Quand la Sunna induit une nuance par rapport à ce que le Zâhir du Coran pouvait laisser penser

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Extrait d'un article précédent, à lire avant le présent article :

Le Bayân ; ou quand deux Textes (du Coran ou de la Sunna) parlent de la même chose : le second répétant la même chose que le premier ; ou venant expliciter le sens d'un ou plusieurs terme(s) du premier ; ou venant le nuancer ; ou venant abroger la règle induite par le premier :

Il existe ainsi les Bayâns suivant...
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--- 1) Le
Bayân ut-Taqrîr (بيان التقرير) : il s'agit d'une Approbation, par le fait qu'un autre texte vient dire exactement la même chose qu'un texte antérieur.
----- Il peut s'agir d'une répétition pure et simple : ainsi, "إنما البيع عن تراض" (Ibn Mâja, 2185) redit en d'autres termes ce que ce verset affirme : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ لاَ تَأْكُلُواْ أَمْوَالَكُمْ بَيْنَكُمْ بِالْبَاطِلِ إِلاَّ أَن تَكُونَ تِجَارَةً عَن تَرَاضٍ مِّنكُمْ" (Coran 4/29) [cela constitue un : Bayân ut-ta'kîd (بيان التأكيد) : Accentuation par Répétition].
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--- 2) Le
Bayân ut-Tafsîr (بيان التفسير) : il s'agit d'une Explicitation de ce qui a été dit dans un texte antérieur de façon Globale (تفصيل المجمل).
----- Soit c'est la réalité même de ce que le terme désigne, qui est explicitée dans le texte postérieur : ainsi, qu'est-ce que "la Zakât", que le Coran ordonne de "donner", sachant que littéralement, le terme signifie seulement : "purification" ?
----- Soit il s'agit du développement concernant ce dont on connaissait déjà la réalité. Ainsi, on a certes appris que "la Zakât" est une aumône obligatoire, cependant, à qui peut-on la donner, par exemple : cela relève lui aussi du développement nécessaire. Par contre, les nuances et exceptions sans lesquelles l'accomplissement du hukm était possible, et qui ont induit des exceptions (par exemple le fait que, exceptionnellement, les Banû Hâshim ne peuvent pas recevoir la zakât), cela relève pour sa part du Bayân du type 3.
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--- 3) Le
Bayân ut-Tagh'yîr (بيان التغيير) : il s'agit d'une Modification apportée à quelque chose de la règle qui venait d'être énoncée. Et cette modification s'opère par l'adjonction d'une exception (استثناء), par l'adjonction d'une condition à l'applicabilité de la règle (شرط).
----- Il arrive qu'un hadîth apporte ce genre de chose, en tant qu'ajout, à ce qui venait d'être dit un peu plus tôt dans le même hadîth : "إلا الدَين" ; ou : "لمن شاء" ; ou encore : "فيما استطعتم".

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--- 4) Le Bayân ut-Tabdîl (بيان التبديل) : il s'agit d'un Changement : d'un Naskh, Abrogation (au sens véritable du terme) : soit Abrogation Partielle (comme dans le cas du li'ân), soit Abrogation Complète (comme dans le cas de la licéité de la consommation d'alcool).
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----- 1') Parfois nous avons, dans la Sunna, l'explicitation de quelque chose qui, certes, ressortait d'un verset du Coran, mais n'y était pas dit de façon aussi explicite ; cela relève du Bayân ut-Tab'yîn (بيان التبيين).
Exemple : "لا وصية لوارث", qui montre que l'obligation de tester en faveur de ses deux parents, n'est plus en vigueur : en fait cela avait été abrogé par un autre verset du Coran, mais ici cela est dit de façon beaucoup plus explicite (nous verrons tout cela plus bas).
Je ne sais pas si ce Bayân ut-Tab'yîn relève véritablement du 1 (بيان التقرير), ou bien plutôt du 2 (بيان التفسير).
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Le تخصيص العامّ (exception de certains individus, d'abord englobés dans le terme général), et le تقييد المطلق (nuancement apporté à l'individu à qui la règle s'applique), relèvent du
Bayân ut-Tafsîr (2) d'après l'école shafi'ite, mais du Bayân ut-Tagh'yîr (3) d'après l'école hanafite.
Ainsi en est-il de l'exception apportée par ce hadîth : "لا يرث القاتل شيءً", dans les règles d'héritage, formulées inconditionnellement par le Coran (les cas numérotés "2.d" et "2.e" dans l'autre article s'intègrent ici).

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I) Deux cas de Tab'yîn us-Sunnati Murâd al-Qur'ân (Bayân du type 1') :

Un premier cas de Tab'yîn (تبيين), Explicitation : Le Tayammum est capable d'enlever l'état de grande impureté également :

Le verset coranique dit : "وَإِن كُنتُم مَّرْضَى أَوْ عَلَى سَفَرٍ أَوْ جَاء أَحَدٌ مِّنكُم مِّن الْغَائِطِ أَوْ لَمَسْتُمُ النِّسَاء فَلَمْ تَجِدُواْ مَاء فَتَيَمَّمُواْ صَعِيدًا طَيِّبًا فَامْسَحُواْ بِوُجُوهِكُمْ وَأَيْدِيكُم" : "Et si vous êtes malades ou en voyage, [et que] l'un d'entre vous revient de la terre basse ou que vous avez touché les femmes, et qu'alors vous ne trouvez pas d'eau, dirigez-vous vers de la terre bonne, et passez-en sur votre visages et vos avant-bras" (Coran 4/34 et 5/6).
Ce verset a été révélé dans une circonstance où le Prophète et des Compagnons étaient en voyage, immobilisés en un lieu où ils n'avaient pas d'eau, et les Compagnons présents avaient besoin de procéder aux petites ablutions (wudhû') pour sortir de l'état de petite impureté [hadath asghar] pour accomplir la prière rituelle de l'aube (salât ul-fajr) (al-Bukhârî, 329 etc., Muslim, 367).
Ce type d'ablutions par la terre est appelé : "tayammum".

Ibn Mas'ûd (que Dieu l'agrée), questionné quant à l'homme qui est en état de grande impureté (al-junub) [qui est donc en hadath akbar] et qui ne dispose pas d'eau, donna comme fatwa que cet homme ne peut pas accomplir la prière rituelle obligatoire ; il attendra jusqu'à trouver de l'eau, afin de prendre le ghusl, cette attente durât-elle un mois.
En fait Ibn Mas'ûd pensait que le tayammum peut faire disparaître l'état de petite impureté (al-hadath ul-asghar) seulement, et donc remplacer le wudhû seulement ; et pas le ghusl.
Certes, dans les deux versets qui en parlent, se trouvent les termes "لَمَسْتُمُ النِّسَاء" ("ou que vous avez touché les femmes") :
--- si on les considère comme constituant une périphrase désignant le fait d'avoir eu des relations intimes (comme Ibn Abbâs les a commentés pour sa part) - ce qui entraîne l'état de grande impureté, hadath akbar -, il en résulte que le tayammum enlève cet état également, et donc remplace le ghusl aussi ;
--- mais Ibn Mas'ûd a compris ces mots comme étant à appréhender dans leur sens immédiat seulement, et comme parlant donc d'un simple toucher ou baiser (il a commenté lui-même cela en ces termes : "اللمس: ما دون الجماع" : Tafsîr ut-Tabarî).
Ibn Mas'ûd considérait donc que ces versets ne parlent du tayammum que pour enlever l'état de petite impureté (hadath asghar) et remplacer les petites ablutions (wudhû').
Quant au fait de déclarer le tayammum capable d'enlever également l'état de grande impureté (hadath akbar) et donc de remplacer le ghusl aussi, en cas d'absence d'eau, selon Ibn Mas'ûd cela ne résultait que d'une analogie, qiyâs ; or elle était - selon sa perception - erronée, car l'état de grande impureté est plus accentué que celui de la petite. "عن الأعمش، قال: سمعت شقيق بن سلمة قال: كنت عند عبد الله وأبي موسى، فقال له أبو موسى: "أرأيت يا أبا عبد الرحمن إذا أجنب فلم يجد ماء، كيف يصنع؟" فقال عبد الله: "لا يصلي حتى يجد الماء". فقال أبو موسى: "فكيف تصنع بقول عمار حين قال له النبي صلى الله عليه وسلم: "كان يكفيك"؟"، قال: "ألم تر عمر لم يقنع بذلك؟". فقال أبو موسى: "فدعنا من قول عمار. كيف تصنع بهذه الآية؟". فما درى عبد الله ما يقول، فقال: "إنا لو رخصنا لهم في هذا، لأوشك إذا برد على أحدهم الماء أن يدعه ويتيمم." فقلت لشقيق: "فإنما كره عبد الله لهذا؟" قال: "نعم" (al-Bukhârî, 339, Muslim, 368/111).

Or, que le tayammum soit capable de remplacer, en cas d'absence d'eau, le ghusl également, cela est dit explicitement dans la Sunna : il y a :
--- le hadîth relaté par 'Ammâr ibn Yâssir (al-Bukhârî, 340, Muslim, 368/112),
--- le hadîth relaté par 'Imrân ibn Hussayn (al-Bukhârî, 337, 341, Muslim, 682) ;
--- et aussi le hadîth relaté par 'Amr ibn ul-'Âs (Abû Dâoûd, 334).
Cependant, Ibn Mas'ûd (qui n'a pas été convaincu par ce que 'Ammâr ibn Yâssir a relaté - tout comme Omar ibn ul-Khattâb n'en a pas été convaincu : "ألم تر عمر لم يقنع بذلك؟" -, et n'avait probablement pas eu connaissance des autres hadîths) n'était pas d'accord avec l'ijtihâd élargissant la mashrû'iyya du tayammum aux cas où la personne ne disposant pas d'eau est en état de grande impureté. C'est pourquoi il fit la critique de cet ijtihâd. Il savait bien que dans le domaine du fiqh, des analogies (qiyâs) sont en soi autorisées : ensuite elles sont soit correctes, soit erronées ; et il pensait que celle-ci était erronée, et allait entraîner du laxisme chez certaines personnes.

