Que le Coran renvoie lui-même à une autre source que lui, la Sunna, on trouve cela dans un certain nombre de versets du Livre de Dieu. Cela a été traité dans un article précédent : Des preuves, présentes dans le texte du Coran, que le Prophète (صلى الله عليه وسلم) recevait également de la révélation n'étant pas destinée à faire partie du Coran, par laquelle lui étaient communiqués des impératifs destinés aux musulmans -- الإثبات - بنصّ القرآن - لوجود أحكامٍ تكليفيّةٍ وَرَدَتْ في وحْي غير القرآن.
-
Dans l'article-ci, nous allons aborder autre chose : On assiste aujourd'hui, de la part de certains coreligionnaires, à une remise en cause de la fiabilité du Patrimoine classique des Hadîths - التُّرَاث - tel que légué à nous par nos anciens Experts (al-Bukhârî, ainsi que tous les autres l'ayant précédé ou suivi dans le temps)...
Selon cette tendance, il est certes nécessaire de se référer, en sus du Coran, à la Sunna aussi, cependant, nombre des Hadîths reconnus comme Sahîh par nos Experts sont à rejeter, et ce sur la base de critères d'un genre tout à fait nouveau...
--- L'un des prétextes avancés est que certains des Hadîths se contredisent entre eux ; "Comment considérer alors ces hadîths-là comme constituant une source fiable ? Tous les hadîths qui se contredisent sont donc à rejeter et à délaisser".
--- Un second prétexte est qu'il y a des Hadîths dont le Zâhir contredit un principe présent dans des versets du Coran, ne pouvant alors être compatible avec le contenu de ces versets que suite à une Ta'wîl (= appréhender tel terme du Hadîth dans un sens valable mais différent de son sens premier ou basique), une Takhsîs (= restreindre la Généralité de l'un par l'autre) ou une Ta'lîl (= rapporter le hukm induit par le Hadîth au Manât induit par le Coran). C'en est trop pour certains, et le simple constat de la contradiction entre le Zâhir de ces Hadîths et le Hukm induit par ces Versets suffit, selon eux, à discréditer purement et simplement ces Hadîths...
--- Un troisième prétexte est qu'il y a des Hadîths où certains termes sont relatés non pas avec les termes exacts que le Prophète aurait prononcés, mais selon leur sens ; comme le Hadîth qui relate qu'une femme s'est proposée en mariage au Prophète (sur lui soit la paix) ; celui-ci n'était pas intéressé, puis un homme a exprimé son intéressement, et à la fin le Prophète marie cette femme à cet homme. Quelle formule emploie-t-il alors, les versions divergent sur ce point : "فقد زوّجتكُها" / "أنْكحتُكها" / "ملّكتُكها" / "أمْلكتُكها" / "أمْكنّاكها". Ibn Hajar écrit : "Ce qui est certain c'est que le Prophète, que Dieu le bénisse et le salue, n'a pas dit tous ces termes en cette seule occasion. Il ne reste plus qu'à dire : Le Prophète, que Dieu le bénisse et le salue, a dit l'un de ces termes, et le reste des transmetteurs a exprimé le sens (bi-l-ma'nâ)" (An-Nukat, 808-809). "Dans ces circonstances, disent ces coreligionnaires, comme peut-on encore prêter crédit à des textes aussi peu précis ?"
--- Un quatrième prétexte est qu'il y a des Hadîths qui contredisent le simple bon sens ; comme le Hadîth qui dit : "Dans la graine noire [= la nigelle] il y a une guérison pour toute maladie, sauf la mort" : "في الحبة السوداء شفاء من كل داء، إلا السام" (al-Bukhârî, Muslim). Pour ces coreligionnaires, même à faire l'exception des maladies mortelles, il ne peut pas y avoir de guérison dans la graine de nigelle pour toute maladie non-mortelle ; ce hadîth n'est donc pas vrai, contredisant le simple bon sens !
--- Un cinquième prétexte est qu'il y a des Hadîths dont le Zâhir est peu crédible sur le plan scientifique ; comme le Hadîth qui dit que lorsque le soleil se couche, il part en-dessous du Trône et demande la permission de se lever : "عن أبي ذر رضي الله عنه، قال: كنت مع النبي صلى الله عليه وسلم في المسجد عند غروب الشمس، فقال: "يا أبا ذر أتدري أين تغرب الشمس؟" قلت: الله ورسوله أعلم، قال: "فإنها تذهب حتى تسجد تحت العرش، فذلك قوله تعالى: {والشمس تجري لمستقر لها ذلك تقدير العزيز العليم" (al-Bukhârî, 4524) ; ou comme le Athar relatant que, suite à une parole de Ibn Omar qui l'a mis en colère, Ibn Sayyâd a gonflé physiquement : "عن نافع، قال: لقي ابن عمر ابن صائد في بعض طرق المدينة، فقال له قولا أغضبه، فانتفخ حتى ملأ السكة. فدخل ابن عمر على حفصة وقد بلغها، فقالت له: "رحمك الله! ما أردت من ابن صائد؟ أما علمت أن رسول الله صلى الله عليه وسلم قال: "إنما يخرج من غضبة يغضبها؟" (Muslim, 2932). Selon ces frères, on se trouve face à une contradiction entre ces Hadîths d'une part et ce qui est établi scientifiquement d'autre part. Toujours selon ces frères, cette contradiction entraîne que ces Hadîths ne peuvent pas être Maqbûl (مقبول) : il s'agit seulement de paroles qui ont été faussement attribuées au Prophète (sur lui soit la paix) ; elles sont Mardûd (مردود) en tant que Hadîth Marfû'. Ces paroles :
--- sont en fait des Isrâ'îliyyât (des données issues des traditions judéo-chrétiennes), qui se sont glissées ultérieurement dans la Umma, et que certains ont par erreur attribuées au Prophète ;
--- ou ont en vérité pour origine Ka'b al-Ahbâr (que Abû Hurayra fréquentait, et un maillon postérieur, au lieu de relater : "de Abu Hurayra, de Ka'b al-Ahbâr que celui-ci a dit...", a, par erreur, relaté cela ainsi : "de Abu Hurayra, du Prophète, que celui-ci a dit..." ;
--- ou encore sont des paroles de certains Sahâba ou Tâbi'ûn, mais un maillon postérieur s'est trompé, et, au lieu de dire : "de Ibn Abbas qu'il a dit...", a dit : "de Ibn Abbas qu'il a relaté du Prophète qu'il a dit..." ; au lieu de dire : "de Mujâhid qu'il a dit...", a dit : "de Mujâhid qu'il a relaté de Ibn Abbas qu'il a relaté du Prophète qu'il a dit...".
