-
Jazîrat ul-'Arab : la Péninsule des Arabes :
On trouve ici deux termes, le premier étant en rapport d'annexion vers le second :
--- Jazîra,
--- et al-'Arab.
Le terme "Jazîra" signifie : "île" ; il désigne ici une péninsule.
Le nom "al-'Arab" signifie : "les Arabes".
Il s'agit de l'habitat originel des Arabes.
Un hadîth la désigne ainsi sous le nom : "la terre des Arabes" : "La Fin du Monde n'aura pas lieu avant que (vienne le moment où) (...) la terre des Arabes redeviendra prairies et rivières" : "عن أبي هريرة، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "لا تقوم الساعة حتى يكثر المال ويفيض حتى يخرج الرجل بزكاة ماله فلا يجد أحدا يقبلها منه، وحتى تعود أرض العرب مروجا وأنهارا" (Muslim, 157).
-
Et cette terre se trouve être une péninsule.
Dans d'autres hadîths on trouve ces termes : "Jazîrat ul-'Arab", comme dans celui-ci : "Le Diable a désespéré du fait que les Croyants (se trouvant actuellement) dans la Péninsule des Arabes se mettent à l'adorer. Mais (il s'efforcera) de provoquer la mésentente entre eux" : "عن جابر، قال: سمعت النبي صلى الله عليه وسلم يقول: "إن الشيطان قد أيس أن يعبده المصلون في جزيرة العرب، ولكن في التحريش بينهم" (Muslim, 2812).
Le fait est que la terre originelle des Arabes est bordée :
--- à l'est par le golfe Persique (بحر فارس),
--- au sud par l'océan Indien,
--- à l'ouest par la mer Rouge (بحر قلزم),
--- et au nord par un fleuve : l'Euphrate.
"قال الخليل: إنما قيل لها "جزيرة" لأن بحر الحبش وبحر فارس والفرات قد أحاطت بها؛ ونسبت إلى العرب لأنها أرضها ومسكنها ومعدنها" (cité dans Al-Mughnî ; Fat'h ul-bârî, 6/205).
"وسميت جزيرة العرب لإحاطة البحار بها يعني بحر الهند وبحر القلزم وبحر فارس وبحر الحبشة؛ وأضيفت إلى العرب لأنها كانت بأيديهم قبل الإسلام وبها أوطانهم ومنازلهم. لكن الذي يمنع المشركون من سكناه منها الحجاز خاصة وهو مكة والمدينة واليمامة وما والاها، لا فيما سوى ذلك مما يطلق عليه اسم جزيرة العرب" (Fat'h ul-bârî, 6/205).
--- Al-Hamadânî en a la définition la plus large : selon lui, la Péninsule Arabique englobe tout le Shâm, et même la péninsule dite du Sinaï ; à l'ouest elle englobe même une partie du littoral de l'Afrique, jusqu'aux berges orientales du Nil.
--- Mais cette définition semble quelque peu singulière. Les autres auteurs limitent la Péninsule Arabique à l'ouest par la mer Rouge et, dans le prolongement de celle-ci, le golfe d'Aqaba.
-
Par ailleurs, je penche vers la théorie qui dit que la langue sémitique mère, ou "proto-sémitique", est originaire de cette péninsule. Et donc que les peuples sémitiques en sont originaires, différentes vagues ayant au cours des millénaires émigré d'elle vers ses régions avoisinantes, où leur langue a évolué et s'est différenciée de la langue originelle. La langue de ceux restés sur place a elle aussi évolué par rapport à la langue-mère, s'étant d'ailleurs multipliées et séparées. L'ensemble forme la famille des langue sémitiques. Jean Bottéro, assyriologue bien connu, écrit, parlant des Akkadiens (des sémites) : "Les Sémites en question, que nous appelons conventionnellement des Akkadiens, sont les plus vieux représentants de cette branche culturelle et linguistique vénérable qui fleurit encore de nos jours. Sa première patrie pourrait avoir été l'Arabie, dont la transformation successive en savane puis dans l'impossible désert qu'elle est devenue aurait repoussé sur ses franges ses anciens occupants" (Babylone – A l'aube de notre culture, Jean Bottéro, Découvertes Gallimard, 1994, p. 18).
