepter le message de Dieu dont c'est l'époque et adhérer donc à la Voie qu'elle trace, cela confère des bénédictions d'ordre religieux (barakât dîniyya) et des bénédictions d'ordre temporel (barakât dunyawiyya).
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A) Adhérer au message du Prophète, en acceptant que ce message est vérité, et pratiquer ce que ce message contient, cela confère des bénédictions d'ordre religieux (dînî) :
Le premier avantage d'ordre dînî est que les moyens d'adoration de Dieu que l'on pratique alors (croyances, spiritualité et actions visibles) sont agréés par Dieu. Pratiquer ces moyens avec sincérité rapproche alors réellement de Dieu. Et dès lors qu'une personne prend connaissance de cette plus récente Voie, les autres Voies, antérieures, deviennent caduques en ce qui concerne cette personne aussi : les moyens enseignés par une autre Voie deviennent alors abrogées, et les pratiquer ne rapproche plus de Dieu.
Une seconde bénédiction dînî est que les bonnes actions faites par un croyant de la Communauté de Muhammad (sur lui soit la paix) sera comptabilisée de façon surmultipliée dans l'au-delà, ce qui rapportera une plus grande récompense, par rapport à aux mêmes bonnes actions, ayant été faites par un croyant de la Communauté d'un Messager antérieur à Muhammad et n'ayant pas vécu à l'époque de Muhammad.
Par ailleurs, on sait disposer de repères éthiques et moraux révélés, dont la nécessité se fait particulièrement sentir dans un monde en désarroi. Ceci constitue une bénédiction dunyawî liée à l'adhésion au message apporté par Muhammad (sur lui soit la paix).
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B) Mettre en pratique les actions cultuelles ('ibâdât) ainsi que les règles (ahkâm ta'abbudiyya) enseignées par le Coran (transmis par le Prophète) ou la Sunna (l'enseignement du Prophète), cela confère également des bénédictions d'ordre temporel (dunyawî) :
L'adhésion à cette voie confère à la personne un cadre de croyances et de normes solide, ce qui constitue un avantage considérable pour le mental de l'homme.
La mise en pratique des normes de cette voie assure un équilibre dans la vie de la personne et dans la société, ce qui constitue un avantage dunyawî. Car les règles ta'abbudî ont pour vocation l'entretien et la préservation bien sûr du dîn (dans son sens de relation personnelle avec Dieu et dans son sens d'institution), mais aussi des affaires du dunyâ (cliquez ici et ici).
Cependant, c'est l'obéissance à Dieu et donc le rapprochement avec Lui qui doivent constituer la motivation première de l'agir selon ces normes (cliquez ici) : cela est vrai pour les actions du domaine purement cultuel (cliquez ici), mais aussi pour les actions du domaine temporel (car c'est si on a cette motivation première que l'on sera récompensé par Dieu pour cette action : cliquez ici).
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C) Cependant, en sus de ce qui a été dit aux points A et B, il est établi que la personne du Prophète elle-même (que Dieu l'élève en grade, et le salue) était bénie :
Ceci explique que, durant son vivant comme après son décès, des Compagnons et des musulmans des générations suivantes ont cherché à profiter personnellement de cette bénédiction (tabarruk) en utilisant des objets ayant été utilisés par le Prophète et d'autres éléments du même genre.
Il s'est agi pour eux de profiter de la bénédiction temporelle (baraka dunyawiyya) de ces éléments (obtenir la guérison etc., comme des Compagnons l'ont fait, chose que le Prophète lui-même a approuvé). Dans certains cas précis, il s'est agi de profiter de retirer de certains de ces éléments une bénédiction d'ordre religieux (baraka dîniyya) (cela transparaît clairement du récit avec la personne voulant avoir comme linceul le vêtement que le Prophète a porté.
Avant de citer plus bas certains récits témoignant de cela, il nous faut cependant souligner ici deux choses…
La première est que Abdullâh ibn Ubayy Ibn Salûl a bénéficié, après son décès mais avant que sa tombe soit refermée, du fait que le Prophète a soufflé sur son corps avec quelques goulettes de salive, et lui a fait revêtir sa propre tunique : "فنفث فيه من ريقه، وألبسه قميصه" (al-Bukhârî 1211 etc., Muslim 2773). Pourtant cela ne lui a servi à rien : Dieu a ensuite révélé à son sujet ce qu'il a révélé (cliquez ici). La raison en est qu'il n'avait pas le minimum de foi (Asl ul-Îmân), car Hypocrite (munâfiq bi nifâq akbar) ; or les éléments renfermant une bénédiction dînî ne confèrent pas celle-ci de façon inconditionnelle : il faut au moins avoir la foi que Dieu agrée.
La seconde chose qu'il nous faut dire ici est que la tabarruk par des objets ayant été touchés par le Prophète – baraka dunyawiyya ou baraka dîniyya – ne constitue pas l'essentiel de la relation au Prophète. L'essentiel de la relation des Compagnons avec le Prophète a été de suivre ses directives (itâ'a) et son modèle (ittibâ') – en termes aussi bien de croyances, de dispositions spirituelles du cœur, d'actions cultuelles vis-à-vis de Dieu, d'actions de bienfaisance vis-à-vis d'autrui et de respect des normes éthiques pour chaque action de la vie. On ne peut prétendre avoir recours à la tabarruk par des objets ayant été touchés par le Prophète par amour pour celui-ci, tout en justifiant ses perpétuels manquements aux normes enseignées par ce même Prophète !
Un hadîth – dont l'authenticité fait certes débat – est cité sur le sujet… Ayant vu des Compagnons pratiquer le tabarruk avec l'eau de ses ablutions et autres choses du même genre, le Prophète leur demanda : "Pourquoi faites-vous ceci ?" Ils répondirent : "Nous recherchons par cela la pureté et la bénédiction" (dans une autre version : "(Nous faisons ainsi) par amour pour toi"). Le Prophète leur dit alors : "Celui d'entre vous qui aime que Dieu l'aime ainsi que Son Messager, eh bien qu'il soit véridique, qu'il s'acquitte du dépôt [= qu'il soit honnête], et qu'il ne fasse pas du tort à son voisin" : "عن ابن شهاب قال: حدثني رجل من الأنصار أن رسول الله صلى الله عليه وسلم كان إذا توضأ أو تنخم ابتدر من حوله من المسلمين وضوءه ونخامته، فشربوه، ومسحوا به جلودهم، فلما رآهم يصنعون ذلك سألهم: "لم تفعلون هذا؟" قالوا: "نلتمس الطهور والبركة بذلك"، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "من كان منكم يحب أن يحبه الله ورسوله، فليصدق الحديث وليؤد الأمانة ولا يؤذ جاره" (Mussanaf Abd ir-Razzâq, hadîth hassan d'après al-Albânî : Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha, hadîth n° 2998, tome 6 pp. 1264-1266).
Certes, cet avis de al-Albânî a été discuté, d'autres que lui étant d'avis que ceci est plutôt un "hadîth dha'îf" (cliquez ici).
Cependant, il est certain que la tabarruk par ces éléments ne constitue pas l'essence de la relation du musulman au Prophète (sur lui soit la paix) : il existe des choses beaucoup plus accentuées, qui sont les croyances, la spiritualité et les actions que son message enseigne.
C'est ce que ash-Shâtibî veut faire comprendre après avoir cité ce hadîth, en écrivant ceci : "وقد خرج ابن وهب في جامعه من حديث يونس بن يزيد، عن ابن شهاب قال: حدثني رجل من الأنصار أن رسول الله صلى الله عليه وسلم كان إذا توضأ أو تنخم، ابتدر من حوله من المسلمين وضوءه ونخامته، فشربوه، ومسحوا به جلودهم. فلما رآهم يصنعون ذلك، سألهم: "لم تفعلون هذا؟". قالوا: "نلتمس الطهور والبركة بذلك". فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "من كان منكم يحب الله ورسوله، فليصدق الحديث وليؤد الأمانة ولا يؤذ جاره" . فإن صح هذا النقل، فهو مشعر بأن الأولى تركه، وأن يتحرى ما هو الآكد والأحرى من وظائف التكليف، وما* يلزم الإنسان في خاصة نفسه. ولم يثبت من ذلك كله إلا ما كان من قبيل الرقية وما يتبعها، أو دعاء الرجل لغيره، على وجه سيأتي بحول الله" (Al-I'tissâm, tome 2 p. 11) * dans l'originel ce terme est "لا" ; mais j'ai cru comprendre qu'il s'agirait plutôt de "ما" (wallâhu A'lam).
L'un n'empêche pas l'autre, mais il ne faut pas oublier les priorités : il ne faudrait donc pas mettre l'accent sur ce qui est secondaire et parler moins de ce qui est essentiel.
Comme nous allons le voir plus bas, le Prophète, voulant faire circuler le récipient dans lequel il avait bu, demanda au jeune Compagnon se trouvant à sa droite s'il voulait bien céder son droit d'être servi juste après lui, au profit de ceux qui se trouvaient à gauche et étaient plus âgés ; mais le jeune Compagnon répondit qu'il ne voulait donner à personne le droit qui lui revenait de boire immédiatement dans le même récipient que le Prophète (nous verrons le récit plus bas). Cette attitude fut apparemment motivée par la volonté de prendre le maximum de bénédiction (il s'agissait apparemment de baraka dunyawiyya). Le Prophète a ici renvoyé à la possibilité de céder son droit de recevoir immédiatement le récipient avec l'eau bénie s'y trouvant.
En commentaire de ce récit, des ulémas ont donc évoqué la question – qui est classique – de savoir si, lorsque l'occasion se présente d'accomplir une qurba (ou action ta'abbudî) qui est seulement recommandée et non pas obligatoire, est-ce que, par charité, on peut céder à quelqu'un d'autre l'occasion d'accomplir cette qurba, ou bien est-ce qu'on ne peut pas faire cela (voir Fat'h ul-bârî sur 5297). Cette question est connue sous le nom de "îthâr fi-l-qurubât" : par exemple il ne reste qu'une seule place dans la première rangée à la mosquée, et une personne, bien qu'entrée dans la mosquée légèrement avant l'autre, cède son droit à l'autre pour lui permettre de prier dans la première rangée : peut-elle ou non faire cela ? Cheikh Ashraf 'Alî Thânwî est d'avis qu'on peut céder à quelqu'un d'autre l'occasion d'accomplir une qurba [qui est recommandée] (Fiqh-é hanafî ké ussûl-o-dhawâbit, pp. 160-161).
Cependant, Cheikh Thânwî affirme qu'on ne peut pas déduire cela du fait que le Prophète avait proposé au jeune Compagnon dans ce récit de céder son droit de priorité à boire le reste de la boisson du Prophète, vu que boire cela n'est pas une qurba maqsûda.
Cheikh Thânwî dit :
"Présenter de façon inconditionnelle ce hadîth comme argument, cela n'est pas juste, car boire le reste (d'une boisson) (سؤر) du Prophète, même si cela apporte de la bénédiction, (…), cela n'est pas une qurba maqsûda.
On appelle qurba maqsûda ce au sujet de quoi Dieu Elevé a promis la récompense de l'au-delà. Or nulle part dans le Coran et les Hadîths il n'y a la promesse selon quoi si on boit le reste d'une boisson du Prophète – que Dieu l'élève et le salue – on obtiendra le Paradis" (Fiqh-é hanafî ké ussûl-o-dhawâbit, pp. 159-160).
Les récits qui vont suivre prouvent de façon claire que la tabarruk par les éléments liés au Prophète, cela est autorisé (mashrû') (avec certaines restrictions dans certains cas, comme nous le verrons) : dans certains récits on lit une approbation verbale, dans d'autres une approbation tacite du Prophète, entendant ou voyant des Compagnons parler ou pratiquer cette tabarruk. Certes. Cependant, sachons garder chaque action à la place que les textes des sources lui ont assignée. La tabarruk par ces éléments est chose qui a son importance, mais il s'agit en premier lieu de se soucier de retirer les bénédictions d'ordre religieux et temporel que sont l'accomplissement des actions ta'abbudî et le respect des normes ta'abbudî enseignées par la voie du Prophète qui les confèrent (soit le A et le B ; et aussi le C.A.A et le C.A.B).
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– C.A) Tabarruk Dînî par la personne même du Prophète (sur lui soit la paix) :
–--- C.A.A) Tabarruk Dînî par le fait de profiter de sa compagnie, de ce qu'il dégageait d'influence spirituelle :
Dans un célèbre récit, Hanzala vint trouver le Prophète pour lui dire : "Hanzala a du nifâq ! – Qu'est-ce donc ?" s'enquit le Prophète. Il dit : "Nous sommes en ta compagnie et tu nous rappelles (tudhakkir) le paradis et le feu ; c'est comme si nous les voyons de nos yeux ; puis, lorsque nous côtoyons notre épouse, nos enfants et nos affaires, nous oublions (nassînâ) beaucoup." Le Prophète le tranquillisa par ces mots : "Si vous restiez constamment dans (l'état dans) lequel vous vous trouvez lorsque vous êtes en ma compagnie et lorsque vous êtes (occupés) à vous souvenir de Dieu ("wa fi-dh-dhikr"), les anges vous serreraient la main quand vous vous trouvez sur vos lits et sur les chemins. Mais, ô Hanzala, un temps et un temps ("sa'atan wa sâ'atan") !" (rapporté par Muslim, 2750, at-Tirmidhî, 2514) (la traduction que nous avons faite de "wa fi-dh-dhikr" – selon laquelle le Prophète parlait non pas de rester constamment dans le dhikr mais de rester constamment dans l'état dans lequel on se trouve lorsqu'on fait le dhikr – correspond à l'interprétation de at-Tîbî citée dans Mirqât ; par ailleurs, le mot "état" présent dans notre traduction correspond au terme "hâl" figurant dans la version de at-Tirmidhî). Quand Hanzala se tracassa de ressentir quelque chose diminuer en lui, il parlait – wallâhu A'lam – du dhikr de type 1 (cliquez ici) : ces réalités qui affleuraient à la surface de son océan intérieur lorsqu'il venait d'entendre le rappel fait par le Prophète quant au Paradis et à l'Enfer (soit le dhikr de type 1), il ne les ressentait plus à un degré aussi présent après s'être adonné à ses activités temporelles ; c'est ce qu'il exprima ainsi : "Nous oublions beaucoup". Il crut donc que c'était la Présence de ces choses (istihdhâr) qui n'était pas assez conséquente en lui, donc qu'il était un Hypocrite dans l'action (nifâq ul-'amal) (cliquez ici et ici). Dans la réponse qu'il lui fit, le Prophète lui dit qu'il était normal que, une fois plongé dans ses activités temporelles, il ne restât pas dans le même état de Présence que celui qu'il ressentait :
– quand il était en la compagnie du Prophète ;
– et quand il était occupé à faire le dhikr [il s'agit apparemment du dhikr de type 2, soit les actions de 'ibâdât].