--- Un sixième prétexte est que certains hadîths contrediraient le principe d'égalité entre l'homme et la femme, tel que formulé dans ce verset : "إِنَّ الْمُسْلِمِينَ وَالْمُسْلِمَاتِ وَالْمُؤْمِنِينَ وَالْمُؤْمِنَاتِ وَالْقَانِتِينَ وَالْقَانِتَاتِ وَالصَّادِقِينَ وَالصَّادِقَاتِ وَالصَّابِرِينَ وَالصَّابِرَاتِ وَالْخَاشِعِينَ وَالْخَاشِعَاتِ وَالْمُتَصَدِّقِينَ وَالْمُتَصَدِّقَاتِ وَالصَّائِمِينَ وَالصَّائِمَاتِ وَالْحَافِظِينَ فُرُوجَهُمْ وَالْحَافِظَاتِ وَالذَّاكِرِينَ اللَّهَ كَثِيرًا وَالذَّاكِرَاتِ أَعَدَّ اللَّهُ لَهُم مَّغْفِرَةً وَأَجْرًا عَظِيمًا" (Coran 33/53).
-
I) Premier prétexte : "Il y a des contradictions entre des Hadîths" :
La belle affaire...
Le même phénomène est présent avec plusieurs versets du Coran : des versets coraniques dont le Zâhir de l'un contredit le Zâhir - y compris la Généralité ('Umûm) - de l'autre.
Voyez seulement les 3 passages du Coran qui évoquent ou semblent évoquer l'ordre de succession de la création des Cieux et de la Terre :
--- "هُوَ الَّذِي خَلَقَ لَكُم مَّا فِي الأَرْضِ جَمِيعاً ثُمَّ اسْتَوَى إِلَى السَّمَاء فَسَوَّاهُنَّ سَبْعَ سَمَاوَاتٍ وَهُوَ بِكُلِّ شَيْءٍ عَلِيمٌ" : "Il est Celui qui a créé pour vous tout ce qui se trouve sur la Terre, ENSUITE (thumma) Il S'est établi vers le ciel et fit d'eux sept cieux. Et Il est Celui qui Savant de toute chose" (Coran 2/29).
--- "قُلْ أَئِنَّكُمْ لَتَكْفُرُونَ بِالَّذِي خَلَقَ الْأَرْضَ فِي يَوْمَيْنِ وَتَجْعَلُونَ لَهُ أَندَادًا ذَلِكَ رَبُّ الْعَالَمِينَ وَجَعَلَ فِيهَا رَوَاسِيَ مِن فَوْقِهَا وَبَارَكَ فِيهَا وَقَدَّرَ فِيهَا أَقْوَاتَهَا فِي أَرْبَعَةِ أَيَّامٍ سَوَاء لِّلسَّائِلِينَ ثُمَّ اسْتَوَى إِلَى السَّمَاء وَهِيَ دُخَانٌ فَقَالَ لَهَا وَلِلْأَرْضِ اِئْتِيَا طَوْعًا أَوْ كَرْهًا قَالَتَا أَتَيْنَا طَائِعِينَ فَقَضَاهُنَّ سَبْعَ سَمَاوَاتٍ فِي يَوْمَيْنِ وَأَوْحَى فِي كُلِّ سَمَاء أَمْرَهَا وَزَيَّنَّا السَّمَاء الدُّنْيَا بِمَصَابِيحَ وَحِفْظًا ذَلِكَ تَقْدِيرُ الْعَزِيزِ الْعَلِيمِ" : "Dis : "Renierez-vous, et donnerez-vous des égaux à, Celui qui a créé la Terre en 2 périodes, – Voilà le Seigneur de l'univers –, et a placé au-dessus d'elle des ancres, l'a bénie et lui a assigné ses ressources en 4 périodes, égales pour ceux qui interrogent. ENSUITE (thumma) Il S'est établi vers le ciel alors que celui-ci était fumée, puis Il a dit à celui-ci et à la Terre : "Venez, de gré ou de force !" Ils dirent : "Nous venons obéissants." Il fit alors d'eux sept cieux en 2 périodes et Il révéla à chaque ciel l'ordre (qui) lui (revenait). Et Nous avons embelli le ciel le plus bas [ou : le plus proche] par des lampes, et [celles-ci servent aussi] de protection. Voilà l'ordre établi par le Puissant, l'Omniscient" (Coran 41/9-12).
--- "أَأَنتُمْ أَشَدُّ خَلْقًا أَمِ السَّمَاء بَنَاهَا رَفَعَ سَمْكَهَا فَسَوَّاهَا وَأَغْطَشَ لَيْلَهَا وَأَخْرَجَ ضُحَاهَا وَالْأَرْضَ بَعْدَ ذَلِكَ دَحَاهَا أَخْرَجَ مِنْهَا مَاءهَا وَمَرْعَاهَا وَالْجِبَالَ أَرْسَاهَا مَتَاعًا لَّكُمْ وَلِأَنْعَامِكُمْ" : "Est-ce vous qui êtes plus difficiles à créer, ou le ciel ? Il l'a (pourtant) bâti. Il a élevé sa voûte, puis l'a ordonné. Il a assombri sa nuit et fait sortir son jour montant. Et la Terre, APRES CELA (ba'da dhâlika) Il l'a étendue ; Il a fait sortir d'elle son eau et son pâturage ; et les montagnes Il les a ancrées. [Tout ceci] pour votre profit ainsi que celui de vos bestiaux" (Coran 79/27-33).
On voit ici que...
--- Le verset 2/29 (sourate al-Baqara) ainsi que le passage 41/9-12 (sourate Fussilat) évoquent en premier la création de tout ce qui se trouve sur la Terre, et, après la particule "thumma" ("ensuite") la création des cieux. Le Zâhir de ces deux passages induit que c'est la Terre qui a été créée avant les cieux.
--- Alors que le passage 79/27-33 (sourate an-Nâzi'ât) évoque le ciel "que (Dieu) a créé", et, après la formule "ba'da dhâlika" ("après cela"), le fait que Dieu ait aplani (dah'w) la Terre, y ait fait apparaître eaux et cultures, et y ait érigé des montagnes. Le Zâhir de ce passage induit pour sa part que les cieux ont été créés avant sinon la création même de la Terre, du moins avant son aplanissement et l'érection des montagnes sur elle.
--- Sans oublier que le Zâhir du passage 41/9-12 induit non plus 6 Yawm de création des cieux et de la Terre, mais... 8 Yawm ! Le Zâhir de ce passage contredit donc tous les autres versets du Coran qui disent explicitement que les cieux et la Terre ont été créés pendant 6 Yawm.
Les coreligionnaires qui sont "hadîtho-sceptiques" ont-ils un autre choix que d'avoir recours, ici au sujet de ces versets du Coran, les uns par rapport aux autres, à cela même qu'ils trouvaient être l'indice de la non-fiabilité de certains Hadîths par rapport à certains versets du Coran : Ta'wîl des premiers pour les faire correspondre au contenu des seconds : notamment Ta'wîl du terme "Thumma" ?
Lire mon article consacré à l'ordre de création, entre cieux et Terre.
