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Avant cet article-ci, il est impératif de lire ce précédent article : Quelle est la différence entre "faire une action donnée" : "a) avec l'objectif de Ta'abbud" / "b) avec l'objectif de Maslaha Shar'iyya" / "c) par 'Âdah Shakhsiyya, habitude ou goût personnels" ? - ما الفرق بين مباشرة العمل بقصد التعبّد، وبقصد المصلحة، وبقصد العادة ؟.
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On lit et on entend que certaines actions sont de type "'ibâdât", tandis que d'autres sont de type "'âdât" (ce qui engloe et dépasse les "mu'âmalât"), et que les règles qui sont valables pour le premier type ne le sont pas toutes pour le second : pour le premier type, il faut s'en tenir à ce que les textes du Coran et de la Sunna ont institué, alors que pour le second type la règle première est la permission.
Le principe est bien connu.
Mais que signifie-t-il concrètement ?
Et comment reconnaître si une action relève des "'ibâdât" ou des "'âdât" ?
Réponse ci-après...
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Que signifie le principe bien connu, qui veut que "N'est institué, parmi les 'ibâdât, que ce que les sources ont explicitement institué" ("Al-aslu fi-l-'ibâdât : at-tawqîf, fa lâ yushra'u minhâ illâ mâ shara'ahullâh"), alors que "C'est la permission qui prévaut pour les 'âdât" ("Al-aslu fi-l-'âdât : al-ibâha, fa lâ yahrumu minhâ illâ mâ harramahullâh") ?
Ce propos a été écrit entre autres par ash-Shâtibî : "Le principe en ce qui concerne les 'ibâdât n'est pas – contrairement au cas des 'âdât – que ce qui n'est pas mentionné dans les textes ("maskût 'anh") est comme ce qui est [explicitement] autorisé. (...) Par tout cela on sait que l'objectif du Législateur est qu'il n'a confié rien de ce qui relève des ta'abbudât à l'avis des hommes. Il n'y a alors qu'à s'en tenir à ce qu'il a fixé ; rajouter quelque chose est une innovation ("bid'a"), comme en diminuer [par ta'abbud] est une innovation..." (Al-I'tisâm 2/135).
Ibn Taymiyya l'a également relaté de Ahmad ibn Hanbal : "La règle à propos des 'ibâdât est de s'en tenir à ce qui a été institué ; parmi elles, seul ce que Dieu a institué est donc légal ("yushra'u"). (…) Et la règle pour les 'âdât est la permission ; parmi elles, seul ce que Dieu a interdit est donc interdit (yuhzaru). (…)" (Al-Qawâ'ïd un-nûrâniyya al-fiqhiyya, p. 134 - MF 29/16-18).
Ce qu'il faut d'emblée préciser, c'est que, quand on parle de "'ibâda" qu'on distingue de "'âda", il s'agit de 'ibâda au sens particulier du terme (soit le sens B.b.b dans notre article traitant de ce point).
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A) Même lorsqu'elle concerne une action des 'âdât, une règle ta'abbudî ne peut pas être inventée, et on ne peut donc pas s'abstenir ni faire quelque chose avec une intention de ta'abbud si les textes des sources n'en ont rien dit :
L'islam a enseigné des règles (ahkâm) pour les actions (a'mâl) du domaine des 'âdât, ainsi que pour les éléments (ajzâ') qui entraient déjà ou qui devraient entrer dans la constitution de ces actions (fî sulb il-a'mâl), ou qui côtoient celles-ci (mujâwirun lahâ). Il a ainsi interdit certains de ces éléments, en a déconseillé d'autres, a recommandé tel ou tel élément, et a rendu obligatoire tel autre ; et ce parce que ces éléments constituent des mafsada ou, au contraire, des maslaha, dont il a voulu que l'homme s'en préserve ou au contraire les acquiert, pour son propre bien (cliquez ici pour en savoir plus). C'est le respect de ces règles qui constitue de la 'ibâda, ce terme étant à appréhender cette fois en son sens général (cliquez ici et ici : sens B.b).
Ash-Shâtibî écrit : "Et la vente, le mariage, l'achat, le divorce, les locations, les sanctions : sont totalement 'âdî (...), et il s'y trouve nécessairement du ta'abbud [aussi], vu que cela est nuancé par des règles ("umûr shar'iyya"), à propos desquelles le responsable [= l'homme] n'a pas eu le choix [de leur élaboration], qu'il s'agisse d'obligation ou de recommandation" (Al-I'tissâm 2/79-80).
Ibn Taymiyya écrit : "Nous dirons donc : A propos de la vente, les dons, les locations, et autres actions dont les hommes ont besoin pour vivre – comme manger, boire et s'habiller –, les sources ont apporté les règles excellentes : elles ont interdit ce qui est mauvais, rendu obligatoire ce qui est nécessaire, déconseillé ce qui ne convient pas et recommandé ce en quoi il y a un avantage conséquent : (tout ceci concerne) les différents types d'actions relevant des 'adât, leurs quantités et leurs qualités. Dès lors, les hommes peuvent vendre et louer comme ils veulent, tant que la Loi ne l'a pas interdit ; tout comme ils peuvent manger de la façon qu'ils veulent, tant que la Loi ne l'a pas interdit. Par ailleurs, il est certain parmi cela qui est recommandé, ou qui est déconseillé [il s'agit donc pour les hommes de respecter les quatre types de règles excellentes apportées par les sources au sujet de ces actions]. Et tant que les sources n'ont rien fixé à ce sujet, ils demeurent dans la permission originelle" (Al-Qawâ'ïd un-nûrâniyya al-fiqhiyya, p. 135 - MF 29/16-18).
Il est impossible, sous peine de tomber dans la bid'a, d'inventer une nouvelle règle ta'abbudî, même pour une action relevant du domaine des 'âdât.
Manger est une action des 'âdât et non des 'ibâdât. Quand on mange, s'abstenir de consommer de l'alcool, du porc ou toute autre chose ayant été interdite dans les sources, et s'abstenir de porter les aliments à sa bouche par sa main gauche... sont des éléments (ajzâ') ta'abbudî au sein de cette action ('amal) relevant du domaine des 'âdât. De même, prononcer le Nom de Dieu avant de manger, et s'assoir pour manger sont aussi des éléments ta'abbudî au sein de cette action 'âdî. Il s'agit de respecter ces règles, et de le faire avec un objectif de ta'abbud (c'est-à-dire requis tel quel dans les sources). Cependant, les choses dont il faut s'abstenir concernent des kaff, où on s'abstient de mafsada : ces abstentions ont pour objectif de nous éviter de reculer par rapport au lien spirituel déjà acquis par la pratique des actions de 'ibâdât (lire le point IV d'un autre article). S'assoir pour manger est un élément à faire pendant l'action de manger : cela est lié à une maslaha autre que la spiritualité. Quant à l'action de prononcer le Nom de Dieu, c'est une action des 'ibâdât, et est donc faite avec un objectif de ta'abbud min bâb il-'ibâdât, pour avancer dans le lien spirituel avec Dieu ; cependant, elle côtoie (yujâwiru) l'action de manger et ne fait pas à proprement parler partie de celle-ci (layssa min sulbihî). Pour le reste, que faut-il manger, comment le cuisiner, comment le manger, tout cela relève de la permission originelle.
