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Ceci est la suite d'un article précédent : La Causalité, Tassabbub (1/3).
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Dans cet article-ci, le terme "Sabab", "Cause", désigne la 'Illa Fâ'ïliyya (évoquée dans un article précédent) ; il s'agit du Sabab ul-Wujûd, de la Cause de la venue de la chose à l'existence : il s'agit du Sabab Mu'atthir, de la Cause ayant un Effet sur ce à quoi elle s'applique.
(Contrairement à ce qui est valable dans le Fiqh, ces deux termes sont donc ici synonymes.)
(La Shart, ou Condition, est encore différente : elle est également nécessaire, mais n'a pas d'incidence sur ce qu'elle concerne.)
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I) Extrait d'autres articles précédents :
L'implication évoquée ici consiste en un lien d'incidence, de "تأثير", de "عِلِّيّة" (le luzûm ici évoqué est donc un luzûm khârijî).
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Ce type de Malzûm Khârijî (dans le Réel) est donc : la Cause, appelée : "العلة الفاعليّة" et aussi : "السبب".
"العلة: هي ما يتوقف عليه وجود الشيء ويكون خارجًا مؤثرًا فيه" (At-Ta'rîfât).
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Quant à ce type de Lâzim Khârijî, il est : l'Effet : "الأثر" ; le Résultat : "النتيجة" ; la Conséquence : "المعلول", ou : "المسبَّب".
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Le lien de Luzûm existant entre les deux est dit : "d'incidence" : "التأثير".
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– Il existe certaines Causes qui ont un seul Effet.
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– Et puis il existe d'autres Causes qui produisent plusieurs Effets. Ainsi, le feu produit autant la lumière, que la fumée et l'élévation de température.
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Parallèlement :
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– Il existe certains Effets qui ont une seule Cause possible. Ici, il y a Talâzum : le Luzûm Khârijî entraîne le Lûzûm Dhih'nî depuis la Cause jusqu'à son Effet, mais aussi le Luzûm Dhih'nî depuis l'Effet jusqu'à la Cause (puisque celle-ci est la seule Cause possible de cet Effet).
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– Mais il est d'autres Effets qui ont plusieurs Causes possibles.
Ainsi, si la présence de feu est cause de présence de lumière (voilà du Luzûm), il n'en est pas la seule cause : le lever du soleil est lui aussi cause d'apparition de lumière (il n'y a donc pas Talâzum). La lumière a ainsi plusieurs causes.
De même, dès qu'il y a du feu, il y a de la température (voilà du Luzûm) ; mais il n'en est pas la seule cause : d'autres facteurs sont eux aussi causes d'élévation de température (il n'y a donc pas Talâzum).
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Par ailleurs, certes, la Cause est ce qui a une Incidence sur la Conséquence. Cependant...
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– Il est certaines Causes qui produisent leur Effet sans besoin de la présence d'autre chose (Condition, ou absence d'Empêchant).
Ce genre de Cause est appelé : "Sabab Tâmm" : "السبب التام: هو الذي يوجد المسبب بوجوده فقط" (At-Ta'rîfât), ou "'Illa Tâmma" : "العلة التامة: ما يجب وجود المعلول عندها، وقيل: العلة التامة جملة ما يتوقف عليه وجود الشيء، وقيل: هي تمام ما يتوقف عليه وجود الشيء، بمعنى أنه لا يكون وراءه شيء يتوقف عليه" (At-Ta'rîfât).
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– Alors qu'il est d'autres Causes telles que, pour que leur Conséquence voit elle aussi le jour, il y a une Condition à cela (الشرط, Shart), laquelle doit elle aussi être présente ; de même qu'il peut exister un Empêchant à cela (المانع, Mâni'), lequel doit donc être absent. Si cela n'est pas lui aussi réalisé, la Cause ne produit pas son Effet.
Ce genre de Cause est appelée : "Sabab Ghayr Tâmm" : "السبب الغير التام: هو الذي يتوقف وجود المسبب عليه، لكن لا يوجد المسبب بوجوده فقط" (At-Ta'rîfât), ou "'Illa Nâqissa" : "العلة الناقصة: بخلاف ذلك" (At-Ta'rîfât, après les définitions de la 'Illa Tâmma sus-citées).
Ainsi, le nuage est la Cause des précipitations pluviales ; cependant, il y a des Conditions à cela : que le nuage rencontre une masse d'air froid, etc.La présence de la Condition et l'absence de l'Empêchant n'impliquent pas, à elles seules, l'Effet : il n'y a pas, ici, d'incidence (contrairement à ce qui est vrai pour la Cause).
Par contre, la présence de l'Effet implique en amont la présence de la Condition et l'absence de l'Empêchant.
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– La "Dharî'a" est une Sabab, une Cause, pour la venue de l'action à l'existence.
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– Quant à la "Muqaddima", elle est une Shart ul-wujûd, une Condition pour la venue de l'action à l'existence.
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Extrait d'un autre article précédent, parlant lui aussi de la Dharî'a :
– Le terme "Wassîla" (وسيلة) (plur. wassâ'ïl) désigne quant à lui :
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----- soit la Dharî'a (comme chez Ibn ul-Qayyim) ;
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----- soit : tantôt la Dharî'a et tantôt la Muqaddima (comme chez Ibn 'Abd is-Salâm : Qawâ'îd ul-ahkâm, 1/164-178).
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Extrait d'un autre article, consacré pour sa part à la 'Illa Fâ'ïliyya :
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– L'Acteur (الفاعل) produit son Effet (الأثر) :
--- parfois Seul ;
--- et d'autres fois en employant un Outil (الآلة، الوسيلة). Cet Outil constitue un intermédiaire entre cet Acteur et Ce sur quoi celui-ci agit (المفعول به). "الآلة: الواسطة بين الفاعل والمنفعل في وصول أثره إليه، كالمنشار للنجار. والقيد الأخير لإخراج العلة المتوسطة، كالأب بين الجد والابن، فإنها واسطة بين فاعلها ومنفعلها، إلا أنها ليست بواسطة بينهما في وصول أثر العلة البعيدة إلى المعلول؛ لأن أثر العلة البعيدة لا يصل إلى المعلول، فضلا عن أن يتوسط في ذلك شيء آخر، وإنما الواصل إليه أثر العلة المتوسطة؛ لأنه الصادر منها، وهي من البعيدة" (At-Ta'rîfât). Dans ce cas, Acteur et Moyen employé constituent tous deux la Cause Motrice.
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L'Outil est introduit en arabe par le Bâ' ul-isti'âna, qui s'emploie devant la Wassîla.
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L'Outil relève lui aussi de ce qui est une "Sabab" : "السبب في اللغة اسم لما يُتوصَّل به إلى المقصود" (At-Ta'rîfât). Cela car l'Outil aussi entraîne l'Effet ; il ne l'entraine pas tout seul, certes, mais il produit lui aussi son effet dans l'apparition du résultat voulu : c'est bien pourquoi l'Acteur l'emploie.
