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I) "Ijâba" et "Istijâba li" :
"Ijâba" et "Istijâba li" se disent quant à l'acceptation de :
--- une invitation à venir dans un lieu (da'wa),
--- ou une demande à réaliser quelque chose (du'â').
Le terme da'â et celui de ajâba/ istajâba s'utilisent pour désigner respectivement :
--- l'action du supérieur demandant quelque chose à son subordonné, et l'action de réponse du subordonné à de son supérieur :
"وَاللّهُ يَدْعُو إِلَى دَارِ السَّلاَمِ" (Coran 10/25), "لِلَّذِينَ اسْتَجَابُواْ لِرَبِّهِمُ الْحُسْنَى. وَالَّذِينَ لَمْ يَسْتَجِيبُواْ لَهُ لَوْ أَنَّ لَهُم مَّا فِي الأَرْضِ جَمِيعًا وَمِثْلَهُ مَعَهُ لاَفْتَدَوْاْ بِهِ أُوْلَئِكَ لَهُمْ سُوءُ الْحِسَابِ وَمَأْوَاهُمْ جَهَنَّمُ وَبِئْسَ الْمِهَادُ" (Coran 13/18) ; "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ اسْتَجِيبُواْ لِلّهِ وَلِلرَّسُولِ إِذَا دَعَاكُم لِمَا يُحْيِيكُمْ" (Coran 8/24) ; "الَّذِينَ اسْتَجَابُواْ لِلّهِ وَالرَّسُولِ مِن بَعْدِ مَآ أَصَابَهُمُ الْقَرْحُ" (Coran 3/172) ; "وَأَنذِرِ النَّاسَ يَوْمَ يَأْتِيهِمُ الْعَذَابُ فَيَقُولُ الَّذِينَ ظَلَمُواْ رَبَّنَا أَخِّرْنَا إِلَى أَجَلٍ قَرِيبٍ نُّجِبْ دَعْوَتَكَ وَنَتَّبِعِ الرُّسُلَ" (Coran 14/44) ; "يَوْمَ يَدْعُوكُمْ فَتَسْتَجِيبُونَ بِحَمْدِهِ وَتَظُنُّونَ إِن لَّبِثْتُمْ إِلاَّ قَلِيلاً" (Coran 17/52) ; "لَا تَجْعَلُوا دُعَاء الرَّسُولِ بَيْنَكُمْ كَدُعَاء بَعْضِكُم بَعْضًا قَدْ يَعْلَمُ اللَّهُ الَّذِينَ يَتَسَلَّلُونَ مِنكُمْ لِوَاذًا" (Coran 24/63) ;
--- l'action du subordonné demandant quelque chose à son supérieur, et l'action de réponse du supérieur à son subordonné :
"وَقَالَ رَبُّكُمُ ادْعُونِي أَسْتَجِبْ لَكُمْ" (Coran 40/60) ; "إِذْ تَسْتَغِيثُونَ رَبَّكُمْ فَاسْتَجَابَ لَكُمْ أَنِّي مُمِدُّكُم بِأَلْفٍ مِّنَ الْمَلآئِكَةِ مُرْدِفِينَ" (Coran 8/9) ; "قَالَ رَبِّ السِّجْنُ أَحَبُّ إِلَيَّ مِمَّا يَدْعُونَنِي إِلَيْهِ وَإِلاَّ تَصْرِفْ عَنِّي كَيْدَهُنَّ أَصْبُ إِلَيْهِنَّ وَأَكُن مِّنَ الْجَاهِلِينَ فَاسْتَجَابَ لَهُ رَبُّهُ فَصَرَفَ عَنْهُ كَيْدَهُنَّ إِنَّهُ هُوَ السَّمِيعُ الْعَلِيمُ" (Coran 12/33-34) ; "رَبَّنَا مَا خَلَقْتَ هَذا بَاطِلاً سُبْحَانَكَ فَقِنَا عَذَابَ النَّارِ. رَبَّنَا إِنَّكَ مَن تُدْخِلِ النَّارَ فَقَدْ أَخْزَيْتَهُ وَمَا لِلظَّالِمِينَ مِنْ أَنصَارٍ. رَّبَّنَا إِنَّنَا سَمِعْنَا مُنَادِيًا يُنَادِي لِلإِيمَانِ أَنْ آمِنُواْ بِرَبِّكُمْ فَآمَنَّا رَبَّنَا فَاغْفِرْ لَنَا ذُنُوبَنَا وَكَفِّرْ عَنَّا سَيِّئَاتِنَا وَتَوَفَّنَا مَعَ الأبْرَارِ. رَبَّنَا وَآتِنَا مَا وَعَدتَّنَا عَلَى رُسُلِكَ وَلاَ تُخْزِنَا يَوْمَ الْقِيَامَةِ إِنَّكَ لاَ تُخْلِفُ الْمِيعَادَ. فَاسْتَجَابَ لَهُمْ رَبُّهُمْ أَنِّي لاَ أُضِيعُ عَمَلَ عَامِلٍ مِّنكُم مِّن ذَكَرٍ أَوْ أُنثَى بَعْضُكُم مِّن بَعْضٍ فَالَّذِينَ هَاجَرُواْ وَأُخْرِجُواْ مِن دِيَارِهِمْ وَأُوذُواْ فِي سَبِيلِي وَقَاتَلُواْ وَقُتِلُواْ لأُكَفِّرَنَّ عَنْهُمْ سَيِّئَاتِهِمْ وَلأُدْخِلَنَّهُمْ جَنَّاتٍ تَجْرِي مِن تَحْتِهَا الأَنْهَارُ ثَوَابًا مِّن عِندِ اللّهِ وَاللّهُ عِندَهُ حُسْنُ الثَّوَابِ" (Coran 3/191-195) ;
--- les deux actions - invitation/ demande d'une part, et acceptation/ réponse d'autre part - voyant le jour entre deux êtres entre qui il n'y a pas de hiérarchie institutionnalisée :
"وَمَا كَانَ لِيَ عَلَيْكُم مِّن سُلْطَانٍ إِلاَّ أَن دَعَوْتُكُمْ فَاسْتَجَبْتُمْ لِي" (Coran 14/22).
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Ces deux termes "Ijâba" et "Istijâba" sont donc d'un sens général par rapport aux autres termes qui vont être évoqués ci-après.
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II) "Itâ'ah" :
Itâ'ah signifie : "obéir".
Itâ'ah se dit de la mise en pratique volontaire d'une demande d'action (Talab), par Raghba (Envie) ou Rahba (Crainte).
Al-'Askarî écrit : "الفرق بين الطاعة وموافقة الإرادة أن موافقة الإرادة قد تكون طاعة؛ وقد لا تكون طاعة: وذلك إذا لم تقع موقع الداعي إلى الفعل كنحو إرادتك أن يتصدق زيد بدرهم من غير أن يشعر بذلك، فلا يكون بفعله مطيعا لك. ولو علمه ففعله من أجل إرادتك، كان مطيعا لك؛ ولذلك لو أحسن بدعائك إلى ذلك فمال معه، كان مطيعا لك" (Al-Furûq ul-lughawiyya, p. 234). "الفرق بين الطاعة والقبول أن الطاعة إنما تقع رغبة أو رهبة؛ والقبول - مثل الإجابة - يقع حكمة ومصلحة؛ ولذلك حسنت الصفة لله تعالى بأنه مجيب وقابل، ولا تحسن الصفة له بأنه مطيع" (Al-Furûq ul-lughawiyya, p. 236).
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- A) Mise en pratique "par Raghba", "par envie" :
--- A.1) soit par envie de contenter celui qui a demandé de faire la chose (ou de s'en abstenir), et ce par le fait de faire en actes ce qu'il a demandé ; et, à cause de cette envie, faire donc ce qu'il a demandé de faire (ou s'abstenir de ce dont il a demandé de s'abstenir) :
----- A.1.a) tout en étant confiant intérieurement, pensant que ce qu'il demande est le mieux qui soit, même si on ne le comprend pas ;
----- A.1.b) tout en se disant intérieurement que ce qu'il demande n'est pas le mieux qui soit ;
--- A.2) soit par envie d'obtenir le bienfait qu'entraînera la mise en pratique de l'action demandée (ou l'abstention de la chose interdite).
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- B) Mise en pratique "par Rahba", "par crainte" :
--- B.1) soit par crainte de mécontenter celui qui a demandé de faire la chose (ou de s'en abstenir), et ce par le fait de faire en actes le contraire de ce qu'il a demandé ; et, à cause de cette crainte, faire donc ce qu'il a demandé de faire (ou s'abstenir de ce dont il a demandé de s'abstenir) :
----- B.1.a) tout en étant confiant intérieurement, pensant que ce qu'il demande est le mieux qui soit, même si on ne le comprend pas ;
----- B.1.b) tout en se disant intérieurement que ce qu'il demande n'est pas le mieux qui soit ;
--- B.2) soit par crainte de tomber dans le méfait qu'entraînerait le fait de faire le contraire de ce qui a été demandé.
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On dit : "أطاع أمرَ فلان" (ici "amr" signifie : "impératif émis par Untel") : cela correspond au cas II.I que nous verrons bientôt.
Et : "أطاع فلانًا في أمر كذا" (ici "amr" signifie : "affaire") ; pour sa part, cela correspond au cas II.I ainsi qu'au cas II.II (qui sera évoqué plus bas).
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Le contraire de Itâ'ah est : 'Is'yân. On dit : "عصى أمرَ فلان". Ou : "عصى فلانًا في أمره".
"لَا يَعْصُونَ اللَّهَ مَا أَمَرَهُمْ" (Coran 66/6).
Le contraire de Itâ'ah est aussi : Mukhâlafa. On dit : "خالف عن أمرِ فلان". Ou : "خالف فلانًا في أمره".
"لَا تَجْعَلُوا دُعَاء الرَّسُولِ بَيْنَكُمْ كَدُعَاء بَعْضِكُم بَعْضًا قَدْ يَعْلَمُ اللَّهُ الَّذِينَ يَتَسَلَّلُونَ مِنكُمْ لِوَاذًا فَلْيَحْذَرِ الَّذِينَ يُخَالِفُونَ عَنْ أَمْرِهِ أَن تُصِيبَهُمْ فِتْنَةٌ أَوْ يُصِيبَهُمْ عَذَابٌ أَلِيمٌ" (Coran 24/63).
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II.I) La Itâ'ah que le subordonné fait de l'ordre que celui qui a autorité sur lui lui a donné (إطاعة الأمر) :
Le prophète Aaron (sur lui soit la paix) dit ainsi à ceux de son peuple qui s'étaient adonnés à l'adoration du Veau d'Or : "Suivez-moi, et obéissez à mon ordre" : "وَلَقَدْ قَالَ لَهُمْ هَارُونُ مِن قَبْلُ يَا قَوْمِ إِنَّمَا فُتِنتُم بِهِ وَإِنَّ رَبَّكُمُ الرَّحْمَنُ فَاتَّبِعُونِي وَأَطِيعُوا أَمْرِي" (Coran 20/90).
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En règle normale c'est bien le subordonné qui fait Itâ'ah de l'être qui a autorité sur lui, que cet être soit Dieu, Son Prophète, ou quelqu'un d'autre.
C'est à cause de cette normalité et généralité que al-'Askarî écrit : "والطاعة: الفعل الواقع على حسب ما أراده المريد متى كان المريد أعلى رتبة ممن يفعل ذلك؛ وتكون للخالق والمخلوق. والعبادة لا تكون إلا للخالق" (Al-Furûq ul-lughawiyya, p. 234) ; "الطاعة تكون من الأدنى للأعلى" (Al-Furûq ul-lughawiyya, p. 236).
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Que le subordonné fasse la Itâ'ah de l'ordre (amr) de celui qui a autorité sur lui (II.I), cela fait l'objet d'un Ordre de la part de Dieu et de Son Messager (comme nous allons le voir) : le subordonné y est donc tenu, du moment que l'ordre ne porte pas sur quelque chose qui est strictement interdit par Dieu, et que cela n'est pas hors les prérogatives de celui qui a autorité sur lui.