Or, c'est l'interprétation de Ibn Abbâs qui est pertinente : "لَمَسْتُمُ النِّسَاء" (Coran 4/34, 5/6), "تَمَسُّوهُنَّ" (Coran 2/236, 2/237, 33/49), "مِّن قَبْلِ أَن يَتَمَاسَّا" (Coran 58/3, 58/4), "بَاشِرُوهُنَّ" (Coran 2/187), signifient : "avoir des relations intimes" : "عن سعيد بن جبير قال: ذكروا اللمس، فقال ناس من الموالي: "ليس بالجماع". وقال ناس من العرب: "اللمس الجماع". قال: فأتيت ابن عباس فقلت: "إن ناسا من الموالي والعرب اختلفوا في"اللمس"، فقالت الموالي: ليس بالجماع، وقالت العرب: الجماع". قال: "من أي الفريقين كنت؟" قلت: "كنت من الموالي". قال: "غُلِب فريق الموالي! إن"المس" و"اللمس"، و"المباشرة": الجماع؛ ولكن الله يكني ما شاء بما شاء" (Tafsîr ut-Tabarî, 9581) ; "عن قتادة قال، قال سعيد بن جبير وعطاء في التماس: "الغمز باليد". وقال عبيد بن عمير: "الجماع". فخرج عليهم ابن عباس فقال: أخطأ الموليان وأصاب العربي. ولكنه يعف ويكني" (Ibid., 9587). Cela tout comme "تَقْرَبُوهُنَّ" et "فَأْتُوهُنَّ" (Coran 2/222) désignent le fait d'avoir des relations intimes" (voir le cas qui sera exposé plus bas).

En vertu de quoi les deux versets sus-cités du Coran induisent que, en cas d'absence d'eau, le tayammum enlève l'état de grande impureté (hadath akbar) aussi, et remplace donc le ghusl également.
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Mais la Sunna est venue le dire de façon plus explicite (
Tab'yîn).

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Un autre cas de Tab'yîn : le moment à partir duquel le jeûne débute :

Le Coran dit que le jeûne doit débuter au moment où on peut distinguer le fil blanc du fil noir : "فَالآنَ بَاشِرُوهُنَّ وَابْتَغُواْ مَا كَتَبَ اللّهُ لَكُمْ وَكُلُواْ وَاشْرَبُواْ حَتَّى يَتَبَيَّنَ لَكُمُ الْخَيْطُ الأَبْيَضُ مِنَ الْخَيْطِ الأَسْوَدِ مِنَ الْفَجْرِ" (Coran 2/187).

Or, un groupe de musulmans crurent, relate Sahl ibn Sa'd, qu'il s'agissait d'un fil blanc et d'un fil noir véritables, à observer jusqu'à ce qu'on puisse distinguer l'un de l'autre à cause de la lueur de l'aube naissante ; c'est seulement à ce moment-là qu'ils cessaient de manger.
Suite à cette mauvaise compréhension de la part de ces musulmans, Dieu révéla les mots "مِنَ الْفَجْرِ" ("c'est-à-dire la lueur de l'aube"), à placer à la fin de la phrase (al-Bukhârî 1818, Muslim 1091). "Le fil blanc" évoqué dans le verset désignait donc "la lueur de l'aube" ; et "le fil noir" est donc forcément "la noirceur de la nuit". Le verset se comprenait correctement ainsi : "jusqu'à ce que le fil blanc de l'aube se distingue du fil noir de la nuit".

Quelques années plus tard (FB 4/170), ce fut 'Adî ibn Hâtim qui, alors récemment converti à l'islam, comprit lui aussi le verset de façon erronée : il ne comprit pas que dans les termes "min al-fajr" la particule "min" est explicative (bayâniyya), et crut qu'elle exprime la cause (sababiyya) (FB 4/173) : il crut que cela signifiait : "jusqu'à ce que le fil blanc se distingue du fil noir, à cause de l'aube".

Il chercha donc lui aussi à distinguer un fil blanc d'un fil noir, qu'il plaçait sous son oreiller, et observait. S'étant ouvert au Prophète (sur lui soit la paix) de ce qu'il faisait, celui-ci lui dit qu'il avait mal compris le verset, et l'informa de la signification correcte de celui-ci : "عن الشعبي، عن عدي بن حاتم رضي الله عنه، قال: لما نزلت: {حتى يتبين لكم الخيط الأبيض من الخيط الأسود}، عمدت إلى عقال أسود، وإلى عقال أبيض، فجعلتهما تحت وسادتي، فجعلت أنظر في الليل، فلا يستبين لي. فغدوت على رسول الله صلى الله عليه وسلم، فذكرت له ذلك. فقال: "إنما ذلك سواد الليل وبياض النهار" (al-Bukhârî 1817, Muslim 1090).

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II) Un cas de Tafsîl us-Sunnati Mujmal al-Qur'ân (Bayân du type 2) :

Un cas de développement de ce que le verset du Coran énonce de façon non détaillée, Tafsîl ul-Mujmal (تفصيل المجمل) : "se tenir à l'écart de son épouse pendant sa période de menstrues", et "ne pas s'en approcher", cela signifie seulement : ne pas avoir de relations intimes avec elle :

Dieu dit dans le Coran "وَيَسْأَلُونَكَ عَنِ الْمَحِيضِ قُلْ هُوَ أَذًى فَاعْتَزِلُواْ النِّسَاء فِي الْمَحِيضِ وَلاَ تَقْرَبُوهُنَّ حَتَّىَ يَطْهُرْنَ فَإِذَا تَطَهَّرْنَ فَأْتُوهُنَّ مِنْ حَيْثُ أَمَرَكُمُ اللّهُ إِنَّ اللّهَ يُحِبُّ التَّوَّابِينَ وَيُحِبُّ الْمُتَطَهِّرِينَ " : "Et ils te questionnent au sujet des menstrues. Dis : "C'est un adhâ, aussi tenez-vous à l'écart des femmes pendant les menstrues et ne vous approchez pas d'elles, jusqu'à ce qu'elles soient pures. Alors, lorsqu'elles se seront purifiées, venez à elles de là où Dieu vous l'a ordonné. Dieu aime ceux qui se repentent et ceux qui se purifient" (Coran 2/222).

C'est la Sunna qui a exposé ce que "se tenir à l'écart d'elles" signifie : cela ne veut pas dire : "ne pas du tout s'approcher de son épouse, ne pas dormir avec elle, ne pas la toucher", mais seulement : "ne pas avoir de relations sexuelles au sens complet du terme".
Le fait est que la fréquentation normale demeure autorisée (comme on voit le Prophète, sur lui soit la paix, le faire).
De même, l'étreinte amoureuse et le toucher érotique sont autorisés sur :
--- tout le corps sauf la partie comprise entre le nombril et les genoux (d'après certains hadîths, retenus pour ce point par les écoles hanafite et malikite : "عن مالك عن زيد بن أسلم أن رجلا سأل رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال: "ما يحل لي من امرأتي وهي حائض؟" فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "لتشد عليها إزارها، ثم شأنك بأعلاها" : Muwatta' Mâlik, 129, hadîth mursal ; "عن عائشة، قالت: "كانت إحدانا إذا كانت حائضا، فأراد رسول الله صلى الله عليه وسلم أن يباشرها، أمرها أن تتزر في فور حيضتها، ثم يباشرها". قالت: "وأيكم يملك إربه كما كان النبي صلى الله عليه وسلم يملك إربه" : al-Bukhârî, 296, Muslim, 293) ;
--- tout le corps (d'après un autre hadîth, retenu pour ce point par l'école hanbalite et l'avis le plus pertinent de l'école shafi'ite d'après an-Nawawî"عن أنس أن اليهود كانوا إذا حاضت المرأة فيهم، لم يؤاكلوها ولم يجامعوهن في البيوت. فسأل أصحاب النبي صلى الله عليه وسلم النبي صلى الله عليه وسلم، فأنزل الله تعالى {ويسألونك عن المحيض قل هو أذى فاعتزلوا النساء في المحيض} إلى آخر الآية. فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "اصنعوا كل شيء إلا النكاح" : Muslim, 302).

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III) Des cas de Taqyîd us-Sunnati Mutlaq al-Qur'ân (Bayân du type 2 d'après l'école shafi'ite / du type 3 d'après l'école hanafite:

Un cas de Taqyîd (Nuancement), avec, aussi, de la Tab'yîn (Explicitation) :

Le Coran dit : "وَاللاَّتِي تَخَافُونَ نُشُوزَهُنَّ فَعِظُوهُنَّ وَاهْجُرُوهُنَّ فِي الْمَضَاجِعِ وَاضْرِبُوهُنَّ. فَإِنْ أَطَعْنَكُمْ فَلاَ تَبْغُواْ عَلَيْهِنَّ سَبِيلاً" (Coran 4/34).
Ce verset précise que ce hukm qu'il communique ("فَعِظُوهُنَّ وَاهْجُرُوهُنَّ فِي الْمَضَاجِعِ وَاضْرِبُوهُنَّ") est circonscrit au cas où il y a véritablement nushûz. Car il ne s'agit pas du cas où on craint cela, mais du cas où cela se produit : "اختلف أهل التأويل في معنى قوله:"واللاتي تخافون نشوزهن". فقال بعضهم: معناه: "واللاتي تعلمون نشوزهن". ووجه صرف "الخوف" في هذا الموضع إلى "العلم" في قول هؤلاء، نظير صرف "الظن" إلى "العلم"، لتقارب معنييهما، إذ كان "الظن" شكا وكان "الخوف" مقرونا برجاء، وكانا جميعا من فعل المرء بقلبه. كما قال الشاعر: "ولا تدفنني في الفلاة فإنني ... أخاف إذا ما مت أن لا أذوقها"؛ معناه: فإنني أعلم. وكما قال الآخر: "أتاني كلام عن نصيب يقوله ... وما خفت يا سلام أنك عائبي"؛ بمعنى: وما ظننت" (Tafsîr ut-Tabarî).
Et ce verset communique un ordre (tartîb) à respecter dans la façon de procéder : "طرق تأديب الزّوجة : أ) الوعظ. ب) الهجر في المضجع. ج) الضّرب غير المبرّح. وهذا التّرتيب واجب عند جمهور الفقهاء" (Al-Mawsû'a al-fiq'hiyya).