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En fait, entre Sabab ul-wujûd (synonyme de 'Illa Fâ'ïliyya) et Wassîla (au sens de Âlah), il y a une relation de général à particulier ('umûm wa khussûs mutlaqan) :
– toute Wassîla (Âlah) est aussi une Sabab,
– mais toute Sabab n'est pas forcément une Wassîla.
"كل آلة سبب؛ وليس كل سبب آلة"
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--- Il y a ce qui est Sabab ul-Wujûd et qui, en même temps, est Wassîla (Âlah) entre les mains de qui est supérieur (et qui utilise cette Âlah pour que le résultat escompté voie le jour). La scie est la cause de la coupe du bois, mais, en même temps, ce n'est qu'un outil entre les mains du charpentier. Ainsi encore, l'eau est-elle la Wassîla par laquelle Dieu fait pousser les plantes ; l'eau est, en même temps, Sabab de la croissance des plantes. De même, la Parole de Dieu "Sois" est la Wassîla par laquelle Dieu fait se réaliser certaines choses (le fait que le corps de Adam, jusqu'alors inerte, soit devenu vivant ; la venue à l'existence du corps de Jésus dans le ventre de sa mère ; le fait que le feu soit devenu frais et salutaire pour Abraham ; etc.) ; cette Parole est, en même temps, Sabab de l'existence de ces choses.
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--- Et puis il y a ce qui est Sabab ul-Wujûd mais n'est pas Wassîla (Âlah), et ce pour la simple raison qu'il n'est entre les mains de personne qui lui serait supérieur. Ainsi en est-il de Dieu.
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II) Un exemple d'Acteur utilisant un Outil pour réaliser l'Action sur un Objet :
L'homme qui place une scie sur une planche de bois, puis exerce sur une scie une pression de haut en bas et lui impulse en même temps un mouvement d'avant en arrière, cet homme accomplit l'action de couper cette planche.
Il y a ici deux Causes (Sabab) qui sont présentes :
--- la scie ;
--- et l'homme qui utilise cette scie.
Et il y a à l'Objet (al-Mahall) sur lequel l'Action s'exerce : il s'agit du bois.
Il y a enfin l'effet (Athar) qui en résulte : c'est le Mussabbab : le fait d'être coupé.
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La scie produit cet effet (Athar) : c'est sa lame dentelée qui provoque la coupure du bois qu'elle touche, à condition qu'elle soit en mouvement avec une pression sur ce morceau de bois.
La personne qui tient la scie exerce sur celle-ci ce mouvement avec cette pression : c'est aussi un effet (Athar).
La scie est un Outil (Âlah, Wassîla) entre les mains de celui qui la manipule (Fâ'ïl) :
--- la scie seule n'a pas de mouvement propre et est incapable de couper la planche ;
--- l'homme exerçant le même mouvement sur le même objet, mais par sa main nue, est incapable de couper la planche.
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Ce sont ces deux choses réunies qui provoquent la coupure de ce morceau de bois. Le Sabab Fâ'ïl ou 'Illa Fâ'ïliyya est donc ici composé(e) de deux choses.
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Il se peut toutefois que l'Objet soit trop dur par rapport à l'épaisseur de la lame de cette scie, ou pour la force de pression exercée par l'acteur ; ce sont là des Mâni' (Empêchants). L'effet ne se produit alors pas du tout, ou pas suffisamment, malgré la présence des Causes.
Il se peut, enfin - mais miraculeusement - que Dieu empêche la lame de couper, alors même que toutes les causes et conditions sont réunies. Il peut mettre un Empêchant Miraculeux : Son Intervention Directe.
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III) Le verbe exprimant l'action transitive est toujours relié à un sujet :
Le verbe transitif a pour sujet : ce qui est la Cause (Sabab Mu'aththir) de l'action (de ce verbe) sur l'objet :
--- que cette Cause soit la Cause Immédiate (je parle là de l'Acteur - et non pas de l'Outil seul -) (nous avons alors une Haqîqa 'Aqliyya) ;
--- ou que cette Cause soit plus Lointaine (cela est alors considéré par certains comme "Majâz 'Aqlî" ; et par d'autres comme "Haqîqa 'Aqliyya" tandis que le nom désignant le verbe est alors un Majâz Mursal - 'alâqa mussabbabiyya -).
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Ainsi :
– les esclaves d'Egypte furent ceux qui bâtirent la tour : "بنى العُمّال الصرح" ;
– mais Hâmân fut celui qui en fut la cause médiate, par le fait de le leur ordonner et de superviser leur travail : "بنى هامان الصرح". Dieu dit : "وَقَالَ فِرْعَوْنُ يَا هَامَانُ ابْنِ لِي صَرْحًا" (Coran 40/36) ;
– et Pharaon fut celui qui en fut la cause plus lointaine, par le fait de l'avoir décidé et ordonné à Hâmân : "بنى فرعون الصرح".
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Ainsi encore :
– la cause de la sortie de Adam du Paradis fut le fait qu'il mangea le fruit défendu : cette action eut pour effet : la sortie de Adam et Eve du Paradis. Il a donc été dit que le fait que Adam mange le fruit défendu l'a fait sortir du Paradis : "فيأتون آدم، فيقولون: "يا أبانا، استفتح لنا الجنة". فيقول: "وهل أخرجكم من الجنة إلا خطيئةُ أبيكم آدم. لست بصاحب ذلك" (Muslim, 195) ; "احتج آدم وموسى، فقال له موسى: "أنت آدم الذي أخرجتك خطيئتُك من الجنة" (al-Bukhârî, 3228, Muslim, 2652/15) ;
– mais cette action de Adam et Eve eut pour cause, en amont, l'exhortation de Iblîs. Il est donc également vérifié de dire que Iblîs fit sortir Adam et Eve du Paradis : "فَقُلْنَا يَا آدَمُ إِنَّ هَذَا عَدُوٌّ لَّكَ وَلِزَوْجِكَ فَلَا يُخْرِجَنَّكُمَا مِنَ الْجَنَّةِ فَتَشْقَى" (Coran 20/117) ; "فَأَزَلَّهُمَا الشَّيْطَانُ عَنْهَا فَأَخْرَجَهُمَا مِمَّا كَانَا فِيهِ" (Coran 2/36) ; "كَمَا أَخْرَجَ أَبَوَيْكُم مِّنَ الْجَنَّةِ" (Coran 7/27). Le fait que Adam mange le fruit défendu fut donc l'outil que Iblîs employa pour les faire sortir du paradis ;
– ce fut Dieu qui ordonna alors à Adam de partir du Paradis : "Ce fut un vendredi que Adam fut sorti du Paradis" : "عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "خير يوم طلعت عليه الشمس يوم الجمعة؛ فيه خلق آدم، وفيه أدخل الجنة، وفيه أخرج منها" (Muslim, 854).
