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I) La Taqwâ est une qualité à acquérir et développer en soi :
"La Taqwâ se trouve ici" et le Prophète (sur lui soit la paix) a désigné sa poitrine : "عن أنس قال: كان رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "الإسلام علانية، والإيمان في القلب". قال: ثم يشير بيده إلى صدره ثلاث مرات، قال: ثم يقول: "التقوى هاهنا، التقوى هاهنا" (Ahmad, 12381). Ce hadîth signifie que la Source de la Taqwâ est dans le cœur ; cependant (et nous y reviendrons plus bas), cette source s'exprime naturellement par des actions qui sont en adéquation avec elle.
"Savez-vous ce qui fera le plus entrer les gens au Paradis ? C'est la taqwâ d'Allah et la beauté des traits de comportement" : "عن أبي هريرة، عن النبي صلى الله عليه وسلم قال: "إن أكثر ما يدخل من الناس النار الأجوفان". قالوا: يا رسول الله، وما الأجوفان؟ قال: "الفرج والفم". قال: "أتدرون أكثر ما يدخل الجنة؟ تقوى الله وحسن الخلق" (Ahmad, 9696, hassan).
On traduit "Taqwâ" par : "piété" (ceci étant le moyen de "se préserver" du Courroux de Dieu, par obtention de Son Agrément : nous y reviendrons plus bas).
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La Taqwâ ne consiste pas seulement à se préserver des péchés, comme on le croit trop souvent (en effet, pour beaucoup d'entre nous, "taqwâ" égale : "se préserver des péchés").
Ibn Taymiyya écrit : "Et qui est celui qui a dit que la Taqwâ consiste seulement à délaisser les péchés ? La Taqwâ est plutôt - comme les anciens et les derniers l'ont définie -, que tu fasses ce qui t'a été ordonné, et que tu délaisses ce qui t'a été interdit".
Une des preuves en est le célèbre verset de sourate al-Baqara, qui conclut par un : "Et eux sont les Muttaqûn". Or, dans ce verset, ce sont essentiellement des Actions à faire qui sont évoquées : "لَّيْسَ الْبِرَّ أَن تُوَلُّواْ وُجُوهَكُمْ قِبَلَ الْمَشْرِقِ وَالْمَغْرِبِ وَلَكِنَّ الْبِرَّ مَنْ آمَنَ بِاللّهِ وَالْيَوْمِ الآخِرِ وَالْمَلآئِكَةِ وَالْكِتَابِ وَالنَّبِيِّينَ وَآتَى الْمَالَ عَلَى حُبِّهِ ذَوِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينَ وَابْنَ السَّبِيلِ وَالسَّآئِلِينَ وَفِي الرِّقَابِ وَأَقَامَ الصَّلاةَ وَآتَى الزَّكَاةَ وَالْمُوفُونَ بِعَهْدِهِمْ إِذَا عَاهَدُواْ وَالصَّابِرِينَ فِي الْبَأْسَاء والضَّرَّاء وَحِينَ الْبَأْسِ أُولَئِكَ الَّذِينَ صَدَقُوا وَأُولَئِكَ هُمُ الْمُتَّقُونَ" (Coran 2/177).
On y trouve en effet mentionnées :
--- des croyances à avoir et à garder : sur Dieu, sur les anges, sur le Jour Dernier, sur les Livres et sur les Prophètes ;
--- des actions à accomplir :
------- accomplir les prières rituelles ;
------- donner la zakât ;
------- venir en aide aux nécessiteux ;
------- accomplir ce dont on avait pris l'engagement ;
------- faire preuve de Sab'r (patience) lors de différentes situations.
