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Deux articles à lire avant le présent article :
--- Une comparaison entre le style du texte du Coran et le style du Jâmi' Sahîh de al-Bukhârî.
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Quelques exemples du thème autour duquel la sourate tourne (avec, parfois, l'exposé du verset-clef de la sourate) :
Exception faite de ce qui concerne la sourate an-Nasr, tout ce qui suit est Zannî (présumé, proposé).
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– La sourate an-Nahl (16ème sourate du Coran) a pour thème général : "L'abondance de bienfaits dont Dieu a comblé l'homme, qu'ils soient d'ordre temporel ou de l'ordre du lien avec Lui" :
La sourate entrecoupe ces rappels de bienfaits par le rappel du devoir que l'homme a d'être reconnaissant envers son Bienfaiteur, et donc de ne diviniser que Lui.
Ibn ul-Jawzî relate : "وروى حماد عن علي بن زيد قال: "كان يقال لسورة النحل: "سورة النعم"". يريد لكثرة تعداد النعم فيها" (Zâd ul-massîr).
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– La sourate al-Mulk (67ème sourate du Coran) a pour thème : "A Dieu appartient la Royauté. Et Il est Seul Détenteur de la Toute-Puissance" :
Cela est dit dans son tout premier verset : "تَبَارَكَ الَّذِي بِيَدِهِ الْمُلْكُ وَهُوَ عَلَى كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ" (Coran 67/1).
Le reste de la sourate en est le développement et la démonstration.
Ceci est l'analyse de l'un des intervenants du site islamway.net.
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– La sourate al-Ahzâb (33ème sourate du Coran) a pour thème : "De la nécessité de prendre le Prophète (sur lui soit la paix) comme modèle à suivre, lui qui suit ce qui lui a été révélé. Et du respect que l'on doit à la personne du Prophète (sur lui la paix)".
La première partie de ce thème est une analyse personnelle.
Les versets-clefs en sont : "وَاتَّبِعْ مَا يُوحَى إِلَيْكَ مِن رَّبِّكَ" (Coran 33/2) ; "لَقَدْ كَانَ لَكُمْ فِي رَسُولِ اللَّهِ أُسْوَةٌ حَسَنَةٌ لِّمَن كَانَ يَرْجُو اللَّهَ وَالْيَوْمَ الْآخِرَ وَذَكَرَ اللَّهَ كَثِيرًا" (Coran 33/21).
La seconde partie, je l'ai entendue de mon professeur Cheikh Dhu-l-Faqâr (rahimahullâh) en cours de tafsîr.
Le passage-clef en est : "إِنَّ اللَّهَ وَمَلَائِكَتَهُ يُصَلُّونَ عَلَى النَّبِيِّ يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا صَلُّوا عَلَيْهِ وَسَلِّمُوا تَسْلِيمًا. إِنَّ الَّذِينَ يُؤْذُونَ اللَّهَ وَرَسُولَهُ لَعَنَهُمُ اللَّهُ فِي الدُّنْيَا وَالْآخِرَةِ وَأَعَدَّ لَهُمْ عَذَابًا مُّهِينًا" (Coran 33/56-57).
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– La sourate at-Tahrîm (66ème sourate du Coran) : "L'épouse doit faire attention, et ne pas penser que tout est acquis en terme de piété" :
La sourate débute avec l'histoire du miel, avec Aïcha et Hafsa par rapport à Zaynab (que Dieu les agrée).
Et elle se clôture avec les exemples, présentés à l'humanité tout entière :
--- d'un côté de deux femmes (l'épouse de Noé et celle de Loth) qui ont échoué bien que leur mari était illustre ;
--- de l'autre côté de deux femmes qui ont réussi : l'épouse de Pharaon, et Marie la mère de Jésus.
"قال المفسرون منهم مقاتل: هذا المثل يتضمن تخويف عائشة وحفصة أنهما إن أغضبتا ربهما، لم يغن رسول الله صلى الله عليه وسلم عنهما شيئا" (Zâd ul-massîr). "وقال يحيى بن سلام: ضرب الله المثل الأول يحذر به عائشة وحفصة رضي الله عنهما. ثم ضرب لهما هذا المثل يرغبهما في التمسك بالطاعة" (Ibid.).
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– La sourate al-Isrâ' (17ème sourate du Coran) tourne tout entière autour de l'ascension nocturne du Prophète (sur lui soit la paix) :
C'est là l'analyse de Cheikh Sulaymân Nadwî : la sourate traite de cela "dans toute la subtilité du style coranique" (Le Prophète de l'Islam, sa vie, son œuvre, tome 1 pp. 144-145).