S'abstenir de manger de la chair de chameau par goût personnel ou par maslaha liée à la santé physique, cela est donc entière autorisé. Par contre, s'en abstenir par ta'abbud vis-à-vis de Dieu, par souci de respecter l'interdit judaïque en la matière, cela constitue de la bid'a (cf. Bayân ul-qur'ân 1/118) et de la tashabbuh : la raison en est que cela n'existe pas dans les textes des sources de l'islam. Ibn Taymiyya écrit : "L'homme [musulman] n'a donc pas à se préserver de manger les graisses et l[a chair d]es animaux ongulés par tadayyun par cela" (Al-Iqtidhâ', p. 166).
Ce que nous venons de dire est valable pour toutes les règles ta'abbudî relatives à toutes les actions : inventer une nouvelle règle ta'abbudî, ou s'abstenir de quelque chose par ta'abbud alors que les sources n'ont rien institué de tel, c'est tomber dans la bid'a.
Certes, par analogie (qiyâs ut-tamthîl), les règles ta'abbudî relatives à une action des 'âdât et à ses éléments sont applicables à toute nouvelle action et tout nouvel élément que les hommes ne cessent d'inventer en tant que 'âdât. Cependant, à vrai dire il ne s'agit pas là de l'invention (inshâ') d'une nouvelle règle ta'abbudî, mais de la transmission (ta'diya) d'une règle ta'abbudî dûment instituée par les textes à propos d'une action ou d'un élément, à une action ou à un élément à propos duquel ou de laquelle les textes n'ont rien dit, mais où se trouve le même principe motivant ('illa) que dans l'action ou l'élément évoqué(e) dans les textes par rapport à cette règle ta'abbudî (mansûs 'alayh).
– On ne peut donc ni inventer une nouvelle règle ta'abbudî, ni s'abstenir de quelque chose par ta'abbud alors que les sources n'ont rien institué de tel ; sinon on tombe dans la bid'a.
– Or les actions des 'âdât sont composées d'éléments 'âdî, auxquels les textes des sources ont rajouté des règles ta'abbudî. Ibn Taymiyya écrit : "Quant aux 'âdât, il s'agit de ce que les hommes on pris l'habitude de faire dans leurs affaires temporelles, de ce dont ils ont besoin" (Al-Qawâ'ïd un-nûrâniyya al-fiqhiyya, p. 134). Par contre, les actions des 'ibâdât sont, elles, entièrement composées d'éléments ta'abbudî.
– Dès lors, faire une action dotée d'une dimension de 'âda, cela relève de la permission originelle ; et on peut inventer une nouvelle action relevant des 'âdât et la pratiquer (par exemple une nouvelle forme de sport, ou un nouveau métier), à condition que l'on respecte alors toutes les règles ta'abbudî existant au sujet des éléments constituant cette action et figurant explicitement dans les textes ou leur étant applicables par analogie. Par contre, une action des 'ibâdât doit avoir été entièrement instituée par les textes des sources pour pouvoir être pratiquée ; sinon on tombe dans la bid'a.
En fait :
– tout ce qui est fait en tant que 'ibâda (au sens particulier du terme, c'est-à-dire : a été institué pour servir de moyen direct de progression spirituelle) est forcément fait par ta'abbud (obéissance à Dieu) ;
– par contre, tout ce qui est fait par ta'abbud (obéissance à Dieu) ne constitue pas forcément une 'ibâda (au sens particulier du terme).
Ce qui se passe pour ce qui relève des 'âdât – ou actions temporelles – n'est pas vrai pour ce qui relève des 'ibâdât : ici, une action qui n'a pas été mentionnée dans les sources (maskût 'anh) ne peut pas être pratiquée :
– ni sur la base d'une permission originelle (puisque celle-ci n'existe pas par rapport aux 'ibâdât) ;
– ni par analogie à partir de ce qui a été dûment institué dans les textes : ni analogie de type qiyâs ut-tamthîl, ni analogie de type qiyâs ul-maslaha (cliquez ici).
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B) Pouvoir appliquer ce principe demande que l'on détermine ce qui constitue la spécificité des 'ibâdât ; et ce afin que, parmi toutes les actions faites systématiquement "en tant que 'ibâdât" sur Terre, on ne pratique que celles que Dieu a instituées ; afin, aussi, qu'on s'abstienne de faire relever "des 'ibâdât" une action qui relève des 'âdât. Qu'est-ce donc qui fait la spécificité des 'ibâdât ?
La spécificité des actions dites "'ibâdât" est qu'elles servent uniquement ou essentiellement de "moyens pour l'établissement ou le renforcement du lien du cœur avec Dieu" (dhikr de taqarrub rûhânî : cliquez ici).
Par voie d'incidence, l'objectif de servir uniquement ou essentiellement de moyens de ce genre ne peut être conféré qu'aux actions auxquelles les textes des sources ont dûment conféré cet objectif.
Et c'est le cas des ablutions, de la prière rituelle, du jeûne, de l'aumône, du pèlerinage, de la récitation du Coran, des invocations - du'â -, des évocations - adhkâr -, de la retraite spirituelle - i'tikâf -, du sacrifice d'un animal - tadh'hiya... Toutes ces actions possèdent cette spécificité des 'ibâdât, même si chacune d'elles a ensuite un objectif voisin mais nuancé par rapport à l'autre, objectif ne pouvant pas être atteint par le moyen de l'autre. Ce que l'islam veut que l'homme l'atteigne par le biais de la prière (salât) est ainsi différent de celui dont il veut qu'il l'atteigne par le moyen du jeûne (siyâm), ou encore de l'aumône (sadaqa). Ceci est comparable au fait que les différents aliments des hommes ont la même finalité : leur consommation contribue à préserver et développer la vie, la santé et la force humaines. Ensuite, au sein de l'ensemble des familles d'aliments (glucides, protides, lipides, sels minéraux, eau, vitamines), ce qui peut et doit être atteint par le moyen de l'une d'elles ne peut être atteint par l'autre ; mais chacune d'elles est nécessaire. Ensuite chacune de ces familles est absorbée par l'homme par le moyen d'aliments différents (les glucides se trouvent ainsi dans le blé, le riz, l'orge, les patates, les pommes de terre, le sucre, etc.). Et il faut consommer de façon régulière et équilibrée (suivant en cela les besoins de l'homme, que les nutritionnistes ont découverts et diffusés) chacune de ces familles, plus telle quantité d'eau chaque jour, etc. Pareillement, il y a au minimum cinq prières rituelles à accomplir chaque jour, un mois de jeûnes à observer dans l'année, le pèlerinage à la Maison de Dieu, le sacrifice rituel d'un animal lors de la fête du sacrifice (al-adh'hâ), il y a aussi la récitation cultuelle du Coran, il y a également des invocations de circonstances pour chaque action quotidienne, il existe encore des formules d'évocations (dhikr lissânî), etc. : toutes ces actions ont la même finalité – permettre le rapprochement spirituel avec Dieu –, mais chacune offre une avancée d'un type particulier, et c'est l'ensemble de ces avancées dont l'homme a besoin pour se rapprocher spirituellement de Dieu de façon complète.