Voici cet écrit de Ibn Taymiyya : "فنقول أولا: ومن الذي قال: إن التقوى مجرد ترك السيئات؟ بل التقوى - كما فسرهما الأولون والآخرون -: فعل ما أمرت به وترك ما نهيت عنه. كما قال طلق بن حبيب لما وقعت الفتنة: "اتقوها بالتقوى" قالوا: "وما التقوى؟" قال: "أن تعمل بطاعة الله على نور من الله ترجو ثواب الله، وأن تترك معصية الله على نور من الله تخاف عذاب الله". وقد قال الله تعالى في أكبر سورة في القرآن: {الم ذلك الكتاب لا ريب فيه هدى للمتقين الذين يؤمنون بالغيب ويقيمون الصلاة ومما رزقناهم ينفقون} إلى آخرها؛ فوصف المتقين بفعل المأمور به: من الإيمان والعمل الصالح من إقام الصلاة وإيتاء الزكاة. وقال: {يا أيها الناس اعبدوا ربكم الذي خلقكم والذين من قبلكم لعلكم تتقون}. وقال: {ليس البر أن تولوا وجوهكم قبل المشرق والمغرب ولكن البر من آمن بالله واليوم الآخر والملائكة والكتاب والنبيين وآتى المال على حبه ذوي القربى واليتامى والمساكين وابن السبيل والسائلين وفي الرقاب وأقام الصلاة وآتى الزكاة والموفون بعهدهم إذا عاهدوا والصابرين في البأساء والضراء وحين البأس أولئك الذين صدقوا وأولئك هم المتقون} وهذه الآية عظيمة جليلة القدر من أعظم آي القرآن وأجمعه لأمر الدين (وقد روي أن النبي صلى الله عليه وسلم سئل عن خصال الإيمان فنزلت، وفي الترمذي عن فاطمة بنت قيس عنه صلى الله عليه وسلم أنه قال: "إن في المال حقا سوى الزكاة" وقرأ هذه الآية) وقد دلت على أمور: أحدها: أنه أخبر أن الفاعلين لهذه الأمور هم المتقون؛ وعامة هذه الأمور فعل مأمور به. والثاني: أنه أخبر أن هذه الأمور هي البر وأهلها هم الصادقون - يعني في قوله: "آمنا"؛ وعامتها أمور وجودية هي أفعال مأمور بها. فعلم أن المأمور به أدخل في البر والتقوى والإيمان من عدم المنهي عنه" (MF 20/132-133).
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II) Sens étymologique de "Taqwâ" :
Le sens étymologique du terme "Taqwâ" est : "se préserver", car ce terme est dérivé de la racine WQY (و ق ي), dont tel est le sens : la préservation. Il était à l'origine : "وَقْيا" (sur le schème : "فَعْلَى"), et la première radicale "و", a été changée en "ت", comme cela s'est fait dans : "تُراث" et : "تُِجاه".
Dans le Coran et la Sunna, on trouve également cette racine employée à la forme verbale VIII (افتعال), à l'impératif :
--- avec, comme complément d'objet direct : "le Feu" : "اتَّقُواْ النَّارَ" (Coran et Sunna) ; "le bas-monde", "les femmes" : "فاتقوا الدنيا واتقوا النساء، فإن أول فتنة بني إسرائيل كانت في النساء" (Muslim, 2742) ;
--- avec, comme complément d'objet direct : "un Jour" (il s'agit du Jour du Jugement) comme complément d'objet direct : "وَاتَّقُواْ يَوْماً لاَّ تَجْزِي نَفْسٌ عَن نَّفْسٍ شَيْئاً" (Coran ) ;
--- avec, comme complément d'objet direct : "un trouble" (il s'agit d'un malheur général, de ce monde) : "وَاتَّقُواْ فِتْنَةً لاَّ تُصِيبَنَّ الَّذِينَ ظَلَمُواْ مِنكُمْ خَآصَّةً" (Coran ) ;
--- avec, comme complément d'objet direct : "Allah" : "وَاتَّقُواْ اللّهَ" (Coran et Sunna).
Dans ces 4 cas, cela a le sens de : "Préservez-vous de...".
Il s'agit, respectivement, de :
--- se préserver d'être expédié dans la Géhenne ; de la tentation que ce monde produit naturellement sur l'être humain, de sorte de ne pas négliger l'obligatoire ni s'adonner à l'interdit ; de la tentation que les femmes produisent naturellement sur les hommes, de sorte de ne pas négliger l'obligatoire ni s'adonner à l'interdit ;
--- se préserver des problèmes du Jour du Jugement ;
--- se préserver d'être atteint par un malheur temporel (qui n'atteindra pas seulement les fautifs, mais, eu égard à la règle valable ici-bas, eux ainsi que ceux qui sont alentour) ;
--- enfin, se préserver du Courroux (et, partant, de la Sanction) de Dieu.
La Taqwâ par rapport à Allah est justement ce qui permet de se préserver du Courroux de Dieu : la Taqwâ est donc d'être - intérieurement et extérieurement - comme Dieu agrée ; la Taqwâ est bien la piété.
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III) Différents degrés de Taqwâ :
– Il existe : A) le Minimum de Taqwâ (Asl) ; et B) la Complétude de Taqwâ (Kamâl) :
– A) La Asl ut-Taqwâ (la base de Taqwâ / la Taqwâ élémentaire) consiste à se préserver du Courroux et Châtiment perpétuel de Dieu : cela se fait par le fait d'adhérer à la base faisant entrer dans le Dîn et faisant demeurer dans son Minimum.
– B) La Kamâl ut-Taqwâ (la complétude de Taqwâ) consiste à faire tout ce que Dieu agrée de la part de l'homme et à se préserver de tout ce qu'Il déteste de la part de l'homme, qui est au-delà du Asl.