-
II) Second prétexte : "Il y a des Hadîths dont le Zâhir contredit le contenu de certains versets du Coran, ne pouvant être compatible avec ceux-ci que suite à une Ta'wîl, une Takhsîs, ou une Ta'lîl !" :
Certes, il est arrivé qu'un expert ait délaissé ce qui a été relaté comme hadîth parce que cela contredit frontalement et formellement ce que le Coran et la Sunna Établie disent.
Al-Bukhârî l'a fait au sujet de : "إذا كان يوم القيامة، دفع الله عز وجل إلى كل مسلم يهوديا أو نصرانيا، فيقول: هذا فكاكك من النار" (Muslim, 2767), ayant dit : "الحديث في الشفاعة أصح". Al-Bayhaqî non plus n'a pas considéré cette relation acceptable en tant que hadîth, arguant qu'elle contredit frontalement le verset du Coran qui dit que nulle âme ne portera le fardeau d'une autre : "والكافر لا يعاقب بذنب غيره، لقوله تعالى: {ولا تزر وازرة وزر أخرى" (Fat'h ul-Bârî 11/483-484).
De même, al-Bukhârî et Alî ibn ul-Madînî l'ont fait au sujet de : "خلق الله عز وجل التربة يوم السبت، وخلق فيها الجبال يوم الأحد، وخلق الشجر يوم الاثنين، وخلق المكروه يوم الثلاثاء، وخلق النور يوم الأربعاء، وبث فيها الدواب يوم الخميس، وخلق آدم عليه السلام بعد العصر من يوم الجمعة، في آخر الخلق، في آخر ساعة من ساعات الجمعة، فيما بين العصر إلى الليل" (Muslim, 2789), car cela contredit les versets qui disent : 6 Yawm.
Mais ce sont là deux cas de contradiction totale.
Or tous les cas d'apparente contradiction (Ta'ârudh) ne sont pas de ce niveau.
Et l'apparente contradiction entre un verset du Coran et certains Hadîths, cela existe aussi entre certains versets du Coran eux-mêmes : je veux parler du fait que, alors qu'un ou plusieurs versets du Coran énoncent une règle générale, il existe un autre verset du Coran qui énonce chose qui apparemment la contredit : là aussi il s'agit d'avoir recours à la Ta'wîl, à la Ta'lîl ou à la Takhsîs...
Voyez par vous-même :
--- un verset mecquois dit : "أَفَأَنتَ تُكْرِهُ النَّاسَ حَتَّى يَكُونُواْ مُؤْمِنِينَ" : "Est-ce que tu serais à contraindre les hommes jusqu'à ce qu'ils soient croyants ?" (Coran 10/99) ;
--- et un verset médinois dit : "لاَ إِكْرَاهَ فِي الدِّينِ" : "Pas de contrainte dans la religion" (Coran 2/256).
Or un autre verset dit ceci : "قُل لِّلْمُخَلَّفِينَ مِنَ الْأَعْرَابِ سَتُدْعَوْنَ إِلَىٰ قَوْمٍ أُولِي بَأْسٍ شَدِيدٍ تُقَاتِلُونَهُمْ أَوْ يُسْلِمُونَ" (Coran 48/16)...
Il y a bien ici apparente contradiction entre le Zâhir des versets 10/99 et 2/256 - qui interdisent la contrainte pour amener des hommes à se convertir à l'islam -, et le Zâhir du verset 48/16, ce dernier disant : "vous les combattrez jusqu'à ce que yuslimûn"..
Ces mots "تُقَاتِلُونَهُمْ أَوْ يُسْلِمُونَ", ô coreligionnaires "hadîtho-sceptiques", vous les articulerez comment avec les deux versets interdisant toute contrainte pour convertir à l'islam (Ik'râh) ?
--- aurez-vous recours à la Ta'wîl du mot "يُسْلِمُونَ", "yuslimûn", cela signifiant alors "يَنقادون" ou "يستسلمون", et ce verset 48/16 parlant alors de la même chose que cet autre verset qui dit : "حَتَّى يُعْطُواْ الْجِزْيَةَ عَن يَدٍ وَهُمْ صَاغِرُونَ" (al-Âlûssî relate ce commentaire ainsi : "من فسر القوم بذلك، يفسر الإسلام بالانقياد، وهو يكون بقبول الجزية" : Rûh ul-ma'ânî) ?
--- ou bien considérerez-vous que "يُسْلِمُونَ" ("yuslimûn") renvoie bien à la religion de l'islam, et aurez-vous alors recours à la Takhsîs des deux versets 10/99 et 2/256, ces derniers concernant alors uniquement ceux qui sont non-musulmans, et signifiant donc : "Il est interdit d'exercer une contrainte sur un non-musulman pour le convertir à l'islam", tandis que, au verset 48/16, les termes "قَوْمٍ أُولِي بَأْسٍ شَدِيدٍ" évoquent pour leur part ceux qui, ultérieurement à sa révélation, allaient apostasier après le décès du Messager de Dieu, sous le califat de Abû Bakr, ce verset 48/16 ne concernant donc que ceux qui s'étaient librement convertis à l'islam mais par la suite avaient apostasié (c'est un autre commentaire de ce verset : voir par exemple Zâd ul-massîr) (lire un premier et un second articles au sujet de ce point) ?
Il y a bien ici une apparente contradiction, n'est-ce pas...
-
Et comment articulerez-vous ces deux versets 10/99 et 2/256 - qui interdisent de contraindre des hommes à se convertir à l'islam - avec les 5 premiers versets de Sourate at-Tawba (Sourate 9), où le Zâhir du terme employé induit la Généralité des Polycultistes (المشركين), auxquels il est donné un délai de 4 mois avant qu'ils soient emprisonnés sinon exécutés, à moins qu'ils ne se convertissent à l'islam ?
