De quoi la matière que nous percevons est-elle faite : - d'un mélange de 4 éléments (terre, eau, air et feu), eux-mêmes constitués d'une substance unique (hulè, الهَيُولَى) dont seules les formes (morphè, الصُورة) sont diverses ? - ou bien de petites "briques indivisibles" (أجزاء لا تتجزأ) - ? ou bien encore d'atomes (eux-mêmes étant composés de particules encore plus petites), qui se combinent et se recombinent pour former des constituants plus grands : les molécules ?

Nos corps ainsi que ceux des animaux, de même que les objets inertes qui nous entourent, en passant par l'eau qui coule, jusqu'à l'air que nous respirons, tout cela est fait de matière. De la matière fort diverse, et pourtant portant une même appellation : la matière.

Quelle est la base de cette matière ?
Comment expliquer qu'un morceau de glace se transforme en eau, qui elle-même se change en "air" (lorsque s'évaporant) ?
Un noyau, mis en terre, donne un arbre, dont l'écorce est rude mais les fruits sont tendres, juteux et sucrés : comment sont apparus ces fruits ?

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I) Chez les anciens Grecs :

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A) L'atomisme :

Pour Leucippe et Démocrite, la matière est composée d'un ensemble de petites particules solides qui sont insécables (c'est le sens étymologique de "atome", pour : "a-tomos", "qui ne peut pas être sectionné") et qui tourbillonnent dans un espace vide. Certains atomes sont anguleux (c'est le cas des objets qui sont rigides), d'autres ronds (c'est le cas des liquides) ; certains sont crochus, ce qui leur permet d'être solidement et fermement attachés l'un à l'autre (d'où l'expression : "avoir des atomes crochus").

La matière est donc discontinue : les atomes tourbillonnent dans un espace vide.

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B) L'hylémorphisme :

Platon, et après lui Aristote, n'adhérant pas à la théorie des atomes de Démocrite, ont proposé la théorie de l'hylémorphisme, qui repose sur l'idée de l'impossibilité du vide.

Pour Aristote, la matière (مادة) est continue : elle ne contient aucun vide.

La matière est composée :
--- d'une part d'un support stable et indéterminé, lequel constitue de "la matière en puissance" (مادّة بالقوّة) : ce support se nomme : "la hulè" (الهَيُوْلَى) ;
--- et, d'autre part, d'un autre support : la morphè, la forme physique (الصورة الجسميّة) :
--- c'est lorsque la hulè se combine avec cette forme physique que l'on a de "la matière en acte" (مادّة بالفعل) ; ces deux supports sont deux "جوهر".

Ensuite, selon la nature des 2 "qualités élémentales" (sec - humide - froid - chaud) (أعراض) dont elle est porteuse, cette matière concrète (مادّة بالفعل) devient l'un des 4 Eléments (العناصر الأربعة) (lesquels fondent tout ce qui se trouve dans le monde sub-lunaire). C'est la théorie d'Empédocle. Ainsi, l'eau est la matière qui est humide et froide ; l'air est la matière qui est humide et chaude ; la terre est la matière qui est sèche et froide ; enfin, le feu est la matière qui est sèche et chaude. Voilà les quatre formes d'espèce (الصورة النوعيّة).

Quant aux "matières dérivées", telles que le bois, le fer, etc., leur existence est due au mélange de tel, tel et tel d'entre les 4 éléments fondamentaux , avec une plus ou moins grande proportion de tel élément par rapport à tel autre.
Les individus (les personnes humaines, ou les objets individuels) ont quant à eux une forme individuelle (الصورة الشخصيّة), ce qui assure que chacun est "coupé" de l'autre.

Pour Aristote, sous l'effet d'un changement opéré par une Cause Motrice, l'eau peut prendre quelque chose de la qualité "chaud" tout en demeurant "eau" - laquelle est, rappelons-le, "la matière humide et froide". Cependant, cela ne peut aller que jusqu'à un certain point. Car si le changement est très important et que la chaleur devient trop grande, cela détruit l'Essence de l'eau : l'eau ne demeure alors plus "eau" mais se transforme en "air" - lequel est "la matière humide et chaude". Cela bien que la matière indéterminée originelle demeure.

Par ailleurs, selon Aristote (la raison de l'attraction terrestre n'étant à son époque pas encore connue), il y a "le lieu naturel", et chaque objet tend vers le lieu naturel de son composant le plus important :
--- tout en bas est la terre (qui est "grave", ou pesante) ;
--- puis c'est l'eau ;
--- ensuite l'air ;
--- tout en haut est le feu (qui est "volatil") ;
--- quant à l'éther, il est plus haut encore, hors du domaine terrestre (supra-lunaire).
C'est ce qui explique selon lui qu'une chaise en bois soit pesante et attirée par le sol, alors que de la vapeur d'eau s'élève : chacun désire rejoindre son lieu naturel.

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II) Dans la tradition musulmane (cela englobant l'ensemble de ceux qui se réclament de l'islam) :

Les Falâssifa qui furent les "disciples" lointains de Aristote ont repris l'hylémorphisme : la matière existe depuis toujours. Ils y ont juste tenté de marier cette croyance avec la croyance islamique : ils disent que même si elle existe depuis toujours, elle a toujours eu besoin de Dieu pour exister : elle est donc qadîm bi-z-zamân, mais pas qadîm bi-dh-dhât.

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Bien que rejetant évidemment la croyance que la matière existe depuis toujours (Al-Fissal 1/26-36), Ibn Hazm a cependant repris l'hylémorphisme.

Le "jism" est le "jawhar", et le "jawhar" est le "jism", dit-il.

La hulè est la même chose que le jism.

Et l'univers tout entier est constitué d'un seul et même "jawhar".

C'est seulement la différence d'attributs essentiels ou élémentaux (sifât dhâtiyya) qui entraîne les essences différentes que nous voyons : l'eau, le fer, le bois, etc.. A coté de cela, il existe des attributs secondaires (par exemple chaud / froid ; petit / grand, etc.).
Selon Ibn Hazm, lorsqu'un morceau de matière se transforme en une autre matière, c'est par changement de ses qualités élémentales, tandis que le substrat reste le même : la hulè.
(Ce n'est que par miracle d'origine divine que de la nouvelle matière vienne à l'existence : par exemple quand l'eau a jailli d'entre les doigts du Prophète, que la paix soit sur lui).

Par ailleurs, certes, les personnes et les objets finis (ashkhâs) (fussent-ils du même type) sont bien sûr séparés les uns des autres (c'est la "ghayriyya", dit-il) : la matière composant les uns est en quelque sorte "coupée" de celle composant les autres, formant ainsi des "parties différentes".
A une échelle moindre, ce sont différents "jism", différents "jawhar".
Mais en fait ce sont des morceaux (sectionnés l'un par rapport à l'autre) d'un seul et même "jism" / "jawhar". Car chaque morceau de cette matière est constitué de la même base : la hulè (laquelle est la même chose que le "jism").