–--- B.A) La Kamâl ut-Taqwâ al-Wâjib concerne les actions obligatoires (farâ'ïdh, wâjibât et dans une certaine mesure mandûba mu'akkada) - qu'il faut accomplir - et les actions interdites (kabâ'ïr et saghâ'ïr) - dont il faut se préserver. Il faut néanmoins préciser ici que c'est le Isrâr 'alâ tark il-mandûb il-mu'akkad - le fait de délaisser continuellement ce qui est mandûb mu'akkad - ainsi que le Isrâr 'ala-s-saghâ'ïr - le fait de commettre continuellement ce qui est une saghîra - qui posent problème par rapport à la Kamâl Wâjib, vu que, à part les prophètes, nul humain ne parvient à ne jamais avoir de manquement en cela.
-------- B.A.a) Certaines de ces Actions sont Intérieures.
-------- B.A.b) Les autres sont Extérieures.
–--- B.B) La Kamâl ut-Taqwâ al-Mustahabb concerne les actions recommandées (mandûba et nâfila) - qu'il s'agit d'accomplir -, et les actions légèrement déconseillées (mak'rûha tanzîhan) - dont il s'agit de se préserver.
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La Taqwâ est Kâmila, Complète, lorsque la personne réunit le Asl (A) et le Kamâl Wâjib (B.A).
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– Il existe par ailleurs :
---- la Source de la Taqwâ : cela englobe : le Minimum, Asl (A), ainsi que la Complétude Intérieure Obligatoire, Kamâl ut-Taqwâ al-Qalbiyya al-Wâjiba (B.A.a) ;
---- et les Expressions de cette Taqwâ du cœur : cela consiste en la Complétude Extérieure, Obligatoire (B.A.b) et Recommandée (B.B) : al-A'mâl uz-Zâhira al-Wâjiba :
La Source de la Taqwâ se trouve dans le cœur : "التقوى هاهنا" ويشير إلى صدره ثلاث مرات" (Muslim, 2564).
Cependant, cette Source présente dans le cœur doit impérativement s'exprimer par les actions extérieures correspondantes, lesquelles actions sont elles aussi qualifiées de "Taqwâ" : cela dans le sens de : "branches de la Taqwâ".
Shâh Waliyyullâh écrit : "وملكه مدافعة داعية [ترك الأعمال المطلوبة شرعًا و]مخالفة الحدود الشرعية تهاونا لها أو ميلا إلى أضدادها: تسمى "تقوى". وقد تطلق "التقوى" على جميع مقامات اللطائف الثلاث، بل على أعمال تنبعث منها أيضا" (Hujjat ullâh il-bâligha, 2/274 : ce qui est entre crochets a été rajouté par moi, Anas, eu égard à ce qui a été dit plus haut).
La Taqwâ est un trait intérieur : "Capacité de repousser les velléités de désobéir à Dieu en délaissant ce qu'Il agrée de nous ou en commettant ce qu'Il déteste de nous, ce repoussement étant mû par la recherche de se préserver de ce qui Le mécontente".
Trois points à retenir :
--- 1) Les Actions extérieures ne sont pas en soi la Taqwâ (en effet, "التقوى هاهنا") ;
--- 2) ces Actions extérieures sont l'expression de la Taqwâ, laquelle se trouve déjà - à un certain degré, quel qu'il soit - dans le cœur ;
--- 3) en même temps, si elles sont faites correctement, les Actions extérieures renforcent et augmentent la Taqwâ dans le cœur. Cependant, pour qu'il y ait ce renforcement et cette augmentation, ces Actions doivent être faites sincèrement et avec conscience du fait qu'on est sous le Regard de Dieu : "معنى الرواية الأولى أن الأعمال الظاهرة لا يحصل بها* التقوى، وإنما تحصل بما يقع في القلب من عظمة الله تعالى وخشيته ومراقبته" (Shar'h Muslim, an-Nawawî, 16/117) * أي لا يحصل بمجرَّد مباشرتها.
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Dr Akram Nadwî (UK) a admirablement résumé que les éléments constituant la Taqwâ intérieure sont au nombre de trois :
- crainte révérentielle de Dieu (خشية الله) ;
- sentiment de présence de Dieu (مراقبة الله) ;
- volonté de se conformer à ce que Dieu veut (إطاعة الله).
Les deux premiers constituants ont été mentionnés par an-Nawawî dans son écrit sus-cité : "وإنما تحصل بما يقع في القلب من عظمة الله تعالى وخشيته ومراقبته" (Shar'h Muslim, 16/117).
Et on retrouve le troisième dans ce propos de Talq ibn Habîb : "وقد قال طلق بن حبيب: "التقوى أن تعمل بطاعة الله على نور من الله، ترجو ثواب الله؛ وأن تترك معصية الله على نور من الله، مخافة عذاب الله" (Tafsîr Ibn Kathîr, début de sourate al-Ahzâb).
