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I) Voici 6 passages du Coran :
– 1) "Dieu a fait descendre la meilleure parole" : "اللَّهُ نَزَّلَ أَحْسَنَ الْحَدِيثِ كِتَابًا مُّتَشَابِهًا مَّثَانِيَ تَقْشَعِرُّ مِنْهُ جُلُودُ الَّذِينَ يَخْشَوْنَ رَبَّهُمْ ثُمَّ تَلِينُ جُلُودُهُمْ وَقُلُوبُهُمْ إِلَى ذِكْرِ اللَّهِ ذَلِكَ هُدَى اللَّهِ يَهْدِي بِهِ مَنْ يَشَاء وَمَن يُضْلِلْ اللَّهُ فَمَا لَهُ مِنْ هَادٍ" (Coran 39/23).
– 2) "(...) Et suivez le meilleur de ce qui a été descendu vers vous en provenance de votre Pourvoyeur, avant que le châtiment vienne soudain à vous, tandis que vous ne vous rendiez pas compte (de son imminence)" : "قُلْ يَا عِبَادِيَ الَّذِينَ أَسْرَفُوا عَلَى أَنفُسِهِمْ لَا تَقْنَطُوا مِن رَّحْمَةِ اللَّهِ إِنَّ اللَّهَ يَغْفِرُ الذُّنُوبَ جَمِيعًا إِنَّهُ هُوَ الْغَفُورُ الرَّحِيمُ وَأَنِيبُوا إِلَى رَبِّكُمْ وَأَسْلِمُوا لَهُ مِن قَبْلِ أَن يَأْتِيَكُمُ الْعَذَابُ ثُمَّ لَا تُنصَرُونَ وَاتَّبِعُوا أَحْسَنَ مَا أُنزِلَ إِلَيْكُم مِّن رَّبِّكُم مِّن قَبْلِ أَن يَأْتِيَكُمُ العَذَابُ بَغْتَةً وَأَنتُمْ لَا تَشْعُرُونَ" (Coran 39/53-55).
– 3) "Donne la bonne nouvelle à Mes serviteurs ; ceux qui écoutent la Parole puis suivent le meilleur de celle-ci. (...)" : "فَبَشِّرْ عِبَادِ الَّذِينَ يَسْتَمِعُونَ الْقَوْلَ فَيَتَّبِعُونَ أَحْسَنَهُ أُوْلَئِكَ الَّذِينَ هَدَاهُمُ اللَّهُ وَأُوْلَئِكَ هُمْ أُوْلُوا الْأَلْبَابِ" (Coran 39/17-18).
– 4) Parlant de Moïse (sur lui soit la paix) : "Et Nous écrivîmes pour lui dans les Tables, de toute chose un conseil, et un détail de toute chose. "Prends-les avec force, et ordonne à ton peuple qu'ils prennent le meilleur de (cela). (...)"" : "وَكَتَبْنَا لَهُ فِي الأَلْوَاحِ مِن كُلِّ شَيْءٍ مَّوْعِظَةً وَتَفْصِيلاً لِّكُلِّ شَيْءٍ فَخُذْهَا بِقُوَّةٍ وَأْمُرْ قَوْمَكَ يَأْخُذُواْ بِأَحْسَنِهَا سَأُرِيكُمْ دَارَ الْفَاسِقِينَ" (Coran 7/145).
– 5) "Chaque fois que Nous abrogeons un verset ou que Nous le retardons, Nous apportons un meilleur que lui ou un semblable à lui" : "مَا نَنسَخْ مِنْ آيَةٍ أَوْ نَنْسَأْهَا نَأْتِ بِخَيْرٍ مِّنْهَا أَوْ مِثْلِهَا أَلَمْ تَعْلَمْ أَنَّ اللّهَ عَلَىَ كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ" (Coran 2/106) (selon la variante de lecture de ce terme qui est celle de Ibn Kathîr et de Abû 'Amr : "نَنْسَأْهَا"). Si un second verset est révélé qui abroge un précédent (d'abrogation complète, naskh, soit de tilâwa, soit de hukm seulement), ou qui remplace le hukm - règle - du verset précédent en renvoyant l'applicabilité de cette règle à situation semblable à celle prévalant précédemment (renvoi, nas'), le verset abrogeant est au moins semblable au précédent, si ce n'est meilleur que lui. Certes, il peut y avoir un verset révélé antérieurement qui soit meilleur qu'un verset révélé après lui (c'est le cas de Âyat ul-Kursî, qui est le meilleur verset, alors qu'il n'est pas le dernier verset à avoir été révélé), mais cela ne concerne pas ce qui est évoqué en ce 2/106 : ici n'est évoqué que le cas de remplacement de règle (que ce remplacement consiste en une abrogation définitive, naskh, ou en le renvoi de la règle précédente à une situation semblable à la situation prévalant précédemment, nas').
