Soucieux de voir les couples formés être le plus stables possible, l'islam a encouragé les jeunes gens à se marier avec des gens avec qui ils ont le plus de chances possibles de pouvoir vivre une vie conjugale ensemble. L'apparence physique compte bien sûr, et c'est bien pourquoi l'islam a permis et même exhorté à se voir avant le mariage, afin que les deux (éventuels) futurs conjoints voient s'ils se conviennent l'un et l'autre. Cependant, l'islam enseigne aussi que l'apparence physique ne doit pas être le premier et le seul critère du choix : vivre ensemble toute une vie demande que l'on recherche des qualités autres que la seule beauté...
Quels critères prendre en compte quand on recherche la princesse de sa vie ou le prince charmant de ses rêves ?
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Premier point :
Un musulman et une musulmane devraient orienter leur recherche en fonction de l'important critère que constitue pour eux le fait de vivre réellement l'islam ("dîn") : il ne s'agit pas d'un aspect bigot mais d'une réelle présence, au quotidien, de ce que l'islam demande d'actes cultuels mais aussi d'une conception précise de la vie, de valeurs particulières, de spiritualité, etc.
Le Prophète a dit : "On se marie avec une femme pour une de ces quatre choses : pour son argent, pour sa parenté, pour sa beauté et pour sa pratique de la religion. Réussis donc, pauvre de toi, en choisissant celle qui pratique la religion" (rapporté par al-Bukhârî et Muslim). L'apparence physique compte aussi, nous allons le voir, mais ce qui est dit ici c'est qu'il ne devrait pas constituer le premier critère sur lequel se basera notre choix.
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Second point :
Quelque chose d'autre à prendre compte est le caractère de la personne : il faut choisir comme futur conjoint une personne avec le caractère de qui on a des affinités. Imaginez quelqu'un de caractère très "soft" se marier avec une personne au caractère très impulsif : comment feront-ils pour s'entendre ?
Le Prophète n'a-t-il pas dit : "Les meilleurs femmes à avoir utilisé comme moyen de transport les chameaux* sont les femmes qurayshites : elles sont celles qui accordent le plus d'attention à l'enfant pendant son enfance, celles qui font le plus attention à ce que possède le mari" (rapporté par Al-Bukhârî) * les Arabes.
"Les gens sont comparables à des minerais, comme les minerais d'or et d'argent. Ceux qui étaient les meilleurs avant la venue de l'islam sont les meilleurs dans l'islam à condition qu'ils comprennent (l'islam)" (rapporté par al-Bukhârî et Muslim).
Il ne faut cependant pas oublier que la vie n'est pas un conte de fées, et que lorsqu'on se mariera, il y aura toujours quelques petits points pour lesquels on sera quelque peu déçu. Il faut faire avec. Le Prophète (sur lui la paix) avait dit : "Un croyant ne devrait pas détester une croyante [= son épouse] : s'il n'apprécie pas un de ses traits de caractères, il en apprécie un autre" (rapporté par Muslim). Le Prophète nous a donc montré que plutôt que de se focaliser sur le trait du caractère de notre conjoint, qui ne nous plaît pas, il fallait porter son attention sur toutes les qualités de ce conjoint, sur tous les points que l'on a en commun.
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Troisième point :
Le mieux serait d'éviter autant que possible de rechercher une personne avec qui on a de trop grandes différences au niveau de l'âge, du niveau culturel, etc.
Ainsi, Abû Bakr et 'Umar avaient demandé en mariage Fâtima, la fille du Prophète (sur lui la paix). Il leur dit : "Elle est petite" (rapporté par al-Hâkim). Il la maria ensuite à 'Alî, qui était beaucoup plus jeune.
Mustafâ as-Sibâ'î a écrit des lignes très pertinentes au sujet de point dans son livre Al-Mar'a bayn al-fiqh wal-qânûn, pp. 63-65. Il y dit également que si tout mariage est valide entre deux personnes consentantes, quelle que soit la différence d'âge entre les deux, en Syrie le juge aux affaires familiales peut refuser le mariage d'un homme très âgé avec une très jeune femme quand il estime, au vu de la réalité, que ce mariage n'a comme objectif que des intérêts contraires à l'esprit des règlements musulmans (par exemple que le seul objectif du mariage est de permettre à la famille de la jeune femme de profiter de la richesse du vieillard, etc.). Cette mesure est destiné à protéger les jeunes femmes et à leur garantir une vie conjugale heureuse.
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Quatrième point :
C'est dans le cadre des critères précédents que l'on tiendra compte de l'apparence physique. Car ce critère-là a aussi son importance. Le Prophète avait dit à un homme qui pensait épouser une femme ansârite : "Regarde-la. Les Ansâr ont quelque chose de particulier dans les yeux" (rapporté par Muslim). A al-Mughîra ibn Shu'ba, le Prophète dit de même : "Va et regarde-la. Cela sera plus à même de faciliter l'affinité entre vous deux" (rapporté par at-Tirmidhî). Cliquez ici pour découvrir ce que, dans quelle circonstance, il est permis de regarder chez une femme qu'on envisage d'épouser.