On les remarque aisément au travers des hadîths et athar suivants, où la Taqwâ par rapport à Dieu est évoquée "au sujet de tel objet", et où il est demandé de ne pas agir injustement vis-à-vis de cet objet, sous-entendu : "par crainte vis-à-vis du Courroux de Dieu, et avec sentiment qu'Il nous voit" :
--- "Ayez la Taqwâ d'Allah au sujet des femmes" : "اتقوا الله في النساء، فإنكم أخذتموهن بأمانة الله، واستحللتم فروجهن بكلمة الله. وإن لكم عليهن أن لا يوطئن فرشكم أحدا تكرهونه؛ فإن فعلن فاضربوهن ضربا غير مبرح. ولهن عليكم رزقهن وكسوتهن بالمعروف" (Abû Dâoûd, 1905) ;
--- "Ayez la Taqwâ d'Allah au sujet de ces bêtes muettes" : "عن سهل ابن الحنظلية، قال: مر رسول الله صلى الله عليه وسلم ببعير قد لحق ظهره ببطنه، فقال: "اتقوا الله في هذه البهائم المعجمة، فاركبوها صالحة، وكلوها صالحة" (Abû Dâoûd, 2548) ;
--- "Ayez la Taqwâ d'Allah au sujet de mes Compagnons, puis de ceux qui les suivront, puis de ceux qui les suivront" : "عن قبيصة بن جابر، قال: خطبنا عمر بباب الجابية فقال: إن رسول الله صلى الله عليه وسلم قام فينا كمقامي فيكم، ثم قال: "أيها الناس، اتقوا الله في أصحابي، ثم الذين يلونهم، ثم الذين يلونهم، ثم اتقوا الكذب وشهادات الزور" (Ibn Abî Shayba, 32412) ;
--- "Gens de la Mecque, ayez la Taqwâ d'Allah au sujet du Haram d'Allah" (parole de Omar ibn ul-Khattâb) : "قال عمر: "يا أهل مكة، اتقوا الله في حرم الله. أتدرون من كان ساكن هذا البيت؟ كان به بنو فلان، فأحلوا حرمه، فأهلكوا؛ وكان به بنو فلان، فأحلوا حرمه فأهلكوا"، حتى ذكر ما شاء الله من قبائل العرب أن يذكر؛ ثم قال: "لأن أعمل عشر خطايا حوليه أحب إلي من أن أعمل ههنا خطيئة واحدة" (Ibn Abî Shayba, 14092).
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– Voici 6 versets du Coran :
– "Ô les hommes, adorez votre Pourvoyeur (...) peut-être allez-vous acquérir la Taqwâ" : "يَا أَيُّهَا النَّاسُ اعْبُدُواْ رَبَّكُمُ الَّذِي خَلَقَكُمْ وَالَّذِينَ مِن قَبْلِكُمْ لَعَلَّكُمْ تَتَّقُونَ" (Coran 2/21).
– "Le jeûne vous a été prescrit (...) peut-être allez-vous acquérir la Taqwâ" : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ كُتِبَ عَلَيْكُمُ الصِّيَامُ كَمَا كُتِبَ عَلَى الَّذِينَ مِن قَبْلِكُمْ لَعَلَّكُمْ تَتَّقُونَ" (Coran 2/183).
Ces deux versets prouvent les points 1 et 3 que nous avons vu plus haut :
--- 1) Les Actions extérieures ne sont pas en soi la Taqwâ.
--- 3) Cependant, si ces Actions extérieures sont faites correctement et, surtout, sincèrement et avec conscience du fait qu'on est sous le Regard de Dieu, les Actions entretiennent et augmentent la Taqwâ dans le cœur.
Acquérir la Taqwâ, ce n'est donc pas l'objectif de la seule action de jeûner, c'est l'objectif de la 'Ibâdat ullâh en général : diviniser Dieu, ne diviniser que Lui, et Le servir par les actions intérieures et extérieures. Le développement de la Taqwâ visé par toute la 'Ibâdatullâh, c'est tout simplement la Proximité réelle du cœur avec Dieu, ce qui englobe la volonté de se préserver de Le mécontenter : et cela est entraîné par toutes les actions faites sincèrement et correctement.
Ce "peut-être allez-vous acquérir la Taqwâ" présent dans (entre autres) ces deux versets évoque, comme constituant l'objectif de toutes les actions de bien : le fait d'atteindre un degré élevé dans l'action du cœur appelée "Taqwâ" (et non pas : le fait d'avoir Asl ut-Taqwâ).