– 6) "Il est Celui qui a fait descendre sur toi le Livre. De ce (Livre), certains versets sont univoques ("Muhkam") - ils sont le fondement du Livre -, et d'autres sont équivoques ("Mutashâbih"). Quant à ceux dans le cœur de qui il y a une tortuosité, ils suivent ce qui en est équivoque par recherche du trouble et par recherche de sa Ta'wîl. Alors que n'en connaît le Ta'wîl que Dieu, et les gens approfondis dans la connaissance disent : "Nous apportons foi en ceci. Tout vient de notre Pourvoyeur". Et ne se rappellent que ceux qui sont doués d'intelligence. "Notre Pourvoyeur, ne rends pas nos cœurs tortueux après que Tu nous as guidés. Et accorde-nous de Ta part une miséricorde. Tu es Celui qui donne beaucoup"" : "هُوَ الَّذِيَ أَنزَلَ عَلَيْكَ الْكِتَابَ مِنْهُ آيَاتٌ مُّحْكَمَاتٌ هُنَّ أُمُّ الْكِتَابِ وَأُخَرُ مُتَشَابِهَاتٌ فَأَمَّا الَّذِينَ في قُلُوبِهِمْ زَيْغٌ فَيَتَّبِعُونَ مَا تَشَابَهَ مِنْهُ ابْتِغَاء الْفِتْنَةِ وَابْتِغَاء تَأْوِيلِهِ وَمَا يَعْلَمُ تَأْوِيلَهُ إِلاَّ اللّهُ وَالرَّاسِخُونَ فِي الْعِلْمِ يَقُولُونَ آمَنَّا بِهِ كُلٌّ مِّنْ عِندِ رَبِّنَا وَمَا يَذَّكَّرُ إِلاَّ أُوْلُواْ الألْبَابِ رَبَّنَا لاَ تُزِغْ قُلُوبَنَا بَعْدَ إِذْ هَدَيْتَنَا وَهَبْ لَنَا مِن لَّدُنكَ رَحْمَةً إِنَّكَ أَنتَ الْوَهَّابُ" (Coran 3/7-8).
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II) La croyance du musulman est que le Coran constitue, de toutes les Ecritures révélées à l'humanité par Dieu, l'Ecriture la meilleure :
Cela conformément au verset 1 sus-cité : "Dieu a fait descendre la meilleure parole" : "اللَّهُ نَزَّلَ أَحْسَنَ الْحَدِيثِ كِتَابًا مُّتَشَابِهًا مَّثَانِيَ تَقْشَعِرُّ مِنْهُ جُلُودُ الَّذِينَ يَخْشَوْنَ رَبَّهُمْ ثُمَّ تَلِينُ جُلُودُهُمْ وَقُلُوبُهُمْ إِلَى ذِكْرِ اللَّهِ ذَلِكَ هُدَى اللَّهِ يَهْدِي بِهِ مَنْ يَشَاء وَمَن يُضْلِلْ اللَّهُ فَمَا لَهُ مِنْ هَادٍ" (Coran 39/23)
Et, justement pour ce qui est du verset 2 sus-cité, "وَاتَّبِعُوا أَحْسَنَ مَا أُنزِلَ إِلَيْكُم مِّن رَّبِّكُم مِّن قَبْلِ أَن يَأْتِيَكُمُ العَذَابُ بَغْتَةً وَأَنتُمْ لَا تَشْعُرُونَ" (Coran 39/55), un commentaire (d'un type que je qualifierais de "A") dit que lorsque Dieu dit : "Et suivez le meilleur de ce qui a été descendu vers vous en provenance de votre Pourvoyeur", Il S'adresse à tous les humains, et désigne ainsi : le Coran, qui est la meilleure de toutes les Ecritures révélées par Dieu. "وقال: أنزل الله كتب التوراة والإنجيل والزبور، ثم أنزل القرآن وأمر باتباعه؛ فهو الأحسن، وهو المعجز. وقيل: هذا أحسن لأنه ناسخ قاض على جميع الكتب، وجميع الكتب منسوخة" (Tafsîr ul-Qurtubî).
