Question :
J'étais en débat avec un athée, et nous sommes arrivés à parler de la polygamie. Il ne comprenait pas plusieurs points. Il m'a affirmé les points suivants :
"La polygamie montre le manque d'équité de l'islam : l'homme a le droit de se marier avec plusieurs épouses, alors que la femme, elle, n'a pas le droit de prendre plusieurs maris."
"Et puis, dans l'islam, qui est-ce qui choisit ? Est-ce l'homme qui se choisit une femme, ou bien la femme qui se choisit un homme ? Quand l'homme a le droit d'avoir plusieurs femmes mais la femme ne peut avoir plusieurs maris, je ne suis pas certain que la femme ait le droit de se choisir un mari".
"De plus, comme le mari polygame ne doit pas avoir des relations intimes avec toutes ses épouses en même temps, il y a en a forcément un bon nombre qui devront accepter que leur mari n'est pas vierge lors de leurs première relation sexuelle."
Que répondriez-vous à ces questions ?
-
Réponse :
Qu'un homme ait plusieurs épouses, cela s'appelle en fait la polygynie (qui est une des formes de la polygamie). Et qu'une femme ait plusieurs maris, cela s'appelle la polyandrie (qui est une autre forme de polygamie).
Nous allons, s'il plaît à Dieu, traiter ces 4 points un par un...
-
1) "D'après l'islam, qui est-ce qui choisit ? Est-ce l'homme qui se choisit une femme, ou bien la femme qui se choisit un homme ?"
Ils se choisissent tous les deux, puisque si l'homme peut proposer le mariage à une femme, la femme peut tout à fait proposer le mariage à un homme, comme cela est bien connu de la femme étant venue se proposer en mariage à l'époque du Prophète (sur lui la paix) (rapporté par al-Bukhârî). De plus, il faut ajouter que, En effet, d'après l'avis qui semble juste (assahh), en islam, le père ne peut contraindre sa fille à se marier avec quelqu'un si celle-ci n'est pas consentante. Et ce même si cette fille n'avait jamais été mariée auparavant ("bikr bâligha"). Deux cas sont ainsi rapportés qui montrent deux femmes venir se plaindre au Prophète (sur lui la paix) du fait que leur père les avait mariées contre leur gré : l'une de ces femmes avait, auparavant, déjà eu un autre mari, l'autre n'avait jamais été mariée avant cela (elle était donc bikr bâligha). Dans les deux cas le Prophète leur donna le choix d'annuler le mariage. (Le premier cas est rapporté par al-Bukhârî, n° 4845, ainsi que par Abû Dâoûd ; le deuxième est rapporté par Abû Dâoûd, n° 2096, et a été authentifié par Ahmad Shâkir et al-Albânî.) Al-Bukhârî lui-même est de cet avis, qui écrit : "باب لا ينكح الأب وغيره البكر والثيب إلا برضاها" (Al-Jâmi' us-sahîh, kitâb un-nikâh, bâb n° 42 et n° 43).
-
2) "La polygamie entraîne le fait que le mari ne sera plus vierge au moment où ils se mariera avec une deuxième épouse" :
Mais, en islam, ce n'est pas un objectif institué qu'au moment de la première relation avec son partenaire légitime, on n'ait jamais eu de relation intime avec quelqu'un d'autre. Et cela est valable pour l'homme comme pour la femme. Car sinon cela voudrait dire que les femmes veuves et divorcées ne devraient plus jamais se remarier. Or ce n'est pas le cas. Le Prophète (sur lui la paix), pour ne prendre que cet exemple, n'a connu qu'une seule épouse vierge, toutes les autres étaient soit veuves soit divorcées.
Bien sûr, si un homme veut prendre pour épouse une demoiselle vierge, c'est son choix. Mais une femme peut aussi vouloir prendre comme époux un jeune homme qui n'avait jamais eu de relation intime auparavant.
Par contre ce qui est un objectif institué en islam c'est que, homme et femme, on doit s'abstenir des relations intimes en dehors du cadre autorisé (az-zinâ).
On pourrait me dire : oui, mais pour l'homme il n'y a rien de modifié, tandis que chez la femme il y a quelque chose de changé au niveau corporel interne.