Rester en la compagnie, mussâhaba, du Prophète, cela engendrait déjà un dhikr de type 1 ; n'en parlons plus quand le Prophète prononçait un rappel, tadhkîr, concernant le paradis et l'enfer. Bénéficier de la compagnie, mussâhaba, du Prophète, cela apportait donc cette baraka dîniyya. Comment s'étonner de cela quand on sait que même la compagnie des hommes pieux non prophètes apporte des bienfaits spirituels ; c'est pourquoi le Prophète a recommandé de rester en la compagnie, mussâhaba, des hommes pieux (les hadîths sont bien connus).
Anas ibn Mâlik raconte d'ailleurs : "Nous n'avions pas secoué nos mains (de la terre) par rapport au Messager de Dieu – que Dieu le bénisse et le salue –, quand nous l'avons inhumé, que nous ne reconnûmes pas nos cœurs" (at-Tirmidhî 3618, Ibn Mâja 1631, authentifié par al-Albânî). Anas ne parle évidemment pas là du fait qu'ils auraient alors perdu la foi (tasdîq ou iltizâm), mais, comme le relate al-Mubârakpûrî en commentaire de ce propos, du fait qu'ils n'ont alors plus ressenti dans leur for intérieur la même lumière (nûrâniyya) et clarté (safâ') qu'ils ressentaient quand le Prophète était présent parmi eux (Tuhfat ul-ahwadhî, commentaire de ce propos).
(Il faut ici rappeler que, une fois qu'il est décédé, il n'est pas possible, mashrû', de tenter de profiter de l'influence spirituelle du Prophète près de sa tombe. Cliquez ici.)
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–--- C.A.B) Tabarruk Dînî par le fait de demander au Prophète de faire des invocations en sa faveur :
Le Prophète ayant informé que, dans sa Oumma, soixante-dix mille personnes entreraient au Paradis sans rendre de comptes, 'Ukkâsha lui dit : "Demande à Dieu que je fasse partie de ces gens." Le Prophète dit alors : "O Dieu, place-le parmi eux" (al-Bukhârî 6175 etc., Muslim 220).
[Puis] 'Ukkâsha demanda : "Est-ce que je fais partie d'eux ? – Tu fais partie d'eux", lui répondit le Prophète (al-Bukhârî 5378, avec Fat'h ul-bârî sur 6175).
Un jour, le Prophète vint se reposer dans la demeure de Ummu Harâm. S'étant endormi, il se réveilla en souriant. "De quoi souris-tu, ô Messager de Dieu ? – (J'ai vu) des gens de ma Oumma, chevauchant la mer verte dans le chemin de Dieu, pareils à des rois sur des trônes. – Prie Dieu que je fasse partie d'eux." Le Prophète dit alors : "O Dieu, fais qu'elle fasse partie d'eux." Puis il se rendormit, puis il se réveilla en souriant. "De quoi souris-tu, ô Messager de Dieu ? – (J'ai vu) des gens de ma Oumma, chevauchant la mer verte dans le chemin de Dieu, pareils à des rois sur des trônes. – Prie Dieu que je fasse partie d'eux." Le Prophète dit alors : "Tu fais partie des premiers, tu ne fais pas partie de ces derniers." Ummu Harâm devait effectivement partir plus tard en mer, sous la conduite de Mu'âwiya (que Dieu les agrée tous et toutes) ; mais, débarquant du bateau, elle tomba de sa monture et mourut (al-Bukhârî 2722 etc., Muslim 1912). Ceci se passa sous le califat de Uthmân, en l'an 27, 28 ou 33 de l'hégire. Ummu Harâm mourut soit dans l'île de Chypre, soit au retour de cette île, près de Homs, à Shâm.
Ibn Hajar pense quant à lui qu'il y a sur le sujet deux hadîths qui se ressemblent, avec deux personnes différentes : l'une était Ummu Harâm, l'autre Ummu 'Abdillâh : l'une des deux a été enterrée dans l'île de Chypre, l'autre près de Homs (Fat'h ul-bârî sur 5926).
A la demande explicite de Ummu Sulaym, le Prophète pria Dieu en faveur du fils de celle-ci, Anas ibn Mâlik, qui était à son service : "O Dieu, accorde-lui quantité de biens et d'enfants." Anas relate que le Prophète ne laissa aucun bien de ce monde et de l'autre sans l'avoir demandé pour lui ce jour-là. Anas racontait ensuite l'effet que cela a entraîné sur le plan dunyawî pour lui : "عن أنس رضي الله عنه، دخل النبي صلى الله عليه وسلم، على أم سليم، فأتته بتمر وسمن، قال: "أعيدوا سمنكم في سقائه، وتمركم في وعائه، فإني صائم". ثم قام إلى ناحية من البيت، فصلى غير المكتوبة، فدعا لأم سليم وأهل بيتها، فقالت أم سليم: "يا رسول الله، إن لي خويصة". قال: "ما هي؟" قالت: "خادمك أنس". فما ترك خير آخرة ولا دنيا إلا دعا لي به، قال: "اللهم ارزقه مالا وولدا، وبارك له فيه"، فإني لمن أكثر الأنصار مالا وحدثتني ابنتي أمينة أنه دُفن لصلبي مقدم حجاج البصرة بضع وعشرون ومائة" (al-Bukhârî 1881, Muslim 2480).
Le Prophète donna une pièce d'or (dînâr) à 'Urwa ibn Abi-l-Ja'd al-Bâriqî et l'envoya acheter une chèvre. Ce Compagnon acheta avec la pièce deux chèvres, en revendit une pour le prix d'une pièce d'or, et apporta au Prophète et la chèvre demandée et une pièce d'or. Le Prophète fit alors une invocation de bénédiction pour ses ventes. 'Urwa réussissait dans ses affaires (al-Bukhârî 3443) ; la version rapportée par at-Tirmidhî précise que, installé à Kûfa, il y devint très aisé (at-Tirmidhî 1258).
Jâbir ibn Abdillâh devait régler, en nature, des dettes que son défunt père avait laissées. Il appela le Prophète, qui vint, fit le tour des tas de dattes et demanda à Dieu d'accorder la bénédiction. Jâbir put régler toutes les dettes, et il resta encore des dattes (al-Bukhârî 2265, Muslim 2637 etc.).
La mère de Abdullâh ibn Hishâm l'emmena, encore enfant, auprès du Prophète ; comme elle lui demanda de recevoir allégeance de lui, il répondit : "Il est (encore) petit." (Cependant,) il passa la main sur lui et demanda à Dieu de lui accorder la bénédiction. Plus tard, Abdullâh ibn uz-Zubayr et Abdullâh ibn Omar rencontraient Abdullâh ibn Hishâm devenu adulte, venu au marché acheter de la nourriture, et lui disaient : "Associe-nous [dans cette nourriture que tu as achetée], car le Messager de Dieu a fait une invocation de bénédiction pour toi" (al-Bukhârî 2368).
As-Sâ'ïb ibn Yazîd se souvient que sa tante l'avait emmené auprès du Prophète et s'était ouverte à celui-ci que son neveu était souffrant ; as-Sâ'ïb relate : "Le Prophète passa alors la main sur moi et demanda (à Dieu) la bénédiction pour moi. Puis il fit les ablutions et je bus de son wadhû'. (…)" (al-Bukhârî 187, Muslim 2345).
(Il faut ici rappeler que, une fois qu'il est décédé, il n'est pas autorisé, mashrû', de demander au Prophète de faire des invocations pour soi, et ce même lorsqu'on se trouve devant sa tombe. Lire mon article consacré à ce point.)
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–--- C.A.C) Tabarruk Dînî par le fait d'exposer au Prophète son problème, suite à quoi il a réalisé un miracle (par la permission de Dieu) :
Lors de la campagne de Tabûk, les gens souffraient de la faim et en parlèrent au Prophète. Omar ibn ul-Khattâb suggéra alors à celui-ci de demander à tout le monde d'emmener les quelques provisions qui leur restaient, puis de demander à Dieu de les bénir pour eux. Le Prophète accepta. Il demanda d'étaler une nappe. Puis il dit d'apporter les provisions. L'un apporta alors une poignée de sorgho, un autre une poignée de dattes, un autre encore un morceau (de pain). Le Prophète demanda alors à Dieu de bénir (tout ceci). Puis il dit de ramasser ce qui se trouvait sur la nappe et d'en remplir les sacs. Aucun sac ne resta qui ne fut alors rempli. Il resta quelque chose sur la nappe. Et tous mangèrent à satiété (Muslim 27).
A al-Hudaybiya, Jâbir ibn Abdillâh relate que, n'ayant pas d'eau, les Compagnons se rendirent auprès du Prophète et lui parlèrent de ce problème. Le Prophète ne disposait que d'une écuelle d'eau. Il y plaça alors ses doigts, et l'eau jaillit. Il annonça alors : "Accourez, gens des ablutions ! La bénédiction vient de Dieu !" Près de 1500 Compagnons purent faire les ablutions à partir de cette eau (al-Bukhârî 3383, 3921). Jâbir raconte : "Les gens se mirent à faire les ablutions de cette eau et à en boire. Je bus de cette eau autant que je le pus : j'ai su qu'elle était une bénédiction" (al-Bukhârî 5316).
Al-Bukhârî a titré sur ce hadîth : "Le fait de boire ce qui est béni, et l'eau bénie" (Sahîh ul-Bukhârî, kitâb ul-ashriba, bâb 30).
(Il faut ici rappeler que, une fois qu'il est décédé, il n'est pas autorisé, mashrû', de présenter au Prophète ses problèmes lorsqu'on se trouve devant sa tombe, et a fortiori lorsqu'on en est éloigné.)
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– C.B) Tabarruk Dunyawî ou Dînî par le contact avec les mains du Prophète, ses cheveux ou sa salive :
–--- C.B.A) Tabarruk Dunyawî par l'imposition des mains du Prophète : de son vivant seulement :
Abû Juhayfa raconte que, en voyage, le Prophète sortit alors qu'il faisait chaud à la mi-journée, fit les ablutions, puis accomplit deux cycles de prière de zuhr et deux cycles de prière de 'asr (…). Il relate : "Les gens se mirent à prendre ses deux mains et à les passer sur leur visage. Je pris sa main et la plaçai sur mon visage : elle était plus fraîche que la neige et était d'un parfum plus suave que le musc" (al-Bukhârî, 3360).
Aïcha raconte : "Lorsque le Prophète était malade, il récitait et soufflait sur lui les sourates Mu'awwidhât, et passait sa main sur lui. Lorsqu'il tomba malade de la maladie dont il devait mourir, je me mis à réciter et à souffler, et à passer la main du Prophète, à cause de la bénédiction de celle-ci" : "عن عائشة رضي الله عنها "أن رسول الله صلى الله عليه وسلم كان إذا اشتكى نفث على نفسه بالمعوذات ومسح عنه بيده. فلما اشتكى وجعه الذي توفي فيه، طفقت أنفث على نفسه بالمعوذات التي كان ينفث، وأمسح بيد النبي صلى الله عليه وسلم عنه" (al-Bukhârî, 4175, Muslim, 2192) ; "عن الزهري، عن عروة، عن عائشة رضي الله عنها: "أن النبي صلى الله عليه وسلم كان ينفث على نفسه في المرض الذي مات فيه بالمعوذات، فلما ثقل كنت أنفث عليه بهن، وأمسح بيد نفسه لبركتها". فسألت الزهري: كيف ينفث؟ قال: "كان ينفث على يديه، ثم يمسح بهما وجهه" (al-Bukhârî, 5403) ; "وأمسحه بيد نفسه، لأنها كانت أعظم بركة من يدي" (Muslim, 2192/50).
On peut citer de nouveau ici les deux récits déjà relatés en C.A.B (par rapport, là-bas, à l'invocation)...
La mère de Abdullâh ibn Hishâm l'emmena, encore enfant, auprès du Prophète ; comme elle lui demanda de recevoir allégeance de lui, il répondit : "Il est (encore) petit." (Cependant,) il passa la main sur lui et demanda à Dieu de lui accorder la bénédiction. Plus tard, Abdullâh ibn uz-Zubayr et Abdullâh ibn Omar rencontraient Abdullâh ibn Hishâm devenu adulte, venu au marché acheter de la nourriture, et lui disaient : "Associe-nous [dans cette nourriture que tu as achetée], car le Messager de Dieu a fait une invocation de bénédiction pour toi" (al-Bukhârî 2368).