Dieu dit : "O les croyants, obéissez à Dieu, obéissez à Son Messager, ainsi qu'aux détenteurs de l'autorité parmi vous. Si alors vous divergez au sujet de quelque chose, renvoyez-la à Dieu et à Son Messager, si vous êtes croyants en Dieu et au Jour Dernier. Ceci est mieux et de meilleur devenir" : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ أَطِيعُواْ اللّهَ وَأَطِيعُواْ الرَّسُولَ وَأُوْلِي الأَمْرِ مِنكُمْ؛ فَإِن تَنَازَعْتُمْ فِي شَيْءٍ فَرُدُّوهُ إِلَى اللّهِ وَالرَّسُولِ إِن كُنتُمْ تُؤْمِنُونَ بِاللّهِ وَالْيَوْمِ الآخِرِ؛ ذَلِكَ خَيْرٌ وَأَحْسَنُ تَأْوِيلاً" (Coran 4/59).
Le Prophète (sur lui soit la paix) a dit : "Craignez Dieu votre Pourvoyeur, accomplissez vos cinq prières, jeûnez pendant votre mois (de ramadan), acquittez-vous de la zakât sur vos biens, et obéissez au détenteur de l'autorité sur vous ; vous entrerez dans le Jardin de votre Pourvoyeur" : "عن سليم بن عامر، قال: سمعت أبا أمامة يقول: "سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يخطب في حجة الوداع فقال: "اتقوا الله ربكم، وصلوا خمسكم، وصوموا شهركم، وأدوا زكاة أموالكم، وأطيعوا ذا أمركم، تدخلوا جنة ربكم"". قال: فقلت لأبي أمامة: "منذ كم سمعت من رسول الله صلى الله عليه وسلم هذا الحديث؟" قال: "سمعته وأنا ابن ثلاثين سنة". هذا حديث حسن صحيح" (at-Tirmidhî, 616).
Lire un article consacré au Amîr.
Lire un second article consacré pour sa part à la fonction de chef de famille ; et un troisième article consacré au comportement du chef de famille.
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Dans le fait d'obéir à Dieu ou à Son Prophète :
--- il doit s'agir soit du cas 1.a (se conformer à l'impératif, tout en étant confiant quant à la pertinence de son contenu), soit du cas 2 (rechercher la réalisation liée à cet impératif) (découvrir ces deux possibilités dans notre article traitant de cela) ;
--- mais il ne peut jamais s'agir du cas 1.b (se conformer à l'impératif en actes, tout en n'étant pas d'accord avec lui intérieurement).
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Par contre, dans le fait d'obéir à une créature qui n'est pas prophète, alors :
--- soit la Itâ'ah de cette créature a été interdite par le Coran ni la Sunna (c'est le cas de Iblîs et de toute créature qui nous ordonne de faire une action strictement interdit : "وَإِن تُطِعْ أَكْثَرَ مَن فِي الأَرْضِ يُضِلُّوكَ عَن سَبِيلِ اللّهِ إِن يَتَّبِعُونَ إِلاَّ الظَّنَّ وَإِنْ هُمْ إِلاَّ يَخْرُصُونَ" : Coran 6/116 ; "وَاصْبِرْ نَفْسَكَ مَعَ الَّذِينَ يَدْعُونَ رَبَّهُم بِالْغَدَاةِ وَالْعَشِيِّ يُرِيدُونَ وَجْهَهُ وَلَا تَعْدُ عَيْنَاكَ عَنْهُمْ تُرِيدُ زِينَةَ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَلَا تُطِعْ مَنْ أَغْفَلْنَا قَلْبَهُ عَن ذِكْرِنَا وَاتَّبَعَ هَوَاهُ وَكَانَ أَمْرُهُ فُرُطًا" : Coran 18/28 - s'il y a contrainte reconnue telle, alors il devient autorisé de faire cet acte, mais c'est seulement dans la perspective d'éviter du subir la menace -) ;
--- soit la Itâ'ah de cette créature n'est pas ordonnée mais n'est pas non plus interdite par le Coran ni la Sunna (c'est le cas de l'égal ou même du subordonné) : cette Itâ'ah est d'ordre Maslahî ;
--- soit la Itâ'ah de cette créature est ordonnée (Ma'mûr bihî) par le Coran ou la Sunna (c'est le cas de celui qui est Amîr).
Même quand la Itâ'ah de cette créature est ordonnée (Ma'mûr bihî), le "1.b" fait l'affaire pour satisfaire à cet ordre de Itâ'ah : se conformer à l'impératif en actes, tout en n'étant pas d'accord avec lui intérieurement.
Le fait est que si l'obéissance aux ordres du Amîr est muta'abbad bihî, en revanche l'objet des ordres du Amîr n'étant pas prophète n'est pas en soi muta'abbad bihî. Dès lors, on est tenu d'obéir au Amîr en actes, mais pas d'être, intérieurement - sur le plan 'Aqlî -, d'accord avec le contenu de l'impératif du Amîr : cela ne constitue pas un péché, du moment qu'en actes on se conforme à l'ordre du Amîr qui est relatif à ce que celui-ci pense receler la Maslaha et qui ne comporte rien d'interdit.
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A la différence de l'obéissance à Dieu et au Messager de Dieu : cette fois il ne suffit pas d'accomplir en actes ce qui a été ordonné ou de se préserver en actes de ce qui a été interdit, tout en préférant - sur le plan 'aqlî - faire autre chose : il faut l'accepter intérieurement aussi.
Cette préférence 'Aqlî pour chose différente de celle que le Shâri' a dite, cela est ensuite de degrés différents, le plus fort constituant du kufr akbar, et le plus faible ne le constituant pas.
Dans le verset : "فَلاَ وَرَبِّكَ لاَ يُؤْمِنُونَ حَتَّىَ يُحَكِّمُوكَ فِيمَا شَجَرَ بَيْنَهُمْ ثُمَّ لاَ يَجِدُواْ فِي أَنفُسِهِمْ حَرَجًا مِّمَّا قَضَيْتَ وَيُسَلِّمُواْ تَسْلِيمًا" (Coran 4/65), Dieu dit (entre autres) que les croyants ne doivent "pas ressentir en eux-mêmes de gêne par rapport" aux dispositions de la Shar'.
Pareille gêne intérieure :
----- est complètement excusée si elle consiste en une simple gêne intérieure ressentie sur le plan Tab'î face à l'énoncé de la norme, mais que le musulman ni n'exprime par sa langue ou son geste, ni n'entretient 'Aqlan, mais qu'au contraire il s'efforce de contrebalancer intérieurement, par l'acceptation volontaire ('Aqlan) de cette norme ("اور طبعی تنگی معاف ہے", écrit Cheikh Thânwî quant à ce dernier point : Bayân ul-qur'ân 2/130-131) ;
----- constitue une parole de kufr akbar si elle consiste en l'expression, par la Langue, d'un rejet, d'un mépris ou d'un dégoût vis-à-vis d'une norme qui est ma'lûm min ad-dîn dharûratan ("Cette norme est injuste !") ;
----- constitue un acte intérieur de kufr akbar si elle consiste en du rejet, du mépris ou du dégoût, 'Aqlan, dans le for intérieur, par rapport à cette norme étant ma'lûm min ad-dîn dharûratan ;
----- constitue un acte intérieur de fisq asghar (ou kufr asghar) (donc une kabîra dûn al-kufr) si elle consiste en une gêne intérieure ressentie face à cette norme, gêne que d'une part le musulman ne laisse pas aller jusqu'au rejet (ou mépris) de cette norme, mais que, d'autre part, il entretient en son for intérieur (ce qui est le fait de sa 'Aql) ;
----- constitue une saghîra (et c'est bien pourquoi elle a fait l'objet d'un reproche) si elle est moindre que le cas précédent, mais néanmoins plus accentuée que le degré Tab'î. Cela semble être le cas dans le propos de certains Compagnons ayant été relaté dans ce verset : "أَلَمْ تَرَ إِلَى الَّذِينَ قِيلَ لَهُمْ كُفُّوا أَيْدِيَكُمْ وَأَقِيمُوا الصَّلَاةَ وَآتُوا الزَّكَاةَ فَلَمَّا كُتِبَ عَلَيْهِمُ الْقِتَالُ إِذَا فَرِيقٌ مِّنْهُمْ يَخْشَوْنَ النَّاسَ كَخَشْيَةِ اللَّهِ أَوْ أَشَدَّ خَشْيَةً وَقَالُوا رَبَّنَا لِمَ كَتَبْتَ عَلَيْنَا الْقِتَالَ لَوْلَا أَخَّرْتَنَا إِلَىٰ أَجَلٍ قَرِيبٍ قُلْ مَتَاعُ الدُّنْيَا قَلِيلٌ وَالْآخِرَةُ خَيْرٌ لِّمَنِ اتَّقَىٰ وَلَا تُظْلَمُونَ فَتِيلًا أَيْنَمَا تَكُونُوا يُدْرِككُّمُ الْمَوْتُ وَلَوْ كُنتُمْ فِي بُرُوجٍ مُّشَيَّدَةٍ" (Coran 4/77-78). Ce verset 4/77 ne parle pas d'Hypocrites (comme le propose l'un des commentaires existants : voir par exemple Zâd ul-massîr, ou Asbâb un-Nuzûl li-l-Wâhidî) : des Hypocrites n'auraient pas dit : "رَبَّنَا لِمَ كَتَبْتَ عَلَيْنَا الْقِتَالَ لَوْلَا أَخَّرْتَنَا إِلَىٰ أَجَلٍ قَرِيبٍ". Ce verset 4/77 évoque des Compagnons. Et, d'un côté, ces Compagnons n'ont pas, ici, rejeté ni même critiqué l'impératif, reçu une fois à Médine (donc en pays musulman souverain), de prendre les armes pour se défendre contre l'ennemi agresseur. De l'autre côté, ce verset ne relate pas non plus le seul fait qu'ils aient ressenti quelque chose de purement Tab'î (comme cela est pour sa part exprimé dans cet autre verset : "كُتِبَ عَلَيْكُمُ الْقِتَالُ وَهُوَ كُرْهٌ لَّكُمْ" : Coran 2/216). En Coran 4/77, le propos de ces Compagnons a été l'expression de cette préférence Tab'î par un souhait : c'est que ce devoir leur eût été imposé, oui, mais seulement plus tard. Ce ne fut certes pas un refus de leur part, néanmoins un léger reproche est contenu dans ce verset. Un autre passage coranique existe qui, concernant une autre situation, relate quelque chose de voisin : "وَإِنَّ فَرِيقاً مِّنَ الْمُؤْمِنِينَ لَكَارِهُونَ يُجَادِلُونَكَ فِي الْحَقِّ بَعْدَمَا تَبَيَّنَ كَأَنَّمَا يُسَاقُونَ إِلَى الْمَوْتِ وَهُمْ يَنظُرُونَ" (Coran 8/8-9) : cet autre passage relate ce qui s'est passé au moment de la consultation que le Prophète avait faite près de Badr avec les Compagnons présents. Pendant la consultation que le Prophète fit quant à la conduite à tenir face à ces changements de situation (devaient-ils s'en retourner, ou continuer à avancer jusqu'à rencontrer l'armée ennemie), la plupart des Compagnons présents se dirent prêts à affronter l'armée ; mais un groupe de croyants se montra hésitant, et dit : "Si tu nous en avais informés au préalable, nous aurions pris nos dispositions" : il ne souhaitait toujours pas la rencontre avec l'ennemi, alors même qu'il était établi que ce dernier se dirigeait vers le groupe mené par le Prophète ("يُجَادِلُونَكَ فِي الْحَقِّ بَعْدَمَا تَبَيَّنَ"). C'est de ce groupe de croyants que ce verset parle, leur faisant un léger reproche (inkâr) (Tafsîr ul-Qurtubî, 7/369).
Pour ce qui est des impératifs émis par le Prophète (sur lui soit la paix) en tant que maslaha :
----- si cela était dit par jazm, les Compagnons lui devaient obéissance autant dans la façon de penser que dans la mise en pratique ;
----- par contre, si cela n'était pas par jazm, des Compagnons ont pu lui proposer autre chose, qu'il a parfois accepté, et parfois pas) (reste la question de savoir quelle différence reste-t-il réellement entre l'impératif du Prophète émis en tant que ta'abbud, et l'impératif émis par lui en tant que maslaha et par jazm).
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Quant à la différence entre l'obéissance à Dieu et l'obéissance à Son Messager, elle est comme suit :
--- l'obéissance à Dieu est une obéissance dans l'absolu : il s'agit d'un acte de soumission librement consentie, d'un acte métaphysique, fait pour se rapprocher spirituellement : cela est réservé à Dieu ;
--- alors que l'obéissance au Messager de Dieu consiste à obéir aux impératifs de ce dernier aussi (en sus des impératifs présents dans le Coran), et ce dans la mesure où Dieu a désigné cet homme comme Son Messager auprès des hommes, avec pour mission de leur montrer, par sa Sunna, les principes du Coran vécus concrètement.