"بَرَاءَةٌ مِّنَ اللَّهِ وَرَسُولِهِ إِلَى الَّذِينَ عَاهَدتُّم مِّنَ الْمُشْرِكِينَ (1) فَسِيحُوا فِي الْأَرْضِ أَرْبَعَةَ أَشْهُرٍ وَاعْلَمُوا أَنَّكُمْ غَيْرُ مُعْجِزِي اللَّهِ وَأَنَّ اللَّهَ مُخْزِي الْكَافِرِينَ (2) وَأَذَانٌ مِّنَ اللَّهِ وَرَسُولِهِ إِلَى النَّاسِ يَوْمَ الْحَجِّ الْأَكْبَرِ أَنَّ اللَّهَ بَرِيءٌ مِّنَ الْمُشْرِكِينَ وَرَسُولُهُ فَإِن تُبْتُمْ فَهُوَ خَيْرٌ لَّكُمْ وَإِن تَوَلَّيْتُمْ فَاعْلَمُوا أَنَّكُمْ غَيْرُ مُعْجِزِي اللَّهِ وَبَشِّرِ الَّذِينَ كَفَرُوا بِعَذَابٍ أَلِيمٍ (3) إِلَّا الَّذِينَ عَاهَدتُّم مِّنَ الْمُشْرِكِينَ ثُمَّ لَمْ يَنقُصُوكُمْ شَيْئًا وَلَمْ يُظَاهِرُوا عَلَيْكُمْ أَحَدًا فَأَتِمُّوا إِلَيْهِمْ عَهْدَهُمْ إِلَىٰ مُدَّتِهِمْ إِنَّ اللَّهَ يُحِبُّ الْمُتَّقِينَ (4) فَإِذَا انسَلَخَ الْأَشْهُرُ الْحُرُمُ فَاقْتُلُوا الْمُشْرِكِينَ حَيْثُ وَجَدتُّمُوهُمْ وَخُذُوهُمْ وَاحْصُرُوهُمْ وَاقْعُدُوا لَهُمْ كُلَّ مَرْصَدٍ فَإِن تَابُوا وَأَقَامُوا الصَّلَاةَ وَآتَوُا الزَّكَاةَ فَخَلُّوا سَبِيلَهُمْ إِنَّ اللَّهَ غَفُورٌ رَّحِيمٌ (5)"
Le verset 9/4 ne fait l'exception que de ceux des Polycultistes avec qui un traité avait été conclu, qui n'avaient trahi en rien celui-ci, ni n'avaient apporté assistance contre les musulmans : eux, leur traité sera respecté jusqu'à son terme... En revanche, tous les autres Polycultistes (selon le libellé apparent (Zâhir) du verset 9/5), choix leur est donné ici, après expiration du délai de 4 mois, entre la conversion à l'islam, ou alors l'emprisonnement, voire la mort (9/5)...
Il y a bien ici contradiction apparente entre le Zâhir des versets 10/99 et 2/256, et le Zâhir du passage 9/1-5 : entre la Généralité des deux versets 10/99 et 2/256 - qui interdisent la contrainte de qui que ce soit pour l'amener à l'islam, y compris les Polycultistes arabes, puisque le 10/99 fut révélé à La Mecque -, et la Généralité (puisque concernant, selon son Zâhir, tous les Polycultistes) de ce début de la sourate at-Tawba, 9/1-5, qui énonce pour sa part cette menace à l'endroit de tous ceux qui voudraient demeurer Polycultistes, à moins qu'"ils se repentent, accomplissent la prière et donnent la zakât"...
Chers coreligionnaires "hadîtho-sceptiques", pour résoudre cette apparente contradiction, que ferez-vous :
--- aurez-vous recours à la Takhsîs - ici Naskh Juz'î - de la première Généralité par la seconde ? de sorte que vous en déduisiez que les Polycultistes font désormais exception à la règle d'interdiction de contraindre un non-musulman à se convertir à l'islam (au début il était interdit de contraindre les Polycultistes à l'islam, mais, ensuite, de par la révélation de Coran 9/1-5, contraindre les Polycultistes fut institué, tandis que les Gens du Livre, les contraindre à se convertir à l'islam demeura interdit) ;
--- ou bien aurez-vous recours à la Takhsîs de la seconde Généralité par la première ? de sorte que vous disiez que ce passage 9/1-5 parle seulement des Polycultistes du Hedjaz, qu'il menace en les termes que l'on vient de voir, non pas pour les convertir de force à l'islam mais pour leur donner le choix entre se convertir à l'islam, ou demeurer dans leur religion mais aller alors s'installer ailleurs qu'au Hedjaz (comme le stipule en fait... un Hadîth : "أخرجوا المشركين من جزيرة العرب") ; c'est au cas où ils refuseraient de partir qu'ils seraient emprisonnés, pour être expulsés, et dans certains cas exécutés...
C'est cette seconde option qui est la bonne, comme exposé dans un autre article.
-
Et ce ne sont là que 2 exemples dans le texte du Coran.
Bien d'autres cas existent qui ont été traités dans tant de Tafâssîr, et que connaissent tous ceux et toutes celles qui ont étudié les sciences islamiques auprès de gens les ayant eux-mêmes étudiées...
Certains islamo-sceptiques ont même fait des listes de tels versets coraniques, dont le Zâhir de l'un contredit le Zâhir de l'autre, présentant cela comme l'expression du fait que le Coran n'est pas fiable, puisque se contredisant lui même...
Or chaque musulman sait bien que cette apparente contradiction (Ta'ârudh) n'implique nullement d'accepter tel verset et d'en rejeter tel autre, ni de les rejeter tous deux, mais implique de devoir considérer tel verset centralement - il s'agit du verset qui induit la règle générale -, et ensuite de procéder à une articulation - par Ta'wîl, Takhsîs ou Ta'lîl - de l'autre verset.
Eh bien c'est la même chose pour les Hadîths quand leur Zâhir contredit le contenu d'un verset du Coran.
فما كان جوابكم لهم هناك، فهو جوابنا لكم ههنا
-
Lire ici : Pourquoi y a-t-il des contradictions entre différents Hadîths ?.
-
III) Troisième prétexte : "Certains Hadîths sont tels qu'une version - authentique - relate certains termes précis, mais une autre version - elle aussi authentique - relate la même discussion avec d'autres termes" :
Quelques exemples de ce phénomène sont visibles dans mon articles lui étant consacré : Des hadîths où on voit bien qu'il y a eu retransmission par terme équivalent (رواية بالمعنى : riwâya bi-l-ma'nâ).
Or cela existe dans le Coran aussi.
Et, cette fois, Dieu sait bien - pour Sa part - quels termes exacts tel personnage a dit à tel moment en telle occasion. Et, pourtant, Il fait aussi parfois de la riwâya bi-l-ma'nâ.
En voici un seul exemple : lorsque Iblîs ne s'est pas prosterné (d'une prosternation de respect) devant Adam, alors que Dieu en avait donné l'ordre à tous les êtres présents, Dieu lui en demanda la raison. Que lui dit-Il ?
--- d'après Coran 7/12 : "قَالَ مَا مَنَعَكَ أَلاَّ تَسْجُدَ إِذْ أَمَرْتُكَ" : "Qu'est-ce qui t'a empêché de te prosterner lorsque Je te l'ai ordonné ?" (Coran 7/12), et Coran 38/75 : "قَالَ يَا إِبْلِيسُ مَا مَنَعَكَ أَن تَسْجُدَ لِمَا خَلَقْتُ بِيَدَيَّ" : "Ô Iblîs, qu'est-ce qui t'a empêché de te prosterner devant ce que J'ai créé de Mes deux Mains ?" (Coran 38/75) ;
--- par contre, d'après Coran 15/32 : "قَالَ يَا إِبْلِيسُ مَا لَكَ أَلاَّ تَكُونَ مَعَ السَّاجِدِينَ" : "Ô Iblîs, qu'as-tu à n'avoir pas été avec ceux qui se prosternent ?" (Coran 15/32).
Chers coreligionnaires "hadîtho-sceptiques", Dieu a-t-Il demandé à Iblîs : "qu'est-ce qui t'a empêché de..." :
--- "te prosterner" (comme cela est relaté en Coran 7/12 et 38/75) ?
--- ou bien : "être avec ceux qui se prosternent" (comme cela est rapporté par Lui-même en Coran 15/32) ?