Que pouvons-nous y faire, c'est une différence constitutionnelle qui existe entre hommes et femmes, comme la barbe, etc.
-
3) "Pourquoi le Coran a-t-il institué la polygynie ?"
Il faut savoir que ce n'est pas l'islam qui a inventé la polygynie. Elle existait déjà bien avant la révélation du Coran au Prophète Muhammad (sur lui la paix), et elle existe toujours aujourd'hui chez des gens qui ne se réfèrent aucunement à l'islam. Le cas des Mormons est bien connu aux Etats-Unis (vous avez d'ailleurs entendu parler comme moi du procès qui est fait actuellement outre-Atlantique à un Américain mormon époux de cinq femmes). De même, en Afrique, la polygamie est pratiquée chez des musulmans mais aussi chez des animistes. L'islam n'a donc pas inventé la polygynie.
Par contre oui, le Coran l'a autorisée, et il l'a limitée (4 épouses au maximum), de même qu'il y a institué des conditions, notamment celle-ci : l'homme doit être rigoureusement juste envers toutes ses épouses (sur le plan du partage des nuits à passer auprès de chaque épouse) et doit veiller à ce qu'aucune de ses épouses ne manque de quoi que ce soit quant à ses besoins habituels.
Pourquoi l'islam l'a-t-il quand même autorisée, me direz-vous ? Les règles de l'islam sont destinées à toute l'humanité, à toutes les époques jusqu'à la fin du monde, et donc à diverses circonstances. Or, voici un exemple où il vous apparaîtra facilement pourquoi l'islam a, dans le cadre des conditions citées ci-dessus, gardé permise la polygynie : en cas de guerre où un grand nombre d'hommes seraient morts, que faire ? Laisser un grand nombre de femmes sans mari ?
Enfin, il faut savoir qu'en islam, le mariage étant non pas un sacrement mais un contrat entre deux êtres consentants, il est certains mujtahids qui précisent qu'il est tout à fait possible que la femme stipule comme condition, lors de son mariage, que son mari ne prendra pas de deuxième épouse. Certaines autres conditions formulées à l'occasion du mariage ne sont pas certes valables (car contredisant l'objectif même du mariage – maqsûd ul-'aqd –, ou contredisant la règle de fonctionnement établie dans les sources – stipuler par exemple comme condition que c'est l'épouse qui surviendra aux besoins financiers du mari –) (lire notre article au sujet des conditions stipulées lors d'un contrat) ; cependant, d'après certains mujtahids, celle-ci est, elle, valable, et le mari ne peut alors pas prendre de deuxième épouse. Ahmad ibn Hanbal est de cet avis, à cause d'un hadîth qui affirme que (ce genre) de conditions stipulées dans le contrat de mariage sont de celles qui méritent le plus d'être respectées : "Celle des conditions qui mérite le plus d'être remplie est celle par laquelle les relations intimes ont été rendues licites" [= "celle qui a été stipulée lors du contrat de mariage] (al-Bukhârî, 2572, at-Tirmidhî, 1127, an-Nassâ'ï, 3281, 3282, Abû Dâoûd, 2139). Après avoir rapporté ce hadîth, at-Tirmidhî a relaté la divergence qui existe entre certains mujtahids sur le sujet : s'il a été stipulé comme condition que le mari ne fera pas sortir son épouse de la ville de celle-ci, cette condition est valable et l'épouse peut en exiger le respect ; d'après d'autres mujtahids cela n'est pas valable (Jâmi' ut-Tirmidhî, n° 1127). Ibn Taymiyya a parlé du fait que Ahmad permette que l'épouse stipule comme condition que le mari ne l'emmènera pas en voyage avec lui, ou qu'il ne la déplacera pas de sa demeure, ou qu'il ne prendra pas de seconde épouse (Al-Qawâ'ïd un-nûrâniyya al-fiqhiyya, p. 212).
