Question :
Quelle importance faut-il donner aux rêves ? Peut-on les faire interpréter ? Je fais souvent des rêves prémonitoires et je voudrais savoir comment l'islam explique ce phénomène.
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Réponse :
Il faut tout d'abord savoir que, d'après les sources musulmanes, les rêves sont de plusieurs types.
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Il existe 3 types de rêves :
Le Prophète (sur lui la paix) a dit :
"Le rêve est de trois sortes :
- le rêve véridique ;
- le rêve où l'homme converse avec son âme ;
- et le rêve qui cause de l'effroi ("tahzîn"), provenant du diable" :
"عن محمد بن سيرين، عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "الرؤيا ثلاث، فرؤيا حق، ورؤيا يحدث بها الرجل نفسه، ورؤيا تحزين من الشيطان؛ فمن رأى ما يكره فليقم فليصل." وكان يقول: "يعجبني القيد وأكره الغل." القيد: ثبات في الدين" (at-Tirmidhî, n° 2280).
Il y a également ce hadîth : "عن عوف بن مالك، عن رسول الله صلى الله عليه وسلم، قال: "إن الرؤيا ثلاث: منها أهاويل من الشيطان ليحزن بها ابن آدم، ومنها ما يهم به الرجل في يقظته فيراه في منامه، ومنها جزء من ستة وأربعين جزءا من النبوة." قال، قلت له: أنت سمعت هذا من رسول الله صلى الله عليه وسلم؟ قال: نعم، أنا سمعته من رسول الله صلى الله عليه وسلم، أنا سمعته من رسول الله صلى الله عليه وسلم" (Ibn Mâja, n° 3907).
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– 1) "Le rêve où l'homme converse avec son âme" évoque ce que la psychanalyse contemporaine connaît bien : les messages du subconscient humain. L'homme voit en rêve ce qui, pendant l'état de veille, l'a marqué ("ومنها ما يهم به الرجل في يقظته فيراه في منامه"). L'homme voit également en rêve ce qu'il essaie de refouler, et ce genre de rêves peuvent lui révéler une part de ses désirs inavoués. Les psychanalystes font bien l'interprétation de ces rêves (mais c'est dans un sens autre que celui dont la Religion parle) : ici il s'agit de révéler à la personne une partie d'elle-même dont elle n'est pas consciente.
Le rêve érotique relève lui aussi de ce type 1 : Ummu Sulaym vint trouver le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue), et lui dit : "Messager de Dieu, Dieu n'a pas honte par rapport à ce qui est vrai ! La femme doit-elle faire les grandes ablutions si elle voit un rêve érotique ?" Aïcha dit alors : "Ummu Sulaym, tu as déshonoré les femmes ! Que tes mains soient dans la terre !" Le Prophète dit à Aïcha : "Laisse-la. Plutôt, toi, que tes mains soient dans la terre !", puis dit à Ummu Sulaym : "Si (à son réveil) cette femme trouve du liquide, alors : oui". (Ce hadîth a une suite). (Ce hadîth a été rapporté par al-Bukhârî, n° 130 etc., Muslim, n° 311 etc. ; également par at-Tirmidhî, Abû Dâoûd, etc.)
– 2) "Le rêve qui cause de l'effroi, provenant du diable" est le cauchemar. Il est provoqué, selon l'explication donnée par le Prophète, par le démon, qui trouve là un moyen supplémentaire pour pouvoir troubler l'homme. On ne doit accorder, selon l'enseignement du Prophète, aucune importance à ce genre de rêves, et c'est pourquoi cela ne sert à rien de le raconter.
Ainsi, à un homme venu lui raconter qu'il avait vu en rêve que sa tête était coupée et qu'il essayait de la rattraper, le Prophète dit : "Lorsque le diable se joue de toi dans ton rêve, ne le raconte pas" : "عن جابر، عن رسول الله صلى الله عليه وسلم أنه قال لأعرابي جاءه فقال: "إني حلمت أن رأسي قطع فأنا أتبعه"، فزجره النبي صلى الله عليه وسلم وقال: "لا تخبر بتلعب الشيطان بك في المنام" (Muslim, n° 2268/14). Si on fait de tels rêves, il faut entre autres demander à Dieu Sa protection contre le démon et ne le raconter à personne (al-Bukhârî et Muslim).
Ces deux types de rêves (rêve purement psychique et cauchemar) ne sont pas des rêves ayant une signification intéressant directement le "religieux" (d'après Hujjat ullâh il-bâligha, tome 2 p. 531).
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– 3) Seul "le rêve véridique" présente un "intérêt sur le plan dînî". Ce type de rêve est constitué :
- du rêve télépathique,
- du rêve prémonitoire,
- du rêve qui contient une indication venant réellement de Dieu,
- etc.
Le "rêve véridique" n'est pas limité à la bonne nouvelle ("bushrâ"). Il peut être une bonne nouvelle ("bushrâ") et être agréable, mais il peut également être un rêve vrai mais déplaisant, parce qu'il constitue un avertissement venant de Dieu ("indhâr") ou un reproche ("mu'âtaba") (Fat'h ul-bârî, 12/465).
Le Prophète lui-même a vu un rêve véridique qui lui a été déplaisant (il s'agissait d'un événement futur) ; il a raconté : "Alors que je dormais, (…), j'ai vu qu'on a placé devant moi deux bracelets en or ; cela m'a été déplaisant. On m'a donné la permission de souffler sur eux ; je l'ai fait et ils se sont envolés." Le Prophète a ensuite interprété ce rêve comme étant l'annonciation des deux imposteurs qui devaient apparaître de son vivant [l'un au Yémen et l'autre à al-Yamama] : "عن أبي هريرة رضي الله عنه، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "بينا أنا نائم أتيت بخزائن الأرض، فوضع في كفي سواران من ذهب، فكبرا علي، فأوحى الله إلي أن انفخهما، فنفختهما فذهبا. فأولتهما الكذابين اللذين أنا بينهما، صاحب صنعاء، وصاحب اليمامة" (al-Bukhârî, n° 4116, Muslim, n° 2274).
Mais même quand il est déplaisant, le rêve véridique reste différent du cauchemar (le rêve de type n° 2, plus haut évoqué), ce dernier ne constituant qu'une scène d'effroi et d'affliction, à l'exemple de ces rêves où le dormeur se voit en train d'essayer de fuir ou de hurler.