As-Sâ'ïb ibn Yazîd se souvient que sa tante l'avait emmené auprès du Prophète et s'était ouverte à celui-ci que son neveu était souffrant ; as-Sâ'ïb relate : "Le Prophète passa alors la main sur moi et demanda (à Dieu) la bénédiction pour moi. Puis il fit les ablutions et je bus de son wadhû'. (…)" (al-Bukhârî 187, Muslim 2345).
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–--- C.B.B) Tabarruk Dunyawî ou Dînî par la sueur du Prophète, ou sa salive :
Anas ibn Mâlik raconte : "Le Prophète (sur lui soit la paix) venait parfois dans la maison de Ummu Sulaym se reposer chez elle lorsque celle-ci ne se trouvait pas chez elle. Il vint un jour et s'endormit sur son lit. Quelqu'un vint la trouver et lui dit : "Le Prophète se trouve dans ta maison, sur ton lit." Elle vint alors, et voilà que le Prophète avait transpiré et que de la sueur se trouvait sur un morceau du lit qui était en cuir. Elle prit alors son coffret et se mit à éponger cette sueur puis à presser (le tissu employé) dans des fioles. Le Prophète sursauta. "Que fais-tu, Ummu Sulaym ? – Messager de Dieu, nous en espérons la bénédiction pour nos enfants. – Tu fais bien"" (Muslim 2331). Dans d'autres versions de ce récit, elle lui dit aussi qu'elle mélangeait cette sueur à du parfum à cause de sa suavité (Muslim 2331).
C'est là un cas de Tabarruk Dunyawî.
Dans une des versions de ce récit, il est dit que Ummu Sulaym ajoutait cela à du parfum (sukk) ; et il est précisé que lorsque Anas ibn Mâlik (son fils) fut à l'orée de la mort, il demanda qu'un peu de ce parfum (sukk) soit utilisé pour le parfum funéraire (hanût) qu'on utiliserait pour son corps (al-Bukhârî 5925).
De la part de Anas, ce fut là un cas de Tabarruk Dînî.
Le contact de ces traces provenant du corps du Prophète (sur lui soit la paix), avec son corps, constitue une cause parmi d'autres (sabab) en faveur d'une levée de sanction dans l'autre monde (la Décision finale de donner préférence à la cause du Pardon, ou à la cause du châtiment temporaire, appartenant à Dieu et à Lui Seul). Cependant, pour que cette cause puisse produire un effet, il y a comme condition (shart) que la personne ait Asl ul-îmân. C'est bien pourquoi, dans le cas de Abdullâh ibn Ubayy Ibn Salûl, cette cause n'a servi à rien (cf. supra) : la condition n'était pas présente : il est mort sans Asl ul-îmân.
Lire mon article consacré à cela.
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Abdullâh ibn uz-Zubayr fut le premier nouveau-né parmi les Emigrants à Médine. On l'emmena auprès du Prophète. Celui-ci prit une datte, qu'il mâcha, puis il mit [quelque chose de cela] dans sa bouche. Aïcha, épouse du Prophète et tante de Abdullâh ibn uz-Zubayr, dit : "La première chose qui entra dans son estomac fut donc la salive du Messager de Dieu." Puis le Prophète procéda à la tahnîk, puis demanda à Dieu de le bénir et fit des invocations à Dieu pour lui (al-Bukhârî 3697, Muslim 2146). (La tahnîk consiste à mâcher une datte puis à en coller un minuscule fragment dans le palais du bébé, de sorte que ce fragment se délite très progressivement et que le bébé goûte la douceur de la datte d'une façon qui ne cause pas du tort à sa santé ; on note qu'il ne s'agit pas d'avoir recours, ici et maintenant, à ce procédé sans même savoir si cela ferait ou non du tort au bébé.)
On emmenait des enfants auprès du Prophète, il prononçait sur eux des invocations de bénédiction et faisait leur tahnîk (Muslim 286, 2147).
Le Prophète (sur lui la paix) se trouvait une fois avec des Compagnons : à sa droite un jeune et à sa gauche des hommes plus âgés. On lui apporta un récipient dans lequel se trouvait une boisson. Il en but. [Etant donné le principe qu'il a lui même énoncé de la priorité à droite, il tint à demander au garçon si celui-ci voulait bien délaisser la priorité qui lui revenait de fait et lui permettre de faire passer le récipient aux gens âgés qui se trouvaient à sa gauche.] Il dit donc au garçon : "Permets-tu que je serve ceux-là ?" Mais le jeune Compagnon lui dit gentiment : "Non, par Dieu, je ne donnerai priorité à personne quant à la part que je (peux obtenir) de toi." Le Prophète plaça alors le récipient dans sa main (al-Bukhârî 2319, Muslim 2030). Le garçon a ici refusé de donner priorité à autrui, car il craignait ne pas avoir assez de cette boisson pour lui-même, ne sachant pas combien les autres boiraient avant lui ; comme il se trouvait dans son droit d'être servi le premier, il a donc voulu éviter ce risque et profiter au maximum de cette boisson ayant reçu la bénédiction (Fat'h ul-bârî sur 2319). Ce garçon pourrait avoir été Abdullâh ibn Abbâs.
Abû Mûssâ relate que, à al-Ji'râna, interpellé par un bédouin, le Prophète lui dit : "Reçois la bonne nouvelle". Le bédouin ayant réclamé des biens matériels plutôt qu'une bonne nouvelle, le Prophète se tourna vers Abû Mûssâ et Bilâl, et leur dit : "Il a repoussé la bonne nouvelle. Acceptez-la donc, vous. – Nous l'acceptons", dirent-ils. Il fit alors demander un récipient d'eau, il s'y lava les deux mains [ou "les deux bras"] et le visage, et s'y gargarisa la bouche ; puis il dit : "Buvez de cette (eau), versez-en sur votre visage et votre cou, et recevez la bonne nouvelle." Ce qu'ils firent. De derrière le rideau, Ummu Salama, épouse du Prophète, dit alors : "Laissez-en pour votre mère." Ils lui en remirent alors une part (al-Bukhârî 4073).
'Urwa ibn Mas'ûd, venu voir les musulmans à al-Hudaybiya, rapporta aux Quraysh qu'il n'avait jamais vu les sujets d'un roi ou d'un empereur faire montre d'autant de déférence vis-à-vis de leur maître que les Compagnons de Muhammad le faisaient vis-à-vis du leur ; parmi ce qu'il leur relata il y avait aussi : "والله إن تنخم نخامة إلا وقعت في كف رجل منهم، فدلك بها وجهه وجلده" (al-Bukhârî 2581)
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–--- C.B.C) Tabarruk Dunyawî par des cheveux du Prophète obtenus de son vivant :
Ummu Salama conservait, dans un petit objet (juljul), quelques cheveux du Prophète ; "lorsque quelqu'un était atteint du mauvais œil, il envoyait un récipient d'eau" (al-Bukhârî 5557-5558) ; alors, écrit Ibn Hajar, Ummu Salama y trempait ces cheveux, et renvoyait le récipient d'eau, qu'on aspergeait ou sur le malade ou qu'on donnait à boire à celui-ci (Fat'h ul-bârî sur ce hadîth).
A l'occasion du pèlerinage d'Adieu, le Prophète s'était fait raser la tête ; s'étant fait raser le côté droit puis le côté gauche, il fit distribuer ses cheveux aux gens (Muslim 1305).
Ibn Sîrîn dit à 'Abîda : "Nous avons quelque chose des cheveux du Prophète, que nous avons obtenu de Anas – ou de la famille de Anas" (al-Bukhârî 168).
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– C.C) Tabarruk Dunyawî ou Dînî par des choses autres que la personne du Prophète et les parties de lui-même :
–--- C.C.A) Tabarruk Dunyawî ou Dînî par l'eau ayant été en contact avec le Prophète :
--- Par l'eau avec laquelle il a fait ses ablutions :
Abû Juhayfa relate que les gens ont cherché l'eau du wadhû' et l'ont passée sur leur visage (al-Bukhârî 185). As-Sâ'ïb ibn Yazîd se souvient que sa tante l'avait emmené auprès du Prophète et s'était ouverte à celui-ci que son neveu était souffrant ; as-Sâ'ïb relate : "Le Prophète passa alors la main sur moi et demanda (à Dieu) la bénédiction pour moi. Puis il fit les ablutions et je bus de son wadhû'. (…)" (al-Bukhârî 187, Muslim 2345). Le mot "wadhû'" désigne parfois l'eau destinée à faire les ablutions et qui, n'ayant pas été utilisée par la personne, reste dans le récipient après les ablutions ; mais ici cela désigne l'eau ayant servi aux ablutions et coulant des membres de la personne (Fat'h ul-bârî sur 185). Voilà un cas de Tabarruk Dunyawî.
Talq ibn 'Alî était venu au sein de toute une délégation de sa tribu à Médine pour leur conversion à l'islam. Ils parlèrent au Prophète (sur lui soit la paix) d'une église, dans leur cité, leur appartenant (apparemment ils étaient auparavant chrétiens). Le Prophète leur dit de changer certains de ses murs vers la Qibla, leur donna de son wadhû' pour en asperger le sol, et leur dit d'en faire une mosquée. Lui ayant fait remarquer qu'ils habitaient loin et que ce wadhû' s'évaporerait pendant leur voyage de retour, le Prophète leur dit de rajouter de l'eau à son wadhû'. "عن طلق بن علي قال: خرجنا وفدا إلى النبي صلى الله عليه وسلم فبايعناه، وصلينا معه، وأخبرناه أن بأرضنا بيعة لنا، فاستوهبناه من فضل طهوره. فدعا بماء فتوضأ وتمضمض، ثم صبه في إداوة وأمرنا فقال: "اخرجوا فإذا أتيتم أرضكم فاكسروا بيعتكم وانضحوا مكانها بهذا الماء واتخذوها مسجدا". قلنا: "إن البلد بعيد، والحر شديد، والماء ينشف". فقال: "مدوه من الماء، فإنه لا يزيده إلا طيبا". فخرجنا حتى قدمنا بلدنا، فكسرنا بيعتنا، ثم نضحنا مكانها، واتخذناها مسجدا، فنادينا فيه بالأذان. قال: والراهب رجل من طيئ، فلما سمع الأذان قال: "دعوة حق"، ثم استقبل تلعة من تلاعنا فلم نره بعد" (an-Nassâ'ï, 701) ("وكأنهم كانوا نصارى، آمنوا، فأرادوا أن يكسروها" : Lama'ât ut-tanqîh) ; "فاكسروا بيعتكم"، أي: غيروا محرابها، وحولوه إلى الكعبة" : Mirqât ul-mafatîh sur hadîth 716). Et voilà un cas de Tabarruk Dînî.
'Urwa ibn Mas'ûd, venu voir les musulmans à al-Hudaybiya, rapporta aux Quraysh la déférence que les Compagnons de Muhammad faisaient vis-à-vis de ce dernier ; parmi ce qu'il leur relata il y avait aussi : "Quand il fait les ablutions, ils se disputent presque pour obtenir son wadhû'" (al-Bukhârî 2581).
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–--- C.C.B) Tabarruk Dunyawî ou Dînî par l'objet solide ayant été en contact avec le Prophète : soit par le fait de se mettre en contact avec cet objet ; soit par le fait de mettre cet objet en contact avec de l'eau, et de boire cette eau :
--- Par les vêtements qu'il avait portés :
Aïcha, épouse du Prophète, avait gardé le manteau de type "tayâlissa kisrawâniyya" que le Prophète avait porté. Lorsque Aïcha quitta ce monde, ce fut sa sœur Asmâ' qui reçut ce manteau ; elle dit : "Nous le lavons pour ceux qui sont malades, recherchant ainsi la guérison" (Muslim, 2069). Voilà un cas de Tabarruk Dunyawî.
Le Prophète donna son pagne (hiqw) et demanda lui-même qu'il soit utilisé dans le linceul de sa fille décédée, [Zaynab] : "عن أم عطية الأنصارية رضي الله عنها، قالت: دخل علينا رسول الله صلى الله عليه وسلم حين توفيت ابنته، فقال: "اغسلنها ثلاثا، أو خمسا، أو أكثر من ذلك إن رأيتن ذلك، بماء وسدر، واجعلن في الآخرة كافورا - أو شيئا من كافور -. فإذا فرغتن فآذنني". فلما فرغنا آذناه ، فأعطانا حقوه، فقال: "أشعرنها إياه" تعني إزاره" (al-Bukhârî, 1195, Muslim, 939). Et voilà un cas de Tabarruk Dînî.
Sahl raconte qu'une femme apporta un manteau et dit au Prophète qu'elle l'avait tissé de ses propres mains pour lui, afin qu'il le porte. Sahl relate : "Le Messager de Dieu le prit, il en avait besoin." Il le portait, quand quelqu'un lui demanda de le lui donner. Le Prophète accepta. Comme il fit apporter le manteau à cet homme, les gens réprimandèrent celui-ci : "Tu n'as bien agi ! Tu le lui as demandé, alors que tu sais qu'il ne dit jamais "non" à qui lui demande quelque chose." L'homme fit : "Je ne le lui ai demandé que pour que cela soit mon linceul le jour où je mourrai." Sahl raconte : "Cela fut effectivement le linceul de cet (homme)" (al-Bukhârî 5473).
--- Par des récipients dans lesquels il avait bu ou mangé :
Abû Ayyûb al-Ansârî mettait ses doigts à l'endroit exact où le Prophète avait mis les siens dans le plat (Muslim 2053) ; en fait le Prophète lui renvoyait un peu de cette nourriture dans ce plat (at-Tirmidhî 1807).