Cependant, la Sunna a apporté deux nuances supplémentaires à cela :

--- elle a restreint (Taqyîd) ce qui est désigné (murâd) par ce terme "dharb" à ce qui n'est pas un dharb mubarrih (Muslim, 1218, Abû Dâoûd, 1905, at-Tirmidhî, 1163, 3087). "ولا يجوز الضرب المبرح، ولو علم أنها لا تترك النشوز إلا به" (Ash-Shar'h ul-kabîr, ad-Dardîr). Or le terme "mubarrih" a été expliqué par "shadîd" et par "mujarrih" : "والضرب المبرح هو الشديد" (Shar'h ut-Tîbî) ; "والمبرح: الشديد" (Kashf ul-mushkil) ; "مبرح" بتشديد الراء المكسورة وبالحاء المهملة أي مجرح أو شديد شاق" (Tuhfat ul-ahwadhî). 'Atâ' a commenté le dharb évoqué dans ce verset 4/34 comme étant un dharb ghayr mubarrih : "عن ابن جريج قال: قلت لعطاء: {واضربوهن}؟ قال: "ضربا غير مبرح" (Tafsîr ut-Tabarî, n° 9384) ; "عن جابر، عن عطاء: {واضربوهن}، قال: "ضربا غير مبرح" (Tafsîr ut-Tabarî, n° 9390) ; et c'est ce même 'Atâ' qui a questionné Ibn Abbâs quant à savoir ce qu'est ce dharb ghayr mubarrih, et qui a reçu de lui comme réponse qu'il s'agit d'un petit coup soft : "par un siwâk ou chose semblable" : "عن عطاء قال: قلت لابن عباس: "ما الضرب غير المبرح؟" قال: "بالسواك ونحوه" (Tafsîr ut-Tabarî, n° 9387 ; voir aussi le n° 9386). C'est donc bien de ce coup soft dont 'Atâ' a dit que le mieux est de s'en abstenir (comme nous allons le voir). D'autres commentateurs ont commenté cela ainsi : "par un mouchoir enroulé" : "قال الروياني في البحر: ويضربها بمنديل ملفوف" (Dalîl ul-fâlihîn sur 2064). "والمبرح: الشديد الشاق. والبَرح: المشقة الشديدة. وفيه إباحة تأديب الرجل زوجته على وجه الرفق" (Al-Muf'him) ;

--- la Sunna a également explicité (Tabyîn) que cela n'est qu'une rukhsa, alors que la 'azîma demeure de s'en abstenir : c'est donc un impératif de Ijâza, ce qui fait que le mieux demeure de s'en abstenir. Le même 'Atâ' a dit : "(Le mari) ne lèvera pas la main, même si elle ne fait pas sa itâ'ah. Mais il exprimera alors son mécontentement". Ibn ul-'Arabî commente : "Cela relève de la compréhension de 'Atâ' : de par sa compréhension de la Shar' et de sa connaissance des présomptions d'ijtihad, il a su que l'impératif lié au "dharb" ici [dans ce verset de Coran 4/34] est un impératif induisant une autorisation, et a pris connaissance du caractère déconseillé [du dharb] depuis d'autres voies : de la parole du Prophète - que Dieu le bénisse et le salue" : "المسألة الرابعة عشرة: قال عطاء: "لا يضربها، وإن أمرها ونهاها فلم تطعه؛ ولكن يغضب عليها". قال القاضي: هذا من فقه عطاء، فإنه - من فهمه بالشريعة ووقوفه على مظان الاجتهاد - علم أن الأمر بالضرب هاهنا أمر إباحة*، ووقف على الكراهية من طريق أخرى في قول النبي صلى الله عليه وسلم" (Ahkâm ul-qur'ân, Ibn ul-'Arabî) (* أي: أمر إجازة).

Pour plus de détails, lire notre article : Le Coran et la Sunna n'autorisent pas le mari à battre son épouse.

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Un autre cas de Taqyîd,avec, aussi, de la Tab'yîn (تبيين) : l'obligation de tester en faveur de ses deux parents :

Un verset coranique dit qu'il est obligatoire de faire un testament en faveur de ses parents : "كُتِبَ عَلَيْكُمْ إِذَا حَضَرَ أَحَدَكُمُ الْمَوْتُ إِن تَرَكَ خَيْرًا الْوَصِيَّةُ لِلْوَالِدَيْنِ وَالأقْرَبِينَ بِالْمَعْرُوفِ حَقًّا عَلَى الْمُتَّقِينَ" (Coran 2/180).

Or il est connu que cette obligation a été abrogée : il n'y a plus l'obligation de faire un testament en faveur d'un ayant-droit parmi ceux qui héritent de soi. C'est un autre passage du Coran qui a abrogé cette obligation : "يُوصِيكُمُ اللّهُ فِي أَوْلاَدِكُمْ لِلذَّكَرِ مِثْلُ حَظِّ الأُنثَيَيْنِ فَإِن كُنَّ نِسَاء فَوْقَ اثْنَتَيْنِ فَلَهُنَّ ثُلُثَا مَا تَرَكَ وَإِن كَانَتْ وَاحِدَةً فَلَهَا النِّصْفُ وَلأَبَوَيْهِ لِكُلِّ وَاحِدٍ مِّنْهُمَا السُّدُسُ مِمَّا تَرَكَ إِن كَانَ لَهُ وَلَدٌ فَإِن لَّمْ يَكُن لَّهُ وَلَدٌ وَوَرِثَهُ أَبَوَاهُ فَلأُمِّهِ الثُّلُثُ فَإِن كَانَ لَهُ إِخْوَةٌ فَلأُمِّهِ السُّدُسُ مِن بَعْدِ وَصِيَّةٍ يُوصِي بِهَا أَوْ دَيْنٍ آبَآؤُكُمْ وَأَبناؤُكُمْ لاَ تَدْرُونَ أَيُّهُمْ أَقْرَبُ لَكُمْ نَفْعاً فَرِيضَةً مِّنَ اللّهِ إِنَّ اللّهَ كَانَ عَلِيما حَكِيمًا" (Coran 4/11) (voir aussi le verset 4/12).

Quant à la Sunna, elle n'a fait que mettre cela en lumière (Tab'yîn) (1') : "عن أبي أمامة الباهلي قال: سمعت رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول في خطبته عام حجة الوداع: "إن الله تبارك وتعالى قد أعطى لكل ذي حق حقه، فلا وصية لوارث" (at-Tirmidhî, 2120 ; Abû Dâoûd, 3565 ; la narration comporte encore d'autres phrases, non relatées ici) ; "عن عمرو بن خارجة، أن النبي صلى الله عليه وسلم خطب على ناقته وأنا تحت جرانها وهي تقصع بجرتها وإن لعابها يسيل بين كتفي، فسمعته يقول: "إن الله أعطى كل ذي حق حقه، ولا وصية لوارث" (at-Tirmidhî, 2121 : il y a une suite non relatée ici).
Sad'r ush-Sharî'a
écrit : "واحتج بعض أصحابنا" أي: على جواز نسخ الكتاب بالسنة "بأنه نُسِخ قولُه تعالى {الوصية للوالدين والأقربين}" - أولُ الآية قولُه: {كتب عليكم إذا حضر أحدكم الموت إن ترك خيرا الوصية للوالدين والأقربين بالمعروف} - "بقوله عليه السلام: "لا وصية لوارث" (At-Tawdhîh shar'h ut-Tanqîh, 2/82). Et ensuite : "ولكن هذا فاسد لأن الوصية للوارث نسخت بآية المواريث؛ إذ في الأول فوضها إلينا، ثم تولى بنفسه بيان حق كل منهم، وإلى هذا أشار بقوله: {يوصيكم الله في أولادكم}؛ قال عليه السلام: "إن الله أعطى كل ذي حق حقه، فلا وصية لوارث" (At-Tanqîh, 2/83).

Par contre, c'est l'obligation induite par le verset 2/180 qui a été abrogée par le verset 4/11. Car pour ce qui est du caractère autorisé de tester en faveur d'un ayant-droit, c'est bel et bien la Sunna qui l'a empêché : "وذكر الإمام السرخسي أن المنفي بآية المواريث إنما هو وجوب الوصية لا جوازها؛ والجواز إنما انتفى بقوله عليه السلام: "لا وصية لوارث"، ضرورة نفي أصل الوصية" (At-Talwîh, 2/83).

En fait, la Sunna a restreint (Taqyîd) (Bayân du type 2 ou 3) l'autorisation de tester (établie en Coran 4/11 et 4/12 : "مِن بَعْدِ وَصِيَّةٍ") à ceux qui n'ont pas déjà une part d'héritage : "لا وصية لوارث".
Tout comme elle a par ailleurs restreint (
Taqyîd) (Bayân du type 2 ou 3) l'autorisation de tester à un tiers du legs : "فقلت: "يا رسول الله، بلغ بي من الوجع ما ترى، وأنا ذو مال، ولا يرثني إلا ابنة لي واحدة. أفأتصدق بثلثي مالي؟" قال: "لا"، قال: "فأتصدق بشطره؟" قال: "الثلث يا سعد. والثلث كثير" (al-Bukhârî, 3721, Muslim, 1628).

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Un cas de Taqyîd us-Sunnati Mutlaq al-Qur'ân Le remariage de la dame ayant reçu la formule du divorce (talâq) une 3ème fois :

La femme ayant reçu un 3ème talâq de la part de celui qui était alors son mari, ne peut plus être reprise par celui-ci (raj'a), ni ne peut se remarier (nikâh) avec lui. La seule exception à cela est qu'elle se soit ensuite mariée à quelqu'un d'autre, puis que celui-ci ait à son tour divorcé d'elle ; alors seulement elle peut se remarier avec l'ancien mari, par le biais de la conclusion d'un nouveau mariage. Le Coran exprime cela ici : "الطَّلاَقُ مَرَّتَانِ فَإِمْسَاكٌ بِمَعْرُوفٍ أَوْ تَسْرِيحٌ بِإِحْسَانٍ وَلاَ يَحِلُّ لَكُمْ أَن تَأْخُذُواْ مِمَّا آتَيْتُمُوهُنَّ شَيْئًا إِلاَّ أَن يَخَافَا أَلاَّ يُقِيمَا حُدُودَ اللّهِ فَإِنْ خِفْتُمْ أَلاَّ يُقِيمَا حُدُودَ اللّهِ فَلاَ جُنَاحَ عَلَيْهِمَا فِيمَا افْتَدَتْ بِهِ تِلْكَ حُدُودُ اللّهِ فَلاَ تَعْتَدُوهَا وَمَن يَتَعَدَّ حُدُودَ اللّهِ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الظَّالِمُونَ فَإِن طَلَّقَهَا فَلاَ تَحِلُّ لَهُ مِن بَعْدُ حَتَّىَ تَنكِحَ زَوْجًا غَيْرَهُ فَإِن طَلَّقَهَا فَلاَ جُنَاحَ عَلَيْهِمَا أَن يَتَرَاجَعَا إِن ظَنَّا أَن يُقِيمَا حُدُودَ اللّهِ وَتِلْكَ حُدُودُ اللّهِ يُبَيِّنُهَا لِقَوْمٍ يَعْلَمُونَ" (Coran 2/229-230).