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En aucun cas un croyant ne peut se fonder sur un rêve pour en vouloir à quelqu'un (parce qu'en rêve il a vu à son sujet quelque chose de déplaisant), ni pour établir ce qui est interdit, permis ou obligatoire (bref pas pour établir des règles – ahkâm). Prendre ce genre de rêve en compte veut dire que l'on peut en tenir compte dans la mesure où il nous donnerait une indication supplémentaire, dans tout cas ne contredisant aucun principe établi.
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Comment s'explique le rêve véridique ?
Pendant le sommeil, l'âme se trouve dans une situation différente de celle dans laquelle elle se trouve pendant l'état de veille : le dormeur est toujours vivant, et n'est pas mort, mais il se trouve dans un état qui présente certaines similitudes avec celui du mort (bien que l'état du mort est plus accentué que celui du dormeur).
En fait...
Après n'avoir rien été, nous sommes venus à l'existence : lors de la vie fœtale, avant le moment où l'âme est insufflée dans le fœtus, nous étions morts (par rapport au niveau de vie humain) ; puis nous avons été rendus vivants, toujours dans le ventre de notre mère ; puis nous avons continué à vivre, étant nés ; et nous vivons pour le moment notre vie terrestre, dans le monde que nous connaissons (ad-dunyâ) ; puis nous mourrons (et irons dans 'âlam ul-barzakh) ; et plus tard nous serons ressuscités (et, après avoir été jugés, nous serons admis dans dâr ul-qarâr : le Paradis, ou la Géhenne).
Dieu dit : "قَالَ كَذَلِكَ قَالَ رَبُّكَ هُوَ عَلَيَّ هَيِّنٌ وَقَدْ خَلَقْتُكَ مِن قَبْلُ وَلَمْ تَكُ شَيْئًا" (Coran 19/9). "كَيْفَ تَكْفُرُونَ بِاللَّهِ وَكُنتُمْ أَمْوَاتاً فَـأَحْيَاكُمْ ثُمَّ يُمِيتُكُمْ ثُمَّ يُحْيِيكُمْ ثُمَّ إِلَيْهِ تُرْجَعُونَ" (Coran 28/2).
Entre notre mort et notre résurrection, nous irons dans le monde de l'étape (al-barzakh) (où, en même temps qu'étant morts, nous connaîtrons une vie, située temporellement entre la vie terrestre, et la vie après la résurrection)
Or, pendant la vie terrestre, comprise entre la naissance et la mort, l'état de sommeil est à mi-chemin entre la vie et la mort : le sommeil est le (petit) frère de la mort : "فإن النوم شقيق الموت" (cf. Ar-Rûh, p. 43).
On trouve une trace de la ressemblance entre le sommeil et la mort dans ce verset du Coran : "اللَّهُ يَتَوَفَّى الْأَنفُسَ حِينَ مَوْتِهَا وَالَّتِي لَمْ تَمُتْ فِي مَنَامِهَا فَيُمْسِكُ الَّتِي قَضَى عَلَيْهَا الْمَوْتَ وَيُرْسِلُ الْأُخْرَى إِلَى أَجَلٍ مُسَمًّى إِنَّ فِي ذَلِكَ لَآيَاتٍ لِّقَوْمٍ يَتَفَكَّرُونَ" : "Dieu prend les âmes au moment de leur mort, ainsi que l'âme qui n'est pas morte pendant son sommeil. Puis Il garde celle au sujet de laquelle Il a décrété la mort, et Il renvoie l'autre jusqu'à un terme fixé..." (Coran 39/42).
Ibn ul-Qayyim a développé cela ainsi :
"وسر ذلك أن الروح لها بالبدن خمسة أنواع من التعلق متغايرة الأحكام: أحدها تعلقها به في بطن الأم جنينا؛ الثاني تعلقها به بعد خروجه إلى وجه الأرض؛ الثالث تعلقها به في حال النوم فلها به تعلق من وجه ومفارقة من وجه؛ الرابع تعلقها به في البرزخ فإنها وإن فارقته وتجردت عنه فإنها لم تفارقه فراقا كليا بحيث لا يبقى لها التفات إليه البتة، وقد ذكرنا في أول الجواب من الأحاديث والآثار ما يدل على ردها إليه وقت سلام المسلم وهذا الرد إعادة خاصة لا يوجب حياة البدن قبل يوم القيامة؛ الخامس تعلقها به يوم بعث الأجساد وهو أكمل أنواع تعلقها بالبدن ولا نسبة لما قبله من أنواع التعلق إليه إذ تعلق لا يقبل البدن معه موتا ولا نوما ولا فسادا. وأما قوله تعالى {الله يتوفى الأنفس حين موتها والتي لم تمت في منامها فيمسك التي قضى عليها الموت ويرسل الأخرى إلى أجل مسمى} فإمساكه سبحانه التي قضى عليها الموت لا ينافي ردها إلى جسدها الميت في وقت ما، ردا عارضا لا يوجب له الحياة المعهودة في الدنيا؛ وإذا كان النائم روحه في جسده وهو حي، وحياته غير حياة المستيقظ - فإن النوم شقيق الموت -، فهكذا الميت إذا أعيدت روحه إلى جسده، كانت له حال متوسطة بين الحي وبين الميت الذي لم ترد روحه إلى بدنه؛ كحال النائم المتوسطة بين الحي والميت. فتأمل هذا يزيح عنك إشكالات كثيرة" (Ar-Rûh, pp. 42-43).
"،الأمر الثالث أن الله سبحانه جعل الدور ثلاثا: دار الدنيا ودار البرزخ ودار القرار وجعل لكم دار أحكاما تختص بها، وركب هذا الانسان من بدن ونفس. وجعل أحكام دار الدنيا على الأبدان، والأرواح تبعا لها؛ ولهذا جعل أحكامه الشرعية مرتبة على ما يظهر من حركات اللسان والجوارح وان أضمرت النفوس خلافه. وجعل أحكام البرزخ على الأرواح، والأبدان تبعا لها. فكما تبعت الأرواح الأبدان في أحكام الدنيا فتألمت بألمها والتذت براحتها وكانت هى التي باشرت أسباب النعيم والعذاب، تبعت الأبدان الأرواح في نعيمها وعذابها [أي في البرزخ] والأرواح حينئذ هى التي تباشر العذاب والنعيم. فالأبدان هنا ظاهرة والأرواح خفية، والأبدان كالقبور لها. والأرواح هناك ظاهرة والأبدان خفية في قبورها، تجرى أحكام البرزخ على الأرواح فتسرى إلى أبدانها نعيما أو عذابا. كما تجرى أحكام الدنيا على الأبدان فتسرى إلى أرواحها نعيما أو عذابا. فأحط بهذا الموضع علما واعرفه كما ينبغى، يزيل عنك كل اشكال يورد عليك من داخل وخارج.