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– "هُوَ أَعْلَمُ بِكُمْ إِذْ أَنشَأَكُم مِّنَ الْأَرْضِ وَإِذْ أَنتُمْ أَجِنَّةٌ فِي بُطُونِ أُمَّهَاتِكُمْ فَلَا تُزَكُّوا أَنفُسَكُمْ هُوَ أَعْلَمُ بِمَنِ اتَّقَى" : "Il est plus connaisseur de vous (que vous-mêmes) lorsqu'Il vous a créés à partir de la terre et lorsque vous étiez des fœtus dans le ventre de vos mères. Aussi, ne vous déclarez pas parfaits : Il est plus connaisseur de qui a acquis la Taqwâ" (Coran 53/32) ; "ثم قال: {هو أعلم بكم} يعني قبل خلقكم {إذ أنشأكم من الأرض} يعني آدم عليه السلام {وإذ أنتم أجنة} جمع جنين، والمعنى أنه علم ما تفعلون وإلى ماذا تصيرون. {فلا تزكوا أنفسكم} أي: لا تشهدوا لها أنها زكية بريئة من المعاصي. وقيل: لا تمدحوها بحسن أعمالها" (Zâd ul-massîr). "هُوَ أَعْلَمُ بِمَنِ اتَّقَى} فإن التقوى محلها القلب؛ والله هو المطلع عليه، المجازي على ما فيه من بر وتقوى" (Tafsîr us-Sa'dî).
Il s'agit donc de ne pas faire comme le groupe auquel il est fait allusion ici, lequel s'était déclarés parfaits, aux excellentes actions, et purs de tout péché : "أَلَمْ تَرَ إِلَى الَّذِينَ يُزَكُّونَ أَنفُسَهُمْ بَلِ اللّهُ يُزَكِّي مَن يَشَاء وَلاَ يُظْلَمُونَ فَتِيلاً انظُرْ كَيفَ يَفْتَرُونَ عَلَى اللّهِ الكَذِبَ وَكَفَى بِهِ إِثْمًا مُّبِينًا" (Coran 4/49-50).
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– "لَن يَنَالَ اللَّهَ لُحُومُهَا وَلَا دِمَاؤُهَا وَلَكِن يَنَالُهُ التَّقْوَى مِنكُمْ" : "N'atteindront jamais Dieu ni leurs chairs, ni leur sang ; mais L'atteint la Taqwâ de votre part" (Coran 22/37).
Ce verset-ci prouve pour sa part le point 2 : il dit que c'est cette action du cœur appelée "Taqwâ" - quelle qu'en soit l'intensité à laquelle chaque croyant est parvenu à l'instant T de sa vie - que Dieu élève jusqu'à Lui lorsque le croyant accomplit une action de bien physique ; il implique que l'action de sacrifier un animal pour Dieu lors de la période voulue, cela est expression de Taqwâ, laquelle doit se dégager au travers de cette action extérieure. Le fait est que ce verset, le 22/37, fait partie de tout un passage qui parle de sacrifier un animal pour Dieu.
Ce verset 22/37 veut dire qu'en sus de procéder au sacrifice d'un animal, il faut développer véritablement le lien du cœur avec Dieu : c'est comme expression de ce lien du cœur, et avec l'objectif de pouvoir alors progresser dans ce lien du cœur, qu'il s'agit de procéder à ce sacrifice pour Dieu ; et non pas demeurer dans les seules considérations de chairs et de beauté d'animaux.
"ومعنى الآية: لن تُرفع إِلى الله لحومُها ولا دماؤها، وإِنما يُرفع إِليه التقوى - وهو ما أُرِيدَ به وجهُه - منكم، (...). والإِشارة بهذه الآية إِلى أنه لا يقبل اللحوم والدِّماء إِذا لم تكن صادرة عن تقوى الله، وإِنما يتقبل ما يتقونه به. وهذا تنبيه على امتناع قبول الأعمال إِذا عريت عن نيَّةٍ صحيحة" : "Le sens de ce verset est que ne seront pas élevés jusqu'à Dieu les chairs de (ces animaux), ni leur sang. Ne sera élevé vers Lui que la Taqwâ - il s'agit de ce par quoi Sa Face aura été recherchée - provenant de vous (...). Allusion est faite par le biais de ce verset, à ce que (Dieu) n'accepte pas ces chairs et sangs s'ils ne procèdent pas de la Taqwâ vis-à-vis de Lui. Il n'accepte que ce par quoi (les hommes) Lui font acte de Taqwâ. Ceci est un rappel de l'impossibilité de l'acceptation des œuvres lorsqu'elles sont dénuées d'intention correcte" (Zâd ul-massîr).
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Quant aux deux versets suivants, ils prouvent à la fois le point 2 (la bonne action est expression du degré de Taqwâ déjà présent dans le cœur) et le point 3 (la bonne action a pour objectif de faire parvenir au degré élevé de Taqwâ du cœur) :
– "Et que l'inimitié d'un groupe de gens ne vous pousse pas à ne pas être justes. Soyez justes ; cela est plus proche de la Taqwâ. Et ayez de la Taqwâ par rapport à Dieu" : "وَلاَ يَجْرِمَنَّكُمْ شَنَآنُ قَوْمٍ عَلَى أَلاَّ تَعْدِلُواْ اعْدِلُواْ هُوَ أَقْرَبُ لِلتَّقْوَى وَاتَّقُواْ اللّهَ" (Coran 5/8). Etre juste, cela est une action obligatoire.