Il reste que les langues qui sont endogènes à cette péninsule ont toutes été considérées "arabes" par les historiens arabo-musulmans de l'époque classique : c'est-à-dire : "proto-arabes".
Cela ne signifie pas que toutes ces langues "proto-arabes" ne présentent forcément que d'infimes variantes avec la langue arabe classique.
Cela signifie d'une part qu'elles présentent entre elles des différences moins importantes que celles que présentent les langues qui sont apparues dans les groupes ayant émigré de la péninsule : akkadien, araméen, canaanéen, phénicien, etc.
Cela signifie aussi et d'autre part que la langue arabe classique est l'héritière d'au moins une partie de ces langues - les autres ayant disparu au cours des âges, d'où l'appellation : "العرب البائدة" pour désigner ceux qui les parlaient.
-
Pour être reconnue "arabe" (au sens de "proto-arabe"), une langue doit :
--- soit être née de façon endogène à l'intérieur de la péninsule des Arabes, même si, alors, elle a connu des modifications suffisantes pour former une tout autre langue que la langue sémitique-mère ;
--- soit, si elle est née chez un peuple ayant émigré de la péninsule des Arabes, être ramifiée à partir de l'une des langues de cette péninsule, mais sans, alors, avoir connu tellement de modifications qu'elle en a été considérée comme devenue "une tout autre langue" que sa langue-mère "arabe", mais en être demeurée "un dialecte".
-
Carte montrant la Péninsule arabique ainsi que quelques régions alentour :
Tous mes remerciements à Mahdi L., qui a réalisé cette carte à ma demande et selon mes instructions : Jazâhullâhu ahsan al-jazâ' !
-
Quelle est la limite septentrionale (au nord) de la Péninsule arabique ?
Il y a divergence entre les spécialistes sur le sujet...
--- Al-Istakharî pense que la Péninsule Arabique est limitée au nord-est par l'Euphrate, englobant toute la partie du Shâm qui est à l'ouest de ce fleuve, mais pas celle qui en est à l'est ; et au nord-ouest par le Jourdain, n'englobant pas Sawâd ush-Shâm (c'est-à-dire : pas la partie ouest et nord-ouest du Croissant Fertile).
Lui inclut donc "Bâdiyat ush-Shâm", "le Désert de Shâm", dans la Péninsule arabique, ce qui fait que ladite Péninsule englobe aussi une partie du Shâm : "وديار العرب هى: الحجاز - الذى يشتمل على مكّة والمدينة واليمامة ومخاليفها -، ونجد الحجاز المتّصل بارض البحرين، وبادية العراق، وبادية الجزيرة، وبادية الشام، واليمن المشتملة على تهامة ونجد اليمن وعمان ومهرة وحضرموت وبلاد صنعاء وعدن وسائر مخاليف اليمن" (Massâlik ul-mamâlik, p. 7).
Par contre, il n'inclut pas, dans la Péninsule des Arabes, le désert dans lequel les fils d'Israël ont erré pendant 40 ans, et ce, dit-il, parce que les Arabes ne s'y sont jamais établis (avant l'islam) ; ni la Djézireh, même si des tribus arabes s'y étaient installées avant l'islam, et ce, dit-il, parce qu'elles ne s'y sont installées que sous le protectorat des Perses et des Byzantins : "ويتصل بارض العرب بناحية أيلة برّيّةٌ تعرف بتيه بنى اسرائيل؛ وهى برّيّة - وان كانت متّصلة بديار العرب - فليست من ديارهم، وانّما هى برّيّة بين أرض العمالقة واليونانية وأرض القبط، وليس للعرب بها ماء ولا مرعى؛ فلذلك لم ندخلها فى ديارهم. وقد سكن طوائف من العرب من ربيعة ومضر الجزيرة حتّى صارت لهم ديارا ومراعى؛ فلم نذكر الجزيرة فى ديار العرب، لانّ نزولهم بها وهى ديار فارس والروم فى اضعاف قرى معمورة ومدن لها اعمال عريضة، فنزلوا على خفارة فارس والروم، حتّى أنّ بعضهم تنصّر ودان بدين الروم؛ مثل تغلب من ربيعة بارض الجزيرة، وغسّان وبهراء وتنوخ من اليمن بأرض الشام" (Ibid., p. 7).