Cependant, la Sunna a précisé que le seul fait d'avoir contracté un mariage avec un autre homme ("حَتَّىَ تَنكِحَ زَوْجًا غَيْرَهُ") ne suffit pas : il faut aussi que ce second mariage ait été dûment consommé ; c'est seulement à ce moment-là que le second mariage a un effet, de sorte que si lui aussi prend fin par un talâq, la dame redevient licite pour le premier mari. Cette condition de consommation du mariage est reconnue à la quasi-unanimité des ulémas (exception faite de Sa'ïd ibn ul-Musayyib et quelques personnages).
"عن الزهري، أخبرني عروة بن الزبير، أن عائشة رضي الله عنها زوج النبي صلى الله عليه وسلم قالت: جاءت امرأة رفاعة القرظي رسول الله صلى الله عليه وسلم وأنا جالسة، وعنده أبو بكر، فقالت: "يا رسول الله، إني كنت تحت رفاعة، فطلقني فبتّ طلاقي. فتزوجت بعده عبد الرحمن بن الزبير، وإنه والله ما معه يا رسول الله إلا مثل هذه الهدبة"، وأخذت هدبة من جلبابها. فسمع خالد بن سعيد قولها، وهو بالباب لم يؤذن له، قالت: فقال خالد: "يا أبا بكر، ألا تنهى هذه عما تجهر به عند رسول الله صلى الله عليه وسلم؟" فلا والله ما يزيد رسول الله صلى الله عليه وسلم على التبسم. فقال لها رسول الله صلى الله عليه وسلم: "لعلك تريدين أن ترجعي إلى رفاعة؟ لا، حتى يذوق عسيلتك وتذوقي عسيلته". فصار سنة بعد" (al-Bukhârî, 5456, Muslim, 1433). "عن أيوب، عن عكرمة أن رفاعة طلق امرأته، فتزوجها عبد الرحمن بن الزبير القرظي، قالت عائشة: وعليها خمار أخضر، فشكت إليها وأرتها خضرة بجلدها. فلما جاء رسول الله صلى الله عليه وسلم - والنساء ينصر بعضهن بعضا -، قالت عائشة: "ما رأيت مثل ما يلقى المؤمنات! لجلدها أشد خضرة من ثوبها". قال: وسمع أنها قد أتت رسول الله صلى الله عليه وسلم، فجاء ومعه ابنان له من غيرها، قالت: "والله ما لي إليه من ذنب، إلا أن ما معه ليس بأغنى عني من هذه"، وأخذت هدبة من ثوبها، فقال: "كذبت والله يا رسول الله، إني لأنفضها نفض الأديم، ولكنها ناشز، تريد رفاعة"، فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم: "فإن كان ذلك، لم تحلي له"، أو: "لم تصلحي له حتى يذوق من عسيلتك". قال: وأبصر معه ابنين له، فقال: "بنوك هؤلاء؟" قال: "نعم"، قال: هذا الذي تزعمين ما تزعمين، فوالله، لهم أشبه به من الغراب بالغراب" (al-Bukhârî, 5487).

"العسيلة هنا استعارة عن اللذّة الحاصلة من إيلاج الذكر في الفرج؛ وأضيف إلى كل من الزوجين لأن كلا منهما يمتّع الآخر ببدنه"

"حتى تذوقي عسيلته" أي عسيلة عبد الرحمن بن الزبير ولذة استمتاعه "ويذوق" عبد الرحمن "عسيلتك" أي لذة استمتاعك" (Al-Kawkab ul-wahhâj).
"وشذ الحسن فقال: "العسيلة هنا كناية عن المني، فلا تحل له عنده إلا بإنزاله". قلت: ولا شك أن أول الإيلاج مبدأ اللذة، وتمامها الإنزال؛ والاسم يصدق على أقل ما ينطلق عليه؛ فالأولى ما ذهب إليه الجمهور، والله تعالى أعلم.
وهذا الحديث نص في الرد على ما شذ فيه سعيد بن المسيب عن جماعة من العلماء في قوله: إن عقد النكاح بمجرده يحلها لمطلقها. وقال بعض علمائنا: "ما أظن سعيدا بلغه هذا الحديث، فأخذ بظاهر القرآن؛ وشذ في ذلك، ولم يقل أحد بقوله". قلت: قد قال بقول سعيد بن المسيب: سعيد بن جبير وجماعة من السلف - على ما حكاه القاضي عبد الوهاب في شرح رسالة ابن زيد. ويفهم من قوله: "حتى تذوقي عسيلته، ويذوق عسيلتك" استواؤهما في إدراك لذة الجماع؛ وهو حجة لأحد القولين عندنا في أنه لو وطئها نائمة، أو مغمى عليها، لم تحل لمطلقها، لأنها لم تذق العسيلة إذ لم تدركها" (Al-Muf'him).

"قوله صلى الله عليه وسلم "لا حتى تذوقي عسيلته ويذوق عسيلتك": هو بضم العين وفتح السين تصغير عسلة وهي كناية عن الجماع شبه لذته بلذة العسل وحلاوته. قالوا: وأنث العسيلة لأن العسيلة نعتين التذكير والتأنيثث. وقيل: أنثها على إرادة النطفة؛ وهذا ضعيف لأن الإنزال لا يشترط. وفي هذا الحديث أن المطلقة ثلاثا لا تحل لمطلقها حتى تنكح زوجا غيره ويطأها ثم يفارقها وتنقضي عدتها؛ فأما مجرد عقده عليها فلا يبيحها للأول وبه قال جميع العلماء من الصحابة والتابعين فمن بعدهم. وانفرد سعيد بن المسيب فقال: "إذا عقد الثاني عليها ثم فارقها حلت للأول ولا يشترط وطء الثاني لقول الله تعالى {حتى تنكح زوجا غيره}، والنكاح حقيقة في العقد على الصحيح". وأجاب الجمهور بأن هذا الحديث مخصص لعموم الآية ومبين للمراد بها. قال العلماء: ولعل سعيدا لم يبلغه هذا الحديث" (Shar'h Muslim, an-Nawawî, 10/2-3).
(Rappelons ici que le second mariage doit avoir été fait sincèrement, suite à quoi, n'ayant lui non plus pas "fonctionné" sans qu'ils s'y attendaient, les époux ont divorcé. Car tout mariage n'étant pas sincère mais étant juste arrangé pour légaliser la femme pour le premier mari, fait encourir la la'na - l'éloignement de la miséricorde de Dieu - à celui qui l'entreprend de même qu'à celui en faveur de qui cela est entrepris : "عن عبد الله بن مسعود قال: "لعن رسول الله صلى الله عليه وسلم المُحِلّ والمُحَلَّل له". هذا حديث حسن صحيح" : at-Tirmidhî, 1120.)

En fait ce type de Bayân, Takhsîs us-Sunnati 'Âmm il-Qur'ân ou Taq'yîd us-Sunnati Mutlaq al-Qur'ân, entraîne que le Hukm ne sera pas applicable à certains des individus auxquels il aurait été applicable s'il n'y avait pas eu ce Bayân : "ينتفى بهذا المبيِّن نفاذُ الحكم عن بعضٍ من أفراد العام المبيَّن أو المطلق المبيَّن".

Shâh Waliyyullâh - pourtant hanafite - écrit au sujet de la posture des hanafites sur le sujet :

"مثاله أنهم أصلوا أن الخاص مبين فلا يلحقه البيان، وخرجوه من صنيع الأوائل في قوله تعالى: {اركعوا واسجدوا}، وقوله صلى الله عليه وسلم: "لا تجزئ صلاة الرجل حتى يقيم ظهره في الركوع والسجود"، حيث لم يقولوا بفريضية الاطمئنان، ولم يجعلوا الحديث بيانا للآية.
فورد عليهم صنيعهم في قوله تعالى: {وامسحوا برءوسكم}، ومسحه صلى الله عليه وسلم على ناصيته - حيث جعلوه بيانا -؛ وقوله تعالى: {الزانية والزاني فاجلدوا}؛ وقوله تعالى: {السارق والسارقة فاقطعوا} الآية؛ وقوله تعالى: {حتى تنكح زوجا غيره}، وما لحقه من البيان بعد ذلك.
فتكلفوا للجواب كما هو مذكور في كتبهم
"
(
Hujjat ullâh il-bâligha, 1/459-461).

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Lire également l'explication de al-Kashmîrî et de Abd ul-'Alî Muhammad - tous deux hanafites aussi - ici : Est-il vrai que chez les hanafites, le Hadîthu Wâhidin ne peut jamais induire une obligation (ألا يثبت خبر الواحد فرضيةً عند الأحناف ؟) ? Est-il vrai qu'un tel Hadîth ne peut non plus jamais nuancer (taqyîd) la règle (hukm) établie de façon inconditionnelle (mutlaq) dans le Coran, ni faire exception de certains individus (takhsîs) par rapport à ce qui est établi pour une généralité ('âmm) dans le Coran ? - ألا يُخصِّص خبر الواحد عامّ كتاب الله عند الأحناف؟ ألا يُقيِّد خبر الواحد مطلق كتاب الله عندهم؟ ألا يَزيد خبر الواحد على ما جاء في كتاب الله عندهم ؟.

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Un autre cas de Taqyîd us-Sunnati Mutlaq al-Qur'ân : sur quels produits de la terre la Zakât est-elle redevable ?