Comment faites-vous ici ?
Si vous considérez les dialogues s'étant tenus entre Pharaon d'une part, et les gens de sa cour ou encore Moïse d'autre part, ou entre les magiciens de Pharaon d'une part et Moïse d'autre part, tels qu'ils sont relatés dans le texte du Coran, vous verrez que, pareillement, les termes de nombreuses phrases de ces dialogues sont différents d'une sourate à une autre...
Comment faites-vous, ici encore ?
-
IV) Quatrième prétexte : "Certains Hadîths vont à l'encontre du simple bon sens" :
Ce hadîth vous a-t-il interpelé : "Dans la graine noire [= la nigelle] il y a une guérison pour toute maladie (kulli dâ'), sauf la mort" : "عن عائشة، أنها سمعت النبي صلى الله عليه وسلم يقول: "إن هذه الحبة السوداء شفاء من كل داء، إلا من السام" (al-Bukhârî, 5363), "عيد بن المسيب، أن أبا هريرة، أخبرهما: أنه سمع رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "في الحبة السوداء شفاء من كل داء، إلا السام" (al-Bukhârî, 5364, Muslim, 2215) ? et ce dans la mesure où, même à faire l'exception des maladies mortelles, il ne peut pas y avoir de guérison dans la graine de nigelle pour toute maladie non-mortelle !
Pourtant, cette généralité ("toute maladie") est bien sûr toute relative : elle signifie : "pour un nombre important de maladies" ; ou bien : "pour toute maladie de tel type précis" : des commentateurs de Hadîths ont écrit cela depuis longtemps. Et la preuve en est que, dans d'autres Hadîths, le Prophète (sur lui soit la paix) a proposé le recours à d'autres substances que la nigelle pour certaines maladies : par exemple le costus pour soigner l'inflammation des amygdales ainsi que pour la pleurésie : "عن أم قيس بنت محصن، وكانت من المهاجرات الأول اللاتي بايعن رسول الله صلى الله عليه وسلم، وهي أخت عكاشة بن محصن، أنها أتت رسول الله صلى الله عليه وسلم بابن لها قد علقت عليه من العذرة، فقال: "اتقوا الله، على ما تدغرون أولادكم بهذه الأعلاق؟ عليكم بهذا العود الهندي، فإن فيه سبعة أشفية، منها ذات الجنب". يريد الكست، يعني القسط؛ قال: وهي لغة" (al-Bukhârî, 5388) ; "عن أنس رضي الله عنه: أنه سئل عن أجر الحجام، فقال: احتجم رسول الله صلى الله عليه وسلم، حجمه أبو طيبة، وأعطاه صاعين من طعام، وكلم مواليه فخففوا عنه، وقال: "إن أمثل ما تداويتم به: الحجامة والقسط البحري" وقال: "لا تعذبوا صبيانكم بالغمز من العذرة، وعليكم بالقسط" (al-Bukhârî, 5371, Muslim, 1577/63).
Dans les versets coraniques suivants aussi, on trouve le même terme "kull" ("tout"), qui, là encore, n'a qu'une portée relative :
--- la huppe vint relater à Salomon (que la paix soit sur lui) que la reine de Saba "avait reçu (une part) de toute chose" : "إِنِّي وَجَدتُّ امْرَأَةً تَمْلِكُهُمْ وَأُوتِيَتْ مِن كُلِّ شَيْءٍ وَلَهَا عَرْشٌ عَظِيمٌ" (Coran 27/23) ; or il est évident qu'elle ne possédait pas une part de tout ce qui se trouvait alors sur Terre ;
--- parlant des Tablettes qu'Il donna à Moïse sur le Mont du Sinaï, Dieu nous dit qu'Il y écrivit "de toute chose un conseil, et un exposé détaillé de toute chose" : "وَكَتَبْنَا لَهُ فِي الأَلْوَاحِ مِن كُلِّ شَيْءٍ مَّوْعِظَةً وَتَفْصِيلاً لِّكُلِّ شَيْءٍ" (Coran 7/145) ; or il ne s'agit bien évidemment pas de toute chose de façon exhaustive ;
--- "Avant que la Torah fut révélée, toute la nourriture était licite pour les fils d'Israël, exception faite de ce que Israël s'interdit à lui-même. Dis : "Apportez donc la Torah et récitez-la, si vous êtes véridiques"" : "كُلُّ الطَّعَامِ كَانَ حِلاًّ لِّبَنِي إِسْرَائِيلَ إِلاَّ مَا حَرَّمَ إِسْرَائِيلُ عَلَى نَفْسِهِ مِن قَبْلِ أَن تُنَزَّلَ التَّوْرَاةُ قُلْ فَأْتُواْ بِالتَّوْرَاةِ فَاتْلُوهَا إِن كُنتُمْ صَادِقِينَ" (Coran 3/93) ; or il s'agit seulement de la nourriture au sujet de laquelle le débat avait cours entre ces musulmans et des juifs : notamment la viande de chameau ; il s'agit de traduire par : "toute cette nourriture était licite..." ;
--- "Et Il [= Dieu] a enseigné à Adam les noms, tous" : "وَعَلَّمَ آدَمَ الأَسْمَاء كُلَّهَا ثُمَّ عَرَضَهُمْ عَلَى الْمَلاَئِكَةِ فَقَالَ أَنبِئُونِي بِأَسْمَاء هَؤُلاء إِن كُنتُمْ صَادِقِينَ" (Coran 2/31) ; le prophète Muhammad (sur lui soit la paix) a précisé que ce que Dieu lui a enseigné fut "le nom de chaque chose" (al-Bukhârî, 4206, kitâb ut-tafsîr, bâb 3) ; or, d'après l'avis qui semble pertinent, les choses devant être inventées bien après Adam (comme par exemple l'ordinateur, le logiciel, etc.) n'avaient alors pas été montrées à celui-ci, et leur nom ne lui avait pas été enseigné ;
--- le vent envoyé comme châtiment contre le peuple de 'Ad "détruisit toute chose par la permission de son Seigneur. Ils furent alors, le matin, (tels que) seules leurs demeures étaient (encore) visibles" : "بَلْ هُوَ مَا اسْتَعْجَلْتُم بِهِ رِيحٌ فِيهَا عَذَابٌ أَلِيمٌ تُدَمِّرُ كُلَّ شَيْءٍ بِأَمْرِ رَبِّهَا فَأَصْبَحُوا لَا يُرَى إِلَّا مَسَاكِنُهُمْ" (Coran 46/24-25). Leurs demeures ne firent donc pas partie de ce que ce vent détruisit !
-
V) Cinquième prétexte : "Certains Hadîths contredisent des faits désormais prouvés scientifiquement !" :
En fait, le point central de tout cela est la détermination du Principe Rationnel qui va être établi comme référentiel, au point d'autoriser / rendre nécessaire le Inkâr ou la Ta'wîl du Hadîth établi par une chaîne de narration qui est saine (sahîh).
