On entend de nombreuses voix occidentales appeler, au nom du fait que les pays du monde sont aujourd'hui signataires de traités de non-agrandissement de leur territoire par la guerre (comme cela se faisait naguère), à éviter des causes de conflit ; cela passe, disent ces voix, par l'instauration d'un dialogue entre les différentes civilisations, et notamment entre l'Occident et l'Islam.
On peut cependant se demander s'il s'agit réellement d'une volonté d'instaurer le dialogue ou bien plutôt d'un beau mot. En effet, est-on prêt, en Occident, à accepter que, par rapport à son modèle, la civilisation musulmane garde des différences ?
Si la réponse est "non", alors il faut reconnaître que le dialogue est impossible.
Si par contre la réponse est "oui", alors il faut comprendre que cela devrait entraîner les points suivants :
1) d'abord la conviction que la terre est un village planétaire où les décisions mises en place en un lieu ont des retombées universelles ;
2) puis le sentiment réel – et non pas feint – d'appartenir à un même genre – la famille humaine – au-delà de nos différences de couleur de peaux et d'yeux, de langues et de civilisations ;
3) ensuite la reconnaissance du fait qu'il existe une différence entre "modernisation" et "occidentalisation", et que le modèle occidental n'est pas le seul modèle qui puisse offrir aux hommes des droits et une vie dans la justice, la liberté et le bonheur ;
4) la compréhension du fait que tout ce qui ne se fait pas comme l'Occident ne se fait pas forcément contre lui : les populations majoritairement musulmanes ne veulent pas un modèle qui soit en réaction contre l'Occident, elles veulent être fidèles à leurs sources (al-assâlah) et y puiser les principes qu'elles appliqueront en tenant compte de la contemporanétié (al-mu'âssarah). La différence est de taille !
Ces points se devraient d'être aujourd'hui appliqués autrement que sur les pages des discours officiels. Autrement, tous les appels à "la coexistence pacifique" ne seront jamais plus que de belles paroles et de beaux textes, puisque dans les faits il n'y aura jamais concrètement le droit de la civilisation musulmane à exister sur terre, à établir les objectifs qui lui sont propres et à choisir, parmi tous les moyens modernes permettant d'atteindre ces objectifs, ceux qui sont conformes à son éthique...
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).