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Quelqu'un a écrit ces lignes à mon sujet, par rapport à ce que j'ai dit à propos du foulard de la musulmane :
On nous dit que le foulard n'a pas comme vocation d'être le symbole de la soumission de la femme à l'homme, et que les musulmanes qui ont choisi de se couvrir la chevelure et la poitrine ne le feraient que par pudeur.
Rappelons à tous ceux qui ont des lacunes dans l'exégèse coranique, que non, effectivement, il n'y a pas la "symbolique" de la soumission féminine dans le Coran ; non, cette soumission y est "clairement" évoquée : "Mais les hommes ont le pas sur elles" [sourate II,228]. "Les hommes dirigent les femmes à cause des qualités par lesquelles Dieu a élevé ceux-là au-dessus de celles-ci" [sourate IV,34] (Le Coran, Points Seuil).
Alors, soit ceux qui disent cela devraient relire leur livre de chevet, soit ils ont délibérément oublié certains détails.
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Réponse :
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1) Premier point : Le sens du foulard est indépendant de la question de savoir si l'homme est par essence supérieur à la femme, ou s'il ne l'est pas :
Je n'ai pas connaissance d'un seul érudit musulman qui aurait attribué au foulard le sens d'exprimer une infériorité de la femme par rapport à l'homme.
Par ailleurs, Martin Winckler (un médecin et écrivain français) a dit : "Le foulard que portent les musulmanes est quelque chose que l'on voudrait effacer en pensant effacer ce qu'il représente dans son esprit, sans avoir tenté de comprendre ce qu'il représente dans l'esprit de celles qui ont choisi de le porter".
Lire notre article au sujet de la signification du foulard de la musulmane.
Pour ce qui est des deux versets suscités (2/228 et 4/34), il n'y est nulle part question du foulard : il n'y est nulle part fait mention claire du caractère du port du foulard, ni de sa symbolique. C'est là un point important, car il ne faudrait pas tout mélanger.
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2) Second point : Maintenant, même si le sens du foulard n'y est nullement évoqué, le verset 2/228 parle-t-il d'une infériorité de la femme par rapport à l'homme ?
Cette phrase de tout le verset se lit ainsi : "وَلَهُنَّ مِثْلُ الَّذِي عَلَيْهِنَّ بِالْمَعْرُوفِ وَلِلرِّجَالِ عَلَيْهِنَّ دَرَجَةٌ وَاللّهُ عَزِيزٌ حَكُيمٌ" : "Et elles [= les femmes] ont des droits [sur les hommes], comparables aux devoirs qu'elles ont [par rapport à eux], dans la bienséance. Et les hommes ont un degré (daraja) sur elles" (Coran 2/228). Ibn Abbâs, un des Compagnons du Prophète et une des plus célèbres références en matière d'exégèse du Coran, dit : "J'aime m'embellir pour (ma) femme comme j'aime qu'elle s'embellisse pour moi, car Dieu - élevé soit Son souvenir - dit : "Et elles ont des droits, comparables aux devoirs qu'elles ont, dans la bienséance"" : "وقال آخرون: معنى ذلك: ولهنّ على أزواجهن من التَّصنُّع والمواتاة، مثل الذي عليهن لهم في ذلك. ذكر من قال ذلك: حدثنا ابن وكيع قال، حدثنا أبي، عن بشير بن سلمان، عن عكرمة، عن ابن عباس قال: "إني أحبُّ أن أتزين للمرأة، كما أحب أن تتزين لي، لأن الله تعالى ذكره يقول: "ولهن مثلُ الذي عليهن بالمعروف" (Tafsîr ut-Tabarî).
Ibn Abbâs dit aussi : "Je n'aimerais pas exiger tous les droits que j'ai par rapport à elle, car Dieu, élevé soit Son souvenir, dit : "Et les hommes ont un degré sur elles"" : "وقال آخرون: تلك الدرجة التي له عليها: إفضاله عليها، وأداء حقها إليها، وصفحه عن الواجب لهُ عليها أو عن بعضه. ذكر من قال ذلك: حدثنا ابن وكيع قال، حدثنا أبي، عن بشير بن سلمان، عن عكرمة، عن ابن عباس قال: "ما أحب أن استنظف جميع حقي عليها، لأن الله تعالى ذكره يقول: "وللرجال عليهن درجة" (Tafsîr ut-Tabarî, commentaire de ce verset).
Ibn Abbâs commente donc ce "daraja", "degré de l'homme" comme signifiant que l'homme est – doit être – capable de fermer les yeux sur des droits qui lui reviennent, tout en s'acquittant scrupuleusement de ses devoirs vis-à-vis du conjoint. Cela car le bon chef – en quelque domaine que ce soit – doit être capable de mener son équipe sans la briser.