Les actions de la catégorie "'âdât", elles, sont différentes : ces actions servent de moyens pour satisfaire les besoins temporels de l'homme (manger, boire, se reposer, satisfaire son élan sexuel, élever ses enfants, vivre en société, etc.) : ce sont les hommes qui ont institué ces actions des "'âdât". L'islam, lui, s'est contenté d'apporter deux choses à leur sujet :
– exception faite de certaines d'entre elles ou de certaines formes d'entre elles (qu'il a interdites parce qu'elles renferment une mafsada), l'islam a maintenu ces actions : il les a déclarées en soi autorisées, recommandées ou obligatoires ;
– l'islam a adjoint des règles (ahkâm) quant aux éléments (ajzâ') qui entraient déjà ou qui devraient entrer dans la constitution de ces actions : il a ainsi interdit certains de ces éléments, en a déconseillé d'autres, a recommandé tel ou tel élément, et a rendu obligatoire tel autre ; et ce parce que ces éléments constituent des mafsada ou, au contraire, des maslaha, dont il a voulu que l'homme s'en préserve ou au contraire les acquiert, pour son propre bien ; c'est le respect de ces règles qui constitue de la 'ibâda, ce terme étant à appréhender cette fois en son sens général. Nous l'avons vu plus haut.
Dès lors, faire une nouvelle action avec un sens (ma'nâ) de 'âda relève de la permission originelle. Simplement, comme nous l'avons dit plus haut, les règles (ahkâm ta'abbudiyya) relatives aux actions des 'âdât et à leurs éléments sont applicables par analogie (qiyâs ut-tamthîl) à toute nouvelle action et tout nouvel élément que les hommes ne cessent d'inventer en tant que 'âdât.
Servir le dîn (ta'yîd ud-dîn / tamkîn ud-dîn) (cliquez ici : il s'agit de l'objectif n° 2), lui, constitue une catégorie différente de celle des 'âdât, mais également différente de celle des ibâdât mahdha : c'est pourquoi les actions relevant du tamkîn ud-dîn sont tantôt considérées comme relevant de la 'ibâda au sens particulier du terme, et tantôt classées comme ne relevant pas de cette catégorie.
Dès lors, faire une action en lui conférant le sens (ma'nâ) que seules ont les actions des 'ibâdât (c'est-à-dire faire cette action en ayant comme perception qu'elle permet d'établir, augmenter ou entretenir en nous le lien spirituel avec Dieu), cela n'est possible que si cette action a été dûment instituée comme 'ibâda dans les sources. Conférer ce sens à une action qui n'a pas été instituée comme 'ibâda dans les sources, c'est tomber dans l'innovation (bid'a 'amaliyya haqîqiyya). Voilà ce que signifie la règle : "Le principe est que n'est institué, parmi les 'ibâdât, que ce que les sources ont explicitement institué".
Etant donné que les actions "'ibâdât" ont été instituées uniquement ou essentiellement pour servir de moyens pour que les humains, en les pratiquant, puissent créer, augmenter ou entretenir le lien du cœur avec Dieu, on ne peut pratiquer une action dûment instituée par les sources comme étant "'ibâda" avec l'objectif unique ou essentiel qu'elle confère un avantage temporel.
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C) Un exemple avec l'action de s'abstenir de manger et celle de s'abstenir de parler :
Ainsi :
--- l'action de s'abstenir de manger en sus de ses besoins et donc s'abstenir d'avaler ce qui, par rapport à ses besoins personnels réels, est véritablement superflu (fudhûl ut-ta'âm, c'est-à-dire en sus des dharûra et hâja), cela est institué pendant toute la vie. En effet, il y a une quantité de nourriture qui relève de la dharûra pour tous les hommes ; et il y a une quantité de nourriture qui est du gaspillage pour tous les hommes. Entre ces deux limites, déterminer quelles quantités et qualités de nourriture relève de la hâja, de la tahsîn ou du gaspillage, cela peut varier d'un homme à un autre, selon ses besoins réels ;
--- et de la même façon, s'abstenir de parler en sus des besoins et donc s'abstenir de prononcer des paroles totalement superflues (fudhûl ul-kalâm), cela est institué pendant toute la vie (le Prophète a dit : "Celui qui croit en Dieu et au jour dernier, qu'il dise du bien ou qu'il garde le silence").
Par contre :
--- pratiquer le jeûne par rapport à la nourriture, à la boisson et aux relations sexuelles, cela est institué ;
--- alors que pratiquer le jeûne de la parole, fût-ce pour un instant, cela n'est pas institué.
La différence entre le fait de s'abstenir de parler en sus des besoins et le fait de pratiquer le jeûne de la parole réside dans la perception que l'homme a de chacune de ces deux actions et l'objectif qu'il lui assigne :
– s'abstenir de parler en sus de ce qui est nécessaire consiste à se retenir de quelque chose avec comme perception que cette abstention va nous permettre de ne pas gâcher la spiritualité acquise par les actions des 'ibâdât (puisque le Prophète a dit : "Ne parlez pas abondamment sans dhikr ; car parler beaucoup sans aucun dhikr pour Dieu est (cause de) dureté du cœur" : at-Tirmidhî, 2411), de ne pas gaspiller notre énergie mentale, d'éviter les risques d'éventuels "dérapages verbaux" (ceux-ci nous éloignant de Dieu), et de pouvoir consacrer éventuellement le temps et l'énergie ainsi économisés à des actions nobles ;
– alors que le "jeûne de la parole" consiste à se retenir de parler avec la perception que ce "sacrifice fait volontairement pour Dieu", va, de par lui-même (fî nafsihî wa bi juzi'yyatihî), nous rapprocher de Dieu.
Dès lors :
– la première action est faite avec un objectif de maslaha ;
– la seconde est faite avec un objectif de ta'abbud, et de surcroît, de ta'abbud min al-'ibâdât.
Quelle est la différence entre "faire une action par "تعبّد"" et "faire une action par "مصلحة"" ?.
Les deux actions sont requises, mais pas dans la même perspective :
– la première action n'est pas requise en soi, mais n'est requise que dans la mesure où elle permet d'éviter les mafsada que nous avons citées (voir MF 20/147 ; 22/138) ;
– la seconde action, elle, est requise pour permettre la réalisation de la maslaha de rûhâniyya (spiritualité) ;
En tous cas :
--- on ne peut pas avoir recours à une analogie de type qiyâs ut-tamthîl pour instituer le jeûne de la parole, à partir du jeûne de la nourriture, du boire et des relations intimes ;
--- on ne peut pas non plus avoir recours à une analogie de type qiyâs ul-maslaha pour instituer comme 'ibâda tout moyen nous paraissant capable d'entraîner l'établissement ou le renforcement du lien du cœur spirituel avec Dieu : ce genre d'analogie est possible (sous réserve qu'elle remplit les conditions voulues) pour d'autres maslaha, mais pas pour la maslaha de rûhâniyya (spiritualité).
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D) Il y a une distinction entre : "faire une action en tant qu'"action 'âdî" / avec une dimension dunyawî (temporelle), et ce, soit par goût personnel, soit par maslaha)", et : "faire une action par 'ibâda / avec objectif de rapprochement spirituel avec Dieu". Dès lors, il est certaines actions qui changent de statut selon la dimension que la personne qui les fait leur confère :
En effet, selon le sens que l'homme lui confère, l'action :
--- soit reste "de règle première : Mubâh" (lorsque le sens qu'il lui confère est de 'Adah, temporel) ;
--- soit devient "Matlûb li ghayrihî" (lorsque le sens qu'il lui confère est de Maslaha reconnue shar'an pour cette action) ;
--- soit devient "de 'Ibâda" (lorsque le sens conféré est de 'Ibâda), et est alors :
----- soit "Mashrû'",
----- soit "Bid'a" (lorsque n'étant absolument pas / pas à ce moment-là, instituée pour être de 'Ibâda).