– "Et que vous passiez dessus, cela est plus proche de la Taqwâ" : "إَلاَّ أَن يَعْفُونَ أَوْ يَعْفُوَ الَّذِي بِيَدِهِ عُقْدَةُ النِّكَاحِ وَأَن تَعْفُواْ أَقْرَبُ لِلتَّقْوَى" (Coran 2/237). Cette fois il s'agit d'une action Recommandée, et pas obligatoire.
"ولهذا قال: {اعدلوا هو أقرب للتقوى} أي: عدلكم أقرب إلى التقوى من تركه. ودل الفعل على المصدر الذي عاد الضمير عليه، كما في نظائره من القرآن وغيره كما في قوله: {وإن قيل لكم ارجعوا فارجعوا هو أزكى لكم}. وقوله: {هو أقرب للتقوى} من باب استعمال أفعل التفضيل في المحل الذي ليس في الجانب الآخر منه شيء، كما في قوله تعالى {أصحاب الجنة يومئذ خير مستقرا وأحسن مقيلا} وكقول بعض الصحابيات لعمر: "أنت أفظ وأغلظ من رسول الله صلى الله عليه وسلم" (Tafsîr Ibn Kathîr). Cela rejoint le point b.
"وأما قوله: {هو أقرب للتقوى} فإنه يعني بقوله: {هو} العدل عليهم أقرب لكم أيها المؤمنون إلى التقوى؛ يعني: إلى أن تكونوا عند الله باستعمالكم إياه من أهل التقوى، وهم أهل الخوف والحذر من الله أن يخالفوه في شيء من أمره، أو يأتوا شيئا من معاصيه. وإنما وصف جل ثناؤه "العَدْل" بما وصفه به من أنه {أقرب للتقوى} من الجور، لأن من كان عادلا كان لله بعدله مطيعًا، ومن كان لله مطيعا كان لا شك من أهل التقوى، ومن كان جائرا كان لله عاصيا، ومن كان لله عاصيا كان بعيدًا من تقواه" (Tafsîr ut-Tabarî). Cela rejoint le point c.
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Dès lors...
– Manquement dans la Complétude Obligatoire de la Taqwâ (B.A), alors même qu'on s'évertue à accomplir ce qui ne relève que de la Complétude Recommandée de cette Taqwâ (B.B) :
La Taqwâ ne consiste pas à accomplir des jeûnes facultatifs la journée et à prier des prières surérogatoires la nuit tout en négligeant d'autres actions formellement obligatoires ou tout en s'adonnant à certaines actions strictement interdites.
Omar ibn 'Abd il-Azîz disait :
"La Taqwâ par rapport à Allah ne s'acquiert pas par le fait de jeûner (des jeûnes surérogatoires) la journée, ni par le fait de se tenir debout (pour accomplir des prières surérogatoires) la nuit, et (ensuite) le fait, entre cela, de tout mélanger !
La Taqwâ par rapport à Allah consiste plutôt à délaisser ce qu'Allah a interdit et à accomplir ce qu'Allah a rendu obligatoire ; celui qui, après avoir fait cela, a la guidance de faire du bien (supplémentaire et surérogatoire), cela consistera en du bien rajouté à du bien" :
"عن عمر بن عبد العزيز، أنه كان يقول: "ليس تقوى الله بصيام النهار ولا بقيام الليل والتخليط فيما بين ذلك. ولكن تقوى الله ترك ما حرم الله وأداء ما افترض الله. فمن رزق بعد ذلك خيرا، فهو خير إلى خير" (Az-Zuhd ul-kabîr, al-Bayhaqî, 964).
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– Manquement dans la Complétude Obligatoire Extérieure (B.A.b) (bis) :
Les actions que Dieu a rendues obligatoires pour l'homme se trouvant en telle situation, à tel endroit et à tel instant, cet homme les accomplira s'il a véritablement de la Taqwâ en son cœur (1) ; de même, les actions que Dieu a interdites sur l'homme se trouvant en telle situation, à tel endroit et à tel instant, cet homme s'en préservera s'il a véritablement de la Taqwâ en son cœur.
A partir de là, celui qui néglige sans raison une Farîdha et ne se préserve ouvertement pas d'une Kabîra, celui-là, possède la Asl ut-Taqwâ plus une partie de Kamâl ut-Taqwâ al-Wâjib, mais manque à une autre partie de Kamâl ut-Taqwâ al-Wâjib. On ne dira pas de lui qu'il n'a pas du tout de Taqwâ, mais on ne dire pas de lui qu'il a "la Taqwâ".
