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I) Noé (عليه السلام) Messager de Dieu : quand, où et pourquoi ?
- Pourquoi Noé fut-il suscité ?
Pour rappeler aux hommes de son peuple qu'ils ne devaient diviniser que Dieu le Créateur.
La sourate Nûh (71ème sourate du Coran) relate de Noé lui-même les noms de 5 idoles que son peuple adoraient : Wadd ; Suwâ' ; Yaghûth ; Ya'ûq ; Nasr : "وَقَالُوا لَا تَذَرُنَّ آلِهَتَكُمْ وَلَا تَذَرُنَّ وَدًّا وَلَا سُوَاعًا وَلَا يَغُوثَ وَيَعُوقَ وَنَسْرًا" (Coran 71/23).
Noé vint leur dire que s'ils ne cessaient pas d'adorer autre que Dieu, il craignait pour eux le châtiment d'un Jour Terrible : "لَقَدْ أَرْسَلْنَا نُوحًا إِلَى قَوْمِهِ فَقَالَ يَا قَوْمِ اعْبُدُواْ اللَّهَ مَا لَكُم مِّنْ إِلَهٍ غَيْرُهُ إِنِّيَ أَخَافُ عَلَيْكُمْ عَذَابَ يَوْمٍ عَظِيمٍ" (Coran 7/59). "وَلَقَدْ أَرْسَلْنَا نُوحًا إِلَى قَوْمِهِ إِنِّي لَكُمْ نَذِيرٌ مُّبِينٌ أَن لاَّ تَعْبُدُواْ إِلاَّ اللّهَ إِنِّيَ أَخَافُ عَلَيْكُمْ عَذَابَ يَوْمٍ أَلِيمٍ" (Coran 11/25-26). Il s'agit du Jour du Jugement, ou d'un jour où ils seraient complètement détruits en ce monde même : "أي: عذاب يوم القيامة إن لقيتم الله وأنتم مشركون به" (Tafsîr Ibn Kathîr) ; "واليوم: يوم القيامة، أو: يوم نزول الطوفان" (Tafsîr ul-Baydhâwî sur Coran 7/59) (ces deux possibilités sont également visibles dans Tafsîr ur-Râzî).
Dieu avait en effet dit à Noé : "Avertis ton peuple avant que ne leur vienne un châtiment douloureux" : "إِنَّا أَرْسَلْنَا نُوحًا إِلَى قَوْمِهِ أَنْ أَنذِرْ قَوْمَكَ مِن قَبْلِ أَن يَأْتِيَهُمْ عَذَابٌ أَلِيمٌ قَالَ يَا قَوْمِ إِنِّي لَكُمْ نَذِيرٌ مُّبِينٌ أَنِ اعْبُدُوا اللَّهَ وَاتَّقُوهُ وَأَطِيعُونِ يَغْفِرْ لَكُم مِّن ذُنُوبِكُمْ وَيُؤَخِّرْكُمْ إِلَى أَجَلٍ مُّسَمًّى إِنَّ أَجَلَ اللَّهِ إِذَا جَاء لَا يُؤَخَّرُ لَوْ كُنتُمْ تَعْلَمُوْنَ" (Coran 71/1-4).
Ici se pose une question : Et avant d'avoir reçu cette prédication de Noé, ce peuple commettant ce Shirk Akbar Jalî wa Wâdhih n'encourraient pas un châtiment général de destruction complète en ce monde (eu égard à la portée minimale de ce verset : "وَمَا كُنَّا مُعَذِّبِينَ حَتَّى نَبْعَثَ رَسُولاً" : "Nous n'en étions pas à châtier jusqu'à ce que nous ayons envoyé un messager" : Coran 17/15). Mais s'exposaient-ils déjà au châtiment dans l'autre monde ?
D'après certains ulémas hanafites : Oui, et ce en vertu de ce célèbre passage coranique : "وَإِذْ أَخَذَ رَبُّكَ مِن بَنِي آدَمَ مِن ظُهُورِهِمْ ذُرِّيَّتَهُمْ وَأَشْهَدَهُمْ عَلَى أَنفُسِهِمْ أَلَسْتَ بِرَبِّكُمْ قَالُواْ بَلَى شَهِدْنَا أَن تَقُولُواْ يَوْمَ الْقِيَامَةِ إِنَّا كُنَّا عَنْ هَذَا غَافِلِينَ أَوْ تَقُولُواْ إِنَّمَا أَشْرَكَ آبَاؤُنَا مِن قَبْلُ وَكُنَّا ذُرِّيَّةً مِّن بَعْدِهِمْ أَفَتُهْلِكُنَا بِمَا فَعَلَ الْمُبْطِلُونَ" : "Et lorsque ton Seigneur prit des reins des fils de Adam leur descendance et les fit témoigner : "Ne suis-Je pas votre Pourvoyeur ? – Si, nous en témoignons" dirent-ils. (Cela) afin que vous ne puissiez pas dire, le jour de la résurrection : "Nous étions ignorants de cela [= le monothéisme]", ou dire : "Ce ne sont que nos ancêtres qui avaient attribué des associés (à Dieu) avant (nous), et nous étions une descendance venue après eux ; vas-Tu nous détruire à cause de ce que les négateurs ont fait ?" (Coran 7/172-173). Si on retient l'avis qui dit que ce verset parle du fait que Dieu S'est montré à tous les humains alors qu'ils étaient âmes, avant que chaque âme soit envoyée dans son corps, ou même si on retient l'autre avis, ce passage-ci veut dire que cela a été inscrit en le for intérieur de chaque humain, afin que nul homme ne puisse plus se présenter comme ignorant du monothéisme le Jour du Jugement. On voit par là que la prédication des prophètes n'est qu'un rappel supplémentaire.
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Comment les gens de ce peuple étaient-ils tombés dans l'idolâtrie, alors qu'ils croyaient toujours en l'Existence de Dieu le Seul Créateur des cieux et de la Terre (comme on le voit dans ce verset : "Alors les notables qui avaient mécru parmi son peuple dirent : "Ce n'est qu'un être humain comme vous ; il veut se montrer supérieur à vous. Si Dieu avait voulu (nous envoyer des messagers), Il aurait fait descendre des anges. Nous n'avons pas entendu cela chez nos ancêtres premiers" : "فَقَالَ الْمَلَأُ الَّذِينَ كَفَرُوا مِن قَوْمِهِ مَا هَذَا إِلَّا بَشَرٌ مِّثْلُكُمْ يُرِيدُ أَن يَتَفَضَّلَ عَلَيْكُمْ وَلَوْ شَاء اللَّهُ لَأَنزَلَ مَلَائِكَةً مَّا سَمِعْنَا بِهَذَا فِي آبَائِنَا الْأَوَّلِينَ" : Coran 23/24) ?
Muhammad ibn Qays dit de "Ya'ûq", "Nasr" [et les autres sus-cités] : "C'était (les noms) de personnages pieux ayant vécu dans la période comprise entre Adam et Noé. Ces personnages avaient des disciples qui les suivaient. Lorsque ces personnages moururent, leurs disciples dirent : "Si nous réalisions des représentations d'eux, cela nous donnerait plus d'engouement encore pour adorer Dieu, lorsque nous penserons à eux !" Ils réalisèrent donc des représentations d'eux. Lorsque eux-mêmes furent morts et que vint la (génération) suivante, le Diable rampa jusqu'à celle-ci et lui (susurra ces pensées) : "En fait (la génération précédente) adorait (ces personnages), et par eux elle recevait les pluies". Cette (génération suivante) se mit alors à leur rendre le culte" : "عن محمد بن قيس (وَيَعُوقَ وَنَسْرًا) قال: كانوا قومًا صالحين من بنى آدم، وكان لهم أتباع يقتدون بهم. فلما ماتوا قال أصحابهم الذين كانوا يقتدون بهم: "لو صوّرناهم كان أشوق لنا إلى العبادة إذا ذكرناهم!" فصوّروهم. فلما ماتوا وجاء آخرون، دبّ إليهم إبليس فقال: "إنما كانوا يعبدونهم، وبهم يُسقون المطر." فعبدوهم" (Tafsîr ut-Tabarî) (également cité dans Al-Iqtidhâ, p. 308).
Ibn Abbâs a une explication très voisine à propos de l'origine de l'idolâtrie dans le peuple de Noé : parlant des 5 idoles sus-citées, il dit : "Ce sont les noms de pieux personnages parmi le peuple de Noé. Lorsqu'ils moururent, le Diable inspira à ces gens ces pensées : "Placez des statues là où ces personnages s'asseyaient, et donnez-leur leur nom". Ces gens firent cela et ne les adorèrent pas. Jusqu'à ce que lorsque cette (génération de) gens eut quitté ce monde et que (la génération suivante) ne sut plus [pourquoi ces statues avaient été placées là], du culte se mit à leur être rendu" : "عن ابن عباس رضي الله عنهما: "صارت الأوثان التي كانت في قوم نوح في العرب بعد أما ود كانت لكلب بدومة الجندل، وأما سواع كانت لهذيل، وأما يغوث فكانت لمراد، ثم لبني غطيف بالجوف، عند سبإ، وأما يعوق فكانت لهمدان، وأما نسر فكانت لحمير لآل ذي الكلاع. أسماء رجال صالحين من قوم نوح. فلما هلكوا، أوحى الشيطان إلى قومهم أن "انصبوا إلى مجالسهم التي كانوا يجلسون أنصابا وسموها بأسمائهم"، ففعلوا، فلم تعبد. حتى إذا هلك أولئك وتنسخ العلم، عبدت" (al-Bukhârî, n° 4636).