Le verset du Coran qui parle de la polygynie se lit ainsi : "وَإِنْ خِفْتُمْ أَلاَّ تُقْسِطُواْ فِي الْيَتَامَى فَانكِحُواْ مَا طَابَ لَكُم مِّنَ النِّسَاء مَثْنَى وَثُلاَثَ وَرُبَاعَ فَإِنْ خِفْتُمْ أَلاَّ تَعْدِلُواْ فَوَاحِدَةً أَوْ مَا مَلَكَتْ أَيْمَانُكُمْ ذَلِكَ أَدْنَى أَلاَّ تَعُولُواْ" : "Et si vous craignez de ne pas être justes quant aux orphelines, alors mariez-vous avec ce qu'il vous plaît de femmes [autres que ces orphelines dont vous aviez la charge] : par deux, trois, ou quatre ; si vous craignez de ne pas être équitables [envers plusieurs épouses], alors [mariez-vous] avec une seule, ou [contentez-vous] de ce que vos mains possèdent ; cela [= se marier avec une seule, ou se contenter d'une esclave] sera plus à même que vous ne soyez pas injustes" (Coran 4/3).
La mention de l'esclave se comprend par rapport à ce qui existait alors en Arabie (la situation dans laquelle nous vivons étant bien sûr différente).
Quant à la mention des orphelines au début du verset, elle évoque le fait que des hommes, à l'époque, se trouvant en charge d'orphelines, s'occupaient d'elles, puis, lorsqu'elles devenaient nubiles, se mariaient avec elles sans être équitables avec elles quant à la dépense qu'elles méritaient. Le verset vint donc dire qu'un homme doit faire son introspection : s'il voit qu'il risque de ne pas injuste envers elle en se mariant avec la jeune femme qu'il avait élevée en tant qu'orpheline lorsqu'elle était petite, il doit ne pas se marier avec elle, mais plutôt se marier avec une autre femme. Et le verset de dire qu'il peut aller jusqu'à 4 épouses, à condition de ne pas risquer d'être injustes dans le partage des nuits et dans le fait de subvenir aux besoins matériels de chacune d'elles ; sinon il ne devra se marier qu'avec une seule femme.
Sans parler du cas où, pour cause de (li 'âridh) risque réel et conséquent qu'il encourt de tomber dans la fornication, un individu donné est dans la réelle nécessité de prendre une seconde épouse, la question qui se pose ici est :
--- Est-ce que l'orientation générale de l'islam est vers la polygynie, et le cas du risque d'injustice constitue une exception à cette orientation (ce qui revient à dire que "فَانكِحُواْ مَا طَابَ لَكُم مِّنَ النِّسَاء مَثْنَى وَثُلاَثَ وَرُبَاعَ" constitue une phrase complète, l'impératif y étant présent induisant une recommandation en soi, de la polygynie, laquelle débute à partir de "deux" ; tandis que "فَإِنْ خِفْتُمْ أَلاَّ تَعْدِلُواْ فَوَاحِدَةً" constitue une tout autre phrase, indépendante, induisant une exception à ce caractère normal de recommandation, et cela dans le cas d'une crainte de ne pas pouvoir faire preuve d'équité) ?
--- Ou bien est-ce que la polygynie est seulement licite sans être en soi recommandée (auquel cas il faut comprendre ce passage "فَانكِحُواْ مَا طَابَ لَكُم مِّنَ النِّسَاء مَثْنَى وَثُلاَثَ وَرُبَاعَ فَإِنْ خِفْتُمْ أَلاَّ تَعْدِلُواْ فَوَاحِدَةً", comme un tout, induisant, sous condition d'absence de risque d'injustice, une simple licéité en soi de la polygynie, le cas de présence de ce risque d'injustice chez un homme précis induisant cette fois une illicéité de la polygynie pour lui) ?
--- Certains ulémas sont du premier avis : selon eux, ce verset induit que la polygynie est en soi recommandée, sauf pour qui se trouve dans le risque de tomber dans l'injustice en ayant plusieurs épouses. Ben Bâz est de cet avis.