En fait c'est aussi dans la Source que cet homme a un problème.
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– Présence de la Base (A), et présence de la Complétude Obligatoire Extérieure (B.A.b), mais manquement dans la Source Obligatoire (la Complétude Obligatoire Intérieure) (B.A.a) (donc dans la Source) :
J'avais déjà cité plus haut ce dit de an-Nawawî : "معنى الرواية الأولى أن الأعمال الظاهرة لا يحصل بها التقوى، وإنما تحصل بما يقع في القلب من عظمة الله تعالى وخشيته ومراقبته" (Shar'h Muslim, 16/117). Ce dit signifie que les Actions Obligations Extérieures (B.A.b) ne constituent pas en elles-mêmes la Taqwâ : elles sont le prolongement nécessaire, mais le prolongement seulement, de la Taqwâ véritable, laquelle se trouve dans le cœur.
----- Présence d'une partie de la Source, mais manquement dans l'Expression Obligatoire Extérieure : pas de Taqwâ Wâjiba.
----- Expression parfaite, mais manquement dans la Source :
-------- si manquement dans le Asl (A) de cette Source : pas de Taqwâ du tout ;
-------- si manquement seulement dans la Complétude Obligatoire Intérieure (B.A.a) : pas de Taqwâ Wâjiba : c'est ce que le dit de an-Nawawî signifie.
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– Présence de la Base (A) et présence de la Complétude Obligatoire (Intérieure et Extérieure) (B.A), mais manquement dans la Complétude Recommandée Extérieure (B.B) :
Celui qui ne manque en apparence à rien de la Kamâl ut-Taqwâ al-Wâjib, on ne saurait dire qu'il n'a pas de Taqwâ, et cela sur la seule base véritable et enfouie en nous qu'il ne fait pas partie du même groupe que nous (qu'il s'agisse d'un groupe fondé sur quelque chose de temporel ou quelque chose de religieux).
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Un musulman qui, selon ce qui est visible, n'a pas de manquement dans la Base (A), ni la Complétude Obligatoire (B.A), on ne saurait le mépriser parce qu'il porte des vêtements simples, voire rapiécés, ou qu'il n'est pas érudit, ou ne sait pas parler avec éloquence.
Mépriser quelqu'un sur cette base est contraire à la Taqwâ qui se trouve dans le cœur : c'est - d'après l'une des interprétations - le sens du hadîth suivant...
Au-delà de son apparence faible et non "intéressante", ce que son cœur recèle de Taqwâ nous est inconnu : c'est une autre interprétation du hadîth suivant...
"(...) Le musulman est le frère du musulman ; il n'est pas injuste envers lui (zulm), ne l'abandonne pas, et ne le méprise pas ; la Taqwâ est ici" ce disant, il indiqua 3 fois sa poitrine ; "il suffit, pour que l'homme tombe dans le mal, qu'il méprise son frère musulman" : "المسلم أخو المسلم، لا يظلمه ولا يخذله ولا يحقره. التقوى هاهنا - ويشير إلى صدره ثلاث مرات - بحسب امرئ من الشر أن يحقر أخاه المسلم" (Muslim, 2564/33 : tel que rapporté par Dâoûd ibn Qays) (Ussâma ibn Zayd a pour sa part relaté le même hadîth avec des termes légèrement différents : "فذكر نحو حديث داود، وزاد ونقص؛ ومما زاد فيه: "إن الله لا ينظر إلى أجسادكم ولا إلى صوركم، ولكن ينظر إلى قلوبكم" وأشار بأصابعه إلى صدره" : on y lit cela, qui est tout à fait à propos : "Dieu ne regarde pas vos corps [s'ils sont physiquement beaux ou pas], ni vos visages [s'ils sont beaux ou pas], mais Il regarde vos cœurs" : Muslim 2564/32).
"أي: لا يحتقره بذكر المعايب وتنابز الألقاب والاستهزاء والسخرية إذا رآه رث الحال أو ذا عاهة في بدنه أو غير لائق في محادثته؛ فلعله أخلص ضميرا وأتقى قلبا ممن هو على ضد صفته فيظلم نفسه بتحقير من وقره الله" (Mirqât).
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Cheikh Abdul-Muhsin Abbâd : "ولا يحقره" بأن يستهين به ويستصغره. ثم بين صلى الله عليه وسلم قبح احتقار المسلم أخاه بقوله: "بحسب امرئ من الشر أن يحقر أخاه المسلم"، أي يكفيه من الشر احتقار أخيه لو لم يكن عنده شر غيره. ووسط صلى الله عليه وسلم بين النهي عن الاحتقار وبيان عظم شره قولَه صلى الله عليه وسلم: "التقوى ههنا" مشيرا إلى صدره ثلاث مرات - أي إلى القلب - لبيان أن العبرة بما يقوم في القلوب من الإيمان والتقوى، وأنه قد يكون قلب من احتُقِر معمورا بالتقوى، ويكون قلب من احتَقَره وتكبر عليه بخلاف ذلك.