Comment cette tabarruk bid'î les a-t-elle conduits à du shirk akbar, lire un autre article pour le savoir.
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- Quand Noé exerça-t-il sa mission ?
Extrait d'un autre article :
Adam (sur lui soit la paix) a peut-être vécu il y a de cela très longtemps ; et quand Noé naquit, c'était depuis de très nombreux siècles que des humains existent sur Terre.
Comment comprendre alors le hadîth qui dit qu'entre Adam et Noé il y a eu 10 qarn ?
--- Voici ce hadîth marfû' (relaté par Abû Umâma) : "عن أبي توبة، حدثنا معاوية بن سلام، عن أخيه زيد بن سلام، قال: سمعت أبا سلام، قال: سمعت أبا أمامة أن رجلا قال: "يا رسول الله أنبي كان آدم؟" قال: "نعم، مكلم". قال: "فكم كان بينه وبين نوح؟" قال: "عشرة قرون" (Ibn Hibbân, 6190) (également rapporté - avec deux ziyâda - par al-Hâkim, 3039, at-Tabarânî dans Al-Awsat, 403, et dans Al-Kabîr, 7545 : voir Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha, 2668).
--- Cependant, il se peut - et ce, que le terme qarn soit à appréhender comme signifiant "siècle", ou "génération" - que ce hadîth signifie seulement qu'entre Adam et Noé il y a eu 10 qarn demeurés dans le religion droite, avant que le shirk apparaisse. Cela conformément à une lecture possible de ce athar mawqûf de Ibn Abbâs : "عن عكرمة، عن ابن عباس رضي الله عنهما، قال: "كان بين نوح وآدم عشرة قرون كلهم على شريعة من الحق. فاختلفوا فبعث الله النبيين مبشرين ومنذرين". قال: وكذلك في قراءة عبد الله: {كان الناس أمة واحدة فاختلفوا" (al-Hâkim, 4009 ; 3654).
Ce que je viens de dire s'inspire de ce que Ibn Kathîr a écrit (pour sa part en des termes différents, et dans une perspective différente) : "فإن كان المراد بـ"القرن": "مائة سنة" - كما هو المتبادر عند كثير من الناس -، فبينهما ألف سنة لا محالة؛ لكن لا ينفي أن يكون أكثر، باعتبار ما قيد به ابن عباس بالإسلام - إذ قد يكون بينهما قرون أخر متأخرة لم يكونوا على الإسلام -؛ لكن حديث أبي أمامة يدل على الحصر في عشرة قرون، وزادنا ابن عباس أنهم كلهم كانوا على الإسلام. (...) وإن كان المراد بـ"القرن": "الجيل من الناس" - كما في قوله تعالى {وكم أهلكنا من القرون من بعد نوح} وقوله {ثم أنشأنا من بعدهم قرنا آخرين} وقال تعالى {وقرونا بين ذلك كثيرا} وقال {وكم أهلكنا قبلهم من قرن} وكقوله عليه السلام "خير القرون قرني" الحديث -، فقد كانا الجيل قبل نوح يُعمَّرون الدهر الطويلة؛ فعلى هذا يكون بين آدم ونوح ألوف من السنين. والله أعلم" (Al-Bidâya wa-n-nihâya, 1/123).
Quant au fait que Noé fut le premier rassûl dépêché aux habitants de la Terre, cela entraîne-t-il que ce fut seulement quelque temps avant son apostolat que le shirk akbar apparut chez les humains, alors qu'auparavant il n'était pas du tout présent ?
--- "Non, pas forcément" : plusieurs avis existent quant à l'apparition du premier shirk akbar chez les humains : cela aurait pu avoir lieu bien avant l'époque de Noé : at-Tabarî écrit dans sa Ta'rîkh qu'il a été dit (ذُكِر أنّ) que cela a débuté chez Caïn après qu'il eut tué son frère et eut fui son père ; un autre avis est que cela aurait débuté chez des descendants de Caïn. A retenir l'un de ces autres avis : avant Noé le shirk akbar aurait déjà existé chez les humains, mais en proportion plus ou moins égale au monothéisme, sur lequel d'autres humains étaient demeurés ; par contre, à un moment donné, le shirk akbar devint dominant (au moins dans cette région), et c'est pourquoi Dieu dépêcha Noé comme prophète-rassûl.
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- Où Noé et son peuple vivaient-ils ?
Dieu dit de l'arche de Noé, après le déluge et le reflux des eaux : "et elle s'établit sur le Jûdî" : "وَاسْتَوَتْ عَلَى الْجُودِيِّ" (Coran 11/44).
Adh-Dhahhâk dit qu'il s'agit d'un mont dans la Djézireh, dans la région de Mossoul : "عن الضحاك قال: {واستوت على الجودي}: هو جبل بالموصل" (Tafsîr ut-Tabarî, 18203).
Apparemment Noé et son peuple habitaient donc cette région.
De cette arche, Dieu dit aussi : "Et Nous l'avons laissée comme signe. Y a-t-il quelqu'un qui se rappellera ?" : "وَحَمَلْنَاهُ عَلَى ذَاتِ أَلْوَاحٍ وَدُسُرٍ تَجْرِي بِأَعْيُنِنَا جَزَاء لِّمَن كَانَ كُفِرَ وَلَقَد تَّرَكْنَاهَا آيَةً فَهَلْ مِن مُّدَّكِرٍ" (Coran 54/13-15).
Qatâda a dit : "Dieu a conservé l'arche de Noé sur le Mont Jûdiy, dans une vallée de la Djézireh, au point que des gens du début de cette Umma l'ont vue" : "قال قتادة: "أبقى الله سفينة نوح حتى أدركها أوائل هذه الأمة" (Sahîh ul-Bukhârî, Kitâb ut-tafsîr, ta'lîqan) ; "عن معمر عن قتادة في قوله تعالى: {ولقد تركناها آية} قال: "أبقى الله سفينة نوح على الجودي حتى أدركها أوائل هذه الأمة" (Tafsîru 'Abd ir-Razzâq, 3062). "عن قتادة: {واستوت على الجودي}، أبقاها الله لنا، بوادي أرض الجزيرة، عبرة وآية" (Tafsîr ut-Tabarî, 18202).
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- Pendant combien de temps Noé prêcha-t-il ?
"Nous envoyâmes Noé à son peuple. Il demeura alors parmi eux 1000 années sauf 50 ans" : "وَلَقَدْ أَرْسَلْنَا نُوحًا إِلَى قَوْمِهِ فَلَبِثَ فِيهِمْ أَلْفَ سَنَةٍ إِلَّا خَمْسِينَ عَامًا" (Coran 29/14).
Il y a divergence entre les commentateurs quant à savoir si ce fut là : la durée totale de sa vie, ou bien la durée totale de sa prédication.