Dieu dit dans le Coran : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ أَنفِقُواْ مِن طَيِّبَاتِ مَا كَسَبْتُمْ وَمِمَّا أَخْرَجْنَا لَكُم مِّنَ الأَرْضِ" : "O ceux qui ont apporté foi, dépensez des bonnes choses de ce que vous avez acquis, et de ce que Nous avons fait sortir pour vous de la terre" (Coran 2/267).

Si on retient que ce verset parle bien de Zakât, alors :

--- La quantité qu'il est alors obligatoire de donner, cela est mujmal (non précisé) et a donc besoin d'un bayân (il s'agit d'un Tafsîl ul-Mujmal : Bayân du type 2).

--- Par contre, ce verset est mutlaq : "de ce que Nous avons fait sortir pour vous de la terre"...
----- Sur quels produits de la terre doit-on donner la Zakât ? Réponse de Abû Hanîfa : sur tout ce que la terre produit de comestible, conformément au itlâq de ce verset. Mais ses deux élèves (Abû Yûssuf et Muhammad ibn ul-Hassan), de même que Ahmad ibn Hanbal, sont d'avis que la zakât est due ici seulement sur ce que la terre produit qui se conserve, et pas sur par exemple les concombres et autres denrées du même genre ; ils se sont fondés pour cela sur le Taq'yid induit par le hadîth suivant : "حدثنا علي بن خشرم قال: أخبرنا عيسى بن يونس، عن الحسن، عن محمد بن عبد الرحمن بن عبيد، عن عيسى بن طلحة، عن معاذ، أنه كتب إلى النبي صلى الله عليه وسلم يسأله عن الخضراوات - وهي البقول -، فقال: "ليس فيها شيء". إسناد هذا الحديث ليس بصحيح، وليس يصح في هذا الباب عن النبي صلى الله عليه وسلم شيء، وإنما يروى هذا عن موسى بن طلحة، عن النبي صلى الله عليه وسلم مرسلا. والعمل على هذا عند أهل العلم أنه ليس في الخضراوات صدقة. والحسن هو ابن عمارة وهو ضعيف عند أهل الحديث، ضعفه شعبة وغيره، وتركه ابن المبارك" (at-Tirmidhî, 638) (Mâlik et ash-Shâfi'î en ont pour leur part déduit qu'il n'y a de zakât que sur les produits agricoles qui sont utilisés comme aliments nourrissants, à l'exclusion des denrées alimentaires telles que les légumes et des fruits que l'on consomme pour le plaisir seulement).
----- Et y a-t-il un quorum à partir duquel cette quantité à donner devient obligatoire ? Abû Hanîfa a déduit du itlâq du verset qu'il n'y a pas de quorum ici. Mais ses deux élèves (ainsi que la plupart des autres mujtahidûn) ont appréhendé ce itlâq à la lumière du Taq'yîd que la Sunna en a faite : "ليس فيما أقل من خمسة أوسق صدقة، ولا في أقل من خمسة من الإبل الذود صدقة، ولا في أقل من خمس أواق من الورق صدقة" : "Pas de sadaqa (due) sur (une production) qui est moindre que 5 wasq" (al-Bukhârî, 1413 etc., Muslim, 979). Al-Bukhârî a dit, juste après le hadîth 1413 : "قال أبو عبد الله: هذا تفسير الأول إذا قال: "ليس فيما دون خمسة أوسق صدقة". ويؤخذ أبدا في العلم بما زاد أهل الثبت أو بينوا" (Al-Jâmi' us-sahîh) ; "قال أبو عبد الله: "هذا تفسير الأول، لأنه لم يوقّت في الأول - يعني حديث ابن عمر "وفيما سقت السماء العشر" -، وبيّن في هذا ووقّت. والزيادة مقبولة. والمُفسَّر يَقضِي على المُبهَم، إذا رواه أهل الثبت. كما روى الفضل بن عباس أن النبي صلى الله عليه وسلم لم يصل في الكعبة؛ وقال بلال: "قد صلى"؛ فأخذ بقول بلال، وترك قول الفضل" (Al-Jâmi' us-sahîh) ; "قوله "والمفسر يقضي على المبهم" أي الخاص يقضي على العام؛ لأن "فيما سقت": عام يشمل النصاب ودونه؛ و"ليس فيما دون خمسة أوسق صدقة": خاص بقدر النصاب" (Fat'h ul-bârî).

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Un autre cas encore de Taqyîd us-Sunnati Mutlaq al-Qur'ân : il s'agit d'une condition pour que l'ayant-droit puisse hériter de son parent:

Le Coran donne une liste d'héritiers : par exemple, le fils et la fille hériteront de leur père défunt. Dieu dit ainsi : "يُوصِيكُمُ اللّهُ فِي أَوْلاَدِكُمْ: لِلذَّكَرِ مِثْلُ حَظِّ الأُنثَيَيْنِ. فَإِن كُنَّ نِسَاء فَوْقَ اثْنَتَيْنِ فَلَهُنَّ ثُلُثَا مَا تَرَكَ؛ وَإِن كَانَتْ وَاحِدَةً فَلَهَا النِّصْفُ" (Coran 4/11). Cette règle est, on le voit, inconditionnelle (mutlaq).

Mais la Sunna a ajouté une condition (shart) à cela : l'ayant-droit ne doit pas avoir tué celui dont il hérite : "ولا يرث القاتل شيئا" (Abû Dâoûd, 4564). Ainsi, dans le cas d'un parricide, le meurtrier n'héritera rien.
Cette règle s'applique, cela est certain, à celui qui a tué volontairement et sans être en état de légitime défense (qatl ul-'amd).
Cependant, une certaine hésitation apparaît à propos de celui qui a tué involontairement (qatl ul-khata'), comme lors d'un accident de chasse, etc. : tombe-t-il lui aussi sous le coup de cet empêchement (celui-ci ayant comme objectif de dissuader de maquiller un assassinat en accident pour pouvoir toucher rapidement l'héritage), ou bien l'empêchement mentionné dans le hadîth ne concerne-t-il que le cas de l'assassinat ? Les avis sont partagés entre les mujtahidûn.

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IV) Un cas de Takhsîs us-Sunnati 'Âmm al-Qur'ân (Bayân du type 2 d'après l'école shafi'ite / du type 3 d'après l'école hanafite) :

Un cas de Takhsîs (Particularisation) du hukm induit par un premier verset, ainsi que de Ta'mîm (Généralisation) du hukm induit par un second verset, et ce au sujet de la personne qui se trouve dans un cas qui relève de la Généralité induite par le premier verset, mais que le Zâhir du second n'évoque pas de façon explicite :

--- Dans le Coran, un premier verset dit que la veuve doit observer un délai de viduité de 4 mois et 10 jours : "وَالَّذِينَ يُتَوَفَّوْنَ مِنكُمْ وَيَذَرُونَ أَزْوَاجًا يَتَرَبَّصْنَ بِأَنفُسِهِنَّ أَرْبَعَةَ أَشْهُرٍ وَعَشْرًا فَإِذَا بَلَغْنَ أَجَلَهُنَّ فَلاَ جُنَاحَ عَلَيْكُمْ فِيمَا فَعَلْنَ فِي أَنفُسِهِنَّ بِالْمَعْرُوفِ وَاللّهُ بِمَا تَعْمَلُونَ خَبِيرٌ" (Coran 2/234). Cela induit une Généralité ('Umûm) : "les épouses de ceux d'entre vous qui sont repris" : il s'agit de toute veuve.

--- Or, un autre verset (Coran 65/4) existe qui, s'intégrant dans tout un passage qui parle, selon toute apparence, des divorcées, dit que si elles n'ont jamais eu de règles, ou n'en ont plus, elles doivent observer un délai de 3 mois ; et si elles sont enceintes, leur délai est qu'elles accouchent : "يَا أَيُّهَا النَّبِيُّ إِذَا طَلَّقْتُمُ النِّسَاء فَطَلِّقُوهُنَّ لِعِدَّتِهِنَّ وَأَحْصُوا الْعِدَّةَ وَاتَّقُوا اللَّهَ رَبَّكُمْ لَا تُخْرِجُوهُنَّ مِن بُيُوتِهِنَّ وَلَا يَخْرُجْنَ إِلَّا أَن يَأْتِينَ بِفَاحِشَةٍ مُّبَيِّنَةٍ وَتِلْكَ حُدُودُ اللَّهِ وَمَن يَتَعَدَّ حُدُودَ اللَّهِ فَقَدْ ظَلَمَ نَفْسَهُ لَا تَدْرِي لَعَلَّ اللَّهَ يُحْدِثُ بَعْدَ ذَلِكَ أَمْرًا {65/1} فَإِذَا بَلَغْنَ أَجَلَهُنَّ فَأَمْسِكُوهُنَّ بِمَعْرُوفٍ أَوْ فَارِقُوهُنَّ بِمَعْرُوفٍ وَأَشْهِدُوا ذَوَيْ عَدْلٍ مِّنكُمْ وَأَقِيمُوا الشَّهَادَةَ لِلَّهِ ذَلِكُمْ يُوعَظُ بِهِ مَن كَانَ يُؤْمِنُ بِاللَّهِ وَالْيَوْمِ الْآخِرِ وَمَن يَتَّقِ اللَّهَ يَجْعَل لَّهُ مَخْرَجًا {65/2} وَيَرْزُقْهُ مِنْ حَيْثُ لَا يَحْتَسِبُ وَمَن يَتَوَكَّلْ عَلَى اللَّهِ فَهُوَ حَسْبُهُ إِنَّ اللَّهَ بَالِغُ أَمْرِهِ قَدْ جَعَلَ اللَّهُ لِكُلِّ شَيْءٍ قَدْرًا {65/3} وَاللَّائِي يَئِسْنَ مِنَ الْمَحِيضِ مِن نِّسَائِكُمْ إِنِ ارْتَبْتُمْ فَعِدَّتُهُنَّ ثَلَاثَةُ أَشْهُرٍ وَاللَّائِي لَمْ يَحِضْنَ وَأُوْلَاتُ الْأَحْمَالِ أَجَلُهُنَّ أَن يَضَعْنَ حَمْلَهُنَّ وَمَن يَتَّقِ اللَّهَ يَجْعَل لَّهُ مِنْ أَمْرِهِ يُسْرًا {65/4} ذَلِكَ أَمْرُ اللَّهِ أَنزَلَهُ إِلَيْكُمْ وَمَن يَتَّقِ اللَّهَ يُكَفِّرْ عَنْهُ سَيِّئَاتِهِ وَيُعْظِمْ لَهُ أَجْرًا" (Coran 65/1-5).
Voilà un cas de Takhsîs ul-Qur'âni 'Âmm al-qur'ân.