-
--- Al-Jîhânî pense pour sa part que la Péninsule Arabique a, comme limite septentrionale, une ligne allant de Moab - à l'est de la mer Morte - jusqu'à la ville de Kûfa en Irak ; je ne sais cependant pas si les cités qu'il cite - Aïlat, Tabûk, Dûma, Téma et Moab - comme limites de la Péninsule arabique, il les inclut dans, ou au contraire les exclut de, la Péninsule : "وقال أبو النصر سعيد بن غالب الجيهاني: "حد جزيرة العرب ممّا يلي الشمال: في الخط الذي يخرج من ساحل أيلة، فيمر مستقبل الشرق في أرض مدين إلى تبوك ودومة الجندل إلى البلقاء وتيماء ومأب، وهي كلّها من الشام" (Al-Massâlik wa-l-mamâlik, al-Bak'rî) (lire aussi : هل الشام من جزيرة العرب؟).
Les propos suivants semblent aller dans le même sens : il y a les deux paroles, connues, de Abû 'Ubayda et de al-Asma'î respectivement : "عن أبى عبيد، عن أبى عبيدة قال: جزيرة العرب ما بين حفر أبى موسى إلى أقصى اليمن فى الطول، وأما العرض فما بين رمل يبرين إلى منقطع السماوة. قال: وقال الأصمعى: جزيرة العرب من أقصى عدن أبين إلى ريف العراق فى الطول، وأما العرض فمن جدة وما والاها من ساحل البحر إلى أطراف الشام" (al-Bayhaqî dans As-Sunan ul-Kub'râ, 18790) (également cités dans Al-Mughnî, 12/816-817 ; Fat'h ul-bârî, 6/205). Il y a aussi cette parole de 'Abd ur-Rahmân al-muqri' : "قال أبو عبد الرحمن يعنى المقرئ: جزيرة العرب من لدن القادسية إلى لدن قعر عدن إلى البحرين" (al-Bayhaqî dans As-Sunan ul-Kub'râ, 18791).
-
--- Ibn Taymiyya écrit que Shâm ne fait nullement partie de la Péninsule arabique : "واسم العرب في الأصل كان اسما لقوم جمعوا ثلاثة أوصاف: أحدها: أن لسانهم كان باللغة العربية؛ الثاني: أنهم كانوا من أولاد العرب؛ الثالث: أن مساكنهم كانت أرض العرب؛ وهي جزيرة العرب، التي هي من بحر القلزم* إلى بحر البصرة** ومن أقصى حجر باليمن إلى أوائل الشام، بحيث كانت تدخل اليمن في دارهم، ولا تدخل فيها الشام؛ وفي هذه الأرض كانت العرب حين المبعث وقبله" (Al-Iqtidhâ, pp. 155-156) (* il s'agit de la mer Rouge ; ** il s'agit du golfe Persique). Et que c'est le Hedjaz qui constitue la limite septentrionale de la Péninsule arabique ; or le Hedjaz se termine selon lui avec 'Aqabat us-Suwwân (au sud de Ma'ân, actuellement en Jordanie) : "وقد أمر النبي صلى الله عليه وسلم في مرض موته أن تخرج اليهود والنصارى من جزيرة العرب - وهي الحجاز -؛ فأخرجهم عمر بن الخطاب رضي الله عنه من المدينة وخيبر وينبع واليمامة ومخاليف هذه البلاد؛ ولم يخرجهم من الشام؛ بل لما فتح الشام أقر اليهود والنصارى بالأردن وفلسطين وغيرهما كما أقرهم بدمشق وغيرها. وتربة الشام تخالف تربة الحجاز كما يوجد الفرق بينهما عند المنحنى الذي يسمى عقبة الصوان. فإن الإنسان يجد تلك التربة مخالفة لهذه التربة، كما تختلف تربة الشام ومصر. فما كان دون وادي المنحنى، فهو من الشام؛ مثل معان. وأما العلى وتبوك ونحوهما: فهو من أرض الحجاز. والله أعلم" (MF 28/630-631).
On en déduit que, selon Ibn Taymiyya, la limite nord-ouest de la Péninsule arabique est 'Aqabat us-Suwwân inclus (cette limite-ci se situe légèrement plus au sud que celle fixée par al-Jîhânî).
