"عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن الله قال: من عادى لي وليا فقد آذنته بالحرب. وما تقرب إلي عبدي بشيء أحب إلي مما افترضت عليه، وما يزال عبدي يتقرب إلي بالنوافل حتى أحبه، فإذا أحببته: كنت سمعه الذي يسمع به، وبصره الذي يبصر به، ويده التي يبطش بها، ورجله التي يمشي بها، وإن سألني لأعطينه، ولئن استعاذني لأعيذنه. وما ترددت عن شيء أنا فاعله ترددي عن نفس المؤمن، يكره الموت وأنا أكره مساءته" :
Le Prophète (sur lui la paix) a relaté que Dieu a dit :
"Celui qui a de l'inimitié pour un ami à Moi, Je lui déclare la guerre.
Le serviteur ne peut se rapprocher de Moi par quelque chose qui Me soit plus aimé que ce que J'ai rendu obligatoire sur lui. Et le serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par les actions facultatives, jusqu'à ce que Je l'aime. Alors, lorsque Je l'aime, Je deviens son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main par laquelle il attrape et son pied par lequel il marche ; s'il Me demande quelque chose, Je le lui accorderai, et s'il Me demande Ma protection, Je la lui donnerai" (rapporté par al-Bukhârî, n° 6137).
Deux choses sont à noter ici...
La première est que ce Hadîth souligne bien se rapprocher de Dieu se fait en priorité par la pratique de ce que Dieu a rendu obligatoire pour l'homme : les actions obligatoires – comme les cinq prières chaque jour, précédées des ablutions voulues, la zakâte donnée aux nécessiteux, le jeûne du mois de ramadan chaque année, le pèlerinage une fois dans la vie – constituent non des actes à faire de façon ritualiste mais le minimum fixé par Dieu pour que chaque homme puisse entretenir avec Lui une relation digne de ce nom ; ces actions doivent être faites, pour reprendre la formule du soufi Fudhayl ibn 'Iyâdh, "conformément au cadre fourni par la révélation et avec sincérité" ("aswabahû wa akhlassahû").
Ce que le Prophète a relaté de Dieu dans ce Hadîth qudsî rappelle que c'est en sus de ce minimum obligatoire, accompli parfaitement et de façon non ritualiste, que le facultatif prend place ; et que c'est, au-delà du seul minimum obligatoire, la pratique de ce qui, justement, est facultatif qui conférera un rapprochement plus intime encore avec Dieu (Fat'h ul-bârî 11/417).
Le second point qu'il faut ici comprendre est le suivant : "Devenir son ouïe, sa vue, sa main et son pied" ne signifie ni une union de nature avec Dieu ni une fusion en Lui : ni que l'homme ayant atteint une grande proximité par rapport à Dieu devienne divin, ni que Dieu s'incarne en cet homme. Comment peut-on l'affirmer de façon aussi certaine ? Premièrement parce que la lecture d'un texte "équivoque" doit toujours se faire à la lumière des autres textes du même auteur et qui sont, eux, "univoques" ; or tous les textes des sources de l'islam montrent que Dieu est Dieu, et l'homme est l'homme. Deuxièmement parce qu'une lecture attentive du texte de ce Hadîth "équivoque" le prouve, puisqu'on y lit que cet homme est toujours amené à demander à Dieu ce dont il a besoin : c'est bien la preuve qu'il n'y a pas union ou fusion.
Que signifie alors la formule "devenir son ouïe, sa vue, sa main et son pied" ?
Plusieurs interprétations existent de celle-ci, parmi lesquelles les trois suivantes :
– soit que Dieu accorde Son assistance particulière à cet homme ; "Je deviens son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main par laquelle il attrape et son pied par lequel il marche" signifie que, tout comme les membres de tout homme l'aident dans sa vie quotidienne, c'est, dans le cas de cet homme, Dieu qui lui accorde Son assistance ; étaye cette interprétation la suite du Hadîth, où on lit : "S'il Me demande quelque chose, Je le lui accorderai, et s'il Me demande Ma protection, Je la lui donnerai" ;
– soit que la quasi-totalité des actions que cet homme fait sont alors faites dans le cadre de ce que Dieu a rendu licite.
