Question :
Il y a un verset du Coran que je n'ai pas compris : "Et qui obéit à Dieu et au Messager, ceux-là seront avec ceux que Dieu a comblés de Ses bienfaits : les Prophètes, les Justes, les Martyrs et les Pieux" (Coran 4/69).
"Justes" et "Pieux" ont ici été distingués les uns des autres ; les Justes ne seraient-ils donc pas des Pieux aussi ?
-
Réponse :
En fait le mot que vous avez traduit par "pieux" est "sâlih" dans le texte coranique originel. Et ce terme "sâlih" signifie à l'origine : "celui qui est bien". Mais ce qu'il désigne varie selon qu'il est employé seul ou en coordination avec d'autres mots...
Employé seul dans certains versets, le terme est général ('âmm) et désigne aussi bien "le pieux de base" (si l'on peut se permettre cette expression) que "le saint" / "le juste" (c'est-à-dire "celui qui a atteint un très haut degré de piété"), et même "le prophète". Le fait est que tous ces hommes – "pieux de base", "juste", "prophète" – appartiennent à la catégorie générale "hommes de bien".
Dieu dit ainsi à propos de Abraham : "Et Nous lui avons donné du bien dans ce monde. Et dans l'autre, il sera parmi les sâlih" (Coran 16/121). Voyez : il est ici dit d'un prophète qu'il appartient à la catégorie "sâlih", qui, générale ('âmm) par rapport à lui, l'englobe donc.
Par contre, ce même terme est parfois employé en coordination avec d'autres termes, et, ce qu'il désigne se restreint alors : il devient alors distinct (mutabâyin) de "prophète" et de "saint", et indique seulement : "le pieux de base".
C'est le cas dans le verset que vous avez cité : "Et qui obéit à Dieu et au Messager, ceux-là seront avec ceux que Dieu a comblés de Ses bienfaits : les Prophètes ("Nabiyyîn"), les Justes ("Siddîqîn"), les Martyrs ("Shuhadâ'") et les Pieux ("Sâlihîn"). Et ceux-là sont excellents comme compagnons" (Coran 4/69). Ici, le mot "sâlih", pieux, est utilisé dans un sens restreint : le mot "siddîq" désigne ceux qui n'étaient pas Prophètes mais avaient atteint le degré de sainteté qui vient juste après celui des Prophètes ; le mot "sâlih" désigne alors quant à lui : le Commun des croyants ("'umûm ul-mu'minîn" d'après les termes de Ibn Kathîr), c'est-à-dire ceux qui étaient pieux et avaient respecté les obligations extérieures autant qu'ils avaient acquis en leur intérieur les qualités obligatoires, mais sans avoir atteint le degré de sainteté des Siddîqûn.
On voit que dans ce verset, ce terme "sâlih" désigne seulement "le pieux de base".
Le même phénomène est à l'œuvre avec le terme "siddîq"...
En effet, il est des versets où ce mot "siddîq" est employé à propos de deux prophètes : "Et cite dans le Livre Abraham. Il était Juste ("siddîq"), prophète" (19/41), "Et cite dans le Livre Idris. Il était Juste ("siddîq"), prophète" (19/56). Ici, on le voit, le terme est utilisé dans un sens général, au point de ne pas représenter un concept distinct (mutabâyin) de celui de prophète mais, au contraire, un ensemble plus général (a'amm) que celui de "prophète", qu'il englobe.
Par contre, dans le verset 4/69, que vous avez cité ("Et qui obéit à Dieu et au Messager, ceux-là seront avec ceux que Dieu a comblés de Ses bienfaits : les Prophètes ("nabiyyîn"), les Justes ("siddîqîn"), les Martyrs ("shuhadâ'") et les Pieux ("sâlihîn"). Et ceux-là sont excellents comme compagnons"), le mot "siddîq" est coordonné avec celui de "nabî" et représente donc un degré totalement distinct (mutabâyin) de celui de prophète : le terme "siddîq" désigne dans ce verset un grade autre que celui de "nabî", de même que le terme "nabî" y parle d'un degré distinct de celui de "siddîq".
En fait, dans ces deux cas – comme dans le cas d'autres mots présents en différents endroits du Coran et de la Sunna –, c'est le recours au principe : "Takhtalifu dalâlat ul-lafz bi hasbi if'râdihî aw-iqtirânihî bi lafzin âkhar" – "Ce que désigne un mot diffère selon que ce mot est employé seul ou bien en coordination avec un autre mot" – qui permet de comprendre la différence de sens.
Ibn Taymiyya a cité ainsi une série de termes employés différemment dans le Coran et la Sunna, et dont la compréhension correcte demande le recours à ce principe. Cf. Majmû' ul-fatâwâ (7/52-82 et suivantes).
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
Les "Justes" ("Siddîq") ne sont-ils pas des "Pieux" ("Sâlih") aussi ?