Je me demande par ailleurs si la chaîne montagneuse qui porte le nom "Hedjaz" ne se termine pas près de 'Aqabat us-Suwwân ; le fait est que ash-Shâmî a écrit ceci : "وأما الحجاز فهو حبل يقبل من اليمن حتى يتصل بالشام، وفيه المدينة وعَمّان" (Radd ul-muhtâr) ; et je me demande si ce n'est pas cela aussi qui a amené Ibn Taymiyya à dire que la région du Hedjaz ne se termine qu'au sud de 'Aqabat us-Suwwân...
Comment Ibn Taymiyya explique-t-il alors que, lorsqu'il s'est agi de faire sortir les Gens du Livre du Hedjaz, Omar les ait installés à Téma, qui se trouve pourtant bien plus au sud que 'Aqabat us-Suwwân ? La réponse est que Ibn Taymiyya a peut-être la même analyse que al-Maqdissî : Téma est en fait une ville du désert arabe [en l'occurrence "an-Nufûd" / "le Néfoud"] : "وليس في هذه البادية مدينة إلا تيماء؛ وهي مدينة قديمة واسعة البقعة كثيرة النخيل هائلة البساتين غزيرة الماء مع خفّة عجيبة" (Ahsan ut-taqâssîm fî ma'rifat il-aqâlîm, p. 231) ; "ليس بها بحيرة ولا نهر الا الأزرق، ولا مدينة إلا تيماء" (Ibid., p. 229) ; or ce désert est distinct du Hedjaz. Mais cela n'empêche pas que, selon Ibn Taymiyya, à l'ouest de ce désert, le Hedjaz aille bien plus au nord que la latitude de Téma.
-
--- Selon Ibn ul-Qayyim : Wâdi-l-Qurâ et Téma ne font pas partie du Hedjaz mais du Shâm, car le Hedjaz se termine juste avant Wâdi-l-Qurâ : "فلما بلغ يهود تيماء ما واطأ عليه رسول الله صلى الله عليه وسلم أهل خيبر وفدك ووادي القرى، صالحوا رسول الله صلى الله عليه وسلم وأقاموا بأموالهم. فلما كان زمن عمر بن الخطاب رضي الله عنه، أخرج يهود خيبر وفدك؛ ولم يخرج أهل تيماء ووادي القرى، لأنهما داخلتان في أرض الشام. ويرى أن ما دون وادي القرى إلى المدينة: حجاز، وأن ما وراء ذلك: من الشام" (Zâd ul-ma'âd, 3/355). Ibn ul-Qayyim n'a fait que reprendre là ce que al-Wâqidî a dit : "وأخبرنا أبو عبد الله الحافظ، أخبرنا أبو عبد الله محمد بن أحمد الأصبهانى، حدثنا الحسن بن الجهم، حدثنا الحسين بن الفرج، حدثنا الوأقدى، حدثنى عبد الرحمن بن عبد العزيز، عن الزهرى، عن أبى سلمة، عن أبى هريرة قال: خرجنا مع رسول الله - صلى الله عليه وسلم - من خيبر إلى وادى القرى - فذكر الحديث فى فتح وادى القرى. قال: فأقام رسول الله - صلى الله عليه وسلم - بوادى القرى أربعة أيام، وقسم ما أصاب على أصحابه بوادى القرى، وترك الأرض والنخل بأيدى يهود وعاملهم عليها. "فلما كان عمر بن الخطاب أخرج يهود خيبر وفدك؛ ولم يخرج أهل تيماء ووادى القرى، لأنهما داخلتان فى أرض الشام؛ ونرى أن ما دون وادى القرى إلى المدينة: حجاز، وأن ما وراء ذلك: من الشام". قال الشيخ: "هذا الكلام الأخير أظنه من قول الواقدى" (al-Bayhaqî dans As-Sunan ul-kub'râ, 18794).
Wâdi-l-Qurâ est une cité, ou un oued au long duquel se trouvaient plusieurs cités. On dit que cela correspond aujourd'hui à Wâdî al-'Ulâ.