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Quant à l'obéissance aux ulémas, elle signifie :
--- l'obéissance à leurs dires avec l'objectif de suivre le Coran et la Sunna : on suit leurs dires en tant qu'explications des versets coraniques et hadîths prophétiques, et en tant que déductions faites à partir de ces sources.
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II.II) La Itâ'ah que celui qui dispose de l'autorité fait de celui qui lui est subordonné ; ou qu'un homme fait de quelqu'un qui n'est pas son supérieur hiérarchique (إطاعة المشورة) :
Dieu ne fait jamais Itâ'ah de qui que ce soit - "لا يُطيع اللهُ أحدًا" -, car Il ne fait rien par envie d'obtenir de quelque chose, ou par crainte d'autre chose.
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Le droit d'intercéder auprès de Dieu n'appartient qu'à Lui : c'est Lui qui donne - à ceux qu'Il agrée - l'autorisation d'intercéder auprès de Lui en faveur d'autres. Et c'est Lui qui accepte l'intercession ainsi faite s'Il le veut, et ne l'accepte pas s'Il ne le veut pas, de Son Plein Gré : Il ne consent pas à accepter une intercession parce qu'Il voudrait plaire à l'intercesseur, ou aurait besoin de quelque chose que celui-ci Lui fournirait (رغبةّ), ni parce qu'Il aurait besoin de ménager cet intercesseur, qu'il redoute quelque peu (رهبةً) : cela ne serait alors plus, de Sa Part, du Qabûl, mais de la Itâ'ah.
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Par contre, parfois le Prophète (que Dieu le bénisse et le salue) a fait Itâ'ah de ses Compagnons (bien que le Prophète était et demeurait leur chef, et qu'il n'était nullement obligé de les suivre), par raghba.
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De même, parfois le chef n'étant pas prophète fait Itâ'ah de ceux sur qui il a autorité.
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Que le chef fasse la Itâ'ah de la demande (talab) ou de l'avis (mashûra) de l'un de ses subordonnés (II.II), cela ne fait pas l'objet d'un Ordre de la part de Dieu ; cela est Maslahî : c'est au chef de voir au cas par cas, par ce qu'il estime être la Maslaha.
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Dieu dit, S'adressant aux Compagnons de Son Messager : "Et sachez que parmi vous se trouve le Messager de Dieu. S'il vous obéissait dans beaucoup de choses, vous tomberiez dans le problème. Mais Dieu vous a rendu aimée la foi et a embelli celle-ci dans vos cœurs, et vous a fait détester la mécréance, la grande désobéissance et la petite désobéissance. Ceux-là sont les bien guidés, par Faveur et Bienfait de la part de Dieu. Et Dieu est Sachant, Sage" : "وَاعْلَمُوا أَنَّ فِيكُمْ رَسُولَ اللَّهِ لَوْ يُطِيعُكُمْ فِي كَثِيرٍ مِّنَ الْأَمْرِ لَعَنِتُّمْ وَلَكِنَّ اللَّهَ حَبَّبَ إِلَيْكُمُ الْإِيمَانَ وَزَيَّنَهُ فِي قُلُوبِكُمْ وَكَرَّهَ إِلَيْكُمُ الْكُفْرَ وَالْفُسُوقَ وَالْعِصْيَانَ أُوْلَئِكَ هُمُ الرَّاشِدُونَ فَضْلًا مِّنَ اللَّهِ وَنِعْمَةً وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ" (Coran 49/7-8).
Voici une proposition de commentaire de ce verset : "وَاعْلَمُوا أَنَّ فِيكُمْ رَسُولَ اللَّهِ} فراجِعوه في أمور الأمّة. {لَوْ يُطِيعُكُمْ فِي كَثِيرٍ مِّنَ الْأَمْرِ} المصلحيّة {لَعَنِتُّمْ} أي لوقعتم في المشقة أو الهلاك، بسبب أنّ رأْي رسول الله هو الأصلح في الغالب الأكثر {وَلَكِنَّ اللَّهَ حَبَّبَ إِلَيْكُمُ الْإِيمَانَ وَزَيَّنَهُ فِي قُلُوبِكُمْ وَكَرَّهَ إِلَيْكُمُ الْكُفْرَ وَالْفُسُوقَ وَالْعِصْيَانَ} فاجتنبتم عن التقدّم بين يدي رسول الله {أُوْلَئِكَ هُمُ الرَّاشِدُونَ فَضْلًا مِّنَ اللَّهِ وَنِعْمَةً وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ}. وهناك بعض الأمور - مثل أسارى بدر والصلاة على عبد الله بن أبيّ أبن سلول -، كان الأولى أن يُطاع فيها رأيُ الصحابي؛ وهذه الأمور قليلة؛ ولهذا قال الله تعالى هنا: {فِي كَثِيرٍ مِّنَ الْأَمْرِ}".
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Dans deux hadîths (dha'îf), on lit ceci parmi les choses devant se dérouler avant la Fin du Monde : "وأطاع الرجل زوجته وعَقَّ أمّه" (at-Tirmidhî, 2210), "وأطاع الرجل امرأته وعَقَّ أمّه" (at-Tirmidhî, 2211).
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Parfois le Prophète (sur lui soit la paix) a fait une Itâ'at ul-mashûra qui relève du cas 2 (rechercher la réalisation de l'avantage présent dans l'avis lui ayant été communiqué) :
Quand à Badr le Prophète a accepté le conseil de al-Hubâb ibn ul-Mundhir de changer l'armée de place, ce fut une Itâ'ah de sa part, où il a entièrement approuvé le contenu de l'avis (mashûra) lui ayant été donné (2).
De même, lors du voyage devant le mener à al-Hudaybiya, quand, à Ghadîr ul-Ashtât, il a accepté le conseil de Abû Bakr de ne pas s'en prendre aux demeures des Ahâbîsh et de continuer sa route comme prévu initialement (se rendre à la Kaaba), ce fut une Itâ'ah de sa part, où il a approuvé le contenu de l'avis (mashûra) lui ayant été donné (2).
De même encore, quand à al-Hudaybiya il a accepté le conseil de Ummu Salama de ne plus répéter verbalement aux Compagnons l'ordre d'abattre les bêtes et de se raser la tête mais de lui-même pratiquer cela concrètement, ce fut une Itâ'ah de sa part, où il a approuvé le contenu de l'avis (mashûra) lui ayant été donné (2).
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Mais parfois le Prophète (sur lui soit la paix) a fait une Itâ'at ul-mashûra qui relève du cas 1.b (se conformer en actes à l'avis lui ayant été communiqué, tout en préférant intérieurement, 'aqlan, l'autre option) :
Ainsi en a-t-il été quant au fait d'aller rencontrer l'ennemi mecquois à Uhud : le Prophète (sur lui soit la paix) a accepté cette option suite à l'insistance d'un nombre conséquent de ses Compagnons, alors que pour sa part il préférait (tarjîh) l'option de se barricader à Médine.
En effet, en l'an 3 de l'hégire, lorsque les Mecquois étaient sur le point d'arriver aux portes de Médine, le Prophète (sur lui soit la paix) consulta (mashûra) ses Compagnons quant à ce qu'il fallait faire. Il présenta la préférence qu'il avait : ne pas aller rencontrer l'ennemi mais la protéger ville en se barricadant. C'était ainsi qu'il voulait empêcher l'invasion. Il avait vu en rêve que c'est comme s'il se trouvait dans une armure solide et avait vu des bovins être égorgés. Il interprétait alors l'armure comme représentant Médine (Fat'h ul-bârî 13/417). L'avis qu'il émettait lors de cette consultation (mashûra) était donc la tarjîh de se barricader à Médine et d'attendre que l'ennemi s'en aille.
Mais un grand nombre de Compagnons (surtout ceux qui n'avaient pas participé à Badr l'an précédent) insistèrent pour aller à la rencontre de l'ennemi et lui livrer bataille.
Suite à l'insistance de ces hommes, et vu que c'était une consultation (mashûra), le Prophète délaissa l'application de sa tarjîh pour appliquer l'avis de ce grand nombre de personnes. Il rentra donc chez lui pour se préparer et revêtir sa tenue (voir Zâd ul-ma'âd 3/193).
Entre-temps, ces Compagnons regrettèrent d'avoir contredit ce que le Prophète jugeait plus sage, et, quand celui-ci ressortit de chez lui, ils lui dirent : "Messager de Dieu, reste [= restons] (ici) ! Car l'avis à retenir est ton avis !" : "أقم، فالرأي رأيك" (FB 13/417).
Mais le Prophète leur répondit alors que, une fois que le dirigeant avait pris la décision d'avoir recours (pour repousser l'attaquant) à l'option de la rencontre avec celui-ci et qu'il avait revêtu la tenue appropriée, il n'était plus possible, shar'an, de revenir à l'autre option : se barricader et attendre que l'attaquant s'en aille. En fait cela était comparable au fait qu'une personne sur qui le pèlerinage n'était pas obligatoire, une fois qu'elle avait fait l'intention d'aller en pèlerinage et avait revêtu la tenue de l'ihrâm, il ne lui était plus possible de revenir en arrière (Zâd ul-ma'âd 3/211, Majmû' ul-fatâwâ 14/251).
Ce fut ainsi qu'eut lieu la bataille de Uhud.
Cela figure dans les narrations suivantes : "عن أبي الزبير، عن جابر بن عبد الله، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "رأيت كأني في درع حصينة، ورأيت بقرا منحرة. فأولت أن الدرع الحصينة المدينة، وأن البقر نفر، والله خير". قال: فقال لأصحابه: "لو أنا أقمنا بالمدينة؟ فإن دخلوا علينا فيها، قاتلناهم"، فقالوا: "يا رسول الله، والله ما دخل علينا فيها في الجاهلية، فكيف يدخل علينا فيها في الإسلام؟". قال عفان في حديثه: فقال: "شأنكم إذًا". قال: فلبس لأمته. قال: فقالت الأنصار: "رددنا على رسول الله صلى الله عليه وسلم رأيه"، فجاءوا، فقالوا: "يا نبي الله، شأنك إذا"، فقال: "إنه ليس لنبي إذا لبس لأمته أن يضعها حتى يقاتل" (Ahmad, 14787) ; "عن ابن عباس، قال: تنفل رسول الله صلى الله عليه وسلم سيفه ذا الفقار يوم بدر. وهو الذي رأى فيه الرؤيا يوم أحد، فقال: "رأيت في سيفي ذي الفقار فُلا، فأولته فُلا يكون فيكم. ورأيت أني مردف كبشا، فأولته كبش الكتيبة. ورأيت أني في درع حصينة، فأولتها المدينة. ورأيت بقرا تذبح، فبقر والله خير، فبقر والله خير". فكان الذي قال رسول الله صلى الله عليه وسلم" (Ahmad, 2445) ; "عن ابن عباس رضي الله عنهما، قال: "تنفل رسول الله صلى الله عليه وسلم سيفه ذا الفقار يوم بدر". قال ابن عباس: "وهو الذي رأى فيه الرؤيا يوم أحد. وذلك أن رسول الله صلى الله عليه وسلم لما جاءه المشركون يوم أحد، كان رأْيُ رسول الله صلى الله عليه وسلم أن يقيم بالمدينة يقاتلهم فيها. فقال له ناس لم يكونوا شهدوا بدرا: "أتخرج بنا يا رسول الله صلى الله عليه وسلم إليهم نقاتلهم بأحد؟"، ورجوا أن يصيبوا من الفضيلة ما أصاب أهل بدر. فما زالوا برسول الله صلى الله عليه وسلم حتى لبس أداته. فندموا وقالوا: "يا رسول الله، أقم فالرأي رأيك". فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "ما ينبغي لنبي أن يضع أداته بعد أن لبسها، حتى يحكم الله بينه وبين عدوه". قال: "وكان مما قال لهم رسول الله صلى الله عليه وسلم يومئذ قبل أن يلبس الأداة: "إني رأيت أني في درع حصينة، فأولتها المدينة؛ وأني مردف كبشا، فأولته كبش الكتيبة؛ ورأيت أن سيفي ذا الفقار فُل، فأولته فُلا فيكم؛ ورأيت بقرا تذبح، فبقر، والله خير، فبقر والله خير" (al-Hâkim, 2588).