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– La sourate al-Kahf (18ème sourate du Coran) traite de la différence entre la foi et le matérialisme :
C'est l'analyse de Abu-l-Hassan 'Alî an-Nadwî.
Toute la sourate tourne autour de ce thème, avec "les quatre piliers que sont les quatre récits qu'elle comporte".
C'est bien pourquoi la récitation régulière de cette sourate constitue l'antidote offerte aux croyants pour faire face au matérialisme et à celui qui représentera son apogée, le Messie Trompeur (ad-Dajjâl), comme l'enseignent de nombreux hadîths.
Deux passages semblent être les "clefs" de la sourate :
--- l'un au début : "إِنَّا جَعَلْنَا مَا عَلَى الْأَرْضِ زِينَةً لَّهَا لِنَبْلُوَهُمْ أَيُّهُمْ أَحْسَنُ عَمَلًا" : "Nous avons fait de ce qu'il y a sur Terre une parure pour celle-ci, afin de les mettre à l'épreuve : lequel d'entre eux est meilleur en action" (Coran 18/7) ;
--- et l'autre à la fin : "قُلْ هَلْ نُنَبِّئُكُمْ بِالْأَخْسَرِينَ أَعْمَالًا الَّذِينَ ضَلَّ سَعْيُهُمْ فِي الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَهُمْ يَحْسَبُونَ أَنَّهُمْ يُحْسِنُونَ صُنْعًا أُولَئِكَ الَّذِينَ كَفَرُوا بِآيَاتِ رَبِّهِمْ وَلِقَائِهِ فَحَبِطَتْ أَعْمَالُهُمْ فَلَا نُقِيمُ لَهُمْ يَوْمَ الْقِيَامَةِ وَزْنًا" : "Dis : "Vous informerai-je de ceux qui sont les plus perdants en actions ? (Ce sont) ceux dont l'effort s'est perdu dans la vie basse, alors qu'ils croyaient qu'ils agissaient bien ; eux sont ceux qui ont renié les signes de leur Pourvoyeur, ainsi que la rencontre avec Lui. Leurs [bonnes] actions se sont donc annulées..." (Coran 18/103-105).
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– La sourate al-'Ankabût (29ème sourate du Coran) tourne autour du thème : "Ceux qui se disent croyants, Dieu teste leur foi par des épreuves" :
Cette analyse est de Ibn Taymiyya (Kitâb un-Nubuwwât, p. 41), et de Ibn ul-Qayyim : "فإنها سورة الابتلاء والامتحان، وبيان حال أهل البلوى في الدنيا والآخرة" (Shifâ' ul-'alîl, p. 612).
Ibn ul-Qayyim écrit que, au travers du début de la sourate, de sa partie médiane et de sa partie finale, il est mis en exergue que les hommes passent par 3 étapes :
--- la survenue de cette épreuve ;
--- la nécessité de faire preuve de patience et de s'en remettre à Dieu ;
--- Dieu accorde alors guidance et aide ("ومن تأمل فاتحتها ووسطها وخاتمها، وجد في ضمنها أن أول الأمر ابتلاء وامتحان، ووسطه صبر وتوكل، وآخره هداية ونصر. والله المستعان" : Ibid).
نعوذ بالله من جهد البلاء، ودرك الشقاء، وسوء القضاء، وشماتة الأعداء.
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– La sourate al-Qassas (28ème sourate du Coran) tourne quant à elle autour du thème : "Face à la dure opposition des puissants, les croyants doivent faire preuve de patience et de constance ; la finale revient toujours aux pieux" :
Ceci est une analyse personnelle.
La sourate s'ouvre avec le récit de Pharaon - détenteur de la puissance du pouvoir - faisant tuer les nouveau-nés mâles des fils d'Israël, mais finissant par s'occuper du nouveau-né israélite dont il voulait empêcher l'apparition : celui à cause de qui il finira par périr dans le flot.
Vers la fin de la sourate figure le récit cette fois de Coré - détenteur de la puissance de la richesse et qui se révolte contre les siens : Moïse etc. - ; lui aussi échoue.