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II) Au terme de cette longue prédication de Noé, Dieu nous dit que "n'avait apporté foi avec (Noé) que peu de personnes" : "وَمَا آمَنَ مَعَهُ إِلاَّ قَلِيلٌ" (Coran 11/40) :
Dieu nous raconte :
"قَالُواْ يَا نُوحُ قَدْ جَادَلْتَنَا فَأَكْثَرْتَ جِدَالَنَا فَأْتَنِا بِمَا تَعِدُنَا إِن كُنتَ مِنَ الصَّادِقِينَ {11/32} قَالَ إِنَّمَا يَأْتِيكُم بِهِ اللّهُ إِن شَاء وَمَا أَنتُم بِمُعْجِزِينَ {11/33} وَلاَ يَنفَعُكُمْ نُصْحِي إِنْ أَرَدتُّ أَنْ أَنصَحَ لَكُمْ إِن كَانَ اللّهُ يُرِيدُ أَن يُغْوِيَكُمْ هُوَ رَبُّكُمْ وَإِلَيْهِ تُرْجَعُونَ {11/34} أَمْ يَقُولُونَ افْتَرَاهُ قُلْ إِنِ افْتَرَيْتُهُ فَعَلَيَّ إِجْرَامِي وَأَنَاْ بَرِيءٌ مِّمَّا تُجْرَمُونَ {11/35} وَأُوحِيَ إِلَى نُوحٍ أَنَّهُ لَن يُؤْمِنَ مِن قَوْمِكَ إِلاَّ مَن قَدْ آمَنَ فَلاَ تَبْتَئِسْ بِمَا كَانُواْ يَفْعَلُونَ {11/36} وَاصْنَعِ الْفُلْكَ بِأَعْيُنِنَا وَوَحْيِنَا وَلاَ تُخَاطِبْنِي فِي الَّذِينَ ظَلَمُواْ إِنَّهُم مُّغْرَقُونَ {11/37} وَيَصْنَعُ الْفُلْكَ وَكُلَّمَا مَرَّ عَلَيْهِ مَلأٌ مِّن قَوْمِهِ سَخِرُواْ مِنْهُ قَالَ إِن تَسْخَرُواْ مِنَّا فَإِنَّا نَسْخَرُ مِنكُمْ كَمَا تَسْخَرُونَ {11/38} فَسَوْفَ تَعْلَمُونَ مَن يَأْتِيهِ عَذَابٌ يُخْزِيهِ وَيَحِلُّ عَلَيْهِ عَذَابٌ مُّقِيمٌ {11/39} حَتَّى إِذَا جَاء أَمْرُنَا وَفَارَ التَّنُّورُ قُلْنَا احْمِلْ فِيهَا مِن كُلٍّ زَوْجَيْنِ اثْنَيْنِ وَأَهْلَكَ إِلاَّ مَن سَبَقَ عَلَيْهِ الْقَوْلُ وَمَنْ آمَنَ وَمَا آمَنَ مَعَهُ إِلاَّ قَلِيلٌ {11/40} وَقَالَ ارْكَبُواْ فِيهَا بِسْمِ اللّهِ مَجْرَاهَا وَمُرْسَاهَا إِنَّ رَبِّي لَغَفُورٌ رَّحِيمٌ {11/41} وَهِيَ تَجْرِي بِهِمْ فِي مَوْجٍ كَالْجِبَالِ وَنَادَى نُوحٌ ابْنَهُ وَكَانَ فِي مَعْزِلٍ يَا بُنَيَّ ارْكَب مَّعَنَا وَلاَ تَكُن مَّعَ الْكَافِرِينَ {11/42} قَالَ سَآوِي إِلَى جَبَلٍ يَعْصِمُنِي مِنَ الْمَاء قَالَ لاَ عَاصِمَ الْيَوْمَ مِنْ أَمْرِ اللّهِ إِلاَّ مَن رَّحِمَ وَحَالَ بَيْنَهُمَا الْمَوْجُ فَكَانَ مِنَ الْمُغْرَقِينَ {11/43} وَقِيلَ يَا أَرْضُ ابْلَعِي مَاءكِ وَيَا سَمَاء أَقْلِعِي وَغِيضَ الْمَاء وَقُضِيَ الأَمْرُ وَاسْتَوَتْ عَلَى الْجُودِيِّ وَقِيلَ بُعْداً لِّلْقَوْمِ الظَّالِمِينَ {11/44} وَنَادَى نُوحٌ رَّبَّهُ فَقَالَ رَبِّ إِنَّ ابْنِي مِنْ أَهْلِي وَإِنَّ وَعْدَكَ الْحَقُّ وَأَنتَ أَحْكَمُ الْحَاكِمِينَ {11/45} قَالَ يَا نُوحُ إِنَّهُ لَيْسَ مِنْ أَهْلِكَ إِنَّهُ عَمَلٌ غَيْرُ صَالِحٍ فَلاَ تَسْأَلْنِ مَا لَيْسَ لَكَ بِهِ عِلْمٌ إِنِّي أَعِظُكَ أَن تَكُونَ مِنَ الْجَاهِلِينَ {11/46} قَالَ رَبِّ إِنِّي أَعُوذُ بِكَ أَنْ أَسْأَلَكَ مَا لَيْسَ لِي بِهِ عِلْمٌ وَإِلاَّ تَغْفِرْ لِي وَتَرْحَمْنِي أَكُن مِّنَ الْخَاسِرِينَ {11/47} قِيلَ يَا نُوحُ اهْبِطْ بِسَلاَمٍ مِّنَّا وَبَركَاتٍ عَلَيْكَ وَعَلَى أُمَمٍ مِّمَّن مَّعَكَ وَأُمَمٌ سَنُمَتِّعُهُمْ ثُمَّ يَمَسُّهُم مِّنَّا عَذَابٌ أَلِيمٌ" (Coran 11/36-48).
Nous avons ici 12 points (parfois je citerai d'autres versets, complétant le contenu de ceux du passage ci-dessus) :
--- 1) Alors que Noé leur prêche depuis longtemps, un jour les incroyants parmi son peuple lui disent : "Noé, tu as argumenté avec nous, et as beaucoup argumenté avec nous. Apporte-nous donc ce que tu nous promets, si tu étais d'entre les véridiques". Ils veulent parler là du châtiment contre lequel Noé les met en garde depuis si longtemps. Mais Noé leur répond seulement : "Ce n'est que Dieu qui vous l'apportera s'il Le veut. Vous ne pouvez pas (Le) rendre incapable (de vous châtier)" (Coran 11/32-33).
--- 2) Noé avait seulement dit à Dieu, de façon globale : "Seigneur, aide-moi, eu égard au fait qu'ils m'ont traité de menteur" : "قَالَ رَبِّ انصُرْنِي بِمَا كَذَّبُونِ" (Coran 23/26).
Noé avait également adressé à Dieu une complainte, faisant état du peu de cas que, globalement, son peuple avait réservé aux invitations longues et variées qu'il leur avait adressées : cette complainte, Dieu nous l'a relatée dans sourate Nûh (71ème sourate du Coran), versets 5 à 24 :
"قَالَ رَبِّ إِنِّي دَعَوْتُ قَوْمِي لَيْلًا وَنَهَارًا {71/5} فَلَمْ يَزِدْهُمْ دُعَائِي إِلَّا فِرَارًا {71/6} وَإِنِّي كُلَّمَا دَعَوْتُهُمْ لِتَغْفِرَ لَهُمْ جَعَلُوا أَصَابِعَهُمْ فِي آذَانِهِمْ وَاسْتَغْشَوْا ثِيَابَهُمْ وَأَصَرُّوا وَاسْتَكْبَرُوا اسْتِكْبَارًا {71/7} ثُمَّ إِنِّي دَعَوْتُهُمْ جِهَارًا {71/8} ثُمَّ إِنِّي أَعْلَنتُ لَهُمْ وَأَسْرَرْتُ لَهُمْ إِسْرَارًا {71/9} فَقُلْتُ اسْتَغْفِرُوا رَبَّكُمْ إِنَّهُ كَانَ غَفَّارًا {71/10} يُرْسِلِ السَّمَاء عَلَيْكُم مِّدْرَارًا {71/11} وَيُمْدِدْكُمْ بِأَمْوَالٍ وَبَنِينَ وَيَجْعَل لَّكُمْ جَنَّاتٍ وَيَجْعَل لَّكُمْ أَنْهَارًا {71/12} مَّا لَكُمْ لَا تَرْجُونَ لِلَّهِ وَقَارًا {71/13} وَقَدْ خَلَقَكُمْ أَطْوَارًا {71/14} أَلَمْ تَرَوْا كَيْفَ خَلَقَ اللَّهُ سَبْعَ سَمَاوَاتٍ طِبَاقًا {71/15} وَجَعَلَ الْقَمَرَ فِيهِنَّ نُورًا وَجَعَلَ الشَّمْسَ سِرَاجًا {71/16} وَاللَّهُ أَنبَتَكُم مِّنَ الْأَرْضِ نَبَاتًا {71/17} ثُمَّ يُعِيدُكُمْ فِيهَا وَيُخْرِجُكُمْ إِخْرَاجًا {71/18} وَاللَّهُ جَعَلَ لَكُمُ الْأَرْضَ بِسَاطًا {71/19} لِتَسْلُكُوا مِنْهَا سُبُلًا فِجَاجًا {71/20} قَالَ نُوحٌ رَّبِّ إِنَّهُمْ عَصَوْنِي وَاتَّبَعُوا مَن لَّمْ يَزِدْهُ مَالُهُ وَوَلَدُهُ إِلَّا خَسَارًا {71/21} وَمَكَرُوا مَكْرًا كُبَّارًا {71/22} وَقَالُوا لَا تَذَرُنَّ آلِهَتَكُمْ وَلَا تَذَرُنَّ وَدًّا وَلَا سُوَاعًا وَلَا يَغُوثَ وَيَعُوقَ وَنَسْرًا {71/23} وَقَدْ أَضَلُّوا كَثِيرًا وَلَا تَزِدِ الظَّالِمِينَ إِلَّا ضَلَالًا {71/24}".
--- 3) Un jour Dieu révèle à Noé ceci : "N'apportera foi, de ton peuple, que ceux qui ont déjà apporté foi. Aussi, ne t'afflige pas de ce qu'ils faisaient" (Coran 11/36).
--- 4) C'est alors que Noé demande à Dieu de détruire les incroyants de son peuple : "Seigneur, ne laisse sur la Terre, des incroyants, aucun habitant ; si Tu les laisses, ils égareront tes serviteurs, et n'engendreront que mauvais, grand ingrat. Seigneur, pardonne-moi, ainsi qu'à mes deux parents, à celui qui est entré dans ma maison en étant croyant, et aux croyants et croyantes. Et n'augmente les injustes qu'en perte" : "وَقَالَ نُوحٌ رَّبِّ لَا تَذَرْ عَلَى الْأَرْضِ مِنَ الْكَافِرِينَ دَيَّارًا إِنَّكَ إِن تَذَرْهُمْ يُضِلُّوا عِبَادَكَ وَلَا يَلِدُوا إِلَّا فَاجِرًا كَفَّارًا رَبِّ اغْفِرْ لِي وَلِوَالِدَيَّ وَلِمَن دَخَلَ بَيْتِيَ مُؤْمِنًا وَلِلْمُؤْمِنِينَ وَالْمُؤْمِنَاتِ وَلَا تَزِدِ الظَّالِمِينَ إِلَّا تَبَارًا" (Coran 71/26-28). "وقال قتادة: دعا عليهم بعد أن أوحى الله إليه أنه {لن يؤمن من قومك إلا من قد آمن" (Tafsîr ul-Qurtubî, 18/312). "قال الضحاك: فدعا عليهم لما أخبر بهذا، فقال: {رب لا تذر على الأرض من الكافرين ديارا" (Tafsîr ul-Qurtubî, 9/29).