Et c'est cet avis de Ibn Abbâs que at-Tabarî a retenu : il écrit : "L'avis le plus pertinent dans le commentaire de ce verset est ce que Ibn Abbâs a dit : le "degré" ("daraja") que Dieu a évoqué dans ce verset est que l'homme passe sur certains de ses droits dont son épouse ne s'acquitte pas et le lui pardonne, et s'acquitte [lui] de tous ses devoirs vis-à-vis d'elle" : "قال أبو جعفر: وأولى هذه الأقوال بتأويل الآية ما قاله ابن عباس، وهو أن"الدرجة" التي ذكر الله تعالى ذكره في هذا الموضع، الصفح من الرجل لامرأته عن بعض الواجب عليها، وإغضاؤه لها عنه، وأداء كل الواجب لها عليه" (Tafsîr ut-Tabarî, commentaire de ce verset).
Cependant, at-Tabarî a également évoqué d'autres commentaires de ce degré, parmi lesquels le fait qu'il s'agit du caractère de "chef" : "وقال آخرون: بل تلك الدرجة: الإمرة والطاعة" (Tafsîr ut-Tabarî).
Cela correspond alors à ce qui est dit au verset suivant...
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3) Troisième point : Que dit le verset 4/34 ?
Cette partie de tout le verset se lit ainsi : "الرِّجَالُ قَوَّامُونَ عَلَى النِّسَاء بِمَا فَضَّلَ اللّهُ بَعْضَهُمْ عَلَى بَعْضٍ وَبِمَا أَنفَقُواْ مِنْ أَمْوَالِهِمْ فَالصَّالِحَاتُ قَانِتَاتٌ حَافِظَاتٌ لِّلْغَيْبِ بِمَا حَفِظَ اللّهُ" : "Les hommes sont qawwâmûn sur les femmes à cause du fait que Dieu a donné préséance (fadhl) à certains sur d'autres, et à cause du fait qu'ils ont dépensé de leurs biens. Les (femmes) pieuses sont dévouées [pour leur mari], protectrices [de leur chasteté et des biens du foyer] pendant l'absence [de leur mari], à cause de la protection de Dieu [= le fait que Dieu les guide à faire cela]" (Coran 4/34).
Le terme "qawwâmûn" a été commenté par Ibn Abbâs comme signifiant : "chefs" : "عن ابن عباس قوله: {الرجال قوامون على النساء}، يعني: أمراء؛ عليها أن تطيعه فيما أمرها الله به من طاعته، وطاعته: أن تكون محسنة إلى أهله، حافظة لماله. وفضله عليها بنفقته وسعيه" (Tafsîr ut-Tabarî, 9300). Cela désigne la fonction de chef de famille (Tahrîr ul-mar'a fî asr ir-rissâla, 5/101).
Deux raisons ont évoquées à la désignation du mari comme occupant cette fonction :
– "بِمَا فَضَّلَ اللّهُ بَعْضَهُمْ عَلَى بَعْضٍ",
– "وَبِمَا أَنفَقُواْ مِنْ أَمْوَالِهِمْ".
– La seconde cause ("وَبِمَا أَنفَقُواْ مِنْ أَمْوَالِهِمْ") est que c'est le mari qui doit dépenser de ses biens matériels pour entretenir le foyer : douaire, puis les dépenses de la vie : "قوله تعالى: {وبما أنفقوا من أموالهم} قال ابن عباس: يعني المهر والنفقة عليهن" (Zâd ul-massîr).
– Vu que ce devoir de dépenser de ses biens a été placé sur le mari par Dieu Lui-même, il en découle que c'est la première des deux causes ("بِمَا فَضَّلَ اللّهُ بَعْضَهُمْ عَلَى بَعْضٍ") qui est essentielle, la seconde en étant seulement une ramification. Et cette première cause, "à cause du fait que Dieu a donné préséance (fadhl) à certains (humains) sur d'autres" signifie : "à cause du fait que Dieu a donné préséance (fadhl) aux hommes sur les femmes" : "عن سفيان قال: {بما فضل الله بعضهم على بعض}، قال: بتفضيل الله الرجال على النساء" (Tafsîr ut-Tabarî, 9303) : cela désigne la préséance (fadhl) conférée par Dieu aux hommes par rapport aux femmes quant à certains attributs le rendant plus à même d'être chef : plus grande capacité à mettre de côté ses émotions et de faire dominer sa raison ; plus grande force physique ; etc.. "ويقال: إن الرجال لهم فضيلة في زيادة العقل والتدبير، فجعل لهم حق القيام عليهن لذلك" (Tafsîr ul-Qurtubî).