Plus vers la fin encore, on lit que dans l'autre monde la réussite sera à ceux qui seront restés croyants jusqu'à leur dernier souffle et qui n'auront cherché ni élévation sur terre, ni à y répandre ce qui est mal. Mais même en ce monde, la finale reviendra au groupe de ceux qui sont pieux : "تِلْكَ الدَّارُ الْآخِرَةُ نَجْعَلُهَا لِلَّذِينَ لَا يُرِيدُونَ عُلُوًّا فِي الْأَرْضِ وَلَا فَسَادًا وَالْعَاقِبَةُ لِلْمُتَّقِينَ" (Coran 28/83) ; promesse est alors faite au prophète Muhammad (sur lui soit la paix) que Dieu le fera retourner à La Mecque, d'où il a dû émigrer tellement la situation y était devenue intenable : "إِنَّ الَّذِي فَرَضَ عَلَيْكَ الْقُرْآنَ لَرَادُّكَ إِلَى مَعَادٍ" (Coran 28/85).
Au milieu de la sourate, il est dit : "Tout ce qui vous a été donné, cela est jouissance pendant cette vie basse. Et ce qu'il y a auprès de Dieu est meilleur et plus durable. Ne raisonnez-vous donc pas ?" : "وَمَا أُوتِيتُم مِّن شَيْءٍ فَمَتَاعُ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَزِينَتُهَا وَمَا عِندَ اللَّهِ خَيْرٌ وَأَبْقَى أَفَلَا تَعْقِلُونَ" (Coran 28/60).
Celui en faveur de qui la promesse se réalisera dans l'autre monde est-il comme celui qui profite de ce dont il bénéfice dans cette basse vie mais sera amené à la sanction dans l'autre ? "أَفَمَن وَعَدْنَاهُ وَعْدًا حَسَنًا فَهُوَ لَاقِيهِ كَمَن مَّتَّعْنَاهُ مَتَاعَ الْحَيَاةِ الدُّنْيَا ثُمَّ هُوَ يَوْمَ الْقِيَامَةِ مِنَ الْمُحْضَرِينَ" (Coran 28/60).
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– La sourate an-Nasr (110ème sourate) a pour thème : "L'annonce faite au Prophète (sur lui soit la paix) de la fin de sa mission, et donc de l'approche du moment du départ" :
Sa mission fut complète suite à la conséquence du retour de la Kaaba à l'adoration de Dieu l'Unique ; en effet, cela entraîna la conversion de bien d'autres Arabes à l'islam : le fait est que ceux-ci attendaient l'issue du conflit entre les Quraysh - descendants de Abraham et gardiens par tradition de la Kaaba, Maison de Dieu bâtie par le patriarche -, et celui qui se présentait comme Messager de Dieu, invitait à ne plus adorer que Dieu, et voulait débarrasser la Kaaba des idoles qui la souillaient ('Amr ibn Salima : "وكانت العرب تلوم بإسلامهم الفتح، فيقولون: اتركوه وقومه، فإنه إن ظهر عليهم فهو نبي صادق. فلما كانت وقعة أهل الفتح، بادر كل قوم بإسلامهم، وبدر أبي قومي بإسلامهم" : al-Bukhârî, 4051).
On apprend que c'est là le thème de cette sourate à partir :
--- en partie de ce hadîth du Prophète (sur lui soit la paix) : "عن عائشة قالت: كان رسول الله صلى الله عليه وسلم يكثر من قول: "سبحان الله وبحمده، أستغفر الله وأتوب إليه". قالت: فقلت: "يا رسول الله، أراك تكثر من قول: "سبحان الله وبحمده، أستغفر الله وأتوب إليه"؟" فقال: "خبرني ربي أني سأرى علامة في أمتي، فإذا رأيتها أكثرت من قول: "سبحان الله وبحمده أستغفر الله وأتوب إليه". فقد رأيتها: {إذا جاء نصر الله والفتح} فتح مكة {ورأيت الناس يدخلون في دين الله أفواجا، فسبح بحمد ربك واستغفره إنه كان توابا" (Muslim, 484) ;
--- et des propos de Ibn Abbâs et Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu les agrée) : "هو أجل رسول الله صلى الله عليه وسلم أعلمه الله له: {إذا جاء نصر الله والفتح} فتح مكة، فذاك علامة أجلك؛ {فسبح بحمد ربك واستغفره إنه كان توابا}" (al-Bukhârî, 4043).