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Dans le cas où c'est un Acteur se servant d'un Outil qui fait cette Action Transitive, le sujet du verbe :
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--- est normalement : l'Acteur (qui est, rappelons-le, Cause Immédiate de l'action) - alors que l'Outil est introduit par la particule "Bâ'" - : "فرأيت رجلا من المشركين قد علا رجلا من المسلمين، فضربتُه من ورائه على حبل عاتقه بالسيف، فقطعْتُ الدرع" (al-Bukhârî, 4066) ; "فقصدت له فلحقته. فلما رآني ولى، فاتبعته وجعلت أقول له: "ألا تستحيي؟ ألا تثبت؟". فكف. فاختلفنا ضربتين بالسيف، فقتلْتُه" (al-Bukhârî, 4068). Nous avons alors une Haqîqa 'Aqliyya ;
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--- mais est parfois : l'Outil. Nous avons alors un Majâz 'Aqlî ('alâqa âliyya).
Voici les deux exemples correspondant à cela, et étant les pendants des deux exemples précédents : "قال: فاختلفا ضربتين، فوقع سيف مرحب في ترس عامر، وذهب عامر يسفل له، فرجع سيفه على نفسه فقطع أكحله، فكانت فيها نفسه" (Muslim, 1807) ; "عن سلمة بن الأكوع، قال: لما كان يوم خيبر، قاتل أخي قتالا شديدا مع رسول الله صلى الله عليه وسلم، فارتد عليه سيفه فقتله" (Muslim, 1802).
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Nous avons la même chose avec le verbe "faire pousser les plantes" :
– son sujet véritable est Dieu : "هُوَ الَّذِي أَنزَلَ مِنَ السَّمَاء مَاء لَّكُم مِّنْهُ شَرَابٌ وَمِنْهُ شَجَرٌ فِيهِ تُسِيمُونَ يُنبِتُ لَكُم بِهِ الزَّرْعَ وَالزَّيْتُونَ وَالنَّخِيلَ وَالأَعْنَابَ وَمِن كُلِّ الثَّمَرَاتِ إِنَّ فِي ذَلِكَ لآيَةً لِّقَوْمٍ يَتَفَكَّرُونَ" (Coran 16/10-11) ;
– quant au verset suivant, le 6/61, il y est dit que la terre fait pousser des plantes : il s'agit d'un Majâz 'Aqlî : la terre est l'outil que Dieu utilise pour faire pousser les plantes : "وَإِذْ قُلْتُمْ يَا مُوسَى لَن نَّصْبِرَ عَلَىَ طَعَامٍ وَاحِدٍ فَادْعُ لَنَا رَبَّكَ يُخْرِجْ لَنَا مِمَّا تُنبِتُ الأَرْضُ مِن بَقْلِهَا وَقِثَّآئِهَا وَفُومِهَا وَعَدَسِهَا وَبَصَلِهَا قَالَ أَتَسْتَبْدِلُونَ الَّذِي هُوَ أَدْنَى بِالَّذِي هُوَ خَيْرٌ اهْبِطُواْ مِصْراً فَإِنَّ لَكُم مَّا سَأَلْتُمْ" (Coran 6/61) ;
– dans le hadîth suivant, il est dit que c'est le ruisseau d'eau qui fait pousser des plantes : "إنه لا يأتي الخير بالشر. وإن مما يُنبِت الربيعُ يقتل أو يلم، إلا آكلة الخضراء أكلت حتى إذا امتدت خاصرتاها، استقبلت عين الشمس فثلطت وبالت ورتعت" (al-Bukhârî, 1396, Muslim, 1052). Il s'agit de nouveau d'un Majâz 'Aqlî.
Dans ces deux cas, il s'agit d'un "إسناد فعل الله إلى الآلة التي بها يفعله الله".
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L'Outil est Cause de l'apparition de l'action ; mais, en même temps, est Instrument entre les mains de qui est Cause Supérieure, voulant qu'apparaisse cette action.
الماء والأرض سببان مؤثِّران في نبات الزرع، وهما آلتان في يد الله لإنبات الزرع.
الدواء والدعاء سببان مؤثِّران في برء المريض، وهما آلتان في يد الله لإبراء المريض.
الرسول ودعوته سبب مؤثِّر في اهتداء الإنسان، وهو آلة في يد الله لهداية الإنسان.
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ثم قد يُنسَب الفعل إلى الآلة مجازًا عقليًا، فيقال: "أَنْبتَ الماءُ والأرضُ الزرعَ.
كما قد يُنسَب الفعل إلى آلة أبعد، فيقال: "أَنْبتَ الزارعُ الزرعَ.
قال الراغب: "الزرع: الإنبات، وحقيقة ذلك تكون بالأمور الإلهية دون البشرية: قال: {أأنتم تزرعونه أم نحن الزارعون}، فنسب الحرث إليهم ونفى عنهم الزرع ونسبه إلى نفسه. وإذا نسب إلى العبد، فلكونه فاعلا للأسباب التي هي سبب الزرع، كما تقول: "أَنْبَتُّ كذا" إذا كنتَ من أسباب نباته" (المفردات).
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Sachant d'une part que chaque outil est une cause mais chaque cause n'est pas un outil ("كل آلة سبب؛ وليس كل سبب آلة"), et d'autre part que c'est selon une perspective que l'outil est outil, étant cause selon une autre perspective : l'essentiel, pour savoir si le Majâz 'Aqlî est de type 'alâqa sababiyya (سببيّة) ou âliyya (آليّة),c'est de déterminer le sens premier du verbe utilisé :
– dans le cas de Binâ' et de Ikhrâj, le sens premier est : "placer brique sur brique" et "procéder à l'expulsion de quelqu'un manu militari" (respectivement). L'acteur véritable est donc celui qui fait chacune de ces actions. Quant aux autres acteurs entrant en jeu, ils sont alors forcément des Sabab plus lointaines, exerçant un effet sur l'acteur véritable. Le Majâz 'Aqlî est de type 'alâqa sababiyya ;
– tandis que dans le cas de Hidâya, de Inbât et de Shifâ', le sens premier ne peut avoir pour acteur que Dieu Seul : "guider quelqu'un à la droiture" ; "faire pousser les plantes" ; "guérir quelqu'un de sa maladie". Les autres acteurs - bien qu'exerçant chacun à son échelle un effet contribuant au résultat - ne sont donc que des Âlah entre les Mains de Dieu, et non pas des Causes ayant entraîné Sa Volonté de faire chacune de ces actions. Le Majâz 'Aqlî est donc de type 'alâqa âliyya.
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IV) Quelques développements supplémentaires :
Dans le domaine des causes (Asbâb), il existe la Cause immédiate à un Effet donné, mais il existe aussi des Causes Médiates à cet Effet.