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Les Mutakallimûn ont pour leur part adopté l'atomisme. Ils pensaient que les atomes demeuraient dans l'homme, et que seules ses qualités changent : Dieu ayant créé l'homme à partir d'une goutte (de sperme mélangée à la "goutte" féminine), les atomes présents dans cette goutte demeurent, et restent tout au long de son développement, lors de sa croissance avant sa naissance, etc.
Certains sont allés jusqu'à dire que, lors de la résurrection des corps, ce seront les atomes ayant constitué celui-ci, et qui se seront dispersés après la mort, qui seront rassemblés de là où ils seront.

Le jawhar est un autre nom de l'atome (Al-'Aqîda an-nassafiyya, avec son Shar'h, p. 25) ; le jism étant pour sa part ce qui est composé de 2 atomes ou plus (Ibid., p. 24).
Parfois, cependant, chez les Mutakallimûn Postérieurs, on trouve le terme : "jawhar fard" pour désigner l'atome, "jawhar" étant alors, pour sa part, synonyme de "'ayn" (Kashshâfu Istilâhât il-funûn).

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Ibn Taymiyya n'adhère ni à la perception de Ibn Hazm, ni à celle des Mutakallimûn.
Il écrit que lorsque Dieu crée ce que nous voyons (de 'ayn) à partir de choses qu'Il a déjà créées et qui existe déjà (par exemple Il crée l'homme à partir d'une goutte), la chose antérieure disparaît totalement pour donner la chose nouvelle : "والحق أن المادة التي منها يخلق الثاني تفسد وتستحيل وتتلاشى، وينشئ الله الثاني ويبتديه، ويخلق من غير أن يبقى من الأول شيء، لا مادة ولا صورة، ولا جوهر ولا عرض. فإذا خلق الله الإنسان من المني، فالمني استحال وصار علقة، والعلقة استحالت وصارت مضغة، والمضغة استحالت إلى عظام وغير عظام. والإنسان بعد أن خُلق، خُلق كلُّه - جواهرُه وأعراضُهوابتدأه الله ابتداء" (Kitâb un-nubuwwât, p. 84).
Ibn Taymiyya n'est pas de l'avis qu'on parvient à des éléments infiniment petits, qui sont tous semblables, et qui ne peuvent plus être divisés en plus petits encore (comme le disent les atomistes, et donc les Mutakallimûn).
Cependant, il n'est pas non plus de l'avis qui dit qu'on peut diviser indéfiniment les objets (comme le dit Ibn Hazm) : selon Ibn Taymiyya, à force de diviser, on arrive à un stade où les particules mises en exergue restent différentes l'une de l'autre, mais ne peuvent plus être divisées en plus petits encore sans se transformer systématiquement en autre chose.

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Aujourd'hui :

Ce que Ibn Taymiyya dit là n'est que partiellement vrai : il est vrai que (du moins lors d'une transformation chimique, comme nous le verrons plus bas) la chose antérieure disparaît pour laisser place à la chose nouvelle (contrairement à ce que les Mutakallimûn affirmaient).

Cependant, il a été, après l'époque de Ibn Taymiyya, établi (par observation) que les atomes existent bel et bien, et qu'ils peuvent bel et bien subsister dans l'objet subissant une transformation (ce qui rejoint partiellement ce que les Mutakallimûn disaient) : lors d'une transformation, les atomes ne disparaissent pas totalement, ou pas systématiquement.

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C'est John Dalton qui fut le premier à réutiliser le terme "atomes" (littéralement : "qui ne peuvent pas être divisés"), pour désigner ce qu'il croyait alors être les plus petits constituants de la matière.
Par la suite, d'autres scientifiques ont découvert que même ce que Dalton avait nommé "atome" - car il le croyait être la plus petite "brique" entrant en jeu dans la construction de la matière - est en fait divisible en particules plus petites encore (lesquelles sont ses constituants) : les neutrons et les protons (lesquels forment le noyau atomique), plus les électrons se trouvant autour de ce noyau. Pourtant, le terme "atome" est demeuré pour désigner le constituant que Dalton avait révélé, car s'étant alors diffusé pour désigner cet élément-là (même si on s'est aperçu qu'en fait cet élément-là était encore "divisible"). On parle dès lors, pour désigner les particules plus petites encore que l'atome que sont les protons, neutrons et électrons, de : "constituants subatomiques".
(Par la suite, on a découvert que même les neutrons, protons et électrons étaient composés d'éléments plus petits encore : "les particules fondamentales").

Par ailleurs, on distingue aujourd'hui 4 états de la matière : solide, liquide, gazeux et plasmatique. C'est le changement de température (et aussi celui de pression) qui provoque ces changements d'états. Par ailleurs, en s'évaporant, l'eau ne se transforme pas en "air" mais change seulement d'état : ce point, autant Ibn Hazm qu'Ibn Taymiyya ne le savaient pas. En effet, en s'évaporant, l'eau change seulement d'état, passant de l'état liquide à l'état gazeux, rejoignant alors les autres gaz qui forment l'air (environ 1/5 de dioxygène et 4/5 de diazote), se mélangeant à eux et se diluant dans l'air ambiant ; mais elle ne disparaît pas réellement.

En fait, Ibn Taymiyya a exprimé ce qu'il a dit en fonction des connaissances de son époque : on ne connaissait alors pas les molécules, qui sont des éléments constitués d'atomes. Aujourd'hui on sait que les transformations chimiques font disparaître les molécules jusqu'alors présentes pour en faire apparaître de nouvelles (et cela rejoint ce que Ibn Taymiyya a dit : des transformations s'opèrent qui font disparaître ce qui était alors et font apparaître une chose différente), mais cela ne se fait que par réagencement des atomes présents, lesquels se recombinent différemment (et cela rejoint cette fois ce que les Mutakallimûn ont dit : les atomes demeurent).
Ainsi, suite à une combustion, le méthane (CH4, molécule constituée d'1 atome de carbone et de 4 atomes d'hydrogène), entrant en réaction avec l'oxygène (dioxygène, O2) présent dans l'air, donne : de l'eau (H2O), et du gaz carbonique (CO2).
Voilà ce que Lavoisier disait : "Rien ne se perd, rien ne se crée [= ne surgit du néant] : tout se transforme".
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Dieu dit qu'Il crée telle chose à partir de telle autre chose (déjà créée) :
--- "وَجَعَلْنَا مِنَ الْمَاء كُلَّ شَيْءٍ حَيٍّ" :
"Et Nous avons fait de l'eau toute chose vivante" (Coran 21/30), il s'agit de "certains types de choses, parmi la totalité des choses vivantes". لا بد من تخصيص العام، لأن الملائكة عليهم السلام وكذا الجن أحياء، وليسوا مخلوقين من الماء" (Rûh ul-ma'ânî). "فإن قيل: قد خلق الله بعض ما هو حي من غير الماء؟ قيل: هذا على وجه التكثير، يعني أن أكثر الأحياء في الأرض مخلوقة من الماء أو بقاؤه بالماء" (Tafsîr ul-Baydhâwî).
--- "وَبَدَأَ خَلْقَ الْإِنسَانِ مِن طِينٍ" (Coran 32/7) ;
--- "وَهُوَ الَّذِي خَلَقَ مِنَ الْمَاء بَشَرًا" (Coran 25/54) ;
--- "وَلَقَدْ خَلَقْنَا الإِنسَانَ مِن صَلْصَالٍ مِّنْ حَمَإٍ مَّسْنُونٍ وَالْجَآنَّ خَلَقْنَاهُ مِن قَبْلُ مِن نَّارِ السَّمُومِ" (Coran 15/26-27) ; 
--- "خَلَقَ الْإِنسَانَ مِن صَلْصَالٍ كَالْفَخَّارِ وَخَلَقَ الْجَانَّ مِن مَّارِجٍ مِّن نَّارٍ" (Coran 55/14-15).
Ces composants entrent en jeu dans la constitution du produit fini, en lequel soit le premier composant peut toujours se trouver tel quel, y étant mêlé à d'autres composants, soit le premier composant peut y avoir été complètement transformé en une tout autre chose.