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– Abattre un animal pour en consommer la chair, cela est entièrement autorisé, on le fait quand on veut. (L'autorité publique peut réglementer cela, par maslaha).
Abattre des animaux par Maslaha, par crainte de propagation d'une maladie, cela est souhaitable.
Mais sacrifier un animal, c'est-à-dire abattre un animal pour se rapprocher de Dieu, cela est une 'Ibâda, et cela est donc concerné par d'autres règles encore.
Par exemple, spécifier un mois pour abattre un animal et obtenir de la viande licite, cela est autorisé, car fait par maslaha. Mais spécifier un mois pour sacrifier un animal pour se rapprocher de Dieu, il faut que cela ait été stipulé dans les textes, sinon cela est bid'a, car fait par 'ibâda (d'après l'interprétation des shafi'ites seulement, il y a ainsi la 'atîra, qui est mashrû' lors du mois de Rajab).
Quant à la 'aqîqa, elle est aussi un sacrifice, une 'Ibâda. C'est pourquoi les écoles hanafite et shafi'ite autorisent que dans un même animal, il y ait une part qui soit destinée à la 'aqîqa, et une autre à la udh'hiyya ; par contre, les écoles malikite et hanbalite interdisent cela (mais c'est parce que selon elles un animal tel qu'un bœuf ne peut pas être aqîqa de plusieurs enfants).
– Courir entre deux montagnes par goût personnel (on aime cet endroit) est autorisé.
Courir entre deux montagnes par Maslaha ("cet endroit fait travailler le cœur physique") est tout à fait autorisé.
Mais si cela est fait avec une dimension religieuse, en tant que 'Ibâda, comparable à celle qu'a la course entre les monts Safa et Marwa pratiquée lors du pèlerinage, cela est une innovation.
"ولو سئل العالم عمن يعدو بين جبلين: هل يباح له ذلك؟ قال: نعم؛
فإذا قيل: إنه على وجه العبادة كما يسعى بين الصفا والمروة قال: إن فعله على هذا الوجه حرام منكر يستتاب فاعله" (MF 11/632).
– Allumer une bougie par 'âda est tout ce qu'il y a de plus autorisé : on aime l'ambiance feutrée que la bougie confère la nuit.
Allumer une bougie par maslaha (il fait noir, il y a une coupure d'électricité, on allume alors une bougie pour y voir clair), cela est également autorisé.
Mais allumer une bougie en conférant à ce geste une dimension religieuse, cela est une bid'a et une tashabbuh madhmûm.
L'octroi d'un sens religieux à cet acte, le christianisme le fait. Voici ce qu'on lit sur un site chrétien arabe au sujet des cierges que l'on allume dans les églises : "ومن الجدير بالذكر أن استخدام الشموع [استخدامًا طقسيًا] لا علاقة له بالنهار أو الليل أو وجود الكهرباء أو غيره" : "Ce qui est à noter c'est que l'utilisation [rituelle] des bougies n'a aucun lien avec la journée ou la nuit, la présence de courant électrique ou pas." Le site parle bien de l'"utilisation rituelle des bougies à l'intérieur des églises" : "لاستخدام الشموع في الكنيسة استخدامًا طقسيًا" (St-Takla.org).
Et voici une prière chrétienne :
"Seigneur,
Que ce cierge que je fais brûler soit lumière pour que Tu m'éclaires dans mes difficultés et mes décisions.
Qu'il soit feu pour que Tu brûles en moi tout égoïsme, orgueil et impureté.
Qu'il soit flamme pour que Tu me réchauffes le cœur.
Je ne peux pas rester longtemps dans ton église ; en laissant brûler ce cierge, c'est un peu de moi que je veux Te donner.
Aide-moi à prolonger ma prière dans les activités du jour. Amen" (Sacré-Coeur-Montmartre.com).
– Tracer des croix en leur donnant une signification non-religieuse (en tant que symbole mathématique (le signe de l'addition ou de la multiplication) ou de quelque chose du même genre), cela est entièrement autorisé. De même en est-il de garder chez soi un papier ou une pièce de tissu sur lequel(laquelle) se trouvent de telles croix.
Par contre, tracer une croix en lui donnant une signification religieuse (Dînî) telle qu'elle en a chez les chrétiens, cela est une tashabbuh madhmûm. Une telle croix, on ne peut pas non plus en garder chez soi.
Ibn ul-Uthaymîn dit : "أما ما ظهر منه أنه لا يراد به الصليب، لا تعظيما ولا بكونه شعارا، مثل بعض العلامات الحسابية، أو بعض ما يظهر بالساعات الإلكترونية من علامة زائد، فإن هذا لا بأس به، ولا يعد من الصلبان بشيء". Il a dit aussi : "ثم إن علامة (+) هل هي صليب؟ ليست صليباً. كذلك يوجد فيما سبق الدلاء التي يُرفع بها الماء من البئر، في أعلاها شيء يُسمى: "العَرْقات"، عبارة عن خشبتين، إحداهما عَرْضِية والأخرى طولية، فمِن هذه الأشياء ليست صليباً. فالشيء الصليب هو الذي وُضع على أنه صليب".
– S'exposer au soleil parce qu'on aime ressentir ses rayons, cela est bien sûr entièrement autorisé.
S'exposer au soleil avec la maslaha de bénéficier de vitamine D, cela est bien.
S'exposer au soleil par maslaha, avec l'objectif de s'endurcir, sans le faire au point de nuire à sa santé, cela est bien. Omar ibn ul-Khattâb l'avait écrit à des musulmans (arabes) installés en Azerbaïdjan : "اتزروا وارتدوا وانتعلوا، وألقوا الخفاف وألقوا السراويلات، وعليكم بثياب أبيكم إسماعيل، وإياكم والتنعم وزي الأعاجم، وعليكم بالشمس فإنها حمام العرب، وتمعددوا، واخشوشنوا، واخلولقوا، واقطعوا الركب ، وانزوا على الخيل نزوا، وارموا الأغراض" : "Restez au soleil, c'est le hammam des Arabes" (Abû 'Awâna, voir Al-Furûssiya, p. 120).
Mais s'exposer au soleil avec un sens de culte ('Ibâda), cela est bid'a ; c'est pourquoi le Prophète (sur lui soit la paix) désapprouva le fait qu'un homme ait fait le vœu de ne plus s'asseoir et de rester au soleil : "عن ابن عباس، قال: بينا النبي صلى الله عليه وسلم يخطب، إذا هو برجل قائم، فسأل عنه فقالوا: أبو إسرائيل، نذر أن يقوم ولا يقعد، ولا يستظل، ولا يتكلم، ويصوم. فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "مره فليتكلم وليستظل وليقعد، وليتم صومه" (rapporté par al-Bukhârî, 6326). Cet homme agissait ainsi avec un objectif cultuel, vu qu'un vœu (nadhr) est toujours à visée religieuse (ta'abbudî / dînî) et même cultuelle (ibâdat ullâh).
"ولو سئل: عمن يقوم في الشمس. قال: هذا جائز.
فإذا قيل: إنه يفعله على وجه العبادة. قال: هذا منكر كما روى البخاري عن ابن عباس رضي الله عنهما "أن رسول الله صلى الله عليه وسلم رأى رجلا قائما في الشمس. فقال: من هذا؟ قالوا: هذا أبو إسرائيل يريد أن يقوم في الشمس ولا يقعد ولا يستظل ولا يتكلم فقال النبي صلى الله عليه وسلم مروه فليتكلم وليجلس وليستظل وليتم صومه". فهذا لو فعله لراحة أو غرض مباح لم ينه عنه؛ لكن لما فعله على وجه العبادة نهي عنه" (MF 11/632).