En effet : sur la base quoi allez-vous établir ce Principe :
--- la rationalité scientifique absolue ?
--- ou bien seulement l'induction que vous avez réalisée rationnellement sur la base des éléments dont vous avez eu connaissance de par votre expérience sensible ?
-
Suite à une parole de Ibn Omar qui l'a mis en colère, Ibn Sayyâd a gonflé physiquement jusqu'à occuper l'espace de la ruelle (Muslim) : cela vous semble contraire à la rationalité scientifique ?
A vous peut-être. Mais pas à tous ceux et celles - musulmans ou pas - qui ont une connaissance de ce que sont les cas de possession d'humains par des djinns : ces gens savent - pour l'avoir entendu, voire l'avoir vu - que certains cas de manifestation du djinn s'expriment par un léger gonflement, raidissement et apesantissement du corps humain. Or Ibn Sayyâd, des djinns étaient avec lui : il avait dit au Prophète : "يأتيني صادق وكاذب", et : "أرى عرشا على الماء". Or encore, les ruelles des cités arabes traditionnelles ne faisaient par endroit pas plus d'un mètre de largeur.
Ce qui nous amène à la question suivante : N'est-ce pas une forme de prétention que de restreindre l'ensemble des paradigmes de la connaissance sensible à ce que nous, nous avons vu, et à ce que nous, nous avons appris des gens qui nous ont formés à la rationalité matérialiste ?
-
Et puis, si c'est là votre approche, alors sachez que l'application de cette façon de faire entraînera la réfutation de certains passages du Coran lui-même.
Une personne m'a ainsi écrit un courrier pour me dire qu'elle ne croyait plus au Coran, car celui ci évoque les djinns comme étant des créatures comme nous responsables, et vivant sur Terre, et à qui le Paradis est promis (sourate Ar-Rahmân), certains d'entre eux ayant entendu le Prophète réciter le Coran et ayant apporté foi en lui (sourate Al-Djinn et Al-Ahqâf), et certains autres allant écouter près du ciel avant de s'en voir chasser par des étoiles filantes. Or, ajouta-t-elle, "aucune donnée scientifique n'a permis d'établir tout cela ; nous n'avons que l'affirmation du Coran pour établir l'existence de tels êtres". Cette personne a conclu par un : "Après avoir étudié de façon assidue les sciences islamiques, maintenant je trouve que nos sources elles mêmes sont douteuses. Et je parle là du Coran lui-même. Je me contente désormais de croire en Dieu, et c'est déjà beaucoup".
Cette personne a appliqué au Coran ce que vous, coreligionnaires "hadîtho-sceptiques", êtes en train de promouvoir et diffuser pour les seuls Hadiths : le passage des Textes au crible des Principes Rationalistes.
Chers coreligionnaires, sur la base de votre approche rationaliste (votre souhait étant d'être "crédible aujourd'hui"), réfuterez-vous aussi les versets coraniques qui disent que :
--- Jésus fils de Marie est né d'une mère, sans l'intervention biologique d'aucun père ;
--- Salomon avait sous son commandement des groupes de djinns, d'humains et d'oiseaux (sourate an-Naml) ;
--- Salomon passa en revue les oiseaux lui étant assujettis ; il ne vit pas la huppe ; celle-ci, effectivement absente, arriva plus tard, et s'ensuivit un dialogue entre elle et Salomon quant à la raison de son absence (sourate an-Naml) ;
--- Salomon eut connaissance de ce qu'une fourmi dit à ses congénères au sujet de l'armée du prophète-roi (sourate an-Naml) ;
--- Le vent était assujetti à Salomon (sourate Sâd) ;
--- Des djinns réalisèrent pour Salomon de grandes constructions (sourate Saba') ;
--- une fois décédé, Salomon resta appuyé sur sa canne ; ce ne fut que lorsque celle-ci fut rongée par les termites / une autre bête, qu'il tomba, et ce n'est qu'alors que les djinns qu'il avait assujettis comprirent qu'il n'était plus de ce monde (sourate Saba') ;
--- Quelqu'un proposa à Salomon de lui amener le Trône de la reine de Saba' depuis le Yémen jusqu'à Shâm avant que son œil cligne, et le fit (sourate an-Naml) ;
--- Jonas fut avalé par un gros poisson et resta dans son ventre un moment, avant d'être recraché et d'arriver sur la berge ;
--- un groupe de jeunes croyants fuyant la persécution religieuse trouvèrent refuge dans une grotte extérieure à leur ville ; ils s'y endormirent ; plus tard ils se réveillèrent croyant n'avoir dormi qu'une journée ou moins encore ; ils étaient en fait restés endormis pendant de nombreuses années : "فَضَرَبْنَا عَلَى آذَانِهِمْ فِي الْكَهْفِ سِنِينَ عَدَدًا ثُمَّ بَعَثْنَاهُمْ لِنَعْلَمَ أَيُّ الْحِزْبَيْنِ أَحْصَى لِمَا لَبِثُوا أَمَدًا" (sourate al-Kahf) ;
--- un homme resta mort pendant 100 ans, puis Dieu le ressuscita et lui demanda combien de temps il était resté ainsi ; pendant ce temps, sa nourriture et sa boisson étaient restés conservés ; son âne, lui, était mort, et il n'en restait que les ossements, mais, lorsqu'Il ressuscita cet homme, Dieu ressuscita aussi cet âne, en faisant que ses os se remettent en bonne place, puis en recouvrant ceux-ci de chair (sourate al-Baqara)...
Chers coreligionnaires, ces passages du Coran sont-ils eux aussi issus d'isrâ'îliyyat ?
Ou bien plutôt, pour les accepter, allez-vous élargir quelque peu le principe rationnel selon lequel vous, moi, chacun, appréhendons les Textes ?
Si c'est la seconde option votre réponse, eh bien comprenez que la même approche se fera pour certains Hadîths : par une rationalité certes exigeante mais plus élargie que le seul rationalisme matérialiste contemporain (ce rationalisme fondé sur des principes que certains humains ont crus être vrais ou absolus, alors qu'ils sont erronés ou seulement relatifs).
-
Sur la base de la rationalité voulue, Ibn Hazm a proposé, du Hadîth qui dit que lorsque le soleil se couche, il va se prosterner sous le Trône, une Ta'wîl intéressante. Cheikh Thânwî aussi en a une Ta'wîl intéressante. Lire notre article consacré à ce point.
Si le principe de la Ta'wîl ne vous dit pas et que vous optez pour le Inkar wa Radd pur et simple, alors dites-vous bien que l'application du même principe aux Textes a conduit d'autres que vous à faire Inkar wa Radd des versets coraniques dont le Zâhir dit que :
--- les étoiles ont, entre autres fonctions, de servir de projectiles contre les démons venus écouter à la dérobée ce qui se dit près du ciel ;
--- la Terre a été aplanie ;
--- Dhu-l-Qarnayn "trouva le soleil se couchant dans une source boueuse" ;
--- etc.