وقد أرانا الله سبحانه بلطفه ورحمته وهدايته من ذلك أنموذجا في الدنيا من حال النائم فإن ما ينعم به أو يعذب في نومه يجرى على روحه أصلا، والبدن تبع له؛ وقد يقوى حتى يؤثر في البدن تاثيرا مشاهدا، فيرى النائم في نومه أنه ضُرِبَ فيصبح وأثر الضرب في جسمه؛ ويرى أنه قد أكل أو شرب فيستيقظ وهو يجد أثر الطعام والشراب في فيه ويذهب عنه الجوع والظمأ؛ وأعجب من ذلك أنك ترى النائم يقوم في نومه ويضرب ويبطش ويدافع كأنه يقظان وهو نائم لا شعور له بشىء من ذلك؛ وذلك أن الحكم لما جرى على الروح استعانت بالبدن من خارجه ولو دخلت فيه لاستيقظ وأحس. فإذا كانت الروح [أي في المنام] تتألم وتتنعم ويصل ذلك إلى بدنها بطريق الاستتباع، فهكذا في البرزخ بل أعظم فإن تجرد الروح هنالك أكمل وأقوى وهى متعلقة ببدنها لم تنقطع عنه كل الانقطاع. فإذا كان يوم حشر الأجساد وقيام الناس من قبورهم، صار الحكم والنعيم والعذاب على الأرواح والأجساد ظاهرا باديا أصلا" (Ar-Rûh, pp. 60-61).
Or encore, Dieu a doté la Création de multiples dimensions, et l'une d'elles est celle où les actions que l'on fait prennent forme. C'est ce que Shâh Waliyyullâh a nommé "'âlam ul-mithâl" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/51-56). C'est pourquoi le dormeur voit parfois en rêve la représentation d'un acte, vertueux ou mauvais. Umm al-'Alâ vint ainsi raconter au Prophète qu'elle avait vu en rêve que 'Uthmân ibn Maz'ûn, décédé, avait une source qui coulait. Le Prophète dit : "C'est son action qui continue pour lui" (al-Bukhârî, n° 6615). 'Uthmân avait fait un acte vertueux dont les effets continuent sur terre après la mort (voir Fat'h ul-bârî, commentaire de ce Hadîth).
Il y a également le fait que l'âme du dormeur s'étant rendue dans une autre dimension du Réel peut y rencontrer ceux qui évoluent dans cette dimension : les anges. Cela est arrivé à Abdullâh ibn Omar : "فلما اضطجعت ذات ليلة قلت: اللهم إن كنت تعلم في خيرا فأرني رؤيا. فبينما أنا كذلك إذ جاءني ملكان، في يد كل واحد منهما مقمعة من حديد، يقبلان بي إلى جهنم، وأنا بينهما أدعو الله: اللهم إني أعوذ بك من جهنم، ثم أراني لقيني ملك في يده مقمعة من حديد، فقال: لن تراع، نعم الرجل أنت، لو كنت تكثر الصلاة" (al-Bukhârî, n° 6625 etc., Muslim, n° 2479).
Il y a encore le fait de rencontrer, en rêve, l'âme d'un défunt et de converser avec lui. Cela relève du monde du Barzakh.
Ainsi, quand le Prophète émigra à Médine, at-Tufayl et un autre homme de son peuple, tous deux musulmans, y émigrèrent eux aussi. Ils supportèrent cependant mal le climat de Médine. L'homme tomba malade. Supportant mal les affres de la maladie, il prit des pointes coupantes et s'ouvrit les jointures des doigts, ce qui causa une hémorragie dont il mourut. Quelque temps après, at-Tufayl le vit en rêve et vit qu'il avait une apparence agréable mais qu'il avait les mains bandées. At-Tufayl lui dit : "Qu'est-ce que Dieu a décidé à ton sujet ? – Il m'a accordé Son pardon à cause du fait que j'avais émigré vers Son Prophète. – Comment se fait-il que je voie tes mains bandées ? – Il m'a été dit : "Nous n'allons pas restaurer chez toi ce que toi-même tu as gâché"." Ce rêve, at-Tufayl vint le raconter au Prophète. Celui-ci fit l'invocation suivante : "O Dieu, pardonne à ses mains aussi" : "عن جابر، أن الطفيل بن عمرو الدوسي أتى النبي صلى الله عليه وسلم، فقال: "يا رسول الله، هل لك في حصن حصين ومنعة؟" - قال: حصن كان لدوس في الجاهلية - فأبى ذلك النبي صلى الله عليه وسلم للذي ذخر الله للأنصار. فلما هاجر النبي صلى الله عليه وسلم إلى المدينة، هاجر إليه الطفيل بن عمرو، وهاجر معه رجل من قومه. فاجتووا المدينة. فمرض، فجزع، فأخذ مشاقص له، فقطع بها براجمه، فشخبت يداه حتى مات. فرآه الطفيل بن عمرو في منامه، فرآه وهيئته حسنة، ورآه مغطيا يديه، فقال له: "ما صنع بك ربك؟" فقال: "غفر لي بهجرتي إلى نبيه صلى الله عليه وسلم." فقال: "ما لي أراك مغطيا يديك؟" قال: "قيل لي: لن نصلح منك ما أفسدت." فقصها الطفيل على رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "اللهم وليديه فاغفر" (Muslim, n° 116).
