"'Ilm" et "Ma'rifa" sont deux termes arabes qui désignent le fait de "savoir" et de "connaître", mais dont le sens est nuancé l'un par rapport à l'autre.
C'est bien pourquoi d'un côté on dit : "اللهُ يَعلَم" mais on ne dit pas : "اللهُ يَعرِف" (Muf'radât ul-qur'ân, al-Asfahânî, '-R-F).
De l'autre côté on dit : "فلانٌ يَعرِفُ الله" ("Untel connaît Dieu") mais on ne peut pas dire : "فلانٌ يَعلَمُ الله" – muta'addî ilâ maf'ûlin wâhid – ("Untel sait Dieu") (Muf'radât ul-qur'ân, '-R-F).
Par ailleurs, le contraire de "'ilm" est : "jahl", tandis que celui de "ma'rifa" est "inkâr" (Ibid.).
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Ce qu'il faut d'abord savoir :
Il existe ici :
– (1) ce qu'on appréhende uniquement par le moyen d'une réflexion et d'un effort ;
– (2) et ce qu'on appréhende directement.
Par ailleurs, il existe aussi ici, parallèlement :
– (A) ce dont on appréhende uniquement certains aspects ;
– (B) et ce dont on appréhende l'essence même.
-
Ce qu'on peut ensuite dire :
– Le terme "'alima" (lorsqu'il comporte un seul complément d'objet direct, muta'addî ilâ maf'ûlin wâhid) s'emploie :
-- soit à propos de ce dont on a accès à l'essence même (B) (et ce : que cette appréhension se fasse directement – B/2 –, ou qu'elle se fasse par le biais d'un effort – B/1 –) ;
-- soit à propos de ce qu'on appréhende directement (2), sans réflexion ni effort d'acquisition (et ce : que cette appréhension aille jusqu'à l'essence même – 2/B –, ou qu'elle soit limitée à certains de ses aspects – 2/A –).
– Et le terme "'arafa" s'emploie :
-- soit à propos de ce dont on a accès uniquement qu'à certains aspects (A) (et ce : qu'on l'appréhende directement – A/2 –, ou qu'on l'appréhende par le biais d'un effort – A/1 –) ;
-- soit à propos de ce qu'on appréhende uniquement par le moyen d'une réflexion et d'un effort (1) (et ce : qu'on en appréhende l'essence même – 1/B –, ou qu'on en appréhende seulement certains aspects – 1/A –).
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Dès lors...
– D'un côté) Pour exprimer le point 2/B (ce que le sujet appréhende sans effort, et dans son essence), on doit utiliser seulement le terme "'ilm".
C'est pourquoi lorsque le Nom "Dieu" est sujet du verbe, on ne peut employer que le verbe "'ilm" : Dieu Lui-même dit : "وَآخَرِينَ مِن دُونِهِمْ لاَ تَعْلَمُونَهُمُ اللّهُ يَعْلَمُهُمْ" (Coran 8/60) (bien qu'en français on traduirait ceci par : "Dieu les connaît", et non pas : "Dieu les sait"). Si on ne peut pas dire en arabe : "Allâhu ya'rifu-hum", c'est parce que la "ma'rifa" a ceci de particulier que les deux possibilités qu'elle évoque (soit avoir une connaissance directe, mais seulement des effets et non de l'essence, soit avoir une connaissance de l'essence, mais seulement après réflexion et recherche) ne se retrouvent pas dans la Connaissance que Dieu a, laquelle est directe et complète.
– A l'autre extrême) Pour exprimer le point 1/A (ce que le sujet appréhende dans seulement certains de ses aspects, et ce par le biais d'un effort), on doit employer seulement le terme "ma'rifa".
C'est bien pourquoi, lorsque le Nom "Dieu" est sujet du verbe "connaître", on ne peut pas employer alors le verbe "ma'rifa" : on ne peut employer que le verbe "'ilm".