On trouve mention de la conquête de cette cité dans ce hadîth : "عن أبي هريرة رضي الله عنه، قال: افتتحنا خيبر، ولم نغنم ذهبا ولا فضة، إنما غنمنا البقر والإبل والمتاع والحوائط. ثم انصرفنا مع رسول الله صلى الله عليه وسلم إلى وادي القرى، ومعه عبد له يقال له مدعم، أهداه له أحد بني الضباب. فبينما هو يحط رحل رسول الله صلى الله عليه وسلم إذ جاءه سهم عائر، حتى أصاب ذلك العبد، فقال الناس" (al-Bukhârî, 3993, Muslim, 115).
Je ne sais cependant pas, quant à Wâdi-l-Qurâ et Téma :
--- si Ibn ul-Qayyim pense que ces deux cités font quand même partie de la Péninsule arabique - de sorte qu'il soit d'avis qu'au moins une partie de Shâm fait partie de la Péninsule arabique - ?
--- ou est-ce s'il pense qu'elles ne font pas partie de la Péninsule arabique non plus - de sorte qu'il soit d'avis que la Péninsule arabique se termine avec le Hedjaz, donc juste après Wâdi-l-Qurâ (cette dernière constituant la limite septentrionale du Hedjaz) ?
Il est à noter que Sa'ïd ibn Abd il-Azîz disait que "la Péninsule arabique va de Wâdi [al-Qurâ'] jusqu'aux confins du Yémen, jusqu'aux frontières de l'Irak, jusqu'à la mer*" : "قال سعيد - يعني ابن عبد العزيز -: "جزيرة العرب: ما بين الوادي إلى أقصى اليمن، إلى تخوم العراق، إلى البحر" (Abû Dâoûd, 3033 ; al-Bayhaqî dans As-Sunan ul-Kub'râ, 18789). "ما بين الوادي" أي وادي القرى "إلى تخوم العراق" أي حدوده" (Fat'h ul-Wadûd), ""جزيرة العرب ما بين الوادي" أي وادي القرى "إلي أقصى اليمن" أي منتهاها "إلى تخوم العراق" أي حدوده "إلي البحر" (Badhl ul-maj'hûd). * De quel mer s'agit-il : le golfe persique ?
Mâlik ibn Anas considère pour sa part que Téma et Wâdi-l-Qurâ ne font pas partie de la Péninsule arabique, pas plus que Shâm n'en fait partie : "قال أبو داود: قرئ على الحارث بن مسكين وأنا شاهد، أخبرك أشهب بن عبد العزيز، قال: قال مالك: "عمر أجلى أهل نجران. ولم يُجْلَوا من تيماء، لأنها ليست من بلاد العرب. فأما الوادي فإني أرى أنما لم يُجلَ مَن فيها من اليهود أنهم لم يروها من أرض العرب" (Abû Dâoûd, 3033 ; al-Bayhaqî dans As-Sunan ul-kub'râ, 18792). "عن عبد العزيز بن يحيى المدني قال: سمعت مالك بن أنس يقول: "جزيرة العرب المدينة: ومكة واليمن. فأما مصر فمن بلاد المغرب، والشام من بلاد الروم، والعراق من بلاد فارس" (al-Bayhaqî dans As-Sunan ul-kub'râ, 18795).
-
On peut ajouter ici que :
--- les Ghassân étaient des Arabes Qahtanides, et pourtant ils habitaient la partie sud du Shâm : "وكان من حول رسول الله صلى الله عليه وسلم قد استقام له، فلم يبق إلا ملك غسان بالشأم، كنا نخاف أن يأتينا" (al-Bukhârî, 5505). Mu'ta fait également partie de Shâm ("باب غزوة مؤتة من أرض الشأم" : Sahîh ul-Bukhârî, Kitâb ul-maghâzî) ; or c'est là-bas qu'eut lieu la célèbre bataille entre des Compagnons et les armées levées par et pour Ghassân pour l'occasion ;
--- de même en est-il des Nabatéens - lesquels sont pour leur part des Arabes Adnanites -, et dont il est connu que l'habitat était la partie sud du Shâm : on trouve allusion à cela dans le long récit de Ka'b ibn Mâlik également : "فبينا أنا أمشي بسوق المدينة، إذا نبطي من أنباط أهل الشأم ممن قدم بالطعام يبيعه بالمدينة، يقول: من يدل على كعب بن مالك، فطفق الناس يشيرون له، حتى إذا جاءني دفع إلي كتابا من ملك غسان" (al-Bukhârî, Muslim) ;
--- de Adhri'ât (localisée près de Deraa, en Syrie), Yaqût al-Hamawî écrit qu'elle faisait partie de la terre des Arabes avant même l'islam : "أَذْرِعاتُ: بالفتح، ثم السكون، وكسر الراء، وعين مهملة، وألف وتاء. كأنه جمع أذرعة، جمع ذراع جمع قلة. وهو بلد في أطراف الشام، يجاور أرض البلقاء وعمّان، ينسب اليه الخمر، وقال الحافظ أبو القاسم: أذرعات مدينة بالبلقاء. (...) وقد ذكَرتْها العربُ في أشعارها، لأنها لم تزل من بلادها في الإسلام وقبله" (Mu'jam ul-buldân).