--- Cela est toujours vérifié dans la perspective de l'Invisible : Dieu est, ainsi, la Cause des Causes. Parfois Il ordonne à un ange d'intervenir et de provoquer telle chose.
--- Et cela est parfois vrai dans la perspective visible : la Cause Immédiate à un Effet donné, mais il existe aussi des Causes Médiates et Indirectes, qui, elle-même, agissent sur cette Cause Immédiate.
Cela nous conduit à la classification suivante...
A) Le Âlah /Wassîla est de deux types :
--- A.1) le Âlah /Wassîla n'ayant aucune volonté propre (comme une scie, ou une flèche) ;
--- A.2) le Âlah /Wassîla ayant une volonté qui lui est propre (comme un chien dressé ; ou comme un homme).
B) Le Sabab est lui aussi de deux types :
--- B.1) le Sabab (par rapport à ce sur quoi il exerce son effet) qui n'est le Âlah /Wassîla d'aucun Sabab lui étant supérieur, car nul ne lui est supérieur. Dieu Seul est ainsi ;
--- B.2) le Sabab qui (en même temps qu'il est Sabab Mu'atthir, affectant l'Objet sur lequel il exerce son Effet) est le Âlah /Wassîla d'un Sabab lui étant supérieur. Cet Âlah reçoit, de la part du Sabab lui étant Supérieur :
----- B.2.1) soit une contrainte mécanique à exercer l'effet sur tel Objet ;
----- B.2.2) soit un effet le conduisant de façon certaine ou presque certaine à exercer l'effet à lui sur tel Objet ;
----- B.2.3) soit une exhortation verbale à exercer l'effet sur tel Objet.
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Le A.1 (le Âlah /Wassîla n'ayant aucune volonté propre) relève :
--- soit du B.2.1 : le Âlah qui n'a aucune volonté propre exerce son effet sous la contrainte mécanique du Sabab lui étant supérieur. C'est le cas de la scie subissant la pression manuelle du menuisier, et provoquant alors la coupure du morceau de bois qu'elle touche ainsi. C'est aussi le cas de la voiture qui percute un piéton : elle n'est qu'un outil entre les mains et les pieds de son conducteur ;
--- soit du B.2.2 : le Âlah qui n'a aucune volonté propre peut également être amenée à exercer son effet sur autrui par le fait qu'autrui est venu jusqu'à elle : parce que l'homme a été la cause que cet autrui vienne jusqu'à cette Âlah (par le fait d'avoir creusé un fossé dans un lieu appartenant à une tierce personne, laquelle ne nous en a pas donné l'autorisation, ou dans un lieu public alors que l'autorité ne nous en a pas donné l'autorisation, fait qu'on est responsable des dommages causés à quelqu'un qui chuterait dans ce fossé et s'y casserait une jambe) ;
--- soit du B.2.3 : le Âlah qui n'a aucune volonté propre peut également être amenée à exercer son effet sur autrui par le fait qu'autrui est venu jusqu'à elle (comme dans le cas d'un homme qui conseille à une personne de se rendre dans telle direction, alors qu'il sait que cela mène à un précipice).
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Quant au A.2 (le Âlah /Wassîla ayant une volonté propre), il relève :
--- soit du B.2.2 : le Âlah subit une contrainte par chantage. Si quelqu'un contraint un musulman à tuer un innocent, le musulman ne peut que refuser d'obéir ; il doit faire preuve de courage et de patience face aux éventuels torts que son refus pourrait lui causer. Si ce musulman qui a subi cette contrainte a, malgré l'interdiction shar'î, cédé, et a eu recours au meurtre dudit innocent, alors il aura à rendre compte de cet acte le jour du jugement ; de plus, en ce monde, si cela a lieu en pays musulman, s'exposera(ont) au talion, prononcé par le juge compétent : ----- soit l'assassin seul (c'est l'avis de Zufar et de Ibn Hazm) ; ----- soit celui qui l'a contraint seul (c'est l'avis de Abû Hanîfa et de Muhammad ibn ul-Hassan) ; ----- soit les deux (c'est l'avis de Mâlik et l'avis retenu chez les Shafi'ites et les Hanbalites) ; ----- soit aucun des deux (c'est l'avis de Abû Yûssuf) (Al-Fiqh ul-islâmî wa adillatuh, pp. 4446-4447) (l'autre des deux auteurs de ce meurtre et qui, d'après certains de ces avis, n'est pas concerné par le talion, celui-là aura une sanction de type ta'zîr, laissée à l'appréciation du juge). L'homme qui dit du mal des parents d'une personne va provoquer très souvent cette personne à dire du mal de ses parents à lui ; cette personne n'avait pas le droit de faire cela (il fallait dire du mal de cet homme, et pas des parents de celui-ci), mais le premier obtient aussi le péché de ce mal dit de ses propres parents, vu qu'il a été la cause très prévisible de cela. Le chien dressé que l'homme envoie attaquer une autre personne, ou l'animal qu'il chasse, provoque comme effet la morsure que le chien va infliger à cette personne / cet animal. Le cheval qu'un homme pique, pendant le passage d'une tierce personne, va flanquer une ruade, ce qui va s'effectuer sur cette personne : le premier homme est alors responsable de ce qu'il a causé (tassabbub) ;
--- soit du B.2.3 : le Âlah reçoit une exhortation verbale à faire quelque chose. L'homme qui exhorte verbalement une personne à en assassiner une autre porte une part de responsabilité dans l'assassinat ainsi commis : il aura à rendre compte de cet acte le jour du jugement ; de plus, en ce monde, si cela a lieu en pays musulman, s'exposera(ont) au talion, prononcé par le juge compétent : ----- soit l'assassin seul (c'est l'avis de la plupart des mujtahidûn) ; ----- soit les deux (c'est l'avis de Mâlik) (Al-Mughnî, 11/526). La même chose peut être dite si un homme a maintenu un autre homme pendant qu'une tierce personne procédait à son assassinat : il s'agit cette fois d'une assistance (i'âna).
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V) Lire ici : i) Ce que Dieu a créé de Sa Main - ii) Ce que Dieu a fait (ou fait, ou fera) se réaliser par Sa Parole "Sois !" - iii) Ce que Dieu charge des Anges de faire se réaliser - iv) Ce qui se réalise lui aussi selon la Volonté Takwînî de Dieu, mais par le biais des causes naturelles que Dieu a créées et qu'Il gère - v) L'action humaine, qui se réalise par la Volonté de Dieu :
Les actions humaines voient le jour par la volonté humaine en tant que Cause, Sabab Muatthir ; mais en même temps, par rapport à Dieu, cela est le Moyen (Wâssita) par lequel Dieu fait apparaître ces actions humaines. Par contre, l'homme ne se trouve pas dans le cas B.2.1 (comme le prétendent les Jahmites) : il n'est pas majbûr.
