Il est des musulmans qui pensent que, d'après l'islam, la femme musulmane ne doit absolument pas sortir de chez elle. "Le vrai voile, disent-ils, c'est que la femme reste chez elle, sauf cas de nécessité absolue (maladie ou décès)". Est-il vraiment interdit à la musulmane de sortir de chez elle ?
En fait non, l'islam n'a pas interdit à la femme de sortir de chez elle, et n'a pas déclaré obligatoire pour elle de rester confinée à ses murs.
Le Prophète a ainsi dit aux hommes de maîtriser leur regard lorsqu'ils se trouvaient hors de chez eux (rapporté par al-Bukhârî), et Ibn Hajar a rappelé que le Prophète avait dit ceci parce qu'il n'est pas interdit aux musulmanes de sortir de chez elles (Fat'h ul-bârî, 11/16). Cependant, le Prophète a aussi dit : "La femme est une bergère à propos du domicile conjugal et des enfants, et sera questionnée à ce sujet" (al-Bukhârî et Muslim), ce qui montre que la femme a des priorités comme celle de s'occuper de sa maison et de ses enfants.
De même, le Prophète a dit : "N'empêchez pas les femmes de [se rendre] dans les mosquées. Leur domicile est cependant meilleur pour elles" (Abû Dâoûd, n° 567). Cet autre Hadîth montre de même qu'on ne doit pas interdire à la femme de sortir de chez elle (et que ce n'est donc pas interdit), mais que la femme doit se souvenir que son pivot principal est sa demeure, et que ses autres activités ne sauraient être menées en sorte de porter préjudice à cette priorité.
Al-Bukhârî a, dans son célèbre livre Al-Jâmi' us-Sahîh, écrit quelques titres (tarâjim) montrant des occasions où l'islam permet à la femme de sortir du moment qu'elle respecte les limites fixées par l'islam. On y relève notamment : "Vendre à une femme" (in Livre des ventes) (ce qui sous-entend que la femme est sortie pour se rendre au marché) ; "Du fait que la femme sorte pour se rendre à la mosquée le soir" (in Livre de la prière) ; "Du fait que la femme sorte pour aller à un mariage" (in Livre du mariage).
Al-Bukhârî a rapporté de même un hadîth montrant Zaynab la femme de Abdullâh ibn Mas'ûd sortir de chez elle et aller questionner le Prophète sur un point précis... un autre hadîth montrant Aïcha et Hafsa partir en voyage avec leur mari le Prophète... un autre hadîth montrant Asmâ bint Abî Bakr aller s'occuper de ce que possédait son mari az-Zubayr.
Il faut également rappeler que l'islam a indiqué, ici comme ailleurs, des règles à respecter. Et il n'a pas manqué de rappeler que c'est lorsque le fait de sortir et d'aller sont motivés par des intentions malsaines qu'ils sont frappés d'interdiction et qu'ils sont alors, tant pour l'homme que pour la femme, des "adultères des pieds et du cœur".
Al-Bukhârî a ainsi rapporté ce hadîth du Prophète qui s'adresse autant à l'homme qu'à la femme : "... La fornication des yeux est le regard, celle des oreilles et d'écouter attentivement, celle des mains est de tenir, celle des pieds est de marcher, le cœur désire et espère, la partie intime, elle, approuve tout cela ou le désapprouve."
L'islam a donc certes permis ce qui figure ci-dessus, mais il a, parallèlement, indiqué des règles destinées à éviter la permissivité et le libertinage. Parmi ces règles figure ce que nous avons écrit dans les articles suivants :
Quelles limites à l'action du regard et pourquoi ?
La tenue de la musulmane
Des règles pour la présence d'hommes et de femmes.
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).