On voit ici le Prophète appliquer le contraire de l'avis pour lequel il avait du tarjîh (avis qui reposait sur son interprétation - ta'bîr - de son rêve, laquelle interprétation était zannî). Cela car l'autre avis d'une part "tenait lui aussi la route" (bien que marjûh dans son esprit) et d'autre part était celui d'un grand nombre de ses hommes. Le Prophète appliqua alors cet autre avis, parce que c'est ainsi que doit être le bon chef lors d'une consultation. Ici, ce fut donc li 'âridh (tenir compte du souhait de ses hommes) qu'il abandonna l'application de l'avis qui lui paraissait râjih, et qu'il adopta le tarjîh de ce que ces Compagnons lui proposèrent.
Par la suite il ne put plus adopter son premier avis, auquel ses Compagnons étaient revenus, parce que cela aurait, cette fois, contredit une règle ta'abbudî.
Cela constitua une Itâ'ah : une Itâ'ah du type 1.b : le Prophète délaissa la tarjîh qu'il avait, par muwâzana : le chef entendit l'aspiration de ses hommes, et prit sa décision de manière à satisfaire leur aspiration.
Le Chef de file des Hypocrites de Médine, Abdullâh ibn Ubayy Ibn Salûl, le dit explicitement lorsqu'il s'en retourna, entraînant les autres Hypocrites avec lui : il dit alors au sujet du Prophète par rapport à ses Compagnons : "Il a fait leur Itâ'ah" : "قال ابن إسحاق: حتى إذا كانوا بالشوط بين المدينة وأحد، انخزل عنه عبد الله بن أبي بن سلول بثلث الناس، وقال: "أطاعهم وعصاني. ما ندري علام نقتل أنفسنا هاهنا أيها الناس". فرجع بمن اتبعه من قومه من أهل النفاق والريب. واتبعهم عبد الله بن عمرو بن حرام أخو بني سلمة، يقول: "يا قوم، أذكركم الله ألا تخذلوا قومكم ونبيكم عند ما حضر من عدوهم"، فقالوا: "لو نعلم أنكم تقاتلون لما أسلمناكم، ولكنا لا نرى أنه يكون قتال". قال: فلما استعصوا عليه وأبوا إلا الانصراف عنهم، قال: "أبعدكم الله أعداء الله، فسيغني الله عنكم نبيه" (Sîrat Ibn Hishâm).
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Le Prophète (sur lui soit la paix) fit la même chose près de la ville de at-Tâ'ïf, en l'an 8 de l'hégire.
Après de longs jours de siège infructueux de la cité, le Prophète dit à ses hommes : "Nous allons nous en retourner demain inshâ Allah".
Mais ses Compagnons insistèrent pour poursuivre le siège.
Le Prophète accepta donc.
Le lendemain, il y eut de nombreux blessés parmi eux. Cette fois, quand le Prophète dit : "Nous allons nous en retourner demain inshâ Allah", personne ne proposa plus autre chose, ce qui fit sourire le Prophète.
"عن عبد الله بن عمر، قال: لما حاصر رسول الله صلى الله عليه وسلم الطائف، فلم ينل منهم شيئا، قال: "إنا قافلون إن شاء الله." فثقل عليهم، وقالوا: نذهب ولا نفتحه! وقال مرة: نقفل. فقال: "اغدوا على القتال." فغدوا فأصابهم جراح، فقال: "إنا قافلون غدا إن شاء الله"، فأعجبهم. فضحك النبي صلى الله عليه وسلم - وقال سفيان مرة: فتبسم" (al-Bukhârî, 4070, 5736, Muslim, 1778).
On voit ici le Prophète appliquer le contraire de l'avis pour lequel il avait du tarjîh. Cela car l'autre avis d'une part "tenait lui aussi la route" (bien que marjûh dans son esprit) et d'autre part était celui d'un grand nombre de ses hommes. Le Prophète appliqua alors cet autre avis, parce que c'est ainsi que doit être le bon chef lors d'une consultation : il est amené à tenir compte des souhaits de ses hommes tant que cela ne contredit aucune règle ta'abbudî. Ici encore, ce fut li 'âridh (tenir compte du souhait de ses hommes) qu'il abandonna l'application de l'avis qui lui paraissait râjih, et qu'il adopta le tarjîh de ce que ces Compagnons lui proposèrent.
Ce fut donc une Itâ'ah du type 1.b.
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III) "Ittibâ'" :
Ittibâ' signifie : "suivre".
Ce terme s'emploie par rapport à :
--- une voie, un enseignement :
"وَأَنَّ هَذَا صِرَاطِي مُسْتَقِيمًا فَاتَّبِعُوهُ وَلاَ تَتَّبِعُواْ السُّبُلَ فَتَفَرَّقَ بِكُمْ عَن سَبِيلِهِ" (Coran 6/153) ; "ثُمَّ أَوْحَيْنَا إِلَيْكَ أَنِ اتَّبِعْ مِلَّةَ إِبْرَاهِيمَ حَنِيفًا وَمَا كَانَ مِنَ الْمُشْرِكِيْنَ" (Coran 16/123) ; "فَاتَّبِعُواْ مِلَّةَ إِبْرَاهِيمَ حَنِيفًا" (Coran 3/95) ; "وَمَن يُشَاقِقِ الرَّسُولَ مِن بَعْدِ مَا تَبَيَّنَ لَهُ الْهُدَى وَيَتَّبِعْ غَيْرَ سَبِيلِ الْمُؤْمِنِينَ نُوَلِّهِ مَا تَوَلَّى وَنُصْلِهِ جَهَنَّمَ وَسَاءتْ مَصِيرًا" (Coran 4/115). Cela peut être des propos verbaux consistant en des affirmations : "وَاتَّبَعُواْ مَا تَتْلُواْ الشَّيَاطِينُ عَلَى مُلْكِ سُلَيْمَانَ" (Coran 2/102) ; c'est donc aussi le Coran, lequel trace une voie, et renferme à la fois des impératifs et des informations ("والقرآن تضمّن خبرًا وأمرًا" : MF 16/6, en commentaire de Coran 39/17-18) : "وَهَذَا كِتَابٌ أَنزَلْنَاهُ مُبَارَكٌ فَاتَّبِعُوهُ وَاتَّقُواْ لَعَلَّكُمْ تُرْحَمُونَ" (Coran 6/155) ; "اتَّبِعْ مَا أُوحِيَ إِلَيْكَ مِن رَّبِّكَ" (Coran 6/106) ; "اتَّبِعُواْ مَا أُنزِلَ إِلَيْكُم مِّن رَّبِّكُمْ" (Coran 7/3) ; "وَإِذَا قِيلَ لَهُمُ اتَّبِعُوا مَا أَنزَلَ اللَّهُ قَالُوا بَلْ نَتَّبِعُ مَا وَجَدْنَا عَلَيْهِ آبَاءنَا" (Coran 31/23) ; "فَبَشِّرْ عِبَادِ الَّذِينَ يَسْتَمِعُونَ الْقَوْلَ فَيَتَّبِعُونَ أَحْسَنَهُ" (Coran 39/17-18) ; "وَأَنِيبُوا إِلَى رَبِّكُمْ وَأَسْلِمُوا لَهُ مِن قَبْلِ أَن يَأْتِيَكُمُ الْعَذَابُ ثُمَّ لَا تُنصَرُونَ وَاتَّبِعُوا أَحْسَنَ مَا أُنزِلَ إِلَيْكُم مِّن رَّبِّكُم مِّن قَبْلِ أَن يَأْتِيَكُمُ العَذَابُ بَغْتَةً وَأَنتُمْ لَا تَشْعُرُونَ" (Coran 39/54-55) ;
--- un homme (dont on suit la voie que lui-même suit ; dont on suit les impératifs mais aussi la façon de faire) :
"وَجَاء مِنْ أَقْصَى الْمَدِينَةِ رَجُلٌ يَسْعَى قَالَ يَا قَوْمِ اتَّبِعُوا الْمُرْسَلِينَ اتَّبِعُوا مَن لاَّ يَسْأَلُكُمْ أَجْرًا وَهُم مُّهْتَدُونَ" (Coran 36/20-21) ; "وَلَقَدْ قَالَ لَهُمْ هَارُونُ مِن قَبْلُ يَا قَوْمِ إِنَّمَا فُتِنتُم بِهِ وَإِنَّ رَبَّكُمُ الرَّحْمَنُ فَاتَّبِعُونِي وَأَطِيعُوا أَمْرِي" (Coran 20/90) ; "قُلْ إِن كُنتُمْ تُحِبُّونَ اللّهَ فَاتَّبِعُونِي يُحْبِبْكُمُ اللّهُ وَيَغْفِرْ لَكُمْ ذُنُوبَكُمْ" (Coran 3/31) ; "الَّذِينَ يَتَّبِعُونَ الرَّسُولَ النَّبِيَّ الأُمِّيَّ الَّذِي يَجِدُونَهُ مَكْتُوبًا عِندَهُمْ فِي التَّوْرَاةِ وَالإِنْجِيلِ" (Coran 7/157) ; "وَقَالَ الَّذِي آمَنَ يَا قَوْمِ اتَّبِعُونِ أَهْدِكُمْ سَبِيلَ الرَّشَادِ" (Coran 40/38) ; "قَالَ نُوحٌ رَّبِّ إِنَّهُمْ عَصَوْنِي وَاتَّبَعُوا مَن لَّمْ يَزِدْهُ مَالُهُ وَوَلَدُهُ إِلَّا خَسَارًا" (Coran 71/21) ; "إِذْ تَبَرَّأَ الَّذِينَ اتُّبِعُواْ مِنَ الَّذِينَ اتَّبَعُواْ" (Coran 2/166) ;
--- une suggestion intérieure :
"فَإِن لَّمْ يَسْتَجِيبُوا لَكَ فَاعْلَمْ أَنَّمَا يَتَّبِعُونَ أَهْوَاءهُمْ وَمَنْ أَضَلُّ مِمَّنِ اتَّبَعَ هَوَاهُ بِغَيْرِ هُدًى مِّنَ اللَّهِ" (Coran 28/50) ; "وَيُرِيدُ الَّذِينَ يَتَّبِعُونَ الشَّهَوَاتِ أَن تَمِيلُواْ مَيْلاً عَظِيمًا" (Coran 4/27) ; "إِنْ هِيَ إِلَّا أَسْمَاء سَمَّيْتُمُوهَا أَنتُمْ وَآبَاؤُكُم مَّا أَنزَلَ اللَّهُ بِهَا مِن سُلْطَانٍ إِن يَتَّبِعُونَ إِلَّا الظَّنَّ وَمَا تَهْوَى الْأَنفُسُ" (Coran 53/23) ; "وَمَا لَهُم بِهِ مِنْ عِلْمٍ إِن يَتَّبِعُونَ إِلَّا الظَّنَّ وَإِنَّ الظَّنَّ لَا يُغْنِي مِنَ الْحَقِّ شَيْئًا" (Coran 53/28) ; "وَمَا يَتَّبِعُ الَّذِينَ يَدْعُونَ مِن دُونِ اللّهِ شُرَكَاء إِن يَتَّبِعُونَ إِلاَّ الظَّنَّ وَإِنْ هُمْ إِلاَّ يَخْرُصُونَ" (Coran 10/66) ; "وَمِنَ النَّاسِ مَن يُجَادِلُ فِي اللَّهِ بِغَيْرِ عِلْمٍ وَيَتَّبِعُ كُلَّ شَيْطَانٍ مَّرِيدٍ" (Coran 22/3) ; "وَلَوْلاَ فَضْلُ اللّهِ عَلَيْكُمْ وَرَحْمَتُهُ لاَتَّبَعْتُمُ الشَّيْطَانَ إِلاَّ قَلِيلاً" (Coran 4/83) ; "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَتَّبِعُوا خُطُوَاتِ الشَّيْطَانِ وَمَن يَتَّبِعْ خُطُوَاتِ الشَّيْطَانِ فَإِنَّهُ يَأْمُرُ بِالْفَحْشَاء وَالْمُنكَرِ" (Coran 24/21).
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Ce terme "Ittibâ'" ne s'emploie pas avec pour objet : Dieu, puisqu'on ne suit pas Dieu faisant quelque chose, mais on obéit à Ses Ordres.
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Par contre, ce terme s'emploie avec pour objet : la Voie que Dieu a tracée pour nous : "وَأَنَّ هَذَا صِرَاطِي مُسْتَقِيمًا فَاتَّبِعُوهُ وَلاَ تَتَّبِعُواْ السُّبُلَ فَتَفَرَّقَ بِكُمْ عَن سَبِيلِهِ" (Coran 6/153) ; c'est la Voie que les Paroles de Dieu tracent : .