Quelqu'un a même vu Abû Lahab en rêve après sa mort et lui a demandé dans quelle situation il se trouvait : "عن الزهري، قال: أخبرني عروة بن الزبير، أن زينب بنت أبي سلمة أخبرته: أن أم حبيبة بنت أبي سفيان، أخبرتها: أنها قالت: يا رسول الله، انكح أختي بنت أبي سفيان، فقال: "أوتحبين ذلك؟" فقلت: "نعم، لست لك بمخلية، وأحب من شاركني في خير أختي." فقال النبي صلى الله عليه وسلم: "إن ذلك لا يحل لي". قلت: فإنا نحدث أنك تريد أن تنكح بنت أبي سلمة؟ قال: "بنت أم سلمة؟" قلت: نعم، فقال: "لو أنها لم تكن ربيبتي في حجري ما حلت لي، إنها لابنة أخي من الرضاعة، أرضعتني وأبا سلمة ثويبة. فلا تعرضن علي بناتكن ولا أخواتكن." قال عروة: "وثويبة مولاة لأبي لهب: كان أبو لهب أعتقها، فأرضعت النبي صلى الله عليه وسلم. فلما مات أبو لهب أريه بعض أهله بشر حيبة، قال له: ماذا لقيت؟ قال أبو لهب: لم ألق بعدكم غير أني سقيت في هذه بعتاقتي ثويبة" (al-Bukhârî, n° 4813).
Le Prophète avait, un matin, raconté à ses Compagnons avoir fait un rêve où il avait vu deux anges l'emmener avec eux et où, au cours d'un voyage, il avait vu différentes personnes subir différents types de punitions : il y avait celui qui, durant sa vie, prêtait à intérêt, celui qui, durant sa vie, faisait courir des fausses rumeurs, etc. (al-Bukhârî, n° 1320 etc.).
Et se peut-il qu'en rêve, on rencontre et on parle avec l'âme d'un autre vivant ? Dans ce cas, est-il alors nécessaire que cet autre vivant soit lui aussi endormi ? Ibn ul-Qayyim a fait allusion à ce cas de figure, mais n'a rien tranché (Ar-Rûh, p. 31) ; il écrit aussi : "السابع عشر ما رواه النسائي حدثنا أبو داود عن عفان عن حماد عن أبى جعفر عن عمارة بن خزيمة أن أباه قال: رأيت في المنام كأني أسجد على جبهة النبي، فأخبرته بذلك، فقال: "إن الروح ليلقى الروح"، فأقنع رسول الله هكذا - قال عفان برأسه إلى حلقه - فوضع جبهته على جبهة النبي. فأخبر أن الأرواح تتلاقى في المنام. وقد تقدم قول ابن عباس: "تلتقي أرواح الأحياء والأموات في المنام فيتساءلون بينهم، فيمسك الله أرواح الموتى" (Ar-Rûh, p. 173). Ce hadîth, rapporté par Ahmad (21878) et an-Nassâ'ï dans Al-Kub'râ (7584), est cependant dha'îf d'après certains spécialistes.
En tous cas, le hadîth : "Qui me voit en rêve, me verra bientôt en état de veille ; et le diable ne peut pas prendre ma forme" : "عن أبي هريرة، قال: سمعت النبي صلى الله عليه وسلم يقول: "من رآني في المنام فسيراني في اليقظة، ولا يتمثل الشيطان بي" (al-Bukhârî, n° 6592), certains ulémas l'ont compris comme se rapportant uniquement aux gens de l'époque dans laquelle le Prophète vivait : eux, s'ils apportent foi en le Prophète avant de l'avoir rencontré, puis le voient en rêve, ce hadîth leur donne la bonne nouvelle qu'ils le rencontreront avant leur décès et le décès du Prophète (FB 12/482) ; cette interprétation implique (mais cela si on retient également l'avis qui dit que ce n'est pas la représentation - مثاله - mais le réel du Prophète - حقيقته - que le dormeur voit) que l'âme du dormeur a alors rencontré l'âme du Prophète, pendant que les deux étaient vivants.
Enfin, il arrive parfois à certaines personnes que leur âme, pendant leur sommeil, voit certaines de ces choses allant se dérouler dans le futur. C'est l'ange en charge des rêves qui les lui fait voir sous une forme représentée, ou bien c'est un message en provenance de Dieu directement. C'est là l'explication des rêves prémonitoires. Ainsi, Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) a vu en rêve qu'un coq le becquetait par trois fois : il en déduisit que cela signifiait que sa mort était devenue proche : "عن معدان بن أبي طلحة، أن عمر بن الخطاب، خطب يوم الجمعة، فذكر نبي الله صلى الله عليه وسلم، وذكر أبا بكر قال: "إني رأيت كأن ديكا نقرني ثلاث نقرات، وإني لا أراه إلا حضور أجلي. وإن أقواما" (Muslim, n° 567). Le Prophète a pour sa part vu en rêve l'apparition des deux imposteurs (comme nous l'avons vu plus haut). Il a aussi vu un rêve, alors qu'il était encore à La Mecque, qu'il émigrait vers une terre où se trouvaient des dattiers, mais il avait cru qu'il s'agissait de la ville de al-Yamâma ou de celle de Hajar ; les faits lui montrèrent ensuite qu'il était en fait question de la ville de Yathrib, celle qui devait ensuite s'appeler Médine (rapporté par al-Bukhârî et Muslim).
(Il est même arrivé que ce soit en état de veille - mais cela constitue un miracle - que le Prophète Muhammad (sur lui la paix) ait vu certaines des choses de ce monde de la représentation : "Voyez-vous ce que je vois ? Je vois les troubles (fitan) tomber dans vos maisons comme la pluie" (rapporté par al-Bukhârî et Muslim).)
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(Ibn ul-Qayyim a écrit que ce que l'âme du défunt voit et expérimente, cela est beaucoup plus accentué que ce que l'âme du dormeur voit et expérimente : "والذي كان لرسول الله صلى الله عليه وسلم ليلة الإسراء أكمل مما يحصل للروح عند المفارقة. ومعلوم أن هذا أمر فوق ما يراه النائم" : Zâd ul-ma'âd, 3/40-41.)
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On dit que le rêve véridique est une partie du prophétat. Pourtant, des non-prophètes aussi, et parfois même des incroyants, font eux aussi des rêves véridiques...
En fait chaque rêve de tout prophète est toujours véridique.
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Pour ce qui est des rêves des gens pieux non-prophètes, ils sont souvent - mais pas toujours - véridiques (Faydh ul-Qadîr, al-Munâwî : nous verrons son écrit plus bas).