Shâh Waliyyullâh expose qu'il y a :
--- le fait que Dieu ait créé (khalq) des choses à partir de rien (Shâh Waliyyullâh désigne cela par le terme "ibdâ'") ;
--- le fait que Dieu crée (khalq) des choses à partir de choses qu'Il avait déjà créées précédemment ;
--- le fait que Dieu gère (tadbîr) les choses créées :
"اعلم أن الله تعالى بالنسبة إلى إيجاد العالم ثلاث صفات مترتبة. أحدها: الإبداع وهو إيجاد شيء لا من شيء فيخرج الشيء من كتم العدم بغير مادة؛ وسئل رسول الله صلى الله عليه وسلم عن أول هذا الأمر؟ فقال: كان الله ولم يكن شيء قبله. والثانية: الخلق وهو إيجاد الشيء من شيء كما خلق آدم من التراب: {وخلق الجان من مارج من نار}. (...) والثالثة تدبير عالم المواليد ومرجعه إلى تصيير حوادثها موافقة للنظام الذي ترتضيه حكمته مفضية إلى المصلحة التي اقتضاها وجوده" (Hujjat ullâh il-bâligha, 1/47-49).

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Aujourd'hui on sait également (et cela rejoint ce que disaient les Mutakallimûn, qui parlaient de "تماثُل الأجزاء التي لا تتجزأ") que les protons, les neutrons et les électrons sont tous les mêmes (en nature, en forme, etc.), quel que soit l'atome qu'ils constituent : ce sont les mêmes "briques" qui constituent l'hydrogène, le carbone, etc., la seule différence étant le nombre de "briques" entrant en jeu dans la construction de chaque atome : 1 seul proton pour l'atome d'hydrogène ; 6 protons pour l'atome de carbone ; 8 pour l'atome d'oxygène, etc. Le professeur de sciences physiques de l'un de mes enfants me l'a - suite à mon questionnement - confirmé, avant d'ajouter : "La découverte et la compréhension des différentes formes de radioactivité dans la première moitié du XXème siècle a conduit à des expériences qui permettent de passer d'un atome à l'autre (du carbone à l'azote par exemple), en recombinant ces briques élémentaires que sont les protons, neutrons et électrons" (fin de citation). Ce genre de recombinaisons sont des transformations nucléaires.

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Les types de changements / transformations que la science connaît aujourd'hui :

Il existe :

le mélange hétérogène, où différents constituants ont été mélangés, mais d'une façon telle que l'on peut toujours, à l'oeil nu, distinguer l'un de l'autre (c'est le cas dans un bol de salade composée ; c'est aussi le cas lorsque de l'huile est mélangée à de l'eau : la première n'est pas soluble dans la seconde) ;

le mélange homogène, où, demeurant dans le même état (liquide, ou gazeux), différents constituants se sont retrouvés mélangés de sorte que l'on ne puisse plus, à l'oeil nu, distinguer l'un de l'autre. Cela constitue une dilution - d'après la perception des seuls sens humains - :
----- cela peut conduire à l'assimilation - d'après la perception des seuls sens humains - d'un constituant par un autre, majoritaire (comme lorsque deux gouttes de lait sont mélangées à une quantité d'eau plus importante) ;
----- comme cela peut conduire à l'apparition - d'après la perception des seuls sens humains - d'un nouveau produit, qui n'est plus ni le premier, ni le second (comme lorsque du lait et de l'eau, tous deux en proportions conséquentes, sont mélangés : le résultat n'est plus du lait, ni de l'eau, et ils ne peuvent plus se séparer sans opération humaine particulière) (on peut également ici citer le cas de l'urine : elle est constituée à 95% d'eau, et seuls les 5% restants sont constitués des déchets ; cependant, ce sont eux qui donnent son odeur particulière à l'urine, ce qui fait que celle-ci n'est plus de l'eau) ;

la transformation physique, qui se produit par un changement d'état (de liquide, la matière devient gazeuse, par exemple ; ou, de solide, la matière devient liquide).
Si (et seulement si) cette matière se retrouve mélangée à une autre, d'où mélange, il en résultera une dilution - d'après la perception des seuls sens humains -, et, alors :
----- cela peut conduire à l'assimilation - d'après la perception des seuls sens humains - d'un constituant par un autre, majoritaire ;
----- comme cela peut conduire à l'apparition - d'après la perception des seuls sens humains - d'un nouveau produit, qui n'est plus ni le premier, ni le second ;

la transformation chimique ou moléculaire, qui se produit suite à une réaction : les éléments – les atomes – demeurent, mais ce sont les liaisons entre eux qui changent, d'où l'apparition d'espèces chimiques – les molécules – différentes de celles présentes avant la réaction ;

la transformation nucléaire, qui se produit lors de la transformation d'un atome en un autre, avec rupture du noyau de l'atome initial.

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Lire ici :

--- Peut-on transformer quelque chose d'illicite pour en obtenir un produit licite ? (مسألة تغيير العين الخبيث للانتفاع منه) - Et si on a procédé à un léger changement de la chose illicite, de sorte que son nom a changé, la règle d'illicité s'applique-t-elle toujours ?

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Deux précisions supplémentaires :

Il faut ici noter que les liaisons existant entre les différents molécules de même nature diffèrent selon l'état de la matière : c'est pourquoi la matière se disperse facilement quand elle passe à l'état gazeux ; qu'elle s'écoule quand elle est à l'état liquide ; et qu'elle est plus ou moins stable quand elle est à l'état solide. Voir un croquis représentant cela.

Quand on tranche, par le moyen d'un objet contondant, un solide formant jusqu'alors une seule pièce, pourquoi en résulte-t-il deux pièces, désormais séparées l'une de l'autre ?
Réponse : "Un couteau ne coupe pas parce que son tranchant glisse entre les éléments. (...) Lorsque vous coupez ce genre de choses avec un couteau, vous ne faites que pousser et déformer le matériau. Mais toute la force que vous appliquez avec votre bras est délivrée dans une zone légèrement plus étroite qu'un micron. Du point de vue du matériau lui-même, cette force déformera considérablement le matériau à proximité du bord du couteau. Au final, le matériau se déforme tellement qu'il se déchire - les liaisons les plus faibles entre les molécules se désagrègent, en particulier à proximité des défauts ou autres points faibles d'un matériau" (Quora).