وأما ما يقوله بعض من يقع في المعاصي الظاهرة إذا نبه على شيء منها أشار إلى صدره، وقال: "التقوى ههنا"، فيقال له: إن التقوى إذا صارت في القلب، ظهر أثرها على الجوارح بالاستقامة وترك المعصية؛ وقد قال صلى الله عليه وسلم: "ألا إن في الجسد مضغة إذا صلحت صلح الجسد كله وإذا فسدت فسد الجسد كله، ألا وهي القلب"؛ وقال صلى الله عليه وسلم: "إن الله لا ينظر إلى صوركم وأموالكم، ولكن ينظر إلى قلوبكم وأعمالكم" رواه مسلم؛ وجاء عن بعض السلف أنه قال: "ليس الإيمان بالتمني ولا بالتحلي، ولكن ما وقر في القلوب وصدقته الأعمال" (Fat'h ul-Qawiyy il-Matîn, commentaire du hadîth 35).
"والتقوى محلها القلب، وما كان محله القلب يكون مخفيا عن أعين الناس؛ وإذا كان مخفيا، فلا يجوز لأحد أن يحكم بعدم تقوى مسلم حتى يحتقره، بل لا يجوز تحقير مسلم. ويحتمل أن يكون معناه: محل التقوى هو القلب، فمن كان في قلبه التقوى، فلا يحقر مسلما، لأن المتقي لا يحقر المسلم. "بحسب امرئ": الباء زائدة، يعني: حسب امرئ؛ أي: كفى للمؤمن من الشر تحقير المسلمين؛ يعني: إن لم يكن له من الشر سوى تحقير المسلمين، يكفيه في دخوله النار" (Al-Mafâtîh, Shar'h ul-Massâbîh).
"ومعناه احتقارهم" (Shar'h Muslim, an-Nawawî, 2/89).
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IV) Tout cela est comparable à ce qui concerne les termes "Îmân" et "Mu'min" :
--- La base du Îmân se trouve dans le cœur : "L'islam est ce qui est fait ouvertement. Le îmân est dans le cœur" : "عن أنس قال: كان رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول: "الإسلام علانية، والإيمان في القلب". قال: ثم يشير بيده إلى صدره ثلاث مرات، قال: ثم يقول: "التقوى هاهنا، التقوى هاهنا" (Ahmad, 12381).
--- Cependant, cette base doit s'exprimer par les actions correspondantes, lesquelles actions sont elles aussi qualifiées de "Îmân", dans le sens de : "branches du Îmân".
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Un passage de Muhammad ibn Nasr cité par Ibn Taymiyya :
"فإن قيل: فكيف أمسكتم عن اسم الإيمان أن تُسمَّوا به، وأنتم تزعمون أن أصل الإيمان في قلوبكم وهو التصديق بأن الله حق وما قاله صدق؟
قالوا: إن الله ورسوله وجماهير المسلمين سموا الأشياء بما غلب عليها من الأسماء، فسموا الزاني "فاسقا" والقاذف "فاسقا" وشارب الخمر "فاسقا"، ولم يسموا واحدا من هؤلاء "متقيا" ولا "ورعا"؛ وقد أجمع المسلمون أن فيه أصل التقوى والورع، وذلك أنه يتقي أن يكفر أو يشرك بالله شيئا؛ وكذلك يتقي الله أن يترك الغسل من الجنابة أو الصلاة ويتقي أن يأتي أمه، فهو في جميع ذلك متق؛ وقد أجمع المسلمون من الموافقين والمخالفين أنهم لا يسمونه "متقيا" ولا "ورعا" إذا كان يأتي بالفجور. فلما أجمعوا أن أصل التقى والورع ثابت فيه وأنه قد يزيد فيه فرعا بعد الأصل، كتورعه عن إتيان المحارم، ثم لا يسمونه "متقيا" ولا "ورعا" مع إتيانه بعض الكبائر بل سموه "فاسقا" و"فاجرا" مع علمهم أنه قد أتى ببعض التقى والورع، فمنعهم من ذلك أن اسم التقى اسم ثناء وتزكية وأن الله قد أوجب عليه المغفرة والجنة. قالوا: فلذلك لا نسميه "مؤمنا"، ونسميه "فاسقا" "زانيا"، وإن كان في قلبه أصل اسم الإيمان، لأن الإيمان اسم أثنى الله به على المؤمنين وزكاهم به وأوجب عليه الجنة. فمن ثم قلنا: "مسلم" ولم نقل: "مؤمن" (MF 7/321-322).
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).