Abû Hâzim relate que Sahl ibn Sa'd raconte que le Prophète, assis dans le préau (saqîfa) des Banû Sâ'ïda avec d'autres Compagnons, lui dit : "Sers-nous à boire, Sahl." Sahl dit : "Je leur apportai alors ce récipient et leur donnai à boire dedans." Abû Hâzim relate : "Sahl nous montra ce récipient. Nous y bûmes." Il dit : "Par la suite, Omar ibn Abd il-Azîz le lui demanda. Il le lui offrit" (al-Bukhârî 5314).
'Assîm raconte avoir vu auprès de Anas ibn Mâlik un récipient que celui-ci avait conservé et dans lequel il disait avait donné à boire au Prophète de très nombreuses fois (al-Bukhârî 5315) ; 'Assim raconte avoir bu dans ce récipient (al-Bukhârî 2942).
Abû Burda raconte que Abdullâh ibn Salâm lui a dit : "Ne (souhaiterais-tu) pas que je te donne à boire dans un récipient dans lequel le Prophète avait bu ?" (cité par al-Bukhârî ta'lîqan).
Sur ces trois récits, al-Bukhârî a écrit : "Le fait de boire dans le récipient du Prophète" (Sahîh ul-Bukhâri, kitâb ul-ashriba, bâb 29).
Ailleurs, sur d'autres récits, al-Bukhârî a écrit : "De ce qui est mentionné : l'armure du Prophète, sa canne, son sabre, son récipient, sa bague : du fait que les califes après lui ont utilisé de cela, de ce dont il n'a pas été relaté que cela ait été partagé ; et de ses cheveux, de sa sandales et de son récipient, ce dont ses Compagnons et autres qu'eux ont recherché la bénédiction (yatabarraku) après son décès" (Sahîh ul-Bukhâri, kitâb ul-khums, bâb 5).
--- Par la chaire où il s'était assis, et le pommeau (de celle-ci) qu'il avait touché :
Ibn Omar plaçait sa main sur l'endroit de la chaire où le Prophète s'asseyait, puis plaçait sa main sur son visage : "أخبرنا محمد بن إسماعيل بن أبي فديك، قال أخبرني ابن أبي ذئب، عن حمزة بن أبي جعفر، عن إبراهيم بن عبد الرحمن بن عبد القاري، أنه نظر إلى ابن عمر وضع يده على مقعد النبي - صلى الله عليه وسلم - من المنبر، ثم وضعها على وجهه" (At-Tabaqât ul-kub'râ, Ibn Sa'd) (cité dans Ash-Shifâ, 2/47 ; 2/73).
Certains Compagnons entouraient de leur main droite le pommeau de la chaire ; ensuite ils se tournaient vers la Qibla et faisaient des invocations : "أخبرنا عبد الله بن مسلمة بن قعنب الحارثي وخالد بن مخلد البجلي، قالا أخبرنا أبو مودود عبد العزيز مولى لهذيل، عن يزيد بن عبد الله بن قسيط، قال: رأيت ناسا من أصحاب النبي - صلى الله عليه وسلم - إذا خلا المسجد، أخذوا برمانة المنبر الصلعاء التي تلي القبر بميامنهم، ثم استقبلوا القبلة يدعون. قال أبو عبد الله محمد بن سعد: ذكر عبد الله بن مسلمة الصلعاء، ولم يذكرها خالد بن مخلد" (At-Tabaqât ul-kub'râ, Ibn Sa'd) (cité dans Ash-Shifâ, 2/73).
Ahmad ibn Hanbal (mort en 241 a.h.) a déduit du geste de Ibn Omar qu'il est autorisé de toucher la chaire ainsi que le pommeau de celle-ci, parce que le Prophète les avait touchés. Cependant, cela était possible tant que c'était bien la chaire qu'il avait touchée qui était en place : "فأما اليوم فقد احترق المنبر، وما بقيت الرمانة، وإنما بقي من المنبر خشبة صغيرة؛ فقد زال ما رخص فيه؛ لأن الأثر المنقول عن ابن عمر وغيره إنما هو التمسح بمقعده" (Iqtidhâ' us-sirât il-mustaqîm, p. 338).
Or, concernant cette catégorie C.C.B :
--- La Tabarruk est certes possible par le vêtement que le Prophète avait porté, tant que celui-ci n'était pas lavé (car il y subsiste toujours alors quelque chose de la sueur de celui qui l'a porté) ; ainsi que par son récipient dans lequel il venait de boire.
--- Par contre, le récipient dans lequel c'est il y a très longtemps que le Prophète a bu, et dans lequel tant d'autres personnes ont entre-temps bu à leur tour, je me suis demandé si la Tabarruk en est toujours possible : car, contrairement à ses cheveux, que subsiste-t-il sur un objet, de trace à lui, deux siècles après ?
En commentaire de la parole du Prophète (sur lui soit la paix) où il dit aux dames donnant le bain mortuaire à sa fille décédée : "Lorsque vous aurez terminé de lui donner le bain (mortuaire), informez-moi de cela", et que ce fut ensuite seulement qu'il leur remit son pagne pour qu'elles l'utilisent comme vêtement touchant directement le corps ("اغسلنها ثلاثا، أو خمسا، أو أكثر من ذلك إن رأيتن ذلك، بماء وسدر، واجعلن في الآخرة كافورا - أو شيئا من كافور -. فإذا فرغتن فآذنني". فلما فرغنا آذناه ، فأعطانا حقوه، فقال: "أشعرنها إياه" تعني إزاره"), Ibn Hajar écrit ainsi qu'il a été dit que la raison pour laquelle il a retardé le fait de leur remettre son pagne et ne leur a pas donné dès le début est qu'il n'y ait pas de coupure entre le fait de quitter son corps pour être placé sur le corps de sa fille, et qu'il soit "récent de contact avec son noble corps" : "قيل: الحكمة في تأخير الإزار معه إلى أن يفرغن من الغسل ولم يناولهن إياه أوّلا ليكون قريب العهد من جسده الكريم حتى لا يكون بين انتقاله من جسده إلى جسدها فاصل" (FB, 3/166)...
Et, justement, pour sa part, Mâlik ibn Anas (mort en 179 a.h.) avait désapprouvé qu'on passe la main sur le pommeau de la chaire du Prophète à Médine (Iqtidhâ' us-sirât il-mustaqîm, p. 338) : "حتى تنازع الفقهاء في وضع اليد على منبر سيدنا رسول الله صلى الله عليه وآله وسلم لما كان موجودا: فكرهه مالك وغيره، لأنه بدعة؛ وذكر أن مالكًا لما رأى عطاء فعل ذلك، لم يأخذ عنه العلم. ورخّص فيه أحمد وغيره، لأن ابن عمر - رضي الله عنهما - فعله" (MF 27/79-80). "وكره مالك التمسح بالمنبر، كما كرهوا التمسح بالقبر" (Iqtidhâ' us-sirât il-mustaqîm, p. 338). Apparemment Mâlik voulait parler de toucher cela Ta'abbudan, ou Tabarrukan. "ومع هذا فقد نقل عن مالك كراهة اتخاذ ذلك سنة، ولم يأخذ في هذا بفعل ابن عمر. كما لم يأخذ بفعله في التمسح بمقعده على المنبر، ولا باستحباب قصد الأماكن التي صلى فيها لكون الصلاة أدركته فيها - فكان ابن عمر يستحب قصدها للصلاة فيها، وكان جمهور الصحابة لا يستحبون ذلك" (MF 27/241).
Et :
----- soit Mâlik pensait que lorsque Ibn Omar et d'autres Compagnons l'avaient pour sa part fait, ils l'avaient fait par expression d'affection pour le Prophète (Iz'hâr ul-Mahabba), et non pas par Tabarruk ; or c'est le faire par Tabarruk que Mâlik désapprouvait ;
----- soit Mâlik pensait que, certes, Ibn Omar et d'autres Compagnons avaient fait ce geste Tabarrukan, cependant, c'était leur ijtihâd à eux ; tandis que lui, Mâlik, était pour sa part d'un autre avis, suite à un ijtihâd différent de celui de Ibn Omar et d'autres (alors que l'avis de ces derniers, Ahmad ibn Hanbal et al-Bukhârî allaient pour leur part le reprendre) ;
----- soit Mâlik pensait que la Tabarruk faite par un objet touché par le Prophète (sur lui soit la paix), cela peut se faire peu de temps après le Prophète, car il reste quelque trace de sa sueur ou autre trace sur l'objet ; et c'est pourquoi Ibn Omar et certains autres Compagnons avaient fait la Tabarruk par la chaire du Prophète. Par contre, contrairement aux cheveux de ce dernier, ce genre d'objet qu'il avait seulement touché, on ne pouvait pas en faire Tabarruk longtemps après, car entre-temps tant d'autres personnes avaient touché cet objet, et il ne restait plus de trace du Prophète dessus ; et c'est pourquoi Mâlik avait dit à son époque qu'on ne pouvait plus toucher la chaire du Prophète (Tabarrukan).
Je ne sais pas (لا أدري).
Si la bonne interprétation de la fatwa de Mâlik ibn Anas au sujet du fait de toucher la chaire du Prophète est la dernière, alors ce que non plus des Compagnons (vivant peu de temps après) mais des Tâbi'ûn ont fait vis-à-vis d'autres objets touchés par le Prophète (tels que le récipient dans lequel le Prophète avait bu), soit ils l'ont fait parce que leur avis était autre, soit ils l'ont fait par expression d'affection pour le Prophète (Iz'hâr ul-Mahabba), et non plus par Tabarruk.
Wallâhu A'lam.
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–--- C.D) Pour ce qui est de faire Tabarruk par la tombe du Prophète (sur lui soit la paix) : cela n'est pas institué (ghayr mashrû') :
Ibn Omar a désapprouvé qu'on touche la tombe du Prophète (sur lui soit la paix) : "عن نافع، عن ابن عمر أنه كان يكره مس قبر النبي صلى الله عليه وسلم" (rapporté avec sa chaîne de transmission dans Mu'jam ush-shuyûkh al-kabîr, adh-Dhahabî).
"ومن كتاب أحمد بن سعيد الهندي فيمن وقف بالقبر: لا يلصق به، ولا يمسه، ولا يقف عنده طويلا" (Ash-Shifâ, 2/76).
Ahmad ibn Hanbal : "قال أبو بكر الأثرم: قلت لأبي عبد الله - يعني أحمد بن حنبل -: "قبر النبي صلى الله عليه وسلم يلمس ويتمسح به؟" فقال: "ما أعرف هذا". قلت له: "فالمنبر؟" قال: "أما المنبر فنعم، قد جاء فيه"؛ قال أبو عبد الله: "شيء يروونه عن ابن أبي فديك عن ابن أبي ذئب عن ابن عمر أنه مسح على المنبر". قال: فيروونه عن سعيد بن المسيب في الرمانة. قلت: "ويروى عن يحيى بن سعيد يعني الأنصاري شيخ مالك وغيره أنه حيث أراد الخروج إلى العراق جاء إلى المنبر فمسحه ودعا"؛ فرأيته استحسن ذلك، ثم قال: "لعله عند الضرورة والمشي". قيل لأبي عبد الله: "إنهم يلصقون بطونهم بجدار القبر"، وقلت له: "رأيت أهل العلم من أهل المدينة لا يمسونه ويقومون ناحية فيسلمون"؛ فقال أبو عبد الله: "نعم، وهكذا كان ابن عمر يفعل"؛ ثم قال أبو عبد الله: "بأبي وأمي، صلى الله عليه وسلم" (Iqtidhâ' us-sirât il-mustaqîm, p. 338).
An-Nawawî : "فرع) لا يجوز أن يطاف بقبره صلى الله عليه وسلم. ويكره إلصاق الظهر والبطن بجدار القبر قاله أبو عبيد الله الحليمي وغيره قالوا ويكره مسحه باليد وتقبيله بل الأدب أن يبعد منه كما يبعد منه لو حضره في حياته صلى الله عليه وسلم هذا هو الصواب الذي قاله العلماء وأطبقوا عليه ولا يغتر بمخالفة كثيرين من العوام وفعلهم ذلك. فإن الاقتداء والعمل إنما يكون بالأحاديث الصحيحة وأقوال العلماء ولا يلتفت إلى محدثات العوام وغيرهم وجهالاتهم (...) ومن خطر بباله أن المسح باليد ونحوه أبلغ في البركة فهو من جهالته وغفلته لأن البركة إنما هي فيما وافق الشرع وكيف ينبغي الفضل في مخالفة الصواب" (Al-Majmû').
La seule pierre qu'il est mashrû' de toucher est la Pierre Noire : mais cela est fait ta'abbudan, et pas tabarrukan.
Et le seul lieu sur la Terre dont il est mashrû' de faire la circumambulation (tawâf), c'est la Kaaba (Zâd ul-ma'âd, 1/48) ; cela se fait ta'abbudan.
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– C.E) Quant à la Tabarruk (Dînî ou Dunyawî) par les lieux (de la terre) où le Prophète a prié, s'est tenu, s'est assis ou s'est allongé, elle n'est pas autorisée, ni de son vivant, ni après son décès :
Différent de tout ce qui précède est le cas de la recherche de la bénédiction (tabarruk) par un lieu de la terre où le Prophète s'est tenu debout, s'est assis ou s'est allongé, etc. : cela n'est pas autorisé (ghayr mashrû').