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4) Quatrième point : Un autre verset : "وَلاَ تَتَمَنَّوْاْ مَا فَضَّلَ اللّهُ بِهِ بَعْضَكُمْ عَلَى بَعْضٍ لِّلرِّجَالِ نَصِيبٌ مِّمَّا اكْتَسَبُواْ وَلِلنِّسَاء نَصِيبٌ مِّمَّا اكْتَسَبْنَ وَاسْأَلُواْ اللّهَ مِن فَضْلِهِ إِنَّ اللّهَ كَانَ بِكُلِّ شَيْءٍ عَلِيمًا" : "Et ne souhaitez pas ce par quoi Dieu a donné préséance (fadhl) à certains d'entre vous sur d'autres. Aux hommes une part de ce qu'ils ont acquis, et aux femmes une part de ce qu'elles ont acquis. Et demandez à Dieu de Sa faveur. Dieu est de toute chose Savant" (Coran 4/32) :
Il s'agit de ne pas souhaiter, pour les femmes, ce par quoi Dieu a donné préséance aux hommes sur elles, et, pour les hommes, ce par quoi Dieu a donné préséance aux femmes sur eux. Il s'agit de :
--- la cause de cette préséance (la différence naturelle existant entre l'homme et la femme, et qui a entraîné la différence au niveau de certaines règles).
Mais cela englobe aussi, par incidence :
--- la conséquence de cela (la récompense dans la vie dernière, laquelle récompense sera la même pour les femmes, même si celles-ci n'ont pas, dans la vie présente, le devoir d'accomplir certaines actions plus exigeantes dont les hommes, eux, ont le devoir).
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3 & 4) Par rapport aux 2 versets cités dans les Troisième et Quatrième points :
Il faut s'arrêter ici un instant sur le sens et la portée du terme "فَضَّلَ", "Fadhdhala", la forme II du verbe formé à partir de la racine "فَضْل", "Fadhl".
Le Fadhl est l'opposé du Naqs (le manquement) : "فضل: الفضل والفضيلة معروف: ضد النقص والنقيصة. والجمع فضول" (Lissân ul-'Arab).
Plus encore : le Fadhl est : "ce qui constitue un surplus par rapport à la moyenne" : "الفضل: الزيادة عن الاقتصاد، وذلك ضربان: محمود: كفضل العلم والحلم، ومذموم: كفضل الغضب على ما يجب أن يكون عليه. والفضل في المحمود أكثر استعمالا، والفضول في المذموم" (Muf'radât ar-Râghib).
On trouve ce terme dans ce célèbre hadîth : "O les hommes ! Ecoutez : Votre Dieu est Un, et votre père est un. Ecoutez : Pas de préséance à un Arabe sur un non Arabe, ni à un non Arabe sur un Arabe, ni à un blanc sur un noir, ni à un noir sur un blanc. La seule préséance qui soit [auprès de Dieu] est celle de la piété. (...)" : "عن أبي نضرة: حدثني من سمع خطبة رسول الله صلى الله عليه وسلم في وسط أيام التشريق، فقال: "يا أيها الناس، ألا إن ربكم واحد، وإن أباكم واحد. ألا لا فضل لعربي على عجمي، ولا لعجمي على عربي، ولا أحمر على أسود، ولا أسود على أحمر، إلا بالتقوى. أبلغت؟"، قالوا: "بلغ رسول الله". ثم قال: "أي يوم هذا؟"، قالوا: "يوم حرام"، ثم قال: "أي شهر هذا؟"، قالوا: "شهر حرام"، قال: ثم قال: "أي بلد هذا؟"، قالوا: "بلد حرام". قال: "فإن الله قد حرم بينكم دماءكم وأموالكم" - قال: ولا أدري قال: أو أعراضكم، أم لا ـ كحرمة يومكم هذا، في شهركم هذا، في بلدكم هذا. أبلغت؟"، قالوا: "بلغ رسول الله"، قال: "ليبلغ الشاهد الغائب"" (Ahmad, 23489).
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Le verbe de la forme II formé à partir de cette racine signifie ainsi : "privilégier / donner préséance à quelque chose (ou quelqu'un) par rapport à une chose (ou une personne) autre, quant à telle chose, et ce par le moyen de telle chose" : "فَضَّلَ هذا عَلَى ذلك فِي كذا بـكيت".
Parfois il n'est pas aisé de distinguer le "في" ("quant à"), du "بـ" ("par le moyen de").