– Se rendre sur les lieux de la bataille de Badr ou de Uhud par Maslaha, avec l'objectif de mieux comprendre les récits qu'on a lus (c'est-à-dire avec une intention intellectuelle), cela est autorisé.
Mais s'y rendre "en pèlerinage" (c'est-à-dire en lui conférant une dimension de 'Ibâda) est une bid'a.
– Ecouter des vers chantés (éventuellement avec du tambourin) (lesquels vers ne comportent rien qui soit en soi interdit) dans une perspective temporelle, cela est autorisé (au moment du mariage : à l'unanimité des ulémas ; à certains autres moments : d'après certains ulémas seulement).
Mais le faire avec un objectif d'élévation spirituelle, 'Ibâda, cela est Bid'a.
"وذلك أن الكلام في السماع وغيره من الأفعال على ضربين:
أحدهما أنه هل هو محرم؟ أو غير محرم بل يفعل كما يفعل سائر الأفعال التي تلتذ بها النفوس وإن كان فيها نوع من اللهو واللعب، كسماع الأعراس وغيرها مما يفعله الناس لقصد اللذة واللهو، لا لقصد العبادة والتقرب إلى الله.
والنوع الثاني أن يفعل على وجه الديانة والعبادة وصلاح القلوب وتجريد حب العباد لربهم وتزكية نفوسهم وتطهير قلوبهم وأن تحرك من القلوب الخشية والإنابة والحب ورقة القلوب وغير ذلك مما هو من جنس العبادات والطاعات، لا من جنس اللعب والملهيات.
فيجب الفرق بين سماع المتقربين، وسماع المتلعبين؛ وبين السماع الذي يفعله الناس في الأعراس والأفراح ونحو ذلك من العادات، وبين السماع الذي يفعل لصلاح القلوب والتقرب إلى رب السموات؛ فإن هذا يسأل عنه: هل هو قربة وطاعة؟ وهل هو طريق إلى الله؟ وهل لهم بد من أن يفعلوه لما فيه من رقة قلوبهم وتحريك وجدهم لمحبوبهم وتزكية نفوسهم وإزالة القسوة عن قلوبهم ونحو ذلك من المقاصد التي تقصد بالسماع؟ كما أن النصارى يفعلون مثل هذا السماع في كنائسهم على وجه العبادة والطاعة، لا على وجه اللهو واللعب" (MF 11/630-631).
– Se balancer de façon rythmée (à condition que cela ne soit pas fait avec un accompagnement musical autre que du tambourin, et que, s'il s'agit d'hommes, cela ne comporte pas de mouvement efféminé, enfin qu'il n'y ait pas de promiscuité), dans une perspective temporelle, cela est autorisé.
Par contre, le fait avec une perspective spirituelle, cela est Bid'a : "واتخاذ الضرب بالدف والغناء والرقص عبادة هو من البدع التي لم يفعلها سلف الأمة ولا أكابر شيوخها - كالفضيل بن عياض وإبراهيم بن أدهم وأبي سليمان الداراني ومعروف الكرخي والسري السقطي وغير هؤلاء -، وكذلك أكابر الشيوخ المتأخرين - مثل الشيخ عبد القادر والشيخ عدي والشيخ أبي مدين والشيخ أبي البيان وغير هؤلاء -، فإنهم لم يحضروا السماع البدعي، بل كانوا يحضرون السماع الشرعي سماع الأنبياء وأتباعهم كسماع القرآن. والله أعلم" (MF 11/604).
– Se raser la tête par goût personnel (on se trouve plus beau le crâne rasé), cela est autorisé (jâïz) pour un homme ("عن ابن عمر، أن النبي صلى الله عليه وسلم رأى صبيا قد حلق بعض شعره وترك بعضه، فنهاهم عن ذلك، وقال: "احلقوه كله، أو اتركوه كله" : Abû Dâoûd 4195).
Se raser la tête par maslaha, par exemple pour raison sanitaire, cela est bien, comme le Prophète l'avait enseigné à Ka'b ibn 'Ujra, parce qu'il était atteint de poux : "عن كعب بن عجرة قال: وقف علي رسول الله صلى الله عليه وسلم بالحديبية ورأسي يتهافت قملا، فقال: "يؤذيك هوامك؟"، قلت: نعم. قال: "فاحلق رأسك" أو قال: "احلق"" (al-Bukhârî, 1720, Muslim 1201).
Une autre maslaha serait qu'on est amené à souvent prendre le bain et que se laver à chaque fois les cheveux est contraignant : "عن علي رضي الله عنه، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "من ترك موضع شعرة من جنابة لم يغسلها فعل بها كذا وكذا من النار." قال علي: "فمن ثم عاديت رأسي" ثلاثا، وكان يجز شعره" (AD 249).
Ou encore que les cheveux des enfants étaient tout ébouriffés, leur maman étant occupée à cause du décès de leur père : "عن عبد الله بن جعفر أن النبي صلى الله عليه وسلم أمهل آل جعفر ثلاثا أن يأتيهم. ثم أتاهم، فقال: "لا تبكوا على أخي بعد اليوم." ثم قال: "ادعوا لي بني أخي"، فجيء بنا كأنا أفرخ، فقال: "ادعوا لي الحلاق"، فأمره فحلق رءوسنا" (AD 4192).
Quant au rasage de la tête que les Kharijites pratiquaient ("سيماهم التحليق" : B 7123), ils le faisaient eux aussi par maslaha, mais il s'agissait d'une maslaha non-reconnue par l'islam (at-ta'kîd fî qat' it-ta'alluq ['an id-dunyâ]) (Mirqât 11/185) : cette maslaha est excessive car contredisant ce que le Prophète a fait : lui gardait une belle chevelure et l'entretenait, et n'a pas enseigné qu'il s'agissait là d'une coquetterie excessive.
De même, le fait de se raser la tête en signe de tristesse après un décès est interdit : "عن أبي موسى أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "أنا بريء ممن حلق وسلق وخرق" (Muslim, 104).
Mais se raser la tête avec une dimension de 'Ibâda, cela est autorisé uniquement après avoir accompli le pèlerinage (des ulémas ont proposé des explications quant au sens que cela revêt alors). Par contre, faire cela en d'autres temps est une innovation ("sacrifier sa belle chevelure pour Dieu", ou "exprimer ainsi son renoncement au monde", ou "exprimer ainsi sa contrition après avoir péché").
"حلق الرأس على أربعة أنواع:
أحدهما: حلقه في الحج والعمرة.
والنوع الثاني: حلق الرأس للحاجة؛ مثل أن يحلقه للتداوي فهذا أيضا جائز بالكتاب والسنة والإجماع.
النوع الثالث: حلقه على وجه التعبد والتدين والزهد من غير حج ولا عمرة؛ مثل ما يأمر بعض الناس التائب إذا تاب بحلق رأسه، ومثل أن يجعل حلق الرأس شعار أهل النسك
والدين أو من تمام الزهد والعبادة أو يجعل من يحلق رأسه أفضل ممن لم يحلقه أو أدين أو أزهد أو أن يقصر من شعر التائب (...) فهذا بدعة لم يأمر الله بها ولا رسوله؛ وليست واجبة ولا مستحبة عند أحد من أئمة الدين؛ ولا فعلها أحد من الصحابة والتابعين لهم بإحسان ولا شيوخ المسلمين المشهورين بالزهد والعبادة لا من الصحابة ولا من التابعين ولا تابعيهم ومن بعدهم مثل الفضيل بن عياض وإبراهيم بن أدهم وأبي سليمان الداراني ومعروف الكرخي وأحمد بن أبي الحواري والسري السقطي والجنيد بن محمد وسهل بن عبد الله التستري وأمثال هؤلاء: لم يكن هؤلاء يقصون شعر أحد إذا تاب ولا يأمرون التائب أن يحلق رأسه.