Al-Ma'rûr ibn Suwayd relate : "Nous sommes allés avec Omar pour un pèlerinage qu'il fit. [Un jour] dans la prière de l'aube, il récita, dans la prière qu'il dirigea devant nous, les sourates al-Fîl et Quraysh. Lorsqu'il eut terminé son pèlerinage et qu'il retournait, (il vit) des gens se précipiter. "Qu'est-ce ?" demanda-t-il. On lui dit : "(C'est) un lieu dans lequel le Messager de Dieu, que Dieu le bénisse et le salue, a accompli la prière." Il dit alors : "C'est ainsi que se perdirent les gens du Livre : ils prirent les lieux (âthâr) de leurs prophètes comme lieux de culte [adressé à Dieu]. Celui d'entre vous à qui une prière survient en ce lieu, qu'il (y) accomplisse la prière ! Et celui d'entre vous à qui une prière ne survient pas en ce lieu, qu'il n'(y) accomplisse pas la prière !" : "حدثنا أبو معاوية، عن الأعمش، عن المعرور بن سويد قال: خرجنا مع عمر في حجة حجها، فقرأ بنا في الفجر: {ألم تر كيف فعل ربك بأصحاب الفيل}، و{لإيلاف قريش}. فلما قضى حجه ورجع، والناس يبتدرون؛ فقال: "ما هذا؟" فقالوا: "مسجد صلى فيه رسول الله صلى الله عليه وسلم". فقال: "هكذا هلك أهل الكتاب: اتخذوا آثار أنبيائهم بيعا. من عرضت له منكم فيه الصلاة، فليصل؛ ومن لم تعرض له منكم فيه الصلاة، فلا يصل" (Mussannaf Ibn Abî Shayba, n° 7550, 2/376-377 – n° 7632, 5/183 dans l'édition que je possède. ; cité également dans Fat'h ul-bârî 1/731, et dans Al-Iqtidhâ', p. 355, avec, comme dernière phrase : "Et celui d'entre vous à qui une prière ne survient pas en ce lieu, qu'il passe !" ).
Lire notre article sur le sujet.
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
Rechercher la bénédiction (tabarruk) liée à de l'eau ou à des objets que le Prophète a utilisés, est-ce institué (mashrû') ?
Le prophète Muhammad (que Dieu le bénisse et le salue) a eu comme mission sur Terre de délivrer aux hommes le dernier message de Dieu et d'amener ceux-ci sur la voie que ce dernier message véhicule.
Sa mission consistait, Dieu l'a souligné dans de nombreux passages de Sa Parole – le Coran – en la réalisation de 4 points essentiels :
– transmettre la Parole révélée, à savoir le Coran ;
– expliquer les passages du Coran qui demandent à l'être ;
– fournir les enseignements complémentaires du Coran, à savoir la Sunna ;
– purifier les croyants de tout polythéisme, évident ou subtil, et les éduquer spirituellement et moralement (voir Coran 3/164 ; Coran 62/2-3 ; etc.).
Celui qui apporte foi en son Message (ce qui consiste à apporter foi en l'Existence et en l'Unicité de Dieu, et en le fait que Muhammad est Son dernier Messager, ayant transmis un message venant réellement de Dieu, et à adhérer à ce message : cliquez ici), celui-là fait partie de la Communauté de foi de Muhammad (Ummatu Muhammad, al-îjâbiyya).
Accepter le message de Dieu dont c'est l'époque et adhérer donc à la Voie qu'elle trace, cela confère des bénédictions d'ordre religieux (barakât dîniyya) et des bénédictions d'ordre temporel (barakât dunyawiyya).
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A) Adhérer au message du Prophète, en acceptant que ce message est vérité, et pratiquer ce que ce message contient, cela confère des bénédictions d'ordre religieux (dînî) :
Le premier avantage d'ordre dînî est que les moyens d'adoration de Dieu que l'on pratique alors (croyances, spiritualité et actions visibles) sont agréés par Dieu. Pratiquer ces moyens avec sincérité rapproche alors réellement de Dieu. Et dès lors qu'une personne prend connaissance de cette plus récente Voie, les autres Voies, antérieures, deviennent caduques en ce qui concerne cette personne aussi : les moyens enseignés par une autre Voie deviennent alors abrogées, et les pratiquer ne rapproche plus de Dieu.
Une seconde bénédiction dînî est que les bonnes actions faites par un croyant de la Communauté de Muhammad (sur lui soit la paix) sera comptabilisée de façon surmultipliée dans l'au-delà, ce qui rapportera une plus grande récompense, par rapport à aux mêmes bonnes actions, ayant été faites par un croyant de la Communauté d'un Messager antérieur à Muhammad et n'ayant pas vécu à l'époque de Muhammad.
Par ailleurs, on sait disposer de repères éthiques et moraux révélés, dont la nécessité se fait particulièrement sentir dans un monde en désarroi. Ceci constitue une bénédiction dunyawî liée à l'adhésion au message apporté par Muhammad (sur lui soit la paix).
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B) Mettre en pratique les actions cultuelles ('ibâdât) ainsi que les règles (ahkâm ta'abbudiyya) enseignées par le Coran (transmis par le Prophète) ou la Sunna (l'enseignement du Prophète), cela confère également des bénédictions d'ordre temporel (dunyawî) :
L'adhésion à cette voie confère à la personne un cadre de croyances et de normes solide, ce qui constitue un avantage considérable pour le mental de l'homme.
La mise en pratique des normes de cette voie assure un équilibre dans la vie de la personne et dans la société, ce qui constitue un avantage dunyawî. Car les règles ta'abbudî ont pour vocation l'entretien et la préservation bien sûr du dîn (dans son sens de relation personnelle avec Dieu et dans son sens d'institution), mais aussi des affaires du dunyâ (cliquez ici et ici).
Cependant, c'est l'obéissance à Dieu et donc le rapprochement avec Lui qui doivent constituer la motivation première de l'agir selon ces normes (cliquez ici) : cela est vrai pour les actions du domaine purement cultuel (cliquez ici), mais aussi pour les actions du domaine temporel (car c'est si on a cette motivation première que l'on sera récompensé par Dieu pour cette action : cliquez ici).
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C) Cependant, en sus de ce qui a été dit aux points A et B, il est établi que la personne du Prophète elle-même (que Dieu l'élève en grade, et le salue) était bénie :
Ceci explique que, durant son vivant comme après son décès, des Compagnons et des musulmans des générations suivantes ont cherché à profiter personnellement de cette bénédiction (tabarruk) en utilisant des objets ayant été utilisés par le Prophète et d'autres éléments du même genre.
Il s'est agi pour eux de profiter de la bénédiction temporelle (baraka dunyawiyya) de ces éléments (obtenir la guérison etc., comme des Compagnons l'ont fait, chose que le Prophète lui-même a approuvé). Dans certains cas précis, il s'est agi de profiter de retirer de certains de ces éléments une bénédiction d'ordre religieux (baraka dîniyya) (cela transparaît clairement du récit avec la personne voulant avoir comme linceul le vêtement que le Prophète a porté.
Avant de citer plus bas certains récits témoignant de cela, il nous faut cependant souligner ici deux choses…
La première est que Abdullâh ibn Ubayy Ibn Salûl a bénéficié, après son décès mais avant que sa tombe soit refermée, du fait que le Prophète a soufflé sur son corps avec quelques goulettes de salive, et lui a fait revêtir sa propre tunique : "فنفث فيه من ريقه، وألبسه قميصه" (al-Bukhârî 1211 etc., Muslim 2773). Pourtant cela ne lui a servi à rien : Dieu a ensuite révélé à son sujet ce qu'il a révélé (cliquez ici). La raison en est qu'il n'avait pas le minimum de foi (Asl ul-Îmân), car Hypocrite (munâfiq bi nifâq akbar) ; or les éléments renfermant une bénédiction dînî ne confèrent pas celle-ci de façon inconditionnelle : il faut au moins avoir la foi que Dieu agrée.
La seconde chose qu'il nous faut dire ici est que la tabarruk par des objets ayant été touchés par le Prophète – baraka dunyawiyya ou baraka dîniyya – ne constitue pas l'essentiel de la relation au Prophète. L'essentiel de la relation des Compagnons avec le Prophète a été de suivre ses directives (itâ'a) et son modèle (ittibâ') – en termes aussi bien de croyances, de dispositions spirituelles du cœur, d'actions cultuelles vis-à-vis de Dieu, d'actions de bienfaisance vis-à-vis d'autrui et de respect des normes éthiques pour chaque action de la vie. On ne peut prétendre avoir recours à la tabarruk par des objets ayant été touchés par le Prophète par amour pour celui-ci, tout en justifiant ses perpétuels manquements aux normes enseignées par ce même Prophète !
Un hadîth – dont l'authenticité fait certes débat – est cité sur le sujet… Ayant vu des Compagnons pratiquer le tabarruk avec l'eau de ses ablutions et autres choses du même genre, le Prophète leur demanda : "Pourquoi faites-vous ceci ?" Ils répondirent : "Nous recherchons par cela la pureté et la bénédiction" (dans une autre version : "(Nous faisons ainsi) par amour pour toi"). Le Prophète leur dit alors : "Celui d'entre vous qui aime que Dieu l'aime ainsi que Son Messager, eh bien qu'il soit véridique, qu'il s'acquitte du dépôt [= qu'il soit honnête], et qu'il ne fasse pas du tort à son voisin" : "عن ابن شهاب قال: حدثني رجل من الأنصار أن رسول الله صلى الله عليه وسلم كان إذا توضأ أو تنخم ابتدر من حوله من المسلمين وضوءه ونخامته، فشربوه، ومسحوا به جلودهم، فلما رآهم يصنعون ذلك سألهم: "لم تفعلون هذا؟" قالوا: "نلتمس الطهور والبركة بذلك"، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "من كان منكم يحب أن يحبه الله ورسوله، فليصدق الحديث وليؤد الأمانة ولا يؤذ جاره" (Mussanaf Abd ir-Razzâq, hadîth hassan d'après al-Albânî : Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha, hadîth n° 2998, tome 6 pp. 1264-1266).
Certes, cet avis de al-Albânî a été discuté, d'autres que lui étant d'avis que ceci est plutôt un "hadîth dha'îf" (cliquez ici).
L'un n'empêche pas l'autre, mais il ne faut pas oublier les priorités : il ne faudrait donc pas mettre l'accent sur ce qui est secondaire et parler moins de ce qui est essentiel.
Comme nous allons le voir plus bas, le Prophète, voulant faire circuler le récipient dans lequel il avait bu, demanda au jeune Compagnon se trouvant à sa droite s'il voulait bien céder son droit d'être servi juste après lui, au profit de ceux qui se trouvaient à gauche et étaient plus âgés ; mais le jeune Compagnon répondit qu'il ne voulait donner à personne le droit qui lui revenait de boire immédiatement dans le même récipient que le Prophète (nous verrons le récit plus bas). Cette attitude fut apparemment motivée par la volonté de prendre le maximum de bénédiction (il s'agissait apparemment de baraka dunyawiyya). Le Prophète a ici renvoyé à la possibilité de céder son droit de recevoir immédiatement le récipient avec l'eau bénie s'y trouvant.
En commentaire de ce récit, des ulémas ont donc évoqué la question – qui est classique – de savoir si, lorsque l'occasion se présente d'accomplir une qurba (ou action ta'abbudî) qui est seulement recommandée et non pas obligatoire, est-ce que, par charité, on peut céder à quelqu'un d'autre l'occasion d'accomplir cette qurba, ou bien est-ce qu'on ne peut pas faire cela (voir Fat'h ul-bârî sur 5297). Cette question est connue sous le nom de "îthâr fi-l-qurubât" : par exemple il ne reste qu'une seule place dans la première rangée à la mosquée, et une personne, bien qu'entrée dans la mosquée légèrement avant l'autre, cède son droit à l'autre pour lui permettre de prier dans la première rangée : peut-elle ou non faire cela ? Cheikh Ashraf 'Alî Thânwî est d'avis qu'on peut céder à quelqu'un d'autre l'occasion d'accomplir une qurba [qui est recommandée] (Fiqh-é hanafî ké ussûl-o-dhawâbit, pp. 160-161).
Cependant, Cheikh Thânwî affirme qu'on ne peut pas déduire cela du fait que le Prophète avait proposé au jeune Compagnon dans ce récit de céder son droit de priorité à boire le reste de la boisson du Prophète, vu que boire cela n'est pas une qurba maqsûda.
Les récits qui vont suivre prouvent de façon claire que la tabarruk par les éléments liés au Prophète, cela est autorisé (mashrû') (avec certaines restrictions dans certains cas, comme nous le verrons) : dans certains récits on lit une approbation verbale, dans d'autres une approbation tacite du Prophète, entendant ou voyant des Compagnons parler ou pratiquer cette tabarruk. Certes. Cependant, sachons garder chaque action à la place que les textes des sources lui ont assignée. La tabarruk par ces éléments est chose qui a son importance, mais il s'agit en premier lieu de se soucier de retirer les bénédictions d'ordre religieux et temporel que sont l'accomplissement des actions ta'abbudî et le respect des normes ta'abbudî enseignées par la voie du Prophète qui les confèrent (soit le A et le B ; et aussi le C.A.A et le C.A.B).