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III) Voici quelques-uns des écrits de Ibn Hazm, puis de Ibn Taymiyya, sur le sujet :

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Des écrits de Ibn Hazm sur le sujet :

"قال أبو محمد: ذهب طوائف من المعتزلة إلى أن الله تعالى لا ماهية له.
وذهب أهل السنة وضرار بن عمرو إلى إن لله تعالى ماهية، قال ضرار: لا يعلمها غيره.
قال أبو محمد: والذي نقول به - وبالله تعالى التوفيق -: إن له ماهية، وهي إنّيّته نفسها؛ وإنه لا جواب لمن سأل "ما هو الباري؟" إلا ما أجاب به موسى عليه السلام إذ سأله فرعون: "وما رب العالمين؟"؛ ونقول: إنه لا جواب ها هنا إلا في علم الله تعالى؛ ولا عندنا إلا ما أجاب به موسى عليه السلام، لأن الله تعالى حمد ذلك منه وصدّقه فيه، ولو لم يكن جوابا صحيحا تاما لا نقص فيه، لما حمده الله"
(Al-Fissal 2/13).

"قال أبو محمد: ذهب جمهور المتكلمين إلى أن الأجسام تنحلّ إلى أجزاء صغار لا يمكن البتة أن يكون لها جزء، وأن تلك الأجزاء جواهر لا أجسام لها.
وذهب النظام وكل من يحسن القول من الأوائل إلى أنه لا جزء وإن دق إلا وهو يحتمل التجزؤ أبدا بلا نهاية، وأنه ليس في العالم جزء لا يتجزأ، وأن كل جزء انقسم الجسم إليه، فهو جسم أيضا وإن دق أبدا.

قال أبو محمد: وعمدة القائلين بوجود الجزء الذي لا يتجزأ: خمس مشاغب؛ وكلها راجعة بحول الله وقوته عليهم. ونحن إن شاء الله تعالى نذكرها كلها ونتقضى لهم كل ما موّهوا به ونري بعون الله عز وجل بطلان جميعها بالبراهين الضرورية. ثم نري بالبراهين الصحاح صحة القول بأن كل جزء فهو يتجزأ أبدا، وأنه ليس في العالم جزء لا يتجزأ أصلا، كما فعلنا بسائر الأقوال والحمد لله رب العالمين" (Al-Fissal, 3/273).

"فنقول - وبالله تعالى التوفيق -: إن العالم كله جوهر وعرض، لا سبيل إلى وجود قسم ثالث في العالم دون الله تعالى" (Al-Fissal, 1/93).

"وأما نحن فنقول: إنه ليس في الوجود إلا الخالق وخلقه، وأنه ليس الخلق إلا جوهرا حاملا لأعراضه، وأعراضا محمولة في الجوهر، لا سبيل إلى تعدي أحدهما عن الآخر. فكل جوهر جسم، وكل جسم جوهر؛ وهما اسمان معناهما واحد ولا مزيد. وبالله تعالى التوفيق" (Al-Fissal 3/249).

أما الهيولى فهو الجسم نفسه الحامل لأعراضه كلها. وإنما أفردته الأوائل بهذا الاسم: إذ تكلموا عليه مفردا في الكلام عليه عن سائر أعراضه كلها - من الصورة وغيرها -، مفصولا في الكلام عليه خاصة عن أعراضه؛ وإن كان لا سبيل إلى أن يوجد خاليا عن أعراضه ولا متعريا منها أصلا ولا يتوهم وجوده كذلك ولا يتشكل في النفس ولا يتمثل ذلك أصلا؛ بل هو محال ممتنع جملة" (Al-Fissal 3/252).

"قال أبو محمد: جوابنا - وبالله تعالى التوفيق -: إن العالم كله جوهرة واحدة، تختلف أبعاضها بأعراضها وبصفاتها فقط. وبحسب اختلاف صفات كل جزء من العالم تختلف أسماء تلك الأجزاء التي عليها تقع أحكام الله عز وجل في الديانة وعليها يقع التخاطب والتفاهم من جميع الناس بجميع اللغات. فالعنب عنب وليس زبيبا. والزبيب ليس عنبا. وعصير العنب ليس عنبا ولا خمرا. والخمر ليس عصيرا. والخل ليس خمرا. وأحكام كل ذلك في الديانة تختلف والعين الحاملة واحدة. وكل ذلك له صفات، منها يقوّم حدّه. فما دامت تلك الصفات في تلك العين، فهي ماء وله حكم الماء؛ فإذا زالت تلك الصفات عن تلك العين، لم تكن ماء ولم يكن لها حكم الماء. وكذلك الدم والخمر والبول وكل ما في العالم لكل نوع منه صفات ما دامت فيه: فهو خمر له حكم الخمر، أو دم له حكم الدم، أو بول له حكم البول أو غير ذلك؛ فإذا زالت عنه لم تكن تلك العين خمرا ولا ماء ولا دما ولا بولا ولا الشيء الذي كان ذلك الاسم واقعا من أجل تلك الصفات عليه. فإذا سقط ما ذكرتم من الخمر أو البول أو الدم في الماء أو في الخل أو في اللبن أو في غير ذلك، فإن بطلت الصفات التي من أجلها سمي الدم دما والخمر خمرا والبول بولا، وبقيت صفات الشيء الذي وقع فيه ما ذكرنا بحسبها، فليس ذلك الجرم الواقع يعدّ خمرا ولا دما ولا بولا، بل هو ماء على الحقيقة أو لبن على الحقيقة، وهكذا في كل شيء. فإن غلب الواقع مما ذكرنا وبقيت صفاته بحسبها وبطلت صفات الماء أو اللبن أو الخل، فليس هو ماء بعد ولا خلا ولا لبنا، بل هو بول على الحقيقة أو خمر على الحقيقة أو دم على الحقيقة، فإن بقيت صفات الواقع ولم تبطلـ[ها] صفات ما وقع فيه، فهو ماء وخمر، أو ماء وبول، أو ماء ودم، أو لبن وبول، أو دم وخل، وهكذا في كل شيء؛ ولم يحرم علينا استعمال الحلال من ذلك لو أمكننا تخليصه من الحرام؛ لكنا لا نقدر على استعماله إلا باستعمال الحرام، فعجزنا عنه فقط، وإلا فهو طاهر مطهر حلال بحسبه كما كان. وهكذا كل شيء في العالم: فالدم يستحيل لحما، فهو حينئذ لحم وليس دما، والعين واحدة؛ واللحم يستحيل شحما فليس لحما بعد بل هو شحم والعين واحدة؛ والزبل والبراز والبول والماء والتراب يستحيل كل ذلك في النخلة ورقا ورطبا، فليس شيء من ذلك حينئذ زبلا ولا ترابا ولا ماء، بل هو رطب حلال طيب، والعين واحدة؛ وهكذا في سائر النبات كله؛ والماء يستحيل هواء متصعدا وملحا جامدا، فليس هو ماء بل ولا يجوز الوضوء به، والعين واحدة؛ ثم يعود ذلك الهواءُ وذلك الملحُ ماءً، فليس حينئذ هواءً ولا ملحًا، بل هو ماء حلال يجوز الوضوء به والغسل. فإن أنكرتم هذا وقلتم: "إنه وإن ذهبت صفاته فهو الذي كان نفسه"، لزمكم ولا بد إباحة الوضوء بالبول - لأنه ماء مستحيل بلا شك - وبالعرق - لأنه ماء مستحيل. ولزمكم تحريم الثمار المغذاة بالزبل وبالعذرة، وتحريم لحوم الدجاج - لأنها مستحيلة عن المحرمات" (Al-Muhallâ, 1/163).

