Un message reçu :
Depuis quelque temps on entend des musulmans reprocher aux médias occidentaux, et maintenant au Pape, de faire un amalgame entre "violence" et "Islam".
Mais quelle est l'origine, et qui sont les responsables de cette situation ?
Les médias et l'opinion ne sont que des miroirs : qui fournit l'image ?
On n'en serait certainement pas à cet amalgame si les premiers à l'avoir fait n'étaient pas ceux qui commettent des actes de violence et de terrorisme en criant "Allah ou akbar !", laissant entendre que c'est au nom de l'Islam qu'ils agissent ainsi.
Tels sont ceux que les vrais musulmans doivent condamner, haut et fort.
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Réponse :
Bien sûr qu'il y a des musulmans qui sont fanatiques. Et il faut condamner leurs agissements.
Mais ce que les musulmans dans leur ensemble ne comprennent pas c'est que si cet état de fait justifiait (ou du moins permettait de comprendre) l'amalgame fait par certains entre musulmans et la violence, pourquoi ne fait-on pas de même à propos de tous les chrétiens et la violence ?
Pourquoi ne fait-on pas pareil amalgame alors que Georges W. Bush a envahi l'Irak (où sont aujourd'hui les ADM ?) et a ainsi déclenché le massacre, par bombardements, de tellement de personnes, sans compter les tortures dans les prisons, les viols, etc, alors même qu'il se revendique comme chrétien, qu'il parle de "croisade", de "bien contre le mal" ? Le Sénat et le Congrès américains avaient même adressé au peuple américain une recommandation à jeûner et prier pour la protection notamment de "nos forces armées en Irak"… C'est vous dire.
Pourquoi, ici, ne fait-on pas d'amalgame, et pourquoi ne dit-on que pas les chrétiens continuent de faire au XXIè siècle comme au XIè siècle : sous le nom de croisade, ils veulent s'approprier les richesses d'une partie des pays musulmans, hier les ors et les soies, aujourd'hui le pétrole.
Pourquoi ne dit-on pas cela ? Pourquoi comprend-on bien que Bush, bien qu'agissant sous le nom d'une "croisade", avec mention de "jeûne et prières pour aider nos soldats", ne représente pas tous les chrétiens ?
Une image est le reflet d'une réalité, c'est sûr. Mais ce qui est important c'est le rapport entre la proportion, dans la réalité, de ce que reflète cette image, et l'importance (ou la signification) qui est donnée à cette réalité dans les médias.
L'image d'un homme barbu, au teint basané, et qui massacre quelqu'un, repassée en boucle un millier de fois, finit par laisser croire que la réalité qu'elle reflète est majoritaire. Ayez recours à ce procédé assez régulièrement et, au bout de seulement quelques mois le spectateur lambda, conditionné, se mettra à penser – et il s'imaginera alors être un grand penseur, un fin connaisseur des relations internationales – que tous ceux qui ressemblent à la personne de l'image ont, ou risquent d'avoir le même comportement qu'elle. Que dire lorsqu'en plus le passage de cette image est accompagné d'un commentaire pas très impartial – ou, en fond sonore, d'une récitation d'un passage du Coran psalmodié, c'est assez courant, faites attention la prochaine fois et vous remarquerez... On jugera peut-être un peu fort l'emploi, ici, des termes "conditionnement pavlovien". Et pourtant…
Que diriez-vous si les chaînes satellitaires arabes avaient recours au même procédé vis-à-vis des chrétiens blancs (puisque Bush en est un) ? Vous diriez sans doute que ces chaînes "diffusent la haine de l'Occident", et on aurait de grands documentaires sur le sujet (tels que ceux que l'on connaît bien), affirmant, passages de séquences à l'appui, que "le fond de commerce des chaînes arabes est de distiller la rancœur"… Pourquoi ne comprenez-vous pas que c'est exactement ce que certains médias occidentaux font, mais avec les musulmans ? Pourquoi vous ne le comprenez pas ? C'est simple : parce que vous êtes "du bon côté de la barrière". Et là, quand ce sont des chaînes occidentales qui font ce petit jeu malsain, vous allez dire qu'"elles informent le public des dangers de l'islamisme"… Elles sont gentilles, ces chaînes, elles font œuvre de salut public.