"والمقام الثاني: في تحرير السؤال - وجوابه - وهو أن يقال: هل قدرة العبد المخلوقة مؤثرة في وجود فعله؟ فإن كانت مؤثرة لزم الشرك؛ وإلا لزم الجبر. والمقام مقام معروف، وقف فيه خلق من الفاحصين والباحثين والبصراء والمكاشفين وعامتهم فهموا صحيحا. ولكن قل منهم من عبر فصيحا. فنقول: التأثير اسم مشترك؛ قد يراد بالتأثير الانفراد بالابتداع والتوحيد بالاختراع، فإن أريد بتأثير قدرة العبد هذه القدرة، فحاشا لله لم يقله سني وإنما هو المعزو إلى أهل الضلال. وإن أريد بالتأثير نوع معاونة إما في صفة من صفات الفعل أو في وجه من وجوهه كما قاله كثير من متكلمي أهل الإثبات، فهو أيضا باطل بما به بطل التأثير في ذات الفعل؛ إذ لا فرق بين إضافة الانفراد بالتأثير إلى غير الله سبحانه في ذرة أو فيل؛ وهل هو إلا شرك دون شرك، وإن كان قائل هذه المقالة ما نحا إلا نحو الحق. وإن أريد بالتأثير أن خروج الفعل من العدم إلى الوجود كان بتوسط القدرة المحدثة، بمعنى أن القدرة المخلوقة هي سبب وواسطة في خلق الله سبحانه وتعالى الفعل بهذه القدرة (كما خلق النبات بالماء وكما خلق الغيث بالسحاب. وكما خلق جميع المسببات والمخلوقات بوسائط وأسباب)، فهذا حق. وهذا شأن جميع الأسباب والمسببات؛ وليس إضافة التأثير بهذا التفسير إلى قدرة العبد شركا؛ وإلا فيكون إثبات جميع الأسباب شركا. وقد قال الحكيم الخبير: {فأنزلنا به الماء فأخرجنا به من كل الثمرات}، {فأنبتنا به حدائق ذات بهجة} وقال تعالى: {قاتلوهم يعذبهم الله بأيديكم}؛ فبين أنه المعذب، وأن أيدينا أسباب وآلات وأوساط وأدوات في وصول العذاب إليهم. وقال صلى الله عليه وسلم "لا يموتن أحد منكم إلا آذنتموني حتى أصلي عليه فإن الله جاعل بصلاتي عليه بركة ورحمة"؛ فالله سبحانه هو الذي يجعل الرحمة وذلك إنما يجعله بصلاة نبينا صلى الله عليه وسلم. وعلى هذا التحرير فنقول: خلق الله سبحانه أعمال الأبدان بأعمال القلوب ويكون لأحد الكسبين تأثير في الكسب الآخر بهذا الاعتبار؛ ويكون ذلك الكسب من جملة القدرة المعتبرة في الكسب الثاني؛ فإن القدرة هنا ليست إلا عبارة عما يكون الفعل به لا محالة من قصد وإرادة وسلامة الأعضاء والقوى المخلوقة في الجوارح وغير ذلك؛ ولهذا وجب أن تكون مقارنة للفعل، وامتنع تقديمها على الفعل بالزمان. وأما القدرة التي هي مناط الأمر والنهي، فذاك حديث آخر ليس هذا موضعه" (MF 8/389-390).
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VI) Un cas extrait du Coran, avec l'eau et la bonne terre comme Causes, l'Effet étant la croissance et l'épanouissement de plantes :
Dieu dit que c'est Lui qui fait pousser les plantes :
--- "أَفَرَأَيْتُم مَّا تَحْرُثُونَ أَأَنتُمْ تَزْرَعُونَهُ أَمْ نَحْنُ الزَّارِعُونَ لَوْ نَشَاء لَجَعَلْنَاهُ حُطَامًا فَظَلَلْتُمْ تَفَكَّهُونَ إِنَّا لَمُغْرَمُونَ بَلْ نَحْنُ مَحْرُومُونَ" (Coran 56/63-67) ("الزرع: الإنبات، وحقيقة ذلك تكون بالأمور الإلهية دون البشرية: قال: {أأنتم تزرعونه أم نحن الزارعون}، فنسب الحرث إليهم ونفى عنهم الزرع ونسبه إلى نفسه. وإذا نسب إلى العبد، فلكونه فاعلا للأسباب التي هي سبب الزرع، كما تقول: "أَنْبَتُّ كذا" إذا كنتَ من أسباب نباته" (Muf'radât ur-Râghib) ;
--- "أَمَّنْ خَلَقَ السَّمَاوَاتِ وَالْأَرْضَ وَأَنزَلَ لَكُم مِّنَ السَّمَاء مَاء فَأَنبَتْنَا بِهِ حَدَائِقَ ذَاتَ بَهْجَةٍ مَّا كَانَ لَكُمْ أَن تُنبِتُوا شَجَرَهَا أَإِلَهٌ مَّعَ اللَّهِ بَلْ هُمْ قَوْمٌ يَعْدِلُونَ" (Coran 27/60).
L'Objet de cette croissance que Dieu réalise, c'est la graine : "كَزَرْعٍ أَخْرَجَ شَطْأَهُ فَآزَرَهُ فَاسْتَغْلَظَ فَاسْتَوَى عَلَى سُوقِهِ يُعْجِبُ الزُّرَّاعَ" (Coran 48/29), puis la plante une fois que la graine a germé : "كَمَاء أَنزَلْنَاهُ مِنَ السَّمَاء فَاخْتَلَطَ بِهِ نَبَاتُ الأَرْضِ مِمَّا يَأْكُلُ النَّاسُ وَالأَنْعَامُ" (Coran 10/24).