"لأننا نقول لهم - وبالله تعالى التوفيق -: العالم كله قسمان: جوهر حامل، وعرض محمول؛ ولا مزيد ولا ثالث في العالم غير هذين القسمين. هذا أمر يعرف بضرورة العقل وضرورة الحس. فالجواهر مغايرة بعضها لبعض بذواتها التي هي أشخاصها - يعني: بالغيرية فيها -، وتختلف أيضا بجنسها، وهي أيضا مفترق بعضها من بعض بالعرض المحمول في كل حامل من الجواهر. وأما الأعراض فمغايرة للجواهر بذواتها بالغيرية فيها، وكذلك هذه أيضا بعضها مغاير لبعض بذواتها وبعضها مفارق لبعض بذواتها؛ وإن كان بعض الأعراض أيضا قد تحمل الأعراض، كقولنا: "حمرة مشرقة" و"حمرة كدرة" و"عمل سيئ" و"عمل صالح" و"قوة شديدة" و"قوة دونها في الشدة"؛ ومثل هذا كثير إلا أن كل هذا يقف في عدد مُتناهٍ لا يزيد" (Al-Fissal 3/222).

بطل بهذا تقدير من ظن من أهل الجهل أن الجنس والنوع والفصل جواهر، لا أجسام. وبالله تعالى التوفيق. لكن الأوائل سمّتها وسمّت الصفات الأوليات الذاتيات: "جوهريات"، لا "جواهر"؛ وهذا صحيح لأنها منسوبة إلى الجواهر، لملازمتها لها وأنها لا تفارقها البتة ولا يتوهم مفارقتها لها" (Al-Fissal, 3/253).

فأما الجواهر فاختراعها من ليس إلى أيس - وهو من العدم إلى الوجود -، فممتنع غير ممكن البتة لأحد دون الله تعالى مبتدىء العالم ومخترعه؛ فمن ظهر عليه اختراع جسم - كالماء النابع من أصابع رسول الله صلى الله عليه وسلم بحضرة الجيش -، فهي معجزة شاهدة من الله تعالى له بصحة نبوته، لا يمكن غير ذلك أصلا. وكذلك إحالة الأعراض التي هي جوهريات ذاتيات - وهي الفصول التي تؤخذ من الأجناس -؛ وذلك كقلب العصا حيّة، وحنين  الجذع، وإحياء الموتى الذين رموا وصاروا عظاما، والبقاء في النار ساعات لا تؤذيه، وما أشبه ذلك. وكذلك [إحالة] الأعراض التي لا تزول إلا بفساد حاملها - كالغطس والرزق ونحو ذلك -، فهذا لا يقدر عليه أحد دون الله تعالى بوجه من الوجوه. وأما إحالة الأعراض من الغيرات التي تزول بغير فساد حاملها، فقد تكون بالسحر؛ ومنه طلمسات كتنفير بعض الحيوان عن مكان مّا فلا يقربه أصلا، وكإبعاد البرد ببعض الصناعات، وما أشبه هذا. وقد يزيد الأمر ويفشوا العلم ببعض هذا النوع حتى يحسبه أكثر الناس كالطير والاصباغ وما أشبه هذا" (Al-Fissal, 1/93-94).

Des ulémas hanafites ayant affirmé que la goutte d'urine ou d'alcool tombant dans de l'eau y existe toujours, mais ce qui se passe c'est que ses attributs n'y apparaissent pas car elle est diluée dans la plus grande quantité d'eau ; de même pour une petite quantité du métal argent étant fondue et incorporée à de l'or ; Ibn Hazm exprime son désaccord avec leur façon de voir, en les termes suivants : "احتج الحنيفيون ومن وافقهم في قولهم "إن النقطة من البول والخمر تقع في الماء فلا يظهر لها فيها أثر؛ إنها باقية فيه بجسمها إلا أن أجزاءها دقت وخفيت عن أن تحس. وكذلك الحبر يرحى في اللبن فلا يظهر له فيه اثر. وكذلك الفضة اليسيرة تذاب في الذهب فلا يظهر لها فيه أثر. وهكذا كل شيء." قالوا: "لو أن ذلك المقدار من الماء يحيل ماء النقطة من الخمر تقع فيه، لكان أكثر من ذلك المقدار أقوى على الإحالة بلا شك. ونحن نجد كلما زدنا نقط الخمر وقلتم أنتم قد استحالت ماء ونحن نزيد، فلا يلبث أن تظهر الخمر. وهكذا في كل شيء." قالوا: "فظهرت صحة قولنا، ولزمكم أن كلما كثر الماء ضعفت إحالته. وهكذا في كل شيء."
قال أبو محمد: فقلنا لهم: إن الأمور إنما هي على ما رتّبها الله عز وجل وعلى ما توجد عليه، لا على قضاياكم المخالفة للحس. ولا ينكر أن يكون مقدارٌ مّا يفعل فعلًا مّا، فإذا كثر لم يفعل ذلك الفعل؛ كالمقدار من الدواء ينفع، فإذا زيد فيه أو نقص منه، لم ينفع؛ ونحن نقرّ معكم بما ذكرتم ولا ننكره. فنقول
: إن مقدارّا مّا من الماء يحيل مقدارا مما يلقى فيه من الخل أو الخمر أو العسل ولا يحيل أكثر منه مما يلقى فيه؛ ونحن نجد الهواء يحيل الماء هواء، حتى إذا كثر الهواء المحيل من الماء لم يستحل بل أحال الهواء ماء؛ وهكذا كل ما ذكرتم. وإنما العمدة ها هنا ما شهدت به أوائل العقول والحواس من أن الأشياء إنما تختلف باختلاف طبائعها وصفاتها التي منها تقوم حدودها وبها تختلف في اللغات أسماؤها. فللماء صفات وطبائع إذا وجدت في جرم مّا سمى ماء وكان ماءً؛ فإذا عدمت منه لم يسم ماء ولم يكن ماء. وهكذا كل ما في العالم ولا تحاشي شيئا أصلا. ومن المحال أن تكون حدود الماء وصفاته وطبعه: في العسل أو في الخمر. وهكذا كل شيء في العالم. فأكثره يستحيل بعضه إلى بعض. فأي شيء وجدت فيه حدود شيء مّا، سمي باسم ما فيه تلك الحدود إذا استوفاها كلها؛ فإن لم يستوف إلا بعضها وفارق أيضا شيئا من صفاته الذاتية، فهو حينئذ شيء غير الذي كان وغير الذي مازج؛ كالعسل الملقى في الأيارج ونقطة مداد في لبن وما أشبه ذلك. وهذه رتبة العالم في مقتضى العقول وفيما تشاهد الحواس والذوق والشم واللمس. ومن دفع هذا خرج عن المعقول. ويلزم الحنيفيين من هذا اجتناب ماء البحر لأن فيه - على عقولهم - عذرة وبولا ورطوبات ميتة؛ وكذلك مياه جميع الأنهار أولها عن آخرها، نعم، وماء المطر أيضا. ونحن نجد الدجاج يتغذى بالميتة والدم والعذرة والكبش يسقي خمرا أن ذلك كله قد استحال عن صفات كل ذلك وطبعه إلى لحم الدجاج والكبش، فحلّ عندنا وعندهم؛ ولو كثر تغذيها به حتى تضعف طبيعتها عن إحالته فوجد في خواصها وفيها صفة العذرة والميتة، حرم أكله؛ وهذا هو الذي أنكروه نفسه. وهم مقرّون معنا في أن الثمار والبقول تتغذى بالعذرة وتستحيل فيها ثمرة أنها قد حلت؛ وهذا هو الذي أنكروه نفسه. وبالله تعالى التوفيق" (Al-Fissal, 3/242-243).
En fait, ici, Ibn Hazm a seulement partiellement raison :
--- parfois, en effet, la seconde substance disparaît totalement et est totalement transformée, soit en la première substance, soit en une troisième et nouvelle substance (conformément à ce qu'affirme Ibn Hazm) : cela se produit lorsque a lieu une transformation chimique. Dans l'alliage de l'argent avec de l'or, c'est d'ailleurs ce qui se passe : l'alliage est dit "homogène", les atomes de l'argent se sont mêlés à ceux de l'or, au point que si l'argent est en proportion suffisante, on parle de naissance d'un nouveau métal, l'électrum, lequel n'est plus ni l'argent, ni l'or. C'est également le cas du bronze, qui est un alliage de cuivre et d'étain ; également de l'acier, qui est un alliage de fer et de carbone ;
--- mais, d'autres fois, il y a une simple dilution ; la première substance demeure alors dans la seconde sans y être transformée, mais n'est pas perceptible par les seuls sens humains, parce que se retrouvant diluée dans la seconde substance, qui est plus abondante (et cela correspond à ce que les ulémas hanafites disent).