النوع الرابع: أن يحلق رأسه في غير النسك لغير حاجة، ولا على وجه التقرب والتدين: فهذا فيه قولان للعلماء هما روايتان عن أحمد. أحدهما: أنه مكروه، وهو مذهب مالك وغيره. والثاني: أنه مباح، وهو المعروف عند أصحاب أبي حنيفة والشافعي" (MF 21/116-119).
– Se prosterner devant une personne vivante ou devant la statue d'une personne dont le culte n'est pas d'usage chez des hommes, cela est systématiquement interdit. Cependant, d'après certains ulémas (parmi lesquels adh-Dhahabî, ash-Shawkânî, az-Zayla'î, Ibn Nujaym etc.) la gravité de ce caractère interdit dépend du sens que la personne donne à cette action :
--- si elle lui donne un sens d'hommage (ta'zîm mujarrad), alors cela est certes interdit, mais cela constitue une kabîra qui ne va pas jusqu'au kufr akbar ;
--- par contre, si elle lui donne un sens de 'Ibâda, alors cela constitue du kufr akbar, puisqu'une telle prosternation constitue divinisation.
Selon ces ulémas, tout dépend donc de la signification que, en son for intérieur, la personne donne à la prosternation qu'elle accomplit devant cette personne vivante.
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E) Il existe même une distinction entre : "faire une action par ta'abbud / avec une dimension dînî (religieuse) globale" et : "faire une action par 'ibâda au sens particulier : avec l'objectif de rapprochement spirituel avec Dieu". Le révélateur de cela se trouve dans la possibilité ou pas de faire le vœu d'accomplir cette action :
– Le vœu de faire une prière rituelle, ou un jeûne, ou une retraite spirituelle, ou un pèlerinage, cela est institué et le vœu ainsi fait est établi.
– Pareillement, le vœu de sacrifier un animal pour Dieu s'établit. D'après les écoles hanafite, shafi'ite et hanbalite, la personne ayant fait le vœu de sacrifier un animal ne pourra pas consommer la chair de cet animal (contrairement à la chair d'un animal offert en sacrifice lors de la Eid ul-Adh'hâ : "ولهذا كان من كان قبلنا لا يأكلون القربان، بل تأتي نار من السماء فتأكله، (...) وكذلك كانوا إذا غنموا غنيمة جمعوها ثم جاءت النار فأكلتها، ليكون قتالهم محضا لله لا للمغنم، ويكون ذبحهم عبادة محضة لله لا لأجل أكلهم. وأمة محمد صلى الله عليه وسلم وسع الله عليهم لكمال يقينهم وإخلاصهم وأنهم يقاتلون لله ولو أكلوا المغنم، ويذبحون لله ولو أكلوا القربان" : MF 17/484).
Si maintenant une personne a fait le vœu de sacrifier un animal pour Dieu en tel lieu, elle devra sacrifier cet animal et devra en faire parvenir la chair aux pauvres de ce lieu (Al-Mughnî 13/467-468). Pour ce qui est de sacrifier cet animal en le lieu mentionné précisément, cela reste autorisé et n'est pas obligatoire. Cependant, cette autorisation de sacrifier l'animal en ce lieu est conditionnée au fait qu'en ce lieu il ne se trouve pas ni ne se trouvait une idole : " عن ثابت بن الضحاك قال: نذر رجل على عهد رسول الله صلى الله عليه وسلم أن ينحر إبلا ببوانة فأتى النبي صلى الله عليه وسلم، فقال: إني نذرت أن أنحر إبلا ببوانة، فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "هل كان فيها وثن من أوثان الجاهلية يعبد؟" قالوا: لا، قال: "هل كان فيها عيد من أعيادهم؟" قالوا: لا، قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "أوف بنذرك. فإنه لا وفاء لنذر في معصية الله، ولا فيما لا يملك ابن آدم" (AD 3313). "ويستفاد من الحديث: أنه لا يذبح بمكان يذبح فيه لغير الله، وهو ما ساقه المؤلف من أجله، والحكمة من ذلك ما يلي: الأول: أنه يؤدي إلى التشبه بالكفار. الثاني: أنه يؤدي إلى الاغترار بهذا الفعل، لأن من رآك تذبح بمكان يذبح فيه المشركون ظن أن فعل المشركين جائز. الثالث: أن هؤلاء المشركين سوف يقوون على فعلهم إذا رأوا من يفعل مثلهم" (Al-Qawl ul-mufîd, Ibn ul-'Uthaymîn, p. 234). "الجواب: يحتمل أن يراد به الإباحة، ويحتمل أن يراد به المعنى الحقيقي. فبالنسبة لنحر الإبل المراد به المعنى الحقيقي؛ وبالنسبة للمكان المراد به الإباحة، لأنه لا يتعين أن يذبحها في ذلك المكان، إذ أنه لا يتعين أي مكان في الأرض إلا ما تميز بفضل؛ والمتميز بفضل المساجد الثلاثة. فالأمر هنا بالنسبة لنحر الإبل من حيث هو نحر واجب، وبالنسبة للمكان فالأمر للإباحة" (Ibid., p. 231). "أي: لما كانت هذه الأرض مكان شرك، حرم أن يعمل الإنسان ما يشبه الشرك فيها، لمشابهة المشركين. أما بالنسبة للصلاة في الكنيسة، فإن الصلاة تخالف صلاة أهل الكنيسة، لا يكون الإنسان متشبها بهذا العمل. بخلاف الذبح في مكان يذبح فيه لغير الله، فإن الفعل واحد بنوعه وجنسه. ولهذا لو أراد إنسان أن يصلي في مكان يذبح فيه لغير الله لجاز ذلك، لأنه ليس من نوع العبادة التي يفعلها المشركون في هذا المكان" (Ibid., p. 235).
(Mentionnons en passant, bien que cela n'ait pas de relation avec la question du vœu, que le fait d'accomplir une prière rituelle dans une église, cela est autorisé et est conditionné au fait qu'il n'y ait pas de statues ou de portraits dans la direction de sa prosternation (et ce, à l'unanimité des ulémas, car dans le cas contraire, cela est interdit ou déconseillé), voire même (d'après certaines écoles) conditionné au fait qu'il n'y ait pas de statues ni de portraits dans toute la pièce. D'après l'école hanafite, accomplir une prière rituelle dans une église est systématiquement interdit.)
– Le vœu d'affranchir un esclave s'établit lui aussi (Badâ'i' ul-fawâ'ïd, 1/336).
– Le vœu de faire l'aumône à des pauvres s'établit lui aussi. Car l'aumône est une ibâda maqsûda.
– Par contre, le vœu de rendre visite à un malade, ou de suivre un convoi funéraire, ne s'établit pas (lâ yan'aqid) d'après l'école hanafite : pourtant ces deux actions sont ta'abbudî ; cependant :
----- soit elles ne sont pas des 'ibâda au sens particulier du terme exposé dans cet article ;
----- soit elles relèvent bien de l'aumône, cependant, il n'y a pas quelque chose de leur genre qui soit obligatoire.