Question :
Il y a un verset du Coran que je n'ai pas compris : "Et qui obéit à Dieu et au Messager, ceux-là seront avec ceux que Dieu a comblés de Ses bienfaits : les Prophètes, les Justes, les Martyrs et les Pieux" (Coran 4/69).
"Justes" et "Pieux" ont ici été distingués les uns des autres ; les Justes ne seraient-ils donc pas des Pieux aussi ?
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Réponse :
En fait le mot que vous avez traduit par "pieux" est "sâlih" dans le texte coranique originel. Et ce terme "sâlih" signifie à l'origine : "celui qui est bien". Mais ce qu'il désigne varie selon qu'il est employé seul ou en coordination avec d'autres mots...
Employé seul dans certains versets, le terme est général ('âmm) et désigne aussi bien "le pieux de base" (si l'on peut se permettre cette expression) que "le saint" / "le juste" (c'est-à-dire "celui qui a atteint un très haut degré de piété"), et même "le prophète". Le fait est que tous ces hommes – "pieux de base", "juste", "prophète" – appartiennent à la catégorie générale "hommes de bien".
Dieu dit ainsi à propos de Abraham : "Et Nous lui avons donné du bien dans ce monde. Et dans l'autre, il sera parmi les sâlih" (Coran 16/121). Voyez : il est ici dit d'un prophète qu'il appartient à la catégorie "sâlih", qui, générale ('âmm) par rapport à lui, l'englobe donc.
Par contre, ce même terme est parfois employé en coordination avec d'autres termes, et, ce qu'il désigne se restreint alors : il devient alors distinct (mutabâyin) de "prophète" et de "saint", et indique seulement : "le pieux de base".
C'est le cas dans le verset que vous avez cité : "Et qui obéit à Dieu et au Messager, ceux-là seront avec ceux que Dieu a comblés de Ses bienfaits : les Prophètes ("Nabiyyîn"), les Justes ("Siddîqîn"), les Martyrs ("Shuhadâ'") et les Pieux ("Sâlihîn"). Et ceux-là sont excellents comme compagnons" (Coran 4/69). Ici, le mot "sâlih", pieux, est utilisé dans un sens restreint : le mot "siddîq" désigne ceux qui n'étaient pas Prophètes mais avaient atteint le degré de sainteté qui vient juste après celui des Prophètes ; le mot "sâlih" désigne alors quant à lui : le Commun des croyants ("'umûm ul-mu'minîn" d'après les termes de Ibn Kathîr), c'est-à-dire ceux qui étaient pieux et avaient respecté les obligations extérieures autant qu'ils avaient acquis en leur intérieur les qualités obligatoires, mais sans avoir atteint le degré de sainteté des Siddîqûn.
On voit que dans ce verset, ce terme "sâlih" désigne seulement "le pieux de base".
Le même phénomène est à l'œuvre avec le terme "siddîq"...
En effet, il est des versets où ce mot "siddîq" est employé à propos de deux prophètes : "Et cite dans le Livre Abraham. Il était Juste ("siddîq"), prophète" (19/41), "Et cite dans le Livre Idris. Il était Juste ("siddîq"), prophète" (19/56). Ici, on le voit, le terme est utilisé dans un sens général, au point de ne pas représenter un concept distinct (mutabâyin) de celui de prophète mais, au contraire, un ensemble plus général (a'amm) que celui de "prophète", qu'il englobe.
Par contre, dans le verset 4/69, que vous avez cité ("Et qui obéit à Dieu et au Messager, ceux-là seront avec ceux que Dieu a comblés de Ses bienfaits : les Prophètes ("nabiyyîn"), les Justes ("siddîqîn"), les Martyrs ("shuhadâ'") et les Pieux ("sâlihîn"). Et ceux-là sont excellents comme compagnons"), le mot "siddîq" est coordonné avec celui de "nabî" et représente donc un degré totalement distinct (mutabâyin) de celui de prophète : le terme "siddîq" désigne dans ce verset un grade autre que celui de "nabî", de même que le terme "nabî" y parle d'un degré distinct de celui de "siddîq".
En fait, dans ces deux cas – comme dans le cas d'autres mots présents en différents endroits du Coran et de la Sunna –, c'est le recours au principe : "Takhtalifu dalâlat ul-lafz bi hasbi if'râdihî aw-iqtirânihî bi lafzin âkhar" – "Ce que désigne un mot diffère selon que ce mot est employé seul ou bien en coordination avec un autre mot" – qui permet de comprendre la différence de sens.
Ibn Taymiyya a cité ainsi une série de termes employés différemment dans le Coran et la Sunna, et dont la compréhension correcte demande le recours à ce principe. Cf. Majmû' ul-fatâwâ (7/52-82 et suivantes).
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).