أما الكمون فإن طائفة ذهبت إلى أن النار كامنة في الحجر.
وذهبت طائفة إلى إبطال هذا، وقالت: إنه لا نار في الحجر أصلا، وهو قول ضرار بن عمرو.
قال أبو محمد: وكل طائفة منهما فإنها تفرط على الأخرى فيما تدعى عليها. فضرار ينسب إلى مخالفيه أنهم يقولون بأن النخلة بطولها وعرضها وعظمها كامنة في النواة، وأن الإنسان بطوله أو عرضه وعمقه وعظمه كامن في المني. وخصومه ينسبون إليه أنه يقول: ليس في النار حر ولا في العنب عصير ولا في الزيتون زيت ولا في الإنسان دم.
قال أبو محمد: وكلا القولين جنون محض ومكابرة للحواس والعقول. والحق في ذلك أن في الأشياء ما هو كامن، كالدم في الإنسان والعصير في العنب والزيت في الزيتون والماء في كل ما يعتصر منه؛ وبرهان ذلك أن كل ما ذكرنا إذا خرج مما كان كامنا فيه، ضمر الباقي لخروج ما خرج، وخف وزنه لذلك عما كان عليه قبل خروج الذي خرج؛ ومن الأشياء ما ليس كامنا، كالنار في الحجر والحديد، لكن في حجر الزناد والحديد الذكر قوة إذا تضاغطا احتدم ما بينهما من الهواء فاستحال نارا؛ وهكذا يعرض لكل شيء منحرق: فإن رطوباته تستحيل نارا ثم دخانا ثم هواء، إذ في طبع النار استخراج ناريات الأجسام وتصعيد رطوباتها حتى يفني كل ما في الجسم من الناريات والمائيات عنه بالخروج ثم لو نفخت دهرك على ما بقي من الأرضية المحضة وهي الرماد لم يحترق ولا اشتعل إذ ليس فيه نار فتخرج، ولا ماء فيتصعد. وكذلك دهن السراج فإنه كثير الناريات بطبعه فيستحيل بما فيه من المائية اليسيرة دخانا هوائيا وتخرج ناريته حتى يذهب كله. وأما القول في النوى والبذور والنطف فإن في النواة وفي البذر وفي النطفة طبيعة خلقها في كل ذلك الله عز وجل؛ وهي قوة تجتذب الرطوبات الواردة عليها من الماء والزبل ولطيف التراب الوارد كل ذلك على النواة والبزر، فتحيل كل ذلك إلى ما في طبعها إحالته إليه، فيصير عودا ولحاءً وورقا وزهرا وثمرا وخوصا وكرما. ومثل الدم الوارد على النطفة فتحيله طبيعته التي خلفها الله تعالى فيه لحما ودما وعظما وعصبا وعروقا وشرائين وعضلا وغضاريف وجلدا وظفرا وشعرا. وكل ذلك خلق الله تعالى، فتبارك الله أحسن الخالقين، والحمد لله رب العالمين.
قال أبو محمد: وذهب الباقلاني وسائر الأشعرية إلى أنه ليس في النار حر ولا في الثلج برد ولا في الزيتون زيت ولا في العنب عصير ولا في الإنسان دم.
وهذا أمر ناظرنا عليه من لاقيناه منهم. والعجب كل العجب قولهم هذا التخليط وإنكارهم ما يعرف بالحواس وضررة العقل"
(Al-Fissal, 3/239-240).

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Des écrits de Ibn Taymiyya sur le sujet :

"وهم متنازعون في الجسم: هل هو مؤلف من الجواهر المفردة التي لا تقبل الانقسام، كما يقوله كثير من أهل الكلام؟ أو مؤلف من المادة والصورة، كما يقوله كثير من المتفلسفة؟ أو لا مؤلف لا من هذا ولا من هذا، كما يقوله كثير من الطوائف؟ على ثلاثة أقوال أصحها الثالث. وكل من أصحاب الأقوال الثلاثة متنازعون: هل يقبل القسمة إلى غير نهاية؟ والصحيح أنه لا يقبل الانقسام إلى غير نهاية. لكن مثبتة الجوهر الفرد يقولون: "ينتهي إلى حد لا يقبل القسمة مع وجوده"، وليس كذلك، بل إذا تصغرت الأجزاء استحالت، كما في أجزاء الماء إذا تصغرت فإنها تستحيل فتصير هواء. فما دامت موجودة فإنه يتميز منها جانب عن جانب، فلا يوجد شيء لا يتميز بعضه عن بعض - كما يقوله مثبتة الجوهر الفرد -، ولا يمكن انقسامه إلى ما لا يتناهى، بل إذا صغر لم يقبل القسمة الموجودة في الخارج، وإن كان بعضه غير البعض الآخر، بل إذا تصرف فيه بقسمة أو نحوها استحال، فالأجزاء الصغيرة - ولو عظم صغرها - يتميز منها شيء عن شيء في نفسه وفي الحس والعقل، لكن لا يمكن فصل بعضه عن بعض بالتفريق، بل يفسد ويستحيل لضعف قوامه عن احتمال ذلك. وبسط هذا له موضع آخر" (Minhâj us-Sunna 1/287). "وأما كون الأجسام كلها تقبل التفريق، أو لا يقبله إلا بعضها، فليس هذا موضع بسطه. وبتقدير أن يقبل ما يقبل التفريق، فلا يجب أن يقبله إلى غير غاية، بل يقبله إلى غاية، وبعدها يكون الجسم صغيرا لا يقبل التفريق الفعلي، بل يستحيل إلى جسم آخر، كما يوجد في أجزاء الماء إذا تصغرت، فإنها تستحيل هواء مع أن أحد جانبيها متميز عن الآخر، فلا يحتاج إلى إثبات جزء لا يتميز منه جانب عن جانب، ولا يحتاج إلى إثبات تجزئة وتفريق لا يتناهى، بل تتصغر الأجسام، ثم تستحيل إذا تصغرت، فهذا القول أقرب إلى العقول من غيره" (Minhâj us-Sunna 1/78).