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– La sourate Al-Jumu'ah (62ème sourate) a pour thème : "Le changement de l'Alliance, passée des fils d'Israël aux fils d'Ismaël, parmi lesquels a été suscité le dernier Messager" :
A ceux des Arabes (dont les fils d'Ismaël forment une partie) qui ont déjà accepté l'islam, bientôt d'autres peuples s'adjoindront : "وَآخَرِينَ مِنْهُمْ لَمَّا يَلْحَقُوا بِهِمْ" (Coran 62/3). De la sorte, le message de Dieu parviendra au maximum de fils d'Adam, lesquels connaîtront eux aussi Dieu l'Unique et deviendront eux aussi Ses alliés.
Signe du changement d'Alliance et de Loi : c'est maintenant le vendredi le jour hebdomadaire pour s'adonner plus particulièrement à l'adoration de Dieu (jour évoqué en Coran 62/9-11).
Ceci est une analyse personnelle.
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– La sourate as-Saff (61ème sourate du Coran) tourne autour de : "La nécessité, pour soi-même, d'apporter sa contribution à l'assistance au Dîn ullâh" :
Le plan de Dieu est que Sa Lumière deviendra complète : "وَاللَّهُ مُتِمُّ نُورِهِ" (Coran 61/8).
A chaque croyant de prendre une part à ce plan (selon ses aptitudes et les possibilités qu'il a devant lui) : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آَمَنُوا كُونوا أَنصَارَ اللَّهِ" (Coran 61/14). Dieu le rétribuera alors : "يَغْفِرْ لَكُمْ ذُنُوبَكُمْ وَيُدْخِلْكُمْ جَنَّاتٍ تَجْرِي مِن تَحْتِهَا الْأَنْهَارُ وَمَسَاكِنَ طَيِّبَةً فِي جَنَّاتِ عَدْنٍ" (Coran 61/12).
Cependant, il doit s'agir d'un engagement sincère, et non pas de grandes et belles mais vaines paroles : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آَمَنُوا لِمَ تَقُولُونَ مَا لَا تَفْعَلُونَ" (Coran 61/2).
Ceci est une analyse personnelle.
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– La sourate al-Munâfiqûn (63ème sourate du Coran) tourne autour du thème : "Les biens matériels, les enfants, la beauté physique, l'éloquence et la renommée sociale ne doivent pas nous détourner de Dieu : ni totalement ni partiellement" :
Le verset-clef de la sourate : "يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تُلْهِكُمْ أَمْوَالُكُمْ وَلَا أَوْلَادُكُمْ عَن ذِكْرِ اللَّهِ" (Coran 63/9). Ce verset s'adresse à ceux qui ont apporté foi.
Quant à ceux qui, fiers de leurs atouts par rapport à ce monde - beauté physique et éloquence - ("وَإِذَا رَأَيْتَهُمْ تُعْجِبُكَ أَجْسَامُهُمْ وَإِن يَقُولُوا تَسْمَعْ لِقَوْلِهِمْ" : Coran 63/4), se sont détournés totalement de Dieu, et ce de la pire des façons (la façon sournoise), ce sont les Hypocrites menés par Abdullâh ibn Ubayy ibn Salûl (dont la première partie de la sourate parle) : eux avaient apporté foi, mais seulement en apparence, puis ont exprimé leur kufr akbar : "آمَنُوا ثُمَّ كَفَرُوا" (Coran 63/3).
Ceci est une analyse personnelle.
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– A l'intérieur de la sourate al-Baqara (2ème sourate du Coran), il y a l'épisode du changement de la qibla :
Cet épisode, survenu en l'an 2 de l'hégire à Médine, fut âprement critiqué par certains des Fils d'Israël établis à Médine. La sourate 2 l'évoque donc aux versets n° 142 à 150 ; mais, avant cela, parle du concept d'abrogation (2/106), des incompréhensions mutuelles entre juifs et chrétiens (2/113), du fait qu'à Lui appartient l'Est et l'Ouest (2/115), d'autres choses encore relatives aux juifs et aux chrétiens (2/120-123), ensuite de Abraham (2/123), du fait que c'est lui qui, le premier, avait bâti la Kaaba à La Mecque (2/126-129), fait allusion à la raison de la différence entre islam abrahamique (qui est général) et judaïsme mosaïque (qui est particulier) (2/130-141), avant de parler du changement de qibla (2/142-150).
Voilà le fil conducteur de ce passage, au sein de la sourate al-Baqara, dit Ibn ul-Qayyim (Zâd ul-ma'âd, 3/67-68).
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Voilà quelques exemples d'analyse linéaire de quelques sourates / passage du Coran.
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