Il s'agit, selon cette interprétation, d'une union de volonté avec Dieu. Auparavant il fallait à cet homme se forcer à rester dans le cadre de ce que Dieu agrée ; maintenant il se met à être attiré intérieurement par ce dont il a appris par les sources que Dieu l'agrée. Cela ne signifie pas que cet homme devienne un ange ; au contraire, il reste un humain, qui a ses faiblesses et auquel il arrive donc de faire, par son ouïe, sa vue, sa main ou son pied, ce que Dieu n'agrée pas. Mais ce que le Hadîth veut dire c'est que la plus grande partie des actions qu'il fait avec ces membres sont, par la Grâce de Dieu, orientés vers le bien ; et quand il lui arrive de faire un péché par l'un de ces membres, son cœur s'afflige au point qu'il ne trouve la sérénité qu'après s'être repenti à Dieu. Un autre Hadîth dit : "Lorsque le bien que tu fais te rend joyeux et le mal que tu fais t'afflige, alors tu es croyant [à la foi parfaite]" (rapporté par Ahmad, n° 21662) ;
– soit que, même si cet homme fait d'autres actions du domaine licite (halal) (dont certaines sont même obligatoires sur lui) et même s'il retire de ces actions les plaisirs terrestres que chaque homme normalement constitué retire de manger, boire, se reposer, travailler, avoir des relations intimes, même si cet homme reste ainsi, la délectation véritable (iltidhâdh), il ne la ressent que dans le fait d'utiliser ses facultés et membres susmentionnés dans le domaine de la 'ibâda dans le sens particulier de ce terme (sens B.b.a dans notre article traitant de ce point) : écouter la parole de Dieu qui est récitée par quelqu'un ou les éloges de Dieu que quelqu'un fait, regarder les signes de Dieu présents dans la nature et le ciel, aider par sa main la créature de Dieu, et se rendre dans les lieux où on célèbre les éloges de Dieu (d'après Fat'h ul-bârî 11/418).
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
Quand l'homme atteint un degré où Dieu l'aime particulièrement
"عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إن الله قال: من عادى لي وليا فقد آذنته بالحرب. وما تقرب إلي عبدي بشيء أحب إلي مما افترضت عليه، وما يزال عبدي يتقرب إلي بالنوافل حتى أحبه، فإذا أحببته: كنت سمعه الذي يسمع به، وبصره الذي يبصر به، ويده التي يبطش بها، ورجله التي يمشي بها، وإن سألني لأعطينه، ولئن استعاذني لأعيذنه. وما ترددت عن شيء أنا فاعله ترددي عن نفس المؤمن، يكره الموت وأنا أكره مساءته" :
Le Prophète (sur lui la paix) a relaté que Dieu a dit :
"Celui qui a de l'inimitié pour un ami à Moi, Je lui déclare la guerre.
Le serviteur ne peut se rapprocher de Moi par quelque chose qui Me soit plus aimé que ce que J'ai rendu obligatoire sur lui. Et le serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par les actions facultatives, jusqu'à ce que Je l'aime. Alors, lorsque Je l'aime, Je deviens son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main par laquelle il attrape et son pied par lequel il marche ; s'il Me demande quelque chose, Je le lui accorderai, et s'il Me demande Ma protection, Je la lui donnerai" (rapporté par al-Bukhârî, n° 6137).
Deux choses sont à noter ici...
La première est que ce Hadîth souligne bien se rapprocher de Dieu se fait en priorité par la pratique de ce que Dieu a rendu obligatoire pour l'homme : les actions obligatoires – comme les cinq prières chaque jour, précédées des ablutions voulues, la zakâte donnée aux nécessiteux, le jeûne du mois de ramadan chaque année, le pèlerinage une fois dans la vie – constituent non des actes à faire de façon ritualiste mais le minimum fixé par Dieu pour que chaque homme puisse entretenir avec Lui une relation digne de ce nom ; ces actions doivent être faites, pour reprendre la formule du soufi Fudhayl ibn 'Iyâdh, "conformément au cadre fourni par la révélation et avec sincérité" ("aswabahû wa akhlassahû").