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Quant à quelqu'un qui est fâssiq, voire kâfir, parfois un rêve véridique lui est également accordé ; ce fut le cas du roi d'Egypte de l'époque du prophète Joseph, ainsi que les deux compagnons de prison de ce dernier.
Al-Bukhârî écrit ainsi : "باب رؤيا أهل السجون والفساد والشرك لقوله تعالى: {ودخل معه السجن فتيان قال أحدهما إني أراني أعصر خمرا وقال الآخر إني أراني أحمل فوق رأسي خبزا تأكل الطير منه نبئنا بتأويله إنا نراك من المحسنين (...). وقال الملك إني أرى سبع بقرات سمان يأكلهن سبع عجاف وسبع سنبلات خضر وأخر يابسات يا أيها الملأ أفتوني في رؤياي إن كنتم للرؤيا تعبرون" (Al-Jâmi' us-Sahîh).
En fait le rêve véridique (type 3) est de plusieurs sous-types, comme l'a écrit Ibn ul-Qayyim :
"والرؤيا الصحيحة أقسام.
منها إلهام يلقيه الله سبحانه في قلب العبد وهو كلام يكلم به الرب عبده في المنام كما قال عبادة بن الصامت وغيره.
ومنها مثل يضربه له ملك الرؤيا الموكل بها.
ومنها التقاء روح النائم بأرواح الموتى من أهله وأقاربه وأصحابه وغيرهم كما ذكرنا.
ومنها عروج روحه إلى الله سبحانه وخطابها له.
ومنها دخول روحه إلى الجنة ومشاهدتها وغير ذلك" (Ar-Rûh, p. 29).
Puis : "ومن قائل أن الرؤيا أمثال مضروبة يضربها الله للعبد بحسب استعداده الفه على يد ملك الرؤيا؛ فمرة يكون مثلا مضروبا؛ ومرة يكون نفسَ ما رآه الرائى [في منامه] فيطابق الواقع، مطابقةَ العلم لمعلومه. وهذا أقرب من القولين قبله، ولكن الرؤيا ليست مقصورة عليه، بل لها أسباب أخر - كما تقدم - من: ملاقاة الأرواح وأخبار بعضها بعضا، ومن إلقاء الملك الذي في القلب والروع، ومن رؤية الروح للأشياء مكافحة بلا واسطة" (Ibid., p. 30).
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Il existe donc les sous-types suivants du "rêve véridique", selon les causes de celui-ci :
– 3.1) le fait que l'âme du dormeur voyage et voit des choses de ce monde ;
– 3.1') le fait que l'âme du dormeur voyage et visite des réalités de l'autre monde ;
– 3.2) le fait que l'âme du dormeur rencontre une autre âme et lui parle ;
– 3.2') le fait que l'âme du dormeur rencontre l'âme d'un défunt et lui parle ;
– 3.3) la parabole que l'ange en charge des rêves fait voir au dormeur ;
– 3.4) l'inspiration que Dieu Lui-même place dans le cœur du dormeur : c'est une forme de Parole de Dieu ;
– 3.5) le fait que l'âme du dormeur se soit élevée vers Dieu, et qu'elle Lui ait parlé : c'est aussi une Parole de Dieu.
(Ces 5 sous-types sont bien de Ibn ul-Qayyim, mais l'ordre de sa citation est différent de celui exposé ici.)
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Le rêve prémonitoire que le roi d'Egypte fit (il était alors incroyant) releva du sous-type 3.1' ou 3.3.
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La "bonne nouvelle qui est vue en rêve", évoquée dans certains hadîths, relève pour sa part du sous-type 3.3, et constitue en fait : une "bonne nouvelle quant au statut d'"aimée" que la personne a auprès de Dieu". "قال: وكان يقال: "الرؤيا ثلاث: حديث النفس، وتخويف الشيطان، وبشرى من الله، فمن رأى شيئا يكرهه فلا يقصه على أحد وليقم فليصل" (al-Bukhârî, n° 6614) ; "عن أبي هريرة قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم، يقول: "لم يبق من النبوة إلا المبشرات". قالوا: وما المبشرات؟ قال: "الرؤيا الصالحة" (al-Bukhârî, n° 6589) ; "عن ابن عباس، قال: كشف رسول الله صلى الله عليه وسلم الستارة والناس صفوف خلف أبي بكر، فقال: "أيها الناس، إنه لم يبق من مبشرات النبوة إلا الرؤيا الصالحة، يراها المسلم أو ترى له. ألا وإني نهيت أن أقرأ القرآن راكعا أو ساجدا، فأما الركوع فعظموا فيه الرب عز وجل، وأما السجود فاجتهدوا في الدعاء، فقمن أن يستجاب لكم" (Muslim, n° 479).
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Le rêve bon constitue 1/46ème du prophétat : "عن أبي سعيد الخدري: أنه سمع رسول الله صلى الله عليه وسلم، يقول: "الرؤيا الصالحة جزء من ستة وأربعين جزءا من النبوة" (al-Bukhârî, 6588, Muslim, 2263) (d'autres versions de ce hadîth existent qui sont rapportées par al-Bukhârî et Muslim sur la foi de plus d'un Compagnon). Mais bénéficier de ce qui constitue un élément (juz') du "prophétat" (an-nubuwwa) ne confère pas à la personne le qualificatif de "prophète" : pour bénéficier de ce qualificatif, il faut posséder tout ce qui constitue la base du prophétat (an-nubuwwa).
Cela est comparable à la foi : elle a un minimum (asl ul-îmân) et une perfection (kamâl ul-îmân). Quant à ceux qui possèdent seulement un élément parmi les éléments constitutifs de ce minimum (juz' min asl il-îmân) et non pas tous les éléments qui constituent ce minimum (par exemple ils croient déjà en l'existence de Dieu mais pas en Son Unicité, ou bien ils croient en l'Unicité de Dieu mais rejettent le prophétat de l'un de Ses Messagers), ceux-là ne sont pas porteurs du qualificatif "croyant".