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De même, ce terme s'emploie par rapport au Messager de Dieu : on suit son modèle faisant quelque chose - en faisant comme lui -, et, en sus, on obéit à ses ordres verbaux.
Le prophète Aaron (sur lui soit la paix) dit ainsi à ceux de son peuple qui s'étaient adonnés à l'adoration du Veau d'Or : "Suivez-moi, et obéissez à mon ordre" : "وَلَقَدْ قَالَ لَهُمْ هَارُونُ مِن قَبْلُ يَا قَوْمِ إِنَّمَا فُتِنتُم بِهِ وَإِنَّ رَبَّكُمُ الرَّحْمَنُ فَاتَّبِعُونِي وَأَطِيعُوا أَمْرِي" (Coran 20/90) : le premier consiste à suivre la même voie qu'il suit ; le second consiste à obéir à ses ordres verbaux.
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Et c'est pourquoi, si la Itâ'ah (II) du Prophète (sur lui soit la paix) est parfois du degré Mustahabb seulement, elle ne peut pas être du degré Mubâh (les Amru Irshâd ne requièrent pas une Itâ'ah).
Contrairement à la Ittibâ' (III) du Prophète : parfois du degré Wâjib, et parfois du degré Mustahabb, le Ittibâ' est également parfois du degré Mubâh seulement : il s'agit de son Ittibâ' dans ce qu'il a fait 'âdatan.
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IV) "Qabûl'" :
Qabûl signifie : "accepter".
A l'origine Qabûl se dit au sujet de :
--- la réalisation, par le supérieur, de la demande que son subordonné lui adresse : "وَهُوَ الَّذِي يَقْبَلُ التَّوْبَةَ عَنْ عِبَادِهِ" (Coran 42/25) ;
--- l'acceptation, faite par un être, du présent qu'un homme lui fait (que cet homme soit son subordonné ou son égal) (que cet être ait besoin de ce présent, ou pas) : "وَاتْلُ عَلَيْهِمْ نَبَأَ ابْنَيْ آدَمَ بِالْحَقِّ إِذْ قَرَّبَا قُرْبَانًا فَتُقُبِّلَ مِن أَحَدِهِمَا وَلَمْ يُتَقَبَّلْ مِنَ الآخَرِ قَالَ لَأَقْتُلَنَّكَ قَالَ إِنَّمَا يَتَقَبَّلُ اللّهُ مِنَ الْمُتَّقِينَ" (Coran 5/27). "الفرق بين الطاعة والقبول أن الطاعة إنما تقع رغبة أو رهبة؛ والقبول - مثل الإجابة - يقع حكمة ومصلحة؛ ولذلك حسنت الصفة لله تعالى بأنه مجيب وقابل، ولا تحسن الصفة له بأنه مطيع" (Al-Furûq ul-lughawiyya, p. 236).
Ensuite Qabûl s'est dit aussi au sujet de :
--- l'acceptation, faite par le croyant, de la voie que Dieu lui a tracée : il s'agit alors d'une acceptation de soumission : c'est ainsi que des ulémas ont proposé cette formule : "آمنتُ بالله كما هو بأسمائه وصفاته، وقبلتُ جميع أحكامه".
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).
Quelle différence entre les termes "Itâ'ah", "Qabûl", "Ittibâ'" et "Ijâba" ? - ما الفرق بين الإطاعة والقبول والاتباع والإجابة؟
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I) "Ijâba" et "Istijâba li" :
"Ijâba" et "Istijâba li" se disent quant à l'acceptation de :
--- une invitation à venir dans un lieu (da'wa),
--- ou une demande à réaliser quelque chose (du'â').
Le terme da'â et celui de ajâba/ istajâba s'utilisent pour désigner respectivement :
--- l'action du supérieur demandant quelque chose à son subordonné, et l'action de réponse du subordonné à de son supérieur :
"وَاللّهُ يَدْعُو إِلَى دَارِ السَّلاَمِ" (Coran 10/25), "لِلَّذِينَ اسْتَجَابُواْ لِرَبِّهِمُ الْحُسْنَى. وَالَّذِينَ لَمْ يَسْتَجِيبُواْ لَهُ لَوْ أَنَّ لَهُم مَّا فِي الأَرْضِ جَمِيعًا وَمِثْلَهُ مَعَهُ لاَفْتَدَوْاْ بِهِ أُوْلَئِكَ لَهُمْ سُوءُ الْحِسَابِ وَمَأْوَاهُمْ جَهَنَّمُ وَبِئْسَ الْمِهَادُ" (Coran 13/18) ; "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ اسْتَجِيبُواْ لِلّهِ وَلِلرَّسُولِ إِذَا دَعَاكُم لِمَا يُحْيِيكُمْ" (Coran 8/24) ; "الَّذِينَ اسْتَجَابُواْ لِلّهِ وَالرَّسُولِ مِن بَعْدِ مَآ أَصَابَهُمُ الْقَرْحُ" (Coran 3/172) ; "وَأَنذِرِ النَّاسَ يَوْمَ يَأْتِيهِمُ الْعَذَابُ فَيَقُولُ الَّذِينَ ظَلَمُواْ رَبَّنَا أَخِّرْنَا إِلَى أَجَلٍ قَرِيبٍ نُّجِبْ دَعْوَتَكَ وَنَتَّبِعِ الرُّسُلَ" (Coran 14/44) ; "يَوْمَ يَدْعُوكُمْ فَتَسْتَجِيبُونَ بِحَمْدِهِ وَتَظُنُّونَ إِن لَّبِثْتُمْ إِلاَّ قَلِيلاً" (Coran 17/52) ; "لَا تَجْعَلُوا دُعَاء الرَّسُولِ بَيْنَكُمْ كَدُعَاء بَعْضِكُم بَعْضًا قَدْ يَعْلَمُ اللَّهُ الَّذِينَ يَتَسَلَّلُونَ مِنكُمْ لِوَاذًا" (Coran 24/63) ;
--- l'action du subordonné demandant quelque chose à son supérieur, et l'action de réponse du supérieur à son subordonné :
"وَقَالَ رَبُّكُمُ ادْعُونِي أَسْتَجِبْ لَكُمْ" (Coran 40/60) ; "إِذْ تَسْتَغِيثُونَ رَبَّكُمْ فَاسْتَجَابَ لَكُمْ أَنِّي مُمِدُّكُم بِأَلْفٍ مِّنَ الْمَلآئِكَةِ مُرْدِفِينَ" (Coran 8/9) ; "قَالَ رَبِّ السِّجْنُ أَحَبُّ إِلَيَّ مِمَّا يَدْعُونَنِي إِلَيْهِ وَإِلاَّ تَصْرِفْ عَنِّي كَيْدَهُنَّ أَصْبُ إِلَيْهِنَّ وَأَكُن مِّنَ الْجَاهِلِينَ فَاسْتَجَابَ لَهُ رَبُّهُ فَصَرَفَ عَنْهُ كَيْدَهُنَّ إِنَّهُ هُوَ السَّمِيعُ الْعَلِيمُ" (Coran 12/33-34) ; "رَبَّنَا مَا خَلَقْتَ هَذا بَاطِلاً سُبْحَانَكَ فَقِنَا عَذَابَ النَّارِ. رَبَّنَا إِنَّكَ مَن تُدْخِلِ النَّارَ فَقَدْ أَخْزَيْتَهُ وَمَا لِلظَّالِمِينَ مِنْ أَنصَارٍ. رَّبَّنَا إِنَّنَا سَمِعْنَا مُنَادِيًا يُنَادِي لِلإِيمَانِ أَنْ آمِنُواْ بِرَبِّكُمْ فَآمَنَّا رَبَّنَا فَاغْفِرْ لَنَا ذُنُوبَنَا وَكَفِّرْ عَنَّا سَيِّئَاتِنَا وَتَوَفَّنَا مَعَ الأبْرَارِ. رَبَّنَا وَآتِنَا مَا وَعَدتَّنَا عَلَى رُسُلِكَ وَلاَ تُخْزِنَا يَوْمَ الْقِيَامَةِ إِنَّكَ لاَ تُخْلِفُ الْمِيعَادَ. فَاسْتَجَابَ لَهُمْ رَبُّهُمْ أَنِّي لاَ أُضِيعُ عَمَلَ عَامِلٍ مِّنكُم مِّن ذَكَرٍ أَوْ أُنثَى بَعْضُكُم مِّن بَعْضٍ فَالَّذِينَ هَاجَرُواْ وَأُخْرِجُواْ مِن دِيَارِهِمْ وَأُوذُواْ فِي سَبِيلِي وَقَاتَلُواْ وَقُتِلُواْ لأُكَفِّرَنَّ عَنْهُمْ سَيِّئَاتِهِمْ وَلأُدْخِلَنَّهُمْ جَنَّاتٍ تَجْرِي مِن تَحْتِهَا الأَنْهَارُ ثَوَابًا مِّن عِندِ اللّهِ وَاللّهُ عِندَهُ حُسْنُ الثَّوَابِ" (Coran 3/191-195) ;
--- les deux actions - invitation/ demande d'une part, et acceptation/ réponse d'autre part - voyant le jour entre deux êtres entre qui il n'y a pas de hiérarchie institutionnalisée :
"وَمَا كَانَ لِيَ عَلَيْكُم مِّن سُلْطَانٍ إِلاَّ أَن دَعَوْتُكُمْ فَاسْتَجَبْتُمْ لِي" (Coran 14/22).
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II) "Itâ'ah" :
Itâ'ah signifie : "obéir".
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- A) Mise en pratique "par Raghba", "par envie" :
--- A.1) soit par envie de contenter celui qui a demandé de faire la chose (ou de s'en abstenir), et ce par le fait de faire en actes ce qu'il a demandé ; et, à cause de cette envie, faire donc ce qu'il a demandé de faire (ou s'abstenir de ce dont il a demandé de s'abstenir) :
----- A.1.a) tout en étant confiant intérieurement, pensant que ce qu'il demande est le mieux qui soit, même si on ne le comprend pas ;
----- A.1.b) tout en se disant intérieurement que ce qu'il demande n'est pas le mieux qui soit ;
--- A.2) soit par envie d'obtenir le bienfait qu'entraînera la mise en pratique de l'action demandée (ou l'abstention de la chose interdite).
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- B) Mise en pratique "par Rahba", "par crainte" :
--- B.1) soit par crainte de mécontenter celui qui a demandé de faire la chose (ou de s'en abstenir), et ce par le fait de faire en actes le contraire de ce qu'il a demandé ; et, à cause de cette crainte, faire donc ce qu'il a demandé de faire (ou s'abstenir de ce dont il a demandé de s'abstenir) :
----- B.1.a) tout en étant confiant intérieurement, pensant que ce qu'il demande est le mieux qui soit, même si on ne le comprend pas ;
----- B.1.b) tout en se disant intérieurement que ce qu'il demande n'est pas le mieux qui soit ;
--- B.2) soit par crainte de tomber dans le méfait qu'entraînerait le fait de faire le contraire de ce qui a été demandé.
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Le contraire de Itâ'ah est : 'Is'yân. On dit : "عصى أمرَ فلان". Ou : "عصى فلانًا في أمره".
"لَا يَعْصُونَ اللَّهَ مَا أَمَرَهُمْ" (Coran 66/6).
Le contraire de Itâ'ah est aussi : Mukhâlafa. On dit : "خالف عن أمرِ فلان". Ou : "خالف فلانًا في أمره".
"لَا تَجْعَلُوا دُعَاء الرَّسُولِ بَيْنَكُمْ كَدُعَاء بَعْضِكُم بَعْضًا قَدْ يَعْلَمُ اللَّهُ الَّذِينَ يَتَسَلَّلُونَ مِنكُمْ لِوَاذًا فَلْيَحْذَرِ الَّذِينَ يُخَالِفُونَ عَنْ أَمْرِهِ أَن تُصِيبَهُمْ فِتْنَةٌ أَوْ يُصِيبَهُمْ عَذَابٌ أَلِيمٌ" (Coran 24/63).
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II.I) La Itâ'ah que le subordonné fait de l'ordre que celui qui a autorité sur lui lui a donné (إطاعة الأمر) :
Le prophète Aaron (sur lui soit la paix) dit ainsi à ceux de son peuple qui s'étaient adonnés à l'adoration du Veau d'Or : "Suivez-moi, et obéissez à mon ordre" : "وَلَقَدْ قَالَ لَهُمْ هَارُونُ مِن قَبْلُ يَا قَوْمِ إِنَّمَا فُتِنتُم بِهِ وَإِنَّ رَبَّكُمُ الرَّحْمَنُ فَاتَّبِعُونِي وَأَطِيعُوا أَمْرِي" (Coran 20/90).