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– C.A) Tabarruk Dînî par la personne même du Prophète (sur lui soit la paix) :
–--- C.A.A) Tabarruk Dînî par le fait de profiter de sa compagnie, de ce qu'il dégageait d'influence spirituelle :
Dans un célèbre récit, Hanzala vint trouver le Prophète pour lui dire : "Hanzala a du nifâq ! – Qu'est-ce donc ?" s'enquit le Prophète. Il dit : "Nous sommes en ta compagnie et tu nous rappelles (tudhakkir) le paradis et le feu ; c'est comme si nous les voyons de nos yeux ; puis, lorsque nous côtoyons notre épouse, nos enfants et nos affaires, nous oublions (nassînâ) beaucoup." Le Prophète le tranquillisa par ces mots : "Si vous restiez constamment dans (l'état dans) lequel vous vous trouvez lorsque vous êtes en ma compagnie et lorsque vous êtes (occupés) à vous souvenir de Dieu ("wa fi-dh-dhikr"), les anges vous serreraient la main quand vous vous trouvez sur vos lits et sur les chemins. Mais, ô Hanzala, un temps et un temps ("sa'atan wa sâ'atan") !" (rapporté par Muslim, 2750, at-Tirmidhî, 2514) (la traduction que nous avons faite de "wa fi-dh-dhikr" – selon laquelle le Prophète parlait non pas de rester constamment dans le dhikr mais de rester constamment dans l'état dans lequel on se trouve lorsqu'on fait le dhikr – correspond à l'interprétation de at-Tîbî citée dans Mirqât ; par ailleurs, le mot "état" présent dans notre traduction correspond au terme "hâl" figurant dans la version de at-Tirmidhî). Quand Hanzala se tracassa de ressentir quelque chose diminuer en lui, il parlait – wallâhu A'lam – du dhikr de type 1 (cliquez ici) : ces réalités qui affleuraient à la surface de son océan intérieur lorsqu'il venait d'entendre le rappel fait par le Prophète quant au Paradis et à l'Enfer (soit le dhikr de type 1), il ne les ressentait plus à un degré aussi présent après s'être adonné à ses activités temporelles ; c'est ce qu'il exprima ainsi : "Nous oublions beaucoup". Il crut donc que c'était la Présence de ces choses (istihdhâr) qui n'était pas assez conséquente en lui, donc qu'il était un Hypocrite dans l'action (nifâq ul-'amal) (cliquez ici et ici). Dans la réponse qu'il lui fit, le Prophète lui dit qu'il était normal que, une fois plongé dans ses activités temporelles, il ne restât pas dans le même état de Présence que celui qu'il ressentait :
– quand il était en la compagnie du Prophète ;
– et quand il était occupé à faire le dhikr [il s'agit apparemment du dhikr de type 2, soit les actions de 'ibâdât].
Rester en la compagnie, mussâhaba, du Prophète, cela engendrait déjà un dhikr de type 1 ; n'en parlons plus quand le Prophète prononçait un rappel, tadhkîr, concernant le paradis et l'enfer. Bénéficier de la compagnie, mussâhaba, du Prophète, cela apportait donc cette baraka dîniyya. Comment s'étonner de cela quand on sait que même la compagnie des hommes pieux non prophètes apporte des bienfaits spirituels ; c'est pourquoi le Prophète a recommandé de rester en la compagnie, mussâhaba, des hommes pieux (les hadîths sont bien connus).
Anas ibn Mâlik raconte d'ailleurs : "Nous n'avions pas secoué nos mains (de la terre) par rapport au Messager de Dieu – que Dieu le bénisse et le salue –, quand nous l'avons inhumé, que nous ne reconnûmes pas nos cœurs" (at-Tirmidhî 3618, Ibn Mâja 1631, authentifié par al-Albânî). Anas ne parle évidemment pas là du fait qu'ils auraient alors perdu la foi (tasdîq ou iltizâm), mais, comme le relate al-Mubârakpûrî en commentaire de ce propos, du fait qu'ils n'ont alors plus ressenti dans leur for intérieur la même lumière (nûrâniyya) et clarté (safâ') qu'ils ressentaient quand le Prophète était présent parmi eux (Tuhfat ul-ahwadhî, commentaire de ce propos).
(Il faut ici rappeler que, une fois qu'il est décédé, il n'est pas possible, mashrû', de tenter de profiter de l'influence spirituelle du Prophète près de sa tombe. Cliquez ici.)
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–--- C.A.B) Tabarruk Dînî par le fait de demander au Prophète de faire des invocations en sa faveur :
Le Prophète ayant informé que, dans sa Oumma, soixante-dix mille personnes entreraient au Paradis sans rendre de comptes, 'Ukkâsha lui dit : "Demande à Dieu que je fasse partie de ces gens." Le Prophète dit alors : "O Dieu, place-le parmi eux" (al-Bukhârî 6175 etc., Muslim 220).
[Puis] 'Ukkâsha demanda : "Est-ce que je fais partie d'eux ? – Tu fais partie d'eux", lui répondit le Prophète (al-Bukhârî 5378, avec Fat'h ul-bârî sur 6175).
Un jour, le Prophète vint se reposer dans la demeure de Ummu Harâm. S'étant endormi, il se réveilla en souriant. "De quoi souris-tu, ô Messager de Dieu ? – (J'ai vu) des gens de ma Oumma, chevauchant la mer verte dans le chemin de Dieu, pareils à des rois sur des trônes. – Prie Dieu que je fasse partie d'eux." Le Prophète dit alors : "O Dieu, fais qu'elle fasse partie d'eux." Puis il se rendormit, puis il se réveilla en souriant. "De quoi souris-tu, ô Messager de Dieu ? – (J'ai vu) des gens de ma Oumma, chevauchant la mer verte dans le chemin de Dieu, pareils à des rois sur des trônes. – Prie Dieu que je fasse partie d'eux." Le Prophète dit alors : "Tu fais partie des premiers, tu ne fais pas partie de ces derniers." Ummu Harâm devait effectivement partir plus tard en mer, sous la conduite de Mu'âwiya (que Dieu les agrée tous et toutes) ; mais, débarquant du bateau, elle tomba de sa monture et mourut (al-Bukhârî 2722 etc., Muslim 1912). Ceci se passa sous le califat de Uthmân, en l'an 27, 28 ou 33 de l'hégire. Ummu Harâm mourut soit dans l'île de Chypre, soit au retour de cette île, près de Homs, à Shâm.
Ibn Hajar pense quant à lui qu'il y a sur le sujet deux hadîths qui se ressemblent, avec deux personnes différentes : l'une était Ummu Harâm, l'autre Ummu 'Abdillâh : l'une des deux a été enterrée dans l'île de Chypre, l'autre près de Homs (Fat'h ul-bârî sur 5926).
A la demande explicite de Ummu Sulaym, le Prophète pria Dieu en faveur du fils de celle-ci, Anas ibn Mâlik, qui était à son service : "O Dieu, accorde-lui quantité de biens et d'enfants." Anas relate que le Prophète ne laissa aucun bien de ce monde et de l'autre sans l'avoir demandé pour lui ce jour-là. Anas racontait ensuite l'effet que cela a entraîné sur le plan dunyawî pour lui : "عن أنس رضي الله عنه، دخل النبي صلى الله عليه وسلم، على أم سليم، فأتته بتمر وسمن، قال: "أعيدوا سمنكم في سقائه، وتمركم في وعائه، فإني صائم". ثم قام إلى ناحية من البيت، فصلى غير المكتوبة، فدعا لأم سليم وأهل بيتها، فقالت أم سليم: "يا رسول الله، إن لي خويصة". قال: "ما هي؟" قالت: "خادمك أنس". فما ترك خير آخرة ولا دنيا إلا دعا لي به، قال: "اللهم ارزقه مالا وولدا، وبارك له فيه"، فإني لمن أكثر الأنصار مالا وحدثتني ابنتي أمينة أنه دُفن لصلبي مقدم حجاج البصرة بضع وعشرون ومائة" (al-Bukhârî 1881, Muslim 2480).
Le Prophète donna une pièce d'or (dînâr) à 'Urwa ibn Abi-l-Ja'd al-Bâriqî et l'envoya acheter une chèvre. Ce Compagnon acheta avec la pièce deux chèvres, en revendit une pour le prix d'une pièce d'or, et apporta au Prophète et la chèvre demandée et une pièce d'or. Le Prophète fit alors une invocation de bénédiction pour ses ventes. 'Urwa réussissait dans ses affaires (al-Bukhârî 3443) ; la version rapportée par at-Tirmidhî précise que, installé à Kûfa, il y devint très aisé (at-Tirmidhî 1258).
Jâbir ibn Abdillâh devait régler, en nature, des dettes que son défunt père avait laissées. Il appela le Prophète, qui vint, fit le tour des tas de dattes et demanda à Dieu d'accorder la bénédiction. Jâbir put régler toutes les dettes, et il resta encore des dattes (al-Bukhârî 2265, Muslim 2637 etc.).
La mère de Abdullâh ibn Hishâm l'emmena, encore enfant, auprès du Prophète ; comme elle lui demanda de recevoir allégeance de lui, il répondit : "Il est (encore) petit." (Cependant,) il passa la main sur lui et demanda à Dieu de lui accorder la bénédiction. Plus tard, Abdullâh ibn uz-Zubayr et Abdullâh ibn Omar rencontraient Abdullâh ibn Hishâm devenu adulte, venu au marché acheter de la nourriture, et lui disaient : "Associe-nous [dans cette nourriture que tu as achetée], car le Messager de Dieu a fait une invocation de bénédiction pour toi" (al-Bukhârî 2368).
As-Sâ'ïb ibn Yazîd se souvient que sa tante l'avait emmené auprès du Prophète et s'était ouverte à celui-ci que son neveu était souffrant ; as-Sâ'ïb relate : "Le Prophète passa alors la main sur moi et demanda (à Dieu) la bénédiction pour moi. Puis il fit les ablutions et je bus de son wadhû'. (…)" (al-Bukhârî 187, Muslim 2345).
(Il faut ici rappeler que, une fois qu'il est décédé, il n'est pas autorisé, mashrû', de demander au Prophète de faire des invocations pour soi, et ce même lorsqu'on se trouve devant sa tombe. Lire mon article consacré à ce point.)
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–--- C.A.C) Tabarruk Dînî par le fait d'exposer au Prophète son problème, suite à quoi il a réalisé un miracle (par la permission de Dieu) :
Lors de la campagne de Tabûk, les gens souffraient de la faim et en parlèrent au Prophète. Omar ibn ul-Khattâb suggéra alors à celui-ci de demander à tout le monde d'emmener les quelques provisions qui leur restaient, puis de demander à Dieu de les bénir pour eux. Le Prophète accepta. Il demanda d'étaler une nappe. Puis il dit d'apporter les provisions. L'un apporta alors une poignée de sorgho, un autre une poignée de dattes, un autre encore un morceau (de pain). Le Prophète demanda alors à Dieu de bénir (tout ceci). Puis il dit de ramasser ce qui se trouvait sur la nappe et d'en remplir les sacs. Aucun sac ne resta qui ne fut alors rempli. Il resta quelque chose sur la nappe. Et tous mangèrent à satiété (Muslim 27).
A al-Hudaybiya, Jâbir ibn Abdillâh relate que, n'ayant pas d'eau, les Compagnons se rendirent auprès du Prophète et lui parlèrent de ce problème. Le Prophète ne disposait que d'une écuelle d'eau. Il y plaça alors ses doigts, et l'eau jaillit. Il annonça alors : "Accourez, gens des ablutions ! La bénédiction vient de Dieu !" Près de 1500 Compagnons purent faire les ablutions à partir de cette eau (al-Bukhârî 3383, 3921). Jâbir raconte : "Les gens se mirent à faire les ablutions de cette eau et à en boire. Je bus de cette eau autant que je le pus : j'ai su qu'elle était une bénédiction" (al-Bukhârî 5316).
Al-Bukhârî a titré sur ce hadîth : "Le fait de boire ce qui est béni, et l'eau bénie" (Sahîh ul-Bukhârî, kitâb ul-ashriba, bâb 30).
(Il faut ici rappeler que, une fois qu'il est décédé, il n'est pas autorisé, mashrû', de présenter au Prophète ses problèmes lorsqu'on se trouve devant sa tombe, et a fortiori lorsqu'on en est éloigné.)
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– C.B) Tabarruk Dunyawî ou Dînî par le contact avec les mains du Prophète, ses cheveux ou sa salive :
–--- C.B.A) Tabarruk Dunyawî par l'imposition des mains du Prophète : de son vivant seulement :
Abû Juhayfa raconte que, en voyage, le Prophète sortit alors qu'il faisait chaud à la mi-journée, fit les ablutions, puis accomplit deux cycles de prière de zuhr et deux cycles de prière de 'asr (…). Il relate : "Les gens se mirent à prendre ses deux mains et à les passer sur leur visage. Je pris sa main et la plaçai sur mon visage : elle était plus fraîche que la neige et était d'un parfum plus suave que le musc" (al-Bukhârî, 3360).
Aïcha raconte : "Lorsque le Prophète était malade, il récitait et soufflait sur lui les sourates Mu'awwidhât, et passait sa main sur lui. Lorsqu'il tomba malade de la maladie dont il devait mourir, je me mis à réciter et à souffler, et à passer la main du Prophète, à cause de la bénédiction de celle-ci" : "عن عائشة رضي الله عنها "أن رسول الله صلى الله عليه وسلم كان إذا اشتكى نفث على نفسه بالمعوذات ومسح عنه بيده. فلما اشتكى وجعه الذي توفي فيه، طفقت أنفث على نفسه بالمعوذات التي كان ينفث، وأمسح بيد النبي صلى الله عليه وسلم عنه" (al-Bukhârî, 4175, Muslim, 2192) ; "عن الزهري، عن عروة، عن عائشة رضي الله عنها: "أن النبي صلى الله عليه وسلم كان ينفث على نفسه في المرض الذي مات فيه بالمعوذات، فلما ثقل كنت أنفث عليه بهن، وأمسح بيد نفسه لبركتها". فسألت الزهري: كيف ينفث؟ قال: "كان ينفث على يديه، ثم يمسح بهما وجهه" (al-Bukhârî, 5403) ; "وأمسحه بيد نفسه، لأنها كانت أعظم بركة من يدي" (Muslim, 2192/50).