On trouve ce verbe employé dans des versets du Coran, parmi lesquels ceux-ci :
--- "وَفِي الأَرْضِ قِطَعٌ مُّتَجَاوِرَاتٌ وَجَنَّاتٌ مِّنْ أَعْنَابٍ وَزَرْعٌ وَنَخِيلٌ صِنْوَانٌ وَغَيْرُ صِنْوَانٍ يُسْقَى بِمَاء وَاحِدٍ وَنُفَضِّلُ بَعْضَهَا عَلَى بَعْضٍ فِي الأُكُلِ" : "Et sur la terre il est des parcelles voisines, ainsi que des vergers de vigne, des champs, des dattiers en touffes ou espacés : ils sont arrosés de la même eau, et [pourtant] Nous privilégions certains d'eux par rapport à d'autres quant à la saveur [ou : "quant aux fruits"]" (Coran 13/4) ;
--- "وَاللّهُ فَضَّلَ بَعْضَكُمْ عَلَى بَعْضٍ فِي الْرِّزْقِ فَمَا الَّذِينَ فُضِّلُواْ بِرَآدِّي رِزْقِهِمْ عَلَى مَا مَلَكَتْ أَيْمَانُهُمْ فَهُمْ فِيهِ سَوَاء أَفَبِنِعْمَةِ اللّهِ يَجْحَدُونَ" : "Et Dieu a privilégié certains d'entre vous par rapport à d'autres quant à la subsistance. (...)" (Coran 16/71) ("فما الذين فضلوا أي في الرزق برادي رزقهم على ما ملكت أيمانهم أي لا يرد المولى على ما ملكت يمينه مما رزق شيئا حتى يستوي المملوك والمالك في المال. وهذا مثل ضربه الله لعبدة الأصنام؛ أي إذا لم يكن عبيدكم معكم سواء فكيف تجعلون عبيدي معي سواء" : Tafsîr ul-Qurtubî) ;
--- "وَلَقَدْ كَرَّمْنَا بَنِي آدَمَ وَحَمَلْنَاهُمْ فِي الْبَرِّ وَالْبَحْرِ وَرَزَقْنَاهُم مِّنَ الطَّيِّبَاتِ وَفَضَّلْنَاهُمْ عَلَى كَثِيرٍ مِّمَّنْ خَلَقْنَا تَفْضِيلاً" : "Et Nous avons honoré les fils d'Adam, les avons transportés sur terre et sur mer, leur avons donné comme subsistance des choses bonnes, et les avons considérablement privilégiés par rapport à beaucoup de ceux que Nous avons créés" (Coran 17/70) ;
--- "وَلَقَدْ آتَيْنَا بَنِي إِسْرَائِيلَ الْكِتَابَ وَالْحُكْمَ وَالنُّبُوَّةَ وَرَزَقْنَاهُم مِّنَ الطَّيِّبَاتِ وَفَضَّلْنَاهُمْ عَلَى الْعَالَمِينَ" : "Et Nous avons donné aux Fils d'Israël le Livre, la sagesse et le prophétat, Nous leur avons donné comme subsistance des choses bonnes, et les avons privilégiés par rapport à tous les peuples" (Coran 45/16) :
----- soit ce privilège se rapporte au fait d'être porte-parole de Dieu, et ne vaut que par rapport aux hommes de l'époque de leur élection : cela est à comprendre comme : "وَفَضَّلْنَاهُمْ عَلَى الْعَالَمِين أي في إمامة الناس إلى عبادة الله" ;
----- soit ce privilège se rapporte uniquement au nombre unique de prophètes que eux ont reçus chez eux, et alors vaut par rapport à toute l'humanité : "وَفَضَّلْنَاهُمْ عَلَى الْعَالَمِين أي في عدد الأنبياء" (voici exactement ce qu'on lit : "وأني فضلتكم على العالمين} يريد على عالمي زمانهم، وأهل كل زمان عالم. وقيل: على كل العالمين بما جعل فيهم من الأنبياء؛ وهذا خاصة لهم وليست لغيرهم" : Tafsîr ul-Qurtubî sur Coran 2/47).
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Est-ce que la femme a donc elle aussi préséance (fadhl) par rapport à l'homme, mais quant à d'autres attributs ?
Oui.
Dans ce qui suit, 'Izz ud-dîn Ibn Abd is-Salâm expose ainsi les raisons de la tafdhîl que l'homme a par rapport à la femme quant à certaines choses et de la tafdhîl que la femme a par rapport à l'homme quant à d'autres choses, cela au sein du couple, et ce à côté de leur égalité, istiwâ', quant à certaines autres choses :
"فإن قيل: لم فضل الرجال على النساء بـتخديرهن والحكم عليهن والإلزام بالسفر والمقام، وفضل النساء على الرجال بـإيجاب النفقة والكسوة والإسكان، مع استوائهم في نيل المراد وقضاء الأوطار؟
قلنا: لما جعل للرجال التحكم عليهن في التخدير والتسفير والإلزام بالتمكين، جعل لهن ذلك جبرا لما جعل عليهن من أحكام الرجال في الانفصال والاتصال ولزوم المساكن وتعيين الديار والمواطن؛ فأوجب الله لكل واحد منهما ما يليق بحاله، إذ لا قدرة للنساء في الغالب على اكتساب الكسوة والنفقة وتحصيل المساكن وماعون الدار، ولا يليق بالرجال الكاملة أديانهم وعقولهم أن تحكم عليهم النساء لنقصان عقولهن وأديانهن وفي ذلك كسر لنخوة الرجال مع غلبة المفاسد فيما يحكم به النساء على الرجال، وقد قال عليه السلام: "لن يفلح قوم ولوا أمرهم امرأة" (Al-Qawâ'ïd ul-kub'râ, 1/361-362).