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Dieu dit : "O les croyants, obéissez à Dieu, obéissez à Son Messager, ainsi qu'aux détenteurs de l'autorité parmi vous. Si alors vous divergez au sujet de quelque chose, renvoyez-la à Dieu et à Son Messager, si vous êtes croyants en Dieu et au Jour Dernier. Ceci est mieux et de meilleur devenir" : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ أَطِيعُواْ اللّهَ وَأَطِيعُواْ الرَّسُولَ وَأُوْلِي الأَمْرِ مِنكُمْ؛ فَإِن تَنَازَعْتُمْ فِي شَيْءٍ فَرُدُّوهُ إِلَى اللّهِ وَالرَّسُولِ إِن كُنتُمْ تُؤْمِنُونَ بِاللّهِ وَالْيَوْمِ الآخِرِ؛ ذَلِكَ خَيْرٌ وَأَحْسَنُ تَأْوِيلاً" (Coran 4/59).
Le Prophète (sur lui soit la paix) a dit : "Craignez Dieu votre Pourvoyeur, accomplissez vos cinq prières, jeûnez pendant votre mois (de ramadan), acquittez-vous de la zakât sur vos biens, et obéissez au détenteur de l'autorité sur vous ; vous entrerez dans le Jardin de votre Pourvoyeur" : "عن سليم بن عامر، قال: سمعت أبا أمامة يقول: "سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يخطب في حجة الوداع فقال: "اتقوا الله ربكم، وصلوا خمسكم، وصوموا شهركم، وأدوا زكاة أموالكم، وأطيعوا ذا أمركم، تدخلوا جنة ربكم"". قال: فقلت لأبي أمامة: "منذ كم سمعت من رسول الله صلى الله عليه وسلم هذا الحديث؟" قال: "سمعته وأنا ابن ثلاثين سنة". هذا حديث حسن صحيح" (at-Tirmidhî, 616).
Lire un article consacré au Amîr.
Lire un second article consacré pour sa part à la fonction de chef de famille ; et un troisième article consacré au comportement du chef de famille.
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Dans le fait d'obéir à Dieu ou à Son Prophète :
--- il doit s'agir soit du cas 1.a (se conformer à l'impératif, tout en étant confiant quant à la pertinence de son contenu), soit du cas 2 (rechercher la réalisation liée à cet impératif) (découvrir ces deux possibilités dans notre article traitant de cela) ;
--- mais il ne peut jamais s'agir du cas 1.b (se conformer à l'impératif en actes, tout en n'étant pas d'accord avec lui intérieurement).
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Par contre, dans le fait d'obéir à une créature qui n'est pas prophète, alors :
--- soit la Itâ'ah de cette créature a été interdite par le Coran ni la Sunna (c'est le cas de Iblîs et de toute créature qui nous ordonne de faire une action strictement interdit : "وَإِن تُطِعْ أَكْثَرَ مَن فِي الأَرْضِ يُضِلُّوكَ عَن سَبِيلِ اللّهِ إِن يَتَّبِعُونَ إِلاَّ الظَّنَّ وَإِنْ هُمْ إِلاَّ يَخْرُصُونَ" : Coran 6/116 ; "وَاصْبِرْ نَفْسَكَ مَعَ الَّذِينَ يَدْعُونَ رَبَّهُم بِالْغَدَاةِ وَالْعَشِيِّ يُرِيدُونَ وَجْهَهُ وَلَا تَعْدُ عَيْنَاكَ عَنْهُمْ تُرِيدُ زِينَةَ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَلَا تُطِعْ مَنْ أَغْفَلْنَا قَلْبَهُ عَن ذِكْرِنَا وَاتَّبَعَ هَوَاهُ وَكَانَ أَمْرُهُ فُرُطًا" : Coran 18/28 - s'il y a contrainte reconnue telle, alors il devient autorisé de faire cet acte, mais c'est seulement dans la perspective d'éviter du subir la menace -) ;
--- soit la Itâ'ah de cette créature n'est pas ordonnée mais n'est pas non plus interdite par le Coran ni la Sunna (c'est le cas de l'égal ou même du subordonné) : cette Itâ'ah est d'ordre Maslahî ;
--- soit la Itâ'ah de cette créature est ordonnée (Ma'mûr bihî) par le Coran ou la Sunna (c'est le cas de celui qui est Amîr).
Le fait est que si l'obéissance aux ordres du Amîr est muta'abbad bihî, en revanche l'objet des ordres du Amîr n'étant pas prophète n'est pas en soi muta'abbad bihî. Dès lors, on est tenu d'obéir au Amîr en actes, mais pas d'être, intérieurement - sur le plan 'Aqlî -, d'accord avec le contenu de l'impératif du Amîr : cela ne constitue pas un péché, du moment qu'en actes on se conforme à l'ordre du Amîr qui est relatif à ce que celui-ci pense receler la Maslaha et qui ne comporte rien d'interdit.
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A la différence de l'obéissance à Dieu et au Messager de Dieu : cette fois il ne suffit pas d'accomplir en actes ce qui a été ordonné ou de se préserver en actes de ce qui a été interdit, tout en préférant - sur le plan 'aqlî - faire autre chose : il faut l'accepter intérieurement aussi.
Cette préférence 'Aqlî pour chose différente de celle que le Shâri' a dite, cela est ensuite de degrés différents, le plus fort constituant du kufr akbar, et le plus faible ne le constituant pas.
Dans le verset : "فَلاَ وَرَبِّكَ لاَ يُؤْمِنُونَ حَتَّىَ يُحَكِّمُوكَ فِيمَا شَجَرَ بَيْنَهُمْ ثُمَّ لاَ يَجِدُواْ فِي أَنفُسِهِمْ حَرَجًا مِّمَّا قَضَيْتَ وَيُسَلِّمُواْ تَسْلِيمًا" (Coran 4/65), Dieu dit (entre autres) que les croyants ne doivent "pas ressentir en eux-mêmes de gêne par rapport" aux dispositions de la Shar'.
Pareille gêne intérieure :
----- est complètement excusée si elle consiste en une simple gêne intérieure ressentie sur le plan Tab'î face à l'énoncé de la norme, mais que le musulman ni n'exprime par sa langue ou son geste, ni n'entretient 'Aqlan, mais qu'au contraire il s'efforce de contrebalancer intérieurement, par l'acceptation volontaire ('Aqlan) de cette norme ("اور طبعی تنگی معاف ہے", écrit Cheikh Thânwî quant à ce dernier point : Bayân ul-qur'ân 2/130-131) ;
----- constitue une parole de kufr akbar si elle consiste en l'expression, par la Langue, d'un rejet, d'un mépris ou d'un dégoût vis-à-vis d'une norme qui est ma'lûm min ad-dîn dharûratan ("Cette norme est injuste !") ;
----- constitue un acte intérieur de kufr akbar si elle consiste en du rejet, du mépris ou du dégoût, 'Aqlan, dans le for intérieur, par rapport à cette norme étant ma'lûm min ad-dîn dharûratan ;
----- constitue un acte intérieur de fisq asghar (ou kufr asghar) (donc une kabîra dûn al-kufr) si elle consiste en une gêne intérieure ressentie face à cette norme, gêne que d'une part le musulman ne laisse pas aller jusqu'au rejet (ou mépris) de cette norme, mais que, d'autre part, il entretient en son for intérieur (ce qui est le fait de sa 'Aql) ;
----- constitue une saghîra (et c'est bien pourquoi elle a fait l'objet d'un reproche) si elle est moindre que le cas précédent, mais néanmoins plus accentuée que le degré Tab'î. Cela semble être le cas dans le propos de certains Compagnons ayant été relaté dans ce verset : "أَلَمْ تَرَ إِلَى الَّذِينَ قِيلَ لَهُمْ كُفُّوا أَيْدِيَكُمْ وَأَقِيمُوا الصَّلَاةَ وَآتُوا الزَّكَاةَ فَلَمَّا كُتِبَ عَلَيْهِمُ الْقِتَالُ إِذَا فَرِيقٌ مِّنْهُمْ يَخْشَوْنَ النَّاسَ كَخَشْيَةِ اللَّهِ أَوْ أَشَدَّ خَشْيَةً وَقَالُوا رَبَّنَا لِمَ كَتَبْتَ عَلَيْنَا الْقِتَالَ لَوْلَا أَخَّرْتَنَا إِلَىٰ أَجَلٍ قَرِيبٍ قُلْ مَتَاعُ الدُّنْيَا قَلِيلٌ وَالْآخِرَةُ خَيْرٌ لِّمَنِ اتَّقَىٰ وَلَا تُظْلَمُونَ فَتِيلًا أَيْنَمَا تَكُونُوا يُدْرِككُّمُ الْمَوْتُ وَلَوْ كُنتُمْ فِي بُرُوجٍ مُّشَيَّدَةٍ" (Coran 4/77-78). Ce verset 4/77 ne parle pas d'Hypocrites (comme le propose l'un des commentaires existants : voir par exemple Zâd ul-massîr, ou Asbâb un-Nuzûl li-l-Wâhidî) : des Hypocrites n'auraient pas dit : "رَبَّنَا لِمَ كَتَبْتَ عَلَيْنَا الْقِتَالَ لَوْلَا أَخَّرْتَنَا إِلَىٰ أَجَلٍ قَرِيبٍ". Ce verset 4/77 évoque des Compagnons. Et, d'un côté, ces Compagnons n'ont pas, ici, rejeté ni même critiqué l'impératif, reçu une fois à Médine (donc en pays musulman souverain), de prendre les armes pour se défendre contre l'ennemi agresseur. De l'autre côté, ce verset ne relate pas non plus le seul fait qu'ils aient ressenti quelque chose de purement Tab'î (comme cela est pour sa part exprimé dans cet autre verset : "كُتِبَ عَلَيْكُمُ الْقِتَالُ وَهُوَ كُرْهٌ لَّكُمْ" : Coran 2/216). En Coran 4/77, le propos de ces Compagnons a été l'expression de cette préférence Tab'î par un souhait : c'est que ce devoir leur eût été imposé, oui, mais seulement plus tard. Ce ne fut certes pas un refus de leur part, néanmoins un léger reproche est contenu dans ce verset. Un autre passage coranique existe qui, concernant une autre situation, relate quelque chose de voisin : "وَإِنَّ فَرِيقاً مِّنَ الْمُؤْمِنِينَ لَكَارِهُونَ يُجَادِلُونَكَ فِي الْحَقِّ بَعْدَمَا تَبَيَّنَ كَأَنَّمَا يُسَاقُونَ إِلَى الْمَوْتِ وَهُمْ يَنظُرُونَ" (Coran 8/8-9) : cet autre passage relate ce qui s'est passé au moment de la consultation que le Prophète avait faite près de Badr avec les Compagnons présents. Pendant la consultation que le Prophète fit quant à la conduite à tenir face à ces changements de situation (devaient-ils s'en retourner, ou continuer à avancer jusqu'à rencontrer l'armée ennemie), la plupart des Compagnons présents se dirent prêts à affronter l'armée ; mais un groupe de croyants se montra hésitant, et dit : "Si tu nous en avais informés au préalable, nous aurions pris nos dispositions" : il ne souhaitait toujours pas la rencontre avec l'ennemi, alors même qu'il était établi que ce dernier se dirigeait vers le groupe mené par le Prophète ("يُجَادِلُونَكَ فِي الْحَقِّ بَعْدَمَا تَبَيَّنَ"). C'est de ce groupe de croyants que ce verset parle, leur faisant un léger reproche (inkâr) (Tafsîr ul-Qurtubî, 7/369).
Pour ce qui est des impératifs émis par le Prophète (sur lui soit la paix) en tant que maslaha :
----- si cela était dit par jazm, les Compagnons lui devaient obéissance autant dans la façon de penser que dans la mise en pratique ;
----- par contre, si cela n'était pas par jazm, des Compagnons ont pu lui proposer autre chose, qu'il a parfois accepté, et parfois pas) (reste la question de savoir quelle différence reste-t-il réellement entre l'impératif du Prophète émis en tant que ta'abbud, et l'impératif émis par lui en tant que maslaha et par jazm).