Et que, lorsque le Nom "Dieu" est complément d'objet du verbe "connaître", le verbe qu'on doit alors employer est "ma'rifa", le seul capable d'indiquer le point 1/A : on dit : "فلانٌ يَعرِفُ الله" mais non pas : "فلانٌ يَعلَمُ الله". Le fait est qu'on n'appréhende pas Dieu dans Son Essence, on n'appréhende que l'expression de Ses Attributs (A), et on ne connaît ces éléments au sujet de Dieu que par des efforts (1) (cf. Muf'radât ur-Râghib, '-R-F).
– Par contre) Pour exprimer les points 2/A (ce qu'on appréhende sans effort, mais dans seulement certains de ses aspects) et 1/B (ce qu'on appréhende dans son essence, mais après un effort), on peut utiliser :
----- aussi bien le terme "'ilm",
----- que le terme "ma'rifa".
Dans le Coran on lit ainsi, au sujet des Croyants par rapport aux Hypocrites : "وَآخَرِينَ مِن دُونِهِمْ لاَ تَعْلَمُونَهُمُ اللّهُ يَعْلَمُهُمْ" : "Vous ne les connaissez pas" (Coran 8/60). Or on ne fait la négation d'un verbe que par rapport à celui qui est en soi capable de le pratiquer (c'est pourquoi on ne dit pas d'un mur qu'il est aveugle) : le terme "'ilm" s'emploie donc au sujet des personnes connaissant d'autres personnes. (En français on traduit ceci par : "Vous ne les connaissez pas", et non pas par : "Vous ne les savez pas".)
Et on lit aussi, au sujet du prophète Joseph (sur lui soit la paix) par rapport à ses dix frères : "وَجَاء إِخْوَةُ يُوسُفَ فَدَخَلُواْ عَلَيْهِ فَعَرَفَهُمْ وَهُمْ لَهُ مُنكِرُونَ" : "Il les reconnut, mais eux ne le reconnaissaient pas" (Coran 12/58).
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Entre les concepts que désignent les termes "'ilm" et "ma'rifa" il semble donc y avoir une relation croisée de général et de particulier ('umûm wa khussûs wajhiyyân) : "union-intersection".
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
Quelle différence entre ce que désigne le terme "عِلْم" et ce que désigne le mot "مَعْرِفة" ?
"'Ilm" et "Ma'rifa" sont deux termes arabes qui désignent le fait de "savoir" et de "connaître", mais dont le sens est nuancé l'un par rapport à l'autre.
C'est bien pourquoi d'un côté on dit : "اللهُ يَعلَم" mais on ne dit pas : "اللهُ يَعرِف" (Muf'radât ul-qur'ân, al-Asfahânî, '-R-F).
De l'autre côté on dit : "فلانٌ يَعرِفُ الله" ("Untel connaît Dieu") mais on ne peut pas dire : "فلانٌ يَعلَمُ الله" – muta'addî ilâ maf'ûlin wâhid – ("Untel sait Dieu") (Muf'radât ul-qur'ân, '-R-F).
Par ailleurs, le contraire de "'ilm" est : "jahl", tandis que celui de "ma'rifa" est "inkâr" (Ibid.).
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Ce qu'il faut d'abord savoir :
Il existe ici :
– (1) ce qu'on appréhende uniquement par le moyen d'une réflexion et d'un effort ;
– (2) et ce qu'on appréhende directement.
Par ailleurs, il existe aussi ici, parallèlement :
– (A) ce dont on appréhende uniquement certains aspects ;
– (B) et ce dont on appréhende l'essence même.
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Ce qu'on peut ensuite dire :
– Le terme "'alima" (lorsqu'il comporte un seul complément d'objet direct, muta'addî ilâ maf'ûlin wâhid) s'emploie :
-- soit à propos de ce dont on a accès à l'essence même (B) (et ce : que cette appréhension se fasse directement – B/2 –, ou qu'elle se fasse par le biais d'un effort – B/1 –) ;
-- soit à propos de ce qu'on appréhende directement (2), sans réflexion ni effort d'acquisition (et ce : que cette appréhension aille jusqu'à l'essence même – 2/B –, ou qu'elle soit limitée à certains de ses aspects – 2/A –).