Or ici vous avez bien compris, vous aussi, que c'est par une Ta'wîl que ces Versets sont compatibles avec le principe rationnel établi.
Alors pourquoi ne pas faire de même avec les Hadîths reconnus authentiques par nos anciens Experts ?
-
أقام بعض المسلمين اليوم أصولا عقليّة ظنّوها صحيحة وهي خاطئة، أو ظنّوها كلّيّة وهي أكثريّة فقط؛ فأنكروا على أساسها أحاديث كان المحدّثون الكبار صحّحوها. ولكن امتنع أولئك المسلمون من تطبيق تلك الأصول على آيات قرآنية مع أنها أيضًا معارِضة لها.
وسيجيء البعض الآخرون فيأخذون نفس هذه الأصول فيعطونها حقّها الكامل، فيطبّقونها على تلك الآيات، فينكرونها
-
Extrait d'un article précédent :
Dans l'ordre du scientifique aussi :
--- il existe certains savoirs qui sont certains : 2 + 2 = 4 (et tant d'autres choses) ;
--- mais il est d'autres savoirs qui ne sont eux aussi que des croyances : c'est ainsi que les philosophes pragmatistes parlent des "savoirs provisoirement établis sur des preuves" : "provisoires" car susceptibles d'être nuancés, voire abandonnés, en cas de découverte d'autres faits et d'autres preuves, lesquels induisent d'autres savoirs.
-
VI) Sixième prétexte : "On trouve, rapportés dans les Kutub us-Sunna classiques et reconnus comme étant "sahîh" par les Muhaddithûn, des propos attribués au Prophète qui manquent à l'égalité homme-femme promue dans ces très beaux versets coraniques, à la portée universelle" : "وَمَنْ عَمِلَ صَالِحًا مِّن ذَكَرٍ أَوْ أُنثَى وَهُوَ مُؤْمِنٌ فَأُوْلَئِكَ يَدْخُلُونَ الْجَنَّةَ يُرْزَقُونَ فِيهَا بِغَيْرِ حِسَابٍ" (Coran 40/40) ; "فَاسْتَجَابَ لَهُمْ رَبُّهُمْ أَنِّي لاَ أُضِيعُ عَمَلَ عَامِلٍ مِّنكُم مِّن ذَكَرٍ أَوْ أُنثَى بَعْضُكُم مِّن بَعْضٍ" (Coran 3/195) ; "وَمَن يَعْمَلْ مِنَ الصَّالِحَاتَ مِن ذَكَرٍ أَوْ أُنثَى وَهُوَ مُؤْمِنٌ فَأُوْلَئِكَ يَدْخُلُونَ الْجَنَّةَ وَلاَ يُظْلَمُونَ نَقِيرًا" (Coran 4/124) ; "مَنْ عَمِلَ صَالِحًا مِّن ذَكَرٍ أَوْ أُنثَى وَهُوَ مُؤْمِنٌ فَلَنُحْيِيَنَّهُ حَيَاةً طَيِّبَةً وَلَنَجْزِيَنَّهُمْ أَجْرَهُم بِأَحْسَنِ مَا كَانُواْ يَعْمَلُونَ" (Coran 16/97) ; "إِنَّ الْمُسْلِمِينَ وَالْمُسْلِمَاتِ وَالْمُؤْمِنِينَ وَالْمُؤْمِنَاتِ وَالْقَانِتِينَ وَالْقَانِتَاتِ وَالصَّادِقِينَ وَالصَّادِقَاتِ وَالصَّابِرِينَ وَالصَّابِرَاتِ وَالْخَاشِعِينَ وَالْخَاشِعَاتِ وَالْمُتَصَدِّقِينَ وَالْمُتَصَدِّقَاتِ وَالصَّائِمِينَ وَالصَّائِمَاتِ وَالْحَافِظِينَ فُرُوجَهُمْ وَالْحَافِظَاتِ وَالذَّاكِرِينَ اللَّهَ كَثِيرًا وَالذَّاكِرَاتِ أَعَدَّ اللَّهُ لَهُم مَّغْفِرَةً وَأَجْرًا عَظِيمًا" (Coran 33/53) :
Réponse :
Que faites-vous alors de ces autres phrases du Coran lui-même, qui, pour leur part, induisent - au milieu d'un ensemble de règles communes - deux règles détaillées qui sont différentes en ce qui concerne l'homme et en ce qui concerne la femme :
--- "لِلذَّكَرِ مِثْلُ حَظِّ الأُنثَيَيْنِ" (Coran 4/11 et 4/176) ;
--- "قُل لِّلْمُؤْمِنِينَ يَغُضُّوا مِنْ أَبْصَارِهِمْ وَيَحْفَظُوا فُرُوجَهُمْ ذَلِكَ أَزْكَى لَهُمْ إِنَّ اللَّهَ خَبِيرٌ بِمَا يَصْنَعُونَ. وَقُل لِّلْمُؤْمِنَاتِ يَغْضُضْنَ مِنْ أَبْصَارِهِنَّ وَيَحْفَظْنَ فُرُوجَهُنَّ وَلَا يُبْدِينَ زِينَتَهُنَّ إِلَّا مَا ظَهَرَ مِنْهَا وَلْيَضْرِبْنَ بِخُمُرِهِنَّ عَلَى جُيُوبِهِنَّ وَلَا يُبْدِينَ زِينَتَهُنَّ إِلَّا" (Coran 24/30-31) ?
Que faites-vous de cet autre verset : "وَإِنْ خِفْتُمْ أَلاَّ تُقْسِطُواْ فِي الْيَتَامَى فَانكِحُواْ مَا طَابَ لَكُم مِّنَ النِّسَاء مَثْنَى وَثُلاَثَ وَرُبَاعَ فَإِنْ خِفْتُمْ أَلاَّ تَعْدِلُواْ فَوَاحِدَةً أَوْ مَا مَلَكَتْ أَيْمَانُكُمْ ذَلِكَ أَدْنَى أَلاَّ تَعُولُواْ" (Coran 4/3) ?
Et de cet autre encore : "وَاللاَّتِي تَخَافُونَ نُشُوزَهُنَّ فَعِظُوهُنَّ وَاهْجُرُوهُنَّ فِي الْمَضَاجِعِ وَاضْرِبُوهُنَّ. فَإِنْ أَطَعْنَكُمْ فَلاَ تَبْغُواْ عَلَيْهِنَّ سَبِيلاً" (Coran 4/34), lorsque mis en parallèle avec ce passage : "وَإِنِ امْرَأَةٌ خَافَتْ مِن بَعْلِهَا نُشُوزًا أَوْ إِعْرَاضًا فَلاَ جُنَاْحَ عَلَيْهِمَا أَن يُصْلِحَا بَيْنَهُمَا صُلْحًا وَالصُّلْحُ خَيْرٌ وَأُحْضِرَتِ الأَنفُسُ الشُّحَّ وَإِن تُحْسِنُواْ وَتَتَّقُواْ فَإِنَّ اللّهَ كَانَ بِمَا تَعْمَلُونَ خَبِيرًا. وَلَن تَسْتَطِيعُواْ أَن تَعْدِلُواْ بَيْنَ النِّسَاء وَلَوْ حَرَصْتُمْ فَلاَ تَمِيلُواْ كُلَّ الْمَيْلِ فَتَذَرُوهَا كَالْمُعَلَّقَةِ وَإِن تُصْلِحُواْ وَتَتَّقُواْ فَإِنَّ اللّهَ كَانَ غَفُورًا. وَإِن يَتَفَرَّقَا يُغْنِ اللّهُ كُلاًّ مِّن سَعَتِهِ وَكَانَ اللّهُ وَاسِعًا حَكِيمًا" (Coran 4/128-130) ?