--- Mais qu'en est-il de la veuve qui est enceinte : ce verset du Coran, 65/4, l'évoque-t-il elle aussi ?
----- Le terme employé est indistinct (mutlaq), pouvant concerner directement la veuve aussi (en sus de la divorcée qui est enceinte) : "وَأُوْلَاتُ الْأَحْمَالِ أَجَلُهُنَّ أَن يَضَعْنَ حَمْلَهُنَّ" ; cependant, le reste du passage parle, pour sa part, explicitement des femmes venant d'être divorcées précisément ; en tous cas, il n'y est pas dit explicitement que le hukm englobe la veuve aussi.

La Sunna a par contre stipulé (cas de Subay'a bint il-Hârith al-aslamiyya) que la veuve qui est enceinte, son délai est l'accouchement.
Quand la Sunna a dit cela, il s'est agi, de sa part :

----- soit du Tab'yîn de ce second verset du Coran, 65/4 : elle a rendu explicite que le Hukm concerne, dans le Coran même, la veuve aussi ;
----- soit de la Ta'diya du Hukm que ce verset du Coran communique pour sa part au sujet de la divorcée, à la femme devenue veuve.
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Et cela a induit une Takhsîs du Hukm du premier verset, 2/234, à la veuve qui n'est pas enceinte.

"عن يحيى، قال: أخبرني أبو سلمة، قال: جاء رجل إلى ابن عباس وأبو هريرة جالس عنده، فقال: "أفتني في امرأة ولدت بعد زوجها بأربعين ليلة." فقال ابن عباس: "آخر الأجلين"، قلت أنا: "{وأولات الأحمال أجلهن أن يضعن حملهن}"، قال أبو هريرة: "أنا مع ابن أخي" - يعني أبا سلمة. فأرسل ابن عباس غلامه كريبا إلى أم سلمة يسألها، فقالت: "قتل زوج سبيعة الأسلمية وهي حبلى، فوضعت بعد موته بأربعين ليلة، فخطبت، فأنكحها رسول الله صلى الله عليه وسلم. وكان أبو السنابل فيمن خطبها" (al-Bukhârî, 4626, Muslim, 1485).
"عن عبد الرحمن بن هرمز الأعرج، قال: أخبرني أبو سلمة بن عبد الرحمن، أن زينب بنت أبي سلمة أخبرته عن أمها أم سلمة - زوج النبي صلى الله عليه وسلم - أن امرأة من أسلم يقال لها سبيعة، كانت تحت زوجها، توفي عنها وهي حبلى. فخطبها أبو السنابل بن بعكك، فأبت أن تنكحه. فقال: "والله ما يصلح أن تنكحيه حتى تعتدي آخر الأجلين". فمكثت قريبا من عشر ليال، ثم جاءت النبي صلى الله عليه وسلم فقال: "انكحي" (al-Bukhârî, 5012).
"مالك، عن عبد ربه بن سعيد بن قيس، عن أبي سلمة بن عبد الرحمن أنه قال: سئل عبد الله بن عباس وأبو هريرة عن المرأة الحامل يتوفى عنها زوجها. فقال ابن عباس: "آخر الأجلين"، وقال أبو هريرة: "إذا ولدت، فقد حلت". فدخل أبو سلمة بن عبد الرحمن على أم سلمة زوج النبي صلى الله عليه وسلم، فسألها عن ذلك. فقالت أم سلمة: "ولدت سبيعة الأسلمية بعد وفاة زوجها بنصف شهر؛ فخطبها رجلان، أحدهما شاب، والآخر كهل. فحطت إلى الشاب. فقال الشيخ: "لم تحلي بعد"، وكان أهلها غيبا، ورجا إذا جاء أهلها أن يؤثروه بها. فجاءت رسول الله صلى الله عليه وسلم، فقال: "قد حللت، فانكحي من شئت" (Muwatta' Mâlik, 1291).
"عن ابن شهاب، قال: حدثني عبيد الله بن عبد الله بن عتبة، أن أباه كتب إلى عمر بن عبد الله بن الأرقم الزهري: يأمره أن يدخل على سبيعة بنت الحارث الأسلمية، فيسألها عن حديثها، وعن ما قال لها رسول الله صلى الله عليه وسلم حين استفتته. فكتب عمر بن عبد الله بن الأرقم إلى عبد الله بن عتبة يخبره أن سبيعة بنت الحارث أخبرته أنها كانت تحت سعد ابن خولة - وهو من بني عامر بن لؤي، وكان ممن شهد بدرا -، فتوفي عنها في حجة الوداع وهي حامل. فلم تنشب أن وضعت حملها بعد وفاته. فلما تعلت من نفاسها، تجملت للخطاب. فدخل عليها أبو السنابل بن بعكك - رجل من بني عبد الدار - فقال لها: "ما لي أراك تجملت للخطاب؟ ترجين النكاح؟ فإنك والله ما أنت بناكح حتى تمر عليك أربعة أشهر وعشر". قالت سبيعة: "فلما قال لي ذلك، جمعت علي ثيابي حين أمسيت، وأتيت رسول الله صلى الله عليه وسلم فسألته عن ذلك. فأفتاني بأني قد حللت حين وضعت حملي، وأمرني بالتزوج إن بدا لي" (al-Bukhârî, 3770, Muslim, 1484).
"عن محمد، قال: كنت في حلقة فيها عبد الرحمن بن أبي ليلى، وكان أصحابه يعظمونه. فذكروا له، فذكر آخر الأجلين. فحدثتُ بحديث سبيعة بنت الحارث عن عبد الله بن عتبة. قال: فضمز لي بعض أصحابه، قال محمد: ففطنت له، فقلت: "إني إذا لجريء إن كذبت على عبد الله بن عتبة وهو في ناحية الكوفة". فاستحيا، وقال: "لكن عمه لم يقل ذاك". فلقيت أبا عطية مالك بن عامر فسألته فذهب يحدثني حديث سبيعة، فقلت: "هل سمعت عن عبد الله فيها شيئا؟" فقال: "كنا عند عبد الله، فقال: "أتجعلون عليها التغليظ، ولا تجعلون عليها الرخصة؟ لنزلت سورة النساء القصرى بعد الطولى: {وأولات الأحمال أجلهن أن يضعن حملهن" (al-Bukhârî, 4626).
"وقد أفاد محمد بن وضاح فيما حكاه ابن بشكوال وغيره عنه أن اسم الشاب الذي خطب سبيعة - هو وأبو السنابل، فآثرته على أبي السنابل -: أبو البشر بن الحارث (وضبطه بكسر الموحة وسكون المعجمة)" (Fat'h ul-bârî, 9/).

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V) Un cas inverse du précédent (IV) : Tatlîq us-Sunnati Hukm al-Qur'ân alladhî kâna yabdû fîhi Muqayyadan (il s'agit en l'occurrence d'un Hukm de Sababiyya) (il y a ici un Bayân du type 3) :

--- "وَإِذَا ضَرَبْتُمْ فِي الأَرْضِ فَلَيْسَ عَلَيْكُمْ جُنَاحٌ أَن تَقْصُرُواْ مِنَ الصَّلاَةِ إِنْ خِفْتُمْ أَن يَفْتِنَكُمُ الَّذِينَ كَفَرُواْ إِنَّ الْكَافِرِينَ كَانُواْ لَكُمْ عَدُوًّا مُّبِينًا" : "Et lorsque vous parcourez la Terre, alors pas de grief à ce que vous raccourcissiez (certaines) des prières rituelles si vous craignez que ceux qui ont mécru vous attaquent. Ces incroyants sont pour vous un ennemi déclaré" (Coran 4/101).

Or Omar ibn ul-Khattâb (رضي الله عنه) fit remarquer au Messager de Dieu (صلى الله عليه وسلّم) que, en sa compagnie, ils continuaient à raccourcir les prières lors de déplacements faits dans des régions pourtant pacifiées. Le Messager lui répondit que c'était un présent fait par Dieu, et qu'il s'agissait donc d'accepter ce présent : "عن يعلى بن أمية، قال: قلت لعمر بن الخطاب: "إنما قال الله: {أن تقصروا من الصلاة إن خفتم أن يفتنكم}؛ وقد أمن الناس!" فقال عمر: "عجبت مما عجبت منه، فذكرت ذلك لرسول الله صلى الله عليه وسلم، فقال: "صدقة تصدق الله بها عليكم، فاقبلوا صدقته". هذا حديث حسن صحيح" (at-Tirmidhî, 3134, Abû Dâoûd, 1199). Il voulut dire que même lorsque cette clause n'est pas présente et que les chemins sont sûrs, le raccourcissement de la prière constituée de 4 cycles est institué (mashrû') : ce raccourcissement est : soit autorisé, soit recommandé, soit obligatoire (selon les avis divergents existant entre les mujtahidûn sur le sujet).

La Sunna est venue montrer que cette clause du Coran est seulement Ghâlibî.
"شريطة باعتبار الغالب في ذلك الوقت، ولذلك لم يعتبر مفهومها. كما لم يعتبر في قوله تعالى: {فَإِنْ خِفْتُمْ أَلَّا يُقِيما حُدُودَ اللَّهِ فَلا جُناحَ عَلَيْهِما فِيمَا افْتَدَتْ بِهِ}. وقد تظاهرت السنن على جوازه أيضاً في حال الأمن. وقرئ: {من الصلاة أن يفتنكم} بغير {إن خفتم} بمعنى "كراهة أن يفتنكم". وهو القتال والتعرض بما يكره" (Tafsîr ul-Baydhâwî).