--- 5) Dieu ordonne à Noé de bâtir une arche, et ajoute : "Et ne me parle pas au sujet de ceux qui ont fait preuve d'injustice [en refusant Mon Appel à croire] : ils vont être noyés" (Coran 11/37) : c'est-à-dire : "Ne me demande pas, maintenant, de ne pas châtier qui que ce soit parmi ces injustes : tous vont être noyés". Dieu lui dit aussi que lorsque tel signe se produira, il devra faire monter dans l'arche : "de chaque (espèce) un couple, et les tiens, excepté celui contre qui la parole aura passé". Il lui dit aussi que lorsque lui et ces personnes seront établies dans le bateau (quand le moment viendra), il devra dire : "Louange à Dieu qui nous a sauvés de (ces) gens injustes", et [plus tard, quand viendra le moment d'en descendre] : "Seigneur, fais-moi descendre d'une descente bénie, et Tu es le meilleur qui fasse descendre" : "فَأَوْحَيْنَا إِلَيْهِ أَنِ اصْنَعِ الْفُلْكَ بِأَعْيُنِنَا وَوَحْيِنَا فَإِذَا جَاء أَمْرُنَا وَفَارَ التَّنُّورُ فَاسْلُكْ فِيهَا مِن كُلٍّ زَوْجَيْنِ اثْنَيْنِ وَأَهْلَكَ إِلَّا مَن سَبَقَ عَلَيْهِ الْقَوْلُ مِنْهُمْ وَلَا تُخَاطِبْنِي فِي الَّذِينَ ظَلَمُوا إِنَّهُم مُّغْرَقُونَ {23/27} فَإِذَا اسْتَوَيْتَ أَنتَ وَمَن مَّعَكَ عَلَى الْفُلْكِ فَقُلِ الْحَمْدُ لِلَّهِ الَّذِي نَجَّانَا مِنَ الْقَوْمِ الظَّالِمِينَ {23/28} وَقُل رَّبِّ أَنزِلْنِي مُنزَلًا مُّبَارَكًا وَأَنتَ خَيْرُ الْمُنزِلِينَ {23/29} إِنَّ فِي ذَلِكَ لَآيَاتٍ وَإِن كُنَّا لَمُبْتَلِينَ {23/30}" (Coran 23/27-30). (Voir At-Tahrîr wa-t-tanwîr.)
--- 6) Noé se met donc à bâtir l'arche. Et chaque fois que certains des incroyants de son peuple passent près de lui, ils se moquent de lui (Coran 11/38) : peut-être le traitent-ils de menuisier, ou raillent-ils le fait qu'il construise un bateau si loin de la mer.
--- 7) Le signe annonciateur du déluge se produisant, Noé se dirige vers l'arche : Dieu lui dit : "[Maintenant] fais monter à bord de (l'arche), de chaque (espèce) les deux éléments du couple, ta famille - excepté celui contre qui la parole a déjà passé -, et celui qui a apporté foi" (Coran 11/40). Noé dit à ceux qui montent dans la bateau : "Montez-y. Avec le Nom de Dieu le moment où elle vogue et le moment où elle accoste. Mon Seigneur est Pardonnant, Miséricordieux" (Coran 11/41).
--- 8) Bientôt, l'arche "vogue en les (emportant) au milieu de vagues telles des montagnes" (Coran 11/42). Ar-Râzî souligne que les vagues étant engendrées par le vent, on en déduit qu'un vent conséquent soufflait également, en sus des précipitations.
--- 9) Noé, voyant l'un de ses fils (il se nomme Kan'ân) à terre, lui dit : "O mon cher fils, monte avec nous, et ne sois pas avec les incroyants". Mais ce fils lui répond : "Je vais me réfugier sur une montagne qui me protègera de l'eau." Noé lui répond : "Pas de protecteur aujourd'hui contre la décision de Dieu ! Seul (sera protégé) celui pour qui Il a eu de la pitié" (dialogue relaté en Coran 11/42-43). Apparemment, il y avait encore, à ce moment-là, la possibilité de faire monter des personnes à bord (Tafsîru Abi-s-Sa'ûd) ; ce fils s'était peut-être réfugié sur un mont, mais projetait de monter plus haut encore, sur un mont "qui (le) protègerait de" la montée terrible des eaux. Mais - comme Dieu nous le raconte - : "Et une vague s'interposa entre eux, alors le (fils) devint d'entre les noyés" (Coran 11/43).
--- 10) Dieu dit ensuite : "Et il fut dit : "Ô Terre, avale ton eau, et ô ciel, arrête". Et l'eau fut diminuée. Et l'affaire fut terminée. Et (l'arche) s'établit sur le Jûdî. Et il fut dit : "Eloignement pour les gens injustes !"" (Coran 11/44).
--- 11) Dieu raconte : "Et Noé appela son Seigneur ; il dit : "Seigneur, mon fils fait partie de ma famille, et ta promesse est véridique. Et Tu es le plus Sage de ceux qui décident". (Dieu lui) dit : "Il ne fait pas partie des tiens. Il est (homme) d'action non pieuse. Ne me demande donc pas ce dont tu n'as pas connaissance. Je te donne (ce) conseil afin que tu ne sois pas du nombre des ignorants." (Noé) dit : "Seigneur je me réfugie auprès de Toi contre le fait que je Te demande ce dont je n'ai pas connaissance. Et si Tu ne me pardonnes pas et ne me fais pas miséricorde, je serai du nombre des perdants"" (Coran 11/45-47). Cet échange est mentionné dans le texte coranique après mention du fait que l'arche s'établit sur le mont Jûdî ; or dans le réel il se déroula avant l'établissement de l'arche, dit Abu-s-Sa'ûd : "تأخير ذكر هذا النداء عن حكاية الأمر الوارد على الأرض والسماء وما يتلوه من زوال الطوفان وقضاء الأمر واستواء الفلك على الجودى والدعاء بالهلاك على الظالمين، مع أن حقه أن يذكر عقيب قوله تعالى {فكان من المغرقين} حسبما وقع في الخارج (إذ حينئذ يتصور الدعاء بالإنجاء، لا بعد العلم بالهلاك" (Tafsîru Abi-i-Sa'ûd).
--- 12) Dieu dit : "Il fut dit : "Noé, descends (de l'arche sur la terre ferme) avec, de Notre part, une salutation et des bénédictions, sur toi et sur des nations qui (seront) issues de ceux qui sont avec toi. Et (il y aura) des nations (qui seront telles que) Nous leur donnerons à profiter (mais) ensuite les touchera de Notre part un châtiment énorme"" (Coran 11/48).
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III) Le déluge fut-il universel ? ou régional ?
Les deux avis existent chez des commentateurs.
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IV) Quand est-ce que Noé intercéda auprès de Dieu en faveur de son fils (chose relatée en Coran 11/45-47) : avant que ce dernier soit noyé, ou après ? Et sur quoi porta son intercession ? Et pourquoi Dieu lui adressa-t-Il un léger reproche à ce sujet ?
Par rapport à la première de ces questions, il y a ici plusieurs possibilités...
--- Eventualité A) Noé a adressé cette demande à Dieu avant d'inviter son fils à monter dans le bateau : il a donc demandé à Dieu de guider son fils, puis a invité ce dernier à monter dans l'arche et à ne pas être avec les incroyants.
Cette éventualité A est cependant impossible (comme l'a dit ar-Râzî dans son Tafsîr), car elle impliquerait que, après que Dieu ait répondu à Noé que son fils est rejeté, Noé a quand même invité ce fils à venir dans le bateau. Impossible !
Cette éventualité A est donc à délaisser complètement.
Reste l'autre éventualité , la B (avec les différentes options se ramifiant à partir d'elle)...
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--- Eventualité B) Noé a adressé cette demande à Dieu après qu'il ait parlé à son fils et après que ce fils ait décliné son invitation à monter dans l'arche avec lui ;
----- possibilité B.A) néanmoins, avant que ce fils soit noyé : il demanda donc à Dieu de guider ce fils et de le sauver (cheikh Thânwî in Bayân ul-qur'ân) ; le texte coranique contient alors une ellipse narrative ("وَنادى نُوحٌ رَبَّهُ}: يحتمل أن يكون هذا النداء قبل الغرق، فيكون العطف من غير ترتيب، أو يكون بعده" : Tafsîr Ibn Juzayy) ;
----- possibilité B.B) après que la vague ait surgi entre eux, mais alors que Noé ne savait pas que son fils avait déjà été noyé : il demanda donc à Dieu de sauver son fils, car il ne savait pas, ou n'était pas certain, que ce fils était Kâfir (al-Âlûssî in Rûh ul-ma'ânî : 6/267 : "بل هو دعاء منه لإنجاء ابنه حين حال الموج بينهما ولم يعلم بهلاكه بعد" ; Abu-s-Sa'ûd dans son Commentaire) ;
----- possibilité B.C) après que Noé ait vu / su que son fils s'était noyé ; dans ce cas :
------- possibilité B.C.A) soit ce que Noé demanda à Dieu fut que, même si son fils avait été châtié en ce monde, dans l'autre monde son fils soit épargné du châtiment (Ibn 'Âshûr in At-Tahrîr wa-t-Tanwîr ; an-Nadwî in Qassas un-nabiyyîn) ;
------- possibilité B.C.B) soit ce que Noé demanda fut seulement la raison pour laquelle ce fils avait été noyé, alors même que Dieu lui avait promis de sauver sa famille ("ahla-ka"), et que ce fils fait partie de sa famille ("ahlî") (une des possibilités évoquées par al-Baydhâwî dans son Tafsîr).
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Ce dernier commentaire B.C.B appréhende le terme "su'âl" comme signifiant : "questionnement" (istifsâr).