– La prosternation à Dieu par gratitude est une qurba d'après ash-Shâfi'î, Muhammad ibn ul-Hassan et une riwâya de Abû Yûssuf, ainsi que Ahmad (mais pas d'après Abû Hanîfa ni Mâlik) : "ولو تيمم لسجدة شكر، فهو على الخلاف كما سنذكره" : Marâqi-l-falâh ; "فعلى قولهما، لا تصح به الصلاة لأنها ليست قربة مقصودة. وعلى قول محمد، تصح لأنها قربة عنده" : At-Tahtâwî). Au sein de l'école hanafite, la fatwa est sur l'avis de Muhammad ("وسجدة الشكر مستحبة؛ به يفتى" : Ad-Durr ul-mukhtâr ; "وهي لمن تجددت عنده نعمة ظاهرة أو رزقه الله تعالى مالا أو ولدا أو اندفعت عنه نقمة ونحو ذلك. يستحب له أن يسجد لله تعالى شكرا مستقبل القبلة يحمد الله تعالى فيها ويسبحه ثم يكبر فيرفع رأسه كما في سجدة التلاوة سراج" : Radd ul-muhtâr). D'après l'avis de Muhammad ibn ul-Hassan, on peut donc faire le vœu d'accomplir une prosternation isolée, vu que c'est une qurba maqsûda. (D'ailleurs la sajdat ut-tilâwa a été présentée comme "qurba maqsûda" : Al-Hidâya, 1/36 ; voir commentaire de Al-Binâya renvoyant aux Ussûl de al-Bazdawî.)
– Le vœu d'accomplir la circumambulation de la Kaaba s'établit lui aussi (comme ash-Shâmî l'a écrit).
– Le vœu de réciter quelque chose du Coran devrait s'établir (comme ash-Shâmî l'a écrit).
– Par contre, si quelqu'un fait le vœu de se rendre à la mosquée Nabawî, cela s'établit par rapport à l'accomplissement de 2 cycles de prières dans cette mosquée (Al-Mughnî 13/462), mais pas par rapport au fait de se rendre dans cette mosquée : la raison en est que le seul fait de se rendre dans cette mosquée n'est pas une ibâda maqsûda.
Si une personne a fait le vœu d'accomplir une prière rituelle en tel lieu, alors :
--- si ce lieu n'est pas une mosquée, on accomplira la prière n'importe où ailleurs, pourvu que ce ne soit pas interdit ;
--- et si ce lieu est une mosquée, alors :
----- seul al-Layth est d'avis qu'il faudra accomplir la prière dans la mosquée ayant été déterminée ;
----- d'après une riwâya de l'école malikite, il le faudra, mais si et seulement si cette mosquée se trouve dans la même ville ; mais pas si elle se trouve dans une autre ville ;
------ mais la grande majorité des mujtahidûn sont d'avis que, suite à un tel vœu, l'accomplissement de la prière rituelle est devenu nécessaire, mais pas le lieu. D'après les écoles malikite et hanbalite, la détermination du lieu vaut si on a fait le vœu d'accomplir la prière dans l'une des 3 mosquées les plus importantes : Al-Masjid ul-Harâm, Al-Masjid un-nabawî et Al-Masjid ul-Aqsâ : l'accomplissement de la prière doit alors impérativement se faire dans la mosquée précise (parmi ces 3 mosquées) qui a été nommée ou dans celle d'entre elles qui a plus de valeur que celle qui a été vaut pour Masjidu Qubâ' aussi.
– De même en est-il du vœu de faire les ablutions, ou de donner l'appel à la prière : cela ne s'établit pas d'après l'école hanafite, vu que ces deux actions ne sont pas des ibâdât maqsûda.
Car l'école hanafite fait une distinction entre "Qurba Maqsûda" et "Qurba Ghayr Maqsûda" (telles que les ablutions, l'appel à la prière, toucher une copie du Coran, être à l'intérieur d'une mosquée, construire une mosquée) ; elle dit que, pour qu'on puisse faire le vœu d'une action (et que celui-ci soit établi), il faut déjà que ce soit une qurba maqsûda (plus quelques autres conditions).
Avoir eu l'intention, en faisant le tayammum, de rendre possible une qurba ghayr maqsûda (n'étant pas autorisée sans qu'on soit en état de pureté rituelle), cela ne rend pas possible d'effectuer, suite à ce même tayammum, une prière rituelle aussi (Badâ'i' ul-fawâ'ïd, 1/333) ("أو نية عبادة مقصودة لا تصح بدون طهارة" : Nûr ul-Îdhâh).
Se pose alors la question de refaire les petites ablutions alors qu'on est déjà en état de pureté rituelle complète : pourquoi est-il institué de refaire les ablutions, alors même que celles-ci ne sont pas 'ibâda maqsûda ? Cette question a été soulevée in Radd ul-muhtâr (1/241).
En fait il y a sur le sujet 3 avis :
----- on peut les refaire même sans avoir changé d'assise, et même sans avoir accompli entretemps une prière rituelle (ou toute autre action n'étant autorisée qu'en état de pureté rituelle), cependant on peut les refaire seulement une seconde fois, et pas une troisième (Radd ul-muhtâr 1/350 ; an-Nâbulûssî : Radd ul-muhtâr 1/241) ;
----- on peut les refaire - même une seconde fois - seulement si on a changé d'assise entretemps (Radd ul-muhtâr 1/241 ; ash-Shurunbulâlî : Marâqi-l-falâh) ;
----- on peut les refaire seulement si on a accompli entretemps une prière rituelle (Ibn Taymiyya : MF 21/376), ou une autre action de ce genre (un avis des shafi'ites : "يستحب إن كان فعل بالوضوء الأول ما يقصد له الوضوء، وإلا فلا" Al-Majmû' 1/469), fût-elle qurba ghayr maqsûda, comme toucher une copie du Coran (certains hanafites : Radd ul-muhtâr 1/241).
Ash-Shurunbulâlî écrit au sujet du vœu :
"باب ما يلزم الوفاء به من منذور الصوم والصلاة وغيرهما. إذا نذر شيئا لزمه الوفاء به إذا اجتمع فيه ثلاثة شروط: أن يكون من جنسه واجب، وأن يكون مقصودا، ليس واجبا. فلا يلزم الوضوء بنذره ولا سجدة التلاوة ولا عيادة المريض ولا الواجبات بنذرها" (Nûr ul-idhâh, p. 152).