Pareil commentaire ("A") existe aussi pour le verset 3 : lorsque Dieu y dit : "Donne la bonne nouvelle à Mes serviteurs qui écoutent la parole et en suivent le meilleur" (Coran 39/18), le terme "parole" y a une portée générale, désignant toutes les paroles qui ont, sont et seront dites, par qui que ce soit, et "le meilleur de cette (parole)" est le Coran : "وقيل: يستمعون القرآن وغيره، فيتبعون القرآن" (Adhwâ' ul-bayân).
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Par contre, certains autres commentateurs ont interprété différemment ces versets 2 et 3, relatifs au Coran, et ont dit que :
--- "ce qui a été révélé vers vous en provenance de votre Pourvoyeur" (dans : "أَحْسَنَ مَا أُنزِلَ إِلَيْكُم مِّن رَّبِّكُم" : Coran 39/55) est bien : "le Coran" (le "vous" s'adressant donc à la Ummatu Muhammadin - sallallâhu 'alayhi wa sallama -),
--- "le Qawl" (dans : "الَّذِينَ يَسْتَمِعُونَ الْقَوْلَ فَيَتَّبِعُونَ أَحْسَنَهُ" : Coran 39/18) est bien "le Coran" (comme dans cet autre verset : "أَفَلَمْ يَدَّبَّرُوا الْقَوْلَ أَمْ جَاءهُم مَّا لَمْ يَأْتِ آبَاءهُمُ الْأَوَّلِينَ" : Coran 23/68) ;
ces ulémas en ont déduit que ces deux versets parlent bien de "suivre ce qui, du Coran, est ahsan". Voilà qui constitue une posture que je qualifierai ici "de type B".
Détails ci-après...
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III) Y a-t-il des passages du Coran qui sont encore meilleurs que d'autres ?
– Posture A : Certains Ulémas répondent : Non, on ne peut pas dire cela du Coran.
– Posture B : D'autres ulémas - les Atharî ainsi que certains Mutakallim - répondent : Oui, comme cela a été dit dans des versets (selon l'un des commentaires de ceux-ci, comme nous le verrons plus bas en IV) ainsi que dans des hadîths.
Ainsi, la sourate Al-Fâtiha est la plus auguste sourate du Coran : "عن أبي سعيد بن المعلى، قال: كنت أصلي في المسجد، فدعاني رسول الله صلى الله عليه وسلم، فلم أجبه، فقلت: "يا رسول الله، إني كنت أصلي"، فقال: "ألم يقل الله: {استجيبوا لله وللرسول إذا دعاكم لما يحييكم}؟". ثم قال لي: "لأعلمنك سورة هي أعظم السور في القرآن قبل أن تخرج من المسجد". ثم أخذ بيدي. فلما أراد أن يخرج، قلت له: "ألم تقل: "لأعلمنك سورة هي أعظم سورة في القرآن"؟"، قال: "{الحمد لله رب العالمين}. هي السبع المثاني، والقرآن العظيم الذي أوتيته" (al-Bukhârî, 4204).
Et Âyat ul-Kursî est le plus auguste verset coranique : "عن أبي بن كعب، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "يا أبا المنذر، أتدري أي آية من كتاب الله معك أعظم؟" قال: قلت: "الله ورسوله أعلم". قال: "يا أبا المنذر أتدري أي آية من كتاب الله معك أعظم؟"، قال: قلت: "{الله لا إله إلا هو الحي القيوم}". قال: فضرب في صدري، وقال: "والله ليهنك العلم أبا المنذر" (Muslim, 810).
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Sur quels plans certains versets sont-ils donc meilleurs ?