--- D'autres ulémas sont du second avis : ce qui est dit dans ce verset c'est que la polygynie est en soi licite ; cela se comprend à la lumière de sa cause de révélation : "Et si vous craignez de ne pas être justes quant aux orphelines, alors mariez-vous avec ce qu'il vous plaît de femmes [autres que ces orphelines dont vous aviez la charge], par deux, trois, ou quatre" : "عن الزهري، قال: كان عروة بن الزبير يحدث أنه سأل عائشة رضي الله عنها: {وإن خفتم ألا تقسطوا في اليتامى فانكحوا ما طاب لكم من النساء}. قالت: "هي اليتيمة في حجر وليها، فيرغب في جمالها ومالها، ويريد أن يتزوجها بأدنى من سنة نسائها؛ فنهوا عن نكاحهن، إلا أن يقسطوا لهن في إكمال الصداق؛ وأمروا بنكاح من سواهن من النساء". قالت عائشة: "ثم استفتى الناس رسول الله صلى الله عليه وسلم بعد، فأنزل الله عز وجل: {ويستفتونك في النساء قل الله يفتيكم فيهن} [النساء: 127]". قالت: "فبين الله في هذه الآية أن اليتيمة إذا كانت ذات جمال ومال، رغبوا في نكاحها، ولم يلحقوها بسنتها بإكمال الصداق؛ فإذا كانت مرغوبة عنها في قلة المال والجمال، تركوها والتمسوا غيرها من النساء"؛ قال: "فكما يتركونها حين يرغبون عنها، فليس لهم أن ينكحوها إذا رغبوا فيها، إلا أن يقسطوا لها الأوفى من الصداق ويعطوها حقها" (al-Bukhârî, 2612, Muslim, 3018). Le verset explicite la licéité de se marier avec jusqu'à 4 femmes ; mais le focus est sur le fait de dire qu'au cas où vous savez que vous n'allez pas être équitables avec l'orpheline dont vous aviez la charge quand elle était petite si vous l'épousez, alors ne l'épousez pas et optez pour une femme autre qu'elle (حلّ التعدد ثبت بدلالة الظاهر وليس بدلالة النص حسب اصطلاح الأصوليين الأحناف). Ce verset n'induit pas le caractère recommandé, en soi, de la polygynie.
----- Parmi ces ulémas, ash-Shâfi'î, ash-Shirbînî (shafi'ite), al-Mardâwî (hanbalite), al-Hijâwî (hanbalite) etc. disent même que, du moment qu'on ne se trouve pas dans le besoin (ni dharûra ni hâja) de prendre une seconde épouse, il est mieux de se suffire d'une seule (bien que prendre une seconde épouse est, même alors, entièrement autorisé, jâ'ïz, sauf si on sait qu'on va être injuste dans le partage de ce qui est obligatoire).
Que des ulémas shafi'ites disent pareille chose n'est guère étonnant, vu que, d'après leur avis, pour qui n'est pas dans le besoin, il est même mieux de ne se pas marier du tout, pour pouvoir se consacrer à plus de 'ibâda nâfila : "At-takhallî li 'ibâdatillâh : afdhal". Par contre, les ulémas hanbalites ne disent pour leur part pas cela : pour eux (comme pour les ulémas hanafites et malikites), celui qui d'un côté a les capacités de remplir les obligations conjugales, mais de l'autre côté ne se trouve pas dans un cas où il risque de tomber dans le péché de fornication (zinâ), pour celui-là il est toujours mieux (mustahabb) de se marier plutôt que de ne pas contracter du tout de mariage et libérer ainsi du temps à consacrer à davantage d'actes de dévotion. Malgré cette posture des hanbalites (qui est la posture juste), les ulémas hanbalites sus-cités disent que, tant qu'on n'est pas dans un véritable besoin (hâja shar'iyya) de prendre une seconde épouse, se contenter d'une seule est mieux. Ce "mieux" (awlâ) est dû - dans leur interprétation - non pas au fait que la polygynie serait en soi une chose détestable, à laquelle on n'aurait donc recours qu'en cas de besoin (comme c'est le cas, selon les hanbalites, pour ce qui est de boire de l'urine de chamelle) : cela est dû au fait qu'entretenir deux épouses doit se faire avec équité ; dès lors, pour qui n'est pas dans un réel besoin de prendre une seconde épouse, il est mieux de ne pas s'exposer au défi de