– Et le terme "'arafa" s'emploie :
-- soit à propos de ce dont on a accès uniquement qu'à certains aspects (A) (et ce : qu'on l'appréhende directement – A/2 –, ou qu'on l'appréhende par le biais d'un effort – A/1 –) ;
-- soit à propos de ce qu'on appréhende uniquement par le moyen d'une réflexion et d'un effort (1) (et ce : qu'on en appréhende l'essence même – 1/B –, ou qu'on en appréhende seulement certains aspects – 1/A –).
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Dès lors...
– D'un côté) Pour exprimer le point 2/B (ce que le sujet appréhende sans effort, et dans son essence), on doit utiliser seulement le terme "'ilm".
C'est pourquoi lorsque le Nom "Dieu" est sujet du verbe, on ne peut employer que le verbe "'ilm" : Dieu Lui-même dit : "وَآخَرِينَ مِن دُونِهِمْ لاَ تَعْلَمُونَهُمُ اللّهُ يَعْلَمُهُمْ" (Coran 8/60) (bien qu'en français on traduirait ceci par : "Dieu les connaît", et non pas : "Dieu les sait"). Si on ne peut pas dire en arabe : "Allâhu ya'rifu-hum", c'est parce que la "ma'rifa" a ceci de particulier que les deux possibilités qu'elle évoque (soit avoir une connaissance directe, mais seulement des effets et non de l'essence, soit avoir une connaissance de l'essence, mais seulement après réflexion et recherche) ne se retrouvent pas dans la Connaissance que Dieu a, laquelle est directe et complète.
– A l'autre extrême) Pour exprimer le point 1/A (ce que le sujet appréhende dans seulement certains de ses aspects, et ce par le biais d'un effort), on doit employer seulement le terme "ma'rifa".
C'est bien pourquoi, lorsque le Nom "Dieu" est sujet du verbe "connaître", on ne peut pas employer alors le verbe "ma'rifa" : on ne peut employer que le verbe "'ilm".
Et que, lorsque le Nom "Dieu" est complément d'objet du verbe "connaître", le verbe qu'on doit alors employer est "ma'rifa", le seul capable d'indiquer le point 1/A : on dit : "فلانٌ يَعرِفُ الله" mais non pas : "فلانٌ يَعلَمُ الله". Le fait est qu'on n'appréhende pas Dieu dans Son Essence, on n'appréhende que l'expression de Ses Attributs (A), et on ne connaît ces éléments au sujet de Dieu que par des efforts (1) (cf. Muf'radât ur-Râghib, '-R-F).
– Par contre) Pour exprimer les points 2/A (ce qu'on appréhende sans effort, mais dans seulement certains de ses aspects) et 1/B (ce qu'on appréhende dans son essence, mais après un effort), on peut utiliser :
----- aussi bien le terme "'ilm",
----- que le terme "ma'rifa".
Dans le Coran on lit ainsi, au sujet des Croyants par rapport aux Hypocrites : "وَآخَرِينَ مِن دُونِهِمْ لاَ تَعْلَمُونَهُمُ اللّهُ يَعْلَمُهُمْ" : "Vous ne les connaissez pas" (Coran 8/60). Or on ne fait la négation d'un verbe que par rapport à celui qui est en soi capable de le pratiquer (c'est pourquoi on ne dit pas d'un mur qu'il est aveugle) : le terme "'ilm" s'emploie donc au sujet des personnes connaissant d'autres personnes. (En français on traduit ceci par : "Vous ne les connaissez pas", et non pas par : "Vous ne les savez pas".)
Et on lit aussi, au sujet du prophète Joseph (sur lui soit la paix) par rapport à ses dix frères : "وَجَاء إِخْوَةُ يُوسُفَ فَدَخَلُواْ عَلَيْهِ فَعَرَفَهُمْ وَهُمْ لَهُ مُنكِرُونَ" : "Il les reconnut, mais eux ne le reconnaissaient pas" (Coran 12/58).
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Entre les concepts que désignent les termes "'ilm" et "ma'rifa" il semble donc y avoir une relation croisée de général et de particulier ('umûm wa khussûs wajhiyyân) : "union-intersection".
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).