– D'une part ce sont certaines normes induites par certains versets (الحكم الذي تقتضيه الآية) qui sont encore meilleures que d'autres - lesquelles sont induites par d'autres versets -, et cela :
--- soit parce que, pour la même situation, telle action est autorisée alors que telle autre est recommandée : réclamer justice est autorisé, alors que pardonner à celui qui nous a fait injustice est recommandé ; ce qui est recommandé est meilleur que ce qui est seulement autorisé ;
--- soit parce que les situations diffèrent ; ici, des deux versets donnés relatifs à ce même point mais différents (cela relevant du Nas'), chacun des deux hukm est meilleur que l'autre, mais par rapport à la situation à laquelle il se rapporte, car chacun d'eux est alors plus profitable pour le Dîn (بأنه أنفع للدين حسب الحالة السائدة) (cela correspond au commentaire B.3, plus bas) ;
--- soit parce qu'il y a eu un verset venu apporter un nouveau hukm ayant complètement abrogé le hukm induit par un verset précédent. Or le hukm abrogeant est toujours plus profitable ("anfa'") pour les humains que le hukm abrogé. Sinon, s'il était - par rapport au profit qu'il apporte - du même niveau que l'autre, il n'y aurait pas eu d'abrogation. Ensuite, tout en étant plus profitable, il est :
----- soit meilleur que l'abrogé :
-------- soit dans la mesure où le hukm abrogeant est plus facile pour les humains que le hukm que le verset abrogé induisait pour eux (ce fut le cas du verset abrogeant l'obligation de donner une aumône à un pauvre avant de pouvoir s'entretenir avec le Prophète) ;
-------- soit dans la mesure où ce hukm recèle un plus grand avantage dînî pour les humains que le hukm qu'il abroge, même s'il est plus ardu que celui-ci (ce fut le cas du verset interdisant complètement la consommation d'alcool) ;
----- soit semblable à l'abrogé "dans la récompense que cela rapporte, et ce sans induire ni plus de facilité ni plus d'exigence" (ce fut le cas quant à l'ordre de se tourner vers la Kaaba après l'ordre de se tourner vers Bayt ul-Maqdis - ordre dont l'applicabilité avait duré 17 mois).
"نأت بخير منها} أنفع للعباد في السهولة أو كثرة الأجر {أو مثلها} في التكليف والثواب" (Tafsîr ul-Jalâlayn). "الخامسة عشرة قوله تعالى: {نأت بخير منها}: لفظة" بخير" هنا صفة تفضيل، والمعنى: بأنفع لكم أيها الناس في عاجل إن كانت الناسخة أخف، وفي آجل إن كانت أثقل" (Tafsîr ul-Qurtubî). "هو أن الخيرية تارة تكون في الأثقل لكثرة الأجر، وذلك فيما إذا كان الأجر كثيرا جدا والامتثال غير شديد الصعوبة، كنسخ التخيير بين الإطعام والصوم بإيجاب الصوم؛ (...) وتارة تكون الخيرية في الأخف، وذلك فيما إذا كان الأثقل المنسوخ شديد الصعوبة بحيث يعسر فيه الامتثال: فإن الأخف يكون خيرا منه، لأن مظنّة عدم الامتثال تعرض المكلف للوقوع فيما لا يرضي الله" (Adhwâ' ul-bayân). "أو مثلها}، يراد به: مماثلة الناسخ والمنسوخ في حد ذاتهما؛ فلا ينافي أن يكون الناسخ يستلزم فوائد خارجة عن ذاته يكون بها خيرا من المنسوخ. فيكون باعتبار ذاته مماثلا للمنسوخ، وباعتبار ما يستلزمه من الفوائد التي لا توجد في المنسوخ خيرا من المنسوخ. وإيضاحه: أن عامة المفسرين يمثلون لقوله "أو مثلها" بنسخ استقبال بيت المقدس باستقبال بيت الله الحرام؛ فإن هذا الناسخ والمنسوخ بالنظر إلى ذاتهما متماثلان، لأن كل واحد منهما جهة من الجهات، وهي في حقيقة أنفسها متساوية، فلا ينافي أن يكون الناسخ مشتملا على حكم خارجة عن ذاته تصيره خيرا من المنسوخ بذلك الاعتبار" (Ibid.).
Cependant, il s'agit là de l'incidence de tel verset par rapport à l'incidence de tel autre, puisque le Mahkûm Bihî, c'est : "أثر خطاب الله المتعلق بأفهال المكلفين بالاقتضاء أو التخيير أو الوضع".