Puis il commente cela en ces termes : ""إذا نذر شيئا" من القربات "لزمه الوفاء به" (...) "إذا اجتمع فيه" أي المنذور "ثلاثة شروط": أحدها "أن يكون من جنسه واجب" بأصله، وإن حرم ارتكابه لوصفه كصوم يوم النحر؛ "و" الثاني "أن يكون مقصودا" لذاته، لا لغيره كالوضوء؛ "و" الثالث أن يكون "ليس واجبا" قبل نذره بإيجاب الله تعالى كالصلوات الخمس والوتر؛ وقد زيد شرط رابع: أن لا يكون المنذور محالا كقوله: لله علي صوم أمس اليوم، إذ لا يلزمه، وكذا لو قال تلزمني اليوم وكان قوله بعد الزوال. ثم فرع على ذلك بقوله "فلا يلزمه الوضوء بنذره" ولا قراءة القرآن*، لكون الوضوء ليس مقصودا لأنه شرع شرطا لغيره كحل الصلاة؛ "ولا سجدة التلاوة"، لأنها واجبة بإيجاب الشارع؛ "ولا عيادة المريض"، إذ ليس من جنسها واجب، وإيجاب العبد معتبر بإيجاب الله تعالى إذ له الاتباع لا الابتداع؛ وهذا في ظاهر الرواية. وفي رواية عن أبي حنيفة قال: إن نذر أن يعود مريضا اليوم صح نذره، وإن نذر أن يعود فلانا لا يلزمه شيء، لأن عيادة المريض قربة - قال عليه الصلاة والسلام: "عائد المريض على مخارف الجنة حتى يرجع"-، وعيادة فلان بعينه لا يكون معنى القربة فيها مقصودا للناذر بل مراعاة حق فلان، فلا يصح التزامه بالنذر. وفي ظاهر الراوية: عيادة المريض وتشييع الجنازة - وإن كان فيها معنى حق الله تعالى - فالمقصود حق المريض والميت، والناذر إنما يلتزم بنذره ما يكون مشروعا، حقا لله تعالى، مقصودا. "ولا" يصح نذر "الواجبات" لأن إيجاب الواجب محال "بنذرها" لما بينا" (Marâqi-l-falâh).
As-Sarakhsî écrit : "لأن الناذر لا يجعل ما ليس بعبادة عبادة وإنما يجعل العبادة المشروعة نفلا واجبا بنذره. وما فيه معنى القربة ولكن ليس بعبادة مقصودة بنفسها كتشييع الجنازة وعيادة المريض، لا يصح التزامه بالنذر. إلا في رواية الحسن بن أبي مالك عن أبي يوسف عن أبي حنيفة رحمهما الله قال: "إن نذر أن يعود مريضا اليوم صح نذره؛ وإن نذر أن يعود فلانا لا يلزمه شيء؛ لأن عيادة المريض قربة شرعا: قال صلى الله عليه وسلم: "عائد المريض يمشي على محارف الجنة حتى يرجع"؛ وعيادة فلان بعينه لا يكون معنى القربة فيها مقصودا للناذر، بل معنى مراعاة حق فلان، فلا يصح التزامه بالنذر. وفي ظاهر الرواية قال: "عيادة المريض وتشييع الجنازة، وإن كان فيه معنى حق الله تعالى، فالمقصود حق المريض والميت"، والناذر إنما يلتزم بنذره ما يكون مشروعا، حقا لله تعالى، مقصودا" (Al-Mabsût, Kitâbu Nawâdir us-Sawm).
* "قوله لم يلزمه) وكذا لو نذر قراءة القرآن. وعلله القهستاني في باب الاعتكاف بأنها للصلاة؛ وفي الخانية: ولو قال: "علي الطواف بالبيت والسعي بين الصفا والمروة"، أو "علي أن أقرأ القرآن إن فعلت كذا"، لا يلزمه شيء اهـ. قلت: وهو مشكل: فإن القراءة عبادة مقصودة، ومن جنسها واجب؛ وكذا الطواف: فإنه عبادة مقصودة أيضا. ثم رأيت في لباب المناسك قال في باب أنواع الأطوفة: "الخامس طواف النذر، وهو واجب، ولا يختص بوقت." فهذا صريح في صحة النذر به" (Radd ul-muhtâr).
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– Il est vrai qu'il existe le hadîth suivant, où l'on voit qu'à une dame qui avait fait vœu de jouer du tambourin devant le Prophète, celui-ci lui dit d'accomplir son vœu : "عن عمرو بن شعيب، عن أبيه، عن جده، أن امرأة، أتت النبي صلى الله عليه وسلم فقالت: يا رسول الله، إني نذرت أن أضرب على رأسك بالدف، قال: "أوفي بنذرك." قالت: إني نذرت أن أذبح بمكان كذا وكذا، مكان كان يذبح فيه أهل الجاهلية، قال "لصنم؟" قالت: لا، قال: "لوثن؟" قالت: لا، قال: "أوفي بنذرك" (AD 3312, Mishkât 3438). "عن بريدة، قال: خرج رسول الله صلى الله عليه وسلم في بعض مغازيه، فلما انصرف جاءت جارية سوداء، فقالت: يا رسول الله إني كنت نذرت إن ردك الله سالما أن أضرب بين يديك بالدف وأتغنى، فقال لها رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن كنت نذرت فاضربي وإلا فلا." فجعلت تضرب، فدخل أبو بكر وهي تضرب، ثم دخل علي وهي تضرب، ثم دخل عثمان وهي تضرب، ثم دخل عمر فألقت الدف تحت استها، ثم قعدت عليه، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن الشيطان ليخاف منك يا عمر، إني كنت جالسا وهي تضرب فدخل أبو بكر وهي تضرب، ثم دخل علي وهي تضرب، ثم دخل عثمان وهي تضرب، فلما دخلت أنت يا عمر ألقت الدف" (at-Tirmidhî 3690, Mishkât 6048).
Or jouer du tambourin est une action purement autorisée (mubâh) !
Certes, mais en fait il s'agissait ici d'un cas particulier, dans la mesure où il s'agissait de l'expression de sa joie par rapport au retour du Prophète sain et sauf : cela est donc devenu exceptionnellement une qurba, et n'était plus une action purement autorisée (mubâh). "قال الخطابي رحمه الله: ضرب الدف ليس مما يعد في باب الطاعات التي يتعلق بها النذور، وأحسن حاله أن يكون من باب المباح! غير أنه لما اتصل بإظهار الفرح لسلامة مقدم رسول الله صلى الله عليه وسلم حين قدم من بعض غزواته، وكانت فيه مساءة الكفار وإرغام المنافقين، صار فعله كبعض القرب. ولهذا استحب ضرب الدف في النكاح لما فيه من إظهاره، والخروج به عن معنى السفاح الذي لا يظهر" (Mirqât 7/37, 41). "وفيه دليل على أن الوفاء بالنذر الذي فيه قربة واجب. والسرور بمقدمه صلى الله عليه وسلم قربة، سيما من الغزو الذي فيه تهلك الأنفس، وعلى أن الضرب بالدف مباح" (Ibid., 11/303).
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F) En résumé :
– On ne peut pas inventer (inshâ') une action nouvelle faite en tant que 'ibâda (comme le jeûne de la parole) :
--- ni par qiyâs ul-maslaha ;
--- ni par qiyâs ut-tamthîl.
On ne peut donc pas pratiquer une action en lui conférant le sens de 'ibâdâ alors qu'elle n'a été pratiquée par le Prophète qu'en tant que maslaha (parler peu pour éviter telle et telle chose) ; ni alors qu'elle a été pratiquée par lui en tant que 'âda (écouter des vers pour se distraire ou pour méditer sur leur contenue ; et non écouter des vers avec l'objectif de se rapprocher spirituellement de Dieu – c'est ce qu'on appelle le samâ' –) ; ni alors qu'elle n'a jamais été pratiquée par le Prophète.
– On ne peut non plus remplacer (istibdâl) l'action qui a été instituée, par une autre action qui nous semblerait pouvoir remplir le même objectif (par exemple se rendre en pèlerinage non pas à la Mecque – parce qu'on n'en pas les moyens financiers – mais au mont Sinaï – parce qu'on habite tout près).
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Le principe évoqué jusqu'ici concernait les actions (a'mâl). Tout autre est le principe concernant les éléments (ajzâ') constitutifs des actions :
Cet autre principe est traité dans un autre article.
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).