On peut citer de nouveau ici les deux récits déjà relatés en C.A.B (par rapport, là-bas, à l'invocation)...
La mère de Abdullâh ibn Hishâm l'emmena, encore enfant, auprès du Prophète ; comme elle lui demanda de recevoir allégeance de lui, il répondit : "Il est (encore) petit." (Cependant,) il passa la main sur lui et demanda à Dieu de lui accorder la bénédiction. Plus tard, Abdullâh ibn uz-Zubayr et Abdullâh ibn Omar rencontraient Abdullâh ibn Hishâm devenu adulte, venu au marché acheter de la nourriture, et lui disaient : "Associe-nous [dans cette nourriture que tu as achetée], car le Messager de Dieu a fait une invocation de bénédiction pour toi" (al-Bukhârî 2368).
As-Sâ'ïb ibn Yazîd se souvient que sa tante l'avait emmené auprès du Prophète et s'était ouverte à celui-ci que son neveu était souffrant ; as-Sâ'ïb relate : "Le Prophète passa alors la main sur moi et demanda (à Dieu) la bénédiction pour moi. Puis il fit les ablutions et je bus de son wadhû'. (…)" (al-Bukhârî 187, Muslim 2345).
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–--- C.B.B) Tabarruk Dunyawî ou Dînî par la sueur du Prophète, ou sa salive :
Anas ibn Mâlik raconte : "Le Prophète (sur lui soit la paix) venait parfois dans la maison de Ummu Sulaym se reposer chez elle lorsque celle-ci ne se trouvait pas chez elle. Il vint un jour et s'endormit sur son lit. Quelqu'un vint la trouver et lui dit : "Le Prophète se trouve dans ta maison, sur ton lit." Elle vint alors, et voilà que le Prophète avait transpiré et que de la sueur se trouvait sur un morceau du lit qui était en cuir. Elle prit alors son coffret et se mit à éponger cette sueur puis à presser (le tissu employé) dans des fioles. Le Prophète sursauta. "Que fais-tu, Ummu Sulaym ? – Messager de Dieu, nous en espérons la bénédiction pour nos enfants. – Tu fais bien"" (Muslim 2331). Dans d'autres versions de ce récit, elle lui dit aussi qu'elle mélangeait cette sueur à du parfum à cause de sa suavité (Muslim 2331).
C'est là un cas de Tabarruk Dunyawî.
Dans une des versions de ce récit, il est dit que Ummu Sulaym ajoutait cela à du parfum (sukk) ; et il est précisé que lorsque Anas ibn Mâlik (son fils) fut à l'orée de la mort, il demanda qu'un peu de ce parfum (sukk) soit utilisé pour le parfum funéraire (hanût) qu'on utiliserait pour son corps (al-Bukhârî 5925).
De la part de Anas, ce fut là un cas de Tabarruk Dînî.
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Abdullâh ibn uz-Zubayr fut le premier nouveau-né parmi les Emigrants à Médine. On l'emmena auprès du Prophète. Celui-ci prit une datte, qu'il mâcha, puis il mit [quelque chose de cela] dans sa bouche. Aïcha, épouse du Prophète et tante de Abdullâh ibn uz-Zubayr, dit : "La première chose qui entra dans son estomac fut donc la salive du Messager de Dieu." Puis le Prophète procéda à la tahnîk, puis demanda à Dieu de le bénir et fit des invocations à Dieu pour lui (al-Bukhârî 3697, Muslim 2146). (La tahnîk consiste à mâcher une datte puis à en coller un minuscule fragment dans le palais du bébé, de sorte que ce fragment se délite très progressivement et que le bébé goûte la douceur de la datte d'une façon qui ne cause pas du tort à sa santé ; on note qu'il ne s'agit pas d'avoir recours, ici et maintenant, à ce procédé sans même savoir si cela ferait ou non du tort au bébé.)
On emmenait des enfants auprès du Prophète, il prononçait sur eux des invocations de bénédiction et faisait leur tahnîk (Muslim 286, 2147).
Le Prophète (sur lui la paix) se trouvait une fois avec des Compagnons : à sa droite un jeune et à sa gauche des hommes plus âgés. On lui apporta un récipient dans lequel se trouvait une boisson. Il en but. [Etant donné le principe qu'il a lui même énoncé de la priorité à droite, il tint à demander au garçon si celui-ci voulait bien délaisser la priorité qui lui revenait de fait et lui permettre de faire passer le récipient aux gens âgés qui se trouvaient à sa gauche.] Il dit donc au garçon : "Permets-tu que je serve ceux-là ?" Mais le jeune Compagnon lui dit gentiment : "Non, par Dieu, je ne donnerai priorité à personne quant à la part que je (peux obtenir) de toi." Le Prophète plaça alors le récipient dans sa main (al-Bukhârî 2319, Muslim 2030). Le garçon a ici refusé de donner priorité à autrui, car il craignait ne pas avoir assez de cette boisson pour lui-même, ne sachant pas combien les autres boiraient avant lui ; comme il se trouvait dans son droit d'être servi le premier, il a donc voulu éviter ce risque et profiter au maximum de cette boisson ayant reçu la bénédiction (Fat'h ul-bârî sur 2319). Ce garçon pourrait avoir été Abdullâh ibn Abbâs.
Abû Mûssâ relate que, à al-Ji'râna, interpellé par un bédouin, le Prophète lui dit : "Reçois la bonne nouvelle". Le bédouin ayant réclamé des biens matériels plutôt qu'une bonne nouvelle, le Prophète se tourna vers Abû Mûssâ et Bilâl, et leur dit : "Il a repoussé la bonne nouvelle. Acceptez-la donc, vous. – Nous l'acceptons", dirent-ils. Il fit alors demander un récipient d'eau, il s'y lava les deux mains [ou "les deux bras"] et le visage, et s'y gargarisa la bouche ; puis il dit : "Buvez de cette (eau), versez-en sur votre visage et votre cou, et recevez la bonne nouvelle." Ce qu'ils firent. De derrière le rideau, Ummu Salama, épouse du Prophète, dit alors : "Laissez-en pour votre mère." Ils lui en remirent alors une part (al-Bukhârî 4073).
'Urwa ibn Mas'ûd, venu voir les musulmans à al-Hudaybiya, rapporta aux Quraysh qu'il n'avait jamais vu les sujets d'un roi ou d'un empereur faire montre d'autant de déférence vis-à-vis de leur maître que les Compagnons de Muhammad le faisaient vis-à-vis du leur ; parmi ce qu'il leur relata il y avait aussi : "والله إن تنخم نخامة إلا وقعت في كف رجل منهم، فدلك بها وجهه وجلده" (al-Bukhârî 2581)
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–--- C.B.C) Tabarruk Dunyawî par des cheveux du Prophète obtenus de son vivant :
Ummu Salama conservait, dans un petit objet (juljul), quelques cheveux du Prophète ; "lorsque quelqu'un était atteint du mauvais œil, il envoyait un récipient d'eau" (al-Bukhârî 5557-5558) ; alors, écrit Ibn Hajar, Ummu Salama y trempait ces cheveux, et renvoyait le récipient d'eau, qu'on aspergeait ou sur le malade ou qu'on donnait à boire à celui-ci (Fat'h ul-bârî sur ce hadîth).
A l'occasion du pèlerinage d'Adieu, le Prophète s'était fait raser la tête ; s'étant fait raser le côté droit puis le côté gauche, il fit distribuer ses cheveux aux gens (Muslim 1305).
Ibn Sîrîn dit à 'Abîda : "Nous avons quelque chose des cheveux du Prophète, que nous avons obtenu de Anas – ou de la famille de Anas" (al-Bukhârî 168).
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– C.C) Tabarruk Dunyawî ou Dînî par des choses autres que la personne du Prophète et les parties de lui-même :
–--- C.C.A) Tabarruk Dunyawî ou Dînî par l'eau ayant été en contact avec le Prophète :
--- Par l'eau avec laquelle il a fait ses ablutions :
Abû Juhayfa relate que les gens ont cherché l'eau du wadhû' et l'ont passée sur leur visage (al-Bukhârî 185). As-Sâ'ïb ibn Yazîd se souvient que sa tante l'avait emmené auprès du Prophète et s'était ouverte à celui-ci que son neveu était souffrant ; as-Sâ'ïb relate : "Le Prophète passa alors la main sur moi et demanda (à Dieu) la bénédiction pour moi. Puis il fit les ablutions et je bus de son wadhû'. (…)" (al-Bukhârî 187, Muslim 2345). Le mot "wadhû'" désigne parfois l'eau destinée à faire les ablutions et qui, n'ayant pas été utilisée par la personne, reste dans le récipient après les ablutions ; mais ici cela désigne l'eau ayant servi aux ablutions et coulant des membres de la personne (Fat'h ul-bârî sur 185). Voilà un cas de Tabarruk Dunyawî.
Talq ibn 'Alî était venu au sein de toute une délégation de sa tribu à Médine pour leur conversion à l'islam. Ils parlèrent au Prophète (sur lui soit la paix) d'une église, dans leur cité, leur appartenant (apparemment ils étaient auparavant chrétiens). Le Prophète leur dit de changer certains de ses murs vers la Qibla, leur donna de son wadhû' pour en asperger le sol, et leur dit d'en faire une mosquée. Lui ayant fait remarquer qu'ils habitaient loin et que ce wadhû' s'évaporerait pendant leur voyage de retour, le Prophète leur dit de rajouter de l'eau à son wadhû'. "عن طلق بن علي قال: خرجنا وفدا إلى النبي صلى الله عليه وسلم فبايعناه، وصلينا معه، وأخبرناه أن بأرضنا بيعة لنا، فاستوهبناه من فضل طهوره. فدعا بماء فتوضأ وتمضمض، ثم صبه في إداوة وأمرنا فقال: "اخرجوا فإذا أتيتم أرضكم فاكسروا بيعتكم وانضحوا مكانها بهذا الماء واتخذوها مسجدا". قلنا: "إن البلد بعيد، والحر شديد، والماء ينشف". فقال: "مدوه من الماء، فإنه لا يزيده إلا طيبا". فخرجنا حتى قدمنا بلدنا، فكسرنا بيعتنا، ثم نضحنا مكانها، واتخذناها مسجدا، فنادينا فيه بالأذان. قال: والراهب رجل من طيئ، فلما سمع الأذان قال: "دعوة حق"، ثم استقبل تلعة من تلاعنا فلم نره بعد" (an-Nassâ'ï, 701) ("وكأنهم كانوا نصارى، آمنوا، فأرادوا أن يكسروها" : Lama'ât ut-tanqîh) ; "فاكسروا بيعتكم"، أي: غيروا محرابها، وحولوه إلى الكعبة" : Mirqât ul-mafatîh sur hadîth 716). Et voilà un cas de Tabarruk Dînî.
'Urwa ibn Mas'ûd, venu voir les musulmans à al-Hudaybiya, rapporta aux Quraysh la déférence que les Compagnons de Muhammad faisaient vis-à-vis de ce dernier ; parmi ce qu'il leur relata il y avait aussi : "Quand il fait les ablutions, ils se disputent presque pour obtenir son wadhû'" (al-Bukhârî 2581).
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–--- C.C.B) Tabarruk Dunyawî ou Dînî par l'objet solide ayant été en contact avec le Prophète : soit par le fait de se mettre en contact avec cet objet ; soit par le fait de mettre cet objet en contact avec de l'eau, et de boire cette eau :
--- Par les vêtements qu'il avait portés :
Aïcha, épouse du Prophète, avait gardé le manteau de type "tayâlissa kisrawâniyya" que le Prophète avait porté. Lorsque Aïcha quitta ce monde, ce fut sa sœur Asmâ' qui reçut ce manteau ; elle dit : "Nous le lavons pour ceux qui sont malades, recherchant ainsi la guérison" (Muslim, 2069). Voilà un cas de Tabarruk Dunyawî.
Le Prophète donna son pagne (hiqw) et demanda lui-même qu'il soit utilisé dans le linceul de sa fille décédée, [Zaynab] : "عن أم عطية الأنصارية رضي الله عنها، قالت: دخل علينا رسول الله صلى الله عليه وسلم حين توفيت ابنته، فقال: "اغسلنها ثلاثا، أو خمسا، أو أكثر من ذلك إن رأيتن ذلك، بماء وسدر، واجعلن في الآخرة كافورا - أو شيئا من كافور -. فإذا فرغتن فآذنني". فلما فرغنا آذناه ، فأعطانا حقوه، فقال: "أشعرنها إياه" تعني إزاره" (al-Bukhârî, 1195, Muslim, 939). Et voilà un cas de Tabarruk Dînî.
Sahl raconte qu'une femme apporta un manteau et dit au Prophète qu'elle l'avait tissé de ses propres mains pour lui, afin qu'il le porte. Sahl relate : "Le Messager de Dieu le prit, il en avait besoin." Il le portait, quand quelqu'un lui demanda de le lui donner. Le Prophète accepta. Comme il fit apporter le manteau à cet homme, les gens réprimandèrent celui-ci : "Tu n'as bien agi ! Tu le lui as demandé, alors que tu sais qu'il ne dit jamais "non" à qui lui demande quelque chose." L'homme fit : "Je ne le lui ai demandé que pour que cela soit mon linceul le jour où je mourrai." Sahl raconte : "Cela fut effectivement le linceul de cet (homme)" (al-Bukhârî 5473).