Quant à l'eau (qui est Cause de la croissance des plantes, Sabab Mu'atthir), c'est le Moyen (Âla/ Wassîla) par lequel Dieu fait pousser ces plantes sur la terre (qui est le lieu de cette croissance, et aussi une Cause secondaire, Sabab Mu'aththir) :
--- "وَأَلْقَى فِي الْأَرْضِ رَوَاسِيَ أَن تَمِيدَ بِكُمْ وَبَثَّ فِيهَا مِن كُلِّ دَابَّةٍ وَأَنزَلْنَا مِنَ السَّمَاء مَاء فَأَنبَتْنَا فِيهَا مِن كُلِّ زَوْجٍ كَرِيمٍ" (Coran 31/10) ; "فَلْيَنظُرِ الْإِنسَانُ إِلَى طَعَامِهِ أَنَّا صَبَبْنَا الْمَاء صَبًّا ثُمَّ شَقَقْنَا الْأَرْضَ شَقًّا فَأَنبَتْنَا فِيهَا حَبًّا وَعِنَبًا وَقَضْبًا وَزَيْتُونًا وَنَخْلًا وَحَدَائِقَ غُلْبًا وَفَاكِهَةً وَأَبًّا مَّتَاعًا لَّكُمْ وَلِأَنْعَامِكُمْ" (Coran 80/24-32) ; "وَآيَةٌ لَّهُمُ الْأَرْضُ الْمَيْتَةُ أَحْيَيْنَاهَا وَأَخْرَجْنَا مِنْهَا حَبًّا فَمِنْهُ يَأْكُلُونَ وَجَعَلْنَا فِيهَا جَنَّاتٍ مِن نَّخِيلٍ وَأَعْنَابٍ وَفَجَّرْنَا فِيهَا مِنْ الْعُيُونِ لِيَأْكُلُوا مِن ثَمَرِهِ وَمَا عَمِلَتْهُ أَيْدِيهِمْ أَفَلَا يَشْكُرُونَ" (Coran 36/33-35) ;
--- "وَأَنزَلْنَا مِنَ السَّمَاء مَاء طَهُورًا لِنُحْيِيَ بِهِ بَلْدَةً مَّيْتًا" (Coran 25/48-49) ; "وَالْأَرْضَ مَدَدْنَاهَا وَأَلْقَيْنَا فِيهَا رَوَاسِيَ وَأَنبَتْنَا فِيهَا مِن كُلِّ زَوْجٍ بَهِيجٍ تَبْصِرَةً وَذِكْرَى لِكُلِّ عَبْدٍ مُّنِيبٍ وَنَزَّلْنَا مِنَ السَّمَاء مَاء مُّبَارَكًا فَأَنبَتْنَا بِهِ جَنَّاتٍ وَحَبَّ الْحَصِيدِ وَالنَّخْلَ بَاسِقَاتٍ لَّهَا طَلْعٌ نَّضِيدٌ رِزْقًا لِّلْعِبَادِ وَأَحْيَيْنَا بِهِ بَلْدَةً مَّيْتًا كَذَلِكَ الْخُرُوجُ" (Coran 50/7-11).
Or, comme nous l'avons vu plus haut, le verbe transitif est parfois mis en relation avec, comme sujet, non pas l'Acteur véritable, mais le Moyen que l'Acteur utilise : il s'agit alors d'un Majâz 'Aqlî.
C'est pourquoi :
– on lit dans le verset suivant que "la terre fait pousser" : "وَإِذْ قُلْتُمْ يَا مُوسَى لَن نَّصْبِرَ عَلَىَ طَعَامٍ وَاحِدٍ فَادْعُ لَنَا رَبَّكَ يُخْرِجْ لَنَا مِمَّا تُنبِتُ الأَرْضُ مِن بَقْلِهَا وَقِثَّآئِهَا وَفُومِهَا وَعَدَسِهَا وَبَصَلِهَا قَالَ أَتَسْتَبْدِلُونَ الَّذِي هُوَ أَدْنَى بِالَّذِي هُوَ خَيْرٌ اهْبِطُواْ مِصْراً فَإِنَّ لَكُم مَّا سَأَلْتُمْ" (Coran 6/61) (" وإضافة الإنبات إلى الأرض مجاز، إذ المنبت هو الله تعالى؛ لكنه لما جعل فيها قابلية الإنبات، نسب الإنبات إليها" : Al-Bahr ul-muhît, Abû Hayyân al-Gharnâtî). On lit cela dans le hadîth suivant aussi : "عن أبي موسى عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "مثل ما بعثني الله به من الهدى والعلم، كمثل الغيث الكثير أصاب أرضا، فكان منها نقية قبلت الماء فأنبتت الكلأ والعشب الكثير، وكانت منها أجادب أمسكت الماء فنفع الله بها الناس فشربوا وسقوا وزرعوا؛ وأصابت منها طائفة أخرى إنما هي قيعان لا تمسك ماء ولا تنبت كلأ. فذلك مثل من فقه في دين الله، ونفعه ما بعثني الله به فعلم وعلم، ومثل من لم يرفع بذلك رأسا، ولم يقبل هدى الله الذي أرسلت به" (al-Bukhârî, 79, Muslim, 2282) ;
– et on lit dans le hadîth suivant que "le ruisseau fait pousser" : "إنه لا يأتي الخير بالشر. وإن مما يُنبِت الربيعُ يقتل أو يلم، إلا آكلة الخضراء أكلت حتى إذا امتدت خاصرتاها، استقبلت عين الشمس فثلطت وبالت ورتعت" (al-Bukhârî, 1396, Muslim, 1052).
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Dieu peut également faire intervenir des Empêchants (Mâni') :
--- faire disparaître l'eau en faisant s'en tarir la source : "قُلْ أَرَأَيْتُمْ إِنْ أَصْبَحَ مَاؤُكُمْ غَوْرًا فَمَن يَأْتِيكُم بِمَاء مَّعِينٍ" (Coran 67/30) ;
--- susciter une calamité telle qu'une tornade, détruisant la récolte ou le verger : "فَعَسَى رَبِّي أَن يُؤْتِيَنِ خَيْرًا مِّن جَنَّتِكَ وَيُرْسِلَ عَلَيْهَا حُسْبَانًا مِّنَ السَّمَاء فَتُصْبِحَ صَعِيدًا زَلَقًا أَوْ يُصْبِحَ مَاؤُهَا غَوْرًا فَلَن تَسْتَطِيعَ لَهُ طَلَبًا" (Coran 18/40-41) ;
--- susciter une calamité telle qu'un vent nocif pour la culture : "وَلَئِنْ أَرْسَلْنَا رِيحًا فَرَأَوْهُ مُصْفَرًّا لَّظَلُّوا مِن بَعْدِهِ يَكْفُرُونَ" (Coran 30/51).