réaliser cette équité pas toujours évidente à observer, et donc au risque de tomber dans l'injustice (source : islamqa.info). Le fait est qu'un verset du Coran dit : "وَلَن تَسْتَطِيعُواْ أَن تَعْدِلُواْ بَيْنَ النِّسَاء وَلَوْ حَرَصْتُمْ فَلاَ تَمِيلُواْ كُلَّ الْمَيْلِ فَتَذَرُوهَا كَالْمُعَلَّقَةِ" : "Et vous ne pourrez absolument pas être équitables entre les femmes, même si vous le désiriez ; aussi, ne penchez pas complètement (par rapport à l'une d'elles), de sorte que vous la laissiez comme la suspendue" (Coran 4/129). Ce verset exprime que dans l'affection il n'est pas possible d'être équitable envers ses multiples épouses, et qu'il est donc impératif de veiller à ce que cette différence dans l'affection ne conduise pas à un manque d'équité dans ce en quoi, pour sa part, l'équité est obligatoire. Dans un hadîth mursal, le propos suivant a été attribué au Prophète (sur lui soit la paix), qui observait scrupuleusement l'équité entre ses épouses : "Ô Dieu, voilà le partage que je fais dans ce dont je suis maître. Ne me blâme pas pour ce dont je ne suis pas maître" (cela désignant l'affection) : "عن عائشة، قالت: كان رسول الله صلى الله عليه وسلم يقسم فيعدل، ويقول: "اللهم هذا قسمي فيما أملك، فلا تلمني فيما تملك ولا أملك". قال أبو داود: يعني القلب" (Abû Dâoûd, 2134) (at-Tirmidhî, 1140, qui écrit ensuite : "حديث عائشة هكذا رواه غير واحد، عن حماد بن سلمة، عن أيوب، عن أبي قلابة، عن عبد الله بن يزيد، عن عائشة أن النبي صلى الله عليه وسلم كان يقسم. ورواه حماد بن زيد وغير واحد، عن أيوب، عن أبي قلابة مرسلا أن النبي صلى الله عليه وسلم كان يقسم. وهذا أصح من حديث حماد بن سلمة") (an-Nassâ'ï, 3943, Ibn Mâja, 1971). Le verset 4/129 montre donc qu'il n'est pas acquis pour tout un chacun d'être juste envers de multiples épouses, et qu'il existe toujours un risque d'injustice. D'ailleurs la Sunna a dit : "عن أبي هريرة، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "من كانت له امرأتان فمال إلى إحداهما، جاء يوم القيامة وشقه مائل" : "Celui qui a deux femmes et a été (injuste) en penchant vers l'une d'elles (dans ce en quoi l'égalité est obligatoire), celui-là viendra le Jour de la résurrection avec un côté de son corps penchant" (Abû Dâoûd, 2133, at-Tirmidhî, 1141, an-Nassâ'ï, 3942, Ibn Mâja, 1969).
-
4) "Et la femme, elle, a-t-elle le droit d'avoir plusieurs maris ?"
Dans l'Arabie pré-islamique, une certaine forme de polyandrie avait cours, comme l'a rapporté Aïcha (Sahîh ul-Bukhârî et Sunan Abî Dâoûd). Aujourd'hui encore, certains peuples du monde ont recours à cette pratique : un reportage existe à ce sujet dans le magazine Géo (n° 94, décembre 1986, pp. 166-183) à propos d'un mariage polyandrique dans un village d'une région du Népal : la jeune femme se marie en même temps avec cinq maris.
L'islam n'autorise pas la polyandrie.
Pourquoi cela ?
Plusieurs raisons existent.
L'une d'elles est l'évident problème de la filiation. En effet, on ne saurait pas, alors, de quel mari est l'enfant que porte la femme. (Selon l'article de Géo sus-cité, la tradition locale dans cette région du Népal a résolu le problème en accordant à l'aîné des maris la paternité.) On pourrait me dire que les test de paternité par ADN permettent aujourd'hui de l'établir. Mais il est facile de comprendre pourquoi ce n'est pas une solution : premièrement, de nombreux maris refuseraient de s'y soumettre. Deuxièmement, l'islam est une religion qui est destinée à l'humanité tout entière : les test d'ADN ne sont pas disponibles dans des villages reculés de continents peu développés.
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).