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Quant à la différence entre l'obéissance à Dieu et l'obéissance à Son Messager, elle est comme suit :
--- l'obéissance à Dieu est une obéissance dans l'absolu : il s'agit d'un acte de soumission librement consentie, d'un acte métaphysique, fait pour se rapprocher spirituellement : cela est réservé à Dieu ;
--- alors que l'obéissance au Messager de Dieu consiste à obéir aux impératifs de ce dernier aussi (en sus des impératifs présents dans le Coran), et ce dans la mesure où Dieu a désigné cet homme comme Son Messager auprès des hommes, avec pour mission de leur montrer, par sa Sunna, les principes du Coran vécus concrètement.
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Quant à l'obéissance aux ulémas, elle signifie :
--- l'obéissance à leurs dires avec l'objectif de suivre le Coran et la Sunna : on suit leurs dires en tant qu'explications des versets coraniques et hadîths prophétiques, et en tant que déductions faites à partir de ces sources.
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II.II) La Itâ'ah que celui qui dispose de l'autorité fait de celui qui lui est subordonné ; ou qu'un homme fait de quelqu'un qui n'est pas son supérieur hiérarchique (إطاعة المشورة) :
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Dieu dit, S'adressant aux Compagnons de Son Messager : "Et sachez que parmi vous se trouve le Messager de Dieu. S'il vous obéissait dans beaucoup de choses, vous tomberiez dans le problème. Mais Dieu vous a rendu aimée la foi et a embelli celle-ci dans vos cœurs, et vous a fait détester la mécréance, la grande désobéissance et la petite désobéissance. Ceux-là sont les bien guidés, par Faveur et Bienfait de la part de Dieu. Et Dieu est Sachant, Sage" : "وَاعْلَمُوا أَنَّ فِيكُمْ رَسُولَ اللَّهِ لَوْ يُطِيعُكُمْ فِي كَثِيرٍ مِّنَ الْأَمْرِ لَعَنِتُّمْ وَلَكِنَّ اللَّهَ حَبَّبَ إِلَيْكُمُ الْإِيمَانَ وَزَيَّنَهُ فِي قُلُوبِكُمْ وَكَرَّهَ إِلَيْكُمُ الْكُفْرَ وَالْفُسُوقَ وَالْعِصْيَانَ أُوْلَئِكَ هُمُ الرَّاشِدُونَ فَضْلًا مِّنَ اللَّهِ وَنِعْمَةً وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ" (Coran 49/7-8).
Voici une proposition de commentaire de ce verset : "وَاعْلَمُوا أَنَّ فِيكُمْ رَسُولَ اللَّهِ} فراجِعوه في أمور الأمّة. {لَوْ يُطِيعُكُمْ فِي كَثِيرٍ مِّنَ الْأَمْرِ} المصلحيّة {لَعَنِتُّمْ} أي لوقعتم في المشقة أو الهلاك، بسبب أنّ رأْي رسول الله هو الأصلح في الغالب الأكثر {وَلَكِنَّ اللَّهَ حَبَّبَ إِلَيْكُمُ الْإِيمَانَ وَزَيَّنَهُ فِي قُلُوبِكُمْ وَكَرَّهَ إِلَيْكُمُ الْكُفْرَ وَالْفُسُوقَ وَالْعِصْيَانَ} فاجتنبتم عن التقدّم بين يدي رسول الله {أُوْلَئِكَ هُمُ الرَّاشِدُونَ فَضْلًا مِّنَ اللَّهِ وَنِعْمَةً وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ}. وهناك بعض الأمور - مثل أسارى بدر والصلاة على عبد الله بن أبيّ أبن سلول -، كان الأولى أن يُطاع فيها رأيُ الصحابي؛ وهذه الأمور قليلة؛ ولهذا قال الله تعالى هنا: {فِي كَثِيرٍ مِّنَ الْأَمْرِ}".
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Dans deux hadîths (dha'îf), on lit ceci parmi les choses devant se dérouler avant la Fin du Monde : "وأطاع الرجل زوجته وعَقَّ أمّه" (at-Tirmidhî, 2210), "وأطاع الرجل امرأته وعَقَّ أمّه" (at-Tirmidhî, 2211).
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Parfois le Prophète (sur lui soit la paix) a fait une Itâ'at ul-mashûra qui relève du cas 2 (rechercher la réalisation de l'avantage présent dans l'avis lui ayant été communiqué) :
Quand à Badr le Prophète a accepté le conseil de al-Hubâb ibn ul-Mundhir de changer l'armée de place, ce fut une Itâ'ah de sa part, où il a entièrement approuvé le contenu de l'avis (mashûra) lui ayant été donné (2).
De même, lors du voyage devant le mener à al-Hudaybiya, quand, à Ghadîr ul-Ashtât, il a accepté le conseil de Abû Bakr de ne pas s'en prendre aux demeures des Ahâbîsh et de continuer sa route comme prévu initialement (se rendre à la Kaaba), ce fut une Itâ'ah de sa part, où il a approuvé le contenu de l'avis (mashûra) lui ayant été donné (2).
De même encore, quand à al-Hudaybiya il a accepté le conseil de Ummu Salama de ne plus répéter verbalement aux Compagnons l'ordre d'abattre les bêtes et de se raser la tête mais de lui-même pratiquer cela concrètement, ce fut une Itâ'ah de sa part, où il a approuvé le contenu de l'avis (mashûra) lui ayant été donné (2).
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Mais parfois le Prophète (sur lui soit la paix) a fait une Itâ'at ul-mashûra qui relève du cas 1.b (se conformer en actes à l'avis lui ayant été communiqué, tout en préférant intérieurement, 'aqlan, l'autre option) :
Ainsi en a-t-il été quant au fait d'aller rencontrer l'ennemi mecquois à Uhud : le Prophète (sur lui soit la paix) a accepté cette option suite à l'insistance d'un nombre conséquent de ses Compagnons, alors que pour sa part il préférait (tarjîh) l'option de se barricader à Médine.
En effet, en l'an 3 de l'hégire, lorsque les Mecquois étaient sur le point d'arriver aux portes de Médine, le Prophète (sur lui soit la paix) consulta (mashûra) ses Compagnons quant à ce qu'il fallait faire. Il présenta la préférence qu'il avait : ne pas aller rencontrer l'ennemi mais la protéger ville en se barricadant. C'était ainsi qu'il voulait empêcher l'invasion. Il avait vu en rêve que c'est comme s'il se trouvait dans une armure solide et avait vu des bovins être égorgés. Il interprétait alors l'armure comme représentant Médine (Fat'h ul-bârî 13/417). L'avis qu'il émettait lors de cette consultation (mashûra) était donc la tarjîh de se barricader à Médine et d'attendre que l'ennemi s'en aille.
Mais un grand nombre de Compagnons (surtout ceux qui n'avaient pas participé à Badr l'an précédent) insistèrent pour aller à la rencontre de l'ennemi et lui livrer bataille.
Suite à l'insistance de ces hommes, et vu que c'était une consultation (mashûra), le Prophète délaissa l'application de sa tarjîh pour appliquer l'avis de ce grand nombre de personnes. Il rentra donc chez lui pour se préparer et revêtir sa tenue (voir Zâd ul-ma'âd 3/193).
Entre-temps, ces Compagnons regrettèrent d'avoir contredit ce que le Prophète jugeait plus sage, et, quand celui-ci ressortit de chez lui, ils lui dirent : "Messager de Dieu, reste [= restons] (ici) ! Car l'avis à retenir est ton avis !" : "أقم، فالرأي رأيك" (FB 13/417).
Mais le Prophète leur répondit alors que, une fois que le dirigeant avait pris la décision d'avoir recours (pour repousser l'attaquant) à l'option de la rencontre avec celui-ci et qu'il avait revêtu la tenue appropriée, il n'était plus possible, shar'an, de revenir à l'autre option : se barricader et attendre que l'attaquant s'en aille. En fait cela était comparable au fait qu'une personne sur qui le pèlerinage n'était pas obligatoire, une fois qu'elle avait fait l'intention d'aller en pèlerinage et avait revêtu la tenue de l'ihrâm, il ne lui était plus possible de revenir en arrière (Zâd ul-ma'âd 3/211, Majmû' ul-fatâwâ 14/251).
Ce fut ainsi qu'eut lieu la bataille de Uhud.
Cela figure dans les narrations suivantes : "عن أبي الزبير، عن جابر بن عبد الله، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "رأيت كأني في درع حصينة، ورأيت بقرا منحرة. فأولت أن الدرع الحصينة المدينة، وأن البقر نفر، والله خير". قال: فقال لأصحابه: "لو أنا أقمنا بالمدينة؟ فإن دخلوا علينا فيها، قاتلناهم"، فقالوا: "يا رسول الله، والله ما دخل علينا فيها في الجاهلية، فكيف يدخل علينا فيها في الإسلام؟". قال عفان في حديثه: فقال: "شأنكم إذًا". قال: فلبس لأمته. قال: فقالت الأنصار: "رددنا على رسول الله صلى الله عليه وسلم رأيه"، فجاءوا، فقالوا: "يا نبي الله، شأنك إذا"، فقال: "إنه ليس لنبي إذا لبس لأمته أن يضعها حتى يقاتل" (Ahmad, 14787) ; "عن ابن عباس، قال: تنفل رسول الله صلى الله عليه وسلم سيفه ذا الفقار يوم بدر. وهو الذي رأى فيه الرؤيا يوم أحد، فقال: "رأيت في سيفي ذي الفقار فُلا، فأولته فُلا يكون فيكم. ورأيت أني مردف كبشا، فأولته كبش الكتيبة. ورأيت أني في درع حصينة، فأولتها المدينة. ورأيت بقرا تذبح، فبقر والله خير، فبقر والله خير". فكان الذي قال رسول الله صلى الله عليه وسلم" (Ahmad, 2445) ; "عن ابن عباس رضي الله عنهما، قال: "تنفل رسول الله صلى الله عليه وسلم سيفه ذا الفقار يوم بدر". قال ابن عباس: "وهو الذي رأى فيه الرؤيا يوم أحد. وذلك أن رسول الله صلى الله عليه وسلم لما جاءه المشركون يوم أحد، كان رأْيُ رسول الله صلى الله عليه وسلم أن يقيم بالمدينة يقاتلهم فيها. فقال له ناس لم يكونوا شهدوا بدرا: "أتخرج بنا يا رسول الله صلى الله عليه وسلم إليهم نقاتلهم بأحد؟"، ورجوا أن يصيبوا من الفضيلة ما أصاب أهل بدر. فما زالوا برسول الله صلى الله عليه وسلم حتى لبس أداته. فندموا وقالوا: "يا رسول الله، أقم فالرأي رأيك". فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "ما ينبغي لنبي أن يضع أداته بعد أن لبسها، حتى يحكم الله بينه وبين عدوه". قال: "وكان مما قال لهم رسول الله صلى الله عليه وسلم يومئذ قبل أن يلبس الأداة: "إني رأيت أني في درع حصينة، فأولتها المدينة؛ وأني مردف كبشا، فأولته كبش الكتيبة؛ ورأيت أن سيفي ذا الفقار فُل، فأولته فُلا فيكم؛ ورأيت بقرا تذبح، فبقر، والله خير، فبقر والله خير" (al-Hâkim, 2588).
On voit ici le Prophète appliquer le contraire de l'avis pour lequel il avait du tarjîh (avis qui reposait sur son interprétation - ta'bîr - de son rêve, laquelle interprétation était zannî). Cela car l'autre avis d'une part "tenait lui aussi la route" (bien que marjûh dans son esprit) et d'autre part était celui d'un grand nombre de ses hommes. Le Prophète appliqua alors cet autre avis, parce que c'est ainsi que doit être le bon chef lors d'une consultation. Ici, ce fut donc li 'âridh (tenir compte du souhait de ses hommes) qu'il abandonna l'application de l'avis qui lui paraissait râjih, et qu'il adopta le tarjîh de ce que ces Compagnons lui proposèrent.
Par la suite il ne put plus adopter son premier avis, auquel ses Compagnons étaient revenus, parce que cela aurait, cette fois, contredit une règle ta'abbudî.
Le Chef de file des Hypocrites de Médine, Abdullâh ibn Ubayy Ibn Salûl, le dit explicitement lorsqu'il s'en retourna, entraînant les autres Hypocrites avec lui : il dit alors au sujet du Prophète par rapport à ses Compagnons : "Il a fait leur Itâ'ah" : "قال ابن إسحاق: حتى إذا كانوا بالشوط بين المدينة وأحد، انخزل عنه عبد الله بن أبي بن سلول بثلث الناس، وقال: "أطاعهم وعصاني. ما ندري علام نقتل أنفسنا هاهنا أيها الناس". فرجع بمن اتبعه من قومه من أهل النفاق والريب. واتبعهم عبد الله بن عمرو بن حرام أخو بني سلمة، يقول: "يا قوم، أذكركم الله ألا تخذلوا قومكم ونبيكم عند ما حضر من عدوهم"، فقالوا: "لو نعلم أنكم تقاتلون لما أسلمناكم، ولكنا لا نرى أنه يكون قتال". قال: فلما استعصوا عليه وأبوا إلا الانصراف عنهم، قال: "أبعدكم الله أعداء الله، فسيغني الله عنكم نبيه" (Sîrat Ibn Hishâm).