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C'est pour toutes ces raisons que Dieu dit ce qui suit : Il parle d'abord des vents, Cause de rassemblement et de maturité des nuages, puis du nuage, Cause de descente d'eau sur terre, puis de l'eau, Cause de croissance des plants qui donnent des fruits ; ensuite Il rappelle que si la bonne terre, ses plants poussent ainsi, c'est avec Sa Permission :
--- "وَهُوَ الَّذِي يُرْسِلُ الرِّيَاحَ بُشْرًا بَيْنَ يَدَيْ رَحْمَتِهِ حَتَّى إِذَا أَقَلَّتْ سَحَابًا ثِقَالاً سُقْنَاهُ لِبَلَدٍ مَّيِّتٍ فَأَنزَلْنَا بِهِ الْمَاء فَأَخْرَجْنَا بِهِ مِن كُلِّ الثَّمَرَاتِ كَذَلِكَ نُخْرِجُ الْموْتَى لَعَلَّكُمْ تَذَكَّرُونَ وَالْبَلَدُ الطَّيِّبُ يَخْرُجُ نَبَاتُهُ بِإِذْنِ رَبِّهِ وَالَّذِي خَبُثَ لاَ يَخْرُجُ إِلاَّ نَكِدًا كَذَلِكَ نُصَرِّفُ الآيَاتِ لِقَوْمٍ يَشْكُرُونَ" : "Et Il est Celui qui suscite les vents, annonciateurs de bonne nouvelle devant Sa Miséricorde [= la pluie]. Jusqu'à ce que, lorsque (ces vents) ont porté un nuage lourd, Nous conduisons celui-ci pour un pays mort [= complètement sec], alors par ce (nuage) Nous faisons descendre l'eau, alors par cette (eau) Nous faisons sortir de tous fruits. (...) Et le bon pays, sa plante sort avec la Permission de son Seigneur. Et le (pays) qui est mauvais, (sa plante) ne sort qu'insuffisamment / difficilement" (Coran 7/57-58). "وقيل: أنزلنا بالسحاب الماء؛ لأن السحاب آلة لإنزال الماء" (Tafsîr ul-Qurtubî). "ثم ذكر تفاوت الأراضي التي ينزل عليها المطر، فقال: {وَالْبَلَدُ الطَّيِّبُ} أي: طيب التربة والمادة، إذا نزل عليه مطر {يَخْرُجُ نَبَاتُهُ} الذي هو مستعد له {بِإِذْنِ رَبِّهِ} أي: بإرادة اللّه ومشيئته، فليست الأسباب مستقلة بوجود الأشياء، حتى يأذن اللّه بذلك. {وَالَّذِي خَبُثَ} من الأراضي {لَا يَخْرُجُ إِلَّا نَكِدًا} أي: إلا نباتا خاسا لا نفع فيه ولا بركة" (Tafsîr us-Sa'dî).
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VII) Les Attributs de Dieu sont la cause du fait qu'Il agit ainsi et ainsi, et pas ainsi et ainsi :
Les Attributs de Dieu ne sont pas séparés de Dieu : c'est par perspective différente que l'on distingue Dieu, et Ses Attributs.
Sinon il s'agit tout simplement de la façon d'être de Dieu :
--- c'est parce qu'Il est Miséricordieux (رحمن) qu'Il agit ainsi ;
--- c'est parce qu'Il est Calme (حليم) qu'Il donne un délai à ceux qui Le défient ;
--- c'est parce qu'Il se met également en Colère (يغضب) qu'Il châtie ceux qui le méritent.
Dans l'invocation (du'â') qu'on adresse à Dieu (Allah) par la wassîla de telle chose, c'est une causalité qu'on évoque : "Je Te demande, ô Dieu - à cause du fait que Tu est l'Un, l'Unique, l'Absolu, Celui qui n'a pas engendré et n'a pas été engendré, qui n'a pas d'égal - que Tu me pardonnes mes péchés. Tu es, Toi, le Pardonnant, Celui qui fait Miséricorde" : "عن محجن بن الأدرع أن رسول الله صلى الله عليه وسلم دخل المسجد، إذا رجل قد قضى صلاته وهو يتشهد، فقال: اللهم إني أسألك يا ألله بأنك الواحد الأحد الصمد الذي لم يلد ولم يولد ولم يكن له كفوا أحد، أن تغفر لي ذنوبي، إنك أنت الغفور الرحيم، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "قد غفر له"، ثلاثا" (an-Nassâ'ï, n° 1031).
Lire :
--- Pourquoi ne peut-on pas adresser une invocation à un Attribut de Dieu alors que l'Attribut de Dieu n'est pas séparé de Lui ? ;
--- Peut-on, lorsqu'on adresse une invocation à Dieu, le Lui demander "par telle chose" ? (دعاء الله بالوسيلة).
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VIII) Les actions humaines (c'est-à-dire : les croyances, les actions du coeur et les actions extérieures) sont elles aussi des Causes ?
Oui.
Les bonnes actions sont :
--- la cause de la Satisfaction de Dieu : "وَإِن تَشْكُرُوا يَرْضَهُ لَكُمْ" (Coran 39/4) ; "وَأَنْ أَعْمَلَ صَالِحًا تَرْضَاهُ" (Coran 27/19 ; 46/15) ;
--- la causes de l'admission, au Paradis, de celui qui les acquiert : "وَنُودُواْ أَن تِلْكُمُ الْجَنَّةُ أُورِثْتُمُوهَا بِمَا كُنتُمْ تَعْمَلُونَ" (Coran 7/43) (lire aussi un article comparant chaque bonne action à un ticket d'entrée immédiate au paradis).
La présence de ce bâ' de sababiyya, ici, s'explique par la réalité de la causalité qu'il exprime. Cependant, toute cause (sabab) reste soumise à Celui qui réalise les causes (Mussabbib ul-asbâb). C'est pourquoi dans la Sunna il est dit ceci : "Rapprochez-vous, et restez sur la droiture. Et sachez qu'aucun parmi nous ne sera sauvé par son action (bonne)." -"Messager de Dieu, pas même toi ?" - "Pas même moi. Ce ne sera que si Dieu me couvre d'une Miséricorde et d'une Faveur de Sa part" : "عن أبي هريرة قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "قاربوا وسددوا، واعلموا أنه لن ينجو أحد منكم بعمله." قالوا: يا رسول الله ولا أنت؟ قال: "ولا أنا، إلا أن يتغمدني الله برحمة منه وفضل" (Muslim, 2816) ; ici le bâ' peut être de nouveau de "sababiyya". Cette négation de la causalité s'explique cette fois par le caractère insuffisant de ladite causalité, dans la mesure où les actions ne sont des causes d'admission au Paradis que sous réserve que Dieu les agrée : "يدخل الجنة بسبب العمل، ولكن ليس بمجرّد العمل" (c'est l'une des explications existantes : d'après Fat'h ul-bârî 11/357-359). L'absence de suffisance de causalité a également été présentée sous forme de négation du sujet du verbe transitif dans cette autre version du hadîth : "L'action qu'il fait ne sauvera aucun d'entre vous" : "عن أبي هريرة رضي الله عنه، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "لن يُنجِي أحدا منكم عملُه". قالوا: "ولا أنت يا رسول الله؟" قال: "ولا أنا، إلا أن يتغمدني الله برحمة. سددوا وقاربوا، واغدوا وروحوا، وشيء من الدلجة، والقصد القصد تبلغوا" (al-Bukhârî, 6098).
Les mauvaises actions sont quant à elles :
--- la cause de la Colère de Dieu : "وَمَن يَقْتُلْ مُؤْمِنًا مُّتَعَمِّدًا فَجَزَآؤُهُ جَهَنَّمُ خَالِدًا فِيهَا وَغَضِبَ اللّهُ عَلَيْهِ وَلَعَنَهُ وَأَعَدَّ لَهُ عَذَابًا عَظِيمًا" (Coran 4/93) ;
--- la cause de Châtiment (cela car Dieu châtie celui contre qui Il est en Colère) : "قَالَ فَذُوقُواْ العَذَابَ بِمَا كُنتُمْ تَكْفُرُونَ" (Coran 6/30) (lire aussi un article exposant que chaque action interdite constitue un ticket d'admission dans le Feu).