-
Cependant, nous avons déjà vu plus que, selon al-Istakharî lui-même (lui qui est pourtant d'avis que la Péninsule Arabique englobe "Bâdiyat ush-Shâm"), la seule présence d'Arabes dans un lieu, même avant l'islam, cela n'est pas une preuve que ce lieu fait partie de la Péninsule des Arabes : ainsi n'inclut-il pas, dans la Péninsule des Arabes, les régions de la Djézireh et du Shâm où des tribus arabes ne s'étaient jamais installées avant la venue de l'islam, ni celles où, avant l'islam, elles ne s'étaient installées que sous le protectorat des Perses et des Byzantins : "ويتصل بارض العرب بناحية أيلة برّيّةٌ تعرف بتيه بنى اسرائيل؛ وهى برّيّة - وان كانت متّصلة بديار العرب - فليست من ديارهم، وانّما هى برّيّة بين أرض العمالقة واليونانية وأرض القبط، وليس للعرب بها ماء ولا مرعى؛ فلذلك لم ندخلها فى ديارهم. وقد سكن طوائف من العرب من ربيعة ومضر الجزيرة حتّى صارت لهم ديارا ومراعى؛ فلم نذكر الجزيرة فى ديار العرب، لانّ نزولهم بها وهى ديار فارس والروم فى اضعاف قرى معمورة ومدن لها اعمال عريضة، فنزلوا على خفارة فارس والروم، حتّى أنّ بعضهم تنصّر ودان بدين الروم؛ مثل تغلب من ربيعة بارض الجزيرة، وغسّان وبهراء وتنوخ من اليمن بأرض الشام" (Ibid., p. 7).
-
Je penche vers l'avis de al-Jîhânî selon lequel seule la partie méridionale du Shâm fait partie de la Péninsule arabique.
Cet avis correspond aux limites de la Péninsule arabique ayant été énoncées par les juristes hanafites et autres : cela n'englobe pas tout le pays de Shâm.
Les limites de la Péninsule arabique ont été énoncées par Muhammad ibn ul-Hassan (l'élève de Abû Hanîfa) en ces termes : "قال محمد - رحمه الله -: وأرض العرب من العذيب إلى مكة، وعدن أبين إلى أقصى حجر باليمن بمهرة" (Badâ'i' u-sanâ'ï').
On lit ceci chez d'autres auteurs hanafites :
--- "قال: "أرض العرب كلها أرض عشر؛ وهي ما بين العذيب إلى أقصى حجر باليمن بمهرة، إلى حد الشام. والسواد أرض خراج، وهو ما بين العذيب إلى عقبة حلوان، ومن الثعلبية ويقال من العلث إلى عبادان" (Al-Hidâya, 1/570).
--- "وأرض العرب كلها عشرية؛ وهي من أول العدين والقادسية إلى آخر حجر باليمن بمهرة طولا، ومن يبرين والدهناء ورمل عالج إلى مشارف الشام عرضا. وأما أرض الخراج فسواد العراق كلها خراجية؛ وهي ما بين العدين إلى عقبة حلوان عرضا، ومن العلث إلى عبادان طولا" (Al-Binâya, al-'Aynî ; Kitâb uz-zakât).