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Cinquième point :
Il ne faut enfin pas oublier que les sources de l'islam enseignent que la jeune femme a le devoir de demander l'avis de ses parents (en fait son père, mais celui-ci doit de toute façon consulter la mère de sa fille). Quels sont les critères que le responsable (walî) qu'est le père peut prendre en compte, et quels sont les critères qu'il ne peut pas prendre en compte ? Nous allons le voir ensemble…
Ici entre en jeu la notion de kafâ'ah, qui signifie "être de même niveau". Cette notion n'est pas prise compte en ce qui concerne la femme : celle-ci peut être d'un niveau en-deçà de celui avec qui elle désire se marier. C'est l'homme, lui, qui doit être au moins d'un niveau comparable à celui de la femme avec qui il projette de se marier. On dit alors qu "'il est kufu' pour elle". C'est là une mesure destinée à mettre davantage de chances pour que la femme soit heureuse auprès d'un mari qui est d'un niveau comparable au sien.
En islam, la notion de comparabilité du niveau est connue du droit musulman et a été citée dans certains Hadîths du Prophète : "Ne retarde pas trois choses : (…) et le mariage d'une femme célibataire lorsque tu rencontre quelqu'un qui [veut l'épouser, qu'elle veut épouser, et qui] est kufu' [= d'un niveau comparable au sien]" (at-Tirmidhî, n° 171, n° 1075, hassan d'après al-Albânî).
"Lorsque celui dont vous agréez la religion et le caractère vous demande (la main de votre fille), mariez-les [quand votre fille veut se marier avec elle]. Si vous ne le faites pas, il y aura une tentation et un grand mal sur la terre" (at-Tirmidhî, n° 1084, 1085, hassan d'après al-Albânî).
La prise en compte de cette notion de "niveau" signifie que le tuteur de la jeune femme (walî) peut tenir compte de cette notion avant de donner son accord au mariage de sa fille et du jeune homme. Car étant jeune on ne connaît pas autant les choses de la vie que ses parents, et on pourrait se laisser charmer par des paroles mielleuses mais en réalité pleines de fourberie. "Ce jeune homme ne convient pas à ma fille et je m'oppose donc au mariage", peut dire le tuteur.
Quels critères entrent en jeu pour que le tuteur établisse si le jeune homme qui lui demande la main de sa fille est d'un niveau comparable à celui de celle-ci ou pas ?
Les avis des mujtahidûn sont divergents à propos de ces critères. D'après l'avis de Mâlik ibn Anas (repris par Ibn ul-Qayyim), les seuls critères que le tuteur peut prendre en compte sont les deux choses qui ont été mentionnées dans le hadîth sus-cité : le degré de pratique de la religion, et le caractère. "Lorsque celui dont vous agréez la religion et le caractère vous demande (la main de votre fille), mariez-les [si la fille veut se marier avec lui]. Si vous ne le faites pas, il y aura une tentation et un grand mal sur la terre" (at-Tirmidhî, n° 1084, 1085).
Une musulmane ne peut donc être mariée à un non-musulman, et une musulmane pieuse ne doit pas être donnée en mariage à un musulman qui n'est pas pieux. De même, une musulmane de bon caractère ne doit pas être donnée en mariage à un musulman de mauvais caractère.
L'érudit syrien Mustafâ as-Sibâ'î écrit quant à lui qu'en Syrie, le code des affaires familiales avait, sur la base de l'avis de Abû Hanîfa, gardé comme critère sur lequel le responsable (walî) pouvait se baser pour dénoncer un mariage, la notion de comparabilité (kufu') du niveau du mari par rapport à celui de la femme. Cependant, la loi syrienne avait établi que la notion de niveau était laissée à l'appréciation du juge de la région dans laquelle le mariage était conclu (Al-mar'a bayn al-fiqh wal-qânûn, p. 66).
En cas d'abus du responsable (père par exemple), que faire ?
Cette disposition du droit musulman a pour objectif, je l'ai dit, de protéger la jeune femme des escrocs charmeurs, en faisant en sorte que l'accord du tuteur soit nécessaire en plus du désir de la jeune femme. Cependant, il peut arriver qu'un père fasse une utilisation abusive de cette disposition et empêche injustement sa fille de se marier. Le droit musulman a prévu cette difficulté, et les juristes musulmans ont émis l'avis qu'au cas où elle s'estime victime d'un abus de ce genre, la jeune femme doit s'en référer au juge musulman (qâdhî), qui examinera l'affaire : si le refus du responsable (walî) est effectivement abusif, le juge mariera lui-même cette jeune femme. (Pour plus de détails, se référer à Fiqh us-sunna, Sayyid Sâbiq, tome 2 pp. 410-411.)
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).