Ibn ul-Jawzî relate pour sa part, en tant que l'un des commentaires de Coran 4/32, ceci : "Si l'homme a le fadhl quant à telle action, eh bien la femme a pour sa part le fadhl quant à telle et telle autres actions" : "قوله تعالى: {ولا تتمنوا ما فضل الله به بعضكم على بعض} الآية، قال مجاهد: قالت أم سلمة: "يا رسول الله إن الرجال يغزون ولا نغزو، ولهم ضعف ما لنا من الميراث، فلو كنا رجالا غزونا كما غزوا وأخذنا من الميراث مثل ما أخذوا"؛ فنزلت هذه الآية. وقيل: لما جعل الله عز وجل للذكر مثل حظ الأنثيين في الميراث، قالت النساء: "نحن أحق وأحوج إلى الزيادة من الرجال، لأنا ضعفاء وهم أقوى وأقدر على طلب المعاش"؛ فأنزل الله تعالى: {ولا تتمنوا ما فضل الله به بعضكم على بعض}. وقال قتادة والسدي: لما نزل قوله: {للذكر مثل حظ الأنثيين} قال الرجال: "إنا لنرجو أن نفضل على النساء بحسناتنا في الآخرة فيكون أجرنا على الضعف من أجر النساء كما فضلنا عليهن في الميراث"؛ فقال الله تعالى: {للرجال نصيب مما اكتسبوا} من الأجر {وللنساء نصيب مما اكتسبن} معناه: أن الرجال والنساء في الأجر في الآخرة سواء، وذلك أن الحسنة تكون بعشر أمثالها يستوي فيها الرجال والنساء، وإن فضل الرجال في الدنيا على النساء. وقيل: معناه: للرجال نصيب مما اكتسبوا من أمر الجهاد، وللنساء نصيب مما اكتسبن من طاعة الأزواج وحفظ الفروج، يعني: إن كان للرجال فضل الجهاد، فللنساء فضل طاعة الأزواج وحفظ الفروج" (Zâd ul-massîr, commentaire de Coran 4/32). (Note : Le terme "jihad" n'a pas forcément un sens spécifiquement militaire (lire notre article consacré à ce point) ; et même quand il a ce sens, il faut rappeler que le fait de combattre ne peut se faire que dans des circonstances précises, que chacun ne peut pas décider de lui-même (lire notre article consacré à cela), et que cela ne se fait pas à l'aveuglette (lire notre article consacré à ce point).)
Rashîd Ridhâ écrit quant à lui que le verset 4/32 signifie (entre autres choses) que les femmes ne doivent pas souhaiter ce en quoi Dieu a donné tafdhîl aux hommes, et que les hommes ne doivent pas souhaiter ce en quoi Dieu a donné tafdhîl aux femmes : "وفي قوله: {ما فضل الله به بعضكم على بعض} إيجاز بديع، وهو يشمل: ما فضل الله به بعض الرجال على بعض، وما فضل بعض النساء على بعض، وما فضّل به جنس الرجال على النساء، وما فضّل به جنس النساء على الرجال - من حيث أن الخصوصية فضل أي زيادة في صاحبها على غيره -، وما فضل به بعض الرجال على بعض النساء، وما فضل به بعض النساء على بعض الرجال، وهذا الفضل أنواع" (Tafsîr ul-Manâr, commentaire de Coran 4/32).
Muhammad Amîn ash-Shanqîtî dit même que certaines des caractéristiques féminines sont telles que, bien que, si elles se trouvent chez l'homme elles constituent chez lui un manquement, elles relèvent chez la femme de ce qui est compté chez elle comme qualités : "ولأجل هذه الحكم التي بينا بها فضل نوع الذكر على نوع الأنثى في أصل الخلقة والطبيعة، جعل الحكيم الخبير الرجل هو المسئول عن المرأة في جميع أحوالها، وخصه بالرسالة والنبوة والخلافة دونها، وملكه الطلاق دونها، وجعله الولي في النكاح دونها، وجعل انتساب الأولاد إليه لا إليها، وجعل شهادته في الأموال بشهادة امرأتين في قوله تعالى: {فإن لم يكونا رجلين فرجل وامرأتان ممن ترضون من الشهداء}، وجعل شهادته تقبل في الحدود والقصاص دونها، إلى غير ذلك من الفوارق الحسية والمعنوية والشرعية بينهما. ألا ترى أن الضعف الخلقي والعجز عن الإبانة في الخصام عيب ناقص في الرجال، مع أنه يعد من جملة محاسن النساء التي تجذب إليها القلوب" (Adhwâ' ul-bayân).