"وحقيقة الأمر أن لفظ "الجسم" فيه منازعات لفظية ومعنوية. والمنازعات اللفظية غير معتبرة في المعاني العقلية. وأما المنازعات المعنوية فمثل تنازع الناس فيما يشار إليه إشارة حسية: هل يجب أن يكون مركبا من الجواهر الفردة؟ أو من المادة والصورة؟ أو لا يجب واحد منهما؟ فذهب كثير من النظار من المعتزلة والأشعرية ومن وافقهم إلى أنه لا بد أن يكون مركبا من الجواهر الفردة؛ ثم جمهور هؤلاء قالوا: إنه مركب من جواهر متناهية؛ وقال بعض النظار: بل من جواهر غير متناهية. وذهب كثير من النظار من المتفلسفة إلى أنه يجب أن يكون مركبا من المادة والصورة؛ ثم من الفلاسفة من طرد هذا في جميع الأجسام كابن سينا؛ ومنهم من قال: بل هذا في الأجسام العنصرية دون الفلكية، وزعم أن هذا قول أرسطو والقدماء؛ وكثير من المصنفين لا يذكر إلا هذين القولين، ولهذا كان من لم يعرف إلا هذه المصنفات لا يعرف إلا هذين القولين. والقول الثالث قول جماهير العقلاء وأكثر طوائف النظار: أنه ليس مركبا لا من هذا ولا من هذا، وهذا قول ابن كلاب إمام الأشعري وغيره، وهو قول كثير من الكرامية، وهو قول الهشامية والنجارية والضرارية؛ ثم هؤلاء منهم من قال: ينتهي بالتقسيم إلى جزء لا يتجزأ، كقول الشهرستاني وغيره؛ ومنهم من قال: بل لا يزال قابلا للانقسام إلى أن يصغر فيستحيل معه تمييز بعضه عن بعض، كما قال ذلك من قال من الكرامية وغيرهم من نظار المسلمين (وهو قول من قاله من أساطين الفلاسفة، مع قول بعضهم: إنه مركب من المادة والصورة). وبعض المصنفين في الكلام يجعل إثبات الجوهر الفرد هو قول المسلمين، وأن نفيه هو قول الملحدين. وهذا لأن هؤلاء لم يعرفوا من الأقوال المنسوبة إلى المسلمين إلا ما وجدوه في كتب شيوخهم أهل الكلام المحدث في الدين (الذي ذمه السلف والأئمة، كقول أبي يوسف: من طلب العلم بالكلام تزندق، وقول الشافعي: حكمي في أهل الكلام أن يضربوا بالجريد والنعال ويطاف بهم في العشائر والقبائل، ويقال: هذا جزاء من ترك الكتاب والسنة، وأقبل على الكلام وكقول أحمد بن حنبل: علماء الكلام زنادقة، وقوله: ما ارتدى أحد بالكلام فأفلح، وأمثال ذلك). وإلا فالقول بأن الأجسام مركبة من الجواهر المنفردة قول لا يعرف عن أحد من أئمة المسلمين، لا من الصحابة ولا التابعين لهم بإحسان، ولا من بعدهم من الأئمة المعروفين. بل القائلون بذلك يقولون: إن الله تعالى لم يخلق منذ خلق الجواهر المنفردة شيئا قائما بنفسه، لا سماء ولا أرضا، ولا حيوانا ولا نباتا ولا معادن، ولا إنسانا ولا غير إنسان، بل إنما يحدث تركيب تلك الجواهر القديمة فيجمعها ويفرقها، فإنما يحدث أعراضا قائمة بتلك الجواهر، لا أعيانا قائمة بأنفسها. فيقولون: إنه إذا خلق السحاب والمطر والإنسان وغيره من الحيوان والأشجار والنبات والثمار، لم يخلق عينا قائمة بنفسها، وإنما خلق أعراضا قائمة بغيرها. وهذا خلاف ما دل عليه السمع والعقل والعيان. ووجود جواهر لا تقبل القسمة منفردة عن الأجسام مما يعلم بطلانه بالعقل والحس، فضلا عن أن يكون الله تعالى لم يخلق عينا قائمة بنفسها إلا ذلك. وهؤلاء يقولون: إن الأجسام لا يستحيل بعضها إلى بعض، بل الجواهر التي كانت مثلا في الأول هي بعينها باقية في الثاني، وإنما تغيرت أعراضها. وهذا خلاف ما أجمع عليه العلماء - أئمة الدين وغيرهم من العقلاء - من استحالة بعض الأجسام إلى بعض، كاستحالة الإنسان وغيره من الحيوان بالموت ترابا، واستحالة الدم والميتة والخنزير وغيرها من الأجسام النجسة ملحا أو رمادا، واستحالة العذرات ترابا، واستحالة العصير خمرا، ثم استحالة الخمر خلا، واستحالة ما يأكله الإنسان ويشربه بولا ودما وغائطا ونحو ذلك، وقد تكلم علماء المسلمين في النجاسة: هل تطهر بالاستحالة أم لا؟ ولم ينكر أحد منهم الاستحالة" (Minhâj us-Sunna 1/259-261).