--- Par des récipients dans lesquels il avait bu ou mangé :
Abû Ayyûb al-Ansârî mettait ses doigts à l'endroit exact où le Prophète avait mis les siens dans le plat (Muslim 2053) ; en fait le Prophète lui renvoyait un peu de cette nourriture dans ce plat (at-Tirmidhî 1807).
Abû Hâzim relate que Sahl ibn Sa'd raconte que le Prophète, assis dans le préau (saqîfa) des Banû Sâ'ïda avec d'autres Compagnons, lui dit : "Sers-nous à boire, Sahl." Sahl dit : "Je leur apportai alors ce récipient et leur donnai à boire dedans." Abû Hâzim relate : "Sahl nous montra ce récipient. Nous y bûmes." Il dit : "Par la suite, Omar ibn Abd il-Azîz le lui demanda. Il le lui offrit" (al-Bukhârî 5314).
'Assîm raconte avoir vu auprès de Anas ibn Mâlik un récipient que celui-ci avait conservé et dans lequel il disait avait donné à boire au Prophète de très nombreuses fois (al-Bukhârî 5315) ; 'Assim raconte avoir bu dans ce récipient (al-Bukhârî 2942).
Abû Burda raconte que Abdullâh ibn Salâm lui a dit : "Ne (souhaiterais-tu) pas que je te donne à boire dans un récipient dans lequel le Prophète avait bu ?" (cité par al-Bukhârî ta'lîqan).
Sur ces trois récits, al-Bukhârî a écrit : "Le fait de boire dans le récipient du Prophète" (Sahîh ul-Bukhâri, kitâb ul-ashriba, bâb 29).
Ailleurs, sur d'autres récits, al-Bukhârî a écrit : "De ce qui est mentionné : l'armure du Prophète, sa canne, son sabre, son récipient, sa bague : du fait que les califes après lui ont utilisé de cela, de ce dont il n'a pas été relaté que cela ait été partagé ; et de ses cheveux, de sa sandales et de son récipient, ce dont ses Compagnons et autres qu'eux ont recherché la bénédiction (yatabarraku) après son décès" (Sahîh ul-Bukhâri, kitâb ul-khums, bâb 5).
--- Par la chaire où il s'était assis, et le pommeau (de celle-ci) qu'il avait touché :
Ibn Omar plaçait sa main sur l'endroit de la chaire où le Prophète s'asseyait, puis plaçait sa main sur son visage : "أخبرنا محمد بن إسماعيل بن أبي فديك، قال أخبرني ابن أبي ذئب، عن حمزة بن أبي جعفر، عن إبراهيم بن عبد الرحمن بن عبد القاري، أنه نظر إلى ابن عمر وضع يده على مقعد النبي - صلى الله عليه وسلم - من المنبر، ثم وضعها على وجهه" (At-Tabaqât ul-kub'râ, Ibn Sa'd) (cité dans Ash-Shifâ, 2/47 ; 2/73).
Certains Compagnons entouraient de leur main droite le pommeau de la chaire ; ensuite ils se tournaient vers la Qibla et faisaient des invocations : "أخبرنا عبد الله بن مسلمة بن قعنب الحارثي وخالد بن مخلد البجلي، قالا أخبرنا أبو مودود عبد العزيز مولى لهذيل، عن يزيد بن عبد الله بن قسيط، قال: رأيت ناسا من أصحاب النبي - صلى الله عليه وسلم - إذا خلا المسجد، أخذوا برمانة المنبر الصلعاء التي تلي القبر بميامنهم، ثم استقبلوا القبلة يدعون. قال أبو عبد الله محمد بن سعد: ذكر عبد الله بن مسلمة الصلعاء، ولم يذكرها خالد بن مخلد" (At-Tabaqât ul-kub'râ, Ibn Sa'd) (cité dans Ash-Shifâ, 2/73).
Ahmad ibn Hanbal (mort en 241 a.h.) a déduit du geste de Ibn Omar qu'il est autorisé de toucher la chaire ainsi que le pommeau de celle-ci, parce que le Prophète les avait touchés. Cependant, cela était possible tant que c'était bien la chaire qu'il avait touchée qui était en place : "فأما اليوم فقد احترق المنبر، وما بقيت الرمانة، وإنما بقي من المنبر خشبة صغيرة؛ فقد زال ما رخص فيه؛ لأن الأثر المنقول عن ابن عمر وغيره إنما هو التمسح بمقعده" (Iqtidhâ' us-sirât il-mustaqîm, p. 338).
Et, justement, pour sa part, Mâlik ibn Anas (mort en 179 a.h.) avait désapprouvé qu'on passe la main sur le pommeau de la chaire du Prophète à Médine (Iqtidhâ' us-sirât il-mustaqîm, p. 338) : "حتى تنازع الفقهاء في وضع اليد على منبر سيدنا رسول الله صلى الله عليه وآله وسلم لما كان موجودا: فكرهه مالك وغيره، لأنه بدعة؛ وذكر أن مالكًا لما رأى عطاء فعل ذلك، لم يأخذ عنه العلم. ورخّص فيه أحمد وغيره، لأن ابن عمر - رضي الله عنهما - فعله" (MF 27/79-80). "وكره مالك التمسح بالمنبر، كما كرهوا التمسح بالقبر" (Iqtidhâ' us-sirât il-mustaqîm, p. 338). Apparemment Mâlik voulait parler de toucher cela Ta'abbudan, ou Tabarrukan. "ومع هذا فقد نقل عن مالك كراهة اتخاذ ذلك سنة، ولم يأخذ في هذا بفعل ابن عمر. كما لم يأخذ بفعله في التمسح بمقعده على المنبر، ولا باستحباب قصد الأماكن التي صلى فيها لكون الصلاة أدركته فيها - فكان ابن عمر يستحب قصدها للصلاة فيها، وكان جمهور الصحابة لا يستحبون ذلك" (MF 27/241).
Et :
----- soit Mâlik pensait que lorsque Ibn Omar et d'autres Compagnons l'avaient pour sa part fait, ils l'avaient fait par expression d'affection pour le Prophète (Iz'hâr ul-Mahabba), et non pas par Tabarruk ; or c'est le faire par Tabarruk que Mâlik désapprouvait ;
----- soit Mâlik pensait que, certes, Ibn Omar et d'autres Compagnons avaient fait ce geste Tabarrukan, cependant, c'était leur ijtihâd à eux ; tandis que lui, Mâlik, était pour sa part d'un autre avis, suite à un ijtihâd différent de celui de Ibn Omar et d'autres (alors que l'avis de ces derniers, Ahmad ibn Hanbal et al-Bukhârî allaient pour leur part le reprendre) ;
----- soit Mâlik pensait que la Tabarruk faite par un objet touché par le Prophète (sur lui soit la paix), cela peut se faire peu de temps après le Prophète, car il reste quelque trace de sa sueur ou autre trace sur l'objet ; et c'est pourquoi Ibn Omar et certains autres Compagnons avaient fait la Tabarruk par la chaire du Prophète. Par contre, contrairement aux cheveux de ce dernier, ce genre d'objet qu'il avait seulement touché, on ne pouvait pas en faire Tabarruk longtemps après, car entre-temps tant d'autres personnes avaient touché cet objet, et il ne restait plus de trace du Prophète dessus ; et c'est pourquoi Mâlik avait dit à son époque qu'on ne pouvait plus toucher la chaire du Prophète (Tabarrukan).
Je ne sais pas (لا أدري).
Si la bonne interprétation de la fatwa de Mâlik ibn Anas au sujet du fait de toucher la chaire du Prophète est la dernière, alors ce que non plus des Compagnons (vivant peu de temps après) mais des Tâbi'ûn ont fait vis-à-vis d'autres objets touchés par le Prophète (tels que le récipient dans lequel le Prophète avait bu), soit ils l'ont fait parce que leur avis était autre, soit ils l'ont fait par expression d'affection pour le Prophète (Iz'hâr ul-Mahabba), et non plus par Tabarruk.
Wallâhu A'lam.
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–--- C.D) Pour ce qui est de faire Tabarruk par la tombe du Prophète (sur lui soit la paix) : cela n'est pas institué (ghayr mashrû') :
Ibn Omar a désapprouvé qu'on touche la tombe du Prophète (sur lui soit la paix) : "عن نافع، عن ابن عمر أنه كان يكره مس قبر النبي صلى الله عليه وسلم" (rapporté avec sa chaîne de transmission dans Mu'jam ush-shuyûkh al-kabîr, adh-Dhahabî).
"ومن كتاب أحمد بن سعيد الهندي فيمن وقف بالقبر: لا يلصق به، ولا يمسه، ولا يقف عنده طويلا" (Ash-Shifâ, 2/76).
Ahmad ibn Hanbal : "قال أبو بكر الأثرم: قلت لأبي عبد الله - يعني أحمد بن حنبل -: "قبر النبي صلى الله عليه وسلم يلمس ويتمسح به؟" فقال: "ما أعرف هذا". قلت له: "فالمنبر؟" قال: "أما المنبر فنعم، قد جاء فيه"؛ قال أبو عبد الله: "شيء يروونه عن ابن أبي فديك عن ابن أبي ذئب عن ابن عمر أنه مسح على المنبر". قال: فيروونه عن سعيد بن المسيب في الرمانة. قلت: "ويروى عن يحيى بن سعيد يعني الأنصاري شيخ مالك وغيره أنه حيث أراد الخروج إلى العراق جاء إلى المنبر فمسحه ودعا"؛ فرأيته استحسن ذلك، ثم قال: "لعله عند الضرورة والمشي". قيل لأبي عبد الله: "إنهم يلصقون بطونهم بجدار القبر"، وقلت له: "رأيت أهل العلم من أهل المدينة لا يمسونه ويقومون ناحية فيسلمون"؛ فقال أبو عبد الله: "نعم، وهكذا كان ابن عمر يفعل"؛ ثم قال أبو عبد الله: "بأبي وأمي، صلى الله عليه وسلم" (Iqtidhâ' us-sirât il-mustaqîm, p. 338).
An-Nawawî : "فرع) لا يجوز أن يطاف بقبره صلى الله عليه وسلم. ويكره إلصاق الظهر والبطن بجدار القبر قاله أبو عبيد الله الحليمي وغيره قالوا ويكره مسحه باليد وتقبيله بل الأدب أن يبعد منه كما يبعد منه لو حضره في حياته صلى الله عليه وسلم هذا هو الصواب الذي قاله العلماء وأطبقوا عليه ولا يغتر بمخالفة كثيرين من العوام وفعلهم ذلك. فإن الاقتداء والعمل إنما يكون بالأحاديث الصحيحة وأقوال العلماء ولا يلتفت إلى محدثات العوام وغيرهم وجهالاتهم (...) ومن خطر بباله أن المسح باليد ونحوه أبلغ في البركة فهو من جهالته وغفلته لأن البركة إنما هي فيما وافق الشرع وكيف ينبغي الفضل في مخالفة الصواب" (Al-Majmû').
La seule pierre qu'il est mashrû' de toucher est la Pierre Noire : mais cela est fait ta'abbudan, et pas tabarrukan.
Et le seul lieu sur la Terre dont il est mashrû' de faire la circumambulation (tawâf), c'est la Kaaba (Zâd ul-ma'âd, 1/48) ; cela se fait ta'abbudan.
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– C.E) Quant à la Tabarruk (Dînî ou Dunyawî) par les lieux (de la terre) où le Prophète a prié, s'est tenu, s'est assis ou s'est allongé, elle n'est pas autorisée, ni de son vivant, ni après son décès :
Différent de tout ce qui précède est le cas de la recherche de la bénédiction (tabarruk) par un lieu de la terre où le Prophète s'est tenu debout, s'est assis ou s'est allongé, etc. : cela n'est pas autorisé (ghayr mashrû').
Al-Ma'rûr ibn Suwayd relate : "Nous sommes allés avec Omar pour un pèlerinage qu'il fit. [Un jour] dans la prière de l'aube, il récita, dans la prière qu'il dirigea devant nous, les sourates al-Fîl et Quraysh. Lorsqu'il eut terminé son pèlerinage et qu'il retournait, (il vit) des gens se précipiter. "Qu'est-ce ?" demanda-t-il. On lui dit : "(C'est) un lieu dans lequel le Messager de Dieu, que Dieu le bénisse et le salue, a accompli la prière." Il dit alors : "C'est ainsi que se perdirent les gens du Livre : ils prirent les lieux (âthâr) de leurs prophètes comme lieux de culte [adressé à Dieu]. Celui d'entre vous à qui une prière survient en ce lieu, qu'il (y) accomplisse la prière ! Et celui d'entre vous à qui une prière ne survient pas en ce lieu, qu'il n'(y) accomplisse pas la prière !" : "حدثنا أبو معاوية، عن الأعمش، عن المعرور بن سويد قال: خرجنا مع عمر في حجة حجها، فقرأ بنا في الفجر: {ألم تر كيف فعل ربك بأصحاب الفيل}، و{لإيلاف قريش}. فلما قضى حجه ورجع، والناس يبتدرون؛ فقال: "ما هذا؟" فقالوا: "مسجد صلى فيه رسول الله صلى الله عليه وسلم". فقال: "هكذا هلك أهل الكتاب: اتخذوا آثار أنبيائهم بيعا. من عرضت له منكم فيه الصلاة، فليصل؛ ومن لم تعرض له منكم فيه الصلاة، فلا يصل" (Mussannaf Ibn Abî Shayba, n° 7550, 2/376-377 – n° 7632, 5/183 dans l'édition que je possède. ; cité également dans Fat'h ul-bârî 1/731, et dans Al-Iqtidhâ', p. 355, avec, comme dernière phrase : "Et celui d'entre vous à qui une prière ne survient pas en ce lieu, qu'il passe !" ).
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).