Même les ulémas cités en A reconnaissent donc cet aspect des choses.
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– Cependant, d'autre part certains versets sont, en soi (في نفسها), encore meilleurs que d'autres :
----- soit de par leur contenu (في نفسه، بالنسبة للمتكلَّم فيه) : le passages où Dieu parle de Lui-Même sont encore meilleurs que ceux où Il énonce des règles liées à des transactions commerciales. Al-Ghazâlî lui-même - qui est acharite - reconnaît cela en ces termes : "وقال الغزالي في جواهر القرآن: "لعلك أن تقول: "قد أشرت إلى تفضيل بعض آيات القرآن على بعض والكلام كلام الله؛ فكيف يفارق بعضها بعضا؟ وكيف يكون بعضها أشرف من بعض؟" فاعلم أن نور البصيرة إن كان لا يرشدك إلى الفرق بين آية الكرسي وآية المداينات وبين سورة الإخلاص وسورة تبت، وترتاع على اعتقاد الفرق نفسُك الخوّارة المستغرقة بالتقليد، فقلِّدْ صاحب الرسالة صلى الله عليه وسلم؛ فهو الذي أنزل عليه القرآن وقال: "يس قلب القرآن"، و"فاتحة الكتاب أفضل سور القرآن"، و"آية الكرسي سيدة آي القرآن"، و"قل هو الله أحد تعدل ثلث القرآن". والأخبار الواردة في فضائل القرآن وتخصيص بعض السور والآيات بالفضل وكثرة الثواب في تلاوتها لا تحصى. انتهى" (Al-Itqân, chapitre 73, p.p. 1131-1132) (également cité dans MF 17/49) ;
----- soit de par leur formulation (في نفسه، بالنسبة للمتكلَّم به) (MF 17/129) :
------- certaines sourates sont, ainsi, encore plus belles que d'autres. Shâh Waliyyullâh cite le cas de Sourate Ar-Rahmân : "وليست الغرائب القرآنية مقصورة على هذه الأبواب المذكورة، بل قد تكون الغرائب أحيانا من الوجهة البلاغية العالية وجمال الأسلوب وأناقته؛ مثل سورة الرحمن، ولذلك سميت في الحديث الشريف بعروس القرآن. وأحياناً أخرى من جهة التصوير للشقي والسعيد وتجسيد حالتيهما" (Al-Fawz ul-kabîr fî ussûl it-tafsîr, p. 120) ;
------- les versets Muhkam sont, de par leur formulation, encore meilleurs que les versets Mutashâbih (cela correspond au commentaire B.2, plus bas).
Seuls les ulémas cités en B s'autorisent à dire que certains versets sont en soi encore meilleurs que d'autres.
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IV) Or, même si certains versets sont encore plus beaux que d'autres, que peut donc bien vouloir dire : "suivre le meilleur du Coran" (présent dans le verset 3 sus-cité) ? Car il ne s'agit sûrement pas de suivre seulement "les versets parlant de Dieu", ou "les versets à la formulation la plus belle" ?
– Posture A : Certains commentateurs (parmi lesquels at-Tabarî, al-Baghawî) ont répondu que "ahsan" désigne ici : "le Coran" - et non pas : "une partie du Coran, qui serait la meilleure", car tout le Coran est "ahsan" - ; ils ont dit la même chose par rapport au terme "khayrin minhâ" présent dans le verset 5 : cela signifie : "meilleur par rapport à la récompense, ou la facilité, que le verset abrogeant apporte aux hommes", et non pas "meilleur en soi", car une partie du Coran n'est pas meilleure qu'une autre.
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– Posture B : Mais d'autres commentateurs ont répondu à cela que, tout au contraire, si on doit dire que tout le Coran est excellent, il n'en demeure pas moins que certains versets du Coran sont encore, en soi, plus excellents que d'autres (comme nous l'avons vu en III : certains versets sont encore meilleurs que d'autres, soit au niveau de leur contenu, soit au niveau de leur formulation, soit de façon relative).
Mais que signifie donc "suivre le meilleur du Coran" (vu que cela ne peut pas signifier : "suivre les versets parlant de Dieu", ou "suivre les sourates les plus belles") ?