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Par ailleurs, dans ce que l'islam prévoit à propos de la garde des enfants après un divorce - لمن حق الحضانة بعد الطلاق أو الفرقة, c'est la mère qui a globalement préséance. Pareillement, l'objectif n'est, ici non plus, pas de léser le père ; cette règle est seulement motivée par le fait que la mère a, plus que le père, les qualités pour mener à bien cette mission.
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Etre sous l'autorité de quelqu'un confère un statut hiérarchique différent, mais pas une infériorité d'essence et de nature. Cela est simplement lié à l'organisation de la famille (laquelle, comme n'importe quel groupe constitué, a besoin d'une autorité pour fonctionner convenablement), et ne révèle pas une infériorité de la femme par essence et nature.
La fonction de chef de famille du mari ne correspond pas à une dictature mais doit être au contraire vécue avec affection, respect, concertation et – comme nous venons de le voir – en sachant fermer les yeux quant à ses droits : c'est ce qu'a enseigné et montré le Prophète dans la Sunna ; les paroles de celui-ci à ce sujet sont visibles dans Tahrîr ul-mar'a fî asr ir-rissâla (tome 5 pp. 104-108). Contentons-nous ici d'une seule : le Prophète a dit : "Le meilleur d'entre vous est celui qui est le meilleur avec son épouse" (Tirmidhi 3895, aussi Ibn Maja 1978) (cliquez ici pour en savoir plus).
Quant au fait que la jeune femme doit avoir l'autorisation de son père pour se marier, cela est dû à la volonté d'éviter que de jeunes naïves se fassent berner par des escrocs charmeurs : lire à ce sujet notre article : La femme peut-elle se marier seule en islam ?.
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Rappelons ici que si la fonction de chef d'État n'est pas accessible à la femme d'après l'islam (et ce en vertu du célèbre hadith rapporté par Abû Bakra et prononcé lorsque Bûrândukht / Pûrân / Bôrân - fille de Parviz, Khosro II - monta sur le trône de Perse), en revanche, d'après certains ulémas contemporains, celle de présidente d'association ou d'hôpital (comportant des hommes aussi) lui est accessible (car n'étant pas ce que le hadith de Abû Bakra vise), à condition bien sûr qu'elle ne soit amenée à demeurer en situation de solitude avec un homme, ni qu'elle ne soit amenée à se mélanger de la façon interdite en islam avec des hommes (islamweb ; islamqa).
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5) Cinquième point : Un autre verset encore : "إِذْ قَالَتِ امْرَأَةُ عِمْرَانَ رَبِّ إِنِّي نَذَرْتُ لَكَ مَا فِي بَطْنِي مُحَرَّرًا فَتَقَبَّلْ مِنِّي إِنَّكَ أَنتَ السَّمِيعُ الْعَلِيمُ فَلَمَّا وَضَعَتْهَا قَالَتْ رَبِّ إِنِّي وَضَعْتُهَا أُنثَى وَاللّهُ أَعْلَمُ بِمَا وَضَعَتْ وَلَيْسَ الذَّكَرُ كَالأُنثَى وَإِنِّي سَمَّيْتُهَا مَرْيَمَ وِإِنِّي أُعِيذُهَا بِكَ وَذُرِّيَّتَهَا مِنَ الشَّيْطَانِ الرَّجِيمِ" : "Lorsque la femme de Amram dit : "Seigneur, j'ai consacré à Toi, en toute exclusivité, ce qui est dans mon ventre, aussi accepte de moi. Tu es, Toi, l'Audient, le Sachant." Puis, lorsqu'elle l'enfanta, elle dit : "Seigneur, je l'ai enfantée fille" ; et Dieu est plus connaisseur de ce qu'elle enfanta ; et le garçon n'est pas comme la fille ; "et je l'ai nommée Marie. Et je la place ainsi que sa descendance sous Ta protection contre le Diable rejeté"" (Coran 3/35-36) :
En fait Anne avait consacré l'enfant qu'elle portait au Temple de Jérusalem : elle espérait avoir un garçon, et elle voulait donc que celui-ci soit un nazir. Une telle consécration de l'enfant était mashrû' dans la loi des fils d'Israël. Or quand elle l'eut mis au monde, voilà que c'était une fille !