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Un cas qui relève soit du Tab'yîn us-Sunnati Murâd al-Qur'an (Bayân du type 1'), soit du Tafsîl us-Sunnati Mujmal al-Qur'ân (Bayân du type 2), soit du Takhsîs us-Sunnati 'Umûm al-Qur'ân (Bayân du type 3) : le fait que la sodomie est interdite :

Dans le Coran, après avoir parlé de l'interdiction d'avoir des relations intimes pendant que la femme a ses règles (Coran 2/222 : voir plus haut), Dieu dit  : "فَإِذَا تَطَهَّرْنَ فَأْتُوهُنَّ مِنْ حَيْثُ أَمَرَكُمُ اللّهُ" : "Alors, lorsqu'elle se seront purifiées, venez à elles de là où Dieu vous l'a ordonné" (Coran 2/222), puis : "نِسَآؤُكُمْ حَرْثٌ لَّكُمْ فَأْتُواْ حَرْثَكُمْ أَنَّى شِئْتُمْ " : "Vos femmes sont (telles) un champ pour vous. Venez à votre champ comme vous le voulez" (Coran 2/223).

Dans ces deux versets 2/222 et 2/223 il y a l'impératif d'autorisation "فَأْتُوا", "venez à", qui peut désigner ici (murâdu-hûchacune des 3 formes du istimtâ' entre époux, "صُوَر استمتاع الرجل الثلاثُ بجسد امرأته" :
A) تلذذ الرجل بجسد امرأته (ولكن بغير إمناء)، سواء بذَكره كان - ولكن بغير إيلاجه في داخل جسد المرأة -، أو باصبعه كان - سواء أولجها في داخل جسد المرأة، أم لم يولجها فيه -، او بفمه كان، أو بعضو آخر من جملة أعضائه كان: فهذا يجوز مطلقًا (إلا بما بين السرة والركبتين في حالة الحيض لدى بعض المجتهدين، فقد حرّموه إذا كان التلذذ بدون حائل؛ بينما أباحه بدون حائل بعض المجتهدين الآخرين) (وإلا مسّ الرجل فرج امرأته بدون حائل في حالة الحيض، فقد كرهه بعض العلماء لملامسة النجاسة حينئذ) (وإلا إيلاج الاصبع في داخل الدبر، فقد منع منه علماء سدًّا للذريعة) ;
B) إيلاج الرجل ذَكره في داخل جسد امرأته (ولو بدون إمناء): فهذا لا يجوز إلا في فرجها، في غير حالة الحيض (وقد يجوز إيلاج الذَكر في فمها أيضًا لدى بعض العلماء، ولكن أوّلًا شريطة أن يكون بغير إمذاء في فمها ولا إمناء فيه؛ ثم داخل الفم ليس ليس بكل الوجوه جزءً من داخل الجسد، بدليل أن المضمضة لا تُفسِد الصيام، وبدليل أن المضمضة جزء واجب من الاغتسال لدى بعض المجتهدين، معتبرين الفم من خارج الجسد) ;
– C) إمناء الرجل بالتلذذ بظاهر جسد امرأته: يجوز مطلقا (إلا بما بين السرة والركبتين في حالة الحيض لدى بعض المجتهدين، فقد حرّموه إذا كان بدون حائل؛ بينما أباحه بدون حائل بعض المجتهدين الآخرين).

De plus, le verset 2/223 contient le terme "harth", qui signifie : "champ" : il y a ici une métaphore, la femme étant comparée à la terre qui accueillera la graine qu'elle fera germer, puis se développer et naître. Ici :
--- soit "hartha-kum" désigne (murâdu-hû) : la femme qui est licite pour un homme donné (المراد بـ"حرثكم": ذات امرأتكم، تسمية للكل باسم الجزء) (voir Tafsîr ur-Râzî) ; et le terme "annâ" signifie (ma'nâ-hu) : "ayna", ou "kayfa", ou "matâ" ;
--- soit "hartha-kum" désigne (murâdu-hû) : la partie intime de la femme qui est licite pour un homme donné (المراد بـ"حرثكم": فرج امرأتكم) ; et le terme "annâ" signifie (ma'nâ-hu) alors : "min ayna", ou "kayfa", ou "matâ".

Or, sachant que le verset 2/222 parle ("فَإِذَا تَطَهَّرْنَ") du moment où la femme sort de sa période menstruelles (et qu'elle a pris le bain rituel, ghusl - d'après le commentaire le plus répandu -), ici "فَأْتُوهُنَّ", "venez à elles", ne peut pas désigner les formes A ou C, puisque celles-ci demeuraient autorisées pour l'homme lorsque sa femme était en règles : cela ne désigne ici que la forme B : "إيلاج الرجل ذَكره في داخل جسد امرأته".
Dès lors, ce verset 2/222 peut, par la formule : "venez à elles de là où Dieu vous l'a ordonné", faire allusion au caractère interdit de la sodomie : c'en est l'un des commentaires : "المسألة الثالثة: اختلفوا في المراد بقوله تعالى: {فأتوهن من حيث أمركم الله} وفيه وجوه: الأول - وهو قول ابن عباس ومجاهد وإبراهيم وقتادة وعكرمة -: "فأتوهن في المأتى، فإنه هو الذي أمر الله به، ولا تؤتوهن في غير المأتى". وقوله {من حيث أمركم الله}: أي "في حيث أمركم الله"، كقوله {إذا نودي للصلاة من يوم الجمعة} أي في يوم الجمعة" (Tafsîr ur-Râzî). "وقال ابن عباس: "طئوهن في الفرج، ولا تعدوه إلى غيره"، أي: اتقوا الأدبار" (Tafsîr ul-Baghawî).
La Sunna a alors fait Tafsîl (Bayân du type 2) de ce que le verset 2/222 du Coran disait globalement.

Pour ce qui est maintenant du verset 2/223...

Si on considère que ce verset 2/223 n'est que le prolongement du verset 2/222 et parle du même moment, alors : "فَأْتُوا", "venez à" ne désigne que la forme B ; dans ce cas, ce "hartha-kum" constitue le détail de ce que, au verset précédent, Dieu a formulé en les termes "venez à elles de là où Dieu vous l'a ordonné" : le verset 2/223 fait allusion au fait que c'est le lieu d'ensemencement qu'il évoque qui correspond à ce que le verset 2/222 désignait par les termes : "là où Dieu vous l'a ordonné". "ويجابون عن ذلك بأن ظاهر الآية يقتضي كون الإباحة مقصورة على الوطء في الفرج، وأنه هو الذي عناه الله تعالى بقوله {من حيث أمركم الله} إذ كان معطوفا عليه" (Ahkâm ul-qur'ân, al-Jassâs) ; "لما قال الله تعالى {فأتوهن من حيث أمركم الله} ثم قال في نسق التلاوة {فأتوا حرثكم أنى شئتم}، أبان بذلك موضع المأمور به وهو موضع الحرث؛ ولم يرد إطلاق الوطء بعد حظره إلا في موضع الولد، فهو مقصور عليه دون غيره. وهو قاض مع ذلك على قوله تعالى {إلا على أزواجهم أو ما ملكت أيمانهم}، كما كان حظر وطء الحائض قاضيا على قوله {إلا على أزواجهم}. فكانت هذه الآية مرتبة على ما ذكر من حكم الحائض" (Ahkâm ul-qur'ân, al-Jassâs).
La Sunna a alors fait Tab'yîn (Bayân du type 1') de ce que ce passage du Coran 2/222-223 faisait comprendre.
C'est à la lumière de cette considération du verbe "venez à" présent en 2/223 que se comprend ce propos de ash-Shâfi'î : "وبيّن في الآية أنما نهى عن إتيان النساء في المحيض. ومعروف أن الإتيان: في الفرج، لأن التلذذ بغير الفرج في شيء من الجسد ليس إتيانا. ودلت سنة رسول الله - صلى الله عليه وسلم - على أن للزوج مباشرة الحائض إذا شدت عليها إزارها، والتلذذ بما فوق الإزار مفضيا إليها بجسده وفرجه، فذلك لزوج الحائض؛ وليس له التلذذ بما تحت الإزار منها. (...) وإباحة الإتيان في موضع الحرث يشبه أن يكون تحريم إتيان في غيره: فالإتيان في الدبر حتى يبلغ منه مبلغ الإتيان في القبل محرم بدلالة الكتاب ثم السنة (...). فأما التلذذ - بغير إبلاغ الفرج - بين الأليتين وجميع الجسد، فلا بأس به إن شاء الله تعالى" (Kitâb ul-Umm).