Alors que tous les commentaires précédents l'appréhendent comme signifiant : "requête visant à la réalisation de quelque chose" (talab).
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Par ailleurs, au moment où Noé fit cette demande à Dieu en faveur de son fils :
--- option i) soit Noé savait bien que son fils Kan'ân était Kâfir (At-Tahrîr wa-t-tanwîr) ;
--- option ii) soit Noé ne savait pas qu'il était Kâfir, ou n'en était pas certain (Tafsîr ul-Qurtubî 9/44 ; Rûh ul-ma'ânî, 6/267 ; Fat'h ul-Qadîr ; Tafsîru Abi-s-Sa'ûd) ;
----- peut-être même que ce fils était Munâfiq, ayant fait croire à son père qu'il croyait en ce qu'il disait, alors qu'il n'y croyait pas (et ce fut pourquoi, lorsque Noé le vit hors de l'arche, il lui dit : "Ne sois pas avec les incroyants" (possibilité évoquée dans Tafsîr ur-Râzî, 17/184-185, Tafsîr ul-Qurtubî 9/44).
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Sur quoi porta le léger reproche que Dieu fit à Noé pour sa demande ?
– Si on retient la possibilité B.A ("Noé fit l'invocation à Dieu avant que son fils soit noyé"), le léger reproche de Dieu fut dû au fait qu'Il lui avait déjà dit : "N'apportera foi, de ton peuple, que ceux qui ont déjà apporté foi" (Coran 11/36), "Et ne me parle pas au sujet de ceux qui ont fait preuve d'injustice [en refusant Mon Appel à croire] : ils vont être noyés" (Coran 11/37) ; et qu'Il lui avait déjà dit que lorsque tel signe se produirait, il devra faire monter dans l'arche : "de chaque (espèce) un couple, et les tiens, excepté celui contre qui la parole aura passé" (فَإِذَا جَاء أَمْرُنَا وَفَارَ التَّنُّورُ فَاسْلُكْ فِيهَا مِن كُلٍّ زَوْجَيْنِ اثْنَيْنِ وَأَهْلَكَ إِلَّا مَن سَبَقَ عَلَيْهِ الْقَوْلُ مِنْهُمْ وَلَا تُخَاطِبْنِي فِي الَّذِينَ ظَلَمُوا إِنَّهُم مُّغْرَقُونَ" : Coran 23/27). Il ne fallait donc plus Lui demander de guider qui que ce soit parmi eux.
Et si, pour sa part, Noé fit cette requête, c'est...
--- Soit parce que Noé n'avait pas la certitude que son fils Kan'ân faisait partie de ceux qui étaient visés par la parole divine : "ta famille - excepté celui contre qui la parole a déjà passé -", vu que cela avait été formulé de façon indéterminé, sans précision de noms. Quant à l'annonce divine que personne ne croirait plus à part ceux qui avaient déjà apporté foi, Noé pensait que cela concernait son "peuple" (comme cela est dit dans le verset 11/36), mais pas sa famille (explication soutenue par cheikh Thânwî in Bayân ul-qur'ân, laquelle se marie avec l'option i) ; Dieu n'avait-Il pas cité sa famille de façon séparée du reste de son peuple dans cette autre parole : "Fais monter à bord de (l'arche), de chaque (espèce) les deux éléments du couple, ta famille - excepté celui contre qui la parole a déjà passé -, et celui qui a apporté foi" (Coran 11/40) ? De même - mais cette fois seulement d'après certains des commentaires existants - dans l'invocation qui suit, Noé n'avait-il pas mentionné sa famille séparément du reste des croyants : "Seigneur, pardonne-moi, ainsi qu'à mes deux parents, à celui qui est entré dans la maison en étant croyant, et aux croyants et croyantes" (Coran 71/28) ? ("وقيل: منزله الذي هو ساكن فيه (...). وانتصاب {مؤمنا} على الحال، أي: "لمن دخل بيتي متصفا بصفة الإيمان"، فيخرج من دخله غير متصف بهذه الصفة كامرأته وولده الذي قال "سآوي إلى جبل يعصمني من الماء" : Fat'h ul-Qadîr. "وعن ابن عباس أيضا: يعني صديقي الداخل إلى منزلي، حكاه الماوردي. وقيل: أراد داري. وقيل سفينتي. {وللمؤمنين والمؤمنات} عامة إلى يوم القيامة، قاله الضحاك. وقال الكلبي: من أمة محمد صلى الله عليه وسلم. وقيل: من قومه" : Tafsîr ul-Qurtubî. "إنما خص نفسه أولا بالدعاء، ثم المتصلين به، لأنهم أولى وأحق بدعائه؛ ثم عم المؤمنين والمؤمنات" : Tafsîr ur-Râzî.)
--- Soit parce que ce fils était Munâfiq, et Noé ne savait donc pas qu'il ne croyait pas (explication évoquée dans Tafsîr ur-Râzî et Tafsîr ul-Qurtubî, laquelle explication se marie avec l'option ii).
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– Si on retient la possibilité B.B ("Noé fit l'invocation après que son fils se fut noyé, mais alors qu'il ne savait pas que ce fils était déjà mort noyé"), le léger reproche de Dieu fut dû à la même raison que celle venant d'être évoquée à propos de la possibilité B.A : il ne fallait plus Lui demander de guider qui que ce soit parmi eux.
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– Si on retient la possibilité B.C.A ("Noé fit l'invocation après avoir su que son fils était mort noyé"), le léger reproche de Dieu fut dû au fait qu'il n'est pas autorisé de Lui demander pardon au sujet de quelqu'un qu'on sait être mort Kâfir ; or, tous ceux qui étaient Mu'min furent sauvés ; ceux qui étaient morts noyés étaient donc Kâfir (et, s'il s'agissait d'un enfant, il était mort ainsi en tant que Tâbi' li abawayhi-l-Kâfirayn). Cette possibilité se marie autant avec l'option i (Noé savait que ce fils était Kâfir) qu'avec l'option ii (Noé ne savait pas, ou n'était pas certain, que ce fils était Kâfir, et donc n'était pas certain qu'il était inclus dans la parole divine antérieure : "Fais monter à bord de (l'arche), de chaque (espèce) les deux éléments du couple, ta famille - excepté celui contre qui la parole a déjà passé -, et celui qui a apporté foi" : Coran 11/40).
Si pour sa part Noé fit cette demande en faveur de son fils, c'est d'une part par amour paternel pour celui-ci, alors même que d'autre part il ne savait pas que cela est interdit (comme, plus tard, le prophète Muhammad - sur lui soit la paix - ne savait pas que faire cette demande est interdite, et prit la résolution de la faire au sujet de son oncle Abû Tâlib avant de recevoir une révélation lui disant que le Prophète et les Croyants ne peuvent pas faire cela (explication soutenue par Ibn 'Âshûr in At-Tahrîr wa-t-tanwîr).
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– Si on retient la possibilité B.C.B ("Noé voulut seulement connaître la raison pour laquelle Dieu n'avait pas sauvé ce fils"), le léger reproche de Dieu fut que, plutôt que de Lui demander - fût-ce avec autant de respect - la raison de cet Acte (avoir fait mourir Kan'ân dans le déluge et ne l'avoir pas sauvé), Noé aurait dû comprendre de lui-même que ce fils, qu'il a vu être noyé, était donc Kâfir ; et que, dès lors, il ne faisait pas partie de ceux au sujet desquels Dieu lui avait fait la promesse qu'ils seraient sauvés (explication de al-Baydhâwî).
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V) Dieu dit à Noé : "Ne me demande pas ce dont tu n'as pas 'Ilm". Or, n'est-ce pas justement au sujet de ce dont on n'a pas 'Ilm ("connaissance") qu'il est attendu qu'on fasse une demande ?
--- Si on appréhende le terme "su'âl" dans le sens de "questionnement" (commentaire B.C.B), alors la réponse est que ce que Dieu lui dit alors signifie ceci : "Au sujet de ta question : "Pourquoi Kan'ân n'a-t-il pas été sauvé ?", Je t'ai répondu : il ne fait pas partie de ceux au sujet desquels J'avais fait la promesse de le sauver. Après cela, ne me demande pas pourquoi J'ai fait ainsi et ainsi, au sujet des choses dont aucun humain n'a connaissance" : "وقوله: {لا تسألن ما ليس لك به علم}: نهْي من الله - تعالى ذكره - نبيه نوحًا أن يسأله أسباب أفعاله التي قد طوى علمها عنه وعن غيره من البشر. يقول له تعالى ذكره: "إني يا نوح قد أخبرتك عن سؤالك سبب إهلاكي ابنك الذي أهلكته؛ فلا تسألن بعدها عما قد طويتُ علمه عنك من أسباب أفعالي، وليس لك به علم" (Tafsîr ut-Tabarî).
--- Si par contre on appréhende le terme "su'âl" dans le sens de "requête" (conformément à tous les autres commentaires sus-cités), alors la réponse est que la formule "ce dont tu n'as pas 'Ilm" signifie ici : "ce au sujet de quoi tu n'as pas connaissance si le demander à Dieu est autorisé, ou pas".
Ash-Shawkânî écrit : "Dans ce (verset 11/46) il y a l'interdiction de demander (à Dieu) ce dont l'homme ne sait pas si cela est conforme à ce que Dieu agrée. (...)" : "وفيه عدم جواز الدعاء بما لا يعلم الإنسان مطابقته للشرع. وسمي دعاءه سؤالا لتضمنه معنى السؤال" (Fat'h ul-Qadîr).