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As-Sindî écrit : "La véracité du rêve se produit parfois pour un non-prophète également ; et cela ne relève (alors) pas des miracles. L'indication que le (rêve véridique) donne du prophétat est donc subtile [= pas évidente]. Que l'on réfléchisse donc (à cela)" : "قلت: صدق الرؤيا قد يتحقق لغير نبي أيضا، وليس من الخوارق؛ فدلالته على النبوة خفية. فليتأمل" (Hâshiyat us-Sindî 'alâ Sunan in-Nassâ'ï, tome 6 p. 4).
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En fait c'est le caractère systématique de la véracité du rêve qui constitue un signe du prophétat.
Et c'est ce caractère systématique qui est spécifique aux prophètes de Dieu (anbiyâ').
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Al-Munâwî écrit ainsi : "وقد يرى الصالح بل والفاسق والكافر الرؤيا الصادقة لكن نادرا، لكثرة تمكن الشيطان منه، بخلاف عكسه. وحينئذ فالناس ثلاثة أقسام: الأنبياء، ورؤياهم كلها صدق، وقد يكون فيها ما يحتاج إلى التعبير؛ والصالحون، والأغلب على رؤياهم الصدق، وقد يقع فيها ما لا يحتاج إلى التعبير؛ ومن سواهم، في رؤياهم الصدق والأضغاث؛ وهم ثلاثة أقسام: مستورون، والغالب استواء الحال في حقهم؛ وفسقة، والغالب على رؤياهم الأضغاث، ويقل فيهم الصدق؛ وكفار، ويندر في رؤياهم الصدق؛ قاله المهلب. قال القرطبي: وقد وقع لبعض الكفار منامات صحيحة صادقة، كمنام الملك الذي رأى سبع بقرات، ومنام عاتكة عمة النبي صلى الله عليه وآله وسلم وهي كافرة، ونحوه كثير؛ لكنه قليل؛ وقد يرى الصالح أضغاث الأحلام" (Faydh ul-Qadîr, commentaire sur 4391).
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Un hadîth dit : "Le rêve véridique provient de Dieu, et le cauchemar provient du Diable", "عن أبي قتادة، عن النبي صلى الله عليه وسلم، قال: "الرؤيا الصادقة من الله، والحلم من الشيطان" (al-Bukhârî, n° 6583). Cela ne signifie pas que ce ne serait pas Dieu qui crée le cauchemar d'effroi, ni que ce ne serait pas Dieu qui a voulu (irâda takwîniyya) que ce cauchemar se soit produit. Cela signifie seulement que le rêve véridique est une faveur accordée par Dieu au dormeur : ce dernier :
--- voit ainsi des choses réelles (cas 3.1, 3.1', 3.2 et 3.2') ;
--- parfois même : reçoit un message en provenance de l'ange étant en charge des rêves (cas 3.3) ;
--- voire : reçoit un message provenant de Dieu Lui-même (cas 3.4 et 3.5).
Cela contrairement au cauchemar d'effroi, qui est pour sa part un message jeté dans l'âme du dormeur par le Diable, afin de le tourmenter.
Cela est comparable au hadîth suivant, qui oppose éternuement et bâillement : "عن أبي هريرة، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: " العطاس من الله، والتثاؤب من الشيطان؛ فإذا تثاءب أحدكم فليضع يده على فيه؛ وإذا قال "آه آه" فإن الشيطان يضحك من جوفه. وإن الله يحب العطاس ويكره التثاؤب؛ فإذا قال الرجل "آه آه" إذا تثاءب، فإن الشيطان يضحك في جوفه" (at-Tirmidhî, 2746). Le premier est une faveur de la part de Dieu [le hadîth ne parle pas de l'éternuement dû à un refroidissement ou autre maladie, mais de l'éternuement occasionnel, lequel remet la personne en forme] ; tandis que le bâillement est causé par la paresse, qui contente le Diable.
De même qu'à cet autre hadîth, qui oppose l'agir avec prise de temps, et l'agir dans la précipitation : "عن سهل بن سعد الساعدي قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "الأناة من الله، والعجلة من الشيطان" (at-Tirmidhî, 2012, dha'îf d'après al-Albânî).
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L'interprétation des rêves :
L'interprétation des rêves est une science, et le Prophète (sur lui soit la paix) a dit qu'il ne fallait pas interpréter les rêves n'importe comment (voir Fat'h ul-bârî, 12/539-541).
Seul le "rêve véridique" présente un intérêt par rapport à l'interprétation dont nous parlons ici.
Il y a ici 2 cas de figure relatifs au rêve véridique :
– soit le rêve est à comprendre en son sens immédiat, car ce que Dieu a fait voir au rêveur est, en son sens propre (معناه الحقيقيّ), ce qui est visé ;
– soit le rêve est à comprendre en son sens symbolique, car ce que Dieu a fait voir au rêveur n'est en fait que le symbole d'autre chose (مثل مضروب), qui, lui, en est le sens visé.
"ومن قائل أن الرؤيا أمثال مضروبة يضربها الله للعبد بحسب استعداده الفه على يد ملك الرؤيا؛ فمرة يكون مثلا مضروبا؛ ومرة يكون نفسَ ما رآه الرائى [في منامه] فيطابق الواقع، مطابقةَ العلم لمعلومه" (Ar-Rûh, p. 30).
Dans ce second cas, l'interprétation relève de la compréhension du symbolisme : quelle chose vue dans le rêve représente quoi ?
Certains symbolismes sont universels, tandis que d'autres sont régionaux, liés aux cultures (voir Hujjat ullâh il-bâligha, tome 1 p. 263).