–--- Commentaire B.1) "Suivez le meilleur du Coran", cela constitue une exhortation à opter pour ce qui est obligatoire ainsi que pour ce qui est recommandé (au lieu de se contenter de ce qui est obligatoire et de délaisser ce qui est recommandé). Ainsi, réclamer justice est autorisé, alors que pardonner à celui qui nous a fait injustice est recommandé ; le premier est hassan ("bon"), tandis que le second est ahsan ("meilleur"). Le verset exhorte donc à suivre ce qui, dans le Coran, est recommandé et ne pas se suffire de ce que le Coran autorise.
Ce commentaire B.1 correspond aux commentaires B.b, B.c et B.e mentionnés par Ibn ul-Jawzî dans Zâd ul-massîr (cf. infra).
Ce commentaire B.1 ne se marie cependant pas avec le verset 3, puisque celui-ci dit : "avant que le châtiment vienne soudain à vous". Or pratiquer ce qui est autorisé et non pas ce qui est recommandé, cela n'expose nullement au châtiment de Dieu.
–--- Commentaire B.2) "Suivez le meilleur du Coran", cela constitue :
-------- un ordre à suivre les versets Muhkam, et donc à interpréter les versets Mutashâbih à leur lumière : "وقال ابن زيد: يعني المحكمات، وكِلُوا علم المتشابه إلى عالِمه" (Tafsîr ul-Qurtubî, commentaire de Coran 39/55) (peut renvoyer à ce commentaire B.2 : le commentaire B.d mentionné par Ibn ul-Jawzî : "والرابع: أن يكون للكلمة معنيان أو ثلاثة، فتصرف إلى الأشبه بالحق" : Zâd ul-massîr). Si on n'en est pas capable, on confie ce genre d'interprétation à ceux qui savent la faire : le Prophète (sur lui soit la paix) a dit : "(...) Le Livre de Dieu n'a été révélé que une partie en confirmant une autre ; aussi, ne rejetez pas une partie du (Coran) à cause d'une autre. Ce que vous savez de ce (Coran), dites-le ; et ce que vous ignorez, confiez-le à qui en a connaissance" : "عن عمرو بن شعيب، عن أبيه، عن جده قال: سمع النبي صلى الله عليه وسلم قوما يتدارءون، فقال: "إنما هلك من كان قبلكم بهذا: ضربوا كتاب الله بعضه ببعض. وإنما نزل كتاب الله يصدق بعضه بعضا. فلا تكذبوا بعضه ببعض. فما علمتم منه، فقولوا؛ وما جهلتم، فكلوه إلى عالمه" (Ahmad, 6743) ;
-------- et donc une interdiction de faire ce que Dieu a décrit en les termes suivants (où l'on retrouve le verbe "suivre") : "Quant à ceux dans le cœur de qui il y a une tortuosité, ils suivent [uniquement, ou essentiellement] ce qui en est équivoque par recherche du trouble et par recherche de sa Ta'wîl. Alors que n'en connaît la Ta'wîl que Dieu, et les gens approfondis dans la connaissance disent : "Nous apportons foi en ceci. Tout vient de notre Pourvoyeur" : "فَأَمَّا الَّذِينَ في قُلُوبِهِمْ زَيْغٌ فَيَتَّبِعُونَ مَا تَشَابَهَ مِنْهُ ابْتِغَاء الْفِتْنَةِ وَابْتِغَاء تَأْوِيلِهِ وَمَا يَعْلَمُ تَأْوِيلَهُ إِلاَّ اللّهُ وَالرَّاسِخُونَ فِي الْعِلْمِ يَقُولُونَ آمَنَّا بِهِ كُلٌّ مِّنْ عِندِ رَبِّنَا وَمَا يَذَّكَّرُ إِلاَّ أُوْلُواْ الألْبَابِ" (Coran 3/7). Le Prophète (sur lui soit la paix) a dit : "Lorsque vous verrez ceux qui suivent ce qui est Mutashâbih parmi le (Coran), alors voilà ceux dont Dieu a parlé ; préservez-vous donc d'eux" : "عن عائشة، قالت: تلا رسول الله صلى الله عليه وسلم: {هو الذي أنزل عليك الكتاب منه آيات محكمات هن أم الكتاب وأخر متشابهات، فأما الذين في قلوبهم زيغ فيتبعون ما تشابه منه ابتغاء الفتنة وابتغاء تأويله، وما يعلم تأويله إلا الله، والراسخون في العلم يقولون آمنا به كل من عند ربنا، وما يذكر إلا أولو الألباب}، قالت: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "إذا رأيتم الذين يتبعون ما تشابه منه، فأولئك الذين سمى الله فاحذروهم" (Muslim, 2665). Shâh Waliyyullâh écrit : "قوله تعالى: "منه آيات محكمات هن أم الكتاب وأخر متشابهات". أقول: الظاهر أن المحكم: ما لم يحتمل إلا وجها واحدا. مثل:"حرمت عليكم أمهاتكم وبناتكم وأخواتكم، والمتشابه: ما احتمل وجوها وإنما المراد بعضها؛ كقوله تعالى: "ليس على الذين آمنوا وعملوا الصالحات جناح فيما طعموا": حملها الزائغون على إباحة الخمر ما لم يكن بغي أو إفساد في الأرض؛ والصحيح حملها على شاربيها قبل التحريم" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/492).