Anne s'en ouvrit alors à Dieu : "رَبِّ إِنِّي وَضَعْتُهَا أُنثَى" : "Seigneur, je l'ai enfantée fille".
– "وَاللّهُ أَعْلَمُ بِمَا وَضَعت" : "et Dieu est plus connaisseur de ce que..." : il y a ici 3 variantes de lecture :
--- "وَاللّهُ أَعْلَمُ بِمَا وَضَعَتْ" : "Et Dieu est plus connaisseur de ce qu'elle enfanta" ; il s'agit alors du propos de Dieu Lui-même, inséré par Dieu, lors de la narration qu'Il nous fait, au milieu des phrases de Anne qu'Il nous relate ;
--- "وَاللّهُ أَعْلَمُ بِمَا وَضَعْتِ" (récitation de Ibn Abbâs) : "Et Dieu est plus connaisseur de ce que tu as enfanté" : c'est alors Dieu qui lui tint ce propos ;
--- "وَاللّهُ أَعْلَمُ بِمَا وَضَعْتُ" : "Et Dieu est plus connaisseur de ce que j'ai enfanté" ; il s'agit dans ce cas d'une phrase que Anne tint alors.
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– "وَلَيْسَ الذَّكَرُ كَالأُنثَى", "et le garçon n'est pas comme la fille" : cela :
--- est soit une phrase parmi toutes les phrases que Anne tint à Dieu à ce moment-là, et que Dieu nous relate (option évoquée dans Rûh ul-ma'ânî). (Sachant qu'elle voulait avoir un garçon, qu'elle aurait rendu nazir pour le Temple,) "وَلَيْسَ الذَّكَرُ كَالأُنثَى" signifie alors : "Seigneur, je l'ai enfanté fille. (...) Or les filles ne sont pas comme les garçons par rapport à l'aptitude de servir le Temple, vu la différence de force physique, ainsi que le fait que les filles connaissent des périodes d'indisposition" (les deux lâm sont alors : li-l-jins) ;
--- est soit le propos de Dieu Lui-même, propos que, dans la narration, Il a inséré au milieu des propos qu'Il nous relate que Anne Lui tint à ce moment-là (option également évoquée dans Rûh ul-ma'ânî). Et "وَلَيْسَ الذَّكَرُ كَالأُنثَى" peut être interprété ici comme signifiant que (suite au fait que Anne s'était ouverte à Dieu du fait qu'elle souhaitait un garçon, qui serait nazir pour le temple,) Dieu nous déclare : "Le garçon qu'elle souhaitait pour le rendre nazir ne pouvait pas être comparable à la fille que Dieu lui donna, car cette fille allait avoir une destinée très élevée" (les deux lâm sont alors : li-l-'ahd).
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Voici ce qu'on lit dans quelques Tafsîrs classiques :
"وأما التفسير فقيل إن سبب قول امرأة عمران هذا أنها كانت كبيرة لا تلد، وكانوا أهل بيت من الله بمكان، وإنها كانت تحت شجرة فبصرت بطائر يزق فرخا فتحركت نفسها لذلك، ودعت ربها أن يهب لها ولدا، ونذرت إن ولدت أن تجعل ولدها محررا: أي عتيقا خالصا لله تعالى، خادما للكنيسة حبيسا عليها، مفرغا لعبادة الله تعالى. وكان ذلك جائزا في شريعتهم، وكان على أولادهم أن يطيعوهم. فلما وضعت مريم قالت: "رب إني وضعتها أنثى" يعني أن الأنثى لا تصلح لخدمة الكنيسة، قيل: لما يصيبها من الحيض والأذى، وقيل: لا تصلح لمخالطة الرجال. وكانت ترجو أن يكون ذكرا، فلذلك حررت" (Tafsîr ul-Qurtubî).
"قال أبو جعفر: يعني جل ثناؤه بقوله: "فلما وضعتها": فلما وضعت حنة النذيرة؛ ولذلك أنث. ولو كانت"الهاء" عائدة على"ما" التي في قوله "إني نذرت لك ما في بطني محررا"، لكان الكلام: "فلما وضعته قالت رب إني وضعته أنثى"" (Tafsîr ut-Tabarî).
"وليس الذكر كالأنثى"، لأن الذكر أقوى على الخدمة وأقوم بها، وأن الأنثى لا تصلح في بعض الأحوال لدخول القدس والقيام بخدمة الكنيسة لما يعتريها من الحيض والنفاس" (Tafsîr ut-Tabarî).