Ce que le Prophète a relaté de Dieu dans ce Hadîth qudsî rappelle que c'est en sus de ce minimum obligatoire, accompli parfaitement et de façon non ritualiste, que le facultatif prend place ; et que c'est, au-delà du seul minimum obligatoire, la pratique de ce qui, justement, est facultatif qui conférera un rapprochement plus intime encore avec Dieu (Fat'h ul-bârî 11/417).
Le second point qu'il faut ici comprendre est le suivant : "Devenir son ouïe, sa vue, sa main et son pied" ne signifie ni une union de nature avec Dieu ni une fusion en Lui : ni que l'homme ayant atteint une grande proximité par rapport à Dieu devienne divin, ni que Dieu s'incarne en cet homme. Comment peut-on l'affirmer de façon aussi certaine ? Premièrement parce que la lecture d'un texte "équivoque" doit toujours se faire à la lumière des autres textes du même auteur et qui sont, eux, "univoques" ; or tous les textes des sources de l'islam montrent que Dieu est Dieu, et l'homme est l'homme. Deuxièmement parce qu'une lecture attentive du texte de ce Hadîth "équivoque" le prouve, puisqu'on y lit que cet homme est toujours amené à demander à Dieu ce dont il a besoin : c'est bien la preuve qu'il n'y a pas union ou fusion.
Que signifie alors la formule "devenir son ouïe, sa vue, sa main et son pied" ?
Plusieurs interprétations existent de celle-ci, parmi lesquelles les trois suivantes :
– soit que Dieu accorde Son assistance particulière à cet homme ; "Je deviens son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main par laquelle il attrape et son pied par lequel il marche" signifie que, tout comme les membres de tout homme l'aident dans sa vie quotidienne, c'est, dans le cas de cet homme, Dieu qui lui accorde Son assistance ; étaye cette interprétation la suite du Hadîth, où on lit : "S'il Me demande quelque chose, Je le lui accorderai, et s'il Me demande Ma protection, Je la lui donnerai" ;
– soit que la quasi-totalité des actions que cet homme fait sont alors faites dans le cadre de ce que Dieu a rendu licite.
Il s'agit, selon cette interprétation, d'une union de volonté avec Dieu. Auparavant il fallait à cet homme se forcer à rester dans le cadre de ce que Dieu agrée ; maintenant il se met à être attiré intérieurement par ce dont il a appris par les sources que Dieu l'agrée. Cela ne signifie pas que cet homme devienne un ange ; au contraire, il reste un humain, qui a ses faiblesses et auquel il arrive donc de faire, par son ouïe, sa vue, sa main ou son pied, ce que Dieu n'agrée pas. Mais ce que le Hadîth veut dire c'est que la plus grande partie des actions qu'il fait avec ces membres sont, par la Grâce de Dieu, orientés vers le bien ; et quand il lui arrive de faire un péché par l'un de ces membres, son cœur s'afflige au point qu'il ne trouve la sérénité qu'après s'être repenti à Dieu. Un autre Hadîth dit : "Lorsque le bien que tu fais te rend joyeux et le mal que tu fais t'afflige, alors tu es croyant [à la foi parfaite]" (rapporté par Ahmad, n° 21662) ;
– soit que, même si cet homme fait d'autres actions du domaine licite (halal) (dont certaines sont même obligatoires sur lui) et même s'il retire de ces actions les plaisirs terrestres que chaque homme normalement constitué retire de manger, boire, se reposer, travailler, avoir des relations intimes, même si cet homme reste ainsi, la délectation véritable (iltidhâdh), il ne la ressent que dans le fait d'utiliser ses facultés et membres susmentionnés dans le domaine de la 'ibâda dans le sens particulier de ce terme (sens B.b.a dans notre article traitant de ce point) : écouter la parole de Dieu qui est récitée par quelqu'un ou les éloges de Dieu que quelqu'un fait, regarder les signes de Dieu présents dans la nature et le ciel, aider par sa main la créature de Dieu, et se rendre dans les lieux où on célèbre les éloges de Dieu (d'après Fat'h ul-bârî 11/418).
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).