Ibn ul-'Arabî écrit à ce sujet : "قد بينا في كتب الأصول والحديث حقيقة الرؤيا، وقد قدمنا في هذا الكتاب نبذة منها، وأن الباري تبارك وتعالى يضربها للناس، ولها أسماء وكنى؛ فمنها رؤيا تخرج بصفتها؛ ومنها رؤيا تخرج بتأويلها وهو كنيتها. وفي صحيح الحديث أن النبي صلى الله عليه وسلم قال لعائشة: "أريتك في سرقة من حرير. فقال الملك: هذه زوجك، فاكشف عنها، فإذا هي أنت. فقلت: "إن يك هذا من عند الله يمضه"". ولم يشك صلى الله عليه وسلم فيه لقوله: "فقال لي الملك"، ولا يقول الملك إلا حقا. ولكن الأمر احتمل عند النبي صلى الله عليه وسلم أن تكون الرؤيا باسمها أو تكون بكنيتها؛ فإن كانت باسمها فتكون هي الزوجة، وإن كانت الرؤيا مكناة فتكون في أختها أو قرابتها أو جارتها أو من يسمى باسمها أو غير ذلك من وجوه التشبيهات فيها. وهذا أصل تقرر في الباب فليحفظ وليحصل، فإنه أصله. (...) فقال إبراهيم لابنه: "رأيت أني أذبحك في المنام"، فأخذ الوالد والولد الرؤيا بظاهرها واسمها، وقال له: "افعل ما تؤمر" (إذ هو أمر من قبل الله تعالى، لأنهما علما أن رؤيا الأنبياء وحي الله)، واستسلما لقضاء الله (هذا في قرة عينه، وهذا في نفسه)، أعطي ذبحا فداء وقيل له: "هذا فداؤك"، فامتثل فيه ما رأيت، فإنه حقيقة ما خاطبناك فيه، وهو كناية لا اسم؛ وجعله مصدقا للرؤيا بمبادرته الامتثال. فإنه لا بد من اعتقاد الوجوب والتهيؤ للعمل؛ فلما اعتقدا الوجوب وتهيآ للعمل (هذا بصورة الذابح، وهذا بصورة المذبوح)، أعطي محلا للذبح فداء عن ذلك المرئي في المنام، يقع موضعه برسم الكناية وإظهار الحق الموعود فيه" (Ahkâm ul-qur'ân 4/32).
--- Il est arrivé que, un certain rêve qu'il a fait, le Prophète (sur lui soit la paix) l'a appréhendé en son sens propre, mais c'est la détermination de ce qu'il concernait qui a fait l'objet de son ijtihâd. Ainsi, il avait vu qu'il émigrait dans une palmeraie : il a bien considéré cela comme désignant un lieu où il y a de nombreux dattiers ; cependant, il a alors pensé qu'il s'agissait peut-être de la ville de al-Yamâmâ, ou celle de Hajar ; ensuite, [suite à ce qu'il a constaté dans le réel] il a compris qu'il s'agissait en fait de la cité de Yathrib : "عن أبي موسى، أراه، عن النبي صلى الله عليه وسلم، قال: "رأيت في المنام أني أهاجر من مكة إلى أرض بها نخل، فذهب وهلي إلى أنها اليمامة أو هجر، فإذا هي المدينة يثرب" (al-Bukhârî, n° 3425, Muslim, n° 2272).
--- Voici maintenant un cas où ce n'est pas le réel de ce qui y a été montré en rêve qui était voulu, mais son sens figuré : nous l'avons vu plus haut, le Prophète (sur lui soit la paix) a relaté : "Alors que je dormais, (…), j'ai vu qu'on a placé devant moi deux bracelets en or ; cela m'a été déplaisant. On m'a donné la permission de souffler sur eux ; je l'ai fait et ils se sont envolés." Le Prophète a ensuite interprété ce rêve comme étant l'annonciation des deux imposteurs qui devaient apparaître de son vivant [l'un au Yémen et l'autre à al-Yamama] : "عن أبي هريرة رضي الله عنه، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "بينا أنا نائم أتيت بخزائن الأرض، فوضع في كفي سواران من ذهب، فكبرا علي، فأوحى الله إلي أن انفخهما، فنفختهما فذهبا. فأولتهما الكذابين اللذين أنا بينهما، صاحب صنعاء، وصاحب اليمامة" (al-Bukhârî, n° 4116, Muslim, n° 2274).
--- Un autre cas où ce n'est pas le réel de ce qui y a été montré en rêve qui était voulu, mais son sens figuré : en rêve le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) a vu Jésus fils de Marie, mais aussi le faux Messie, ad-Dajjâl, tourner autour de la Kaaba : "عن نافع، قال عبد الله: ذكر النبي صلى الله عليه وسلم، يوما بين ظهري الناس المسيح الدجال، فقال: "إن الله ليس بأعور، ألا إن المسيح الدجال أعور العين اليمنى، كأن عينه عنبة طافية. وأراني الليلة عند الكعبة في المنام، فإذا رجل آدم، كأحسن ما يرى من أدم الرجال تضرب لمته بين منكبيه، رجل الشعر، يقطر رأسه ماء، واضعا يديه على منكبي رجلين وهو يطوف بالبيت، فقلت: من هذا؟ فقالوا: هذا المسيح ابن مريم. ثم رأيت رجلا وراءه جعدا قططا أعور العين اليمنى، كأشبه من رأيت بابن قطن، واضعا يديه على منكبي رجل يطوف بالبيت، فقلت: من هذا؟ قالوا: المسيح الدجال" (al-Bukhârî, n° 3256, Muslim, n° 169). Or, dans le réel ad-Dajjâl n'a pas la possibilité d'entrer à La Mecque (les hadîths sont bien connus).
En fait, ici, il s'est agi de tourner autour du Dîn pour le détruire : "طواف الدجال عند الكعبة مع أنه كافر، مؤول بأن رؤيا النبي صلى الله عليه وسلم من مكاشفاته، كوشف بأن عيسى عليه السلام في صورته الحسنة التي ينزل عليها يطوف حول الدين لإقامة أوده وإصلاح فساده، وأن الدجال في صورته الكريهة التي ستظهر يطوف حول الدين يبغي العوج والفساد" (Shar'h ut-Tîbî 'alâ mishkât il-massâbîh) ; "وقال التوربشتي رحمه الله: طواف الدجال عند الكعبة مع أنه كافر مؤول بأن رؤيا النبي - صلى الله تعالى عليه وسلم - من مكاشفاته، كوشف بأن عيسى - عليه الصلاة والسلام - في صورته الحسنة التي ينزل عليها يطوف حول الدين لإقامة أوده وإصلاح فساده، وأن الدجال في صورته الكريهة التي ستظهر يدول حول الدين يبغي العوج والفساد" (Mirqât ul-mafâtîh).
--- Omar ibn ul-Khattâb a vu en rêve qu'un coq le becquetait par trois fois : il en déduit que cela signifiait que sa mort était devenue proche [ce fut donc son sens figuré] : "عن معدان بن أبي طلحة، أن عمر بن الخطاب، خطب يوم الجمعة، فذكر نبي الله صلى الله عليه وسلم، وذكر أبا بكر قال: "إني رأيت كأن ديكا نقرني ثلاث نقرات، وإني لا أراه إلا حضور أجلي. وإن أقواما" (Muslim, 567).