Le verset 4/34 parle de manquements véritables, de la part de l'épouse, dans l'acquittement de ses devoirs vis-à-vis de son mari (c'est le nushûz y étant évoqué).
Le verset 4/128 parle de manquements véritables, de la part du mari, dans l'acquittement de ses devoirs vis-à-vis de son épouse (c'est là le nushûz y étant mentionné), ainsi que du fait de ne plus accorder à son épouse toute l'attention affective à laquelle elle a droit (c'est là le i'râdh y étant évoqué), l'un ou l'autre étant causés par le mauvais caractère de l'un ou de l'autre, ou l'émoussement de l'affection entre les deux, ou l'envie du mari de changer d'épouse ; cela entraînant alors soit des disputes incessantes (à cause soit des réclamations légitimes de la part de l'épouse, soit de la mauvaise ambiance qui est apparue à cause de la situation), soit l'acheminement des deux vers la séparation. Le verset 4/129 rappelle au mari qu'il n'a pas le droit de défavoriser l'une de ses épouses en favorisant une autre, rappelant par là-même que l'épouse a des droits qui doivent être respectés. Le verset 4/130 vient évoquer la séparation des deux : "Dieu rendra alors chacun d'eux n'ayant plus besoin de l'autre, de par Sa Largesse" : "بمعنى وإن يفارق كل واحد منهما صاحبه {يُغْنِ اللَّهُ كُلًّا} يرزقه زوجا خيراً من زوجه وعيشاً أهنأ من عيشه" (Tafsîr uz-Zamakhsharî). Avant cela, le verset 4/128 est venu signifier que, certes, si l'épouse veut pleinement ses droits, alors c'est là son droit, et le mari doit les lui donner ou, sinon, se séparer d'elle ; mais elle peut également, si elle le préfère pour raison personnelle, ne pas choisir la séparation avec son mari, tout en évitant les disputes et la mauvaise ambiance, et, pour cela, choisir de conclure un accord avec son mari selon lequel elle se désistera de certains de ses droits ; cela aura pour effet de servir de fondement à quoi chacun s'en tiendra, et les disputes interminables cesseront. "وذلك لبعض الأسباب من طعن في سنّ، أو دمامة، أو شيء في خَلق أو خُلق، أو ملال، أو طموح عين إلى أخرى، أو غير ذلك" (Tafsîr uz-Zamakhsharî) ; "وَالصُّلْحُ خَيْرٌ} من الفرقة أو من النشوز والإعراض وسوء العشرة. أو هو خير من الخصومة في كل شيء. أو الصلح خير من الخيور، كما أن الخصومة شر من الشرور" (Ibid.) ; "صلحا} في القسم والنفقة، بأن تترك له شيئا، طلبا لبقاء الصحبة. فإن رضيت بذلك؛ وإلا، فعلى الزوج أن يوفيها حقها أو يفارقها" (Tafsîr ul-Jalâlayn) ; "عن عائشة رضي الله عنها: {وإن امرأة خافت من بعلها نشوزا أو إعراضا}، قالت: "هو الرجل يرى من امرأته ما لا يعجبه، كبرا أو غيره، فيريد فراقها، فتقول: "أمسكني واقسم لي ما شئت". قالت: "فلا بأس إذا تراضيا" (al-Bukhârî, 2548).
Et que faites-vous, ô coreligionnaires, de cet autre verset encore, lequel ne se contente pas d'énoncer une règle détaillée différente, mais la justifie en les termes suivants : "وَاسْتَشْهِدُواْ شَهِيدَيْنِ من رِّجَالِكُمْ فَإِن لَّمْ يَكُونَا رَجُلَيْنِ فَرَجُلٌ وَامْرَأَتَانِ مِمَّن تَرْضَوْنَ مِنَ الشُّهَدَاء أَن تَضِلَّ إْحْدَاهُمَا فَتُذَكِّرَ إِحْدَاهُمَا الأُخْرَى" (Coran 2/282) ?
Pareil pour cet autre verset : "الرِّجَالُ قَوَّامُونَ عَلَى النِّسَاء بِمَا فَضَّلَ اللّهُ بَعْضَهُمْ عَلَى بَعْضٍ وَبِمَا أَنفَقُواْ مِنْ أَمْوَالِهِمْ. فَالصَّالِحَاتُ قَانِتَاتٌ حَافِظَاتٌ لِّلْغَيْبِ بِمَا حَفِظَ اللّهُ" (Coran 4/34).
-
Bien sûr qu'en humanité, l'homme et la femme sont complètement égaux. Un hadîth aussi existe qui dit : "إن النساء شقائق الرجال" (Abû Dâoûd, 236, at-Tirmidhî, 113).
-
Et bien sûr que, sur le plan des normes (ahkâm), le principe premier est que la règle qui est valable pour l'homme l'est aussi pour la femme, comme l'ont écrit Ibn Rushd, Ibn ul-Qayyim et al-Albânî.
-
Mais, parallèlement à cela, l'homme et la femme ont certaines spécificités, et ce sont celles-ci qui, sans rabaissement aucun, ont été mis en exergue dans certains Hadîths Sahîh comme dans certains versets du Coran ; de même que ces spécificités ont entraîné certaines différences au sujet de certaines règles (ahkâm) : la Sunna enseigne par exemple que le port de l'or et de la soie est autorisé à la femme, mais pas à l'homme. Il y a du Tafdhîl de l'homme par rapport à la femme sur certains points, mais aussi du Tafdhîl de la femme par rapport à l'homme sur certains autres points.
-
Par ailleurs, vous avez des Hadîths attribués au Prophète (sur lui soit la paix), mais dont les spécialistes du Hadîth ont fait apparaître que ce sont en fait des propos :
--- "mawdhû'" (faussement attribués au Prophète), tels que (d'après al-Albânî) : "Consultez vos femmes et faites le contraire de ce qu'elles vous recommandent" ; "Si les femmes n'existaient pas, Dieu aurait été adoré comme Il le mérite" ; "Ne leur enseignez pas l'écriture" ;
--- ou "dha'îf" (à la chaîne présentant des manquements quant à la garantie d'attribution au Messager), tels que : "Les hommes sont perdus quand ils obéissent aux femmes" ; "Ton ennemi le plus coriace est ton épouse" (voir Tahrîr ul-mar'a, 1/287).
-
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).