L'islam a indiqué aux hommes et aux femmes des règles à respecter lors de la présence, dans un lieu, de personnes des deux sexes et ne constituant pas les uns par rapport aux autres des proches parents.
Il y a une attirance naturelle entre l'homme et la femme, et l'islam ne demande pas de chercher à éradiquer cette attirance. Mais il demande de la canaliser, de l'éduquer. En effet, si l'attirance vers l'autre sexe et l'instinct qui en est à la base sont naturels, et si cet instinct doit s'exprimer et non être refoulé, il y a une grande différence entre le fait de l'orienter et celui de le flatter sans cesse.
Ainsi, les corps n'étant pas marqués négativement, il est normal qu'entre époux et épouse on s'admire et on s'attire. Mais que des corps affichent partout en public leurs attraits aux regards, et que des regards ne se privent pas de tirer profit de ces attraits, voilà des faits qui ne peuvent manquer avoir des effets sur l'individu, la famille et la société. Combien de couples se sont ainsi séparés parce que l'un ou l'autre a été attiré par plus beau, plus belle que son époux(se). Combien, alors, de familles déchirées, d'enfants malheureux...
C'est ici qu'apparaît le réalisme de l'islam. En islam, il est demandé à l'être humain non pas seulement de vivre l'aspect extérieur et juridique des enseignements des textes, mais également de se purifier le cœur, comme le demandent ces textes. Cependant, purifier son cœur veut dire se libérer de l'excès, de l'emprise dictatoriale de l'instinct sur l'âme ; cela ne veut pas dire atteindre l'irréalisable, c'est-à-dire éteindre le désir et le sentiment, en un mot devenir un ange ou presque. Aussi, purifier son cœur de l'attirance vers l'autre sexe veut dire l'éduquer pour ne pas penser qu'à çà. Mais il est impossible de faire disparaître totalement cette attirance, elle est inscrite en l'être humain ! Dès lors, l'islam indique un certain nombre de règles à respecter pour les occasions de présence d'hommes et de femmes qui ne sont ni époux et épouses, ni proches parents (mahârim)...
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– A) La tenue vestimentaire voulue pour les hommes et les femmes :
Voir à ce sujet mes deux articles Quelle tenue vestimentaire pour la musulmane ? et Quelle tenue vestimentaire pour le musulman ?
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– B) Se préserver d'être dans une situation où on se retrouve seuls (al-khalwa) dans un lieu isolé :
Le Prophète a interdit qu'un homme et une femme qui ne sont ni époux ni proches parents (mahram) se trouvent seuls dans une pièce isolée ou équivalent. Il a ainsi dit : "Un homme ne doit absolument pas se retrouver seul avec une femme..." (al-Bukhârî, 4935, Muslim, 1341).
Il s'agit bien entendu d'un homme qui n'est ni le mari ni le proche parent (mahram) de cette femme.
Cette mesure comporte un objectif de précaution évident.
– Ne tombent cependant pas sous le coup de cette règle les cas suivants :
–--- Le fait que cet homme et cette femme soient certes en aparté, mais cela non pas dans une pièce isolée mais en public (sous réserve du respect des règles C et D).
Ainsi, une femme ansarite est venue rencontrer le Prophète et lui demander de lui parler en aparté, ce à quoi le Prophète consentit. Ce hadîth a été rapporté par al-Bukhârî (n° 4936), qui titre : "Du fait qu'il est permis qu'un homme et une femme soient en aparté, quand cela est en public". Al-Muhallab souligne que cette femme a parlé au Prophète de sorte que personne d'autre ne puisse entendre ses propos, mais sans qu'ils cessent d'être au vu de tous les autres, et qu'il ne s'agit donc pas du cas interdit (Fat'h ul-bârî).
–--- Le fait que cet homme et cette femme soient certes dans une pièce isolée, mais qu'ils n'y soient pas seuls.
A cet effet :
–----- Le mieux est que ce soit un proche parent (mahram) de cette femme qui soit présent avec eux. C'est ce que dit le Hadîth complet dont j'ai cité une partie plus haut : "Un homme ne doit absolument pas se retrouver seul avec une femme. Mais qu'il y ait, présent auprès d'elle, un de ses proches parents" (al-Bukhârî, 4935, Muslim, 1341).
–----- Sinon, au moins que cet homme ne se rende pas seul mais accompagné d'un ou de deux autres hommes pieux et de bonnes mœurs : le Prophète a ainsi dit dans un autre hadîth : "Après aujourd'hui, qu'un homme ne se rende pas auprès d'une femme dont le mari est absent, sauf s'il est accompagné d'un autre homme et de deux autres hommes" (Muslim, 2173). An-Nawawî souligne que ce hadîth s'applique uniquement à des hommes pieux et dignes de confiance (Shar'h Muslim).
–----- Ibn Hajar et an-Nawawî sont d'avis que le fait qu'un groupe de femmes de bonnes mœurs soit présent auprès de la femme auquel cet homme rend visite fait également qu'on ne tombe pas dans le cas interdit (Fat'h ul-bârî, 4/100, et Al-Majmû', 4/176).
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– C) Eviter les mélanges sans limites :
Différents hadîths du Prophète nous enseignent qu'il faut également éviter, par mesure de précaution, les mélanges sans limites des hommes et des femmes (al-muzâhama). Ainsi, étant un jour sorti de sa mosquée, le Prophète vit que musulmans et musulmanes s'étaient mélangés totalement dans le chemin. Il rappela alors qu'il fallait éviter cela (Abû Dâoûd, 5272).
A l'intérieur de sa mosquée à Médine, il avait d'ailleurs établi que les hommes prieraient dans les rangées du devant, les femmes dans celles de derrière (sens d'un hadîth rapporté par Muslim).
Il ne s'agit pas de "faire un apartheid des hommes et des femmes", mais d'éviter que tout le monde se touche. Car des dérapages se produisent hélas, on le voit dans tous les pays du monde : ce n'est pas seulement en Malaisie (pays musulman), mais aussi dans certaines villes du Japon et du Brésil qu'ont été aménagés des wagons réservés aux femmes ; au Royaume-Uni le projet est à l'étude. Au Mexique il existe des bus réservés aux femmes.
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– D) Généralités :
En plus de ces règles, il y a des principes qu'il ne faut pas négliger :
–--- l'intention doit être bonne (c'est-à-dire conforme aux règles de l'islam),
–--- les regards doivent rester dans le cadre de ce que l'islam a dit aussi bien aux femmes qu'aux hommes (voir notre page à ce sujet),
–--- les propos tenus lors de ce genre d'assemblées doivent être conformes aux règles de l'éthique musulmane (voir notre page à ce sujet).
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– E) Principe de précaution :
Abû Chuqqa pense qu'il faut éviter les conversations qui sont faites de façon longue et répétée avec la même personne ; cela par mesure de précaution, sadd udh-dharî'a, précise-t-il. Sauf si on ne peut faire autrement, précise-t-il aussi (Tahrîr ul-mar'a fî 'asr ir-rissâla, 2/96-97).
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– F) Au cas où certaines des règles sus-évoquées ne sont pas appliquées dans le Réel :
Il faut alors procéder à une évaluation (Muwâzana) entre la Mafsada que constitue l'absence de cette ou ces règle(s), et la Maslaha recherchée en étant présent (Tahrîr ul-mar'a fî 'asr ir-rissâla, 2/101-102).
Ainsi, il est attendu que lorsqu'on est salarié dans une entreprise qui ne respecte pas certaines des règles sus-évoquées et qu'on n'a pas d'autre travail, on fera avec la situation existante, en faisant attention à soi-même.
Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).