--- "العذيب) طولا بضم ففتح: قرية من قرى الكوفة" (Ad-Durr ul-mukhtâr, 6/291) ; "الذي في تقويم البلدان أنه ماء لبني تميم، وهو أول ماء يلقى الإنسان بالبادية إذا سار من قادسية الكوفة يريد مكة اه. ولعله أراد بالقرية القادسية المذكورة. ويؤيده أنه في تقويم البلدان جعلها الحد، فإنه قال: "وامتداد العراق طولا شمالا وجنوبا من الحديثة على دجلة إلى عبدان، وامتداده عرضا وغربا وشرقا من القادسية إلى حلوان" (Radd ul-muhtâr, 6/291).
"والعذيب ماء لتميم، والحجر بفتحتين بمعنى الصخر - لأنه وقع في أمالي أبي يوسف: الصخر موضع الحجر، ويظهر من ذلك أن من روى بسكون الجيم وفسره بالجانب فقد حرف. ومهرة بالفتح والسكون اسم رجل، وقيل اسم قبيلة ينسب إليها الإبل المهرية، سمي ذلك المقام به؛ فيكون "بمهرة" بدلا من قوله "باليمن"؛ وهذا طولها. ومن يبرين والدهناء ورمل عالج أسماء مواضع إلى مشارف الشام: أي قراها عرضها. والسواد: أي أراضي سواد العراق: أي قراها سمي بالسواد لخضرة أشجاره وزروعه، وحده عرضا من العذيب إلى عقبة حلوان وهو اسم بلد، ومن الثعلبية وهي منازل البادية إلى عبادان وهو حصن صغير على شط البحر طوله. وقيل في موضع الثعلبية العلث بفتح العين وسكون اللام، وهي قرية موقوفة على العلوية وهو أول العراق شرقي دجلة، وكلامه واضح" (Al-'Inâya, al-Bâbartî ; Kitâb us-Siyar).
"م: (ما بين العذيب إلى أقصى حجر باليمن بمهرة إلى حد الشام) ش: أي حد الشام عذيب - بضم العين المهملة وفتح الذال المعجمة وبالباء الموحدة -، وهو ماء التميم. والحجر - بفتحتين - يعني الصخر، لأنه وقع في أمالي أبي يوسف: الصخر موضع الحجر؛ ويظهر من ذلك أن من روى بسكون الجيم وفسره بالجانب فقد حرف. ومهرة - بفتح الهاء والسكون - اسم رجل، وقيل اسم قبيلة تنسب إليها الإبل المهرية، وسمي ذلك المقام به فيكون "بمهرة" بدلا من قوله "باليمن"، هذا طول أرض العرب. وأما عرضها من يبرين والدهناء ورمل عالج إلى مشارف الشام، أي قراها. م: (والسواد أرض خراج) ش: أي أرض سواد العراق، أي قراها أرض خراج، وبه صرح التمرتاشي. وسمي السواد لخضرة أشجاره وزروعه م: (وهو) ش: أي السواد م: (ما بين العذيب إلى عقبة حلوان) ش: بضم الحاء: اسم بلد. وقال الأترازي: المراد من السواد المذكور سواد الكوفة، وهو سواد العراق، وحده من العذيب إلى عقبة حلوان عرضا، ومن العلث إلى عبادان طولا. وأما سواد البصرة قال: الأهواز وفارس. وقال المصنف: م: (ومن الثعلبية، ويقال: من العلث، إلى عبادان) ش: وقال الأترازي: وما قيل "من الثعلبية إلى عبادان" غلط، لأن الثعلبية من منازل البادية بعد العذيب بكثير. والعلث - بفتح العين وسكون اللام وبالثاء المثلثة - قرية موقوفة على العلوية على شرقي دجلة، وهو أول العراق شرقي دجلة. وعبادان - بتشديد الباء الموحدة - حضر صغير على شط البحر، وفي المثل: "ما وراء عبادان قرية". وفي شرح "الوجيز": "سواد العراق من عبادان إلى حديثة الموصل طولا، ومن عذيب القادسية إلى حلوان عرضا، وطوله مائة وستون فرسخا، وعرضه ثمانون فرسخا، ومساحته ستة وثلاثون ألف ألف جريب" (Al-Binâya, al-'Aynî ; Kitâb us-Siyar).
-
A lire après le présent article :
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).