On est bien parti.
Un mot encore : de hauts responsables de certains puissants pays de la planète se sont mis, au nom de la lutte contre le terrorisme, à encourager le fait de terroriser des gens en fonction de leur appartenance ethnique ou religieuse. Aujourd'hui, ici et là, au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste, on tue des innocents musulmans, on humilie d'autres innocents musulmans, on en torture d'autres encore jusqu'à ce que, à bout, ils sont prêts à s'avouer les auteurs des pires forfaits (lire l'article du Monde consacré au récent assassinat de la journaliste russe ayant révélé ce qui se passe en Tchéchénie). Mettez-vous un instant dans la peau du musulman qui a vécu cela : il n'avait rien fait, avait de la répulsion pour le terrorisme, vivait pacifiquement sa foi, et puis tout cela lui tombe dessus ; comment croyez-vous que cela va le transformer ? il a perdu sa famille dans un bombardement effectué par de gentilles gens venus lutter contre la prolifération d'ADM, tout le monde sait désormais que ces gens ont menti ; il a été torturé pour des actes qu'il n'avait même pas imaginés ; il a été humilié dans une prison alors qu'il était innocent. Il risque fort de devenir prêt à en découdre de toutes les façons. Ca ne rendra pas acceptables les actes qu'il va faire, c'est sûr. Mais vous ne voyez donc pas ?
Pour ce qui est de la condamnation de toutes les injustices perpétrées au nom de l'islam par des musulmans fanatiques, nous le faisons ; mais plus nous en faisons, plus on nous reproche de ne pas en faire assez.
Et tiens, là les grands pourfendeurs du spectre du communautarisme ne se rendent même pas compte qu'ils sont eux-mêmes en plein dedans. Car n'est-ce pas du communautarisme que de considérer des citoyens avant tout selon leur appartenance religieuse ou ethnique ? La responsabilité n'est plus individuelle, elle est liée à la communauté de foi à laquelle on appartient. On pourfend le communautarisme pour toutes les raisons imaginables (le port du foulard à l'école publique, c'est du communautarisme, la création d'écoles privées musulmanes, c'est du communautarisme, et j'en passe), mais soi-même on est en plein dedans. La responsabilité des actes d'une minorité agissant au Moyen Orient ou en Asie ne peut pas retomber sur les épaules de citoyens dont on sait parfaitement qu'ils sont pacifiques, simplement parce qu'ils sont de la même religion qu'eux…
Et puis, on nous demande sans cesse de condamner toutes les injustices perpétrées au nom de l'islam par des musulmans fanatiques. Nous le faisons. Mais nous aimerions aussi entendre plus de nos concitoyens non-musulmans condamner "haut et fort" les injustices perpétrées, contre des musulmans innocents, par certains dirigeants tels que Bush et d'autres. On n'entend presque rien.
Alors, désolé, mais les responsabilités sont partagées quant à l'amalgame fait actuellement entre musulmans et violence : si certains musulmans ont une part de responsabilité dans cela, certains non-musulmans en ont une autre.
Un dernier mot : certains musulmans sont fanatiques, nous l'avons dit ; certains non-musulmans (qu'ils soient chrétiens, juifs, hindous, bouddhistes, agnostiques ou athées) sont aussi fanatiques, nous l'avons dit aussi. Par contre il est des musulmans qui, leur pays étant envahi ou occupé par une ou des puissances étrangères, organisent sa défense pour bouter l'envahisseur hors du territoire. Soyons clairs : ceux-là ne sont pas des fanatiques. Du moment qu'ils n'attaquent pas d'innocents, ils ne font que se défendre face à leurs agresseurs ; et même s'ils disent "Allâhu akbar" quand ils partent à l'attaque, cela ne change rien à l'affaire, d'autres, en pareils moments, récitent bien qui l'Ancien Testament, qui des incantations à des entités qu'ils ont prises comme divinités. Si maintenant les gens de l'administration Bush, certains grands "spécialistes" des affaires internationales ou encore certains médias classent ces musulmans aussi comme "fanatiques", j'espère que vous, vous avez gardé suffisamment de lucidité, de raison et de recul pour ne pas "gober" leur propagande.
Amicalement.