Ci-après une explication qui relève plus aujourd'hui du philosophique que du scientifique (au vu de l'avancée des connaissances scientifiques depuis l'époque de Ibn Taymiyya) : la question de la tawallud : le fait de faire apparaître du feu à partir de deux pièces de bois ; le fait que des punaises apparaissent dans la crasse :
"وهذا المتولد من أصلين يكون بجزأين ينفصلان من الأصلين، كتولد الحيوان من أبيه وأمه بالمني الذي ينفصل من أبيه وأمه. فهذا التولد يفتقر إلى أصل آخر وإلى أن يخرج منهما شيء. وكل ذلك ممتنع في حق الله تعالى، فإنه أحد فليس له كفؤ يكون صاحبة ونظيرا؛ وهو صمد لا يخرج منه شيء؛ فكل واحد من كونه أحدا ومن كونه صمدا يمنع أن يكون والدا، ويمنع أن يكون مولودا بطريق الأولى والأحرى. وكما أن التوالد في الحيوان لا يكون إلا من أصلين، سواء كان الأصلان من جنس الولد - وهو الحيوان المتوالد - أو من غير جنسه - وهو المتولد -، فكذلك في غير الحيوان: كالنار المتولدة من الزندين سواء كانا خشبتين أو كانا حجرا وحديدا أو غير ذلك. قال الله تعالى: {فالموريات قدحا} وقال تعالى: {أفرأيتم النار التي تورون أأنتم أنشأتم شجرتها أم نحن المنشئون نحن جعلناها تذكرة ومتاعا للمقوين} وقال تعالى: {وضرب لنا مثلا ونسي خلقه قال من يحيي العظام وهي رميم قل يحييها الذي أنشأها أول مرة وهو بكل خلق عليم الذي جعل لكم من الشجر الأخضر نارا فإذا أنتم منه توقدون}: قال غير واحد من المفسرين: هما شجرتان يقال لإحداهما المرخ، والأخرى العفار؛ فمن أراد منهما النار قطع منهما غصنين مثل السواكين وهما خضراوان يقطر منهما الماء، فيسحق المرخ - وهو ذكر - على العفار - وهو أنثى -، فتخرج منهما النار بإذن الله تعالى. وتقول العرب في كل شجر نار واستمجد المرخ والعفار. وقال بعض الناس: في كل شجرة نار إلا العناب {فإذا أنتم منه توقدون} فذلك زنادهم. وقد قال أهل اللغة الجوهري وغيره: الزند العود الذي يقدح به النار وهو الأعلى، والزندة السفلى فيها ثقب وهي الأنثى، فإذا اجتمعا قيل: زندان. وقال أهل الخبرة بهذا: إنهم يسحقون الثقب الذي في الأنثى بالأعلى كما يفعل ذكر الحيوان في أنثاه. فبذلك السحق والحك يخرج منهما أجزاء ناعمة تنقدح منها النار فتتولد النار من مادة الذكر والأنثى (كما يتولد الولد من مادة الرجل والمرأة) وسحق الأنثى بالذكر وقدحها به يقتضي حرارة كلا منهما ويتحلل من كل منهما مادة تنقدح منها النار (كما أن إيلاج ذكر الحيوان في أنثاه بقدح وحك فرجها بفرجه فتقوى حرارة كل منهما ويتحلل من كل منهما مادة تمتزج بالأخرى ويتولد منهما الولد). ويقال: علقت النار في المحل الذي يقدح عليه الذي هو كالرحم للولد وهو الحراق والصوفان ونحو ذلك مما يكون أسرع قبولا للنار من غيره، كما علقت المرأة من الرجل. وقد لا تعلق النار كما، قد لا تعلق المرأة. وقد لا تنقدح نار، كما لا ينزل مني. والنار ليست من جنس الزنادين، بل تولد النار منهما كتولد حيوان من الماء والطين؛ فإن الحيوان نوعان: متوالد كالإنسان وبهيمة الأنعام وغير ذلك مما يُخلق من أبوين؛ ومتولد، كالذي يتولد، من الفاكهة والخل، وكالقمل الذي يتولد من وسخ جلد الإنسان، وكالفأر والبراغيث وغير ذلك مما يخلق من الماء والتراب.
وقد تنازع الناس فيما يخلقه الله من الحيوان والنبات والمعدن والمطر والنار التي تورى بالزناد وغير ذلك: هل تحدث أعيان هذه الأجسام، فيقلب هذا الجنس إلى جنس آخر - كما يقلب المني علقة ثم مضغة -؟ أو لا تحدث إلا أعراض، وأما الأعيان التي هي الجواهر فهي باقية بغير صفاتها بما يحدثه فيها من الأكوان الأربعة: الاجتماع والافتراق والحركة والسكون؟ على قولين" (MF 17/242-243).

Le feu - ou plus exactement : la combustion - est une réaction chimique d'oxydation générant de la chaleur.

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A l'époque, il y avait l'alchimie (الكيمياء) : en langue arabe, c'est toujours le même terme qui désigne aujourd'hui "la chimie" ; en revanche, en langue française, depuis cette époque-là, on s'est mis à distinguer l'alchimie de la chimie : cette dernière se fonde sur des procédés purement scientifiques, alors que la première mêlait pratiques chimiques et magie. Mais en fait, la magie était souvent concomitante à l'alchimie, sans être partie intégrante d'elle (مقارن له وليس من أصله) (MF 29/383-385).

Il faut cependant savoir que, même pour ce qui est d'avoir recours à des procédés permettant de produire chimiquement des métaux, Ibn Taymiyya y a été opposé.
En effet, l'érudit damascain distingue :
--- ce que l'homme n'a pas la capacité qadaran de produire : il ne peut pas créer un être vivant ;
--- ce que, à l'autre extrême, l'homme a la capacité qadaran, ainsi que l'autorisation shar'an, de fabriquer : une maison, par exemple, par le fait d'en agencer les composants. Ce genre de chose constituent des "مصنوع الإنسان", qui doivent être distingués de ce qui est "مخلوق الله" au sens de "مخلوق الله مباشرةً" (car même ce qui est fabriqué par l'homme est un "مخلوق الله", mais cette fois dans un sens plus général) (cf. MF 29/369) ;
--- ce qui est situé entre les deux : par exemple le fait de produire de l'or artificiellement, par recours à des procédés chimiques ("بالمعالجات الطبيعية" : MF 29/380) : Ibn Taymiyya en dit que cela est possible qadaran mais interdit shar'an (cf. MF 29/368).
----- Ce statut "interdit" se rapporte certes aux cas de tromperie (غشّ), où des gens de l'époque vendaient de l'artificiel en le faisant passer pour le naturel (MF 29/370-371), alors même que l'artificiel n'est pas comme le naturel (MF 29/372), et que beaucoup d'acheteurs potentiels, s'apprêtant à acheter quelque chose, s'en abstenaient une fois qu'ils apprenaient que cela n'est qu'imitation de l'or, obtenue par procédé chimique (MF 29/371).
----- Mais même au cas où le vendeur est de bonne foi, présentant ce qu'il vend pour ce que cela est réellement : de l'artificiel, de l'imitation du naturel, Ibn Taymiyya est opposé au principe même de ce genre de transformation chimique, au motif que :
- ce que Dieu n'a pas créé directement, l'homme a l'autorisation de le fabriquer (comme le verre, qui ne se trouve pas dans des mines) ;
- tandis que ce que Dieu a créé directement (comme le fer, l'or et l'argent), l'homme ne doit pas en produire de semblable (MF 29/388).

Mais en fait, ce que Ibn Taymiyya a dit là semble être lié à l'usage de son temps.
Car, sinon, la règle est que produire des éléments par intervention humaine (sans sorcellerie), cela est autorisé tant qu'il n'y a pas tromperie : il est ainsi autorisé de fabriquer des perles de culture, à condition qu'elles soient vendues présentées comme telles, distinguées des perles naturelles.

Pour autant, Ibn Taymiyya a raison quand il relate des Anciens que l'artificiel fabriqué par l'homme ne sera jamais comme le naturel : "وأما القدماء فقد قالوا: "إن الصناعة لا تعمل عمل الطبيعة"، وأخبروا أن المصنوع لا يكون كالمطبوع" (MF 29/372).

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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