"'Ilm" peut d'ailleurs signifier ici : "Hujja Shar'iyya".
Abu-s-Sa'ûd dit : "فلا تطلب مني {ما ليس لك به علم} أي مطلبا لا تعلم يقينا أن حصوله صواب وموافق للحكمة (على تقدير كون ما عبارة عن المسئول الذي هو مفعول للسؤال) أو طلبا لا تعلم أنه صواب (على تقدير كونه عبارة عن المصدر الذي هو مفعول مطلق)؛ فيكون النهي واردا بصريحه في كلٍ من معلوم الفساد ومشتبه الحال؛ ويجوز أن يكون المعنى ما ليس لك علم بأنه صواب أو غير صواب فيكون النهي واردا في مشتبه الحال ويفهم منه حال معلوم الفساد بالطريق الأولى" (Tafsîru Abi-s-Sa'ûd).
"بل قوله "سآوي إلى جبل يعصمني من الماء" بعد ما قال له نوح عليه الصلاة والسلام "ولا تكن مع الكافرين" ربما يطمعه عليه السلام في إيمانه، حيث لم يقل "أكون معهم" أو "سنأوي" أو "يعصمنا"؛ فإن إفراد نفسه بنسبة الفعلين المذكورين ربما يشعر بانفرداه من الكافرين واعتزاله عنهم وامتثاله ببعض ما أمره به نوح عليه الصلاة والسلام. إلا أنه عليه الصلاة والسلام لو تأمل في شأنه حق التأمل وتفحص عن أحواله في كل ما يأتي ويذر، لما اشتبه عليه أنه ليس بمؤمن وأنه المستثنى من أهله. ولذلك قيل {إني أعظك أن تكون من الجاهلين} فعبر عن ترك الأولى بذلك. وقرئ {فلا تسألن} بغير ياء الإضافة وبالنون الثقيلة بياء وبغير ياء. {قال رب إني أعوذ بك أن أسألك} أي أطلب منك من بعد {ما ليس لي به علم} أي مطلوبا لا أعلم أن حصوله مقتضى الحكمة، أو طلبا لا أعلم أنه صواب، سواء كان معلوم الفساد أو مشتبه الحال أو لا أعلم أنه صواب أو غير صواب (على ما مر). وهذه توبة منه عليه السلام مما وقع منه" (Ibid.).
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VI) Il est institué (mashrû') de demander à Dieu de guider la ou les personne(s) qui est(sont) dans le Kufr, même si elle s'y entêtent ; pourvu qu'elles soient encore vivantes. Il y a cependant une exception à cela, et elle concerne la personne précise (mu'ayyan) au sujet de laquelle Dieu a fait savoir par révélation qu'Il ne la guidera jamais / qu'elle sera dans le Feu perpétuel : fût-elle encore vivante, on ne doit alors plus demander à Dieu de la guider (puisqu'Il a fait savoir que cette personne précise, mu'ayyan, Il ne la guiderait pas) :
--- Ce fut le cas de Abû Lahab et de sa femme : "Il brûlera très bientôt dans un Feu doté de flammes. Ainsi que sa femme, la porteuse de fagot, dans le cou de qui il y a une corde tressée" : "تَبَّتْ يَدَا أَبِي لَهَبٍ وَتَبَّ مَا أَغْنَى عَنْهُ مَالُهُ وَمَا كَسَبَ سَيَصْلَى نَارًا ذَاتَ لَهَبٍ وَامْرَأَتُهُ حَمَّالَةَ الْحَطَبِ فِي جِيدِهَا حَبْلٌ مِّن مَّسَدٍ" (Coran 111/1-5).
--- La nuit précédant le châtiment, Loth (sur lui soit la paix) le sut au sujet des gens de sa cité ainsi que de sa femme : "قَالُواْ يَا لُوطُ إِنَّا رُسُلُ رَبِّكَ لَن يَصِلُواْ إِلَيْكَ فَأَسْرِ بِأَهْلِكَ بِقِطْعٍ مِّنَ اللَّيْلِ وَلاَ يَلْتَفِتْ مِنكُمْ أَحَدٌ إِلاَّ امْرَأَتَكَ إِنَّهُ مُصِيبُهَا مَا أَصَابَهُمْ إِنّ مَوْعِدَهُمُ الصُّبْحُ أَلَيْسَ الصُّبْحُ بِقَرِيبٍ" (Coran 11/81).
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--- Ce fut également le cas de al-Walîd ibn ul-Mughîra (le nom de celui-ci n'est cependant pas explicité dans le passage, lequel fait seulement allusion à lui) : "سَأُصْلِيهِ سَقَرَ" (Coran 74/26).
--- Et ce fut le cas de la femme de Noé, ainsi que de son fils Kan'ân (cependant, il y eut seulement allusion à eux) : "فَإِذَا جَاء أَمْرُنَا وَفَارَ التَّنُّورُ فَاسْلُكْ فِيهَا مِن كُلٍّ زَوْجَيْنِ اثْنَيْنِ وَأَهْلَكَ إِلَّا مَن سَبَقَ عَلَيْهِ الْقَوْلُ مِنْهُمْ وَلَا تُخَاطِبْنِي فِي الَّذِينَ ظَلَمُوا إِنَّهُم مُّغْرَقُونَ" (Coran 23/27).
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Certes, dans les versets suivants aussi il est dit que la Parole, la Décision de les garder dans l'égarement, s'est avérée sur des incroyants, de sorte qu'ils ne croiront plus.
Cependant, ici cela est dit de façon indéterminée (ghayr mu'ayyan) : on ne sait pas de qui il s'agit ; il demeure donc autorisé de demander à Dieu de guider les Kâfir :
--- "إِنَّ الَّذِينَ حَقَّتْ عَلَيْهِمْ كَلِمَتُ رَبِّكَ لاَ يُؤْمِنُونَ وَلَوْ جَاءتْهُمْ كُلُّ آيَةٍ حَتَّى يَرَوُاْ الْعَذَابَ الأَلِيمَ" (Coran 10/96-97) ;
--- "مَا يُجَادِلُ فِي آيَاتِ اللَّهِ إِلَّا الَّذِينَ كَفَرُوا فَلَا يَغْرُرْكَ تَقَلُّبُهُمْ فِي الْبِلَادِ كَذَّبَتْ قَبْلَهُمْ قَوْمُ نُوحٍ وَالْأَحْزَابُ مِن بَعْدِهِمْ وَهَمَّتْ كُلُّ أُمَّةٍ بِرَسُولِهِمْ لِيَأْخُذُوهُ وَجَادَلُوا بِالْبَاطِلِ لِيُدْحِضُوا بِهِ الْحَقَّ فَأَخَذْتُهُمْ فَكَيْفَ كَانَ عِقَابِ وَكَذَلِكَ حَقَّتْ كَلِمَتُ رَبِّكَ عَلَى الَّذِينَ كَفَرُوا أَنَّهُمْ أَصْحَابُ النَّارِ" (Coran 40-4-6) ;
--- "كَذَلِكَ حَقَّتْ كَلِمَتُ رَبِّكَ عَلَى الَّذِينَ فَسَقُواْ أَنَّهُمْ لاَ يُؤْمِنُونَ" (Coran 10/33) ("وفي معنى {حَقّت} قولان: أحدهما: "وجبت". والثاني: "سبقت". وفي {كلمته} قولان: أحدهما: أنها بمعنى "وعده". والثاني: بمعنى "قضائه" : Zâd ul-massîr. "والمعنى: "حق عليهم أنهم لا يؤمنون"، وقوله {أَنَّهُمْ لا يُؤْمِنُونَ} بدل من {كَلِمَةُ رَبِّكَ}. وجائز أن تكون الكلمة حقت عليهم لأنهم لا يؤمنون، وتكون {الكلمة}: "ما وُعدوا به من العقاب" : Zâd ul-massîr) ;
--- "لِتُنذِرَ قَوْمًا مَّا أُنذِرَ آبَاؤُهُمْ فَهُمْ غَافِلُونَ لَقَدْ حَقَّ الْقَوْلُ عَلَى أَكْثَرِهِمْ فَهُمْ لَا يُؤْمِنُونَ" Coran 36/6-7) : il s'agit - w'Allâhu 'Alam - de la plupart des Arabes de l'époque du prophète Muhammad : un grand nombre d'entre eux se convertirent, mais la majorité de ceux de son époque n'apportèrent pas foi : "أو: أكثر كفار العرب. وهم من مات على الكفر وأصر عليه طول حياته" (Fat'h ul-Qadîr, ash-Shawkânî) ; "وقوله {عَلَى أَكْثَرِهِمْ} يعني على أكثر الذين بُعث إليهم الرسول عليه الصلاة والسلام من العرب، وليس على كلهم" (Tafsîr Ibn il-'Uthaymîn) ;
--- "أَفَمَنْ حَقَّ عَلَيْهِ كَلِمَةُ الْعَذَابِ أَفَأَنتَ تُنقِذُ مَن فِي النَّارِ" (Coran 39/19).
En fait, dans ces versets, Dieu ne donna pas de noms. En disant ce qu'Il y dit, Il voulut seulement consoler Son Messager, en lui disant de se contenter de transmettre le message, sachant que ceux dont Dieu a décidé qu'ils mourront Kâfir - et ce suite au fait qu'ils se sont entêtés -, ils mourront Kâfir.