--- En commentaire du hadîth où le Prophète a relaté s'être vu en rêve dans le paradis, et y avoir vu une femme (se trouvant à côté d'un palais), faire les ablutions, Ibn Hajar relate les deux possibilités : l'appréhender en son sens propre, comme en son sens figuré ("faire les ablutions rituelles" signifiant alors : "être pure de corps et de coeur") : "وقال الكرماني: "تتوضأ": من الوضاءة وهي النظافة والحسن؛ ويحتمل أن يكون من الوضوء، ولا يمنع من ذلك كون الجنة ليست دار تكليف لجواز أن يكون على غير وجه التكليف. قلت: ويحتمل أن لا يراد وقوع الوضوء منها حقيقة لكونه مناما فيكون مثالا لحالة المرأة المذكورة؛ وقد تقدم في المناقب أنها أم سليم وكانت في قيد الحياة حينئذ فرآها النبي صلى الله عليه وسلم في الجنة إلى جانب قصر عمر، فيكون تعبيره بأنها من أهل الجنة لقول الجمهور من أهل التعبير أن من رأى أنه دخل الجنة أنه يدخلها، فكيف إذا كان الرائي لذلك أصدق الخلق؛ وأما وضوؤها فيعبر بنظافتها حسا ومعنى وطهارتها جسما وحكما؛ وأما كونها إلى جانب قصر عمر ففيه إشارة إلى أنها تدرك خلافته، وكان كذلك. ولا يعارض هذا ما تقدم في صفة الجنة من بدء الخلق من أن رؤيا الأنبياء حق والاستدلال على ذلك بغيرة عمر، لأنه لا يلزم من كون المنام على ظاهره أن لا يكون بعضه يفتقر إلى تعبير؛ فإن رؤيا الأنبياء حق يعني ليست من الأضغاث، سواء كانت على حقيقتها أو مثالا والله أعلم" (Fat'h ul-bârî, 12/519-520).
--- En l'an 3 de l'hégire, lorsque les Mecquois étaient sur le point d'arriver aux portes de Médine, le Prophète (sur lui soit la paix) consulta (mashûra) ses Compagnons quant à ce qu'il fallait faire. Il présenta la préférence (ruj'hân) qu'il avait : ne pas aller rencontrer l'ennemi mais la protéger ville en se barricadant. C'était ainsi qu'il voulait empêcher l'invasion. Il avait vu en rêve que c'est comme s'il se trouvait dans une armure solide et avait vu des bovins être égorgés. Et il interprétait donc l'armure comme représentant Médine (Fat'h ul-bârî 13/417). L'avis qu'il émettait lors de cette consultation (mashûra) était donc la tarjîh de se barricader à Médine et d'attendre que l'ennemi s'en aille.
- Mais un grand nombre de Compagnons (surtout ceux qui n'avaient pas participé à Badr l'an précédent) insistèrent pour aller à la rencontre de l'ennemi et lui livrer bataille.
- Suite à l'insistance de ces hommes, et vu que c'était une consultation (mashûra), le Prophète délaissa l'application de sa tarjîh pour appliquer l'avis de ce grand nombre de personnes. Il rentra donc chez lui pour se préparer et revêtir sa tenue (voir Zâd ul-ma'âd 3/193).
- Entre-temps, ces Compagnons regrettèrent d'avoir contredit ce que le Prophète jugeait plus sage, et, quand celui-ci ressortit de chez lui, ils lui dirent : "Messager de Dieu, reste [= restons ici] ! Car l'avis à retenir est ton avis !" (FB 13/417).
- Mais le Prophète leur dit alors que, une fois que le dirigeant avait pris la décision d'avoir recours (pour repousser l'attaquant) à l'option de la rencontre avec celui-ci et qu'il avait revêtu la tenue appropriée, il n'était plus possible, shar'an, de revenir à l'autre option : se barricader et attendre que l'attaquant s'en aille. En fait cela était comparable au fait qu'une personne sur qui le pèlerinage n'était pas obligatoire, une fois qu'elle a fait l'intention d'aller en pèlerinage et a revêtu la tenue appropriée, il ne lui est plus possible de revenir en arrière (Zâd ul-ma'âd 3/211, Majmû' ul-fatâwâ 14/251).
On voit ici le Prophète appliquer le contraire de l'avis pour lequel il avait du tarjîh.
Et s'il put le faire bien que cet avis s'appuyait sur son rêve suscité, c'est parce que cet avis reposait sur en fait son interprétation du rêve qu'il avait fait : si son rêve était certain, l'interprétation - ta'bîr - qu'il faisait de celui-ci était pour sa part zannî : son rêve était qat'iyy uth-thubût, mais zanniyy ud-dalâla.
L'autre avis, d'une part, "tenait lui aussi la route" (bien que marjûh dans son esprit à lui), et, d'autre part, était celui d'un grand nombre de ses hommes.
Le Prophète appliqua alors cet autre avis, parce que c'est ainsi que doit être le bon chef lors d'une consultation.
Ici, ce fut donc li 'âridh ("tenir compte du souhait de ses hommes") qu'il abandonna l'application de l'avis qui lui paraissait râjih, et qu'il adopta le tarjîh de ce que ces Compagnons lui proposèrent. Par la suite il ne put plus adopter son premier avis, auquel ses Compagnons étaient revenus, parce que cela aurait, cette fois, contredit une règle ta'abbudî.
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Le fait de voir en rêve le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) :
Lire à ce sujet notre article : Voir le Prophète (sur lui soit la paix) en rêve.
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Peut-on voir en rêve Dieu (Exalté) ?
Lire, au sein de notre article : Est-il possible, en ce monde, de voir Dieu ?, la partie consacrée à ce point.
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Avertissement :
Que certains rêves soient véridiques ne devrait pas pousser des musulmans et musulmanes à accorder une importance excessive aux rêves ; il en est ainsi qui considèrent chacun de leurs rêves comme étant "véridique" (prémonitoire ou autre), qui vivent ainsi dans un monde quasi-virtuel et qui parfois s'angoissent pour des causes bien légères.
Wallâhu a'lam (Dieu sait mieux).