Tout cela est expliqué dans un article précédent, consacré aux versets Muhkam et aux versets Mutashâbih.
–--- Commentaire B.3) "Suivez le meilleur du Coran", cela constitue un ordre à opter pour - parmi la totalité des règles s'y trouvant - celles de ces règles qui correspondent à la situation dans laquelle le musulman se trouve. C'est le cas des règles étant Mansû' : différentes règles existent dans le Coran, mais il n'y a pas eu Naskh - pas eu abrogation - : chacune de ces différentes règles reste d'applicabilité, mais en fonction de la situation dans laquelle les musulmans se trouvent ; il faut alors sélectionner la règle qui est applicable, par considération pour le réel. C'est cette règle-là qui constitue "le meilleur", selon la situation dans laquelle les musulmans se trouvent ; l'autre règle n'est pas pour eux "la meilleure" par rapport à la situation dans laquelle ils sont.
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En commentaire de Coran 39/18 (le verset 2 sus-cité), Ibn ul-Jawzî renvoie à son commentaire de Coran 7/145 ; il écrit : "وَاتَّبِعُوا أَحْسَنَ مَا أُنْزِلَ إِلَيْكُمْ}: قد بيَّنّاه في قوله عزّ وجلّ: {يَأْخُذُوا بِأَحْسَنِها}" (Zâd ul-massîr).
Or voici ce qu'il avait écrit sous Coran 7/145 (le verset 4 sus-cité) :
"قوله تعالى: {وَأْمُرْ قَوْمَكَ يَأْخُذُوا بِأَحْسَنِها} إن قيل: كأن فيها ما ليس بحسن؟ فعنه جوابان:
أحدهما: أن المعنى: يأخذوا بحسنها، وكلها حَسَن، قاله قطرب. وقال ابن الأنباري: ناب "أحسن" عن "حسن" كما قال الفرزدق:
إِنَّ الَّذِي سَمَكَ السَّمَاءَ بَنى لَنَا ... بَيْتاً دَعَائِمُهُ أَعَزُّ وأَطْوَلُ
أي: عزيزة طويلة. وقال غيره: "الأحسن" ها هنا صلة، والمعنى: "أن يأخذوا بها.
والثاني: أن بعض ما فيها أحسن من بعض. ثم في ذلك خمسة أقوال: أحدها: أنهم أُمروا فيها بالخير ونُهوا عن الشر، فَفِعْلُ الخير هو الأحسن. والثاني: أنها اشتملت على أشياء حسنة بعضها أحسن من بعض، كالقصاص والعفو والانتصار والصبر، فأُمِروا أن يأخذوا بالأحسن. ذكر القولين الزجاج. فعلى هذا القول، يكون المعنى: انهم يتبعون العزائم والفضائل، وعلى الذي قبله، يكون المعنى: أنهم يتبعون الموصوف بالحسن وهو الطاعة، ويجتنبون الموصوف بالقبح وهو المعصية. والثالث: أحسنها الفرائض والنوافل، وأدونها في الحسن المباح. والرابع: أن يكون للكلمة معنيان أو ثلاثة، فتصرف إلى الاشبه بالحق. والخامس: أن أحسنها الجمع بين الفرائض والنوافل" (Zâd ul-massîr).
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W'Allâhu A'lam (Dieu sait mieux).