Si par contre on considère le verset 2/223 comme contenant un hukm autonome par rapport à ce que dit le 2/222, alors : "فَأْتُوا", "venez à", peut désigner toutes les formes de istimtâ' : A, B et C : à ce moment-là non plus, ce verset 2/223 n'induit pas que la sodomie est interdite, puisque que le coït intercrural est autorisé, de même que le fait d'éjaculer volontairement à l'extérieur suite à une stimulation faite par l'épouse, alors même que ces deux actes n'ont eux non plus (tout comme la sodomie) pas consisté pour l'homme à déposer sa semence dans le lieu où elle est susceptible de germer.
La Sunna a alors fait Taqyîd du hukm mutlaq présent dans ce verset 2/223, ainsi que du hukm mutlaq induit par les deux passages suivants du Coran : "وَالَّذِينَ هُمْ لِفُرُوجِهِمْ حَافِظُونَ إِلَّا عَلَى أَزْوَاجِهِمْ أوْ مَا مَلَكَتْ أَيْمَانُهُمْ فَإِنَّهُمْ غَيْرُ مَلُومِينَ فَمَنِ ابْتَغَى وَرَاء ذَلِكَ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الْعَادُونَ" (Coran 23/5-7 et 70/29-31).
C'est à la lumière de cette autre considération du verbe "venez à" présent en 2/223 que se comprend ce propos de ash-Shâfi'î - très différent de son propos précédent -, qu'il a tenu à Muhammad ibn ul-Hassan, lui faisant valoir que le coït intercrural - qui relève du A ou du C - est autorisé et que le verset 2/222 ou 2/223 n'interdit pas la sodomie : "وروى الحاكم عن نصر بن محمد المعدل عن محمد بن القاسم بن شعبان الفقيه قال ثنا الحسن بن عياض ومحمد بن أحمد بن حماد قالا نا محمد بن عبد الله يعنيان ابن عبد الحكم قال: قال الشافعي كلاما كلم به محمد بن الحسن في مسألة إتيان المرأة في دبرها؛ قال: سألني محمد بن الحسن، فقلت له: "إن كنت تريد المكابرة وتصحيح الروايات وإن لم تصح، فأنت أعلم؛ وإن تكلمت بالمناصفة، كلمتك." قال: "على المناصفة"، قلت: "فبأي شيء حرمته؟" قال: "بقول الله عز وجل {فأتوهن من حيث أمركم الله}، وقال: {فأتوا حرثكم أنى شئتم} والحرث لا يكون إلا في الفرج"، قلت: "أفيكون ذلك محرما لما سواه؟" قال: "نعم"، قلت: "فما تقول لو وطئها بين ساقيها أو في أعكانها أو تحت إبطها أو أخذَتْ ذكره بيدها: أفي ذلك حرث؟" قال: "لا"، قلت: "أفيحرم ذلك؟" قال: "لا"، قلت: "فلم تحتج بما لا حجة فيه؟". قال: "فإن الله قال {والذين هم لفروجهم حافظون} الآية"، قال: فقلت له: "إن هذا مما يحتجون به للجواز أن الله أثنى على من حفظ فرجه من غير زوجته وما ملكت يمينه" (At-Talkhîs ul-habîr) (relaté brièvement dans Fat'h ul-bârî 8/240). Certains ulémas ont cru que ce propos de ash-Shâfi'î incline vers la licéité de la sodomie ; certains parmi eux ont donc remis en cause la fiabilité de cette relation faite de lui par Muhammad ibn 'Abd il-Hakam ; d'autres ont dit qu'elle est fiable mais que ash-Shâfi'î a par la suite abandonné cet avis pour adopter celui qu'il a exprimé dans Al-Umm (voir plus haut). Ibn Hajar dit qu'en fait ash-Shâfi'î n'a ici nullement exprimé que la sodomie est licite mais a seulement voulu  contredire Muhammad ibn ul-Hassan pour les besoins du débat contradictoire ("وإنما اغتر محمد بكون الشافعي قص له القصة التي وقعت له بطريق المناظرة بينه وبين محمد بن الحسن. ولا شك أن العالم في المناظرة يتقذر القول وهو لا يختاره، فيذكر أدلته إلى أن ينقطع خصمه؛ وذلك غير مستنكر في المناظرة والله أعلم" : At-Talkhîs ul-habîr). Apparemment ash-Shâfi'î aura voulu seulement lui démontrer que, contrairement à ce que l'école hanafite dit, la Sunna peut procéder au Takhsîs-u 'Âmm il-qur'ân : la lettre du Coran ne suffit pas, à elle seule, à établir l'interdiction de la sodomie ; c'est la Sunna qui l'a établie.

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En tous cas, voici ce que la Sunna a dit du coït anal (lequel relève du B), l'interdisant :
--- "عن خزيمة بن ثابت رضي الله عنه أن رجلاً سأل النبي صلى الله عليه وسلم عن إتيان النساء في أدبارهن، أو إتيان الرجل امرأته في دبرها؟ فقال صلى الله عليه وسلم: "حلال". فلما ولّى الرجل دعاه، أو أمر به فدعي، فقال: "كيف قلت؟ في أي الخربتين، أو في الخرزتين، أو في أي الخصفتين: أمن دبرها في قبلها؟ فنعم؛ أم من دبرها في دبرها؟ فلا. فإن الله لا يستحي من الحق، لا تأتوا النساء في أدبارهن" (ash-Shâfi'î) ;
--- "عن ابن عباس قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: لا ينظر الله إلى رجل أتى رجلا أو امرأة في الدبر" (at-Tirmidhî, 1165) ;
--- "عن ابن عباس، قال: جاء عمر إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال: يا رسول الله هلكت! قال: "وما أهلكك؟" قال: حولت رحلي الليلة! قال: فلم يرد عليه رسول الله صلى الله عليه وسلم شيئا. قال: فأوحي إلى رسول الله صلى الله عليه وسلم هذه الآية: {نساؤكم حرث لكم فأتوا حرثكم أنى شئتم}. أقبل وأدبر، واتق الدبر والحيضة" (at-Tirmidhî, 2980) ;
--- "عن أبي هريرة، قال: قال رسول الله صلى الله عليه وسلم: ملعون من أتى امرأته في دبرها" (Abû Dâoûd, 2162) ;
--- "عن أم سلمة، قالت: لما قدم المهاجرون المدينة على الأنصار تزوجوا من نسائهم، وكان المهاجرون يجبون، وكانت الأنصار لا تجبي، فأراد رجل من المهاجرين امرأته على ذلك، فأبت عليه حتى تسأل النبي صلى الله عليه وسلم، قالت: فأتته، فاستحيت أن تسأله، فسألته أم سلمة، فنزلت: {نساؤكم حرث لكم فأتوا حرثكم أنى شئتم} وقال: ""لا، إلا في صمام واحد (Ahmad).

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Un cas qui ne relève pas du Bayân : un cas de Ta'diyat us-Sunnati Hukm al-Qur'ân : de transmission du Hukm à autre chose que ce qui est stipulé :

Un cas de Ta'mîm (Généralisation) partielle, par la Sunna, du Hukm coranique, et ce par l'accolement (il'hâq) d'un cas différent, au cas étant évoqué dans le Coran :

Selon le Coran : s'il y a deux filles ou plus, elles obtiennent les deux tiers du legs ; mais s'il n'y en a qu'une seule, elle prend la moitié du legs : "يُوصِيكُمُ اللّهُ فِي أَوْلاَدِكُمْ لِلذَّكَرِ مِثْلُ حَظِّ الأُنثَيَيْنِ فَإِن كُنَّ نِسَاء فَوْقَ اثْنَتَيْنِ فَلَهُنَّ ثُلُثَا مَا تَرَكَ وَإِن كَانَتْ وَاحِدَةً فَلَهَا النِّصْفُ" (Coran 4/11). Or une petite-fille (la fille du fils) n'est pas une fille au sens premier du terme ; c'est seulement au cas où, à la mort de celui dont il s'agit de partager le legs, il ne laisse pas de fille (ou pas de fille vivante, car sa fille est morte avant lui), que sa petite-fille hérite (il s'agit, rappelons-le, de la fille du fils ; car la fille de la fille relève d'une autre catégorie encore : dhawu-l-arhâm). La fille étant présente, normalement la petite-fille n'obtient rien (sauf si elle a un frère - fils de ce défunt - également vivant), puisqu'elle n'est considérée "fille" qu'au sens figuré du terme ; or, lorsque le réel permet d'appliquer le sens propre d'un terme des textes, on n'appliquera pas en même temps son sens figuré. (Par contre, si le défunt laisse une fille et non pas un fils - celui-ci étant déjà décédé avant son père - mais un fils de fils, ce petit-fils héritera avec sa tante paternelle ; il en sera de même s'il laisse une fille ainsi que un - ou des - petite(s)-fille(s) et petit(s)-fils : Al-Mughnî 8/364-365.)
Quant à la sœur, si elle est présente en même temps que la fille (alors même que le défunt ne laisse pas de fils après lui), elle hérite du restant, en tant que 'Assaba ma'a-l-ghayr (chose qui est énoncée dans la Sunna : "باب: ميراث الأخوات مع البنات عصبة" : al-Bukhârî, Kitâb ul-Farâ'ïdh, bâb 11, sur 6360 et 6361) (Al-Mughnî, 8/362-364).

Abû Mûssa al-Ash'arî fut questionné un jour au sujet d'un cas d'héritage où le défunt avait laissé une fille, une petite-fille (fille de son fils - déjà décédé -) ainsi qu'une sœur. Il répondit donc selon le Zâhir du Coran ainsi que selon la partie de la Sunna dont il avait connaissance : à la fille une moitié, l'autre moitié revenant à la sœur - en tant que 'Assaba ma'a-l-ghayr.

Or la Sunna a enseigné que, quand le défunt laisse comme héritiers une seule fille mais aussi une petite-fille (la fille du fils du défunt) (cette petite-fille étant donc la nièce de la fille du défunt), l'ensemble des deux est considéré comme constituant deux filles ; en tant que tel, le groupe des deux obtient les 2/3 du legs (comme si elles étaient 2 filles). Cependant, cet accolement (il'hâq) de la petite-fille à la fille n'est que partiel, car si c'était véritablement une seconde fille, elle aurait partagé les deux tiers avec la première fille en deux parts complètement égales ; tandis qu'ici, sur les deux tiers du legs qu'elles ont ainsi obtenus, la seule fille prend la moitié de ce legs, tandis que la petite-fille n'en obtient que le sixième.

Mais Abû Mûssâ n'avait pas connaissance de l'existence de ce hadîth.

C'est pourquoi il donna la réponse qu'il donna.

Par mesure de vérification (istithbât : FB 12/22), il demanda à l'homme de poser quand même la même question à Ibn Mas'ûd, ajoutant : "Il confirmera ce que j'ai dit".

Mais, tout au contraire, prenant connaissance de la réponse que Abû Mûssâ avait donnée, Ibn Mas'ûd s'exclama : "Dans ce cas (si j'approuvais son avis), je serais égaré et ne serais pas de ceux qui sont bien guidés ! Je rendrai à ce sujet le jugement d'après ce que le Prophète a rendu comme jugement" ; puis il fit connaître celui-ci à l'homme. Prenant connaissance de la réponse de Ibn Mas'ûd, Abû Mûssâ fit : "Ne me posez plus de question tant que cet érudit sera parmi vous".

"سئل أبو موسى عن ابنة وابنة ابن وأخت فقال: "للابنة النصف وللأخت النصف. وأت ابن مسعود فسيتابعنى." فسئل ابن مسعود وأخبر بقول أبى موسى، فقال: "لقد ضللت إذا وما أنا من المهتدين! أقضى فيها بما قضى النبى صلى الله عليه وسلم: للابنة النصف، ولابنة ابن السدس تكملة الثلثين، وما بقى فللأخت." فأتينا أبا موسى فأخبرناه بقول ابن مسعود، فقال: "لا تسألونى ما دام هذا الحبر فيكم" (al-Bukhârî, 6355, avec FB 12/22).

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A lire après cet article :

- Dans sa Sunna, le Prophète (sur lui soit la paix) a fourni d'un verset une explication donnée. Est-il possible de fournir une autre explication du même verset, différente mais non pas contradictoire de celle donnée par le Prophète ?

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Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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