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Le Prophète (sur lui soit la paix) fit la même chose près de la ville de at-Tâ'ïf, en l'an 8 de l'hégire.
Après de longs jours de siège infructueux de la cité, le Prophète dit à ses hommes : "Nous allons nous en retourner demain inshâ Allah".
Mais ses Compagnons insistèrent pour poursuivre le siège.
Le Prophète accepta donc.
Le lendemain, il y eut de nombreux blessés parmi eux. Cette fois, quand le Prophète dit : "Nous allons nous en retourner demain inshâ Allah", personne ne proposa plus autre chose, ce qui fit sourire le Prophète.
"عن عبد الله بن عمر، قال: لما حاصر رسول الله صلى الله عليه وسلم الطائف، فلم ينل منهم شيئا، قال: "إنا قافلون إن شاء الله." فثقل عليهم، وقالوا: نذهب ولا نفتحه! وقال مرة: نقفل. فقال: "اغدوا على القتال." فغدوا فأصابهم جراح، فقال: "إنا قافلون غدا إن شاء الله"، فأعجبهم. فضحك النبي صلى الله عليه وسلم - وقال سفيان مرة: فتبسم" (al-Bukhârî, 4070, 5736, Muslim, 1778).
On voit ici le Prophète appliquer le contraire de l'avis pour lequel il avait du tarjîh. Cela car l'autre avis d'une part "tenait lui aussi la route" (bien que marjûh dans son esprit) et d'autre part était celui d'un grand nombre de ses hommes. Le Prophète appliqua alors cet autre avis, parce que c'est ainsi que doit être le bon chef lors d'une consultation : il est amené à tenir compte des souhaits de ses hommes tant que cela ne contredit aucune règle ta'abbudî. Ici encore, ce fut li 'âridh (tenir compte du souhait de ses hommes) qu'il abandonna l'application de l'avis qui lui paraissait râjih, et qu'il adopta le tarjîh de ce que ces Compagnons lui proposèrent.
Ce fut donc une Itâ'ah du type 1.b.
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III) "Ittibâ'" :
Ittibâ' signifie : "suivre".
Ce terme s'emploie par rapport à :
--- une voie, un enseignement :
"وَأَنَّ هَذَا صِرَاطِي مُسْتَقِيمًا فَاتَّبِعُوهُ وَلاَ تَتَّبِعُواْ السُّبُلَ فَتَفَرَّقَ بِكُمْ عَن سَبِيلِهِ" (Coran 6/153) ; "ثُمَّ أَوْحَيْنَا إِلَيْكَ أَنِ اتَّبِعْ مِلَّةَ إِبْرَاهِيمَ حَنِيفًا وَمَا كَانَ مِنَ الْمُشْرِكِيْنَ" (Coran 16/123) ; "فَاتَّبِعُواْ مِلَّةَ إِبْرَاهِيمَ حَنِيفًا" (Coran 3/95) ; "وَمَن يُشَاقِقِ الرَّسُولَ مِن بَعْدِ مَا تَبَيَّنَ لَهُ الْهُدَى وَيَتَّبِعْ غَيْرَ سَبِيلِ الْمُؤْمِنِينَ نُوَلِّهِ مَا تَوَلَّى وَنُصْلِهِ جَهَنَّمَ وَسَاءتْ مَصِيرًا" (Coran 4/115). Cela peut être des propos verbaux consistant en des affirmations : "وَاتَّبَعُواْ مَا تَتْلُواْ الشَّيَاطِينُ عَلَى مُلْكِ سُلَيْمَانَ" (Coran 2/102) ; c'est donc aussi le Coran, lequel trace une voie, et renferme à la fois des impératifs et des informations ("والقرآن تضمّن خبرًا وأمرًا" : MF 16/6, en commentaire de Coran 39/17-18) : "وَهَذَا كِتَابٌ أَنزَلْنَاهُ مُبَارَكٌ فَاتَّبِعُوهُ وَاتَّقُواْ لَعَلَّكُمْ تُرْحَمُونَ" (Coran 6/155) ; "اتَّبِعْ مَا أُوحِيَ إِلَيْكَ مِن رَّبِّكَ" (Coran 6/106) ; "اتَّبِعُواْ مَا أُنزِلَ إِلَيْكُم مِّن رَّبِّكُمْ" (Coran 7/3) ; "وَإِذَا قِيلَ لَهُمُ اتَّبِعُوا مَا أَنزَلَ اللَّهُ قَالُوا بَلْ نَتَّبِعُ مَا وَجَدْنَا عَلَيْهِ آبَاءنَا" (Coran 31/23) ; "فَبَشِّرْ عِبَادِ الَّذِينَ يَسْتَمِعُونَ الْقَوْلَ فَيَتَّبِعُونَ أَحْسَنَهُ" (Coran 39/17-18) ; "وَأَنِيبُوا إِلَى رَبِّكُمْ وَأَسْلِمُوا لَهُ مِن قَبْلِ أَن يَأْتِيَكُمُ الْعَذَابُ ثُمَّ لَا تُنصَرُونَ وَاتَّبِعُوا أَحْسَنَ مَا أُنزِلَ إِلَيْكُم مِّن رَّبِّكُم مِّن قَبْلِ أَن يَأْتِيَكُمُ العَذَابُ بَغْتَةً وَأَنتُمْ لَا تَشْعُرُونَ" (Coran 39/54-55) ;
--- un homme (dont on suit la voie que lui-même suit ; dont on suit les impératifs mais aussi la façon de faire) :
"وَجَاء مِنْ أَقْصَى الْمَدِينَةِ رَجُلٌ يَسْعَى قَالَ يَا قَوْمِ اتَّبِعُوا الْمُرْسَلِينَ اتَّبِعُوا مَن لاَّ يَسْأَلُكُمْ أَجْرًا وَهُم مُّهْتَدُونَ" (Coran 36/20-21) ; "وَلَقَدْ قَالَ لَهُمْ هَارُونُ مِن قَبْلُ يَا قَوْمِ إِنَّمَا فُتِنتُم بِهِ وَإِنَّ رَبَّكُمُ الرَّحْمَنُ فَاتَّبِعُونِي وَأَطِيعُوا أَمْرِي" (Coran 20/90) ; "قُلْ إِن كُنتُمْ تُحِبُّونَ اللّهَ فَاتَّبِعُونِي يُحْبِبْكُمُ اللّهُ وَيَغْفِرْ لَكُمْ ذُنُوبَكُمْ" (Coran 3/31) ; "الَّذِينَ يَتَّبِعُونَ الرَّسُولَ النَّبِيَّ الأُمِّيَّ الَّذِي يَجِدُونَهُ مَكْتُوبًا عِندَهُمْ فِي التَّوْرَاةِ وَالإِنْجِيلِ" (Coran 7/157) ; "وَقَالَ الَّذِي آمَنَ يَا قَوْمِ اتَّبِعُونِ أَهْدِكُمْ سَبِيلَ الرَّشَادِ" (Coran 40/38) ; "قَالَ نُوحٌ رَّبِّ إِنَّهُمْ عَصَوْنِي وَاتَّبَعُوا مَن لَّمْ يَزِدْهُ مَالُهُ وَوَلَدُهُ إِلَّا خَسَارًا" (Coran 71/21) ; "إِذْ تَبَرَّأَ الَّذِينَ اتُّبِعُواْ مِنَ الَّذِينَ اتَّبَعُواْ" (Coran 2/166) ;
--- une suggestion intérieure :
"فَإِن لَّمْ يَسْتَجِيبُوا لَكَ فَاعْلَمْ أَنَّمَا يَتَّبِعُونَ أَهْوَاءهُمْ وَمَنْ أَضَلُّ مِمَّنِ اتَّبَعَ هَوَاهُ بِغَيْرِ هُدًى مِّنَ اللَّهِ" (Coran 28/50) ; "وَيُرِيدُ الَّذِينَ يَتَّبِعُونَ الشَّهَوَاتِ أَن تَمِيلُواْ مَيْلاً عَظِيمًا" (Coran 4/27) ; "إِنْ هِيَ إِلَّا أَسْمَاء سَمَّيْتُمُوهَا أَنتُمْ وَآبَاؤُكُم مَّا أَنزَلَ اللَّهُ بِهَا مِن سُلْطَانٍ إِن يَتَّبِعُونَ إِلَّا الظَّنَّ وَمَا تَهْوَى الْأَنفُسُ" (Coran 53/23) ; "وَمَا لَهُم بِهِ مِنْ عِلْمٍ إِن يَتَّبِعُونَ إِلَّا الظَّنَّ وَإِنَّ الظَّنَّ لَا يُغْنِي مِنَ الْحَقِّ شَيْئًا" (Coran 53/28) ; "وَمَا يَتَّبِعُ الَّذِينَ يَدْعُونَ مِن دُونِ اللّهِ شُرَكَاء إِن يَتَّبِعُونَ إِلاَّ الظَّنَّ وَإِنْ هُمْ إِلاَّ يَخْرُصُونَ" (Coran 10/66) ; "وَمِنَ النَّاسِ مَن يُجَادِلُ فِي اللَّهِ بِغَيْرِ عِلْمٍ وَيَتَّبِعُ كُلَّ شَيْطَانٍ مَّرِيدٍ" (Coran 22/3) ; "وَلَوْلاَ فَضْلُ اللّهِ عَلَيْكُمْ وَرَحْمَتُهُ لاَتَّبَعْتُمُ الشَّيْطَانَ إِلاَّ قَلِيلاً" (Coran 4/83) ; "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَتَّبِعُوا خُطُوَاتِ الشَّيْطَانِ وَمَن يَتَّبِعْ خُطُوَاتِ الشَّيْطَانِ فَإِنَّهُ يَأْمُرُ بِالْفَحْشَاء وَالْمُنكَرِ" (Coran 24/21).
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Et c'est pourquoi, si la Itâ'ah (II) du Prophète (sur lui soit la paix) est parfois du degré Mustahabb seulement, elle ne peut pas être du degré Mubâh (les Amru Irshâd ne requièrent pas une Itâ'ah).
Contrairement à la Ittibâ' (III) du Prophète : parfois du degré Wâjib, et parfois du degré Mustahabb, le Ittibâ' est également parfois du degré Mubâh seulement : il s'agit de son Ittibâ' dans ce qu'il a fait 'âdatan.
IV) "Qabûl'" :
Qabûl signifie : "accepter".
A l'origine Qabûl se dit au sujet de :
--- la réalisation, par le supérieur, de la demande que son subordonné lui adresse : "وَهُوَ الَّذِي يَقْبَلُ التَّوْبَةَ عَنْ عِبَادِهِ" (Coran 42/25) ;
--- l'acceptation, faite par un être, du présent qu'un homme lui fait (que cet homme soit son subordonné ou son égal) (que cet être ait besoin de ce présent, ou pas) : "وَاتْلُ عَلَيْهِمْ نَبَأَ ابْنَيْ آدَمَ بِالْحَقِّ إِذْ قَرَّبَا قُرْبَانًا فَتُقُبِّلَ مِن أَحَدِهِمَا وَلَمْ يُتَقَبَّلْ مِنَ الآخَرِ قَالَ لَأَقْتُلَنَّكَ قَالَ إِنَّمَا يَتَقَبَّلُ اللّهُ مِنَ الْمُتَّقِينَ" (Coran 5/27). "الفرق بين الطاعة والقبول أن الطاعة إنما تقع رغبة أو رهبة؛ والقبول - مثل الإجابة - يقع حكمة ومصلحة؛ ولذلك حسنت الصفة لله تعالى بأنه مجيب وقابل، ولا تحسن الصفة له بأنه مطيع" (Al-Furûq ul-lughawiyya, p. 236).
Ensuite Qabûl s'est dit aussi au sujet de :
--- l'acceptation, faite par le croyant, de la voie que Dieu lui a tracée : il s'agit alors d'une acceptation de soumission : c'est ainsi que des ulémas ont proposé cette formule : "آمنتُ بالله كما هو بأسمائه وصفاته، وقبلتُ جميع أحكامه".
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).