Il précisa même, par ailleurs, que certains de ceux qui ne croient pas actuellement et qui sont dans l'entêtement, Il peut les guider s'Il le veut ; cependant, il ne s'agit pas de ceux contre qui la Parole s'est avérée : "وَلَوْ أَنَّنَا نَزَّلْنَا إِلَيْهِمُ الْمَلآئِكَةَ وَكَلَّمَهُمُ الْمَوْتَى وَحَشَرْنَا عَلَيْهِمْ كُلَّ شَيْءٍ قُبُلاً مَّا كَانُواْ لِيُؤْمِنُواْ إِلاَّ أَن يَشَاء اللّهُ وَلَكِنَّ أَكْثَرَهُمْ يَجْهَلُونَ" (Coran 6/111).
Quant au passage : "إِنَّ الَّذِينَ كَفَرُواْ سَوَاءٌ عَلَيْهِمْ أَأَنذَرْتَهُمْ أَمْ لَمْ تُنذِرْهُمْ لاَ يُؤْمِنُونَ خَتَمَ اللّهُ عَلَى قُلُوبِهمْ وَعَلَى سَمْعِهِمْ وَعَلَى أَبْصَارِهِمْ غِشَاوَةٌ وَلَهُمْ عَذَابٌ عظِيمٌ" : "Ceux qui ne croient pas, il est égal que tu les avertisses [= tu leur prêches] ou que tu ne les avertisses pas : ils ne croiront pas. Dieu a scellé leur cœur et leur ouïe, et sur leur vue se trouve un bandeau. Et ils auront un châtiment énorme" (Coran 2/6-7), son contenu est soit comme celui du verset 6/111 (c'est l'avis de Ibn Taymiyya), soit comme celui des versets 10/96-97 etc. (c'est l'avis d'autres commentateurs) : "إن الذين كفروا سواء عليهم أأنذرتهم أم لم تنذرهم لا يؤمنون} (...) قال شيخنا علي بن عبيد الله: هذه الآية وردت بلفظ العموم، والمراد بها الخصوص، لأنها آذنت بأن الكافر حين إنذاره لا يؤمن، وقد آمن كثير من الكفار عند إنذارهم، ولو كانت على ظاهرها في العموم، لكان خبر الله لهم خلاف مخبره، ولذلك وجب نقلها إلى الخصوص" (Zâd ul-massîr) ; "واختلف العلماء في تأويل هذه الآية. فقيل: هي عامة ومعناها الخصوص فيمن حقت عليه كلمة العذاب وسبق في علم الله أنه يموت على كفره. أراد الله تعالى أن يعلم أن في الناس من هذه حاله دون أن يعين أحدا" (Tafsîr ul-Qurtubî).
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Pourquoi le Prophète (sur lui soit la paix) demanda-t-il alors pardon à Dieu en faveur de Abdullâh ibn Ubayy Ibn Salûl une fois que celui-ci fut décédé ?
Pour le savoir, lire mon article consacré à ce point.
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Le contraire aussi existe :
--- "Ceux en faveur de qui (la parole) la meilleure a passé de Notre Part, eux seront éloignés de la (Géhenne)" : "إِنَّ الَّذِينَ سَبَقَتْ لَهُم مِّنَّا الْحُسْنَى أُوْلَئِكَ عَنْهَا مُبْعَدُونَ" (Coran 21/101). Ce verset évoque les prophètes que certains hommes ont divinisés, mais aussi les pieux non-prophètes à qui certains hommes ont rendu le culte ("وأما المسيح وعزير، والملائكة، ونحوهم ممن عُبِد من الأولياء، فإنهم لا يعذبون فيها، ويدخلون في قوله: {إِنَّ الَّذِينَ سَبَقَتْ لَهُمْ مِنَّا الْحُسْنَى} أي: سبقت لهم سابقة السعادة في علم الله، وفي اللوح المحفوظ وفي تيسيرهم في الدنيا لليسرى والأعمال الصالحة" : Tafsîr us-Sa'dî).
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VII) Kan'ân, fils de Noé, faisait-il partie des Ahl de ce dernier, ou pas ?
Déjà il était bien son fils : Dieu l'a dit : "وَنَادَى نُوحٌ ابْنَهُ وَكَانَ فِي مَعْزِلٍ" (Coran 11/42).
Quant au verset où, au sujet de la femme de Noé et de la femme de Loth, Dieu dit : "elles étaient mariées (chacune) à un serviteur pieux parmi Nos serviteurs, et (chacune) d'elles le trahit" : "ضَرَبَ اللَّهُ مَثَلًا لِّلَّذِينَ كَفَرُوا اِمْرَأَةَ نُوحٍ وَاِمْرَأَةَ لُوطٍ كَانَتَا تَحْتَ عَبْدَيْنِ مِنْ عِبَادِنَا صَالِحَيْنِ فَخَانَتَاهُمَا فَلَمْ يُغْنِيَا عَنْهُمَا مِنَ اللَّهِ شَيْئًا وَقِيلَ ادْخُلَا النَّارَ مَعَ الدَّاخِلِينَ", (Coran 66/10), il s'agit d'une trahison par le fait d'avoir mécru en leur illustre mari : "عن سليمان بن قتة قال: سمعت ابن عباس يُسْأل وهو إلى جنب الكعبة عن قول الله تعالى {فَخَانَتَاهُمَا}، قال: "أما إنه لم يكن بالزنا، ولكن كانت هذه تخبر الناس أنه مجنون، وكانت هذه تدل على الأضياف"، ثم قرأ: {إنه عملٌ غير صالح" (Tafsîr ut-Tabarî, 18227).
Comme Ibn Abbâs l'a dit, jamais Dieu ne fait (takwînan) qu'un prophète se marie avec une femme qui va ensuite commettre l'adultère ("قال ابن عباس: "هو ابنه، ما بغت امرأة نبيٍّ قطُّ" : Tafsir ut-Tabarî, 18223, commentaire de Coran 11/46 ; voir aussi : 18224).
Cela correspond au cas 2.C.a.a.b dans notre article sur ce que Dieu aime et ce qu'Il n'aime pas, ce qu'Il permet que cela se réalise et ce qu'Il ne permet pas.
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Kan'ân était donc bien le fils de Noé. Mais faisait-il partie de ses Ahl, ou pas ?
Réponse extraite d'un autre article :
Noé (sur lui soit la paix) dit à Dieu que Sa promesse (concernant ses Ahl) était véridique, et que son fils (Kan'ân) faisait aussi partie de ses Ahl.
Mais Dieu lui répondit que ce fils ne faisait pas partie de ses Ahl parce qu'il était incroyant ("وَنَادَى نُوحٌ رَّبَّهُ فَقَالَ رَبِّ إِنَّ ابْنِي مِنْ أَهْلِي وَإِنَّ وَعْدَكَ الْحَقُّ وَأَنتَ أَحْكَمُ الْحَاكِمِينَ قَالَ يَا نُوحُ إِنَّهُ لَيْسَ مِنْ أَهْلِكَ إِنَّهُ عَمَلٌ غَيْرُ صَالِحٍ فَلاَ تَسْأَلْنِ مَا لَيْسَ لَكَ بِهِ عِلْمٌ إِنِّي أَعِظُكَ أَن تَكُونَ مِنَ الْجَاهِلِينَ" : Coran 11/45-46).
Alors : Kan'ân faisait-il partie des Ahl de Noé, ou pas ?
--- a) un commentaire en est que bien que cet homme était bien un des Ibn (fils) de Noé, il ne faisait pas partie des Ahl de Noé au sens absolu du terme, car les Ahl - au sens inconditionnel et intense - de quelqu'un sont seulement ceux qui sont du même Dîn que lui : "اي ليس منهم اصلا" (commentaire cité in Rûh ul-ma'ânî, Tafsîr ul-Qurtubî, Zâd ul-massîr, Tafsîr ur-Râzî). Si on retient cette option a - qui se fonde sur la considération de l'inconditionnalité du propos divin "يَا نُوحُ إِنَّهُ لَيْسَ مِنْ أَهْلِكَ" (Coran 11/45) -, alors :
----- a.a) soit l'exception figurant au verset précédent : "احْمِلْ فِيهَا مِن كُلٍّ زَوْجَيْنِ اثْنَيْنِ وَأَهْلَكَ - إِلاَّ مَن سَبَقَ عَلَيْهِ الْقَوْلُ - وَمَنْ آمَنَ" (Coran 11/40) est de type munqati' (puisque "ceux contre qui la parole a déjà été dite" ne faisaient déjà pas partie des Ahl) (cité in Rûh ul-ma'ânî, 6/253, Fat'h ul-Qadîr, ash-Shawkânî) ;
----- a.b) soit, si l'exception au verset 11/40 est bien muttassil, alors le terme "Ahl" est soit un terme ayant deux sens ("les gens de la parenté" / "les gens du même groupe") ; soit un Kullî mushakkik, c'est-à-dire un terme ayant un sens ("les gens de quelqu'un") mais qui est sujet à application d'intensités différentes. En tous cas, en "احْمِلْ فِيهَا مِن كُلٍّ زَوْجَيْنِ اثْنَيْنِ وَأَهْلَكَ - إِلاَّ مَن سَبَقَ عَلَيْهِ الْقَوْلُ - وَمَنْ آمَنَ" (Coran 11/40), cela désignait : "les gens de ta parenté de sang" ; par contre, en "يَا نُوحُ إِنَّهُ لَيْسَ مِنْ أَهْلِكَ إِنَّهُ عَمَلٌ غَيْرُ صَالِحٍ" (Coran 11/45), cela désignait : "les gens de ton groupe" : ce fils ne faisait pas partie des gens du groupe de Noé, vu qu'il était alors mort kâfir et que Noé le savait (conformément au commentaire cité plus haut comme B.C.A). Il faut alors traduire le terme "Ahla-ka" du verset 11/40 par : "les gens de ta parenté", et du verset 11/45 par : "les gens de ton groupe". Ash-Shawkânî écrit ainsi : "فـ{قال يا نوح إنه ليس من أهلك} الذين آمنوا بك وتابعوك، وإن كان من أهلك باعتبار القرابة" (Fat'h ul-Qadîr) ;
----- b) un autre commentaire en est que l'exception (istithnâ') est de type muttassil, mais le verset signifie seulement : "Il ne fait pas partie de tes Ahl dont Je t'ai fait la promesse de les sauver en les faisant monter dans l'arche, vu que J'avais dit de faire monter dans l'arche : "de chaque (espèce animale) un couple, tes Ahl - sauf ceux contre qui la parole a déjà été dite -, et ceux qui ont apporté foi"" : "ليس من أهلك الذين وعدتك نجاتهم" (Zâd ul-massîr) (commentaire lui aussi cité in Rûh ul-ma'ânî, de même que dans Tafsîr ul-Qurtubî, Tafsîr ur-Râzî, etc.).