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Ces actions - bonnes / mauvaises - sont-elles aussi des causes de réussite / malheurs temporels ?
--- De par le fait que primo elles sont les causes de la Satisfaction ou au contraire de Colère de Dieu, et que secundo c'est Dieu qui décide de ce qui se passe en ce monde, et que tertio Il rétribue ici-bas aussi : Oui. "وَلَوْ أَنَّهُمْ أَقَامُواْ التَّوْرَاةَ وَالإِنجِيلَ وَمَا أُنزِلَ إِلَيهِم مِّن رَّبِّهِمْ لأكَلُواْ مِن فَوْقِهِمْ وَمِن تَحْتِ أَرْجُلِهِم" (Coran 5/66) ; "وَمَا أَصَابَكُم مِّن مُّصِيبَةٍ فَبِمَا كَسَبَتْ أَيْدِيكُمْ وَيَعْفُو عَن كَثِيرٍ" (Coran 42/30).
--- Cependant, de façon systématique : Non, et ce car d'autres paramètres sont également pris en considération par Dieu pour ce monde (contrairement à l'autre monde). Shâh Waliyyullâh écrit ainsi : "والضابط في المجازاة الخارجية أنها تكون في تضاعيف أسباب؛ فمن أحاط بتلك الأسباب، وتمثل عنده النظام المنبعث منها، علم قطعا أن الحق [أي: الله تعالى] لا يدع عاصيا إلا يجازيه في الدنيا، مع رعاية ذلك النظام. فيكون إذا هدأت الأسباب عن تنعيمه وتعذيبه، نعم بسبب الأعمال الصالحة، أو عذب بسبب الأعمال الفاجرة. ويكون إذا أجمعت الأسباب على إيلامه وكان صالحا، وكان قبضها لمعارضة صلاحه غير قبيح، صرفت أعماله إلى رفع البلاء أو تخفيفه، أو على إنعامه وكان فاسقا، صرفت [أي: أعماله السيئة] إلى إزالة نعمته، وكان كالمعارض لأسبابها. أو أجمعت على مناسبة أعماله، أمد في ذلك إمدادا بينا. وربما كان حكم النظام أوجب من حكم الأعمال، فيستدرج بالفاجر، ويضيق على الصالح في الظاهر، ويصرف التضييق إلى كسر بهيميته، ويفهم ذلك فيرضى، كالذي يشرب الدواء المر راغبا فيه. وهذا معنى قوله صلى الله عليه وسلم: "مثل المؤمن كمثل الخامة من الزرع تفيئها الرياح تصرعها مرة، وتعدلها أخرى حتى يأتيه أجله، ومثل المنافق كمثل الأرزة المجدبة التيلا يصيبها شيء حتى يكون انجعافها مرة واحدة"، وقوله صلى الله عليه وسلم. "ما من مسلم يصيبه أذى من مرض، فما سواه إلا حط الله به سيئاته كما تحط الشجرة ورقها." (...) وبالجملة فالأمر ههنا يشبه بحال سيد لا يتفرغ للجزاء، فإذا كان يوم القيامة صار كأنه تفرغ، وإليه الإشارة في قوله تعالى: {سنفرغ لكم أيها الثقلان" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/103-104) (lire notre article sur le sujet).
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Le du'â qu'on adresse à Dieu est lui aussi une cause (Sabab) entraînant la prise de Décision de Dieu d'accorder ce qu'on Lui a demandé (mais ce par pure Faveur d'acceptation de Sa part, car Il peut ne pas exaucer ce qu'on Lui demande ainsi) (guider Son serviteur à Lui adresser une demande, c'est donc un instrument - Âlah - que Dieu utilise pour accorder des choses à ce serviteur) :
"والناس قد اختلفوا في الدعاء المستعقب لقضاء الحاجات.
فزعم قوم من المبطلين، متفلسفة ومتصوفة، أنه لا فائدة فيه أصلا، فإن المشيئة الإلهية والأسباب العلوية، إما أن تكون قد اقتضت وجود المطلوب - وحينئذ فلا حاجة إلى الدعاء -، أو لا تكون اقتضته - وحينئذ فلا ينفع الدعاء.
وقال قوم ممن تكلم في العلم: "بل الدعاء علامة ودلالة على حصول المطلوب"، وجعلوا ارتباطه بالمطلوب ارتباط الدليل بالمدلول، لا ارتباط السبب بالمسبب، بمنزلة الخبر الصادق والعلم السابق.
والصواب ما عليه الجمهور، من أن الدعاء سبب لحصول الخير المطلوب أو غيره، كسائر الأسباب المقدرة والمشروعة. وسواء سمي سببا أو جزءا من السبب أو شرطا، فالمقصود هنا واحد. فإذا أراد الله بعبد خيرا، ألهمه دعاءه والاستعانة به، وجعل استعانته ودعاءه سببا للخير الذي قضاه له، (...). كما أن الله تعالى إذا أراد أن يشبع عبدا أو يرويه، ألهمه أن يأكل أو يشرب؛ وإذا أراد الله أن يتوب على عبد، ألهمه أن يتوب، فيتوب عليه؛ وإذا أراد أن يرحمه ويدخله الجنة، يسره لعمل أهل الجنة. والمشيئة الإلهية اقتضت وجود هذه الخيرات بأسبابها المقدرة لها، كما اقتضت وجود دخول الجنة بالعمل الصالح، ووجود الولد بالوطء، والعلم بالتعليم. فمبدأ الأمور من الله، وتمامها على الله؛ لا أن العبد نفسه هو المؤثر في الرب، أو في ملكوت الرب؛ بل الرب سبحانه هو المؤثر في ملكوته وجاعل دعاء عبده سببا لما يريده سبحانه من القضاء، كما قال رجل للنبي صلى الله عليه وسلم: "يا رسول الله، أرأيت أدوية نتداوى بها، ورقى نسترقي بها وتقى نتقيها: هل ترد من قدر الله شيئا؟" قال: "هي من قدر الله" (Iqtidhâ' us-sirât il-mustaqîm, pp. 329-330).
"بل كل ما علم الله أنه يكون، فلا يقبل الله دعاء أحد في أن لا يكون. لكن الدعاء سبب يقضي الله به ما علم الله أنه سيكون بهذا السبب، كما يقضي بسائر الأسباب ما علم أنه سيكون بها. وقد سأل الله تعالى من هو أفضل من كل من في البصرة بكثير ما هو دون هذا، فلم يجابوا، لما سبق الحكم بخلاف ذلك" (MF 14/366).
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Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).