"والله أعلم بما وضعَتْ} تعظيم من جهته تعالى لموضوعها وتفخيم لشأنه وتجهيل لها بقدره أي والله أعلم بالشئ الذي وضعته وما علق به من عظائم الأمور وجعله وابنه آية للعالمين، وهي غافلة عن ذلك؛ والجملة اعتراضية. وقرئ وضعْتِ على خطاب الله تعالى لها أي إنك لا تعلمين قدر هذا الموهوب وما أودع الله فيه من علو الشأن وسمو المقدار. وقرئ وضعْتُ على صيغة التكلم مع الالتفات من الخطاب إلى الغيبة إظهارا لغاية الإجلال فيكون ذلك منها اعتذارا إلى الله تعالى حيث أتت بمولود لا يصلح لما نذرته من السدانة، أو تسلية لنفسها على معنى "لعل الله تعالى فيه سرا وحكمة ولعل هذه الأنثى خير من الذكر" فوجه الالتفات حينئذ ظاهر. وقوله تعالى {وليس الذكر كالانثى} اعتراض آخر مبين لما في الأول من تعظيم الموضوع ورفع منزلته. واللام في الذكر والنثى للعهد أي ليس الذكر الذي كانت تطلبه وتتخيل فيه كمالا قصاراه ان يكون كواحد من السدنة، كالأنثى التي وهبت لها؛ فإن دائرة علمها وأمنيتها لاتكاد تحيط بما فيه من جلائل الأمور. هذا على القراءتين الأوليين. وأما على التفسير الأخير للقراءة الأخيرة فمعناه "وليس الذكر كهذه الأنثى في الفضيلة بل أدنى منها"؛ وأما على التفسير الأول لها فمعناه تأكيد الاعتذار ببيان أن الذكر ليس كالأنثى في الفضيلة والمزية وصلاحية خدمة المتعبدات، فإنهن بمعزل من ذلك، فاللام للجنس" (Tafsîr Abi-Sa'ûd).
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Conclusion :
Homme et femme sont tous deux humains à part entière. Par contre, ils ont des natures (طبيعة) qui, à côté de nombreuses similitudes dues à leur humanité commune, présentent des différences et des particularités. Lesquelles différences, on le sait aujourd'hui, ne sont pas toutes dues à la culture et à l'éducation – comme auparavant certains le pensaient – mais sont bel et bien dues pour un certain nombre d'entre elles à la nature même : physiologique, hormonale, psychologique…
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Il est certain que la situation concrète de la femme n'est pas, dans le réel de nombreux pays musulmans, ce qu'elle pourrait et devrait être dans l'idéal. Mustafâ as-Sibâ'i a exprimé cela ainsi : "Puis, en fonction de l'évolution de la situation dans la civilisation musulmane et des traditions locales de pays musulmans, la femme a connu des périodes différentes. Dans la période de décadence, la femme a même connu un délaissement, et, dans les faits, un manquement par rapport aux droits qui lui revenaient." "Le besoin s'est donc fait sentir que la pensée des musulmans engagés se tourne également vers la situation de la femme dans leur pays" (Al-Mar'a bayn al-fiqhi wa-l-qânûn, pp. 46-51).
Il reste que, préjugés résorbés et réforme menée à bien, le modèle d'émancipation que la majorité des femmes musulmanes réaliseront sur la base des normes du Coran et de la Sunna et en s'appuyant sur les travaux du Fiqh réalisés depuis quatorze siècles, présentera malgré tout, à côté de points communs, des différences par rapport à celui que la majorité des femmes occidentales ont réalisé. C'est ce qu'un passage dans Le Monde Dossiers et Documents (n° 251) souligne : il y est dit que des musulmanes de Turquie ne veulent suivre ni le "traditionalisme musulman, qu'elles jugent affadi et ignorant", ni le "modernisme occidental".
La question qui se pose dès lors est : Saura-t-on ne pas confondre toute émancipation féminine, avec les repères du seul modèle occidental, produit par des références culturelles précises sur lesquelles ont joué des circonstances historiques particulières ?
Ne parle-t-on pas de multiculturalisme (à l'échelle nationale) et de pluralisme des civilisations (à l'échelle mondiale)...
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Un dernier mot : il faudrait aussi ne pas oublier que dans les sociétés occidentales la situation de la femme n'est pas non plus telle que rien ne serait plus à entreprendre pour changer les mentalités et les comportements… Marie Trintignant n'habitait pas en pays musulman, et n'était pas non plus une citoyenne française issue de l'immigration… est-elle la seule ou seulement la plus connue ?
Et que dire du harcèlement sexuel dont un certain nombre de femmes occidentales se plaignent, de la part d'hommes qui ne sont ni dans leur totalité, ni dans leur majorité, ni dans une forte minorité, musulmans...
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
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A lire par ailleurs :
--- Les femmes seront-elles plus nombreuses que les hommes dans l'Enfer ? ;
--- Y a-t-il eu des femmes prophétesses ?.