Ibn Taymiyya a cité ce qui peut s'apparenter au commentaire a.b comme au commentaire b ; il écrit : "والله تعالى لم يقل: إنه ليس ابنك، ولكن قال: {إنه ليس من أهلك}. وهو سبحانه وتعالى قال: {قلنا احمل فيها من كل زوجين اثنين وأهلك إلا من سبق عليه القول} ثم قال: {ومن آمن} أي: "واحمل من آمن"؛ فلم يأمره بحمل أهله كلهم، بل استثنى من سبق عليه القول منهم؛ وكان ابنه قد سبق عليه القول، ولم يكن نوح يعلم ذلك، فلذلك قال: {رب إن ابني من أهلي} ظانا أنه دخل في جملة من وعد بنجاتهم. ولهذا قال من قال من العلماء: "إنه ليس من أهلك الذين وعدت بإنجائهم". وهو وإن كان من الأهل نسبا، فليس هو منهم دينا؛ والكفر قطع الموالاة بين المؤمنين والكافرين، كما نقول: "إن أبا لهب ليس من آل محمد ولا من أهل بيته، وإن كان من أقاربه، فلا يدخل في قولنا : "اللهم صل على محمد وعلى آل محمد" (Minhâj us-sunna).
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Je penche vers le commentaire B.C.A (celui de Ibn 'Âshûr et de an-Nadwî : "Au moment d'intercéder pour son fils, Noé avait su que ce fils était mort kâfir"), mais marié à l'option ii ("Avant ce moment, Noé ne savait pas, ou n'était pas certain, que ce fils était Kâfir"), et c'est pourquoi il n'était pas certain qu'il était concerné lui aussi par ces deux paroles divines antérieures : "Et ne me parle pas au sujet de ceux qui ont fait preuve d'injustice : ils vont être noyés" (Coran 11/37) et : "Fais monter à bord de (l'arche), de chaque (espèce) les deux éléments du couple, ta famille - excepté celui contre qui la parole a déjà passé -, et celui qui a apporté foi" (Coran 11/40).
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Par ailleurs, le commentaire a.b est probable : une fois mort Kâfir de façon évidente, le fils d'un prophète demeure son fils ("ibnu-hû") et est donc toujours apparenté à lui (min uli-l-qurbâ), mais ne fait plus partie des "ahl" de ce prophète, car d'une part ce terme "ahl" est plus accentué, et d'autre part le sort de ce fils est désormais scellé dans le Kufr. Cela rejoint cet autre verset : "وَمَا كَانَ اسْتِغْفَارُ إِبْرَاهِيمَ لِأَبِيهِ إِلاَّ عَن مَّوْعِدَةٍ وَعَدَهَا إِيَّاهُ فَلَمَّا تَبَيَّنَ لَهُ أَنَّهُ عَدُوٌّ لِلّهِ تَبَرَّأَ مِنْهُ" : "Et la demande de pardon que Abraham fit en faveur de son père n'était due qu'à une promesse qu'il lui avait faite. Puis, lorsqu'il lui devint clair qu'il était un ennemi de Dieu, il le désavoua" (Coran 9/113-114) ; et ce en vertu du commentaire selon lequel ce fut lorsque ce père mourut Kâfir que Abraham le désavoua.
Néanmoins, je penche vers le commentaire b : maintenant que Noé avait vu son fils mourir hors du bateau, il avait compris qu'il était mort kâfir ; il savait donc désormais que ce fils ne faisait pas partie de ceux de sa famille au sujet de qui Dieu lui avait fait la promesse de les sauver, mais était plutôt celui au sujet de qui exception lui avait été communiquée : "... ta famille - excepté celui contre qui la parole a déjà passé - (...)" (Coran 11/40).
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VIII) Le Jour du Jugement, quand les humains de façon générale iront demander aux grands prophètes de Dieu, l'un après l'autre, d'intercéder auprès du Créateur pour qu'Il les délivre de la Plaine du Jugement, ils se rendront en seconde place auprès de Noé. Or celui-ci déclinera la demande ; à quel motif ?
--- Dans un hadîth, il est relaté qu'il fera alors valoir avoir fait durant son séjour terrestre la demande sus-citée en faveur de son fils, et avoir donc honte d'intercéder alors en faveur de l'humanité : "ائتوا نوحا، فإنه أول رسول بعثه الله إلى أهل الأرض، فيأتونه فيقول: "لست هناكم"، ويذكر سؤاله ربه ما ليس له به علم، فيستحي" (al-Bukhârî, 4206, min hadîthi Anas).
--- Mais dans d'autres hadîths, voici ce qu'il est relaté qu'il dira : "J'avais une invocation ; je l'ai faite contre mon peuple" : "اذهبوا إلى نوح، فيأتون نوحا فيقولون: يا نوح، إنك أنت أول الرسل إلى أهل الأرض، وقد سماك الله عبدا شكورا، اشفع لنا إلى ربك، ألا ترى إلى ما نحن فيه؟ فيقول: "إن ربي عز وجل قد غضب اليوم غضبا لم يغضب قبله مثله، ولن يغضب بعده مثله؛ وإنه قد كانت لي دعوة دعوتها على قومي، نفسي نفسي نفسي" (al-Bukhârî, 4435, Muslim, 194, at-Tirmidhî, 2434 ; min hadîthi Abî Hurayra) ; "ولكن ائتوا نوحا، فيأتون نوحا، فيقول: "إني دعوت على أهل الأرض دعوة فأهلكوا" (at-Tirmidhî, 3148 ; min hadîthi Abî Sa'îd) ; "ولكن ائتوا نوحا رأس النبيين، فيأتون نوحا، فيقولون: يا نوح، اشفع لنا إلى ربنا فليقض بيننا، فيقول: "إني لست هناكم، إني دعوت بدعوة أغرقت أهل الأرض، وإنه لا يهمني اليوم إلا نفسي" (Ahmad, 2546 ; min hadîth Ibn Abbâs ; dha'îf à cause de 'Alî ibn Jud'ân).
– Ibn ul-'Arabî fournit, des hadîths de ce second type, deux explications, l'une étant que procéder à une intercession demande qu'on se soit montré soi-même magnanime et longanime ; or Noé fera valoir que, ayant fait cette invocation contre son peuple, il ne s'estimera pas être le mieux placé pour intercéder en faveur de l'humanité : "المسألة الثالثة: إن قيل: لم جعل نوح دعوته على قومه سببا لتوقفه عن طلب الشفاعة للخلق من الله في الآخرة؟ قلنا: قال الناس: في ذلك وجهان: أحدهما أن تلك الدعوة نشأت عن غضب وقسوة؛ والشفاعة تكون عن رضا ورقة؛ فخاف أن يعاتب بها، فيقال: دعوت على الكفار بالأمس وتشفع لهم اليوم. الثاني: أنه دعا غضبا بغير نص ولا إذن صريح في ذلك؛ فخاف الدرك فيه يوم القيامة، كما قال موسى: "إني قتلت نفسا لم أومر بقتلها". وبهذا أقول. والله أعلم" (Ahkâm ul-qur'ân, 4/312).
– Mais Ibn Hajar propose une autre explication : la vraie raison de son refus d'intercéder est celle qui est citée dans le premier hadîth : avoir fait l'invocation en faveur de son fils. Quand à la raison mentionnée dans les hadîths du second type, Noé voudra seulement dire par là qu'il disposait d'une invocation certaine d'acceptation, mais l'a déjà utilisée, ne l'ayant pas gardée pour le Jour du Jugement ; n'ayant donc plus d'invocation de ce type, il ne voudra pas risquer une non-acceptation de son intercession le Jour de la Résurrection : "ويجمع بينه وبين الأول بأنه اعتذر بأمرين: أحدهما نهي الله تعالى له أن يسأل ما ليس له به علم، فخشي أن تكون شفاعته لأهل الموقف من ذلك؛ ثانيهما أن له دعوة واحدة محققة الإجابة، وقد استوفاها بدعائه على أهل الأرض، فخشي أن يطلب فلا يجاب" (Fat'h ul-bârî, 11/528-529). Cela en référence au célèbre hadîth : "عن أبي هريرة، أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "لكل نبي دعوة مستجابة يدعو بها. وأريد أن أختبئ دعوتي شفاعة لأمتي في الآخرة" (al-Bukhârî, 5945, Muslim, 198, 199).
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Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).